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Critiques de Greg Rucka (342)
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Whiteout, Tome 1 :

Ce type de bande dessinée est une première pour moi. J'ai bien appréciée ma lecture et je suis curieuse de lire la suite.



J'ai vraiment accrochée aux personnages. Ils ont de la personnalité et ils sont très bien représentés. Les femmes ont d'ailleurs des traits réalistes pour une fois. De plus, le personnage principal, qui est une femme, se tient loin des stéréotypes.



L'histoire est bonne mais je ne suis pas une grande adepte des histoires de meurtres. Cependant, l'ambiance est vraiment géniale. Les dessins sont très réussis et mettent bien en valeur le froid de l'Antarctique.
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Lazarus, tome 6

Immersion au côté des personnages

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Par ordre de parution, ce tome a été publié après Lazarus - Tome 05: Génocide programmé (épisodes 22 à 26) Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2017, tous les épisodes étant coécrits par Greg Rucka et se focalisant sur des personnages différents, avec des artistes différents. La mise en couleurs des 6 épisodes a été réalisée par Santi Arcas.



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Épisode 1 (coscénariste Eric Trautmann, dessiné et encré par Steve Lieber) - Casey Solomon débute son entraînement dans le camp militaire destiné à former l'élite des soldats de la famille Carlyle : les Daggers. Elle bénéficie du respect de ses supérieurs parce qu'elle a été désignée par la Lazarus Forever Carlyle, elle-même. Par contre, certaines autres recrues estiment qu'elle n'a pas mérité sa place car elle ne l'a pas gagnée comme eux, en particulier le candidat Cervantes.



Il n'est pas certain que le lecteur soit emballé à l'idée de lire une série dérivée de la série principale Lazarus, d'autant plus qu'il s'agit déjà de la deuxième (avec celle des 3 sourcebooks), que Rucka n'en est que le coscénariste, et que les épisodes ne sont pas dessinés par Michael Lark, le dessinateur attitré de la série principale. S'il réussit à dépasser ses réticences, il se rend compte que chaque épisode se focalise sur un personnage différent, et que la mention +66 correspond à 66 ans après le partage du monde en territoires gouvernés par des familles, avec une société basée sur un système de 3 castes : les familles, les serfs et les rebus (waste).



Pour ce premier épisode, il vérifie une deuxième fois qu'il n'est pas dessiné par Michael Lark. Effectivement, la mise en couleurs est réalisée à l'identique de la série mère, et pour cause puisque c'est le même coloriste Santi Arcas qui s'en occupe avec un parti pris réaliste et en utilisant avec intelligence les possibilités de l'infographie, sans en abuser. Steve Lieber réalise des dessins plus légers en aplats de noir que de Lark, avec des traits de détourage un peu plus épais. Il sait se retenir dans les expressions des visages pour ne pas provoquer d'effet comique comme dans l'excellente série The Fix, Tome 1 : De l'or pour les banques de Nick Spencer. Les décors sont assez fournis pour que le lecteur puisse voir les personnages interagir avec les baraquements et le matériel militaire, ou encore peiner dans la boue. Lieber reste dans un registre descriptif mesuré sans dramatiser les postures ou les prises de vue, ce qui donne plus d'impact aux blessures ou aux épreuves comme celle du bain de sang.



Le lecteur se rend compte qu'il retrouve avec plaisir Casey Solomon et qu'il ne se fait pas prier pour assister à son entraînement pour intégrer le corps militaire d'élite des Daggers. Sur la base d'une intrigue classique, Eric Trautman, sait nourrir les relations interpersonnelles pour que les personnages s'incarnent et qu'il puisse éprouver de l'empathie pour eux, espérer qu'ils pourront supporter les épreuves et les douleurs pour atteindre leur but. Arrivé à la fin de ce premier épisode, le lecteur se dit qu'il a bien fait de céder à la tentation car la qualité est au rendez-vous, même si Forever Carlyle ne passe que le temps d'une case, et de dos encore. Casey Solomon méritait de voir son histoire développée, et les dessins sont à la hauteur, ainsi que la narration. 4 étoiles.



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Épisode 2 (coscénariste Aaron Duran, dessiné et encré par Mack Chater) - Dans le fief de la famille Morray (implantée dans ce qui fut autrefois le Mexique), la question se pose de l'allégeance de Joacquim Morray, leur Lazarus. Il va être testé par les membres de la famille qui l'envoient pour une mission, afin d'évaluer le degré de liberté qu'il est possible de lui accorder.



S'il a lu la série Briggs Land de Brian Wood, le lecteur se fait un plaisir de retrouver les dessins secs et durs de Mack Chater. À nouveau, la mise en couleurs de Santi Arcas assure une continuité parfaite avec la série mère. Il s'avère que Chater dessine encore plus de manière similaire à Michael Lark, au point que le lecteur ressent l'impression de lire un épisode de la série mère, avec des visuels descriptifs et factuels, sans parti pris émotionnel pour les personnages. Il note que Chater utilise un peu plus d'angles de vue en contreplongée pour augmenter l'effet dramatique, mais sans basculer les visuels de superhéros non plus. Changement de famille et changement de personnage principal, les coscénaristes montrent les conséquences des choix de Joacquim Morray dans la série mère. À nouveau, le lecteur est agréablement surpris par le soin apporté aux dialogues qui ne restent pas dans un domaine uniquement fonctionnel, mais qui apportent également des informations sur l'état d'esprit des personnages, en utilisant régulièrement les non-dits, les expressions de vidage portant le degré de nuance nécessaire pour que le lecteur puisse se faire son opinion sur le ressenti des protagonistes même s'il n'est pas explicité dans les dialogues. Il se laisse donc emporter dans la manière dont la famille gère le risque représenté par son Lazarus, appréciant en plus la qualité du thriller qu'est la mission du Lazarus. 5 étoiles.



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Épisode 3 (coscénariste Neal Bailey, dessiné et encré par Justin Greenwood) - Lors de la précédente cérémonie de Cueillette (Cull), Michael Barrett a été cueilli et élevé au rang de serf par la famille Carlyle, occasionnant ainsi l'intégration de ses parents Bobby & Joe Barrett dans la ville de San Francisco. Ils se rendent au bal du printemps organisé par la famille Carlyle, l'événement bénéficiant d'une couverture médiatique assurée par Seré Cooper en personne.



Dans le tome 2 Lazarus - Tome 02: Ascension, le lecteur avait découvert la richesse thématique de la série, utilisant les conventions du genre post apocalyptique pour effectuer des commentaires pénétrants sur le système capitaliste, en particulier avec l'espoir des parents Bobby & Joe Barrett que leur enfants puissent être repérés et accéder au statut de serf, classe sociale enviée. Il retrouve donc avec plaisir ces 2 parents dans lesquels il s'était investi émotionnellement pour découvrir comment ils vivent à l'abri du besoin, en tant que serf. Il retrouve toute la dextérité de Geg Rucka car finalement les parents ont pu améliorer leur condition sociale grâce à l'investissement et aux sacrifices réalisés par leurs enfants, dans une inversion perverse du schéma habituel où les parents se sacrifient pour les enfants.



