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EAN : 9782253143031
222 pages
Le Livre de Poche (14/04/2004)
3.78/5   50 notes
Résumé :

C'était curieux : l'obscurité qui l'entourait n'était pas l'obscurité immobile, immatérielle, négative, à laquelle on est habitué. Elle lui rappelait plutôt l'obscurité presque palpable de certains de ses cauchemars d'enfant, une obscurité méchante qui, certaines nuits, l'attaquait par vagues ou essayait de l'étouffer.

Vous pouvez vous détendre.Mais il ne pouvait pas encore remuer. Respirer seulement, ce qui était déjà un soulagement. Son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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On fait beaucoup de publicité pour le film sorti hier, avec Gérard Depardieu et Fanny Ardant. J'avais remarqué que c'était une adaptation d'un roman de Simenon. Je l'ai vu par hasard en librairie et cela m'a donné envie de le découvrir.

Bonne idée car je l'ai beaucoup aimé. Pas de commissaire Maigret ici. Non, le personnage principal, c'est Maugin, star vieillissante de cinéma et de théâtre. L'auteur disait s'être inspiré de différents monstres sacrés mais en donnant naissance cependant à sa propre créature.

Pendant toute ma lecture, Maugin était Depardieu, tant je trouve qu'ils coïncident parfaitement. Si vous lisez le livre, vous comprendrez. Les autres protagonistes de l'histoire ( sauf sa dernière femme, qui le sait fragile) le voient comme une force de la nature, mais Maugin s'essouffle, Maugin boit et mange trop. Une visite à un docteur lui fait comprendre que ses jours sont comptés, s'il continue à brûler toute son énergie sur scène, dans les films, en tenant à coups de gros rouge.

L'auteur explore finement les tourments, les tergiversations du personnage, grognon et souvent agressif en paroles mais bon et perdu intérieurement, et si seul finalement... C'est psychologiquement subtil et intéressant,Simenon sait ici aussi sonder les âmes...

Je pense que le film doit bien rendre l'ambiance du livre mais je me demandais quel personnage jouait Fanny Ardant, elle ne correspondait pas à l'âge de la jeune épouse de Maugin. J'ai constaté qu'elle était sa partenaire de théâtre, qui n'apparait pas du tout chez Simenon. Curieuse de voir cette libre adaptation, et de retrouver le beau duo d'acteurs que j'avais tant aimé dans " La femme d'à côté "...
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1950. Maugin. Grand acteur, grand comédien, connu et reconnu de tous pour son talent d'abord, mais aussi pour sa mauvaise humeur légendaire, son goût pour le mauvais vin et la boisson en général. Maugin, un géant, dans tous les sens du terme, aussi fort, aussi grand, aussi gros que sa renommée. Un personnage, grognon, fier de son statut, imposant sa volonté aux hommes comme aux femmes, qu'ils soient artistes, scénaristes, producteurs, costumières, amantes ou épouses. Un personnage sans coeur, imbu de lui-même ? Pas si sûr. Car dès l'annonce de la sentence médicale, Maugin se replie sur lui-même, évoque et convoque son passé, et s'auto-analyse.

Alors le lecteur, peu à peu, comprend les gestes et les actes de Maugin et l'empathie s'installe naturellement avec ce personnage débordant d'humanité mais se cachant aux autres et à lui-même.
C'est terriblement bien écrit, bien décrit. L'analyse longue et lente est d'une touchante sincérité. La montée en puissance du témoignage révèle l'ascension extraordinaire de ce petit garçon issu d'un milieu défavorisé. L'observation à la loupe du corps et de l'âme de Maugin est un chef d'oeuvre de fine psychologie, un régal de lecture.

Une lecture que je vous conseille fortement et qui permet d'apprécier l'auteur, Georges Simenon, autrement qu'à travers son personnage de Maigret.
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1950 et un drame existentialiste de plus dans la galaxie des romans durs (et âpres) de Georges Simenon. Maugin, c'est Raimu... mais c'est aussi Simenon, sans doute ! Retenons que l'écrivain célèbre venait de perdre cet ami si fidèle en 1946. S'investir en un roman, n'est-ce pas le moyen affectif le plus efficace pour tenter de faire revivre "nos" disparus ?... L'alcool, le corps qu'on ne supporte plus, l'accident stupide au Cap d'Antibes (un hameçon fiché dans le pied)... et le coeur malade. Est-il jamais le moindre "hasard" en nos existences ? L'amour qu'on cherche (jusqu'à notre "fin"). Le petit enfant qu'on reste au fond de soi... Un personnage rebutant, qu'on jugerait antipathique, détestable, "maître de maison" profiteur d'obsolètes "amours ancillaires" (ces relations furtives "consenties" au Maître par ses domestiques femelles)... Alice, la régulière sans doute encore amoureuse, qui a - bien sûr - 40 années de moins de Maugin... Les bouteilles de rouge et de Cognac... La course absurde des journées parisiennes rythmées par les prises de cinématographe et les représentations théâtrales... le dégoût de soi. L'attente angoissée de la mort. "La mort d'Ivan Illitch" et sa fameuse anamnèse en douze scènes-chapitres n'est jamais bien loin ! Un nouveau chef d'oeuvre de dépouillement atroce en deux parties (ou "Actes" ?). Exercice magistral d'un art littéraire pérenne, un de ceux qui ne se démodent guère... Avec Simenon, l'Humain est radiographié jusqu'à l'os.

