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Critiques de Gérard Noiriel (62)
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Le Creuset français : Histoire de l'immigrati..

Une somme de travail considérable.





Une histoire de l'immigration depuis la Révolution Française à nos jours.



Cette immigration qui focalise toutes les attentions, les peurs voire les haines à certaines époques. Cette immigration dont l'auteur nous rappelle qu'elle fut le plus souvent voulue et donc provoquée par la France pour fournir notre économie en main d'oeuvre notamment après la Première Guerre Mondiale. Elle servait également de variable d'ajustement en cas de crise économique, il était si simple de renvoyer chez eux, ces étrangers dont le pays n'avait plus besoin.



L'auteur nous raconte donc tout cela, depuis l'époque ou les papiers n'existaient pas, les frontières se franchissaient librement jusqu'à l'apparition des premières fiches anthropométriques d'abord pour les étrangers puis pour tous les français.



Il nous rappelle également que, après les Etats-Unis, la France est le pays ayant connu le plus d'immigration depuis tous les pays d'Europe d'abord, puis de ses colonies ensuite, et que ce fut aussi une chance et une richesse pour ce pays, pas seulement économique mais aussi culturelle.





C'est un ouvrage impossible à résumer car comme toujours avec Gérard Noiriel, le sujet est traité à partir d'un impressionnant travail sur les archives, parfois ardu à lire, mais toujours passionnant, érudit et instructif.

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Les ouvriers dans la société française - XIX-XX..

Gerard Noiriel nous raconte l'histoire de la Classe Ouvrière en France depuis 1830 jusqu'aux années 1980.



Nous allons suivre la transformation de la société prolétaire française depuis ces "ouvriers-paysans" qui contrairement aux ouvriers anglais, grâce à leur "double statut ", parviendront à ne pas être totalement inféodés au patronat.



L'auteur remet en cause l'idée qu'au dix-neuvième siècle, on est "métallos" ou ouvriers du textile de père en fils en nous démontrant, au contraire, que les ouvriers changeaient beaucoup de place et allaient au plus offrant au grand désespoir des employeurs qui ne parvenaient pas à les faire venir en ville pour mieux les asservir.



Nous vivrons toutes les grandes luttes chargées d'espoir souvent déçu, l'immigration, la rationalisation du travail, la crise de 1929 qui marqua la fin de ces ouvriers paysans et la victoire de ce concept de "grandes usines" dont ils ne voulaient pas et qui signifiera la fin de leur " indépendance".



Ce sera ensuite le Front Populaire si porteur d'espoir, puis les désillusions après la guerre et le rêve de connaitre une situation enfin meilleure pour les enfants avec l'accès aux formations, avant une nouvelle crise en 1974 qui brisera, de nouveau, ce cycle et qui verra, dix ans après, poindre une récession pour les moins qualifiés d'entre eux.



C'est un livre passionnant qui, à chaque chapitre, vous apporte de nouvelles connaissances (que je ne peux pas toutes développer) et qui remet en cause beaucoup de faits que l'on croyait acquis comme l'idée que les conditions de vie des ouvriers français étaient plus rudes que celles de nos voisins européens alors que grâce à la Révolution Française et au partage des terres - toujours le double statut des ouvriers également paysans - ces derniers ont pu lutter plus longtemps pour préserver leurs acquis.



L'auteur multiplie les références et utilise de très nombreux exemples pour expliquer ses thèses mais la lecture reste très facile et agréable.



J'ai hâte d'aborder d'autres livres de Gérard Noiriel.
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Réfugiés et sans-papiers

La notion de droit d'asile apparaît pour la première fois dans l'article 20 de la constitution de 1793. Elle ne sera effective que dans les années 1820 après une alliance entre la " gauche" de l'époque et ... plus étonnant : les aristocrates.

En effet, ces derniers ayant connu l'exil et une condition de réfugié furent sensibles, paradoxalement, à cet apport de la Révolution Française .





Tout au long de ce livre, Gérard Noiriel va nous raconter, en quelque sorte, la "vie " de ce droit d'asile.





De sa mise en oeuvre, de ces périodes où l'on préféra l'oublier, de sa réactivation subite lorsqu'il faut avoir recours à la main d'oeuvre étrangère et inversement de ces amendements ou décrets qui le vident de toute substance dès que se profile une crise économique ou une guerre.



Nous découvrirons aussi toutes les modifications destinées à durcir ce droit d'asile, ces accords internationaux tellement vague dans leurs rédactions, ce qui permet à chacun des pays signataires, une interprétation particulière.



L'auteur insistera beaucoup sur la politique poursuivie par l'administration de tout temps et bien sûr encore à l'heure actuelle qui rend impossible à un réfugié s'il n'est pas aidé de s'y retrouver dans la masse de papiers à fournir.



De ces réponses parfois absurdes comme les preuves fournies et refusées de ce réfugié espagnol parce qu'elles étaient écrites en Espagnol et non en Français.





Le livre regorge de témoignages, d'exemples de grande détresse comme ces lettres presque incompréhensibles écrites aux différents services administratifs et qui pour certaines pourraient prêter à rire si derrière il n'en allait pas parfois de la vie d'un homme que l'on va renvoyer dans son pays.





C'est ma seconde rencontre avec cet auteur et son travail - car il s'agit bien d'un vrai travail de recherche, est toujours aussi enthousiasmant, enrichissant et instructif même si c'est peine perdue de tenter de le résumer : il vous faut le lire.







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Histoire des préjugés

39 historiennes et historiens reconnus et de différents horizons tentent de déconstruisent près d’une cinquantaine de préjugés dans cet essai édifiant.



