Dieudonné est l'ainé des deux frères Ferchaux, l'autre c'est Emile. partis de rien ils ont fait fortune en Afrique, dans les années 1920, à la confluence du Congo et de l'Oubangui, dans le caoutchouc. Les moyens employés pour y parvenir sont tous fallacieux et frauduleux, le principal étant de gagner de l'argent peu important les moyens.
Au bout de 3 ans Emile est rentré à Paris pour gérer la fortune familiale.
Dieudonné, lui a continué en Afrique, tuant 3 hommes africains, en état de légitime défense selon lui.
C'est ce qui lui sera reproché et l'amènera à rentrer en France, pour se cacher et se défendre.
Pour gérer ses affaires, Dieudonné embauche un jeune homme, Michel Maudet, la vingtaine, comme secrétaire, un peu à l'emporte pièce, Maudet lui forçant la main.
L'étau se resserrant autour de lui, Ferchaux, embarque pour Panama, emmenant avec lui Maudet, lequel laisse en rade de Dunkerque son épouse sans un regard et sans la prévenir.
Les deux hommes se ressemblent énormément, sauf que l'un a la vie devant lui et l'autre derrière lui, mais ça, l'un et l'autre le savent et Ferchaux n'est jamais dupe de l'issue de cette collaboration.
L'issue jouée d'avance et qui était, fatalement, programmée dès le départ.
C'est un grand livre que celui-ci, au point de vue littéraire d'abord, nul n'est aussi doué que Simenon pour dépeindre un endroit, une ville, une pièce ou un bistrot, peu de phrases voir de mots et l'ambiance est créée. Les personnages, ensuite, leurs caractères, leurs vies et antécédents, les comportements, travers, habitude sont brossés comme un peintre à petits coups précis de pinceau, de façon réaliste mais sans jamais de fioriture.
Maudet est une ordure, point, Ferchaux est un escroc re-point. Ces deux là se haïssent mais composent ensemble le temps que ce sera l'intérêt de l'un de l'autre ou commun. Mais, finalement, ils ont une certaine façon de s'aimer, de se supporter parce que l'un comme l'autre savent que l'un est le miroir de l'autre et réciproquement. n'est-ce pas la raison de l'embauche de Maudet, à carnassier, carnassier et demi, et ce dès le début.
La vacuité de cette vie sous un soleil de plomb mouillant, de transpiration le costume que l'on porte blanc ou jusqu'à l'os pendant la saison des pluies, augmente encore le climat pesant, s'il en est, dans ce roman, tel un personnage supplémentaire annonçant irrémédiablement l'issue programmée dès l'embarquement de Dunkerque?
Lu d'une seule traite avec infiniment de plaisir.
PS : mon exemplaire est de 433 pages et non 132 repris sur le descriptif de page de garde.
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