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Critiques de Greg Rucka (342)
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Lazarus, tome 3 : Conclave

Dans ce troisième volume ,l’intrigue reprend avec la défection de Jonah Carlyle tombé entre les mains du clan rival Hock. Il va se trouver à son grand dam au centre d’un plan de Jakob Hock ,le boss pour anéantir ses adversaires. Le drame va se nouer lors d’une réunion des clans , « Le conclave », où vont se révéler alliances et stratégies. C’est aussi pour les Lazares de chacun des clans l'occasion de se fréquenter :bien que fidèles à leur famille par obligation , ils ont aussi des rapports amicaux entre eux (tous des monstres génétiques) .Les péripéties alternent scènes mondaines et affrontements violents (un très long et spectaculaire duel) et on acquiert une vision plus géopolitique du monde. Un bon album
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Lazarus, tome 2 : Ascension

Deuxième volume de la saga Lazarus. Après la présentation du monde dans le premier opus, celui-ci procède à un approfondissement : sur le sort des « Déchets » et le recrutement des serfs dans le fief des Carlyle à travers les tribulations de la famille Barret . On découvre aussi le passé de Forever ,la Lazare des Carlyle , son éducation et son conditionnement à travers une série de flash-back. On la voit aussi à l’œuvre dans son rôle de chef de la sécurité du clan mais la trahison de Jonah Carlyle est laissée en stand-by . Cet album est moins rythmé que le premier , plus classique aussi mais permet de mieux comprendre l’état du monde .
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Gotham Central, tome 1

Du Batman sans Batman, c'est souvent ce que l'on entend quand on parle de Gotham Central.

En effet, vu le nom, vous l'aurez compris, l'action se déroule dans la ville du chevalier noir. Mais ici, pas question de suivre les aventures de ce dernier, on se concentre sur le GCPD, la police de Gotham !



Et je dois dire que c'est intéressant. Si on est habitué à cette ville malfamée, c'est avant tout par le personnage de Batman qu'on l'a connait. Et nous la présenter sous un autre angle est un pari intéressant.

Nous allons donc suivre la vie d'un commissariat dans une ville étant connue comme une des pires villes où il est possible de vivre, une ville où le taux de criminalité explose les records.

Mais comment font les policiers dans une ville où les super vilains sont omniprésent ?

Certes, ils doivent gérer la population lambda avec les crimes et délits lambdas, mais doivent aussi composer avec le Joker, Freeze ou encore Double Face...

Et s'ils pourront bien entendu compter sur l'aide de Batman pour certains cas difficile, ce dernier ne sera pas toujours la et il faudra se débrouiller dans des situations parfois bien complexes.



Ed Brubaker et Greg Rucka, des noms bien connu du comics et du polar, nous livre ici un récit DC aux allures de récit indés. Accompagnés d'un Michael Lark en forme, malgré un début de série un peu timide, cela fonctionne très bien et le niveau monte progressivement.
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Ultimate Daredevil et Elektra

Confession: Je n'aime pas tellement Elektra. Celle de Frank Miller. Je trouve qu'elle n'est pas grand chose de plus qu'un archetype.



Je sais, honte à moi.



Mais ici, je l'adore!



L'histoire ici est un "rape and revenge" qui va un peu plus loin que des scènes de violence cathartique à la Tarantino. Le violeur est un fils de riche qui réussit à se sortir des conséquences grâce à l'influence de son père et à récidiver. Il va même jusqu'à poursuivre ses victimes pour diffamation.



C'est une "origin story" pour la relation Elektra et Daredevil. Ils sont encore étudiants ici. L'enjeu du comic est donc la question de savoir s'il faut faire confiance au droit (Daredevil), ou prendre l'affaire entre ses mains (Elektra).



C'est court, efficace et sans grandes maladresses. Étonnant pour un truc écrit par un homme de comic avant Me Too.



Les dialogues sont bien écrit et beaucoup de scènes sont drôles, tristes et touchantes.
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Lazarus, tome 1 : Pour la famille

Je n'ai pas trop aimé l'univers futuriste, le récit ainsi que le dessin très sombre. C'est tout cet ensemble qui peut faire qu'on aime ou pas une oeuvre.



Il faut dire que ce n'est guère crédible comme postulat de départ. Une famille riche règne sur un monde de pauvres et n'hésite pas à faire sa loi en se servant d'être doté de pouvoirs exceptionnels comme la régénération du corps. On découvre petit à petit ce qui fait tenir ce monde avec ses codes bien particuliers.



Je n'ai pas réussi véritablement à rentrer dans ce récit bien que le rythme soit présent. C'est très froid et parfois trop impersonnel. On suit une héroïne à laquelle il est difficile de s'attacher. Bref, cela ne prend pas. Par la suite, on devine que les rouages dépassent certaines frontières mais il est trop tard pour bien faire. Le manque d'empathie peut effectivement nuire à l'envie de continuer l'aventure.
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Gotham Central, tome 1

Gotham Central fait partie bien entendu de l'univers de Batman mais c'est une déclinaison un peu spéciale. On se concentre en effet sur une équipe de policiers chargés de faire le ménage dans cette ville qui ressemble étrangement à New-York.



Batman n'apparaît qu'en renfort pour les aider lorsqu'ils sont dans l'impasse la plus totale. Les rapports entre la chauve-souris et la police sont parfois ambigus. L'idée de laisser le super-héros de côté paraît louable.



Cette série semble être ancrée dans une réalité du banditisme que l'on connaît mieux. Pour autant, le déroulement des enquêtes paraît intéressant. Cependant, le dénouement est un peu brutal dans la plupart des cas. Je n'ai pas aimé non plus le dessin alors que le graphisme semble beaucoup plus travaillé sur d'autres séries dérivées de Batman. C'est un peu dommage car le scénario tient le haut du pavé avec plus ou moins d'efficacité selon les différents tomes.
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Wonder Woman Rebirth, tome 1

Je suis un grand fan de Wonder Woman. Je pense surtout à la série mythique des années 80 et au film cinématographique assez récent qui se concentre sur ce personnage féminin quand elle n'est pas dans l'alliance des super-héros au milieu de Batman et Superman.



Je n'avais jamais lu de comics sur elle auparavant. Je dois dire que j'ai plutôt bien accueilli celui-ci qui nous narre les débuts de ses aventures. On retrouve les éléments originels à savoir l'île paradisiaque caché au milieu du monde, son combat contre Hadès le dieu de la guerre ou encore son aventure amoureuse avec Steve Trevor.



Par contre, je découvre le personnage de Barbara Ann Minerva qui part à la recherche archéologique des Amazones à travers le monde. Le chapitre qui lui est consacré est très intéressant.



Au niveau du dessin, j'aime bien ces traits clairs et ces couleurs vives. Il y a une parfaite lisibilité du graphisme qui ne fait pas dans le flou.
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Black Magick, tome 1 : Réveil

Nous avons une inspectrice de police qui enquête sur des meurtres assez sordides. La particularité est qu’elle mène une double vie. En effet, c’est une jeune sorcière qui pratique la nuit tombée des rites étranges avec ses pairs dans les bois. Après tout, on a tous droit à une vie privée après le travail, alors pourquoi pas ?



Cependant, dans le cas qui nous occupe, elle semble être démasquée par un preneur d’otage qui va connaître une fin violente. C’est là que cela va se corser. Après tout, depuis Harry Potter, nous savons qu’il y a de gentils sorciers qui oeuvrent pour le bien de la planète. D’autres le sont moins…



La bd se veut sérieuse dans son aspect. Ce n’est pas sur le mode de la plaisanterie ou de l’humour. Je dois même dire que c’est plutôt sous l’angle du thriller horrifique une fois qu’on aura admis l’idée de base. Le graphisme est par exemple assez saisissant de réalisme.



L’équilibre de cette bd fonctionne assez bien malgré les prises de risques. J’ai bien aimé le développement de cette intrigue pour cette première partie. C’est assez bien partie pour découvrir la suite même si la trame demeure finalement assez classique.
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Lazarus, tome 7 : Risen

Ce tome fait à la fois suite à Lazarus, tome 5 : Génocide programmé (épisodes 22 à 26), et à Lazarus, tome 6 (X+66, 6 épisodes venant développer des personnages secondaires). Il contient les épisodes 1 à 3 de la saison Risen, initialement parus en 2019, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Michael Lark, avec l'aide de Tyler Boss, et mis en couleurs par Santi Arcas. Il s'agit d'épisodes à la pagination double, Rucka & Lark ayant fait évoluer leur stratégie de publication. Le tome s'ouvre avec une page de résumé de la situation et des événements précédents, suivi par un trombinoscope occupant 2 pages replaçant les principaux personnages, au nombre de 25 parmi la famille Carlyle et ses serfs, la famille Morray, la famille D'Souza, la famille Vassalovka, la famille Armitage la famille Bittner, la famille Hock, et la famille Rausling.



En février de l'an +68, dans l'ex-province canadienne du Nunavut, une base de la famille Carlyle attend l'arrivée d'une invitée de marque : Tatania Kopylov. Elle arrive en tant que passagère d'un véhicule militaire tout terrain et pénètre dans le bâtiment principal. À l'extérieur, son arrivée a été remarquée par les caméras espions d'un commando mené par Gorgon. Une fois Kopylov à l'intérieur, le commando passe à l'action et abat tous les gardes postés à l'extérieur. Les membres du commando éteignent leur dispositif électronique individuel de camouflage et s'approchent furtivement des bâtiments. Ils exécutent sans bruit les sentinelles postées. Un commando arrache un œil d'une sentinelle tuée et s'en sert pour débloquer le système de reconnaissance de sécurité. Lui et son coéquipier peuvent ainsi pénétrer dans le bâtiment, neutraliser définitivement les surveillants au poste de commande, et aller libérer la gouverneure Miranda Aklaq de sa cellule. Pendant ce temps-là, dans le bâtiment principal, Tatiana Kopylov est en train de négocier avec Rudy Aklaq, le gouverneur en poste. Ce dernier exige de parler directement au père de Tatiana. Elle s'exécute en mettant en marche un communicateur projetant un buste 3D de son père.



L'autre partie du commando fait irruption dans la salle, Forever Carlyle étant à sa tête. Les 4 gardes sont tués en l'espace d'une seconde, et Rudy Aklaq est neutralisé : il s'agenouille. Johanna Carlyle pénètre dans la pièce et explique les charges qui pèsent sur lui : haute trahison pour avoir pris le pouvoir en lieu et place de sa sœur Miranda, et pour avoir laissé des militaires de la famille Vassalovka pénétrer sur le territoire de la famille Carlyle. C'est au tour de Miranda Aklaq de pénétrer dans la pièce. Johanna Carlyle la charge de prononcer la sentence à l'encontre de son frère. Cela étant fait, Johanna Carlyle indique au père Kopylov que sa fille ne rentrera pas immédiatement, et elle entame des négociations avec elle. Dans un complexe implanté dans la partie sud de la Sierra Nevada, Bethany Carlyle supervise l'entraînement et les tests de Forever (Eight) sur un tapis de course. Elle exige d'augmenter significativement la vitesse du tapis : le monitoring de Forever passe au rouge et elle finit projetée contre le mur. Étendue sur le sol, elle souffre de plusieurs articulations disloquées. Sous le regard réprobateur du personnel soignant, Bethany Carlyle leur intime de ne pas intervenir et elle continue à mesurer le temps nécessaire à Forever pour récupérer. James Carlyle se permet de faire une remarque négative à sa sœur qui le remet incontinent à sa place. Après la fin de l'épreuve, Marisol Occampo vient réconforter Forever. À Puget Sound, Malcolm Carlyle est conduit à la grande salle de réunion pour un comité stratégique avec sa fille Johanna Carlyle et les principaux généraux au service de la famille.



