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Citations de François Cheng (1654)


L'infini n'est autre
Que le va-et-vient
Entre ce qui s'offre
Et ce qui se cherche.
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau,

Entre source et nuage.
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Le vrai accomplissement de notre désir est contenu dans notre désir lui-même.
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A l'orient de tout, là où se souvient
La mer, l'orage a dispersé écailles
Des dragons, carapaces des tortues
Nous nous prosternons vers le pur silence
Régnant par-delà la terre exilée
A l'heure du soir, à l'orient de tout

Où se lève le vent de l'unique mémoire
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François Cheng
Tant qu’il y aura une aurore qui annonce le jour,un oiseau qui se gonfle de chant,une fleur qui embaume l’air,un visage qui nous émeut,une main qui esquisse un geste de tendresse,nous nous attarderons sur cette terre si souvent dévastée.
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En 1947, à dix-huit ans, je fais une longue fugue. Durant plusieurs mois, je ne prends même pas la peine de donner des nouvelles à mes parents.

Plus de soixante-dix ans après, la scène de nos retrouvailles apparaît dans un de mes poèmes adressé à Dieu, au Dieu de la souvenance, alors qu'eux, de qui j'ai tout reçu, à qui en retour je n'ai donné que des soucis sans remède, ont quitté depuis longtemps ce monde dans des conditions poignantes :

"Je me lèverai et j'irai vers Toi,
Traversant les nuits d'insomnie, franchissant
La ligne incandescente des étoiles,
Je sais que Tu es loin,
Mais que par Toi,
Tout sera retrouvé.

Je me lèverai et j'irai vers Toi,
Enjambant l'abîme d'un pas résolu, ignorant
Toutes distances qui séparent.
Je sais que Tu es proche,
Que je dois Te chercher
Au plus intime de moi.

J'irai vers Toi, sûr de te retrouver,
Car je n'oublie point une scène de jadis :
Après une longue fugue, je suis revenu au logis,
L'ombre maternelle s'est retournée, a dit :
"Te voilà", j'ai répondu : "Me voici!",
Et j'ai fondu en larmes."

page 36
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Où sommes-nous en effet ? En France. Ce coin de terre censé être le plus tolérant et le plus libre, où il règne néanmoins comme une "terreur" intellectuelle, visualisée par le ricanement voltairien. Elle tente d oblitérér, au nom de l esprit, en sa compréhension la plus étroite, toute idée de l âme- considérée comme inférieure ou obscurantiste-- afin que ne soit pas perturbé le dualisme corps-esprit dans lequel elle se complaît. A la longue on s habitué à ce climat confiné, dessechant. Chose curieuse, il semble que ce phénomène soit avant tout hexagonal, qu ailleurs le mot en question se prononcé plus naturellement, sans susciter grimace ou haussement d épaules, bien que là aussi son contenu soit devenu souvent vague et flou.

Page 11
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Alors que les autres peintres s'attachaient scrupuleusement à la ressemblance formelle, [Wu Tao-tzu] planait au dessus de ces soucis vulgaires. Courbant ses arcs, brandissant ses lances, plantant ses piliers, plaçant ses poutres, il composait et dessinait sans se servir de règle (pour tirer des lignes) ni de pied d'architecte. Dans un tableau long de plusieurs pieds voltigent barbe frisée du dragon et cheveux bouclés des nuages. Les poils dressés semblent vouloir s'arracher de la chair avec une force surabondante.

Chang Yen-yuan (dynastie T'ang)

(p.27)
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François Cheng

Je connais l' heure exquise d'un calme crépusculaire où, dans le ciel, les nuages dorés par le couchant dessinent des images fantastiques.

( " Une longue route pour m'unir au chant français ")
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François Cheng
La beauté, c'est un signe par lequel la création nous signifie que la vie a du sens.
(La grande librairie, 29 janvier 2020)
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Mais l'oiseau point d'empreinte
Ne laisse. Son empreinte est
Son vol même. Nulle trace
Autre que l'instant-lieu,
Joie du pur avènement :
Lieu deux ailes qui s'ouvrent,