Histoires des préjugés se penchent sur l’origine et sur les effets que peuvent encore avoir ces idées préconçues sur notre société moderne. Cet essai nous fera voyager dans le temps et dans l’espace et nous offre une liste très exhaustive et pertinente. On apprend énormément de choses dans cet ouvrage. Bien que chaque partie ne contienne que quelques pages, ce texte m’a permis de découvrir des auteurs et m’a donné envie de me pencher sur des textes plus approfondis sur plusieurs des thématiques proposées.



Le pari est donc parfaitement réussi et je conseille fortement cet essai qui a su parfaitement être didactique et agréable à découvrir. Il nous prouve que l’Histoire et la vérité historique a une importance fondamentale.
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Une histoire populaire de la France : De la..

Grand historien spécialiste de l’histoire de la classe ouvrière et pionnier de l’histoire de l’immigration en France, Gérard Noiriel a publié tout au long de sa carrière une quantité impressionnante de travaux. En 2018, il s’inspire de l’œuvre d’Howard Zinn sur les États-Unis (« Une histoire populaire de l’empire américain ») et décide de proposer à son tour une « histoire populaire » de la France, de la Guerre de Cent ans à nos jours. Un travail colossal, qui vise à mettre en lumière non pas le point de vue exclusif des dominés ou des dominants, mais plutôt de proposer une analyse de la domination et de la manière dont s’articulent et se mettent en place les relations de pouvoir qui lient les hommes entre eux. Le résultat est un ouvrage de près de huit cent pages d’une densité et d’une richesse incroyables qui apporte un contre-point bienvenu à l’histoire réactionnaire qui a actuellement le vent en poupe, notamment dans les médias. Ici, il n’est pas question d’étudier l’histoire de France par le biais de tel souverain ou tel grand homme politique. Non, ce qui intéresse Gérard Noiriel, c’est le peuple où, pour être plus précis, les classes populaires. L’ouvrage se décline en une quinzaine de chapitres, chacun consacré à une période bien précise, dans lesquels l’auteur détaille les spécificités des classes populaires de l’époque : comment vivent-elles ? Quelles sont ses interactions avec le pouvoir en place ? Quelle est son degré d’implication dans la vie publique ?…



L’auteur revisite ainsi toute l’histoire de France qu’il choisit de débuter à la fin de la Guerre de Cent Ans, époque à laquelle l’État royal parvient véritablement à s’imposer. De la même manière, c’est seulement à partir de ce moment qu’on peut parler véritablement de « peuple français », en tant qu’ensemble d’individus liés entre eux par leur dépendance au même pouvoir souverain. Noiriel étudie ainsi dans un premier temps le glissement du féodalisme à une dépendance collective au pouvoir royal en nous exposant la manière dont cet état souverain s’est construit, ainsi que les conséquences que cela a eu sur les classes populaires. C’est par ce prisme que l’on revisite les Guerres de religions (où l’on découvre que les arguments religieux furent en fait bien souvent des prétextes pour justifier des intérêts sociaux), les règnes de Louis XIII et Louis XIV (où on réalise que la grandeur d’un état ne fait pas nécessairement le bonheur de son peuple), puis ceux de Louis XV et Louis XVI (qui virent l’essor du capitalisme marchand et la perfectibilité des moyens de contrôle et d’identification des « marginaux »). L’auteur consacre également un chapitre à l’empire colonial français, ce qui lui permet d’aborder la mise en place du système esclavagiste ainsi que la progressive racialisation du droit colonial qu’il analyse comme étant avant tout un moyen de briser les solidarités de classes.



Il faut attendre la fin du XVIIIe et la Révolution française pour que les classes populaires parviennent enfin à véritablement s’imposer sur la scène politique française. Et encore, que de résistances à accorder ne serait-ce qu’un minimum de pouvoir au peuple ! Très vite, la démocratie balbutiante qui se met en place vacille, car elle repose sur deux conceptions contradictoires de la citoyenneté : d’un côté la délégation de pouvoir à des représentants, de l’autre l’implication directe des citoyens défendues notamment par les sans-culottes. C’est évidemment la première conception qui prend le pas sur la seconde qui ne cesse d’être discréditée, et ce dès la fin de la Révolution. Suivront plusieurs autres régimes sur lesquels l’auteur s’attarde plus ou moins longuement (Consulat, Premier Empire, Restauration, Second Empire...), avant que la république ne soit de nouveau proclamée. Noiriel focalise ensuite son étude sur la progressive structuration de la classe ouvrière (qui compose alors la grande majorité des classes populaires) et sur la répression auxquelles elle fut alors confrontée de la part du pouvoir républicain. En filigrane, on suit les grands moments de l’histoire de France : la Commune de Paris, l’affaire Dreyfus, la Première Guerre mondiale, la crise des années 1930, la parenthèse du Front populaire, la fin de la IIIe République, le régime de Vichy…



Avec la Libération, et grâce l’instauration d’un rapport de force favorable aux classes populaires, on assiste au milieu du XXe à la mise en place d’un certain nombre de droits dont nous bénéficions toujours aujourd’hui, et ce malgré les tentatives de plus en plus nombreuses de détricotage de l’état social entrepris par le pouvoir. Pour la première fois de leur histoire, les classes populaires voient reculer l’insécurité qui était depuis toujours leur lot quotidien et bénéficient enfin d’un filet de sécurité. Après cette conquête des droits, qui a été une des caractéristiques majeures de la décennie d’après guerre, c’est l’accès à la consommation qui devient celle des années 60, puis l’entrée dans la mondialisation à partir des années 80. Aujourd’hui, le libéralisme a triomphé et les luttes sociales menées par les classes populaires sont désormais totalement marginalisées sur la scène publique (par les médias comme les partis) au profit des questions sécuritaires. Noiriel termine son analyse par une conclusion de quelques pages consacrées au programme et à la première année du quinquennat d’Emmanuel Macron. L’occasion de se rendre compte que, en dépit d’un discours de rupture, le président actuel s’inscrit au contraire dans une longue lignée d’hommes politiques ont les arguments et le vocabulaire remontent aux XXe, voire XIXe siècle.