Greg Rucka a conçu un récit au long court, mêlant anticipation, dystopie, politique fiction et opérations militaires brèves impliquant des unités très petites. Le lecteur commence par noter la précision de date : +68. Au vu du temps qui s'est écoulé entre ce tome et le précédent, il est possible que le lecteur ait un peu perdu de vu certaines des caractéristiques de la série. Il est tout de suite remis dans le bain par la première séquence : les 5 pages d'intervention du commando de Gorgon. 2 d'entre elles sont silencieuses montrant à la fois la situation des différents bâtiments, les gestes et les frappes précises des soldats. Il faut un petit temps au lecteur pour se rendre compte qu'il a assisté à énucléation d'une rare efficience. Pour autant, il n'est pas plus préparé à un combat de 23 pages dans le deuxième épisode. Il n'imaginait pas que les auteurs puissent consacrer autant de pages à un combat. Après coup, il mesure mieux la pertinence de cette longueur : Forever Carlyle et les autres Lazarus sont mis en avant comme des combattants hors pair, un tel combat permet de montrer l'étendue de leurs compétences. D'un autre point de vue, le lecteur de comics s'attend à quelques pages plus ou moins chorégraphiées, mettant surtout en avant des poses esthétiques et des coups sadiques. Dans les faits, il suit avec facilité des mouvements et des coups qui s'enchaînent logiquement, à la fois par rapport au positionnement des personnages et à leurs postures, à la fois en rapport avec les caractéristiques du site (relief, objets) où l'affrontement se déroule. Rucka & Lark ont sciemment décidé de consacrer une telle place à ce combat à la fois pour montrer les prouesses des Lazarus, à la fois parce que ça pèse psychologiquement sur eux. Accessoirement, cela fournit le quota d'action pour l'épisode. Le dernier contient à un nouveau un affrontement spectaculaire entre Lazarus, et il se déroule de manière très différente de celui de l'épisode 2.



La qualité de la narration visuelle se retrouve également dans la consistance des décors. Michael Lark promène le lecteur dans une zone enneigée du Nunavut, dans un bois en périphérie de Vladivostok, donnant une impression de réalisme sans recourir à un rendu photographique, avec une complémentarité remarquable de la mise en couleurs de Santi Arcas auquel il donne des consignes précises. Dans le premier épisode, Malcolm Carlyle sort de réunion et va s'asseoir sur un banc dans le parc de la propriété pour contempler la mer. Le lecteur éprouve la sensation de s'asseoir à côté de lui, de profiter du calme de l'eau paisible, de la douce fraîcheur de l'air, de la tranquillité de ce coin de verdure éloigné du bruit. Lark & Arcas apporte le même soin à l'architecture et aux façades des bâtiments, ainsi qu'aux intérieurs. Le lecteur aimerait bien pouvoir disposer d'un fauteuil dans la base du Nunavut et profiter de la vue de l'immense baie donnant sur les plaines enneigées, ou profiter du canapé moelleux dans l'appartement de Bethany Carlyle, ou encore du salon des appartements de l'épouse de Malcolm Carlyle. Par contre, il se sent moins détendu dans les laboratoires de Bethany Carlyle, ou dans la base à proximité de Vladivostok, du fait de leur aménagement froid et fonctionnel.



Grâce au trombinoscope en début d'ouvrage, le lecteur n'éprouve aucune difficulté à replacer chacun des personnages, même les secondaires. Par exemple, il identifie immédiatement Seré Cooper, la journaliste télé. Grâce à des dialogues ciselés, Greg Rucka sait leur insuffler un minimum de personnalité, et même plus. La vie de la plupart est entièrement conditionnée par leur position sociale : leur libre arbitre ne dispose que de peu d'options pour s'exprimer. Pour autant, le lecteur continue d'éprouver de l'empathie pour Forever Carlyle, s'inquiétant de savoir quel impact durable auront les missions d'élimination ou d'assassinat d'ennemis, espérant qu'elle aura l'occasion de rencontrer Eight, tout en s'interrogeant sur l'effet d'une telle rencontre. Plus le récit progresse, plus il se retrouve également émotionnellement impliquée avec Johanna Carlyle, à la fois inflexible dans son exercice du pouvoir, à la fois accusant le coup du poids des responsabilités.



Dans ce tome, la fibre de politique fiction s'éloigne du sort du commun des mortels (les serfs des familles, et les rebuts), se focalisant plus la stratégie de contre-offensive de Johanna Carlyle pour éviter l'invasion des territoires par une autre famille. Le scénariste montre qu'il n'y a pas trente-six possibilités : il faut vaincre l'ennemi et l'anéantir, ou être anéanti soi-même. Les règles du système s'imposent, sans échappatoire possible, que ce soit à l'échelle de l'individu ou à l'échelle des familles nation. Le lecteur ne dispose pas de toutes les informations nécessaires pour anticiper les décisions de Johanna Carlyle, ni pour mesurer leurs conséquences à court ou long terme. Dans ce tome, les intrigues de palais prennent également de l'importance, en particulier au sein même de la famille Carlyle. Bethany entretient une relation particulière avec son frère James, et elle joue un jeu obscur avec les informations sur la santé de son père, et peut-être sur celles de Eight. Johanna Carlyle manipule avec précaution Forever, tout en l'assurant d'une totale transparence. L'épouse de Malcolm Carlyle et la mère de ses enfants intrigue par son absence. James Carlyle découvre que les relevés télémétriques de Forever sont vraisemblablement piratés par une tierce partie non identifiée.



Greg Rucka, Michael Lark et Santi Arcas ont mis à profit le changement de rythme de parution pour peaufiner ces 3 épisodes doubles. Le lecteur replonge avec facilité dans la série, malgré sa densité. Il se souvient rapidement qu'il l'apprécie entre autres pour ses séquences d'action époustouflantes, avec de nouveaux affrontements mémorables. Il retrouve vite son affection pour Forever Carlyle et constate qu'il en éprouve également pour Johanna et deux ou trois autres personnages. Il s'immerge dans des environnements solides et plausibles, et sa dépendance à l'intrigue retrouve toute son intensité.
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The Old Guard, tome 1 : A feu et à sang

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2017, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Leandro Fernández, mis en couleurs par Daniela Mywa. Il reprend également les couvertures alternatives dessinées par Leandro Fernández, Nicola Scott, Chris Samnee et Michael Lark.



De nos jours, une femme (Andy) d'apparence jeune se réveille dans le lit d'un jeune homme. Juste avant elle cauchemardait une succession de batailles dans lesquelles elle mourrait tuée par l'ennemi à chaque fois. Elle quitte son amant d'une nuit sans beaucoup d'égard à son encontre et sort dans les rues de Barcelone. Dans un café proche, elle rejoint Booker, Joe et Nicky. Booker indique qu'ils ont été contactés par Copley qui souhaite leur confier une mission : une libération d'otages dont des enfants. Malgré ses réticences, elle accepte de prendre connaissance des détails de la mission. Ils se retrouvent quelques heures plus tard à Paris, et Booker explique qu'il s'agit de libérer des femmes et des jeunes filles au Soudan. En colère, Andy accepte la mission et indique qu'ils enverront la facture plus tard.



En Afghanistan, un trio de soldats américains participe à la fouille des maisons d'un village, à la recherche d'armes ou de rebelles. Ils tombent dans un piège et Nile Freeman est mortellement blessée. Pourtant quelques jours plus tard, elle reprend connaissance dans l'infirmerie militaire de campagne, sous les yeux incrédules de 2 personnels médicaux. Andy (Andronika), Booker (Sébastien Lelivre), Joe (Yusuf) et Nicky (Nicolo) se sont faits déposer en hélicoptère non loin du bâtiment où sont détenues les otages. Ils avancent en tirant sur tout ce qui bouge et descendent dans le sous-sol. Ils y découvrent une vaste salle, avec un bureau à l'extrémité et une caméra, mais sans personne dedans. Ils avacent de quelques pas, et des portes latérales dérobées s'ouvrent, d'où surgissent des dizaines de mercenaires armés qui font feu sur eux.



La quatrième de couverture indique de quoi il s'agit : des individus qui ne meurent pas et qui exercent le métier de soldat depuis plusieurs siècles. L'histoire mêle donc des interventions paramilitaires exécutées par ce commando de choc, avec la découverte d'un nouvel individu immortel, et les conséquences de cette vie qui n'en finit pas pour ces individus. Le lecteur participe donc à plusieurs missions armées aux côtés de ce groupe d'individus soudés par leur longévité extraordinaire. Cela commence dès la première page où ce qui a l'air d'être une amazone a éventré plusieurs soldats. Leandro Fernández dessine Andronika en ombre chinoise, évoquant un croisement entre Frank Miller période Sin City et Eduardo Risso dans 100 bullets avec Brian Azzarello. Comme il l'avait fait dans The discipline avec Peter Milligan, il utilise de gros aplats de noir, jusqu'à ce qu'il ne reste que le pourtour extérieur de la forme. C'est ainsi qu'en page 2, le lecteur peut voir la silhouette du corps d'Andronika animé d'un soubresaut en arrière alors qu'il est transpercé d'une flèche. L'artiste utilise ce dispositif (formes mangées par des aplats de noir) pour faire ressortir des éléments comme les dents serrées, blanches sur fond noir, ou les impacts de balle (étoiles jaunes orangées sur fond noir) ou encore les taches de sang (rouge sur fond noir). Au vu de niveau élevé de violence, ce dispositif fonctionne parfaitement pour rendre compte de la brutalité et des blessures, sans verser dans le voyeurisme malsain ou chirurgical. Par moment, le lecteur peut ressentir comme une impression de second degré du fait d'une exagération presque comique. À d'autres moments, il rend grâce au dessinateur de ne pas se montrer trop descriptif, par exemple quand Andy met son doigt dans la cervelle de Booker pour voir s'il est encore vivant, en essayant de provoquer une réaction.