Justin Greenwood effectue l'effort de passer du temps dans la représentation des différents décors, accessoires et costumes. Toutefois, il détoure les contours de manière plus lâche que Michael Lark, et s'éloigne donc plus de ce modèle que les 2 autres dessinateurs. Sa narration visuelle reste impeccable, comme elle l'est dans la série The Fuse d'Antony Johnston, mais le lecteur peut éprouver une sensation de flottement du fait de la légère différence d'approche graphique. À nouveau la trame de l'intrigue reste convenue, et à nouveau le coscénariste sait donner vie aux personnages au travers de dialogues bien travaillés, de telle sorte à ce que le lecteur ressente les émotions des personnages, leurs doutes, leur questionnement sur leurs convictions et leurs valeurs. 5 étoiles.



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Épisode 4 (coscénariste Eric Trautmann, dessiné et encré par Alitha Martinez) - Par le jeu des alliances, la famille Carlyle a confié la mission d'infiltrer une ancienne base de la famille Solari (maintenant exterminée, basée en Afrique), à deux autres familles les Nkosi et les Meyers-Qasimi. Chacune envoie son lazarus : Xolani pour les Nkosi, Alimah pour les Meyers Qasami. Ils doivent récupérer des données sensibles sur le processus qui a permis de développer Semyon Stepanovitch Morozov (surnommé Zmey), le Lazarus de la famille Vassalovka.



À nouveau le lecteur est séduit d'amblée par l'idée de découvrir 2 autres familles et leur Lazarus. Il n'en perçoit que mieux la richesse du monde créé par Greg Rucka et ses potentialités, ainsi que la cohérence de ce futur post apocalyptique. Les dessins d'Alitha Martinez reviennent dans un registre plus réaliste, en respectant la nature para militaire du récit, que ce soit pour les tenues vestimentaires ou les opérations commando. Ses traits de contour présentent un tout petit peu trop d'arrondis pour rendre compte de la dureté de cette civilisation, les personnages sourient un tout petit peu trop et sa narration n'est pas assez dans le ton d'un reportage. Néanmoins sa mise en image reste claire et factuel, facile à lire et à nouveau rehaussée par la mise en couleurs de Santi Arcas.



Le lecteur accepte bien volontiers que la relation entre les Lazarus des familles Nkosi & Meyers-Qasimi soit moins tendue que celles du Lazarus des Carlyle avec tous les autres. La mission qui leur a été confiée fait sens dans le contexte de ce futur post apocalyptique, et apparaît bien tordue ce qui est cohérent avec les exigences à double fond de la famille Carlyle. En outre, l'enjeu de la mission a des répercussions sur la série mère, en fonction de son dénouement. 4 étoiles.



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Épisode 5 (coscénariste Eric Trautmann, dessiné et encré par Bilquis Evely) - Seré Cooper a longtemps été la journaliste à qui on confiait les enquêtes les plus sensibles pour le compte de CeeTV. Après s'être retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment, elle ne couvre plus que des événements mondains. Contre l'avis de sa responsable Sua Khab, et sur les conseils de l'agent James Sloane (haut responsable du service de sécurité de la famille Carlyle, elle décide de réaliser un reportage sur les réfugiés arrivant sur le territoire du clan Carlyle.



Le lecteur se fait un plaisir de retrouver la dessinatrice de la série Sugar & Spike de Keith Giffen. Evely s'est elle aussi coulée dans le moule graphique défini par Michael Lark, sans rien perdre de l'élégance qu'elle sait conférer aux personnages. À nouveau la mise en couleurs assure la cohérence de l'impression générale avec les autres épisodes et ceux de la série mère. La précision de la description s'élève de plusieurs degrés et le lecteur s'immerge totalement dans les environnements où évolue Seré Cooper. Rucka & Trautmann ont conçu une intrigue imprévisible et logique, basée sur une enquête avec un suspense réussi, des conséquences sur l'intrigue de la série mère, et une mise en scène intelligente des enjeux de l'information en temps de guerre, avec une réflexion qui n'est pas qu'à charge contre l'autorité totalitaire. Cet épisode est une grande réussite, au niveau des meilleurs épisodes de la série mère. 5 étoiles.



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Épisode 6 (coscénariste Eric Trautmann, dessiné et encré par Tristan Jones) - Dans l'ex -République de Sakha (aussi appelée Yakoutie), Vladislav Martatovitch Mstislvaskiy est parti à la chasse au dragon dans une région désertique. Il affronte des loups et finit par arriver à l'entrée de la caverne du dragon. Il se prépare à l'affrontement contre Semyon Stepanovitch Morozov, dit Zmey, le Lazarus de la famille Vassalovka



Dans le tome 5, le lecteur avait eu un aperçu effrayant et effarant des capacités du Lazarus de la famille Vassalovka. L'épisode commence comme un conte, avec un monologue intérieur ambivalent pouvant aussi bien être celui du chasseur que celui du dragon. Le lecteur sait que l'enjeu de l'épisode est d'étoffer l'histoire personnelle de Semyon Stepanovitch Morozov, et qu'il n'échappera pas à quelques poncifs sur les événements qui peuvent conduire un individu à se conduire comme un monstre. De ce point il est servi même si l'histoire du chasseur fournit un contrepoint aux stéréotypes mis en œuvre. Tristan Jones réalise des dessins se coulant dans le moule graphique de la série, avec une petite influence Tim Bradstreet qui donne une sensation plus rugueuse tout à fait adaptée. 4 étoiles pour un récit intense et sans pitié, mais un peu convenu.



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Au final, cette série dérivée s'avère être d'excellente facture, et sa lecture se justifie pour elle-même, sans devoir être jugée sur la base de ce qu'elle apporte à la série mère. Les auteurs n'ont pas lésiné, que ce soit Greg Rucka sur les trames qu'il a fournies, sur la manière dont les coscénaristes ont su faire exister les personnages, et pour le travail des 6 différents artistes qui ont su concilier l'identité graphique de la série avec leurs propres identité graphique, tout en s'investissant pour des pages soignées. En outre, le lecteur peut à la fois constater la richesse et le potentiel du monde créé par Greg Rucka, et en apprendre plus plusieurs situations et personnages de premier plan. 5 étoiles.
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The Old Guard, tome 2 : Retour en force

Ce tome fait suite à The Old Guard, tome 1 : A feu et à sang qui constitue la première saison d'une trilogie. Celui-ci contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Leandro Fernández, et mis en couleurs par Daniela Miwa. La dernière page annonce une troisième et dernière saison intitulée The Old Guard fade away.