Cette « Histoire populaire de la France » est un ouvrage de synthèse passionnant qui réunit une masse de documentation absolument colossale et nous permet de découvrir l’histoire de France, non pas à travers le parcours des « grands » de ce monde, mais à travers celui des classes populaires. Le voyage est captivant et permet de mieux comprendre l’évolution de notre pays, que ce soit sur le plan politique, économique ou social. Au terme de cette lecture, on pourrait être tenté de se sentir découragé face aux défaites innombrables infligées tout au long de notre histoire à cette classe qui représente pourtant la majorité de la population. Ce serait toutefois faire abstractions des nombreuses victoire qu’elle a aussi remporté afin de se faire entendre et de faire en sorte que les intérêts d’une minorité ne priment pas sur ceux de la majorité. « Même lorsqu’il est vaincu, le peuple influe toujours sur le cours de l’histoire parce qu’il n’est jamais possible d’effacer complètement la trace de ses combats » : l’ouvrage de Gérard Noiriel l’illustre parfaitement.
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Le venin dans la plume

Historien spécialiste (entre autre) de l’histoire de l’immigration et de la classe ouvrière en France, Gérard Noiriel est l’auteur de nombreux ouvrages dont les plus récents s’inscrivent pleinement dans l’actualité (« Les gilets jaunes à la lumière de l’histoire » – L’Aube – 2019). Après son imposant et passionnant « Une histoire populaire de la France », qui s’intéressait aux rapports de domination au sein de la population française du XVe siècle à nos jours, l’universitaire propose ici le portrait croisé de deux polémistes : Édouard Drumont, auteur de « La France juive » paru en 1886, et Eric Zemmour, auteur de nombreux essais (« Destin français » paru en 2018) et star des plateaux télé depuis une dizaine d’années. Quel est l’objectif de Noiriel ? Démontrer que Drumont et Zemmour sont identiques et que l’histoire est amenée à se répéter ? Absolument pas. Ce que l’historien cherche à comprendre, c’est comment ces deux hommes ont pu acquérir une telle place dans l’espace public, et ce alors qu’ils véhiculent des discours de haine et multiplient les insultes à l’encontre des juifs et des musulmans, mais aussi des femmes et des homosexuels. Pour ce faire, l’auteur s’est dans un premier temps penché sur la combinaisons de facteurs qui ont permis l’ascension médiatique de personnalités aussi controversées. Premier constat : dans les deux cas, leur arrivée sur le devant de la scène correspond à une période de massification de l’offre de presse, et donc à une mise en concurrence exacerbée des chaînes / journaux entre eux. Dans ce contexte, et pour acquérir plus de visibilité, certains décident de miser sur le scandale, la provocation. Le créneau parfait pour les thèses défendues par des personnages comme Drumont et Zemmour qui estiment que les juifs pour le premier, les musulmans pour le second, sont des nuisances pour la France. D’abord marginalisées, les théories développées par Drumont et Zemour vont connaître un succès grandissant grâce à des soutiens importants au sein même des élites intellectuelles et médiatiques (Noiriel rappelle par exemple que Drumont bénéficiait du « patronage » d’Alphonse Daudet…). C’est grâce à ces soutiens, et aux campagnes de légitimation lancées par la presse, certaines maisons d’édition et chaînes de télévision (critiques élogieuses, remises de prix, biographie complaisante du polémiste…) que l’un et l’autre parviennent à acquérir une telle aura.



Une fois le contexte médiatique étudié et le diagnostic réalisé par les deux polémistes établis (« la France va mal : c’est la faute des juifs / des musulmans »), Gérard Noiriel entreprend d’étudier les mécanismes mis en œuvre par Drumont et Zemmour pour instaurer ce que l’auteur appelle une « grammaire identitaire ». Parmi les nombreuses « astuces » utilisées pour tenter de valider leur discours antisémite ou islamophobe, la plus abondamment utilisée par l’un comme par l’autre consiste à avoir recours à la rhétorique de l’inversion : ceux qu’on pensait dominants sont en fait dominés, et inversement. Drumont comme Zemmour mobilisent également massivement les préjugés du sens commun, c’est-à-dire ce qui, selon eux, semble évident pour tout le monde. Le premier utilise la stigmatisation des signes raciaux (il décrit précisément le profil physique type « du juif ») quand le second utilise la stigmatisation des signes religieux (le voile utilisé comme repoussoir). Les deux polémistes n’hésitent également pas à se présenter en victimes et à user de populisme, c’est à dire à en appeler au peuple alors même qu’ils font eux-mêmes partis de la classe dominante (au sens vrai du mot, donc, le terme de « populisme » ayant été complètement dévoyé depuis son arrivée dans le champ médiatique qui l’utilise désormais à tout va pour désigner indistinctement tous les adversaires du pouvoir). Noiriel rappelle également que Drumont comme Zemmour se plaisent à provoquer et que ce sont ces accrochages avec leurs détracteurs qui les rendent aussi sulfureux aux yeux d’une partie du public. Que cela prenne la forme de duels comme au XIXe ou de joutes verbales sur les plateaux télé comme aujourd’hui, le résultat est le même : si on ne parle pas de l’auteur et de son livre, on parle au moins de la polémique qu’il a fait naître, et donc, implicitement, du discours qu’il véhicule.



