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Citations de Françoise Mallet-Joris (139)


Comment se résigne-t-on à peser un "poids normal" ? Un peu plus, c'est trop. Un peu moins, c'est inquiétant. La marge est bien étroite. Il faut vivre là-dedans....
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Un secret n'a pas forcément d'explication ; ni un trésor une valeur.
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Evelyne sent monter vers la chambre l’odeur de la sole qui grille. « Mon père est mort, on assassine des enfants, et moi je vais manger une sole », pense-t-elle.
Le mépris qu’elle a pour elle-même est total.
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- Vous n'êtes pas fidèle ?
Il se mit à rire, rasséréné.
- Pas du tout. Par goût et par principe.
- Pourquoi par principe ?
- Mais ... parce que les hommes fidèles ne sont pas aimés d'abord. Il faut occuper un peu l'esprit des gens qui vous aiment. Et puis, cela coupe court à toutes les illusions ; aucune femme ne s'imagine être unique pour moi, donc elle ne devient pas insupportable et envahissante. Par contre,je tolère fort bien aussi qu'on me soit infidèle.
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Lui qui a eu tant de mal à apprendre à lire, à lire vraiment, il sait qu'on doit aider, guider, ceux qui voudraient, mais qui ne peuvent pas accéder à la culture.
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- Je ne voulais pas vous blesser, s'excusa-t-il.
C'était vrai. Il était trop égoïste pour être vraiment méchant.
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Elle crut pardonner à Théo et l'entoura dès cet instant d'une indulgence un peu tendue. Parfois, le temps d'un éclair, elle se souvenait: ces baisers, sur cette plage... Ce sourire chaleureux demeurait toujours présent, même quand Théo serait mort.
Car il mourrait. Et alors, elle pourrait l'aimer enfin. Elle n'aurait plus à rougir de la pente qui l'entraînait vers lui, comme vers une tentation un peu basse, une honte intime, plus cuisante par là même qu'un crime, honte qu'elle ressentait à chaque incursion dans le domaine charnel qu'elle s'était interdit - écœurée, blessée (parce que accueillie avec tant de cordialité, d'inconscience) mais la prochaine fois peut-être? Et quand tous les espoirs sont déçus, bafoués, pire, sereinement ignorés, qu'est-ce qui reste, à cinq heures du matin? L'insomnie, le drap froissé, le roman rejeté dix fois comme un buisson d'épines (chaque mot la faisant sursauter: le mot femme, le mot homme, le mot corps), qu'est-ce qui reste, quand on aime encore, que cette pensée nue: il mourra, je mourrai?
Sombre amour de Laura. Elle était comme une marée qui s'avance, écumante de colère de ne pouvoir résister à cette pulsion cyclique, et se retirant de toutes ses forces, s'arrachant au sable, au gravier (quelquefois il semble que la frange plate de la mer est comme collée au sol, s'en arrache aussi douloureusement qu'un épiderme). Heureusement, il y a la paix du large, des profondeurs claires, des îles: Blandine, Martin. Eux, ne devaient pas mourir.
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On dirait qu'ils devinent l'amour sur moi, qu'ils le flairent comme une odeur, et me sentant inoffensive, désarmée, ils réclament leur part.
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Les miracles, quand ils se produisent, déguisent leur éclat fulgurant d'une solide carapace de concret.
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Un petit garçon à un autre :
-Mon papa, il est plus savant que le tien. Il sait le grec, mon papa.
-Le mien, il a une plus grosse voiture.
-Oui, mais les voitures, ça brûle.
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Dans le petit salon blanc et or, on sent à peine la présence d'un hiver bourgeois, emmitouflé de fourrure, faisant tinter, d'un geste apprêté, ses pendeloques de cristal
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J'aime bien Anne de Chantraine : entre cinq et douze ans, faible petite bête puante couchée en rond sur la paille de la carriole, si maigre, une figure pointue, des ongles rongés, des sabots aux pieds, une robe en haillons, un ruban rouge autour de la chevelure sans couleur, et aux oreilles, deux gros boutons de verre taillé. Toute la précoce résignation des enfants malheureux dans ses yeux pâles, et quelque chose en plus ; l'attentive stupidité paysanne sur ce visage menu, immobile. Et quelque chose en plus. Toute l'enfance hésitante au seuil d'un monde de prodiges.
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Paissez mes brebis...Et depuis elles vont,répandant la bonne parole avec le pain;la bonne et fausse parole qui endort la faim de Dieu comme un enfant,qu'on berce,la parole qui dit qu'on peut être rassasié.
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C'est peut-être mon genre, mais ce n'est pas mon idéal. (p.188)
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Non, la femme qui se veut jeune à la façon d'une star, parée comme tel ou tel mannequin, mince ou l’œil en triangle comme le chroniqueur de mode le lui conseille, cherche à incarner une image plus qu'à plaire à un, à des hommes. Et, juste retour des choses, elles ne récolteront que des hommes qui aiment les images, et non les femmes.
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Marie sera chaste, femme, cette épouse errante sera fidèle. C’est dans cette rigueur qui jamais ne l’abandonne qu’on trouve l’ossature de sa vie, cette longue quête dont nous ne saurons pas l’aboutissement.
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Pour Marie, la lutte commence. Au couvent de la Visitation, sous la direction de sœur Marie-Élisabeth de Lamoignon, sœur du premier président, elle va mettre toute son ardeur, tout son désir de revanche, appliquer toute son inflexible volonté à une nouvelle passion : la culture. Elle lit, étudie le français, vainc ses difficultés de prononciation, étend ses connaissances déjà surprenantes, mais y ajoute un vernis mondain qui lui manquait totalement. Pas un instant de relâchement ; tout lui est étude. Danse, musique, rien ne lui est agrément ; ce sont des armes qu’elle fourbit, et non des plaisirs qu’elle se donne. Pas un attachement, une amitié : elle n’en a pas le temps. Un jour, se dit-elle déjà, on reconnaîtra ce qu’elle vaut, on reviendra sur cet injuste mépris qui la ronge. « On m’admirera. » Pense-t-elle parfois : « On m’aimera » ? Sans doute, car elle est sensible. Mais peut-être rougit-elle de le penser, car elle est déjà assez fière pour ne pas solliciter ce qu’on ne lui accorde pas d’emblée.