Il y a 6700 ans, quelque part en Eurasie centrale, le choc se produit entre une troupe de cavaliers menée par une jeune femme, et une armée de fantassins. Il est terrible : les lances et les haches tailladent sans pitié pendant que quelqu'un commente sur l'importance des premières fois, et à quel point elles s'incrustent à tout jamais dans la mémoire. Au temps présent, en Californie, Andy (Andromaque) et Nile conduisent à tombeau ouvert, chacune au volant d'une voiture de sport, sur la Highway 1, poursuivie par une dizaine de voitures de police, et au moins deux hélicoptères. Peu de temps auparavant, elles avaient libéré des esclaves dans une somptueuse villa d'un caïd, aidées par Nicky et Joe. En son for intérieur, Andy pense au fait qu'elle a commis beaucoup de bêtises, qu'elle n'aura peut-être jamais assez temps pour se racheter, que les gens qui sont au pouvoir feront tout pour le garder, et qu'ils essaieront à tout prix de convaincre les autres que les choses sont ainsi pour le mieux. Les deux véhicules sont arrivés au niveau d'un pont franchissant une gorge très haut au-dessus d'une rivière et au bout duquel a été dressé un barrage de police avec des herses sur la route. Toujours en communication par téléphone, les deux femmes acquiescent pour dire que c'est le bon endroit. La première braque brusquement et envoie la seconde valdinguer par-dessus le parapet, puis elle percute les voitures police en travers de la route, fait elle-même des tonneaux qui lui font quitter le tablier du pont et chuter dans le précipice.



Pendant toute la nuit, les forces police fouillent les alentours des piles du pont, autour de la carcasse des deux voitures. Ils ne retrouvent pas de cadavre. Enfin Andy et Nile parviennent à remonter jusqu'au bord de la route, jusqu'à la petite camionnette où les attendent Joe et Nicky. À Marseille, un individu passablement éméché rentre chez lui. Il parvient à l'étage où se trouve son appartement, et après plusieurs tentatives il réussit enfin à insérer la clé dans la serrure et à rentre à l'intérieur. Il referme la porte, met les verrous, dégaine son arme à feu et tire sur la silhouette assise dans son fauteuil. Il la rate. Toujours dans la pénombre, la femme s'adresse à lui et l'appelle de son vrai nom : Sébastien le Livre, surnommé Booker. Deux autres individus se jettent sur lui et le maîtrise. La femme lui demande où se trouvent les autres : il fait celui qui ne comprend pas. Il est emmené sur le bateau de Noriko, et elle l'assure qu'il finira par révéler tout ce qu'il sait.



Le lecteur revient avec grand plaisir pour cette deuxième saison d'une série mettant en scène des individus qui ne meurent pas et qui exercent le métier de soldat depuis plusieurs siècles, des guerriers sans pitié et résistant aux blessures grâce à un pouvoir guérisseur bien pratique, pour des missions bien violentes. Premier attendu : des scènes d'action échevelées. Mission remplie par les auteurs : une gigantesque scène de bataille il y a plus de 6.000 ans avec des dizaines de combattants dans un choc frontal, des blessures dont coule du sang, des morts, de l'ardeur au combat. L'artiste ne fait pas dans le gore graphique, mais il ne ménage pas sa peine pour rendre compte de la brutalité et du nombre de combattants. La séquence de course-poursuite en voiture bénéficie également d'un plan de prise de vue soigneusement construit, rendant compte de la vitesse, des groupes en présence, se concentrant sur l'enchaînement des mouvements et des actions, pour un résultat nerveux et brutal. Le lecteur remarque que les scènes d'action sont brèves et concentrées, ces forces en présence ne faisant pas dans la dentelle, ne cherchant pas la démonstration de leurs aptitudes au combat, mais l'efficacité, ce qui est cohérent avec leur longévité : ils n'ont plus rien à prouver et ils privilégient la brièveté parce qu'ils ont d'autres choses à faire après. Les dessins descriptifs avec une petite touche d'exagération permettent d'augmenter un peu le niveau de violence pour devenir encore plus extrême et grotesque sans apparaître ridicule et idiot. Le lecteur peut aussi prendre le temps de s'arrêter sur un ou deux coups portés avec une force démesurée et sur une ou deux expressions de visage à ce moment-là, et sourire, parce que le dessinateur se lâche.



Cette vieille garde continue de mettre à profit son immortalité, ou en tout cas sa longévité à l'échelle de plusieurs siècles et même de plusieurs millénaires. Ces personnes disposent d'un facteur de guérison toujours aussi puissant, qu'il s'agisse de survivre à une noyade (et même plusieurs), ou à une grêle de balles. Le lecteur aimerait bien savoir comment ce pouvoir fonctionne car il soupçonne une bonne dose de surnaturel à l'œuvre, en particulier quand un tir de barrage serré emporte de gros morceaux de viande d'Andromaque, et qu'elle est reconstituée dès la page suivante, comme si de rien n'était, se jetant sur ses agresseurs, avec une grande hache à double lame. Peut-être que l'artiste y ait allé un peu fort, a un peu trop exagéré, mais la reconstitution de la chair semble miraculeuse. Au contraire du premier tome, celui-ci ne balade pas les personnages aux quatre coins du monde, de Barcelone, à un désert du Soudan, en passant par l'Afghanistan, Paris, les Baux-de-Provence, Dubaï, l'île de Malte. Cette fois-ci, les séquences se déroulent en Californie, à Marseille, au large de la Corse, sur un porte-conteneurs, et un peu dans le passé en Eurasie. Ce qui ne diminue en rien l'investissement de Leandro Fernández dans la représentation de chaque environnement : belle villa, viaduc impressionnant, appartement en désordre, magnifique yacht de luxe, un port industriel, un port de plaisance, un vieux gréement, etc. Le lecteur se rend également compte que l'artiste a apporté un grand soin aux plans de prise de vue des affrontements physiques, à la fois pour que les personnages aient la place d'évoluer, à la fois pour que leurs déplacements et les attaques soient en cohérence avec les caractéristiques du terrain.



Le lecteur se retrouve donc tout de suite happé par la narration visuelle, par l'encrage un peu gras et les zones d'ombre qui rappelle les pages d'Eduardo Risso pour la série 100 Bullets de Brian Azzarello, avec un degré d'épure moindre. Cela confère une consistance remarquable à chaque élément, ainsi qu'une forte présence aux personnages qui ne sont pas des gravures de mode, et dont les visages sont très expressifs, parfois jusqu'à la grimace, sans que cela ne choque car ils sont soumis à de fortes émotions. Greg Rucka a concocté des scènes d'action rapides et nerveuses, conservant le principe de la première saison : des immortels ayant accumulé une expérience extraordinaire en matière de guerre et de combats, pouvant adopter des stratégies de type mission suicide puisqu'ils sont assurés de ne pas mourir. Mais comme pour le premier tome, cette deuxième partie ne se limite pas à une suite de scène d'action où la vieille garde rentre dans le lard de ceux qui ne leur plaisent pas ou qui sont simplement sur leur chemin. S'il ne creuse pas le fonctionnement ou les principes de leur immortalité, il continue de sonder comment elle joue sur leur humanité et fait apparaître le fondement de leur caractère.



