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Critiques de Fernando Pessoa (317)
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Poèmes païens

http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2007/07/la-passion-du-rel-alberto-caeiro-et.html



Extrait :



Les éditions du Seuil proposent une édition de poche des Poèmes païens d’Alberto Caeiro (Le Gardeur de troupeaux, Le Berger amoureux et Les poèmes désassemblés) et de son disciple Ricardo Reis (Odes) d’abord publiés chez Bourgois.

Ces deux poètes sont, avec Alvaro de Campos et Bernardo Soares, les principaux hétéronymes de Fernando Pessoa. Alors que Campos et Soares ont une approche métaphysique, intellectuelle et finalement citadine du monde, Reis et surtout Caeiro ont une approche plus sensitive, plus charnelle, plus bucolique du monde.

Alberto Caeiro et Reis développent une poésie de la sensation immédiate, sensation non médiatisée par la réflexion. Il y a chez eux un véritable amour du réel qui se caractérise d’abord par une critique de la démarche intellectuelle sensée nous éloigner de la nature et de sa beauté :



« Penser gêne autant que marcher sous la pluie

Lorsque le vent s’accroît et que la pluie semble tomber plus fort… »

Alberto Caeiro, Le Gardeur de troupeaux, I.



L’intelligence nous empêche effectivement d’appréhender directement le réel. Connaître, c’est ne pas voir.



« Parce que penser, c’est ne pas comprendre…

Le monde ne s’est pas fait pour que nous pensions à lui

(Penser c’est être dérangé des yeux)

Mais pour que nous le regardions et en tombions d’accord…

Moi je n’ai pas de philosophie : j’ai des sens. »

Alberto Caeiro, Le gardeur de troupeaux, II



Du point de vue de la connaissance, en effet, le réel n’a d’intérêt qu’en ce qu’il n’est que l’expression d’une réalité antérieure, profonde, cachée qui, seule, lui donne un sens. C’est de ce présupposé que vient la distinction entre l’être et l’apparence et la double signification du mot nature. La nature est d’abord ce qui nous environne, mais ce même terme désigne aussi l’essence, la vérité de la chose (la nature humaine, etc.). La vérité est donc ailleurs, elle est cachée et le réel n’a de sens que par rapport à ce sens caché qui paradoxalement est le réel réellement réel alors que ce qui s’offre à notre perception n’est qu’un simulacre de réalité ; de l’inessentiel.
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Le gardeur de troupeaux

~ Pâturages & désenchantement ~



Il est de la poésie comme des éponges.

Le trop-plein du monde se déverse en elle, et jamais n’en ressort. Elle absorbe la peine dans une ouate de silence.

Contribue à supporter le réel & sème des sourires.

Les textes de Caieros en font partie !



"[...] que celui qui aime ne sait jamais ce qu’il aime, 

ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c’est qu’aimer...

Aimer, c’est l’innocence éternelle, 

et l’unique innocence est de ne pas penser.”



Le regard qu'il porte sur les choses fait qu'ils sont à leur place, il montre l'essentiel, renie toute métaphore mystique. Seule la nature est garante de la vie propre.



Puis il y a ceux de De Campos, tourmentés, mélancoliques, profonds & inquisiteurs !



"Je me suis multiplié pour m'éprouver,

pour m'éprouver moi-même il m'a fallu tout éprouver.

J'ai débordé, je n'ai fait que m'extravaser,

je me suis dévêtu, je me suis livré

et il est en chaque coin de mon âme un autel à un Dieu différent."



Entre exaltation céleste & chute terrestre, Pessoa garde ces deux poètes, ce fractionnement, cette synergie lui sert peut-être d'accepter sa multiplicité émotionnelle contradictoire.

L'un ne demande rien à la vie, l'autre en demande trop.



“Je ne suis rien

Jamais je ne serai rien.

Je ne puis vouloir être rien.

Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.”

In. Bureau de tabac



Beaucoup de finesse & de brutalité dans ce recueil qui transmettent ce qu'à pu être Pessoa & ses multiples !



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Comment les autres nous voient

« Moi, le jour, je suis nul, et la nuit, je suis moi »

Fernando Pessoa que je n’avais pas lu depuis trop longtemps, ce livre présentant divers écrits nous montrent un esprit libre, une critique aiguë face à l’ordre social et ses hypocrisies. L’humour est très présent et opère en puissant désinfectant de toutes les idéologies.