Greg Rucka et Leandro Fernández dépeignent des interventions armées très efficaces et très particulières. Dans la mesure où Andy, Booker, Joe et Nicky savent qu'ils ne risquent pas de mourir, ils ne prennent le même type de précaution que des combattants ordinaires, et ils ont tendance à foncer dans le tas, quittent à souffrir lorsqu'ils sont blessés, tout en pouvant continuer à avancer. Il s'en suit donc un carnage, souvent dépourvu de dialogue ou de texte, mais assourdissant avec des effets sonores nombreux pour rendre compte du bruit des armes à feu, du souffle des explosions. Ces pages constituent un réel plaisir de lecture, car Greg Rucka prend soin de concevoir un déroulement des événements qui prend en compte la configuration des lieux, la disposition des obstacles, et Leandro Fernández réalisent des pages en jouant sur la disposition et la fore des cases pour ajouter du mouvement à l'action dans un plan de prise construit dans son ensemble. Ces séquences reposent sur une construction cinématique qui combine le spectaculaire, la clarté de la narration et la cohérence des mouvements et des déplacements. La dimension de missions clandestines est renforcée par le fait qu'elles se déroulent à plusieurs endroits du monde, le visiteur étant emmené à Barcelone, dans un désert du Soudan, en Afghanistan, à Paris, au pied des Baux-de-Provence, à Dubaï et sur l'île de Malte. Leandro Fernández a bien fait ses travaux de recherche de référence, et il inclut des éléments qui permettent aux lecteurs d'identifier visuellement ces endroits s'il les connaît, à commencer par les Baux-de-Provence très inattendus dans un comics américain.



L'histoire ne se limite pas à une succession de missions avec des objectifs divers. Le scénariste intègre également un nouvel événement et la présentation des personnages au fur et à mesure des épisodes. Le moteur de l'intrigue est constitué par le fait que Steve Merrick, riche patron, a eu vent de l'existence de ces immortels et qu'il compte bien découvrir le secret de leur longévité. L'artiste lui donne une apparence remarquable avec un corps musclé, sans être celui d'un culturiste, et des tatouages impressionnants. Il s'agit d'un individu habitué à obtenir ce qu'il exige, et prêt à montrer à ses employés qu'il ne plaisante pas lors de crises de rage meurtrières. À nouveau les dessins de Fernández montrent un individu habité par une obsession, perdant toute maîtrise de lui-même quand il commence à frapper un individu jusqu'à le massacrer de ses poings, une séquence visuellement convaincante jusqu'à en être éprouvante. Rucka intègre un autre fil narratif avec l'apparition d'une autre immortelle Nile Freeman. C'est à nouveau l'occasion pour le dessinateur de représenter un autre milieu (l'Afghanistan), d'autres personnages, ce qu'il fait de manière convaincante, sans tomber dans les clichés visuels, sans être ridicule en montrant un village afghan, en évitant la caricature du simplisme. Par contre, le lecteur se demande si le scénariste n'a pas choisi la facilité en prenant un soldat américain, et une mission de pacification dans un territoire associé à des terroristes. Indépendamment de cette possibilité, il apprécie que ce soldat soit une femme, et que l'immortel qui commande les autres soit également une femme pour une raison valide.



Au fil des épisodes, le lecteur en apprend plus sur Andy, Booker, Joe et Nicky, à commencer par leurs noms initiaux, à savoir respectivement Andronika, Sébastien Lelivre, Yusuf et Nicolo. Leandro Fernández sait évoquer chacune des époques dont ils sont issus ainsi que la région du globe correspondante, à nouveau par le biais d'éléments visuels iconiques, sans qu'ils ne soient réduits à une caricature. Il se montre aussi précis et pertinent pour une rue de Paris dans le quartier de Montmartre, que pour les uniformes militaires durant les guerres napoléoniennes. Rucka développe également l'impact que peut avoir une vie sans limite sur des êtres humains. L'un d'eux explique qu'au fur et à mesure des années qui passent l'esprit finit par effacer les détails, ne pouvant pas retenir l'intégralité de tous les événements passés, et de toutes les personnes rencontrées. Un autre explique la jalousie qui apparaît chez les proches qui vieillissent et qui meurent voyant un parent épargné par les ravages du temps. Un autre indique la lassitude qui s'installe, la diminution de choses nouvelles à découvrir. Ils sont d'accord également sur le constat de l'accélération du temps qui passe et l'impression que la planète est de plus en plus petite. Le lecteur peut y voir un effet de la mondialisation, mais aussi des réflexions d'un auteur ayant pris de l'âge et regardant l'existence d'un autre point de vue.



La dernière page du récit indique que les auteurs ont la ferme intention de donner une suite à ce premier chapitre. En particulier, le lecteur reste intrigué par le fonctionnement ou la nature de cette longévité. Il découvre en cours de récit qu'il ne s'agit pas d'une immortalité absolue et que plusieurs individus disposant de ce don sont déjà morts. Au fil des examens réalisés par le médecin employé par Steve Merrick, il apparaît que cette longévité ne trouve pas son explication dans une mutation génétique. Par ailleurs, le lecteur constate par lui-même que cette capacité à ne pas mourir s'accompagne de manifestations qui ne peuvent pas avoir d'explications rationnelles : la reconstitution très rapide des morceaux de corps arrachés ou pulvérisés, l'avertissement spirituel de l'existence d'un autre disposant de ce don, etc. Tout ceci mérite des explications.



A priori ce tome promet une histoire de plus mettant en scène des guerriers sans pitié et résistant aux blessures grâce à un pouvoir guérisseur bien pratique. Les dessins de Leandro Fernández apportent une consistance inattendue à ces affrontements brutaux et meurtriers, ainsi qu'aux différentes époques et différents lieux de la planète visités. Le scénario ne se contente pas d'une suite de combats, mais intègre une véritable intrigue, ainsi que la présentation des personnages, et des réflexions sur les phénomènes qui apparaissent au fil de la vie qui s'allonge. S'il fallait exprimer un regret, c'est que les auteurs auraient pu se montrer encore plus dérangeants en jouant sur le fait que ces immortels prennent le dessus des batailles en mourant à plusieurs reprises.
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Black Magick, tome 1 : Réveil

Cela fait quelques comics indé Glénat que je lis et je dois dire que l’éditeur soigne ses ouvrages. La couverture est non pelliculée, maquette extérieure harmonisée entre les volumes, couvertures originales des épisodes, couvertures alternatives assez dispensables en fin de volume ainsi qu’un très long texte pseudo-historique détaillant la chasse aux sorcières au Moyen-Age et faisant office de prologue (et que je conseille vivement de lire pour poser le contexte historique de cet univers). Je ne trouve pas la couverture ni parlante pour ce volume ni particulièrement réussie, dommage pour une illustratrice du talent de Nicola Scott. Globalement du bon boulot d’édition.



Rowan Black est une sorcière. Elle est aussi flic à Baltimore (vous savez, la ville de The Wire…). Lorsque ses deux vies se retrouvent emmêlées elle devra comprendre la menace qui plane sur elle, une menace qui vient du fond des âges et transgresse les règles en utilisant le Magick…



Lorsque ce volume est sorti j’ai été accroché par les aperçus des planches intérieures, plus que par la couverture ou le sujet qui ne semblait pas très original (les histoires de sorcières on en a vu pas mal…). Je ne l’avais pas alors remarqué mais l’illustratrice, Nicola Scott (quoi, une illustratrice dans l’univers des comics de super-héros? Çà existe? Yessss!) est à l’origine des magnifiques couvertures de Wonder Woman Rebirth. Côté scénariste, je n’avais rien lu de Greg Rucka et je viens tout juste de me forcer à lire le premier Lazarus, série encensée mais horriblement dessinée… Avec de très bons échos et une histoire policière assez classique, j’ai décidé de me lancer sur Black Magick.



Et très bien m’en a pris tant cet album à l’esprit résolument européen est réussi et inspiré! C’est la première réflexion que je me suis faite en fermant ce tome sur un cliffhanger très réussi: une sensibilité, une atmosphère étonnante pour une histoire de guerre occulte sur fonds de magie noire. Ce tome a des similarités avec une autre série, franco-belge (ou italo-belge…): Rapaces. Le dessin d’abord, très proche de la technique de Marini, faite de beaux visages, de couleurs au lavis dans un cadre très dessiné. Scott comme Marini ont une parfaite maîtrise anatomique qui leur permet de dessiner les contours des personnages et quelques traits intérieurs mais c’est le pinceau qui donne de la. Cela donne un habillage vraiment superbe. Malgré la présence d' »assistants » indiqués en crédit, cette méthode est toute européenne et très éloignée des habitudes industrielles séparant dessin/encrage/couleur. Idem pour la planche d’homme nu, aussi naturelle que dans un Marini ou toute autre album européen et qui renvoie la récente affaire de la bite de Batman au rayon de vaste rigolade infantile…



Le scénario également démarre sur les mêmes bases: une enquêtrice et son super collègue se retrouve confrontée au fantastique. On part sur de l’enquête policière dans ce qu’il y a de plus traditionnel (preuves, légiste, témoignages,…) mais la principale différence ici est que contrairement à Rapaces dès les premières pages nous savons que Rowan est une sorcière. La question qui se pose sera de savoir qui lui en veut et la mise en place d’une conspiration entre factions occultes. A ce titre, l’irruption d’un « agent allemand » donne lieu à deux pages… en allemand non traduit! Le soucis c’est que les dialogues sont très importants pour comprendre à qui nous avons affaire et je n’explique pas que l’éditeur se soit dispensé d’une traduction…



Généralement c’est sur les scénarii que l’on remarque avec la plus grande évidence la différence entre les auteurs hommes et femmes. Sur Black Magick, sans connaître le scénariste j’aurais parié sur un duo féminin, en raison d’un rythme, d’une attention donnée à des détails d’ambiance et de relations entre les personnages. Sur ce plan le duo formé par Rowan et Morgan, son équipier, dans une relation toute en regards (magnifiquement et très subtilement rendus par Nicola Scott) est vraiment intéressant, nous laissant deviner un amour platonique, à moins que l’héroïne ne se fasse des idées, son confrère attendant tout juste un enfant et semblant par ailleurs très heureux en couple… Les auteurs posent très discrètement des jalons vers une montée en tension, reposant sur la protection par la sorcière de ce cadre familial idéal que l’on imagine devoir être bientôt menacé…



Ce que j’ai aimé dans cet album, c’est vraiment la délicatesse des dessins et des ambiances (pourtant il y a bien des cadavres, un esprit démoniaque et des tensions). Les visages mélancoliques de Scott y font beaucoup et la perfection des traits et des planches globalement ajoutent à ce bien être du lecteur pour un album vraiment agréable à découvrir. On part donc sur des bases très qualitatives, qui peuvent aboutir à une très grande série si le tout reste aussi maîtrisé dans les prochains tomes. Un des tout meilleurs comics de l’année!
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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Black Magick, tome 2

Ce tome fait suite à Black Magick, Tome 1 : Réveil (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 11, initialement parus en 2017/2018, écrits par Greg Rucka, dessinés, encrés et mis en couleurs par Nicola Scott, avec l'aide de Chiara Arena pour la mise en couleurs. Il comprend également les couvertures originales réalisées par Nicola Scott, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Liam Sharp, Michael Lark, Jenny Frison, Cliff Chiang, Tula Lotay et Leandro Fernández.



