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EAN : 9782258149939
208 pages
Omnibus (22/11/2018)
3.8/5   33 notes
Résumé :

Délaissant ses décors habituels, Paris ou la province française, Georges Simenon choisit dans ce roman un cadre exotique, propice à la mise en scène de personnages équivoques et de destins étranges.

Fils d'un milliardaire récemment décédé, René Maréchal s'est installé à Tahiti. Le major Owen, ami du défunt, prend le bateau depuis Panama pour lui annoncer qu'il est héritier. Il découvre à bord un passager clandestin, une jeune femme, Lotte, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Les vahinés, les palmiers, une île paradisiaque
et l'océan pacifique à perte de vue.
Qu'est venu y faire le major Owens
qui préfère l'ambiance des pubs anglais
enfumés et le confort des palaces ?
Il recherche quelqu'un mais voilà il ne semble pas être le seul...
Simenon rime souvent avec commissaire grognon ;
là, pas de Maigret en vue mais un vieil Anglais bien sapé
un rien blasé qui ne sirote que du whisky.
Il n'a nullement envie de s'encanaquer
mais va se laisser couler tout doucement
dans cette vie simple pour le moins exotique.
Avec Simenon, les dialogues, l'atmosphère
et les personnages sont bien campés
et ce coup-ci bien dessinés et mis en valeur
par un illustrateur hors pair qui sait croquer
entre autres de belles vahinés en paréo.
Simenon et Loustal à Tahiti, c'est un grand pied au paradis.
Je remercie Babelio, Masse critique et Omnibus
pour ce dépaysant voyage à Papeete.
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Georges Simenon s'est rendu à Tahiti à l'occasion d'un tour du monde entrepris en 1934. Son séjour de six semaines en Polynésie lui a inspiré un reportage et trois romans : « Long cours », « Touriste de bananes » et « le passager clandestin ». Son reportage a été publié dans Paris-Soir en septembre 1935. Il contient toute la matière de ce récit : la description d'une nature paradisiaque, le réveil au chant des merles des Molluques, les indigènes animés d'une joyeuse placidité, les Français qui s'épuisent dans des querelles sans fin, une île coupée du monde ravitaillée une fois par mois par bateau, les nuits de débauche dans une boîte en périphérie de Papeete… Simenon oppose l'innocence de l'autochtone à la perversité du colon. Certains d'entre eux « s'encanaquent », c'est-à-dire qu'ils se dépouillent de leurs oripeaux du vieux continent pour adopter le mode de vie et le rythme local. Ils font le choix de mener une existence simple parmi des gens ordinaires dans un monde sans argent ni péché.

Le récit débute dans une rade du Pacifique à proximité du canal de Panama. le commandant de l'Aramis, un cargo mixte qui dessert les îles françaises du Pacifique sud, est descendu à terre accomplir des démarches. Deux hommes attendent son retour pour embarquer. Comme chien et chat, ils ont instinctivement éprouvé de l'antipathie l'un pour l'autre. Et il est vrai que tout les oppose. le major Owens, un Anglais distingué fréquente les hauts cercles de la société mais vit de ses gains aux jeux de cartes ; Alfred Mougins, lui, est un mauvais garçon qui a fait ses classes dans les quartiers populaires de Paris. le premier emploie l'entregent et la ruse, le second la violence. A bord, le major découvre un passager clandestin tapi au fond d'une barque de sauvetage et décide de lui apporter une aide discrète. le gentleman et la brute qui se sont ignorés pendant la traversée ne manqueront pas de se croiser à Tahiti où ils débarquent tous deux. L'île est exiguë et tout le monde s'y connait. Aussi Owens ne tarde-t-il pas à rencontrer Mougins en compagnie du mystérieux passager. Un pressentiment agite le major. il entre alors "en crise". le voilà démangé par un malaise qui gonfle au fur et à mesure et qu'il tente de chasser par une consommation excessive d'alcool. Il lui faudra crever l'abcès.