Sans grande surprise, l'intrigue se focalise vite sur ce petit groupe d'immortels : Andy, Booker, Copley, Niles, Joe, Nicky et Noriko. Ils se côtoient plus ou moins régulièrement, plus moins longtemps, mais ils finissent toujours par se recroiser. La séquence d'ouverture entremêle les souvenirs d'Andronika de sa première bataille, son plaisir à donner la mort à ses ennemis, avec cette course-poursuite en voiture de sport, et ses regrets d'avoir longtemps (vraiment très longtemps pour elle qui a vécu plus de six mille ans) commis des actes que maintenant elle regrette, qu'elle aimerait effacer ce qui la conduit à se comporter autrement. Or les autres immortels ne partagent pas forcément son inclination à rechercher une forme de rédemption en expiant ses péchés. La jeune (enfin, jeune tout est relatif) Nile veut profiter de la vie, sans avoir à écouter les anciens (voire les ancêtres au vu de leur âge). James Copley n'a aucune envie de suivre la voie prescrite par Andy. Et voilà qu'une autre immortelle pointe le bout de son nez : Noriko, et elle aussi sait ce qu'elle veut. La quasi-immortalité des personnages donne une autre perspective à ces questionnements sur quoi faire de sa vie, sur la valeur d'une vie humaine, sur l'importance à donner aux autres (aux individus à l'espérance de vie normale) quand on est ainsi à l'écart des gens normaux. Pour autant, cette vieille garde n'est ni amère, ni cynique, ce qui rend leurs réflexions très intéressantes. Enfin, Rucka met une citation en exergue de ses épisodes, élargissant ainsi les réflexions de ses personnages par les auteurs et les thèmes suivants : Terry Pratchet (traiter les gens comme des choses), Oscar Wilde (les saints ont un passé, les pécheurs un futur), Arthur Miller (la trahison est la seule vérité qui perdure), John Le Carré (l'amour = ce que l'on peut trahir), Marshall William Slim (la solitude sur le champ de bataille)



Ce deuxième tome est plus réussi que le premier, comme si le scénariste se focalisait plus efficacement sur la perspective différente qu'apportent des combattants vieux de plusieurs siècles. Dans le même temps, Leandro Fernández a progressé dans sa mise en scène, avec un soupçon de personnalité graphique supplémentaire. Le tout donne un récit d'action original, tendu et rapide, avec une saveur unique car les personnages principaux bénéficient d'un point de vue unique du fait de leur longévité, ce qui les rend spécifiques, loin des héros d'action interchangeables.
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Dakota North : Design for Dying

Ce tome comprend les premières apparitions de Dakota North dans l'univers partagé Marvel : les 6 épisodes de sa minisérie, 3 épisodes hétéroclites, sa participation à l'enquête de Matt Murdock dans Daredevil: Cruel and Unusual (épisodes 106 à 110).



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Dakota North : épisodes 1 à 5, 1986/1987, scénario de Martha Thomases, dessins et encrage de Tony Salmons, couleurs de Christie Scheele - Dakota North et Mad Dog (son secrétaire) sont en train de s'entraîner au tir à l'arme à feu dans une grande salle, avec des silhouettes en carton qui surgissent inopinément. Leur séance est interrompue par l'arrivée de l'inspecteur de police Amos Culhane. Dans le même temps, la sonnerie du téléphone retentit : il s'agit d'un client qui appelle pour louer les services de Dakota North. Le créateur de mode Luke Jacobson souhaite qu'elle enquête sur le saccage de son showroom et sur les menaces de mort qu'il a reçues. Dakota enfourche sa moto qui se trouve également dans un coin de cette immense pièce, et se rend chez le grand couturier. À son arrivée, l'un des employés la prend pour le mannequin qu'ils attendent et lui tend une robe à mettre, ainsi qu'un attaché-case. Dakota North finit par accéder au grand couturier, mais lance la valise par la fenêtre, et elle explose sans causer de victimes. Pendant ce temps-là, Samuel J. North décide que son fils adolescent Ricky North doit aller vivre avec sa fille Dakota. Anna Stasio, l'assistante particulière de Luke Jacobson est reçue par Cleo Vanderlip.



Après la résolution de cette première affaire, Dakota North se rend à l'invitation de son père à un déjeuner d'affaire. Il lui présente le major George C Cooper. Étant plutôt rétive à l'idée de se voir imposer un contrat par son père, elle accepte d'interrompre la conversation pour aller danser avec Timas, un beau jeune homme lui ayant proposé de le rejoindre sur la piste. Cooper décide de se lancer dans une partie poker avec le jeune Ricky North, qu'il perd assez rapidement. Il lui donne un stylo de luxe comme gage, n'ayant pas de liquide sur lui pour lui payer la somme qu'il lui doit. Alors que tout le groupe sort du restaurant, la voiture du major explose, juste avant qu'il ne monte dedans. Cela décide Dakota North à accepter de lui servir de garde du corps. De son coté, Cleo Vanderlip a compris grâce à un informateur que Ricky North possède le précieux stylo plume et elle charge la jeune et charmante Daisy Kane de s'attacher à ses pas et de l'écarter en l'emmenant dans une destination convenue en Europe.



Lorsque le lecteur découvre les avis de parution de cette série bimensuelle dans les comics de 1986, il est totalement pris au dépourvu, car l'encart met en avant Dakota North avec un pistolet à la main, et un seul mot : Style. De fait, il découvre une série qui dénote par rapport à la production mensuelle de l'éditeur. Non seulement le personnage principal est une femme, mais en plus elle est liée au milieu de la mode, et il n'y a pas l'ombre d'un individu disposant de superpouvoir dans la série. En plus les 2 auteurs sont alors inconnus dans le milieu des comics. Dans la courte introduction, la scénariste indique qu'elle avait une petite expérience en tant que journaliste dans le milieu de la mode et que cela a constitué un atout dans le développement de la série. Dans les faits, le degré de description de ce milieu professionnel est quasi nul, et se contente d'enfiler 3 clichés, entre le couturier détaché des contingences matérielles et aveugle à l'intérêt que lui porte son assistante, et la femme d'affaires impitoyable, dont l'intérêt pour la mode est quasi nul. Pour faire bonne mesure et initier des intrigues, Martha Thomases introduit le père de Dakota North, et indique qu'il a travaillé pour les services secrets. À partir de là, elle développe une première intrigue basée sur un concurrent ne jouant pas fairplay contre Luke Jacobson. Le premier épisode établit ainsi la dynamique de la série, entre la détective privée chic et efficace sans être cynique, l'amoureux transis qu'elle ne remarque même pas, le jeune frère source de distraction, et le père rigide et critique du métier de sa fille. Les épisodes 2 à 5 constituent une aventure de plus grande ampleur au cours de laquelle Dakota North voyage jusqu'à Paris, la capitale de la mode, mais sans que cela ne soit évoqué, et poursuit son trajet jusqu'en Suisse.