Il y a de cela 20 ans, Rowan Black soufflait les bougies de son gâteau d'anniversaire pour ses 13 ans, en compagnie de ses copines. En découpant le gâteau dans la cuisine, elle exprimait son regret à sa mère, de ne pas pouvoir parler de la cérémonie du soir même. Le soir dans la voiture, sa grand-mère lui recommande de se souvenir du Rede, Rowan demande à sa mère comment ça va faire, ce qu'elle va ressentir lors de la cérémonie. Sa mère lui répond que c'est comme si elle ne pouvait pas voir les couleurs, et que quand elle ouvre enfin les yeux avec cette capacité, elle découvre un plein arc-en-ciel. Arrivée au milieu des bois, elles rejoignent 6 personnes sur un îlet au milieu d'une petite rivière. Les paroles consacrées sont dites par Mère Ng, assistée par Mère Wambuzi, et les gestes rituels sont accomplis. Nue, Rowan Black est plongée dans l'eau et elle a la révélation de toutes ses vies antérieures.



Au temps présent, Stepan Hans se livre à une activité de fossoyeur en déblayant la terre sur une tombe, puis ouvrant le cercueil en faisant levier avec la pelle. Il défait les points de suture du torse de cadavre et y découvre des résidus minuscules émettant une phosphorescence verte. Le lendemain au commissariat de Portsmouth, deux inspecteurs échangent des piques, pendant que Rowan Black passe un appel personnel auprès d'Alexandra Grey, avec son portable. Elle revient à son bureau en face de son partenaire Morgan Chaffey, et elle fait tomber par mégarde un briquet à essence frappé du sigle du marteau. Chaffey lui propose de sortir pour interviewer les personnes qui connaissaient Bruce Dundridge, le noyé retrouvé dans le port, avec la main tranchée au niveau du poignet. Rowan Black effectue une recherche aux archives avant. Puis dans la voiture, il est visible que les 2 inspecteurs ne se parlent pas, qu'il y a une tension entre eux. Les dernières personnes ayant connu Dunridge n'ont pas grand-chose à leur dire, même s'ils se font menacer d'une arme à feu par le nouveau locataire de son appartement. En fin de journée, Rowan Black rentre chez elle, et elle charge son badge et les balles de son revolver, avec un sort magique.



Le premier tome avait séduit le lecteur pour la qualité des pages réalisées par Nicola Scott, et c'est un vrai plaisir que de la retrouver en pleine forme pour ces 6 nouveaux épisodes. Elle a conservé la mise en couleurs sur la base de nuances de gris. Les seules touches de couleurs apparaissent quand il y a dégagement ou utilisation d'une énergie magique. Ainsi le lecteur identifie immédiatement ces manifestations surnaturelles, et dans le même temps la magie générant des couleurs joue le rôle de métaphore de son effet enchanteur sur la grisaille ou l'ordinaire du quotidien. Ces nuances de gris sont appliquées comme des lavis très précis, apportant des textures aux formes, des ombrages, et rehaussant leur relief, de manière douce. Le lecteur reste épaté par la manière dont leur modulation rend compte du feuillage des arbres et des arbustes, de la granulosité de la terre, de l'écoulement d'un cours d'eau, de la souplesse d'un tissu, de la glissance de la neige, de la rugosité des briques, du soyeux d'un pelage, etc. L'utilisation restreinte des couleurs est d'autant plus impressionnante qu'il ne s'agit pas systématiquement d'effets pyrotechniques, mais qu'il peut aussi s'agit d'un petit détail comme la flamme d'une bougie.



L'investissement de Nicola Scott s'observe également dans les décors qui sont représentés avec soin et minutie. Le lecteur laisse son regard errer sur la façade du bâtiment en face du commissariat quand Rowan Back et Morgan Chaffey se trouvent sur le toit, sur l'aménagement de la rue quand les mêmes regardent les entrées et sorties au Pig Whistle Tavern, sur l'incroyable représentation en plongée d'un mur extérieur de la demeure de Rowan Black, ou encore sur la rampe de desserte pour ambulance de l'hôpital Willowbreak. Les intérieurs sont décrits avec le même niveau détail, et la même intelligence dans leur aménagement : la décoration intérieure très féminine et confortable de la cuisine de la mère de Rowan, les meubles très fonctionnels du grand bureau du commissariat, les étagères de rangement vieillottes des archives du commissariat, la table basse, le tapis aux riches motifs et leur fauteuil au revêtement élimé du coin de relation de Rowan, les accessoires du grenier où Alexandra Grey se livre à la divination, les différentes pièces de la demeure de Rowan au fur et à mesure que Laurent Leveque les découvre, les couloirs aseptisés de l'hôpital. Chaque endroit porte les marques de celui qui y vit ou de ceux qui l'ont aménagé, de la fonction qu'il assure, permettant au lecteur de s'y projeter, mais aussi de relever des détails révélateurs sur la personnalité de son occupant.



Le lecteur se fait également un plaisir de regarder les acteurs évoluer devant lui, avec un jeu naturaliste qui n'exclut pas une case un peu plus posée de temps à autre, par exemple Rowan Black sur sa moto, ou l'ennemie en train de tenir un nourrisson dans ses bras. Le lecteur retrouve les personnages avec leur apparence du premier tome, montrant des adultes dont le langage corporel atteste qu'ils disposent déjà d'une expérience de la vie, et qu'ils sont traversés par des émotions complexes. En particulier il regarde Laurent Leveque avancer prudemment dans la demeure de Rowan Black ne sachant pas ce qu'il va trouver, mais sans pour autant prendre des poses d'agent des services spéciaux, prêt à défourailler au moindre bruit suspect. La dessinatrice met en œuvre un jeu d'acteurs particulièrement subtil et parlant lorsqu'Alexandra Grey décide de prendre contact avec Laurent Leveque pour lui donner un certain nombre d'information afin de prouver la bonne foi de Rowan Black. Le lecteur voit la séduction irradier du langage corporel d'Alexandra, en même temps qu'il voit les gestes beaucoup plus raides de Laurent, ayant très bien compris le jeu de son interlocutrice et hôtesse.



Il est possible que le lecteur eût été moins convaincu par l'histoire des 5 premiers épisodes. Greg Rucka avait établi que Rowan Black fait partie d'un coven de sorcières adeptes de la foi Wicca, mais sans trop s'aventurer sur le terrain desdites croyances et convictions. En outre l'usage de la magie semblait bien pratique, pas vraiment raccord avec l'environnement très réaliste de la série, et reposant sur une lutte du bien contre le mal. Le lecteur retrouve cette même utilisation de la Wicca comme un artifice narratif sans beaucoup d'épaisseur, même si le Rede wiccan établi par Doreen Valiente (1922-1999) est bien cité : Si tu ne blesses personne, fais ce que tu veux. En outre, un personnage incarne le mal au premier degré, une jeune fille à la bouche cousue et aux yeux maléfiques, tirant le récit sur le terrain de la lutte basique du Bien contre le Mal. Mais, dans le même temps, le scénariste développe l'histoire personnelle de Rowan Black, avec ce premier épisode qui montre les conséquences de son rite d'initiation, de la révélation de ses vies antérieures, ce qui provoque un traumatisme durable. Par ailleurs, il met en scène les complexités de la relation entre les coéquipiers que sont Rowan Black et Morgan Chaffey, les tensions existant entre les 3 représentants de l'ordre Aira (Stepan Hans, Laurent Leveque, Anne-Marie) qui ne sont pas d'accord sur la stratégie à adopter, les sous-entendus dans les questions des inspecteurs Nate Bellowes & Fernando Prestes, de l'Inspection Générale. De ce point de vue, les relations entre les personnages sont bien de nature adulte, avec parfois des sous-entendus d'ordre sexuel, sur l'homosexualité supposée de Rowan Black, ou un inspecteur touchant la citrouille d'une collègue au bureau.



Dans cette deuxième partie de l'Éveil, Greg Rucka peut également s'appuyer sur les fondations qu'il a posées dans le premier tome pour avancer un plus vite dans son intrigue. Il y a donc plusieurs manifestations de cette sorcière maléfique, avec une ou deux autres. Les représentants de l'organisation Aira (des chasseurs de sorcières) ont localisé Rowan Black et disposent de preuves d'acte de sorcellerie. Rowan Black et Alexandra Grey ont conscience de la présence desdits membres. Les enjeux pour les différentes factions apparaissent donc clairement et Greg Rucka commence à montrer que les personnages sont plus intelligents qu'il n'y paraît. Du coup, les allégeances ne sont pas figées et le bon sens a encore des chances de prévaloir malgré la force des traditions. Le lecteur sent bien que les membres d'Aira ne sont pas inaccessibles à la raison, et que la personnalité et l'histoire personnelle de Rowan Black a une incidence directe sur son comportement et sur la façon dont les choses peuvent évoluer. Le scénariste ne se contente donc pas de tirer des grosses ficelles et d'utiliser des conventions de genre. Il sait faire exister ses personnages de sorte à ce que l'intrigue dépende d'eux de manière organique.



Ce deuxième tome confirme le plaisir visuel à lire ces pages peaufinées par Nicola Scott, donna vie aux personnages, les faisant évoluer dans des lieux soigneusement construits et décrits. Greg Rucka insuffle lui aussi de la vie dans ses personnages et peut commencer à s'aventurer plus loin dans son intrigue, ce qui permet au lecteur de constater qu'elle s'annonce plus sophistiquée que ne le laissait le supposer le premier tome.
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Black Magick, tome 2 : Awakening II

Ce tome fait suite à Black Magick Volume 1: Awakening I (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 11, initialement parus en 2017/2018, écrits par Greg Rucka, dessinés, encrés et mis en couleurs par Nicola Scott, avec l'aide de Chiara Arena pour la mise en couleurs. Il comprend également les couvertures originales réalisées par Nicola Scott, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Liam Sharp, Michael Lark, Jenny Frison, Cliff Chiang, Tula Lotay et Leandro Fernández.



Il y a de cela 20 ans, Rowan Black soufflait les bougies de son gâteau d'anniversaire pour ses 13 ans, en compagnie de ses copines. En découpant le gâteau dans la cuisine, elle exprimait son regret à sa mère, de ne pas pouvoir parler de la cérémonie du soir même. Le soir dans la voiture, sa grand-mère lui recommande de se souvenir du Rede, Rowan demande à sa mère comment ça va faire, ce qu'elle va ressentir lors de la cérémonie. Sa mère lui répond que c'est comme si elle ne pouvait pas voir les couleurs, et que quand elle ouvre enfin les yeux avec cette capacité, elle découvre un plein arc-en-ciel. Arrivée au milieu des bois, elles rejoignent 6 personnes sur un îlet au milieu d'une petite rivière. Les paroles consacrées sont dites par Mère Ng, assistée par Mère Wambuzi, et les gestes rituels sont accomplis. Nue, Rowan Black est plongée dans l'eau et elle a la révélation de toutes ses vies antérieures.