L’auteur écrit et échappe à la monotonie du quotidien, il affûte sa pensée, exerce son esprit critique, et ce n’est pas toujours à fleurets mouchetés.

Ce que j’ai aimé, c’est le sentiment que Fernando Pessoa, écrit comme un véritable artisan ; il ne se regarde pas écrire comme beaucoup de « penseurs » contemporains, son éclectisme est évident.

En filigrane de son œuvre il y a toujours cette pensée que sans l’autre « je » n’existe pas.

C’est aussi le sentiment, voire le malaise, que le moi est une quête perpétuelle, fugace ou percutante, mais qui instaure aussi déséquilibre ou souffrance.

Nous sommes multiples

Et particulièrement, celui qui n’était Personne, ce n’est pas un être solitaire juste quelqu’un qui appréciait aussi la solitude, ses longues marches dans la nuit, étaient l’antidote au jour, et portaient leurs fruits.

La pensée n’existe pas sans les sens, percevoir, ressentir est indispensable pour nourrir la pensée.

« Au beau milieu de mon travail journalier — toujours semblable à lui-même, terne et inutile —, je vois surgir brusquement l’évasion : vestiges rêvés d’îles lointaines, fêtes dans les parcs des anciens temps, d’autres paysages, d’autres sentiments, un autre moi »

Je vais terminer par un extrait savoureux qui montre son humour et son autodérision :

« La calvitie socratique, les yeux de corbeau d’Edgar Poe, et une moustache risible, chaplinesque — voilà en quelques traits aussi forts que précis le masque de Fernando Pessoa. »

La couverture d’Anna Bak-Kvapil est superbe entre sobriété colorée et la fantaisie de ce visage multiple qui annonce bien les écrits de cet écrivain.

Merci à Masse Critique Babelio et aux Éditions Les Belles Lettres pour ce privilège de lecture qui m’a donné une furieuse envie de relire Le Livre de l’intranquillité.

©Chantal Lafon




Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Le Banquier anarchiste

Le banquier anarchiste, voilà un titre pour le moins étonnant et paradoxal. Comment est-ce possible de se définir comme un authentique anarchiste tout en étant un des rouages essentiels du capitalisme? C'est a question qui est posée à ce personnage original, à l'issue d'un diner et à laquelle il répondra à travers ce court récit de quelques 80 pages.



Qu'est ce qu'être anarchiste déjà? C'est le refus catégorique des injustices et des inégalités basées sur des fictions (Etat, statut social, patrimoine...). Seules les différences naturelles intrinsèques à l'individu (physiques, intellectuelles...) devraient être cause d'une quelconque inégalité.

Abolir ces fictions devrait être l'objectif véritable pour tout anar' qui se respecte.



Notre banquier, issu d'un milieu pauvre, a tenté dans sa jeunesse, via l'engagement militant et associatif anarchiste de combattre le système. Seulement pour lui, militer dans une organisation créerait inévitablement des inégalités (un chef autoproclamé, des suiveurs qui obéissent...). Un véritable anarchiste ne devrait pas par ses actions créer de nouvelles inégalités. Au pire, son action devrait être neutre. A défaut donc d'une émancipation collective ou d'une révolution qui reproduirait sous d'autres formes les inégalités, le banquier ne voit qu'une issue: affranchir sa seule personne. Et de quoi devons-nous nous affranchir en premier pour être libre? De l'argent ! Comment faire? En gagner des masses ! Par quel moyen? Devenir banquier !



Voici donc la vision de ce banquier qui se considère comme un authentique anarchiste dans la théorie comme dans la pratique. Nous avons affaire à une sorte d'anarcho capitalisme libertaire débridé qui valorise l'action individuelle au détriment de toute action collective, supposée mener vers la tyrannie. Une sorte de colibri en costume cravate qui fait sa part des choses sans déranger pour le moins la domination écrasante d'un système inégalitaire et immoral (amoral diront certains mais je ne partage pas cette conception). Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec le fameux capitalisme vert (un autre oxymore) et sa promotion des petites actions individuelles...