Tony Salmons est également un inconnu quand paraît le premier épisode de la série. Par la suite, il illustre Vigilante: City Lights, Prairie Justice (1995) sur un scénario de James Robinson. Comme le fait observer la scénariste, cet artiste dessine dans un registre débarrassé des conventions graphiques de superhéros, ce qui donne une identité visuelle à la série, très différente de la production mensuelle de masse de l'éditeur Marvel. Il réalise des dessins avec une approche classique, à base de traits encrés pour délimiter les contours, et d'aplats de noir irrégulier pour évoquer les ombres portées et les reliefs dans chaque surface. Il module l'épaisseur de son trait, de gras à très sec, jusqu'à en devenir parfois cassant. Salmons réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste, avec un degré de précision satisfaisant, sans verser dans le photoréalisme. Au fil des séquences, le lecteur observe qu'il sait donner une bonne idée du volume des endroits, de leur profondeur. Les personnages disposent de morphologie normale, avec des expressions de visage naturalistes. Effectivement, l'artiste sait conférer une touche élégante aux personnages quand ils sont bien habillés, comme Ricky ou parfois Dakota.



Lors du passage à Paris, il devient évident que Tony Salmons n'effectue pas de recherche au préalable. La Tour Eiffel a une forme approximative et son environnement immédiat n'a rien à voir avec la réalité. La mise en images passe parfois en mode plus naïf, par exemple avec un wagon de train dont il sort des roues pour qu'il continue sa course sur la route, ou une chasse au faucon peu réaliste, menée par cheik d'opérette. D'un autre côté, il se conforme aux prescriptions du scénario, Martha Thomases privilégiant parfois le spectaculaire au plausible, utilisant alors de grosses ficelles. Le lecteur se retrouve sous le charme de Dakota North, jeune femme avec la tête sur les épaules, n'ayant pas froid aux yeux, tenant tête aux hommes dans des affrontements et des combats, s'élançant dans l'action, tout en prenant soin des personnes qui l'entourent. Mais plusieurs éléments laissent rêveur : la tentative de meurtre à l'arbalète trop mélodramatique pour être honnête, ou encore les effets du gaz toxique risquant de tuer tous les êtres vivants à l'échelle d'un pâté de maison mais finalement dont l'action est limitée à une pièce.



Effectivement, à l'époque, ces 5 épisodes ressortaient par rapport à la production mensuelle de l'éditeur Marvel, pour leur absence de superpouvoirs et de costumes colorés, pour le premier rôle tenu par une femme crédible, par les dessins dépourvus des tics graphiques des superhéros. Les 2 histoires se lisent avec plaisir, tout en donnant l'impression de s'adresser plus à des enfants qu'à des adultes, malgré une saveur plus élaborée. 3 étoiles pour la curiosité.



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Web of Spider-Man 37 (1988) : scénariste James Owsley, dessinateur Steve Geiger, encreur Keith Williams - Dakota North et son jeune frère enquêtent sur une série de meurtre de mannequins retrouvées égorgées. La prochaine victime présumée Elyse a pour ami Mary-Jane Watson, ce qui veut dire que Peter Parker n'est pas loin. Le scénariste propose une enquête cousue de fil blanc, en y entremêlant un amoureux transi avec un plan foireux, avec une mise en image fonctionnelle. Le lecteur mesure toute la distance qui sépare cet épisode quelconque des 5 épisodes de la série initiale qui avaient plus de caractère. 2 étoiles.



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Power Pack 46 (1989) : scénariste Terry Austin, dessins Whilce Portacio, encrage Mark Badger - Une autrice à succès de roman jeunesse est accusée d'avoir dérobé la somme d'argent servant de course aux trésors pour ses lecteurs. Katie Power et son frère Jack décide d'enquêter chacun de leur côté pour disculper l'autrice, Katie avec le Punisher (Frank Castle), Jack en louant les services de Dakota North. Le scénariste concocte une suite de rebondissements à destination de lecteurs plus jeunes en s'accommodant tant bien que mal de la participation du Punisher, et en y mêlant des zozos évoquant les 3 Stooges. L'association de Portacio et Badger aboutit à des dessins descriptifs avec une petite exagération comique, encore trop réaliste pour être réellement en phase avec le scénario et le public visé. 1 étoile.



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Marvel Super-Heroes Fall Special (1990, 11 pages) : scénario Dwight Jon Zimmerman, dessins Amanda Conner, encrage Brad Vacanta - Janet van Dyne participe à un défilé de mode qui est interrompu par l'irruption d'un individu pouvant se transformer à volonté en toute sorte d'animaux, avec une gemme sur le front. Dakota North était dans les parages et se retrouve mêlée à l'histoire. Le lecteur découvre cette histoire en regrettant finalement la précédente, que ce soit pour le scénario prétexte ou pour les dessins très convenus. 1 étoile.



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Cruel and unusual (Daredevil 107 à 110, 2008) : scénario d'Ed Brubaker & Greg Rucka, dessins de Michael Lark & Stefano Gaudiano - Un homme doit passer à la chaise électrique pour un crime qu'il a avoué avoir commis. Luke Cage convainc Dakota North qu'il est innocent et elle convainc Matt Murdock de participer à l'enquête. Pour le commentaire détaillé, cliquer sur Daredevil: Cruel and Unusual. Excellente aventure de Daredevil, tant pour l'intrigue que pour la mise en images. 5 étoiles.
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Star Wars : Les ruines de l'empire

Puisque les comics suivant la guerre des clones m'avaient si vite lassée, et pas du tout sortie de la période Star Wars qui a saisi tous les amateurs de SF avec le nouveau film, j'ai tenté ma chance avec un comics couvrant une autre période: juste après la mort de l'Empereur. Un opus assez court, à vrai dire pas indispensable, Les Ruines de l'Empire surfe, bien qu'il se passe plusieurs décennies avant, sur le nouveau film: notre personnage principale est en effet la mère du pilote Poe Dameron, personnage du dit film.

Sur un thème intéressant, c'est finalement assez bateau. En même temps, comment traiter un sujet aussi vaste, les tressauts de l'Empire, avec quatre petites histoires ? Cela manque résultat un peu de corps et je trouve assez malvenu que, pour une fois que le personnage est féminin dans ce genre de comics, les auteurs insistent aussi lourdement sur son mariage et son besoin de revenir auprès de son fils, comme si un personnage féminin ne pouvait voir qu'une parenthèse dans son engagement dans la rébellion et que son rôle de mère était bien plus important. Pas que cela ne soit pas un choix qui se défende aussi, mais vu le peu de personnages féminins....

Le dessin, quant à lui, m'a tapé dans l'oeil, et constitue l'un des points forts du volume.
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Lazarus, tome 2 : Ascension

Forever a du pain sur la planche : non seulement elle doit mettre la main sur son traître de frère qui a tenté de la tuer, mais elle doit aussi déjouer un attentat prévu à Denver lors de la Montée, cette épreuve organisée par la famille Carlyle pour sélectionner, dans la population de Déchets, les personnes qui seront habilitées à devenir des Serfs. Elle y croisera la route de la famille Barret, des agriculteurs contraints à quitter leur parcelle et pour lesquels la Montée est le dernier espoir de survie.