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" Il avait beau être gros et lourd, remplir le lit de sa masse, suer le vin et l'alcool, il ne se sentait pas moins, cet après-midi-là, dans le plus secret de son être, là où la raison et le respect humain perdent leurs droits, comme un enfant faible et sans défense. Et, comme un enfant, il luttait contre le sommeil qui le gagnait par vagues, s'obstinait à épier les bruits de la maison en se demandant si "elle" viendrait l'embrasser."
[Georges SIMENON, "Les volets verts", 1950 - 2ème partie, incipit du chapitre 2]

A nouveau embarqués dans l'extraordinaire kaléidoscope spatio-temporel des toutes premières pages de "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust, dans la peau du petit enfant attendant - avec angoisse - le bonsoir tranquillisant de sa mère...
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Les volets verts, de Mr Simenon, n'est pas un polar, les inconditionnels du commissaire Maigret en seront pour leurs frais.
C'est simplement le portrait imaginé (un avertissement en début de roman le rappelle) d'un acteur vieillissant au sommet de sa gloire. Et malgré tout profondément malheureux et effrayé par sa fin qu'il croit proche.
J'ai bien envie de sortir le poncif habituel en disant que cette histoire, écrite en 1950, n'a pas pris une ride. Mais surtout, on retrouve le style de Simenon, simple, rigoureux, et qui fait mouche une fois de plus. C'est un vrai plaisir de lire ce livre, même si les thèmes abordés comme la solitude,l'alcoolisme et la peur de la mort ne sont absolument pas réjouissants.
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N°1806 – Décembre 2023.

Les volets vertsGeorges Simenon.

Emile Maugin, la soixantaine, est un acteur de théâtre et de cinéma célèbre et reconnu mais sa santé est fragile malgré sa forte corpulence, à cause des excès de boisson et d'alcove. Son médecin l'avertit d'une perspective fatale. Il se croit obligé, grâce à son succès d'être grossier et odieux avec son entourage, hommes et femmes, un peu comme s'il prenait ainsi sa revanche sur une enfance malheureuse et défavorisée au fin fond du marais vendéen. La maison aux volets verts sur la Côte d'Azur, c'est celle qu'il rêve d'acheter pour sa troisème épouse, Alice, ancienne figurante, évidemment plus jeune que lui, enceinte lors de leur mariage, mais pas de lui, et avec qui il ne parvient pas à faire un vrai couple ni une vraie famille. Cette souffrance se manifeste lors de la rencontre qu'il fait avec l'ancien amant de son épouse. Il veut la mettre à l'abri de l'avenir parce que son état de santé vacillant l'invite à faire le bilan de sa vie finissante et ce n'est guère brillant. C'est la prise de conscience d'une existence faite de fuites des lieux anciens, des gens qu'ils a connus et peut-être de lui-même, d'excès en tout genre et maintenant d'une obsession de la mort et c'est à la suite d'un accident stupide qu'elle aura raison de lui. Ses félures, sa solitude se révèlent tout au long de ce roman et notamment dans ce retour sur lui-même qu'il fait à l'occasion de la visite à son ancien compagnon de planches qui lui n'a pas connu le succès. Dans cette circonstance, il revient sur son passé, sur tous ceux qu'il a croisés, comme une sorte de « jugement dernier », avec, en arrière-plan la douleur et la culpabilité qui le gagnent.

C'est la fin de vie d'un acteur de renom, coincé entre son succès et une enfance désastreuse, son mépris des gens et la peur de sa propre disparition. Ce roman est paru en 1950 et le rôle d'Emile n'a évidemment pas été écrit pour Gérard Depardieu même s'il l'interprète magistralement dans le film de Jean Becker qui s'inspire librement du roman et qui est servi admirablement par son talent, celui de Fanny Ardant et de Benoît Poelvoorde. Il y a bien des similitudes entre ces deux personnages, celui de la fiction et celui de Depardieu, monstre sacré dont les outrances, les frasques et la conduite souvent révoltante traduisent sûrement une forme de fuite mais peut-être aussi la certitude intime que son talent et son succès l'autorisent à penser que tout lui est dû et que tout lui est permis. L'admiration qu'on peut avoir pour le parcours et le talent de l'acteur trouve ici ses limites. Il reste que je suis étonné par le destin de cet homme qui aurait pu être un minable délinquant et à qui la chance a fait rencontrer des personnes influentes qui ont cru en lui et ont ainsi donné un nouveau souffre à sa vie. Destiné, liberté, baraka, allez savoir ?

Simenon ne se résume pas seulement à Maigret. Ce livre vient s'ajouter à tous ceux où l'auteur analyse l'âme humaine avec tous ses replis et tous ses travers, ce qui fait de lui un romancier d'exception.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il avait beau être gros et lourd, remplir le lit de sa masse, suer le vin et l'alcool, il ne se sentait pas moins, cet après-midi-là, dans le plus secret de son être, là où la raison et le respect humain perdent leurs droits, comme un enfant faible et sans défense. Et, comme un enfant, il luttait contre le sommeil qui le gagnait par vagues, s'obstinait à épier les bruits de la maison en se demandant si "elle" viendrait l'embrasser.

[Georges SIMENON, "Les volets verts", Presses de la Cité, 1950 - Deuxième partie, chapitre 2 - page 157 de l'édition "le Livre de Poche"]
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Ce qu’on oubliait aussi, c’est qu’il n’y avait pas plus de dix ans que le cinéma lui apportait de grosses sommes.
Jusqu’à l’âge de cinquante ans, il n’avait vécu que du théâtre.
Jusqu’à quarante ans, il avait eu des échéances difficiles.
Jusqu’à trente ans, il avait crevé de faim.
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Il avait aussi mal parlé des femmes, prétendant que toutes, autant qu'elles sont, ne rêvent que de l'état de veuvage pour lequel elles se sentent nées.
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Peut-être chacun ,au lieu de vivre simplement cette soirée-là la regardait -il se dérouler avec l'attention qu'on apporte aux évènements qui prendront une place importante dans le souvenir?
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Vidéo de Georges Simenon
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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