Malgré les sophismes du banquier, ce livre (jamais achevé par Pessoa) vaut le détour de par la vision anarchiste proposée et du débat action individuelle/ engagement collectif qu'il pourrait susciter.















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Le Banquier anarchiste

Un livre qui permet de saisir et d'éprouver les pouvoirs de la rhétorique et des raisonnements, viciés parfois par des pétitions de principes. Si la définition initiale de l'anarchisme est évidemment faible, les logiques argumentaires brouillent les cartes de manière amusante et particulièrement instructive.

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Le Banquier anarchiste

LE BANQUIER ANARCHISTE de FERNANDO PESSOA

Un dialogue savoureux entre un banquier et un de ses amis qui tous les deux ont, jeunes, milité pour l’anarchie. Le banquier, devenu riche, va s’évertuer à démontrer à son ami, que, malgré les apparences, c’est lui qui est resté un authentique anarchiste. C’est un PESSOA très drôle, maniant un humour à froid un peu inhabituel qui attaque la société bourgeoise. Un grand moment de rhétorique.
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Poésies d'Alvaro de Campos - Le Gardeur de tr..

Je relis avec délectation ce recueil de poèmes et déplore de ne pas pouvoir profiter de la musicalité de sa langue originale...Pourtant je reste sous le charme de la prose de Pessoa, sa subtile fausse simplicité, ce mysticisme qui n'en est pas vraiment un, l'anti-intellectualisme, la candeur feinte,...On ressent très bien la duplicité de l'auteur, savoir de quel côté du miroir il se situe n'est pas toujours évident, mais qu'importe, puisqu'il suffit d'avoir des yeux uniquement pour voir, voir en toute chose une absence de signification, et aimer cela, parce que celui qui aime ne sais jamais ce qu'il aime, ni ne sais pourquoi il aime, ni ce que c'est qu'aimer...
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Poètes de Lisbonne

Comme souvent dans les recueils de poésie, certains textes sont juste magiques et magnifiques, d'autres ne m'ont pas accroché, mais c'est toujours avec beaucoup de plaisir que je lis de la poésie.

Ce recueil présente une brochette de poètes portugais avec sur la page de gauche la version portugaise et sur la page de droite la version française. Ma maitrise du portugais étant égale à zéro, j'ai néanmoins pu apprécier les rimes d'origines car parfois avec la traduction, on perd un peu de la beauté poétique du texte.
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Je(ux) : Petite anthologie. Edition bilingu..

Le maître de la littérature lisboète est servi par les illustrations drôles, décalées, poétiques de Ghislaine Herbera. Une entrée en matière toute en finesse dans l'art poétique, dans la découverte de Pessoa, pour préparer un voyage au Portugal ou juste se régaler en famille.
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Le livre de l'intranquillité

Un des livres de ma vie. Je l'ai lu dans un état de stupeur, de douce sidération, ne parvenant pas à comprendre comment, même en traduction, chaque phrase pouvait battre la précédente en beauté, et semblait révéler le contenu de cette boîte obstinément fermée qu'était ma tête. Somptueux et bouleversant.
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Bureau de tabac, autres poèmes

Voici encore un poème atypique.



J’ai un gros rhume,

Et tout le monde sait comme les gros rhumes

Altèrent le système de l’univers.

Ils nous fâchent avec la vie,

Et nous font éternuer jusqu’à la métaphysique.

J’ai perdu la journée entière à me moucher.

J’ai mal confusément à tout mon crâne.

Triste condition d’un poète mineur !

Aujourd’hui je suis vraiment un poète mineur !...



Je ne me sentirai pas bien tant que je ne me verrai pas au fond de mon lit.

Je ne me suis jamais senti bien autrement que couché dans l’univers.



Excusez un peu … le bon gros rhume bien physique !

J’ai besoin de vérité et d’aspirine.

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Histoires d'un raisonneur

Les quatre enquêtes de Byng ici réunies nous sont parvenues dans des états d’achèvement variés, avec un texte principal et divers fragments satellites ; d’où une lecture parfois compliquée, avec des mots manquants, illisibles [...]. Cet inachèvement partiel ne diminue pas le plaisir de la découverte pour le profane [...].
Lien : http://www.chronicart.com/li..
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Bureau de tabac, autres poèmes



N°277 – Juillet 2007



BUREAU DE TABAC – Alvaro de Campos [Fernando PESSOA] Edition UNES.