Dans ce deuxième tome, les auteurs ont pris un chemin inattendu et s'attachent à nous raconter une autre histoire, d'un autre point de vue. Forever n'est plus seule au centre de la narration, consacrée également à la présentation et aux épreuves que doivent surmonter les Barret en route pour la Montée. Un périple de 500 miles , plein de noirceur et de violence.

Le récit, toujours aussi fort, nous raconte également l'enfance de Forever, son apprentissage / entraînement et la façon dont elle a été formatée.

L'ensemble donne histoire sombre, mais finalement attachante, car le lecteur ne peut rester insensible aux petites lueurs d'espoir qui brillent au loin et que les protagonistes de « Lazarus - Ascension » cherchent désespérément à atteindre.
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Gotham Central, tome 1

Comment faire son boulot de flic quand un masque s'est fait le protecteur de la ville?

A Gotham, ce ne sont pas les malfrats qui manquent, et les plus dangereux sont de sacrés psychopates. Pourtant au Central, les bons flics sont nombreux, et aucun ne souhaitent être refoulé aux "chiens écrasés". C'est question d'engagement, d'orgueil aussi.

Gordon, chef emblématique, a peut être pris da retraite, mais dans le service des Crimes Majeurs, les deux équipes d'inspecteurs qui se relaient ne comptent pas laisser Batman régler toute les affaires criminelles à sa manière.

Un nouveau point de vue sur cette Gotham corrompu.

Ed Brubaker, Greg Rucka et Michael Lark mettent en scène les enquêteurs du Central dans différentes affaires. Une ambiance polar qui dénote un peu avec l'univers habituel de Gotham mais qui lui donne plus de profondeur.

Toujours aussi sombre et peuplée de maniacs à vous filer des sueurs froides, la cité n'est pas le terrain du seul Batman, et on nous le rappelle ici de façon originale.
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Lazarus, tome 8

L’album commence par un retour sur Jonah ,le fils perdu des Carlyle. Recueilli et adopté par des membres de la famille Bittner ( un peu pénible le dialogue en VO Danoise sous-titrée ) devient père et perd toute sa nouvelle famille. Chez Carlyle Forever Huit progresse à vitesse grandV et garde le contact avec Forever sept. Cette dernière éradique des familles à tout va . L’idée est de mettre fin à la guerre en discutant avec Jacob Hock le grand méchant.Mais l’est-il vraiment ? Beaucoup de surprises pour finir .Très bon album.
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Whiteout, Tome 2 : Fusion

Ce tome fait suite à Whiteout (1998) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2000, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Steve Lieber. Il s'agit d'un comics en noir & blanc.



Il s'agissait bel et bien d'une guerre : celle qui opposa Roald Amundsen (1872-1928) et Robert Falcon Scott (1868-1912). Ils atteignirent le pôle pour la première fois respectivement le 14 décembre 1911 et le 17 janvier 1912, à seulement quelques semaines d'intervalle. La guerre pour le pôle Sud était terminée, mais les prétentions de propriété des nations commençaient. Ce fut une dispute sans effusion de sang : finalement ce sont l'Argentine, l'Australie, le Chili, la France, la Nouvelle Zélande, la Norvège et le Royaume Uni qui déposent des droits de propriété, les États-Unis et l'URSS restant à l'écart sans faire valoir leurs droits. Pendant la seconde guerre mondiale, l'armée allemande a effectué un geste symbolique : un lâcher de croix gammées métalliques, sans effet réel. Puis en 1946/1947, l'armée américaine a mené l'Opération Highjump en Antarctique, ce qui a conduit l'URSS à également installer des bases sur le territoire. Il n'y a finalement eu qu'une poignée d'affrontements militaires en Antarctique, et le traité du 23 juin 1961 a permis d'installer une paix et une entente durable entre les différentes nations présentes. Mais en ce jour, un commando d'une demi-douzaine d'individu en tenue polaire a investi la base russe de Tayshetskaya, et en tue froidement tous les membres, essentiellement des scientifiques.



L'après-midi même, un membre du consulat va déranger Carrie Stetko qui prend un bain de soleil sur un banc pour lui expliquer qu'elle est attendue au consulat, bien qu'elle soit en vacances. Sur place, David Ross lui explique que la base de Tayshetskaya a été détruite par une explosion. James, un individu que Stetko classe comme appartenant soit à la CIA soit à a NSA, explique que la base de Tayshetskaya abritait soit des armes chimiques soit des armes nucléaires, ce qui est confirmé par des flux d'informations codées échangés en Russie. Il est impératif que le gouvernement des États-Unis soit présent sur place car, selon toute vraisemblance, l'explosion ne relève pas d'un accident, mais d'un acte militaire ou autre. Il ajoute qu'il n'y a pas de temps à perdre, et qu'il faudrait de l'ordre de 72 heures pour que des agents de son agence puissent rallier l'Antarctique. C'est la raison pour laquelle il fait appel à Carrie Steko. Celle-ci réfléchit, tout en écoutant la proposition de James : si elle réussit, elle sera réaffectée sur le sol même des États-Unis dans une ville bénéficiant d'un climat chaud. Elle finit par accepter la proposition. Elle s'envole dans l'heure pour la Glace (The Ice, l'Antarctique), et atterrit quelques heures après sur le site de Tayshetskaya.



Dans la postface, Greg Rucka explique que le film de 2009 Whiteoutt (réalisé par Dominic Sena, avec Kate Beckinsale) n'a pas été une franche réussite, mais que le comics original de 1998 reste un moment déterminant dans sa vie, puisque son succès l'a incité à réorienter sa carrière d'écrivain, des romans vers les comics. Il était donc logique d'y donner une suite, avec le même collaborateur Steve Lieber. Carrie Stetko est de retour en Antarctique et l'enquête commence tout de suite. Dès le premier épisode, elle découvre effectivement ce qui a été une cache d'armes, et se retrouve face au capitaine Aleksandr Ivanovich Kuchin qui a appartient à la GRU (direction générale des renseignements de l’État-Major des Forces Armées de la Fédération de Russie). Pendant ce temps-là, les membres du commando ont entrepris la traversée de plusieurs dizaines de kilomètres de neige pour rejoindre un port où ils trouveront de quoi passer leur butin en contrebande. Il s'en suit une course-poursuite entre le commando et Carrie Stetko avec Aleks Kuchin, dynamique toujours efficace pour un récit. Celle-ci est rendu spécifique par le territoire et ses caractéristiques. Le responsable des services secrets américains a choisi la Marshall Carrie Stetko pour sa connaissance de l'environnement, expérience que n'ont ni les membres du commando, d'anciens militaires Spetsnaz, ni Aleks Kuchin. Le lecteur remarque d'ailleurs que le scénariste insère quelques informations en début de chapitre sur l'Antarctique. Cela commence par la course pour atteindre le pôle Sud, et par les rappels sur les blessures de certains explorateurs, ainsi que certaines morts. Il évoque la disparition de Richard T. Williams, la formation de la glace et des crevasses, les chutes de neige. Il ne s'agit pas de texte de type académique, mais de courtes phrases pour une vulgarisation basique. Elles remplissent leur office de donner du caractère à la Glace, surnom donné à l'Antarctique.