Noiriel accorde également beaucoup d’importance à la place de l’histoire dans les discours des deux polémistes. L’auteur a en effet été particulièrement agacé par une intervention récente d’Eric Zemmour qui critiquait les universitaires « officiels » qu’il accuse d’occulter une partie de l’histoire de France et d’être aux ordres du pouvoir. Les deux polémistes, eux, optent pour une histoire identitaire de la France, et ce en usant des mêmes ficelles dont la principale consiste à mettre en lumière le clivage fondamental qui existerait entre « eux » et « nous ». « Une rhétorique nationaliste accaparée dès la fin du XIXe par la droite et l’extrême-droite pour combattre la rhétorique socialiste, fondée sur l’opposition entre « nous » (les ouvriers, les pauvres) et « eux » (les patrons, les riches) », explique l’auteur. Drumont comme Zemmour remplacent donc le critère de classe au profit d’un critère de race. Au delà de l’analyse des « études historiques » proposées par les deux hommes, Noiriel entreprend aussi de défendre l’honneur de sa profession et d’expliquer en quoi consiste le véritable travail d’un historien. « On a d’un côté des chercheurs qui tentent de produire des connaissances sur le passé, de l’autre une histoire identitaire faite par des journalistes qui se comportent comme des procureurs ». Car si Drumont et Zemmour parlent d’histoire, c’est pour tenter de démontrer que leur ennemi a toujours été un ennemi mortel pour la France. Il est d’ailleurs amusant de constater que, alors même qu’ils affirment l’un et l’autre se faire les porte-parole des classes populaires, tous deux ont paradoxalement une vision extrêmement réductrice et réactionnaire de l’histoire puisque, outre le fait que leur analyse prône un retour au passé (le fameux « c’était mieux avant ! »), celle-ci ne prend, de plus, absolument pas compte des classes populaires et se focalisent exclusivement sur les « grands » (un travers qu’ils ne sont toutefois pas les seuls à avoir).



Gérard Noiriel propose avec « Le venin dans la plume » une analyse détaillée des parcours et des écrits de deux polémistes qui, chacun à leur époque, sont parvenus à investir durablement le champ médiatique pour y diffuser leurs théories nauséabondes sur le prétendu problème posé par une partie de la population française (les juifs dans un cas, les musulmans dans le second). Difficile évidemment de ne pas éprouver l’envie de jeter le livre par la fenêtre à la lecture des extraits de ce qu’ont pu produire des hommes comme Drumont et Zemmour tant leurs propos sont violents, heureusement l’analyse de Gérard Noiriel permet au lecteur de prendre du recul et d’analyser plus en finesse les mécanismes et la « grammaire » utilisés par l’un et l’autre pour exposer leurs théories et permettre leur diffusion. Un ouvrage instructif et très bien documenté, comme tous les ouvrages de vulgarisation proposés par l’auteur.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Le massacre des Italiens : Aigues-Mortes, 1..

Le plus sanglant « pogrom » de l’histoire française contemporaine s’est déroulé le 17 août 1893 à Aigues-Mortes. Ce jour-là, des émeutes entre ouvriers ont provoqué la mort de huit d’entre eux et plus de cinquante blessés, tous italiens, massacrés par des français. Gérard Noiriel resitue cet évènement, qui a placé la France au ban des nations et a risqué de l’entraîner dans une guerre avec l’Italie, dans le contexte des mutations politiques et économiques de la fin du XIXe siècle. Il explique comment les discours officiels sur la fierté d’être français ont conduit les laissés-pour-compte de la République à s’acharner contre des étrangers et comment le patronat, les journalistes, les militaires, les juges et les politiciens ont acquitté les assassins et échappé à leurs responsabilités.

(...)

Remarquable travail qui ne se contente pas de restituer l'événement mais de déployer les multiples couches interprétatives et de démêler l’enchevêtrement des causalités à travers les différents discours officiels et médiatiques.



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Une histoire populaire de la France : De la..

Parcourir l’histoire du XIIIème siècle jusqu’à aujourd’hui sans attribuer la marche de l’histoire aux Grands Hommes mais seulement en portant le projecteur sur les classes populaires, était un pari très Risqué.

Et c’est une réussite totale.

Je me suis donc retrouvé à parcourir ces 7 siècles d’histoire de la France, a travers les petites gens, les gens de peu, les « rien ». On en ressort, grandis, fortifié, plus intelligent, plus ouvert et plus noble.

Nous ne venons pas de nulle part et nos vies ont du sens. Nos relations se sont enrichies de milles détails, de milles faon de vivre et il existe un lien ténu entre le croquant du 18ème siècle et les ouvriers promouvant le théâtre de Jean Villars.

A la lecture de cette belle somme on comprend les gilets jaunes et les peurs, les frayeurs de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie. On peut également à travers cette lecture entrevoir des possibilités de rédemption, qui ne viendra d’aucun Grand Homme mais de nous, humains (femmes et hommes) vivant en notre temps et léguant un horizon à ceux qui viennent après nous.

Lecture INDISPENSABLE !



(Sur mon site des citations en plus et mes croquis note de lecture)
Lien : https://tsuvadra.blog/2019/0..
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A quoi sert

L’historien Gérard Noiriel revient sur l’origine de la logique identitaire au XIXe siècle, et explique comment elle n’a cessé, depuis, d’alimenter les discours nationalistes, jusqu’à ceux du candidat Sarkozy en 2007.

(...)