Au temps présent, Stepan Hans se livre à une activité de fossoyeur en déblayant la terre sur une tombe, puis ouvrant le cercueil en faisant levier avec la pelle. Il défait les points de suture du torse de cadavre et y découvre des résidus minuscules émettant une phosphorescence verte. Le lendemain au commissariat de Portsmouth, deux inspecteurs échangent des piques, pendant que Rowan Black passe un appel personnel auprès d'Alexandra Grey, avec son portable. Elle revient à son bureau en face de son partenaire Morgan Chaffey, et elle fait tomber par mégarde un briquet à essence frappé du sigle du marteau. Chaffey lui propose de sortir pour interviewer les personnes qui connaissaient Bruce Dundridge, le noyé retrouvé dans le port, avec la main tranchée au niveau du poignet. Rowan Black effectue une recherche aux archives avant. Puis dans la voiture, il est visible que les 2 inspecteurs ne se parlent pas, qu'il y a une tension entre eux. Les dernières personnes ayant connu Dunridge n'ont pas grand-chose à leur dire, même s'ils se font menacer d'une arme à feu par le nouveau locataire de son appartement. En fin de journée, Rowan Black rentre chez elle, et elle charge son badge et les balles de son revolver, avec un sort magique.



Le premier tome avait séduit le lecteur pour la qualité des pages réalisées par Nicola Scott, et c'est un vrai plaisir que de la retrouver en pleine forme pour ces 6 nouveaux épisodes. Elle a conservé la mise en couleurs sur la base de nuances de gris. Les seules touches de couleurs apparaissent quand il y a dégagement ou utilisation d'une énergie magique. Ainsi le lecteur identifie immédiatement ces manifestations surnaturelles, et dans le même temps la magie générant des couleurs joue le rôle de métaphore de son effet enchanteur sur la grisaille ou l'ordinaire du quotidien. Ces nuances de gris sont appliquées comme des lavis très précis, apportant des textures aux formes, des ombrages, et rehaussant leur relief, de manière douce. Le lecteur reste épaté par la manière dont leur modulation rend compte du feuillage des arbres et des arbustes, de la granulosité de la terre, de l'écoulement d'un cours d'eau, de la souplesse d'un tissu, de la glissance de la neige, de la rugosité des briques, du soyeux d'un pelage, etc. L'utilisation restreinte des couleurs est d'autant plus impressionnante qu'il ne s'agit pas systématiquement d'effets pyrotechniques, mais qu'il peut aussi s'agit d'un petit détail comme la flamme d'une bougie.



L'investissement de Nicola Scott s'observe également dans les décors qui sont représentés avec soin et minutie. Le lecteur laisse son regard errer sur la façade du bâtiment en face du commissariat quand Rowan Back et Morgan Chaffey se trouvent sur le toit, sur l'aménagement de la rue quand les mêmes regardent les entrées et sorties au Pig Whistle Tavern, sur l'incroyable représentation en plongée d'un mur extérieur de la demeure de Rowan Black, ou encore sur la rampe de desserte pour ambulance de l'hôpital Willowbreak. Les intérieurs sont décrits avec le même niveau détail, et la même intelligence dans leur aménagement : la décoration intérieure très féminine et confortable de la cuisine de la mère de Rowan, les meubles très fonctionnels du grand bureau du commissariat, les étagères de rangement vieillottes des archives du commissariat, la table basse, le tapis aux riches motifs et leur fauteuil au revêtement élimé du coin de relation de Rowan, les accessoires du grenier où Alexandra Grey se livre à la divination, les différentes pièces de la demeure de Rowan au fur et à mesure que Laurent Leveque les découvre, les couloirs aseptisés de l'hôpital. Chaque endroit porte les marques de celui qui y vit ou de ceux qui l'ont aménagé, de la fonction qu'il assure, permettant au lecteur de s'y projeter, mais aussi de relever des détails révélateurs sur la personnalité de son occupant.



Le lecteur se fait également un plaisir de regarder les acteurs évoluer devant lui, avec un jeu naturaliste qui n'exclut pas une case un peu plus posée de temps à autre, par exemple Rowan Black sur sa moto, ou l'ennemie en train de tenir un nourrisson dans ses bras. Le lecteur retrouve les personnages avec leur apparence du premier tome, montrant des adultes dont le langage corporel atteste qu'ils disposent déjà d'une expérience de la vie, et qu'ils sont traversés par des émotions complexes. En particulier il regarde Laurent Leveque avancer prudemment dans la demeure de Rowan Black ne sachant pas ce qu'il va trouver, mais sans pour autant prendre des poses d'agent des services spéciaux, prêt à défourailler au moindre bruit suspect. La dessinatrice met en œuvre un jeu d'acteurs particulièrement subtil et parlant lorsqu'Alexandra Grey décide de prendre contact avec Laurent Leveque pour lui donner un certain nombre d'information afin de prouver la bonne foi de Rowan Black. Le lecteur voit la séduction irradier du langage corporel d'Alexandra, en même temps qu'il voit les gestes beaucoup plus raides de Laurent, ayant très bien compris le jeu de son interlocutrice et hôtesse.



Il est possible que le lecteur eût été moins convaincu par l'histoire des 5 premiers épisodes. Greg Rucka avait établi que Rowan Black fait partie d'un coven de sorcières adeptes de la foi Wicca, mais sans trop s'aventurer sur le terrain desdites croyances et convictions. En outre l'usage de la magie semblait bien pratique, pas vraiment raccord avec l'environnement très réaliste de la série, et reposant sur une lutte du bien contre le mal. Le lecteur retrouve cette même utilisation de la Wicca comme un artifice narratif sans beaucoup d'épaisseur, même si le Rede wiccan établi par Doreen Valiente (1922-1999) est bien cité : Si tu ne blesses personne, fais ce que tu veux. En outre, un personnage incarne le mal au premier degré, une jeune fille à la bouche cousue et aux yeux maléfiques, tirant le récit sur le terrain de la lutte basique du Bien contre le Mal. Mais, dans le même temps, le scénariste développe l'histoire personnelle de Rowan Black, avec ce premier épisode qui montre les conséquences de son rite d'initiation, de la révélation de ses vies antérieures, ce qui provoque un traumatisme durable. Par ailleurs, il met en scène les complexités de la relation entre les coéquipiers que sont Rowan Black et Morgan Chaffey, les tensions existant entre les 3 représentants de l'ordre Aira (Stepan Hans, Laurent Leveque, Anne-Marie) qui ne sont pas d'accord sur la stratégie à adopter, les sous-entendus dans les questions des inspecteurs Nate Bellowes & Fernando Prestes, de l'Inspection Générale. De ce point de vue, les relations entre les personnages sont bien de nature adulte, avec parfois des sous-entendus d'ordre sexuel, sur l'homosexualité supposée de Rowan Black, ou un inspecteur touchant la citrouille d'une collègue au bureau.



Dans cette deuxième partie de l'Éveil, Greg Rucka peut également s'appuyer sur les fondations qu'il a posées dans le premier tome pour avancer un plus vite dans son intrigue. Il y a donc plusieurs manifestations de cette sorcière maléfique, avec une ou deux autres. Les représentants de l'organisation Aira (des chasseurs de sorcières) ont localisé Rowan Black et disposent de preuves d'acte de sorcellerie. Rowan Black et Alexandra Grey ont conscience de la présence desdits membres. Les enjeux pour les différentes factions apparaissent donc clairement et Greg Rucka commence à montrer que les personnages sont plus intelligents qu'il n'y paraît. Du coup, les allégeances ne sont pas figées et le bon sens a encore des chances de prévaloir malgré la force des traditions. Le lecteur sent bien que les membres d'Aira ne sont pas inaccessibles à la raison, et que la personnalité et l'histoire personnelle de Rowan Black a une incidence directe sur son comportement et sur la façon dont les choses peuvent évoluer. Le scénariste ne se contente donc pas de tirer des grosses ficelles et d'utiliser des conventions de genre. Il sait faire exister ses personnages de sorte à ce que l'intrigue dépende d'eux de manière organique.



Ce deuxième tome confirme le plaisir visuel à lire ces pages peaufinées par Nicola Scott, donna vie aux personnages, les faisant évoluer dans des lieux soigneusement construits et décrits. Greg Rucka insuffle lui aussi de la vie dans ses personnages et peut commencer à s'aventurer plus loin dans son intrigue, ce qui permet au lecteur de constater qu'elle s'annonce plus sophistiquée que ne le laissait le supposer le premier tome.
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Checkmate, tome 1

Ce tome est le premier d'une série consacrée à l'organisation Chekcmate, et il rassemble la première moitié des épisodes écrits par Greg Rucka. Il comprend les épisodes 1 à 12, initialement parus en 2006/2007, tous écrits ou coécrits par Greg Rucka. Il a écrit seul les épisodes 1 à 5, 8 à 10. Les épisodes 6, 7, 11 et 12 ont été coécrits avec Nunzo DeFilippis et Christina Weir. Jesus Saiz a dessiné les épisodes 1, 2, 4, 5, 8, 9 et 10. Cliff Richards a dessiné les épisodes 3, 6, 7 et 12. L'épisode 11 a été dessiné par Steve Scott. Les événements dans cette série se déroulent après INFINITE CRISIS tome 4 (2005/2006) de Geoff Johns & Phil Jimenez. Pour bien comprendre les références à des événements passés, il vaut mieux avoir lu The Omac Project (2005, dans INFINITE CRISIS tome 1) par Greg Rucka & Jesus Saiz. La suite et fin des épisodes (co)écrits par Greg Rucka sont rassemblés dans CHECKMATE Tome 2 qui contient les épisodes 13 à 25, ainsi que les épisodes 47 à 49 de la série Outsiders écrite par Judd Winick.



Sur une petite île à l'Est de la Somalie, un groupe de trois plongeurs sous-marins débarque clandestinement. Il s'agit de Sasha Bordeaux (Black Queen), Beatriz DaCosta (Knight du roi noir) et Jonah McCarthy (Knight de la Reine Noir). Ils sont en mission d'infiltration sur une île de l'organisation secrète Cobra, pour trouver l'origine d'un trafic de cyclosarine. Pendant ce temps-là le conseil de sécurité de l'ONU se prépare à voter pour ou contre le maintien de l'existence de Checkmate, la résolution 1802. La République Populaire de Chine ayant voté contre, Checkmate doit être dissoute dans les jours à venir. Il appartient aux Rois et Reines, blanc et noir de trouver comment retourner le vote de la Chine, en mettant en œuvre les autres pièces : Mister Terrific (Michael Holt), King Faraday, Count Vertigo, Taleb Beni Khalid-Isr, Shen Li Po et Thomas Jagger. L'enquête emmène les opérationnels de terrain jusque dans la province du Hebei, dans l'est de la Chine.