L'enjeu réel est révélé en début de l'épisode 2, assez élevé pour justifier des prises de risques. Greg Rucka prend soin de faire en sorte que Carrie Stetko soit animée par un objectif personnel. Il ne revient pas sur sa vie passée, très rapidement évoquée dans le premier tome. Il apparaît rapidement que la possibilité de changer d'affectation constitue une motivation significative, mais que ce n'est pas la seule. Le lecteur retrouve ou découvre une femme d'une trentaine d'années décidée, compétente, dotée d'un courage mêlé de témérité. Il l'admire, tout en ayant conscience qu'elle n'est ni invulnérable, ni omnisciente. Elle se retrouve contrainte par le système, en l'occurrence ses supérieurs hiérarchiques qui parviennent à la faire accepter la mission. Elle se retrouve à faire équipe avec un Aleks Kuchin, un individu qu'elle n'a jamais rencontré auparavant, ne parlant que partiellement l'anglais, et motivé par un objectif pas entièrement compatible avec le sien. Les capacités physiques de Stetko restent dans un registre réaliste et plausible, sans prouesse extraordinaire, et moindre que celle de Kuchin, militaire de haut niveau. Le lecteur n'en ressent qu'une empathie plus forte pour elle, car elle affronte à la fois les dangers de l'imprévisibilité de la Glace, à la fois l'incertitude de l'allégeance de son équipier.



Le lecteur retrouve les dessins un peu simples de Steve Lieber. Il dessine dans un registre réaliste, avec un niveau descriptif simplifié, privilégiant des traits un peu épais pour donner plus de texture, plutôt que des traits fins pour augmenter le niveau de détails. Le lecteur observe qu'il utilise également l'équivalent de trames mécanographiées pour ajouter de la texture aux vêtements, avec parcimonie. Comme pour le premier tome, l'artiste s'est assez renseigné pour montrer la réalité de la vie dans en Antarctique. Le lecteur suppose qu'il s'est servi de photographies d'époque pour représenter la construction d'une base américaine, ou pour la signature du traité du 23 juin 1961. La base détruite de Tayshetskaya semble très réaliste conforme à une installation de ce type-là dans cet endroit du monde. Comme dans le premier tome, les tenues vestimentaires sont bien évidemment adaptées aux rigueurs climatiques, et réalistes. Il en va de même pour les autres équipements spécifiques, à commencer par les motoneiges. Les deux tiers du récit se déroulent à l'extérieur, sur la glace, pour la course-poursuite. Steve Lieber trouve un bon équilibre entre des dessins à l'apparence frustes, et un niveau d'information satisfaisant. En particulier, le lecteur n'éprouve jamais l'impression que les personnages se déplacent sur une surface blanche parfaitement horizontale, qui serait identique kilomètre après kilomètre, dans toutes les directions. L'artiste sait évoquer des reliefs, des dépressions, une terrible crevasse, ou encore une tempête qui, pour le coup, efface tout repère visuel. Le lecteur peut donc suivre les déplacements, et les positionnements relatifs des personnages dans cette vaste étendue sauvage et désolée.



La narration visuelle sait faire ressortir la tension de la course-poursuite, la violence des quelques affrontements physiques, ainsi que la manière dont Carrie Stetko met en œuvre la préparation et la planification issue de son expérience en Antarctique. Le lecteur voit l'avancée dérisoire de la progression à ski : des personnages perdus dans une immensité blanche qui semble sans fin. Il voit la différence avec la progression en motoneige, plus rapide ce qui la rend un peu moins insignifiante. Les coups portés sont brefs, parfois maladroits du fait de la couche de vêtement et du froid. Les gestes de Carrie Stetko sont mesurés, et la montrent souvent en train de manipuler du matériel, de prendre des précautions, attestant de sa connaissance du milieu. Le lecteur ne peut se projeter en Antarctique comme si les dessins étaient photoréalistes, mais il ressent la tension des personnages, le danger mortel du froid, l'imprévisibilité de la glace, etc. Il n'y a que le changement du visage de Stetko (parfois inexplicablement gonflé) qui peut le faire sortir du récit.



A priori, le lecteur peut craindre une suite opportuniste pour tirer profit du succès du récit initial. Il constate rapidement que Steve Lieber est toujours aussi investi dans ses dessins, assez réalistes pour donner de la consistance aux lieux, assurant une narration visuelle facile, avec une représentation de la Glace très convaincante. Greg Rucka a concocté une intrigue assez simple, Carrie Stetko devant rattraper et neutraliser un commando d'ex-Spetsnaz, en intégrant des spécificités de l'Antarctique étoffées par de brefs rappels historiques concis, en insufflant plus qu'un minimum de personnalité et de motivation à son personnage principal.
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Whiteout, Tome 1 :

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1998, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Steve Lieber. Cette bande dessinée est en noir & blanc. Cette histoire a été adaptée en film : Whiteout (2009), réalisé par Dominic Sena, interprété par Kate Beckinsale. Cette histoire a bénéficié d'une deuxième saison Witheout - tome 2 Fusion (NE) (2), réalisée par les mêmes auteurs.



En Antarctique, proche du Pôle Sud, dans la zone surnommée La Glace, un avion se pose sur la neige, et 2 personnes en tenue arctique en sortent. L'une d'elle s'agenouille devant un cadavre : la marshal Carrie Stetko examine le corps et constate qu'il est complètement congelé. Le docteur Furry essaye de le bouger, mais il arrache la main gauche du reste du corps, en tirant dessus. Il ne leur reste plus qu'à l'emmener en l'état, puis il faudra patienter qu'il décongèle à la morgue, avant de pouvoir envisager une autopsie. De retour à la station de McMurdo, Stetko rend compte au marshal Brett McEwan qui est basé aux États-Unis. Il exige d'elle qu'elle résolve ce crime dans les deux semaines qui viennent, avant que 90% des individus de la base ne prennent leur quartier d'hiver en revenant dans leur pays respectif. Dans la mesure où ses vêtements permettent d'établir que le défunt faisait partie d'une équipe de recherche américaine, Carrie Stetko a vite fait de circonscrire les victimes potentielles à un groupe de six personnes : Alexender Keller, Rubin, Weiss, Siple, Mooney, Wesselhoeft. Après plusieurs heures, le docteur Furry peut se livrer à un examen superficiel : il confirme que l'individu a bien été assassiné à coups de pic à glace, et il lui est possible de relever ses empreintes. Stetko transmet les empreintes par télécopieur et la réponse arrive. La victime a été identifiée comme étant Alexender Keller. McEwan a rajouté un petit mot manuscrit en bas de la réponse : tu ne l'as pas tué, aussi ?