Avec cette contribution à l’histoire de la question nationale, Gérard Noiriel fournit des clés de compréhension d’une instrumentalisation loin d’être nouvelle, constant artifice pour éluder la lutte des classes.



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Le venin dans la plume

Replaçant le cas Zemmour dans une perspective historique, notamment dans une certaine continuité du parcours d’Édouard Drumont, Gérard Noiriel analyse la « matrice du discours réactionnaire » développée par ces polémistes, leur rhétorique, leur réception, et proposent des pistes pour combattre efficacement cette démagogie populiste.

(...)

Excellente analyse et très utile antidote pour combattre le venin des discours réactionnaires.



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Population, immigration et identité nationale..

Quoique la mise en perspective des mouvements migratoires depuis le XIXème siècle soit parfaitement rendue, cet ouvrage est à thèse, ce qui en accroît l'intérêt. Gérard Noiriel affiche clairement sa volonté de lutter contre les amalgames entre les mots, facilitant les manipulations médiatiques. Il fut d'ailleurs l'un des historiens démissionnaires lors de la création en 2007 du ministère de l'immigration et de l'identité nationale par Nicolas Sarkozy, et est resté Président du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire.

L’immigration en France a été l’un de ses programmes de recherche favori. Face à la montée du nationalisme en France, il s’emploie à donner des clés pour requestionner dans une perspective historique les notions de nation, d’immigrant, et d’intégration. S’opposant à une vision holistique de la constitution de la nation française, il insiste sur le rôle qu’ont joué les différentes vagues, spécifiques, d’immigration dans l’identité de la France.

Dans Population, immigration et identité nationale en France XIXe-XXe siècle, paru en 1993, Gérard Noiriel repositionne les notions, et les mots même de peuple et de nation, dans leurs variations depuis le XVIIème siècle, remettant en cause les conceptualisations d’historiens plus anciens, en les ouvrant sur une perspective plu internationale et sociologique. Puis il analyse les apports de l’immigration dans la population française et les modalités d’assimilation mises en œuvre dans ce pays, avant d’en relativiser les spécificités, dans un contexte européen et un monde ouvert autant que confronté à des phénomènes migratoires massifs.

Avec clarté, cet ouvrage donne à la fois quantité de données historiques, et aide à porter un regard critique sur les discours de replis identitaires contemporains. Nés de la peur de nantis face à l’ « invasion » des plus pauvres, leur évocation du terroir et des racines ancestrales ne résiste pas au regard critique historique, qui montre la diversité d’origine des français, aussi bien quand ils sont issus d’un solde migratoire plus ou moins ancien, que remontant à un paysan picard ou ouvrier savoyard, qui n’avait pas conscience du concept même de Nation, jusqu’à très récemment.

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Chocolat : Les images du film

Une des grandes vertus du cinéma dit "populaire" est certainement de réussir à faire connaitre au plus grand nombre la vie de personnages au destin exceptionnel mais hélas qui ne sont pas restés dans la postérité.



Prenez notamment le film "Chocolat "sorti il y a maintenant un mois au cinéma et que j’ai enfin eu la chance de voir pendant les récentes vacances de Février : le film de Rochdy Zem est en effet un beau spectacle populaire qui rend en même temps un bien bel hommage à un artiste oublié qui a pourtant révolutionné l’art du cirque , une véritable célébrité au tournant du XXe siècle que même les célèbres frères Lumière incarnés dans le film par les Frères Poladyles ( une des belles idées du film), ont filmé.



Ce Rafael Padilla- on n’est pas certains que ce soit d'ailleurs son vrai patronyme, il est bien plus connu sous celui le Clown Chocolat- est avec son comparse Georges Foottit les inventeurs de la comédie clownesque associant l’Auguste et le clown blanc. Précurseurs en la matière, leur duo conquit le public parisien.



Le destin de ce Chocolat ne pouvait qu’être mis en avant par le cinéma : placé au départ dans une situation très défavorable, celle d'un esclave noir brutalement déraciné dans le monde blanc, Chocolat ne devra son émancipation et sa conquête de liberté en utilisant le seul moyen qu’il avait à sa disposition , celui de faire rire les blancs .

Et comme je le disais dans l'article, afin de prolonger le plaisir du film, est paru un bel album, Chocolat les images du film dans lequel on voit 70 clichés tirés du film et dans lequel Les acteurs Omar Sys et James Thierrée, et le réalisateur Roschdy Zem racontent l’aventure du film, complétés par des images d'archives, des interviews des acteurs, ainsi que des reproductions de dessins de Toulouse-Lautrec et des documents d’époque, présentés par l’historien Gérard Noiriel, à l’origine du livre qui a inspiré le film.



Bref, un complément idéal au film de Roschdy Zem!


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une histoire populaire de la France : De la..

40 ans de travaux de recherche historique, une écriture très fluide et imagée = chef d'œuvre !

Facile à lire sur un sujet extrêmement bien documenté, on se sent intelligent à la fin de ce livre. Chaque chapitre pour chaque époque, est un petit livre en soi. Et on peut lire les 750 pages en plusieurs fois !

L'histoire retient essentiellement les faits et gestes de l'élite au pouvoir et les livres qui parlent du versant populaire, comme celui là, sont très rares.



On retient quelques messages fort en fil rouge de l'oeuvre globale :

Le peuple à toujours été écarté des décisions de gouvernance, sous divers prétextes (pas d'éducation, manque de leader...)

Les soulèvements qui ont abouti, même sur de très courtes durées, bénéficient de l'appui d'une élite intellectuelle, mais les divergences d'intérêt font généralement tourner court la tentative.