C'est sans doute une drôle d'idée et assurément un manque d'humilité de ma part que de vouloir présenter ce poète qu'on ne présente plus, de vouloir parler de lui dont on parle encore, et pour longtemps, d'oser commenter une partie de son œuvre... Eh bien j'ose puisqu'il me fascine toujours, davantage peut-être par ce qu'il a été que par ce qu'il a écrit..



C'est un bien étrange tableau que nous dessine Alvaro de Campos, alias Fernando Pessoa. Il est à la fois tout en nuances et plein de couleurs crues, de coups de pinceaux abrupts. La forme interpelle d'abord. Ce poème est écrit en strophes inégales et sans grande logique, alternativement descriptives (la rue)et introspectives (ses interrogations sur lui-même et sur le monde)en insistant toutefois sur ces dernières, sans beaucoup d'action, avec cependant des remarques de nature philosophique mais aussi inattendues, comme l'allusion au chocolat qu'une improbable petite fille est invitée à manger. L'auteur nous indique qu'il préfère cette friandise à la métaphysique! Cela laisse une curieuse impression de phrases juxtaposées et parfois contradictoires, comme nées d'une écriture automatique.



Il semble que nous ayons affaire à quelqu'un de désespéré qui s'approche de sa fenêtre avec le sentiment diffus qu'il ne verra pas la fin de la journée. Nous n'avons pas de renseignements précis sur lui ni sur l'étage où se trouve cette ouverture, mais, j'ai l'impression qu'elle est au moins au premier, en ce sens qu'elle semble ouvrir sur un vide attirant. Cette impression suicidaire est corroborée par les idées fugitives qui sont couchées sur le papier, comme s'il était urgent de les exprimer au fur et à mesure qu'elles lui viennent. Tout commence par une sorte d'aphorisme [« Je ne suis rien »] qui évoque un sentiment d'impuissance, tout aussitôt suivi de son contraire[« Je ne peux vouloir être rien »], puis viennent pêle-mêle des remarques sur le monde auquel il appartient et qu'il va sans doute quitter. Il fait allusion à la mort, au destin, au temps qui passe, se dit lucide, perplexe, se déclare « raté » parce que le hasard ne lui a pas été favorable et il remâche ses échecs, que ceux-ci soient de sa faute [«  Je jette tout par terre comme j'ai jeté ma vie – J'ai fait de moi ce que je ne pensais pas et ce que je pouvais faire de moi, je ne l'ai pas fait  - J'ai enjambé la formation qu'on m'a donnée par la fenêtre de derrière »] ou simplement de celle du hasard [« Le domino que j'ai mis n'était pas le bon », pour aussitôt se demander s'il n'est pas au contraire un génie méconnu[« Génie? En ce moment, cent mille cerveaux se prennent en rêve, comme moi, pour des génies »], ce qui engendre une interrogation sur lui-même[« Que sais-je ce que je serai, moi qui ne sais qui je suis? »], une sorte d'auto-suffisance de celui qui a toujours été incompris et qui dénonce le côté dérisoire de cette vie [« Toujours une chose aussi inutile que l'autre, toujours l'impossible en face du réel »]. Il se sent en ce monde « comme en exil», « comme un chien toléré par la direction parce qu'il est inoffenssif » avec la mort « qui moisit les murs et blanchit les cheveux des hommes » et dont on ne sait, en cet instant, s'il la souhaite ou s'il la redoute.



Son désarroi est grand qu'il exprime par des mots forts [« Mon cœur est un seau vide »]. Cet homme est un adulte et nous imaginons qu'enfant il avait déjà tissé des projets d'avenir qui ne sont maintenant plus que des souvenirs inconsistants [« Je porte en moi tous les rêves du monde »] Il a vu dans la vie une extraordinaire occasion de faire bouger les choses, de faire changer ce vieux monde, d'y laisser sa marque, mais ses rêves se sont révélés être des chimères. [« Combien d'aspirations hautes, nobles et lucides... ne verrons jamais la lumière du vrai soleil »] . En cela il est le reflet de la condition humaine. C'est un simple humain assujetti à la fuite du temps, à la vieillesse, à la mort, au destin « qui mène la carriole de tout sur la route de rien ». Pour lui cette prise de conscience génère un malaise [« Foulant aux pieds la conscience de se sentir exister, comme un tapis où trébuche un ivrogne »], un doute [« Non, je ne crois pas en moi » - « Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais qui je suis »] et rien d'autre ne pourra l'en guérir, ni les religions [Dieu?] ni même l'écriture et surtout pas la métaphysique qui « n'est que le résultat d'une indisposition ».