Instant un coeur qui bat.
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C'est l'esprit totalement dépouillé que Lan-Ying apparaît dans l'embrasure de la porte, lotus d'automne en sa suprême éclosion. Devant la singulière image que la circonstance rend unique, Dao-Sheng reste interdit. Le sentiment qui l'envahit est celui même qu'éprouverait la terre recevant l'eau lustrale : la gratitude. La gorge nouée, il avance d'un pas, sans rien dire. Toute initiative doit venir de la femme, laquelle, après une hésitation, tend sa main droite. L'homme y joint la sienne et dit simplement "Lang-Ying"! La réponse de la femme est inaudible ; seul le mouvement de ses lèvres fait deviner le nom de Dao-Sheng. Il s'ensuit un silence que la femme rompt en posant sa main gauche sur le dos de la main de l'homme, lequel, à son tour, fait de même. Voici les quatre mains superposées, imprimant entre elles leur harmonieuses respiration. C'est ce que les deux êtres en présence veulent faire : c'est ce que pour l'heure ils peuvent faire. Ils renouvellent là ce qu'il ont fait au bord d'un lit dont le souvenir les hante, les laisse dans une soif qu'ils ne pensaient pas pouvoir jamais étancher.
Cette fois ci, ils sont debout, la circulation entre eux se fait plus entière encore. Les mains douces et lisses comme le jade se blottissent dans les mains qui ont la rugosité d'un vieil arbre. Veine à veine, fibre à fibre, feuille à feuille, banche à branche, ce qui se ressent au bout des doigts, au cœur des paumes, parcourt à travers les méridiens tout le corps. Immergés dans les ondes rythmiques qui proviennent d'eux et qui les portent, les deux amants basculent dans un état second. Ils resteraient là indéfiniment.
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Ton regard tout de rêve et d'attente
Si offert à la transparence que jamais
l'aube y dépose sa promesse
Aube de la vie, aube de ta vie, attendant
Qu'au fond de la nuit s'esquisse une âme sœur
et lentement prenne corps l'être de ton rêve
Sachant faire siens faim et soif, gel et flamme
Suivre en silence le courant des murmures
et remonter jusqu'à la source des larmes
Faire fi des saisons, des lointains
sur le long chemin qui mène vers toi
Cueillir en passant roses d'été, pétales d'automne
frissons de grillons, laudes de l'alouette
Pénétrer l'intime de la moindre fibre
des feuilles, des fleurs, puis des fruits
Être humble assez pour entendre l'impalpable
dévoiler l'indicible, épouser l'inouï
Se dépouiller tel un arbre en hiver
ouvert aux affres et aux effrois
Dressant ses branches contre le ciel étoilé
Franchissant une à une les couches de la nuit
Et venir enfin
au-devant de la transparence de l'aube

Et te dire, avec l'évidence du jour,
"me voici!"

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Le chant le plus authentique est plus qu'un produit maîtrisé par l'esprit ; il jaillit bien de l'âme. La grande affaire pour un artiste, j'en suis persuadé maintenant, c'est d'entendre et de donner à entendre l'âme qui l'habite et qui résonne de fait à l'âme cachée de l'univers.
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Ce que les morts laissent aux vivants..; c'est certes un chagrin inconsolable, mais aussi un surcroît de devoir vivre, d'accomplir la part de vie dont les morts ont dû apparemment se séparer, mais qui reste intacte.
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L'image idéale d'une culture n'est-elle pas un jardin à multiples plantes qui rivalisent de singularité et qui, par leurs résonances réciproques, participent à une oeuvre commune ?
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Plus tard, devenu adulte, et notamment durant mon séjour en Europe, je serai forcé de réfléchir sur la Chine où le hasard m'avait fait naître, puisque partout, on m'appellera "le Chinois", sur ce peuple dont je connais les tares et auquel on accorde néanmoins quelque grandeur. Du fait de son nombre, de son ancienneté et de sa pérennité ? Mais bien plus, semble-t-il, à cause de ce pacte de confiance, ou de connivence, qu'il a passé avec l'univers vivant puisqu'il croit aux vertus des souffles rythmiques qui circulent et qui relient le Tout.

page 28
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Comment s'étonner que l'apprentissage d'une langue ne soit un processus essentiel et complexe ? Plus qu'une affaire de mémoire, on doit mobiliser son corps, son esprit, toute sa capacité de compréhension et d'imagination, puisqu'on apprend non un ensemble de mots et de règles, mais une manière de sentir, de percevoir, de raisonner, de déraisonner, de jurer, de prier et, finalement, d'être.
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Le fait que chaque être est unique ne l'isole nullement dans un écrin exceptionnel. Un être ne saurait être unique si les autres ne le sont pas.
L'être en question ne serait alors qu'un échantillon bizarre.
L'unicité de chacun implique qu'elle est un fait universel.
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Je me rappelle les nuits d'amour. L'état suprême de l'extase charnelle dépasse le corps. Les chinois le désignent par l'expression "âme fondue" ou "fondre en âme" (p. 98-99)
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Grâce à la beauté, le monde n'est nullement un espace neutre, insipide et insignifiant ; l'existence humaine, non plus, n'est nullement un séjour aveugle, sans but ni visée, fermée au devenir et à la possibilité de dépassement. Au contraire, le monde est plein d'attraits et d'appels, plein de signes et de sens. Et notre existence, elle aussi, est chargée de désirs et d'élans, elle va dans un sens et elle a un sens. Déjà en nous-mêmes nous poussons dans un sens, c'est-à-dire, comme je l'ai dit tout à l'heure, nous tendons vers la plénitude de notre présence au monde, à l'instar d'une fleur ou d'un arbre. Et de plus, nous tendons vers d'autres présences de beauté, vers une chance d'ouverture et d'élévation. C'est bien grâce à la beauté qu'en dépit de nos conditions tragiques nous nous attachons à la vie. Tant qu'il y aura une aurore qui annonce le jour, un oiseau qui se gonfle de chant, une fleur qui embaume l'air, un visage qui nous émeut, une main qui esquisse un geste de tendresse, nous nous attarderons sur cette terre si souvent dévastée.
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