Les éditions Omnibus travaillent à mettre en valeur l'oeuvre de Georges Simenon en offrant au fil des années des éditions renouvelées de ses livres. C'est le cas de la présente édition qui a été illustrée par Loustal. Il existe une vraie correspondance entre le romancier et l'illustrateur. Ce dernier a saisi l'atmosphère du texte et est parvenu à en exhausser l'incandescence et l'exotisme à l'aide de son trait noir et de ses couleurs vives. J'ai lu la majeure partie des romans de Simenon mais j'étais passé à côté du « passager clandestin ». Cette édition m'a permis de me plonger dans ce roman et ainsi, de mieux l'apprécier. Je tiens donc à remercier Babelio et les éditions Omnibus pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse critique.
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J'ai lu ce beau roman illustré à l'occasion d'une Masse critique et je dois dire que ce fut une bonne surprise. D'abord, j'ai découvert Simenon (eh non je n'ai jamais rien lu de lui-même pas la série des Maigret) et ensuite le dessinateur Loustal.
Dans cette histoire, nous suivons les destins de quelques hommes dont le major Owen. Cet homme bien sous tous rapports vit de petites combines, de jeux de cartes ; son apparence débonnaire lui a toujours permis de se faire accepter partout, de faire partie des cercles privés où on peut jouer gros. Mais le major approche la soixantaine et il aimerait décrocher, un dernier coup et ensuite la retraite. Sa sortie a l'apparence d'un jeune homme, héritier sans le savoir d'une immense fortune. le problème c'est qu'il vit à Tahiti. Aussi le major fait le voyage, mais sur place pas de Maréchal, parti en excursion. Par contre d'autres personnes attendent le jeune homme, notamment un certain Mougins qui regarde Owen avec dans l'oeil une envie d'en découdre.
Ce roman qui nous donne l'impression de vivre au ralenti s'attache au quotidien de ceux qui vivent là. Entre les indigènes et les français expatriés, la vie s'écoule entre journées langoureuses et nuits alcoolisées. Les hommes surtout passent leur temps à boire, à reluquer d'exotiques jeunes filles, et à rêver d'autres vies. le major Owen se laisse « encanaquer » par cette atmosphère, finalement ce Maréchal, est-il besoin de le prendre sous son aile pour le ramener en Angleterre ? Pourquoi ne pas rester dans cette île au bout du monde ?
Je précise que le roman a été écrit dans les années quarante, aussi l'histoire est-elle imprégnée d'une ambiance coloniale où les « blancs » règnent sur cette île. Les dessins de Loustal rappellent par le choix de couleurs chatoyantes l'exotisme et la beauté de l'île. Un roman qui va de pair avec la canicule que nous vivons à l'heure actuelle : vite un transat et la mer devant moi !
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Georges Simenon est mort le 4 septembre 1989. 2019 marque les 30 ans de sa mort.
On ne présente pas Georges Simenon qui, avec près de 200 romans et 155 nouvelles est le troisième auteur francophone le plus traduit dans le monde. Son oeuvre est publiée notamment par les éditions Omnibus / Presses de la Cité qui ont eu la belle idée de faire illustrer certains de ces romans par Loustal.
Jacques de Loustal, dit Loustal, auteur de bande dessinée et illustrateur français a publié à ce jour (et tous genres confondus) plus de 80 ouvrages. Son dessin facilement identifiable, très cinématographique, installe des atmosphères fortes. En tant que fervent admirateur de l'oeuvre de Simenon, il était le plus à même de mettre en valeur les mots et les ambiances si caractéristiques de l'oeuvre du père de Maigret.

Dans « le passager clandestin », paru en 1947, point de commissaire Maigret, et loin de ses décors coutumiers, quartiers de Paris ou province française, le grand romancier fait surgir sur une toile de fond exotique des personnages ambigus, dont les motivations ne sont pas forcément des plus nobles. Inquiétants, fascinants, ils nous entraînent sur leurs traces, et nous nous demandons à chaque page ce qu'ils cherchent.

L'Aramis a quitté Panama pour faire escale à Papeete. A son bord, le major Owen remarque un passager clandestin caché dans le canot de sauvetage. Une fois à terre, il découvre qu'il s'agit d'une jeune femme qui se rend à Tahiti pour la même raison que lui, retrouver le fils naturel d'un magnat de l'industrie cinématographique récemment décédé.