C'est un être tourmenté, facette hétéronyme de Pessoa, à la fois conscient de son inexistence et porteur d'ambitions qu'il n'atteindra jamais, un paradoxe apparent. Il le sait et le déplore, le regrette aussi parce qu'on ne peut se satisfaire d'une telle image de soi-même, coincé entre réalité et rêve. C'est aussi un idéaliste qui fait prévaloir l'écriture et attend vainement le succès, la notoriété peut-être [« Je serai toujours celui qui attendait qu'on lui ouvrît la porte, au pied d'un mur sans porte qui chantait la chanson de l'Infini dans un poulailler »]. Il me semble qu'il entretient avec son écriture une relation à la fois salvatrice et malsaine en ce sens qu'il vit par elle et pour elle, mais la légitime notoriété qu'il en attendait n'a jamais été au rendez-vous où peut-être ressent-il une impossibilité de s'exprimer complètement? Dès lors, il en parle comme d'un « portail en ruines sur l'impossible » et allume une cigarette au lieu de prendre la plume, comme si, en cet instant, sa fumée, bleue et légère, valait mieux que tout!



Il s'interroge sur l'inutilité de ce qu'il a écrit mais pense sérieusement à recommencer, fait allusion aux femmes qui consolent du mal de vivre pour revenir au spectacle de la rue, véritable toile de fond dynamique de cette évocation, au patron du tabac d'en face, à un client, à une cigarette qu'il allume, à la fille de la blanchisseuse qu'il pourrait épouser et ainsi être heureux. Ce client c'est « Estève-n'a-pas-de-métaphysique », et à qui tout son univers est étranger, il le connaît, le salue, c'est comme si la vie reprenait le dessus avec son quotidien, comme si la seule vue de cet homme suffisait à lui rendre l'envie de vivre.



C'est le texte d'un désespéré que le spectacle simple du réel, la rue, la boutique du buraliste d'en face, le patron avec son cou endolori, le client qui est simplement venu acheter du tabac, fait reprendre temporairement goût à la vie. A tout le moins a-t-il décidé lui-même de lui donner une dernière chance, même s'il avoue que ce monde lui et étranger, qu'il n'a rien à y faire. « L'univers s'est refermé sur moi sans idéal et sans espoir et le patron du Tabac a souri. »



© Hervé GAUTIER - juillet 2007.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Le livre de l'intranquillité

un compagnon de route...
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Le livre de l'intranquillité

une oeuvre majeure qui m'a tout particulièrement marquée lorsque j'étais étudiante en philosophie, et que je relis avec plaisir, tout comme le reste de son oeuvre poétique d'ailleurs.
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Le livre de l'intranquillité

Cet auteur nous donne des pensées réalistes, profondes mais pessimistes et noires sur la vie, le don, le rêve, l'homme.
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Le livre de l'intranquillité

Un livre composé de textes courts écrits au fil des jours qui dépeignent une âme solitaire et l'impossibilité d'exister. Un incontournable de la littérature à lire à dose homéopathique, un ou deux textes par jour, pour ne rien perdre de la subtilité des ses analyses et éviter de se laisser submerger par sa tristesse.
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Le livre de l'intranquillité

Le Livre de l’Intranquillité est une œuvre singulière. Dès lors, il est difficile de porter dessus un jugement pertinent que ses aspects autobiographique, fragmentaire et impressionniste interdisent presque.

Ce que je retiens de cette lecture, c’est principalement deux choses ; la peinture par petites touches de Lisbonne, des paysages lisboètes, et la critique de la nature et de la société humaine. Ce dernier aspect de cette œuvre (plus quelques aspects biographiques) rapproche, selon moi, Pessoa d’un Cioran.

Il s’agit d’un livre profondément désenchanté, qu’il ne faudrait pas lire en période de tristesse, de dépression.