Ce sont les outils de communication (de l'imprimerie aux réseaux sociaux) qui permettent l'effet de masse.

La répression des Élites gouvernantes a toujours été violente, voire sanglante.

Aujourd'hui le peuple ne possède nulle part le pouvoir, et ce depuis très longtemps.

Enfin l'élite s'est toujours arrangée pour faire passer l'immigration comme normale quand elle en a besoin pour disposer d'une main d'oeuvre exploitable, et surfer sur la peur populaire de l'immigré en période de crise.
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Le venin dans la plume

Un homme qui se présenterait par le biais des élections au poste de pouvoir suprême mérite que l'on se penche sur ce qu'il est réellement et c'est justement le sujet traité ici par l'historien Gérard Noiriel .



Livre donc d'une utile actualité car si nous connaissons le son de cloche médiatique des différents temps d'antenne occupés par E Zemmour multipliés par une presse servile aux tirages qu'occasionnent les diverses provocations du raciste , sexiste et homophobe , plusieurs fois condamné par la justice , Eric Zemmour . Il est bien connu que la presse fait toujours ses choux gras de ceux qui font le " buzz " puisque cela se vend bien . Mais une certaine presse rescapée du groupe Hersant dont le boss Robert Hersant fut en son temps condamné pour collaboration avec les nazis et dirigea entre autres titres " Le Figaro " bien connu pour son positionnement à droite de la droite , encense régulièrement son poulain E Zemmour .



Gérard Noirel nous offre donc dans ce livre un autre son de cloche à comparer à celui de monsieur Zemmour et de tous ses laudateurs médiatiques .



Notons qu'un autre triste individu du nom de TRUMP est parvenu à la présidence des États-Unis avec les mêmes procédés que ceux utilisés par E Zemmour et avec peu ou prou les mêmes crédos : racisme , sexisme , homophobie , haine de l'étranger et flirt avec l'extrême droite .



Ces arabes stigmatisés tout autant par la droite française que par l'extrême droite ne seraient pratiquement que des terroristes en puissance ... voilà un rapide raccourci qui permet de mettre sur le dos de l'étranger tout ce qui cloche chez nous en oubliant :

-- La délinquance en col blanc

-- La voyoucratie politique

-- L'incapacité du pouvoir à régler un quelconque problème

-- Les mensonges éhontés et promesses jamais tenues etc .....

Qui permettent tout autant d'oublier:

-- Ces citoyens ( tirailleurs sénégalais , harkis ) qui parfois sont morts pour la France

-- Ces travailleurs que le capitalisme français a massivement embauchés pour faire tourner l'industrie et l'agriculture française

-- Que nous utilisons tous les jours sans y penser des chiffres arabes

-- Que beaucoup d'entre nous affectionnent les vacances au Maroc , y achetant même , parfois des résidences tant la vie y est peu onéreuse .

-- Que bien des membres de " nos élites " ont de luxueuses propriétés en Afrique du nord ( BHL , Pierre Bergé ou Liliane Bettencourt par exemple ) et que beaucoup d'entre eux y réveillonnent volontiers ( Chirac , Sarkozy , H Védrine etc .... ) mais militent pour l'expulsion des étrangers venus chez nous .



L'historien Gérard Noirel nous fait part de troublantes similitudes entre les méthodes utilisées par Edouard Drumont ( 1844-1917 ) , le célèbre antisémite d'antan et E Zemmour pour gagner de l'audience médiatique à coup d'habiles provocations et en faisant peur au citoyen lambda sur ces étrangers ( juifs ou arabes ) qui seraient responsables de nos soucis présents ou à venir .



E Zemmour issu d'une famille française juive d'Algérie ( dixit Wikipédia ) qui lui-même se définit comme un français d'origine berbère n'épouse pas le créneau antisémite de Drumont mais celui de l'épouvantail islamiste qui brosse bien le poil de tous les racistes en puissance et de tous les naïfs qui oublient que de tout temps le pouvoir a trouvé des boucs émissaires sur qui porter la responsabilité de ce qui fonctionne mal . Ce fut le cas des ritals et polaks venus piquer le pain des français , des juifs pillant toutes nos richesses et maintenant des arabes sauf Kadafi reçu en grandes pompes chez nous et autres richissimes dynasties arabes qui ont ces dernières années fortement investi dans notre industrie .



Ce livre devrait pouvoir faire réfléchir tous les partisans ou sympathisants des thèses de l'extrême droite qui ont oublié ce qu'a couté aux allemands le nazisme , ce que coute au peuple turc la politique d'Erdogan , ce que coute aux américains la succession de leurs présidents fanatiques du capitalisme sans conscience etc .... Ceux qui ne veulent pas tirer les leçons de l'histoire se condamnent à en revivre les plus mauvais cotés .
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Une histoire populaire de la France : De la..

Lecture effectuée pendant les semaines mouvementées de la révolte sociale des "gilets jaunes". La collision de cette lecture avec ce moment d'actualité est très instructif et vient apporter un éclairage très frappant sur l'évolution des révoltes sociales en France qui au travers des siècles ont systématiquement les mêmes fondements, le poids des taxes et le creusement des inégalités visibles accompagnés du mépris de classe. Ce qui est encore plus frappant c'est que l'actualité de cette fin d'année 2018 vient malheureusement confirmer ce que Gérard Noirel dit en tout début de son essai : "ne pas comprendre le passé c'est le reproduire sans cesse..."