Au cours des missions suivantes, l'organisation Checkmate doit choisir son nouveau Roi Blanc, recruter un nouveau Pion. Puis un escadron clandestin trié sur le volet doit s'introduire dans le pays Myanmar pour y récupérer un méta-humain détenu contre son gré et utilisé comme source d'énergie. L'équipe se compose de Icicle (Cameron Mahkent), Javelin, Jewelee, Mirror Master (Evan McCullough), Plastique, Punch (Clyde Phillips), Tattooed Man (Abel Tarrant). Étrangement, le commandement de Checkmate ne semble pas avoir autorisé cette opération, ni savoir que ces gugusses sont impliqués dans une quelconque mission. À Détroit, 4 individus (Tye McMillan, Emmet Burke, Lucas Terrel et Bebe) essayent d'acheter des armes d'un groupe néo-fasciste. Tout ne se passe pas comme prévu, mais ils s'en sortent haut la main. Ce sont des agents de Kobra, ou plutôt des individus essayant de se faire remarquer par l'organisation Kobra pour l'intégrer. Mais ils se font serrer par la DMA lors de leur action suivante. Or parmi eux se trouve l'agent 502 que Checkmate essaye d'infiltrer dans Kobra. Enfin, Beatriz DaCosta et Tommy Jagger son envoyés sur Santa Prisca pour exfiltrer le colonel Computron avant qu'il ne soit exécuté par Bane pour avoir trafiqué les élections.



Il est un peu difficile de se replonger dans la continuité de l'époque et de comprendre ce qui se passe, ou plutôt de s'impliquer vraiment dans les personnages. Greg Rucka reprend les rênes de l'organisation Checkmate qu'il avait utilisée pendant Omac Project et il joue le jeu de développer une série d'espionnage dans l'univers partagé DC. Par la force des choses, il inclut quelques superhéros, et des personnages emblématiques des couloirs du pouvoir à Washington. Il étoffe cette organisation en en faisant une émanation de l'ONU, devant répondre au Conseil de Sécurité, et donc subir les manœuvres de politique internationales de ses différents états membres. Une fois passé le premier récit, cette dimension n’apparaît plus, ce que ne regrette pas le lecteur, tellement il reste de choses à expliquer, d'éléments à exposer à chaque mission. Par contre le scénariste conserve la dimension politique des interventions de Checkmate dont les équipes interviennent de par le monde. Sur ce plan-là, Rucka s'en tire bien avec la mission en République Populaire de Chine, dans un pays sud-américain fictif ou encore sur l'île de Santa Prisca. Il sait mettre en jeu les intérêts contraires de la justice internationale, et les intérêts économiques de quelques pays à commencer par les États-Unis.



Le scénariste a développé un mode de fonctionnement de Checkmate permettant d'assurer une forme de contre-pouvoir à plusieurs niveaux en son sein, avec une équipe de blanc et une équipe de noir devant se mettre d'accord sur la stratégie à adopter pour chaque mission. La contrepartie de ce dispositif est que le lecteur a droit à une présentation de chaque équipe au début de chaque mission, avec les titres issus des pièces aux échecs, ce qui s'avère vite fastidieux, encore plus quand ils sont rappelés sur le terrain. D'autant qu'au final, les personnages pourraient utiliser leur vrai nom, cela ne changerait rien au fond et allégerait la narration. Avec ses 2 coscénaristes, il fait également bien ressortir la tentation de chaque meneur au sein d'un équipe de mettre en œuvre ses propres plans pour satisfaire ses objectifs, car il n'y a pas toujours consensus. Il sait aussi bien faire apparaître la surreprésentation des États-Unis au sein de Checkmate et les tensions que cela crée avec les autres états membres. Il réussit ainsi à transformer une faiblesse (la surreprésentation des superhéros américains), en une force pour l'intrigue.



Au cours de ces 6 missions (entre 1 et 4 épisodes chacune), le lecteur suit donc des agents avec lesquels il n'a pas vraiment le temps de développer une forme d'empathie. Soit il en connaît déjà et il retrouve leur trait de caractère principal, soit il n'en connaît aucun et il ne peut pas vraiment s'attacher à l'un ou l'autre. Sasha Bordeaux est une femme d'action impressionnante, avec un caractère froid et trempé, mais cela ne suffit pas pour en faire une personne. Amanda Waller n'a rien perdu de son caractère manipulateur et de ses capacités stratégiques, le lecteur peut l'admirer pour cela, mais elle n'en devient pas non plus un être humain complexe. Un lecteur chevronné de l'univers DC peut apprécier de découvrir une nouvelle version du Suicide Squad qui doit beaucoup à celle de John Ostrander (voir Archives de la Suicide Squad Tome 1 (Les)). Mais il s'agit du temps d'une mission, et les auteurs n'ont pas non plus le temps de développer la personnalité des membres de l'Escouade Suicide.



Les auteurs réussissent à trouver un bon équilibre entre espionnage et superhéros. Ces derniers sont surtout utilisés pour leurs pouvoirs pendant les opérations de terrain. Il leur faut quand même rapidement écarter Alan Scott, trop puissant et un peu ridicule avec son bandeau sur l'œil. Ils arrivent à donner un rôle aux personnages sans superpouvoirs, sans qu'ils ne soient réduits au rôle de chair à canon ou d'otages. Ils parviennent même à faire intervenir le groupe Shadowpact dont les membres utilisent la magie, sans qu'ils ne soient ridicules dans une histoire d'espionnage. Checkmate affronte à plusieurs reprises l'organisation criminelle Kobra, secte malfaisante prête à l'emploi, sans réel objectif clair (si ce n'est celui de la domination du monde), sans beaucoup d'intérêt. Les missions se suivent et sont de nature différente à chaque fois, toujours rendues pesantes par les négociations envahissantes qui se déroulent en parallèle de l'intervention terrain. À chaque fois, le dessinateur doit représenter des discussions de couloir pendant une ou plusieurs pages, dépourvues d'intérêt visuel, et très plates dans leur déroulement.



La mise en images des scénarios est assurée essentiellement par 2 artistes : Jesus Saiz et Cliff Richards. Le premier effectue des détourages plus précis, avec une approche réaliste à la fois pour les personnages et pour les décors. Néanmoins, il n'arrive pas à trouver des solutions élégantes pour les passages d'exposition, se retrouvant à représenter servilement les discussions, sans pouvoir leur donner un rythme correct. Il s'affranchit assez rapidement de représenter les arrière-plans dans ces moments-là, ainsi que pendant les combats. Le degré d'immersion s'avère donc fluctuant, entre des affrontements bénéficiant d'un plan de prise de vue bien construit, et des moments plus pesants. Il en va de même pour les épisodes réalisés par Cliff Richards, avec des dessins moins méticuleux, un peu plus organiques, et souvent moins détaillés, donc avec un degré d'immersion plus faible que ceux de Saiz.



Ce tome permet de découvrir une phase complexe dans la vie de l'organisation de sécurité internationale Checkmate. Greg Rucka a su la développer de manière à se distinguer complètement du SHIELD (l'organisation de référence de Marvel, en la matière) avec un mode de fonctionnement logique et cohérent. Il a su également trouver le bon équilibre entre les personnages humains et ceux dotés de superpouvoirs, et un hommage très réussi au Suicide Squad. Les intrigues intègrent bien la dimension politique des opérations, et les dissensions au sein de l'équipe, même si celles-ci sont trop systématiques. Les dessins permettent de bien suivre les récits, mais sans réussir à y apporter le souffle d'espionnage ou la dimension spectaculaire attendue. Si les histoires sont bien construites, elles se succèdent sans donner l'impression de construire la série sur le long terme, en utilisant trop facilement l'organisation fantoche Kobra, sans réelle épaisseur des personnages.
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Batwoman, Tome 0 : Élégie

(...)

Voilà un comics que je pensais trouver distrayant, mais oubliable, comme un certain nombre de titres consacrés aux seconds couteaux de l’univers Batman… Je suis ravie de pouvoir dire que je me trompais du tout au tout! 🙂 Car si Batwoman Elégie ne tient pas toutes ses promesses, ce fut une super découverte!



Contrairement à un Dick Grayson ou une Selina Kyle, Kate Kane est un personnage charismatique et attachant, qui parvient immédiatement à faire oublier qu’un Batman règne sur Gotham. Outre la très forte personnalité de l’héroïne, le lecteur se trouve immergé dans une histoire captivante fortement imprégnée de l’univers d’Alice au Pays des Merveilles. Une vraie réussite! Mon seul bémol: l’introduction d’un aspect fantastique qui n’apporte pas grand chose selon moi, surtout que c’est au travers de personnages qui ont probablement été présentés dans un autre comics et qu’il m’a manqué des informations cruciales.



Niveau dessin, c’est une pure merveille. Les planches concernant Batwoman sont sublimes, celles sur la vie quotidienne de Kate un peu plus banales, mais ça reste toujours efficace. L’image est parfois saturée du rouge emblématique de l’héroïne et ça fonctionne super bien.



Une super lecture pour une super-héroïne (dans tous les sens du terme). Laissez tomber Nightwing & co et foncez sur Batwoman!
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Stumptown, Tome 1 : Disparue

Ce tome est le premier d'une série d'une série de 4 à ce jour (en 2017) mettant en scène la détective privée Dex (Dexedrine) Parios. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2009/2010, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Matthew Southworth, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge & Rico Renzi.



L'histoire se déroule à Portland dans l'Oregon. Au temps présent, Raymond Dillon (surnommé Dill) fait ouvrir le coffre de sa voiture par Whale (une grande baraque à l'air peu amène, et peu causant). À l'intérieur se trouve Dex (Dexedrine) Parios, ligotée, mais pas bâillonnée. Elle demande à Dill s'il est encore temps de négocier. Faute de réponse, elle comprend qu'il ne sert à rien de discuter. Elle s'éloigne à reculons vers la berge de la rivière Willamette. Dill lui tire dessus à deux reprises en plein ventre. 27 heures plutôt, Dex Parios était en train de parier à une table de jeu au Casino Wispering Winds, où elle a tout perdu aux dés. Elle est écartée de la table de jeu par Hollis, l'un des employés. Il s'enquiert de la santé d'Ansel, le frère de Dex, et la conduit dans le bureau de Sue-Lynne Suppa, la propriétaire du casino. Cette dernière lui indique clairement qu'elle ne doit pas s'attendre à un crédit supplémentaire car elle doit déjà 17.616 dollars. Sue-Lynne Suppa lui explique qu'elle la charge de retrouver sa petite fille Charlotte Suppa, âgée de 18 ans et ayant disparu de son domicile depuis 4 jours sans laisser de trace, peut-être avec un garçon.



Dex Parios a vite fait de comprendre qu'elle n'a pas trop le choix et qu'elle tient là la possibilité d'éponger ses dettes. Elle rentre chez elle un peu tard et se rend compte que son frère Ansel, trisomique 21, n'est pas encore couché. Elle l'envoie se coucher et descend une bière en s'allongeant sur le canapé. Le lendemain, elle se rend au domicile de Charlotte Suppa et se rend compte qu'elle a emporté son shampoing, mais qu'elle n'a pas pris sa voiture. Elle appelle Tracy Hoffman, un officier de police, pour lui demander de regarder s'il n'y a pas eu des signalements d'activité à l'adresse de Charotee Suppa. Elle quitte l'appartement et s'approche de sa propre voiture. 2 individus patibulaires l'attendent : Raymond Dillon et Whale. Le premier crève la capote de sa voiture avec un couteau, le second la malmène et la plaque contre son capot. Dill lui demande où se trouve Charlotte. Après s'être assurée qu'elle ne sait rien, il fait signe à Whale de la passer à tabac. À peine est elle en train de se relever, que 2 autres individus en costard s'emparent d'elle et la font monter de force dans une autre voiture.



