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Citations de François Beaune (135)


L'immigration, ça existera toujours. Tu mets un enfant qui sait marcher au milieu d'une pièce, tu fais plus attention, le gosse il est déjà à l'autre bout de la rue. Les gens sont faits pour marcher, voyager, bouger. Les migrations, en soi, c'est naturel.
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Omar : Quand le mouvement skinhead s’implante dans les années 80, Reims est la ville de France où il y a la plus forte concentration, avec par-dessus les troupes de bat-skin de Serge Ayoub qui font les allers-retours de Paris.
Plus personne des quartiers osait aller en centre-ville, c’était chaud. Comme j’étais au lycée Europe, à l’opposé d’Orgeval, il fallait changer deux fois de bus. Pendant des semaines avec les potes on allait plus en cours parce qu’on se faisait défoncer.
Sur Reims, si tu veux, nous, les Arabes, on est interdits de sortie de ZUP. Fini la patinoire, la piscine municipale. Les skins faisaient la loi, et les policiers voulaient pas intervenir contre leurs gosses, et aussi des enfants de magistrats, de notables, des mômes qui avaient rien à voir, des bourgeois, mais c’était l’effet de mode, ils suivaient. Au début, les pouvoirs étaient très complaisants avec eux, parce qu’ils nettoyaient les rues des bougnoules.
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Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la vérité nue mais le soleil ou la lune qui se reflète sur l’eau éteinte au fond du puits. Il s’agit d’abord de raconter l’histoire, d’écouter. Leonardo a raison : la vérité est au fond d’un puits. Faisons bien attention à la laisser où elle est, tout au fond, pour son bien.
Car la belle invisible, dans le fond, nage libre. Elle sort du puits quand elle veut, brandissant un miroir, pour nous aveugler ou nous rendre lucides. Le reste du temps elle se fait oublier. Quand le monde en surface devient irrespirable, on se jette pour mourir et renaître auprès d’elle.
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Quand le mouvement skinhead s'implante dans les années 80, Reims est la ville de France où il y a la plus forte concentration, avec par-dessus les troupes de bat-skin de Serge Ayoub qui font les allers-retours de Paris.
Plus personne des quartiers osait aller en centre-ville, c'était chaud. Comme j'étais au lycée Europe, à l'opposé d'Orgeval, il fallait changer deux fois de bus. Pendant des semaines avec les potes on allait plus en cours parce qu'on se faisait défoncer.
Sur Reims, si tu veux, nous les Arabes, on est interdits de sortir de ZUP. Fini la patinoire, la piscine municipale. Les skins faisaient la loi, et les policiers voulaient pas intervenir contre leurs gosses, et aussi des enfants de magistrats, de notables, des mômes qui avaient rien à voir, des bourgeois, mais c'était l'effet de mode, ils suivaient. Au début, les pouvoirs étaient très complaisants avec eux, parce qu'ils nettoyaient les rues des bougnoules.
(p. 17)
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Je crois que le système diviseur joue sur les cordes sensibles, un coup sur la religion, un coup sur les ethnies, un autre sur les classes sociales. Un anarchiste, un skinhead, un Maghrébin, tous ceux-là se tapent dessus, alors que le système est en train de s’engraisser et tire tous les marrons du feu.
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Quand on renie l’Histoire, quand tu as pour référent Cyril Hanouna ou Nabila, le mépris des politiques et la misère dans des centaines de ghettos, quand il y a pas d’avenir, pas de vision globale, à un moment tu fais quoi ? La jeunesse, elle cherche un idéal, trouver une place dans la société, accomplir quelque chose et s’accomplir. Le jeune, il est responsable de ses actes, mais il est pas coupable. Les coupables c’est ceux qui ont créé cette situation, qui alimentent la division, qui laissent partir ces jeunes en les montrant du doigt avec leurs pseudo-lois ridicules de déchéance de nationalité, comme si ça allait empêcher un type de se faire sauter. Les coupables c’est les Valls, les Hollande, les Sarkozy, les Macron."
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Ramallah, janvier 2013
Le lendemain le ciel s’assombrit encore, jusqu’à noir, une purée de bruine au fond des caves, au fond des puits sans lune. Je visite le camp de réfugiés d’Amari, en plein cœur de Ramallah, passe deux heures à me sécher les pieds à une résistance, transi de froid dans le salon de la famille d’Amer, qui me raconte qu’on n’est pas loin de la troisième Intifada, qu’on attend juste que les grévistes de la faim meurent.