Toutefois, par instants, on touche la grâce.
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Le Banquier anarchiste

Le banquier anarchiste

Fernando Pessoa (1888-1935)



Ce court récit est un dialogue d’après-dîner, un peu à la manière antique (Platon), entre le narrateur et son ami banquier selon qui un anarchiste est un homme révolté contre l’injustice qui rend les hommes, dès leur naissance, inégaux socialement, de par les conventions et les formules sociales, en deux mots les fictions sociales que sont l’argent, la famille, la religion et l’État, et qui a le désir et la volonté de les abolir totalement. L’anarchiste veut la liberté pour lui et pour les autres. Le problème c’est que si on agit en groupe pour abolir ces fictions sociales, apparaît au sein de ce groupe une tyrannie exercée par un dominant. D’où l’idée de notre banquier d’agir en solitaire, et chacun séparément. Ainsi on apprend à se fier davantage à soi-même sans se reposer les uns sur les autres, ce qui est déjà une première forme de liberté. La propagande n’étant pas suffisamment efficiente si l’on n’est pas un bon orateur ou écrivain, l’action directe est la meilleure solution.

Quelle est la fiction sociale la plus importante de nos jours ? C’est l’argent, et le meilleur moyen de se libérer de la tyrannie de l’argent c’est d’en gagner le plus possible. En se rendant maître de l’argent, il acquiert de la liberté dit-il. Le banquier a conscience des limites de sa démarche, car seule une révolution sociale totale peut détruire les fictions sociales et l’anarchiste peut seulement maîtriser quelques fictions pour aboutir à une libération de soi-même.

Publié très discrètement en 1922 dans une revue, cet ouvrage subversif de 90 pages au style jubilatoire et plein d’humour met en scène un ami banquier du narrateur qui, maniant avec dextérité sophismes et paradoxes, démontre par l’absurde en usant d’une rhétorique rigoureuse et insidieuse ainsi que d’une mauvaise foi réjouissante, que lui seul est un vrai anarchiste qui a réussi puisqu’il est banquier. Telle est sa vérité. Il s’agit en réalité d’un pamphlet incendiaire contre la société bourgeoise et ses hypocrisies.

Extrait : « Par anarchisme, j’entends cette doctrine sociale extrémiste qui affirme, haut et fort, qu’il ne doit y avoir entre les hommes que des différences ou des inégalités naturelles…qui réclame par conséquent l’abolition de toutes les castes et de toutes les conventions sociales qui engendrent l’inégalité…L’idéal de l’anarchiste, c’est d’abord la liberté, puis l’égalité par la liberté, enfin la fraternité par l’égalité dans la liberté…Le socialisme et le communisme sont fondés sur l’idée d’égalité, mais se soucient peu de liberté. Ce sont des tyrannies d’état pire que celles du système bourgeois qui, fondé sur l’individualisme, contient au moins en germe la liberté…Dans le système socialiste ou communiste, il n’y a aucun espoir. C’est la parfaite réalisation de l’enfer sur la terre, et en Enfer tous les hommes sont égaux…Le socialisme et le communisme sont des régimes de haine…ils ne peuvent donc durer. En fait, le but du socialisme et du communisme, ce n’est pas d’élever le travailleur, mais de rabaisser le bourgeois.

Ecrivain portugais né à Lisbonne, Pessoa fut aussi critique, polémiste et poète. Théoricien de la littérature engagée, il a laissé une œuvre importante sous divers hétéronymes, une œuvre qui ne fut découverte qu’après sa mort, tous les manuscrits étant restés dans une malle chez lui. De son vivant, seul un recueil de poèmes fut publié sous son nom en 1934, qui connu un succès retentissant d’ailleurs.

La liberté : le bien suprême.

À lire absolument.

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Le Banquier anarchiste

Un drôle de livre, ce n'est pas un roman, ce n'est pas un essai ... un pamphlet peut etre ?

Un argumentaire absurde sur les utopies politiques. Ecrit en 1922 et toujours d'actualité.

Un livre court qui se lit rapidement mais qui n'est pas une lecture facile. Je pense qu'il faudra que je le reprenne dans quelque temps pour approfondir le raisonnement de l'auteur.
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