Greg Rucka jouit d'une bonne réputation en tant que scénariste de polar, acquise à la fois sur la série Batman, et sur des créations indépendantes. Il a également montré qu'il sait écrire des personnages féminins qui sortent des stéréotypes habituels des comics. Le lecteur est donc plutôt tenté de lui faire confiance quand il propose une histoire complète d'une détective privée, pour une enquête sur une disparition. Il découvre une jeune femme (peut-être 30 ans) qui progresse sans trop s'inquiéter des risques qu'elle prend. Elle fait preuve d'un comportement autodestructeur léger, mais bien réel. Elle ne sait pas gérer son argent, dans la mesure où elle le dépense au jeu, sans trop se soucier des conséquences. Elle se met dans des situations où elle sait qu'elle risque de prendre des coups, sans pouvoir les parer. Elle est bien sûr obstinée, et elle sait additionner deux plus deux, même si elle n'arrive pas à anticiper les coups suivants, à la fois littéralement, à la fois de manière imagée. Le lecteur constate également qu'elle sait s'y prendre pour demander des services à quelques personnes de son entourage, sans pour autant exagérer. Elle s'occupe de son frère de bonne grâce, l'aidant pour retrouver ses affaires, pour manger, pour trouver quelqu'un qui s'occupe de lui quand elle ne peut pas être présente.



Dex Parios progresse son enquête de manière très pragmatique, par essais et erreurs, en posant des questions directes et basiques, sans trop se préoccuper de la réaction de ses interlocuteurs, tout en se rendant bien compte qu'elle met parfois sa vie en danger. Elle dispose d'assez de jugeotte pour se rendre compte quand les réponses ne sont pas franches, quand il s'agit d'un mensonge par omission, ou d'une réponse trompeuse. Greg Rucka déroule donc une enquête de type réaliste, avec un enjeu très local (retrouver une fugueuse), sans rien de spectaculaire, et une détective pragmatique qui ne lâche pas le morceau. Le lecteur se rend vite compte que la narration est fluide, qu'elle évite les longs dialogues artificiels, les scènes d'explication avec exposé ou soliloque. Effectivement la narration visuelle n'est pas pesante, ne s'enlise pas des enfilades de têtes en train de parler. Le lecteur y voit là l'art de conteur du scénariste qui a pensé et conçu son récit en fonction des caractéristiques de ce média. Matthew Southworth est un artiste qui avait réalisé quelques épisodes de séries de superhéros pour DC et Marvel, et qui signe là son travail le plus conséquent.



En première approche les dessins de Matthew Southworth évoquent un croisement entre ceux de Michael Gaydos et de Sean Phillips. Le lecteur détecte leur influence dans sa manière d'utiliser des aplats de noir aux contours irréguliers, pas bien lissés, ce qui rend compte à la fois du côté rugueux de la réalité, et de la difficulté de la percevoir de façon nette. Cette façon de dessiner n'est pas synonyme d'à peu près. De séquence en séquence, le lecteur peut apprécier la capacité de l'artiste à représenter les différents endroits. Ça commence donc avec une berge de la rivière Willamette, avec les herbes folles, un canard hébété en train d'observer la scène, les branches d'arbre en ombre chinoise, la silhouette du tablier du pont en haut dans le lointain, et l'eau noire. Le lecteur peut ensuite observer l'affluence autour des tables du casino, l'ameublement du bureau de Sue-Lynne Suppa, celui de la grande pièce de l'appartement de Dex Parios, la façade de celui de Charlotte Suppa, l'aménagement luxueux de la villa d'Hector Marenco, avec vue sur le fleuve, etc. Chaque scène se déroule dans un endroit bien décrit, avec suffisamment de particularités pour être unique, et pour être plausible. En outre les cases comprennent des arrière-plans à plus de 80% ce qui assure un bon niveau d'immersion du lecteur.



Matthew Southworth utilise la même approche réaliste pour les personnages. Ils disposent de morphologies normales, sans exagération anatomique, sans mise en avant de leurs attributs sexuels. Les différents mouvements s'inscrivent également dans un registre ordinaire, sans exagération, des postures normales d'adulte. Même si dans un premier temps, le lecteur peut trouver que les visages sont un peu rêches, pas peaufinés, il se rend compte que comme Dex Parios, il guette les réactions sur les visages. Il se demande ce que peut penser tel ou tel personnage pendant un dialogue, s'il cache quelque chose, s'il calcule chacune de ses réponses. Il éprouve facilement de l'empathie quand il voit apparaître une émotion non feinte sur un visage. Chaque prise de vue est adaptée à la nature de la séquence, variant les plans sur les environnements, sur les visages, ou sur les actions de personnages, apportant de la variété de la lecture, avec des cadrages larges ou resserrés, comme si le lecteur ajustait sa vision pour regarder ce qui importe le plus. Après une première impression un peu rêche, l'opinion du lecteur sur les dessins évolue pour en apprécier le naturel et le pragmatisme, au point que la narration visuelle devient une évidence et s'efface pour laisser le premier plan à l'intrigue.



Greg Rucka a concocté une enquête, sur une disparition d'une jeune femme, peut-être une fugue, peut-être un enlèvement. Dès que Dex Parios comence à s'intéresser à son affaire (simplement en se rendant à l'appartement de Charlotte Suppa), elle déclenche une série de réactions imprévues. Il y a des individus qui la tabassent, visiblement des gros bras employés par quelqu'un, habitués à intimider les civils par la force mais pas des professionnels. Au contraire, les suivants à s'en prendre à Dex Parios ont des méthodes plus professionnelles. Elle se retrouve vite devant un individu au compte en banque bien garni et l'influence importante, avec une fille au comportement étrange. Le naturalisme des dessins de Matthew Southworth évite que les réactions des uns et des autres ne basculent dans la comédie de situation avec des mauvais acteurs. Le naturalisme de l'écriture de Greg Rucka évite que l'histoire ne bascule dans le thriller aux grosses ficelles, ou dans le polar d'action avec des personnages aux capacités physiques extraordinaires. De même, il évite de faire jouer le rôle d'otage à Ansel, ou de faire jouer le rôle de deus ex machina à l'officier Tracy Hoffman qui ne dispose pas d'informations toutes prêtes pour son amie. Le scénariste sait rendre la progression de l'enquête crédible et plausible. Le lecteur découvre les indices en même temps que Dex Parios et sert les dents quand elle encaisse des coups. Les motifs se dévoilent progressivement et ils sont directement issus du milieu dans lequel se déroule le récit. Greg Rucka applique à la lettre les règles du polar pour faire apparaître les caractéristiques d'un milieu. Il le fait en creux, laissant le soin au lecteur de prendre du recul pour constater ce que décrit le récit, essentiellement les conditions de vie de Dex Parios, avec leurs particularités qui en font une personne à part entière, s'incarnant de page en page.



Cette première enquête de Dex Parios est une vraie réussite, un polar réaliste. Le lecteur ressent rapidement la fluidité et le naturel de la narration visuelle et des situations, utilisant les conventions du polar, sans jamais tomber dans les clichés ou les stéréotypes. En refermant ce tome, il lui semble avoir vécu aux côtés de Dex Parios, l'ayant admirée pour sa ténacité, son opiniâtreté, sa capacité à commettre des erreurs et à toujours se relever. Il lui tarde de la retrouver pour une nouvelle enquête.
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Wonder Woman Rebirth, tome 2

Ce tome est le premier d'une nouvelle époque pour Wonder Woman. Il fait suite à la version New 52 qui s'est terminée avec Wonder Woman, Déesse de la guerre Tome 3 (épisodes 48 à 52, Rebirth 1). Celui-ci contient les épisodes Wonder Woman: Rebirth 1, et Wonder Woman 1, 3, 5, 7, 9 et 11, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Liman Sharp, avec une mise en couleurs de Laura Martin. L'épisode Rebirth a été dessiné par Matthew Clark, encré par Sean Parsons et mis en couleurs par Jeremy Colwell. Le tome 1 Wonder Woman Rebirth, tome 1 (épisodes 2, 4, 6, 8, 10, 12, 14) est dessiné par Nicola Scott, et Bilquis Evely, et propose une nouvelle version des origines de Wonder Woman. Cette séparation entre épisode pair et impair s'explique par le rythme de parution bimensuel qui a conduit à les répartir sur 2 équipes artistiques différentes.



Rebirth - Diana (Wonder Woman) éprouve des doutes quant à son identité, son histoire personnelle et la réalité qui l'entoure. Elle a l'impression d'un mouvement de balancier entre deux histoires différentes, sans qu'elle ne sache laquelle est plus réelle que l'autre. Elle rentre chez elle et observe le casque d'Ares qui est sur sa commode. Elle finit par se rendre à Olympus. Épisodes impairs - Wonder Woman s'est rendue dans la jungle d'Urzari, dans la région d'Okarango dans le pays du Bwunda. Elle est à la recherche d'une personne bien précise : la docteure Barbara Ann Minerva, actuellement sous sa forme de Cheetah. Dans un premier temps, elle se heurte à des êtres mi-homme mi-lycaon, qui l'empêchent de progresser.



Dans le même temps, Steve Trevor se trouve en mission dans le même pays à quelques kilomètres de là, pour mettre un terme aux exactions du colonel Andres Cadulo. Il s'agit d'une opération commanditée par le projet A.R.G.U.S. (Advanced Research Group Uniting Super-Humans), sous la responsabilité d Etta O. Candy. Elle-même en réfère à sa supérieure hiérarchique Sasha Bordeaux. Sur le terrain, Steve Trevor et son équipe sont amenés à se diriger vers cette même jungle Urzari. Diana a établi le contact avec Cheetah et essaye d'échanger avec elle. Elle comprend qu'elle est toujours sous le coup d'une forme de malédiction (celle qui a transformé Minerva en Cheetah) qui l'éloigne de plus en plus de son humanité. Qui plus est, le groupe de Bouda (les créatures garou) ne sont pas au service de Cheetah mais d'une déité appelée Urzkartaga.



En 2011, dans Flashpoint, Geoff Johns & Andy Kubert mettent un terme à la continuité interne de l'univers partagé DC, établie depuis 1985, après Crisis on infinite earths de Marv Wolfman & George Perez. À partir de 2011, l'ensemble des séries et des personnages DC redémarrent à zéro dans une opération baptisée The New 52. Le personnage de Wonder Woman a lui aussi droit à sa série et à son redémarrage avec Wonder Woman, Tome 1 : Liens de sang de Brian Azzarello & Cliff Chiang. En 2016, l'éditeur DC Comics annonce un nouveau redémarrage, l'opération appelée Rebirth, mais il ne s'agit pas d'une remise à zéro. Lorsque ce présent tome d'une nouvelle série de Wonder Woman paraît, le lecteur ne sait pas encore ce que recouvre Rebirth, ni quels changements il va amener aux personnages datant de New 52. Par exemple la nouvelle série Superman (par Peter J. Tomasi & Patrick Gleason) mélange des personnages pré Flashpoint et post Flashpoint.