Passent un jour, deux comme ça de rues transformées en torrents, puis miracle il neige et la tempête est transformée en fête, les futurs chahid sont heureux de ce cadeau du ciel. Avec Marie, une amie qui me loge, on se fait une bonne bataille de boules de neige avec une bande d’ados, pour vérifier qu’ils ne sont pas trop rouillés. Je rentre à la maison couvert d’impacts, profondément défiguré.
Voilà ce qu’il faudrait organiser, me dis-je en touillant le thé bouillant. Un grand tournoi moins de vingt ans de lancer de pierres et de boules de neige, pour le rapprochement des peuples, avec plusieurs épreuves, différentes distances. On inviterait tous les ultras des clubs de méditerranée, Port-Saïd, PSG, le Raja de Casa, Besiktas, le Real de Madrid, le Mouloudia d’Alger, l’US Città de Palerme, les supporters de toutes les équipes du Caire qui ont fait la place Tahrir. L’idée, pour une fois, serait de les faire jouer entre eux, sans le foot au milieu.
Je touille le thé pour me réchauffer, et me dis que l’Intifada est peut-être liée à la pénurie de ballon rond dans le West Bank. Si les palestiniens avaient une équipe de foot à soutenir, si OLP signifiait Olympique de Palestine, ils lutteraient en même temps pour leur montée en Ligue 1.
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Dans la vie on ne peut tout avoir (ni tout être !).
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L’attente-angoisse est le fil d’Ariane de nos existences. La tique vit des années à attendre, immobile, qu’un mammifère passe. Un jour elle reconnaît l’odeur, ses pattes se détendent, elle s’envole, elle s’accroche au pelage du mammifère. Elle se colle à lui, boit son sang, puis une fois pleine se relâche et tombe à terre. Le dernier effort consiste à pondre ses œufs. Ensuite elle meurt.
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Il ne faut jamais décourager personne à quoi que ce soit. Il n'y a que les projets qui font vivre. Ce n'est pas tout de mettre l'homme en cage. Pour qu'il y reste, il faut aussi lui laisser faire les plans d'évasion et rédiger la notice d'utilisation. Sinon il se laisse mourir.
p.239
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Tu sais qu'avant j'allais à l'église, me dit-il. Bien sûr de temps en temps. Maintenant je vais dans la nature. Tout ce qu'il y a autour que tu vois, les arbres, les forêts, les météorites, les fleuves, tout ça c'est Dieu. Pas autre chose. Dieu, je ne peux pas lui parler, mais l'arbre si. Il me répond. Je m'allonge et je regarde les branches et les feuilles des branches. Comme ça bouge. S'il y avait un peu plus de vent dans ces putains d'églises, je te jure qu'il se passerait plus de choses.
p.239
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Ça fait même des années que je projette de monter un business d'échographies retouchées pour meuf en cloque qui veulent récupérer des mecs pourris en faisant du chantage. D'ailleurs avec mon chat Chicha, qui est mon associé, on croit que ca va cartonner, mais avant de nous lancer, comme on est de vrais pros, on teste la formule sur des connards de ton genre.
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Casablanca, janvier 2012
Ça se passe à Casablanca, me raconte Didier, une nuit, près du marché central. Je suis avec un copain marocain, et on va à la Bavaroise, un restaurant. Quand on en sort il est assez tard et on tombe sur un gamin qui veut nous vendre des cigarettes. Bon, on lui achète quelques cigarettes, et on se met à causer avec lui. On lui demande ce qu’il fait là à cette heure. Il nous dit qu’il habite dans le marché central.
Comment ça tu habites le marché central ?
Oui j’habite là-haut, sur le toit.
On lui demande pourquoi. Il nous dit j’ai pas d’autre endroit où dormir. Je suis pas tout seul d’ailleurs, il y en a beaucoup comme moi qui sont sur le toit, parce que la nuit on descend dans le marché et il y a toujours des choses à manger. On les ramasse et on remonte là-haut, parce qu’en bas il y a des rats.
T’as toujours habité là ?
Non non, avant j’habitais dans un village près de Sidi Kacem.
Qu’est-ce que tu fais là alors ? Ta mère elle est où ?
Elle est à Sidi Kacem, je crois.
Et ton père ?