C'est justement le propos de cet histoire populaire de France. Comprendre les inter-relations entre les dominants et les dominés au travers de l'histoire de France. Gérard Noirel montre avec beaucoup de talent comment il s'agit bien d'inter-relations, les évènements externes (climatiques, géopolitiques, ..) impactant sur les décisions des pouvoirs cherchant toujours à préserver leurs privilèges, ces décisions venant à impacter et nourrirent les révoltes sociales qui obligent le pouvoir à négocier, s'adapter, ou à disparaître pour laisser place à un nouveau pouvoir avec au fil des années cette tendance inéluctable que ces nouveaux pouvoirs à nouveau chercheront à préserver leurs statuts et leurs avantages. En oubliant encore et encore de comprendre le passé, comprendre ce qui les a amener en position de pouvoir et ainsi ne faire que recommencer fondamentalement les mêmes erreurs politiques.

Au travers de cet histoire populaire, Gérard Noirel aborde bien évidemment la question de l'identité et de la nationalité qui sera le fil conducteur et le balancier tout au long des siècles pour attribuer des avantages, protéger les plus faibles, rejeter les autres. A la lumière des tendances nationalistes et protectionnistes en ce début de XXI° siècle, l'histoire nous démontre que malheureusement l'homme a besoin pour supporter sa condition de rejeter l'autre :

"Une constante de l'histoire, que nous retrouverons hélas bien souvent dans ce livre, veut que, lorsqu'ils sont frappés par le malheur, les hommes aient besoin de trouver des boucs émissaires. Ils s'en prennent alors à des gens qui sont encore plus faibles qu'eux sans atteindre les vrais responsable." (p90)

"Quand le social et la national sont en concurrence et que les circonstances imposent de choisir, c'est toujours le national qui l'emporte" (p545)



Un grand thème également qui traverse ce livre concerne la démocratie et les pouvoirs. L'histoire nous montre au travers des révoltes et révolutions que le débat se situe toujours entre la démocratie représentative et la démocratie directe. Le mouvement des gilets jaunes d'aujourd'hui et l'une de leur revendication pour le référendum d'initiative citoyenne vient justement illustrer ce conflit permanent pour une démocratie.

"La démocratie était un régime potentiellement installe parce qu'elle repose sur deux conceptions contradictoires de la citoyenneté : la délégation de pouvoir et l'action directe" (p448)

" La contradiction majeure du système démocratique entre l'égalité juridique des citoyens et leur inégalité sociale" (p449)



Gérard Noirel aborde de nombreux sujets moins souvent traiter dans ce type d'ouvrage généraliste. Il montre très bien notamment comment naissent les thèmes de l'immigration, des étrangers, de l'assimilation, depuis les premières colonies et l''esclavage puis les politiques régulières de recherche de main d'oeuvre auprès des territoires et départements d'outremer ainsi que les pays d'Europe du sud ou de l'est puis des colonies françaises en Afrique. Il aborde également le poids de la communication dans les relations dominant- dominés avec des pages très intéressantes sur l'évolution de la presse écrite au milieu du XIX° siècle et l'apparition des premiers "story-telling" et la montée du faits divers qui deviendra le "fait-diversion".

J'ai regretté néanmoins le traitement très déséquilibré des différentes périodes de l'histoire de France. Plus de la moitié du livre est consacré au XIX° et XX° siècle et l'après seconde guerre mondiale est très détaillé dans l'analyse des mouvements sociaux et politiques. C'est un défaut assez récurent à beaucoup de livre d'histoire ou les auteurs semblent manquer de recul ou de synthèse sur les périodes les plus proches.



Gerard Noirel ne cache pas ses engagements politiques, son texte donne néanmoins le sentiment qu'il reste le plus objectif possible en évitant d'analyser le passé à la lumière de ses convictions.

C'est un livre très intéressant, pédagogique et ce qui est à souligner extrêmement bien écrit.
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Une histoire populaire de la France : De la..

De Jeanne D’Arc au début du premier mandat d’Emmanuel Macron, il y a pas de loin de sept siècles qui se sont écoulés. (Le temps de passer d’une quasi absence de témoignages directs de ceux en bas de la pyramide féodale, à une profusion de témoignages de n’importe qui sur n’importe quoi via les réseaux sociaux.)

C’est sur ce temps long que Gérard Noiriel retrace en détails pour nous l’histoire populaire de la France afin de bien constater qu'aucune révolte n'arrive de nulle part.



Ce livre est le résultat d’un très long travail dont on lui sait gré, et si ça ne peut être passionnant pour tout le monde, c’est au minimum utilement instructif.

Parce que ce livre se termine juste avant le mouvement des gilets jaunes, je voulais ajouter pour ceux que ça intéresse que M. Noiriel a écrit un article à ce sujet (entre autres) :



https://noiriel.wordpress.com/2018/11/21/les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-lhistoire/

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Une histoire populaire de la France : De la..

De la Guerre de cent ans à Macron, voilà un ouvrage de synthèse s'attachant à éclairer le lecteur sur l'action et le rôle du peuple dans les événements qui ont fait l'histoire de France, siècle après siècle. Peu de rois, peu de ministres, peu de chefs de guerre ici, mais un peuple qui subit, agit et se révolte. La fracture de la Révolution française de 1789 dont sont sortis la société et les conflits modernes est bien mise en évidence.

L'auteur insiste avec raison sur l'immigration qui a contribué à construire la France y compris à travers bien des difficultés, et sur son corollaire, les crispations identitaires.

Cet ouvrage de 800 pages notes comprises et une véritable somme indispensable à celui qui veut prendre du recul sur notre société contemporaine.
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Chocolat : La véritable histoire d'un homme s..

Quel livre et quelle histoire extraordinaire !