En ayant à l'esprit cette dichotomie entre les 2 versions, le lecteur comprend mieux ce qui se joue dans l'épisode Rebirth. Le personnage Wonder Woman ne sait plus trop à quelle version se vouer pré ou post Flashpoint. Greg Rucka en profite pour intégrer la notion de vérité, valeur directement liée au personnage principal par le biais de son lasso de vérité, sorte de transposition du détecteur de mensonge à la création duquel William Moulton Marston (le créateur de Wonder Woman) aurait participé. Matthew Clark réalise des dessins descriptifs propres sur eux, aux contours bien nets, en respectant l'allure du costume New 52 de Diana, sans exagérer sur ses courbes. Le lecteur termine cet épisode de transition pré-Rebirth / post-Rebirth, un peu décontenancé, sans avoir appris grand-chose, sans aucune idée de la direction de la série mensuelle.



Il découvre ensuite les dessins de Liam Sharp, artiste ayant travaillé sur des séries comme Testament de Douglas Rushkoff, ou réalisé une histoire des Aliens Fast track to Heaven. Il réalise également des dessins dans un registre descriptif, mais avec une utilisation de l'encrage plus poussée pour représenter la texture de chaque surface et pour sculpter plus finement chaque forme. Cette approche donne une consistance impressionnante à la jungle, à la fourrure des animaux et des créatures bouda. Elle rend compte du fait que les uniformes militaires du groupe de Steve Trevor ont été déjà portés maintes fois. L'usage de ces petits traits secs confère un âge de trentenaire aux personnages, ce qui change des protagonistes ayant tous une petite vingtaine d'années. Wonder Woman a l'air crédible en guerrière, malgré son bustier et ses épaules dénudées, en particulier grâce à une forme de jupette qui évite une apparence trop pin-up en maillot de bain. Sharp n'a d'autre possibilité que de respecter l'apparence de Cheetah : un corps de femme dénudé, recouvert de fourrure, avec bien sûr une grosse poitrine, mais aussi des griffes et des dents acérés, rappelant qu'il s'agit d'un félin sauvage et dangereux. Il conserve l'apparence de petite boulotte à Etta Candy, tout en lui donnant une autorité naturelle. La première apparition de Sasha Bordeaux dans sa cuisine laisse le lecteur avec la bouche bée, devant sa beauté et son naturel. Veronica Cale est un peu moins convaincante, avec un visage trop lisse, et une beauté trop froide.



Au fil des pages, le lecteur finit par regretter que Liam Sharp maîtrise trop bien l'art et la manière de masquer l'absence d'arrière-plan, en particulier avec des personnages occupant toute l'aire de la case. Du coup, certains environnements ne semblent plus qu'une collection de décors sans réussir à donner une impression de lieu avec une topographie consistante. Il apparaît aussi régulièrement que le dessinateur a pris grand plaisir à réaliser certaines cases. Il y a un dessin pleine page ou presque dans lequel Steve Trevor et ses 2 acolytes progressent dans des ruines, prêts à riposter au moindre signe d'agression. Les créatures bouda se lançant sur Wonder Woman sont pleine d'entrain pour aller dépecer leur proie. Le lecteur admire Cheetah se déplaçant à toute allure, ou encore montrant ses griffes ou ses crocs. Le dessinateur réalise une page poignante sur fond noir, dans laquelle les bordures de cases ont la forme de barreaux de cellule, avec les visages des prisonniers qui sont mangés par l'obscurité de la prison. Dans l'avant dernier épisode, Diana sort pour saluer la foule dans un gigantesque centre commercial à l'occasion d'un dessin en double page, où Sharp s'est fortement investi pour montrer chaque individu formant la foule de badauds.



En entamant cette nouvelle phase des aventures de la princesse amazone, le lecteur en attend beaucoup. Meredith Finch n'avait pas vraiment enthousiasmé le lectorat dans la série précédente, et Greg Rucka avait laissé une impression plutôt positive lors de son précédent passage sur la série, commencé en 2002, voir Wonder woman, tome 1. Il doit composer avec le contexte éditorial assez particulier de Rebirth, entre 2 incarnations du personnage. Il met en scène plusieurs des personnages réguliers de la série : Steve Trevor (une version soldat baroudeur, sans beaucoup de personnalité), une version d'Etta Candy qui fait penser à Amanda Waller (avec un meilleur caractère) dans sa version pré-Flashpoint, Cheetah sans beaucoup de personnalité non plus, Veronica Cale (pas assez de temps d'apparition pour se faire une idée), Sasha Bordeaux dans une version très intrigante (personnage créé par Greg Rucka en 2000 dans la série Detective Comics).



Le lecteur éprouve quelques difficultés pour se sentir impliqué par l'intrigue. La recherche de Cheetah conduit Wonder Woman à se battre contre des créatures garou sans identité, puis à affronter une déité à usage unique sans grand intérêt. Du coup, il se sent plus intéressé par les manigances de Sasha Bordeaux et par le degré d'implication d'Etta Candy. Le pauvre village africain visité par Steve Trevor sent bon aussi le carton-pâte et les clichés d'une vision occidentale superficielle. Le retour sur Themyscira peine à retenir l'attention parce que finalement cette fluctuation entre 2 versions, 2 historiques n'a pas beaucoup d'incidence sur Diana en tant qu'individu. Les retrouvailles entre Diana et Steve Trevor baignent dans un romantisme factice, avec un coucher de soleil sur l'océan en arrière-plan, et un dialogue manquant de cœur.



Greg Rucka revient à Wonder Woman après 15 ans. Il réussit à présenter une Diana en mode guerrière, sans être trop bourrine, ou obsédée par la paix, avec une consistance visuelle certaine, grâce à des dessins sérieux et impliqués de Liam Sharp. Néanmoins ce dernier ne sait pas toujours conserver une substance suffisante aux environnements, et la sensation d'immersion du lecteur varie en fonction des pages. Le scénariste doit gérer une phase de transition assez hermétique pour les lecteurs occasionnels, assez anecdotique pour les lecteurs réguliers qui préféreraient passer rapidement à une histoire de fond.
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Star Wars : Shattered Empire

Challenge Petits Plaisirs 2014/2015



"Les ruines de l'Empire" est un comics relativement cours qui accompagne la sortie de "Star Wars Episode VII" au cinéma. Il fait partie du nouveau canon instauré par Disney depuis le rachat de l'univers. Pour être honnête, je m'attendais à autre chose…



A quelques jours de la sortie du nouveau volet de la saga, j'ai eu envie d'une petite dose supplémentaire pour patienter. Après le roman moyen "Aftermath", je me suis laissé tenter par cette BD qui fait un lien entre "Le retour du Jedi" et "Le réveil de la Force".



L'histoire démarre en pleine bataille d'Endor mais d'un point de vue inédit : celui de Shara Bey. Autant le dire tout de suite, Shara est l'héroïne de cette histoire. Tour à tour, elle va aider Han Solo, Léïa et Luke, à chaque fois lors d'une mission différente : récolter des informations avec Han, sauver Naboo avec la princesse et récupérer des arbres (oui des arbres !) avec Luke.



Une chose est sûr, les auteurs se sont arrangés pour lier les deux trilogies existantes notamment avec la partie sur Naboo qui rappelle légèrement le final de "La menace fantôme". Pour ce qui est de créer un pont vers la suite, j'ai un peu plus de mal à juger étant donné que j'ai sciemment évité la moindre information sur le film. Ni bande annonce, ni news, j'ai réussi l'exploit de n'absolument rien me spoiler (chose ardue au vue de la communication virale sur le sujet). Bon, pour me rassurer sur la réalité de liens dans cette histoire, j'ai tout de même fait une petite entorse et j'ai googlé "Shara Bey" pour découvrir qu'elle et son mari Kes Dameron (que l'on voit très peu ici) sont les heureux parents d'un personnage du "Réveil de la Force".



Si les dessins sont soignés et tout particulièrement concernant les protagonistes de la trilogie classique qui retrouvent ici toutes leur jeunesse, l'histoire déçoit énormément. Peut-on d'ailleurs parler d'histoire ? Je ne suis pas sûr ! J'ai surtout l'impression que tout est prétexte à batailles et explosions au détriment d'une intrigue plus profonde. Ca en met plein les yeux, ça joue le fan service à fond mais il n'en restera rien d'ici quelques temps.



J'imagine qu'il est difficile de produire des récits qui dévoilent le moins possible un film qui n'est pas encore sortie. De ce côté-là c'est réussi. En revanche, cela ne laisse rien augurer de bon pour le futur du nouveau canon. J'espère qu'une fois "Le réveil de la Force" bien exploité en salle, les romans et comics gagneront en complexité et intérêt, libérés qu'ils seront de l'obligation de mystère.



Ce n'est donc pas très rassuré que je ressors de cette lecture. Je n'attends que la sortie du film pour me donner tort !
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Batwoman, Tome 0 : Élégie

Les personnages féminins dans les comics sont généralement assez nazes. Soit qu'ils ne sont pas vraiment travaillé, ils restent alors des personnages secondaires sans réelle importance, soit que la seule chose qui compte chez eux soit la plastique, on a alors des super-héroïnes bombasses crées pour satisfaire les fantasmes d'un public en majorité masculin. À ce jeu, Marvel a toujours été, je trouve, plus cliché encore que DC Comics.

C'est donc assez logiquement chez DC Comics que l'on trouve ENFIN une superhéroïne qui a la classe, qui n'est pas sexualisé à outrance, et dont on a envie de suivre les évolutions parce qu'elle fait jeu égal avec les autres persos (masculins) en costume. Cette Batwoman est d'autant plus réussi qu'elle est lesbienne, et que cette orientation sexuelle de l'héroïne n'est pas un prétexte pour dessiner des scènes de cul mais sert l'intrigue et a tout son sens dans le déroulement de la bédé.

Le scénario est assez simple mais efficace. Il y a un nouveau leader du crime en ville et Batwoman veut savoir qui c'est. Au passage on croise le Chevalier Noir, Batman en personne, qui se tient cependant à l'écart. En même temps on découvre comment Kate est devenu Batwoman.

Le dessin est excellent ! Il y a un grand travail de réalisé sur chacune des planches et l'impression de mouvement est fort bien rendue. Un peu trop peut-être, et la richesse du dessin "casse" parfois un peu le rythme de l'histoire. On se perd dans les détails au lieu de suivre l'histoire.

Globalement j'ai trouvé que c'était un trés bon comics. Je recommande !
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Lazarus, tome 7 : Risen

Un album très rythmé. .D’un côté de spectaculaires actions de guerre où Forever de plus en plus complice avec Johanna ,élimine traitres et Lazare adverses . Puis en compagnie de Sonja elle fait tourner en bourrique le monstrueux Lazare russe dans un but mystérieux . Du côté interne de la maison Carlyle on suit les progrès de Huit et les problèmes psychologiques de Bethany .Du côté de Malcom Carlyle malade et sur la touche ça ne s’arrange pas avec Abigail son épouse . Très bon album
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