Je sais pas. On habitait là-as, et puis un jour ma mère est partie avec moi, elle voulait plus voir mon père, je ne sais pas pourquoi. Elle disait toujours qu’elle irait à Casa, parce qu’elle a son frère ici.
En fait il nous explique que sa mère s’est remariée à Sidi Kacem, puis il y a eu un nouveau bébé, son beau-père ne voulait plus le voir lui, le renvoyait dans la rue, le frappait. Un jour sa mère lui a dit bon on va partir tous les trois, moi et toi et le bébé, et on va aller à Casa chez le tonton.
Ils sont arrivés à la gare routière de Ouled Ziane, et le gamin nous raconte :
Ma mère me dit assieds-toi là, je vais téléphoner à tonton. Puis elle est jamais revenue.
Et il s’est mis à rire. C’est son rire qui m’a beaucoup touché. Je veux savoir quel âge il a. Lui il dit six ans sept ans, et là je pense qu’il a dans les quatorze ans.
Je sais pas combien de temps il a pu attendre à Ouled Ziane, mais je pouvais pas lui demander, pas possible. On lui a filé un petit billet, c’es tout ce qu’on a pu faire.
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La joie n’est jamais totale si le corps la dérange.
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Le crime est un mot clef qui sauve, que l’on prononce pour se placer hors des lois de la terre. Le crime est l’impuissance fragile et vaine que l’homme agite comme il agite ses drapeaux ou ses clefs de voiture. Sébastien est un leurre, comme Frank est un leurre. On ne change ni hier ni demain. En faisant disparaître certains éléments perturbateurs, on aménage, on travaille le présent.

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Les gens qui votent aujourd’hui sont ceux qui ont honte d’eux-mêmes, qui se méprisent et ne veulent pas que cela se voie. Les gens sincères restent au lit.
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Je n'arrive pas à croire que la terre s'est couverte de bitume. Je voudrais faire un planisphère des traînées de goudron, des vallées d'autoroute. Une carte chaque année puis chaque mois des avancées du bitume depuis son invention. Pour mieux saisir la dimension du phénomène. Passer et repasser les machines sur la terre broyée en petits graviers. Construire des voies incultes.
Le sol ne respire plus. Comment un sol si fertile par endroits peut-il accepter pareil sort? L'homme veut nous couvrir d'asphalte. Il veut un monde lisse et propre, sans mauvaises herbes. Un monde qu'il contrôle au péage, qu'il maîtrise aux frontières. Mais les racines et les bombes vont déchirer l'asphalte. Il n'y a pas que des hommes sur cette terre, il y a aussi des voisins, des arbres, des familles, des sociétés, des ennemis.
p.178
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Le mot sexiste est trop faible. Je voudrais qu'il sonne comme raciste. Sexiste, prouve que tu existes ! Les expressions sexistes du genre, femme qui rit, à moitié dans ton lit, femme au volant, mort au tournant, femme gourmande, femme coquine, il faut souffrir pour être belle, elle fait sa blonde, elle fait sa meuf, les femmes quand elles trompent c'est par amour, les femmes quand elles couchent c'est qu'elles ont des sentiments, merde ! Mais quand ça va finir ?!
Les masculinistes pensent que les femmes seront libres quand elles auront compris ce qu'elles doivent être : des femmes. Mais sans savoir ce que c'est.
Ils t'expliquent que le cerveau des hommes est complexe et souvent court-circuité par le corps féminin. Que c'est les femmes qui agressent visuellement les hommes. Mais le viol c'est pas du sexe, habibi. Quand tu te prends un coup de pelle t'appelles pas ça du jardinage (une féministes qui disait ça).
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Le féministe, c'est qu'on les aime, les hommes. On veut l'égalité, pas la vengeance. Sinon on vous exterminerait tous.
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Je me relis et je me dis que si je pouvais me payer un psy, j'arrêterais de tartiner comme je fais dans ce cahier, je me soignerais peut-être, je mettrais un peu d'ordre, plutôt que de m'enfoncer. Il y a vraiment un choix à faire, soit écrire, soit guérir. Le psy tu peux pas te relire, et il est si différent de toi. En plus il s'en fout de ta gueule, c'est ça tout sa force. Mais l'écriture c'est moins cher, alors tu continues. Le nombre d'écrivains j'imagine qu'on pourrait éviter juste avec quelques séances.
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