Que de chemin a fait Raphael pour passer de l'esclave cubain au clown parisien le plus populaire de son époque. Mais ce fut loin d'être simple. Les difficultés et les luttes furent nombreuses afin que Raphael se fasse reconnaitre pour son travail de clown mais aussi comme citoyen, malgré sa couleur de peau.

C'est fou qu'un tel personnage ait pu disparaitre de la mémoire collective aussi rapidement et aussi longtemps alors que son rôle fut crucial dans l'évolution du monde circassien.

Le travail historique de l'auteur est énorme. Tous les sujets sont fouillés, en dépit des informations parfois fragmentaires voir inexistantes.

Merci à Gérard Noiriel de rétablir ce magnifique personnage dans nos mémoires et de lui rendre la place qui est la sienne.
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Une histoire populaire de la France : De la..

Dans un contexte de conflit social aigu, la lecture de ce travail trouve un écho assez particulier.

Des différentes luttes des classes populaires, soutenues parfois par les bourgeoisies avant d'être à chaque fois lâchées par celles-ci, du combat contre la fiscalité, pour le droit de vote puis celui de ne pas voter seulement mais aussi de participer activement à la vie politique et sociale par le biais d'un référendum d'initiative populaire, de la volonté des nantis de faire systématiquement des classes laborieuses des classes dangereuses dès lors qu'elles refusent d'être une variable d'ajustement, de les culpabiliser pour faire accepter à l'opinion publique le sort qui est le leur, le dénigrement des activités manuelles, la volonté de contrôler les élus, de leur retirer la confiance et donc leurs fonctions s'ils ne respectent pas leurs engagements, la brutalité systématique en cas de révolte avec l'argument de la violence "légitime" exercée par la police ou l'armée... Je ne sais pas ce que vous pensez ce cette énumération non exhaustive mais je me suis dis tout au long de la lecture qui est simple, (je n'ai pas dit simpliste) que c'était exactement les problématiques qui ont surgi cet automne en France. Etonnant.

Je pourrais ajouter la belle réflexion sur la naissance du racisme, construite de toute pièce pour que les classes laborieuses noires et blanches ne fassent surtout pas front commun... le féminisme...

En fait, c'est une très bonne synthèse qui pourrait être résumé par la formule "Diviser pour régner" : riches/pauvres, hommes/femmes, noirs/blancs, manuels/intellectuels...
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Une histoire populaire de la France : De la..

Un livre à mettre entre toutes les mains, et notamment celles des plus jeunes (enfin… pas trop jeune quand même).



Dans la lignée des excellentes histoires populaires qui voient le jour depuis quelques années (H. Zinn sur l’Amérique, C Conner sur la science, C Harmann sur l’humanité), Noiriel livre une relecture du roman national qui, pour poursuivre avec cette idée de roman, nous fait passer de La princesse de Clèves à Germinal.

Non pas pour nous faire mieux pleurer, mais parce que l’histoire des France n’a de sens que si elle parle de l’histoire des Français (de mêmes que le siècle de Louis XIV s’éclairait « soudain » d’un nouveau jour sous l’excellente plume de Pierre Goubert dans Louis XIV et vingt millions de Français).

Et, comme chaque fois que l’histoire analyse des faits historiques significatifs et leurs ressorts, elle est aussi une brillante sociologie autant que science du politique (au sens de l’étude des mécanismes du vivre en communauté/société, et non du seul pouvoir institutionnel) et, encore, géographie humaine.

Elle est même, dans le cas de la France, pays impérialiste s’il en est, histoire du monde.

Résumer cette somme n’aurait aucun sens (outre que je ne vois aucun intérêt aux résumés de livre sur Babelio). En revanche, je crois fermement que le bouquin de Noiriel est sans doute l’un des meilleurs actuellement disponibles pour comprendre l’état actuel de notre pays et nombre des sujets qui le traversent et le déchirent.



Le comprendre, non seulement : s’en faire une idée juste aussi ! Car Noiriel est engagé, il a raison de l’être. Que nous raconte l’histoire de notre pays, pour qui veut bien la lire comme il faut ? Oui : si chacun pense savoir comment il la faut lire, toutes les lectures, et donc tous les récits dont elles accouchent, ne se valent pas ! Car l’enjeu est celui du vivre ensemble, question elle-même intimement liée à la justice sociale.

Aussi faut-il comprendre comment l’État a réussi à imposer sa marque au peuple et comment, dans ce cadre, les luttes entre les catégories sociales (et à l’intérieur de celles-ci) se sont développées ; en métropole, dans les colonies, dans les ateliers de la proto-industrialisation, dans les tranchées de la Grande Guerre ou les usines des années 1930…

Il s’agit de comprendre comment les dominants ont su dominer, de mettre à jour les processus de ce rapport social, ses vecteurs (crises économiques, pression fiscales ou démographiques), et ses moments de tension. Et de saluer, aussi, les tentatives de renversement des pouvoirs ou groupes de domination dont ces siècles sont la scène : paysans écrasés par la pression fiscale sous l’ancien régime puis ouvriers broyés dans les grandes industrie ; sans culotte de l’ère révolutionnaire ; femmes de tous âges luttant pour leur émancipation politique, colonisés puis immigrés…



Mettre en lumière les jeux de rapport de pouvoir dans l’histoire longue des luttes (le temps long des mouvements populaires, des révoltes, des émotions), éclaire le passé et le présent. Noiriel est aussi un instructeur d’éducation civique. Il nous donne les armes de la formation d’un esprit critique qui devrait être la base de la formation citoyenne ; à cet égard son travail sur les mots et leur emploi, sur les faux semblants, les manipulations sémantiques est tout aussi profitable que nombre d’histoires vécues qu’il rapporte qui viennent donner sens à l’Histoire.

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