Avec ses fameux imparfaits et passés simples de l'indicatif, sa proverbiale économie dans l'emploi des épithètes comme des adverbes, le style Simenon est à son paroxysme dans ce roman.
Simenon observait ses contemporains, dévoilait leurs failles et faisait éclater la vérité en toute simplicité, dans le calme et le silence.

Le style Simenon, des décennies plus tard, continue d'hypnotiser la lectrice que je suis et « le Passager clandestin » fait partie des livres que les simenoniens de bon goût placent haut dans sa bibliographie.
Ajouter à cela les dessins de Loustal, que l'on dit très inspirés de David Hockney, et vous obtenez un très bel objet livre au papier épais, de ceux que l'on aime avoir dans sa bibliothèque.
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Embarqué à Panama en direction de Tahiti sur un long courrier, le major Owen découvre rapidement la présence d'un passager clandestin dans une chaloupe. Il décide de l'aider et lui apporte nourriture et boisson. En toute discrétion malgré les regards appuyés d'un autre passager, Mougins, et la présence du bureau du télégraphiste en face de la chaloupe. Arrivé à Papeete, sans l'aide proposée du major, le passager disparait, ainsi que le télégraphiste.
Mais dans l'île, difficile de passer inaperçu aux yeux de la communauté occidentale qui s'ennuie et de celle des natifs qui regardent celle-ci de façon amusée. Et puis il faut dire que le major Owen a également sa part d'ombre. Joueur (et tricheur) de cartes professionnel, sa venue dans l'île apparait bien énigmatique aux yeux de tous. Peu à peu, on s'aperçoit que tous trois, le major Owen, Mougins et le passager clandestin, ont le même objectif.
Loin d'un exotisme de pacotille, Georges Simenon utilise Tahiti avant tout comme un huis-clos où se débattent les personnages. Les nouveaux arrivants, tout comme les colons. Un endroit où aucun d'eux n'est véritablement à sa place. Sans oublier des références au monde de la nuit si cher à l'auteur. Car le passé des protagonistes est à l'origine de leur présence sur l'île.
Simenon excelle une fois de plus dans ce jeu de relations ambigües entre ses personnages, un jeu parfois dangereux, sans descriptions psychologiques superflues, l'auteur se contentant de privilégier les faits, et uniquement les faits. le tout baigné dans une ambiance mystérieuse et un style sobre propres à l'auteur.
Du grand art !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un bateau italien qui venait de San Francisco était accosté au port, devant les bâtiments de la douane. De ce côté-là, on avait allumé toutes les lampes, d'énormes ampoules électriques à la lumière blanche et crue qui pendaient à des fils un peu partout, de sorte que de loin cela donnait l'impression d'un plateau de cinéma, avec des ombre s'agitant en tous sens, les coups de sifflet commandant le vacarme métallique des grues et des palans, les couleurs mangées par les projecteurs, le vert et le rouge du pavillon, par exemple, tout pâles, tranchant à peine sur le blanc.
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Toute sa vie, il avait beaucoup bu. C'est bien pourquoi cela ne valait pas la peine de s'arrêter. Un alcoolique qui s'arrête de boire n'est-il pas un homme fini?
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Un bateau était arrivé, jadis, devant cette île {Tahiti} où vivaient, comme dans un Paradis terrestre, des hommes et des femmes couronnés de fleurs.
Les hommes, aujourd'hui, étaient garçons de café ou chauffeurs ; les filles, les plus belles d'entre elles, passaient en riant des bras d'un homme blanc aux bras d'un autre homme blanc.
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Les minutes, les heures devaient passer, mais elles étaient si fluides qu'on n'en avait pas conscience. La cendre blanche du cigare s'allongeait. Des centaines d'autres bateaux gravitaient ainsi dans la nuit des océans, avec leur chargement d'humains qui allaient quelque part où les appelait leur destin.
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La lumière, les couleurs, les bruits, tout évoquait une sieste de rêve. Le soleil arrondissait les angles, effaçait un peu les contours, et c'était le soleil aussi qui épaississait l'air au point que les sons, jusqu'aux klaxons des autos, en étaient amortis.
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Vidéo de Georges Simenon
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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