Françoise Bourdin présente son nouveau roman, « Un si bel horizon » !
"Je n'ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves.
Là au moins, on ne pourra pas me les voler.
Parfois, le soir, je leur rends visite dans leur dernière demeure et j'exhume les plus beaux, les plus fous. Ou les plus simples."
Tiré de la nouvelle Aleyna de Karine Giébel
Chaque fois, avant de commencer à écrire, j’ai dessiné le plan de la maison pour mieux la « voir ». J’ai habité ces lieux imaginaires durant des mois, j’ai entendu les bois craquer, les huisseries gémir, le vent s’engouffrer sous les portes. J’ai vu le paysage par les fenêtres, j’ai humé l’air des jardins.
Certains silences valent mieux que toutes les confessions du monde.
J'avais envie d'exister à leurs yeux.
Comme à ceux de ma mère, je l'avoue.
Mais elle était pire qu'eux, elle me rejetait, alors qu'ils (ses frères)
se contentaient de ne pas me voir.
Au prix de sacrifices constants, les pêcheurs travaillaient pour des salaires de misère en risquant leur vie. Le métier était dur, la retraite indécente, et tous les quatre matins on leur changeait les règles du jeu en modifiant les lois. Comment cette profession sinistrée pouvait-elle encore faire rêver des jeunes ? Par amour de la mer ? P. 164
Les plus mauvaises surprises viennent toujours de nos proches. les gens qu'on croit connaître par coeur se révèlent de parfaits étrangers capables de tout y compris du pire...
Cent ans ! le calcul donnait le tournis : elle avait eu deux ans à la fin de la Grande Guerre. Gamine pendant les Années folles. Elle avait eu vingt ans au moment du Front populaire. Même pas trente en 1945. Déjà 52 ans en mai 1968. Et 84 printemps en l'an 2000 ! Cette femme avait tout vu, les calèches, les chapeaux cloches, les premiers congés payés, l'informatique, le TGV, le téléphone portable, les premiers pas sur la lune, Internet, la gauche, la droite, tout.
Dans l’éducation stricte que lui avait donnée Angus, quand on faisait la connaissance du père de sa petite amie, c’était pour lui en demander la main. Sinon, difficile de se sentir à l’aise devant un homme qui vous regardait en se disant : « Ce type couche avec ma fille. »
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La vie durant, on fait des choix, mais on ne peut pas changer d'avis tous les huit jours !
Je sais qu’elle me plaît et que, le soir, je suis content de la retrouver et d’être un homme marié. C’est assez clair ? […] Qu’est-ce que t’imaginais ? Qu’à soixante ans on est fini ? Qu’on n’a plus de besoins ? Ah là là ! attends d’y être et tu verras ! Je suis dans la force de l’âge et bien décidé à profiter enfin de l’existence.