Chapitre 1
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Ce n'est pas que je sois franchement bête, mais entre les couches les plus profondes de ma pensée, qui est, je crois, sérieuse, et même grave, et mon humeur superficielle, qui est enjouée, voire parfois puérile, il n'y a pas cette classe moyenne des pensées qui permet d'être sérieux sans l'être, de parler de ce qu'on ne connaît pas, de paraître porter intérêt à des sujets qu'on connaît mal, ou dont on se fiche, tout importants qu'ils soient.

(p. 204 - Éd. Grasset)
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« Plus on prend de précautions plus on en souligne l’importance, de cet acte d’écrire, de peindre, de composer, qui engage, même s’il n’est pas engagé ; ce regard sur la vie qui juge même s’il refuse les termes de jugement. Et pourquoi serait-il réservé à l’art, d’ailleurs, cet instant de vérité ? Pourquoi l’artiste serait-il le seul à devoir répondre à cette belle définition de Léautaud : « Qu’est-ce qu’un écrivain, ou que doit-il être ? Un homme qui pèse ses mots, non seulement avant d’écrire, mais encore avant de parler… » Pourquoi dès le moment où l’homme emploie les mots, n’en serait-il pas responsable ? Le romancier le plus subtil rejoint là le peintre le plus mystique, et les précautions nuancées de Huxley n’en disent pas plus long ni moins que les mots rocailleux de Van Gogh : « C’est une chose admirable de regarder un objet et de le trouver beau, et de le retenir, et de dire ensuite : je vais me mettre à le dessiner, et de travailler alors jusqu’à ce qu’il soit reproduit. » Oui Il est beau de regarder un objet, d’en prendre conscience, de le vivre. Mais chacun le peindra à sa façon ? Mais ce regard posé sur l’objet ne sera jamais le même, ce jugement porté toujours différent ? Sans doute.
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Elle ne vit pas dans la vie réelle, elle rêvasse tout le temps. Rêver est une chose terrible.
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