Citations de Gilbert Sinoué (943)
Le dégoût d’être touché me révoltait plus que l’idée de la mort, de la défaite ; peut-être parce qu’un horrible pugilat, dans ma jeunesse, m’avait laissé une aversion durable pour le contact ; ou peut-être parce que je respectais la maîtrise de mon esprit et que je méprisais tellement mon corps que je n’aurais pas préservé celui-ci pour tenir l’esprit en vie. Les sept piliers de la Sagesse
Je trouve assez chagrin qu'une femme sacrifie son destin pour des babioles qui scintillent, quatre murs ou quelques marmots, si adorables fussent-ils, mais qu'elle seule aura portés, enfantés, élevés sous l'oeil condescendant d'un mari.
" … Sache que lorsque les dieux ont créé l’humanité, ils ont créé aussi la mort.
L’éternité, ils l’ont réservée pour eux. C’est ainsi.
La mort est attachée à la vie. La mort et la vie ne font qu’un.
Alors, si j’ai un conseil à te donner, fais tienne cette fatalité et jouis de l’instant. De chaque instant.
Que ton ventre soit toujours repu, jour et nuit, fais la fête, danse, joue de la musique, aime.
Et surtout veille sur l’enfant qui te prendra la main et réjouis l’épouse que tu étreins …."
On ne conquiert jamais personne, l'on n'enfonce aucune porte ; ce sont les autres qui, bienveillants, les entrouvrent parfois pour vous.
- Mon fils, écoute bien ce conseil : lorsque tu as le choix entre la réalité et la légende, choisis de croire en la légende. Tu seras plus heureux.
Qu'est-ce qu'un archétype ? Pour faire simple, il s'agit d'un trésor d'images originelles incrusté au tréfonds de notre inconscient et qui n'est pas issu de notre expérience personnelle. On ne peut pas l'acquérir. Ces potentialités sont innées, quoique les images varient en fonction des différentes cultures et des époques. Chacun de nous vient au monde avec une part de ce "dépot" originel qui s'adresse à nous à travers la forme de langage la plus archaïque et la plus naïve: le rêve. L'archétype serait en quelque sorte l'expression d'informations préexistantes venues des premiers temps de l'humanité.
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Toute l'affaire avait duré moins de vingt minutes. Des sept cent cavaliers qui avaient participé à l'assaut, cent quatre-vingt-quinze seulement rejoignirent nos lignes, présentant pour nombre d'entre eux d'horribles blessures. Je faisais partie de ces rescapés. Le capitaine Nolan avait lui aussi trouvé la mort.
— Quelle fut la réaction de Lord Cardigan devant un tel massacre ?
— Aucune. Il est rentré sur son yacht, s'est fait couler un bain. Et, après avoir dîné copieusement et vidé une bouteille de champagne, il s'est couché et a – paraît-il – dormi comme un nouveau-né.
Notre pays est surnommé la terre de l’immortalité.
La mer du dessus et la mer du dessous ne se rencontrent nulle part ailleurs que chez nous.
Et pourtant, les gens y meurent comme dans tous les pays du monde connu.
Pour un être que je sauve, il y en a dix qui meurent. Sur un enfant que je guéris, dix décèdent.
Pourquoi doit-on mourir ? Pourquoi ne vivons-nous pas éternellement ? Quelle est cette mystérieuse fatalité qui frappent les humains, pauvres ou riches, princes ou gens du peuple ?
Il y a tant de choses à accomplir, tant à apprendre alors que nous sommes sur terre le temps d’un battement de paupières…
Seule la montagne, impassible comme le temps, sait la vérité. Elle a connu les vainqueurs et les vaincus ; les sultans et les miséreux ; les palais et les masures ; le couchant des Almoravides et le triomphe des Almohades. Deux dynasties, deux aigles qui, tour à tour, se sont disputé le droit de creuser les reins de la terre pour y déverser leur semence.
Tant de sang. Tant de morts. Tant de ruines, mais aussi tant de grandeur.
-Le malheur a mis entre mes bras une épouse jamais assouvie. Une louve au désir toujours renouvelé. La première étreinte n'est qu'un prélude à ses yeux. Tandis que moi je suis repu. Mon membre s'éteint comme une flamme à la première saute de vent (...)
- Lorsque le roseau penche, il faut le redresser. Lorsque la tige défaille, il lui faut un tuteur.
- Que suggères-tu ?
-Il existe une substance...Une substance poudreuse que l'on tire de l'écorce d'un arbre, et qui a la faculté de faire retrouver à celui qui l'absorbe la virilité de ses vingt ans. Deux heures avant de retrouver ta bien-aimée , il te suffira d'en boire une décoction pour connaître l'ardeur du lion.
- J'ai parfois le sentiment que l'existence n'est rien d'autre qu'un immense labyrinthe où nous ne serions que des images qui errent...
Les peuples ont les gouvernants qu'ils méritent.
Depuis quand une conférence organisée par les vainqueurs pour négocier avec les vaincus avait-elle quelque chance d'aboutir à des gestes magnanimes ?
Un battement de paupières que la durée de nos vies ; le temps de s'y accoutumer et déjà une main nous indique la sortie. Injuste ? Non. Il était sain sans doute de céder la place une fois la mission accomplie.
"sous le nom de "livre d'Histoire", nous enseignons à nos enfants le calendrier criminel du monde" Oscar Wilde.
Tête de chapitre.
Les hommes sont fous. Les hommes sont malades. À l'instant précis où ils quittent l'adolescence, la démence les gagne. Ils se mettent à gesticuler, à déplacer du vent, à courir derrière les nuages, espérant dans leur folie pouvoir les emprisonner.
Lorsque nous disons que nous aimons, qu’est-ce que cela veut dire ? Simplement que nous possédons. Puisque dès l’instant que nous perdons la personne aimée nous nous sentons perdus, vides de tout. En réalité, en disant que nous aimons, nous ne faisons que légaliser un sentiment de possession.
L’érudition d’un être se mesure parfois à l’ignorance des autres.
- N'oublie jamais qu'un livre est comme un être vivant. Il existe mille façons de le détruire.
Le sablier s'est dévidé lentement, et les grains du temps ont coulé dans la mémoire du passé.