Citations de Gilbert Cesbron (715)
... un grand dessin secret écarte tout obstacle.
- D'ailleurs, dit Jean-Jacques, le colonel ne pleurait même pas ce matin à l'église [lors de l'enterrement de son fils].
- Est-ce que ça pleure, un colonel ? hasarda François.
- Même mon père pleurerait si on m'enterrait ! Enfin... je le crois", ajouta Alain en faisant tourner son couteau plus vite.
"Voilà, comprit soudain François : on cesse d'être un enfant le jour où vos parents ne comptent plus pour vous..."
François alla droit à la chambre, droit à la cheminée, se planta devant le coin de marbre sur lequel Pascal s'était fracassé la tête...
"Non !"
Il posa, il osa poser sa main sur le marbre.
"Non ! répéta-t-il à voix haute. Non, ce n'est pas vrai."
Il sortit dans émotion de cette pièce où tout mentait. L'ordre de Pascal n'y régnait plus ; les objets étaient à leur place, la table nue, l'armoire fermée : les Grandes Personnes avaient installé là leur musée, comme partout où elles passent.
L'homme avait deux poils gris de plus dans ses moustaches : août et septembre, sans doute.
Ce qui rend ce temps si pénible, c’est que les gens qui n’ont souffert en rien s’arrogent le droit de s’aligner (en hargne, en incommodité, en exigence) sur ceux qui ont le plus souffert.
Avant de mourir, on devient son propre cercueil. L'esprit est toujours enterré vivant.
Le chant des oiseaux m’en prouve davantage sur l’existence de Dieu que tous vos sermons.
Les « explications » épaississent souvent les mystères : elles ne sont pas de la même espèce.
Comme il y a des tableaux trompe-l’œil, il y a des livres trompe-l’esprit.
Moi, si je marchais au côté d’un homme, ce serait du même pas.
On réclame "l'amour libre", mais il l'a toujours été: ce sont ses conséquences qui ne le sont jamais.
Nous vivons à une époque où, pour avoir du poids, il faut faire du volume.
Il est des instants où l'on reprend souffle, des lieux où l'on croit sentir sur son front le vent de la page qui se tourne. On en repartira tout autre, ayant laissé là, comme certaines bêtes, une peau invisible.
Pauvre Bernard, s'il suffisait d'un train pour fuir... Et il n'ose pas lui avouer que ce qu'il aime dans les gares, c'est au contraire le visage des voyageurs qui reviennent, et celui de qui les attend, et l'instant où ils s'aperçoivent. Une seule étincelle d'amour - mais quelle chaleur !
Il se retourne, cependant, commandé par l'instinct tragique qui nous oblige à regarder encore une fois ce qui nous blesse à mort.
À la torpeur torride avait succédé une fraîcheur tellement inespérée qu’elle donnait l’impression d’une présence vivante. Elle prenait possession de ce continent endormi et lui rendait la vie comme on ranime à son insu un malade dans le coma. Elle réveillait les sources secrètes, désaltérait les forêts dans leur ténébreuse profondeur : elle était la grâce. (page 48)
- Mais le vrai progrès, c’est de savoir apprivoiser la vie et la mort, et ce ne sont pas les Européens qui nous l’apprendront. Tu les as vus ? Ils confondent vivre et gagner sa vie. (page 45)
L’élite… Sans doute la constituaient-ils, faute de concurrents : c’était un privilège, nullement un mérite. (page 25)
Le Chef, dans un cri.
Non ! (Un temps) L'avenir appartient à ceux qui ne croient plus en lui...
La Reine-Mère, avec autorité.
Laissez donc le cynisme aux impuissants !...
Les villes sentent mauvais de la bouche, des caves profondes de Paris s'exhalait une odeur immonde qui réjouissait les enfants.