Avec cette information, la marshal Carrie Stetko décide d'entamer son enquête de la manière la plus pragmatique : interroger les pilotes de la base McMurdo pour savoir si l'un d'eux a emmené ce groupe récemment, ou sait qui les a emmenés sur le site où le cadavre a été retrouvé. Elle commence par un pilote dénommé Loo qui se rappelle bien Keller, mais qui ne l'a pas emmené récemment. Ensuite, Loo va prendre un verre au bar où il est abordé par Haden qui s'intéresse à la discussion qu'il vient d'avoir avec Stetko. Alors que Stetko a piqué du nez sur un bureau dans la salle radio, l'opérateur vient la prévenir que le radio Grant de la base Victoria souhaite lui parler. Grant indique à Stetko que Siple et Mooney sont actuellement dans la station de Victoria. Stetko lui répond qu'elle arrive par avion dès qu'elle peut. Après avoir raccroché, Grant se tourne vers Lilly Sharpe pour lui dire que Stetko sera là d'ici quelques heures. Sharpe retourne à sa chambre et prépare son pistolet. Le lendemain, Carrie Stetko profite d'un vol de Loo pour se rendre à Victoria. Ils emmènent avec eux Haden qui souhaite également se rendre dans la même station. Alors que Loo entame la manœuvre d'atterrissage, la météo de la base annonce l'arrivée d'une forte tempête, ce qui signifie qu'ils ne pourront pas repartir de suite. Une fois sur place, Haden commence à papoter avec Grant, Loo décharge son avion, et Stetko part à la recherche de Sharpe.



Les deux premières pages établissent direct la nature du récit : un polar, dans un lieu inhabituel. Greg Rucka montre le cadavre et la marshal Carrie Stetko doit se mettre au travail. Du fait de l'environnement (des bases à la population réduite, disséminées sur le continent), l'enquête s'avère aussi simple que compliquée. Il y a finalement peu de personnes et il n'est pas possible de se cacher dans une station du fait du faible nombre de bâtiments. D'un autre côté, il faut pouvoir se rendre d'une station à l'autre, et il peut se passer beaucoup choses dans une station pendant le voyage pour s'y rendre. Le déroulement de l'intrigue se nourrit également des autres caractéristiques de ce lieu unique. Le froid joue un rôle prépondérant, que ce soit ce cadavre dont il faut attendre la décongélation, la tempête qui surprend un personnage à l'extérieur, la perte de doigts du fait d'un contact avec un métal gelé, les stations qui se préparent à perdre 90% de leurs habitants, les déplacements en avion, des intérêts différents d'une station à une autre, en fonction du pays dont elle dépend. Steve Lieber réalise des dessins aux contours un peu rugueux qui rendent bien compte de la dureté des conditions de vie, de la priorité donnée aux besoins basiques. En regardant les pages, le lecteur voit que les individus doivent d'abord penser à se prémunir du froid, ce qui contraint le choix de tenue vestimentaire. Rien n'est fabriqué sur place : tout est apporté par avion, peut-être un peu par bateau. Du coup, les constructions, l'ameublement, les accessoires, tout est choisi pour son usage, sa fonctionnalité, toute considération esthétique étant mise de côté. La réédition de cet album est faite en format un plus petit que le format comics pour l'édition dite Compendium, ce qui donne leur meilleur rendu pour les dessins âpres de Lieber, sans impression de manque de consistance.



Greg Rucka a choisi deux personnages principaux féminins. À l'opposé d'une sexualisation facile, il montre que Carrie Stetko et Lilly Sharpe vivent dans un milieu majoritairement masculin : elles font vraiment partie d'une petite minorité. Le scénariste n'élude pas la question et l'une comme l'autre a conscience que dans un tel environnement le réflexe primaire de la majeure partie des hommes est de fantasmer sur elles. D'un autre côté, elles savent les tenir à distance, sans avoir à tout le temps se conduire comme des dragons, ou des camionneurs. Steve Lieber les dessine comme des êtres humains normaux : sans sexualisation aguichante, sans cacher leurs formes, avec une belle chevelure blonde pour Staple. Elles s'habillent avec pragmatisme, avant tout pour se protéger du froid. Il n'y a pas de flirt ou d'histoire d'amour, chacune ayant ses propres motivations, et étant focalisée sur son métier. Le dessinateur met en œuvre une direction d'acteur naturaliste, pour tous les personnages, les visages étant expressifs sans exagération, sauf pendant les moments d'action ou d'affrontement. Rucka développe un peu l'histoire personnelle de Carrie Stetko, montrant ce qui l'a amenée à choisir une telle affectation, à picoler de temps à autre, et à relativiser une blessure importante. Le respect du lecteur vis-à-vis de Carrie Stetko augmente régulièrement, en découvrant sa résistance, ses souffrances, son courage, et sa faillibilité. Il la considère avant tout comme un être humain, plus que comme un simple personnage de papier, ou une femme.



Dès la scène d'ouverture, le lecteur a conscience que Greg Rucka est un scénariste aguerri. Le principe du récit est bien de découvrir l'identité du meurtrier, de découvrir son motif, plutôt de comment il s'y est pris puisque l'arme du crime est explicitée dès le départ. Par la suite, le scénariste conserve à l'esprit qu'il écrit une bande dessinée, et pas un roman : il privilégie les scènes visuelles, et évitent l'enfilade de têtes en train de parler pour expliquer ce qui se passe, ou pour délivrer d'importantes quantités d'information. Steve Lieber réalise aussi bien des prises de vue en intérieur qu'en extérieur. Dans les premières, il montre des bâtiments préfabriqués, quelques constructions d'un ou deux étages en dur, des couloirs et des bureaux fonctionnels, des quartiers privés eux aussi avant tout fonctionnels. Dans les secondes, il fait apparaître le froid et la rigueur de l'environnement, à la fois par les tenues vestimentaires, par le modèle de petit avion utilisé, et par la neige et la glace. Il filme de manière très pragmatique les séquences d'action, avec une sécheresse très efficace, que ce soit Carrie Stetko perdue sur la glace dans une tempête de neige, ou un individu armé prenant un otage. Le lecteur finit par ressentir le froid de cet environnement, l'absence de réel confort, les contacts humains qui restent à un niveau fonctionnel, sans grande chaleur humaine. L'enquête progresse à la fois par des étapes de routine, des vérifications basiques, à la fois par les prises de risques du coupable, ce qui amène d'autres cadavres.



Steve Lieber & Greg Rucka réussissent à emmener le lecteur dans cette région du monde à nulle autre pareille, à lui faire ressentir le froid omniprésent, ainsi que les conditions de vie ramenées à l'utilitaire, presque sans superflu. Le dessinateur sait donner l'impression de pouvoir voir la vie ordinaire de ces stations en Antarctique, et de croiser des individus normaux, se comportant normalement pour cet endroit. Il sait aussi insuffler de l'énergie et de la soudaineté lors des éruptions brusques de violence. Greg Rucka parvient à raconter une enquête pour découvrir un coupable, de manière adaptée à une bande dessinée, par une transposition simpliste du mode narratif d'un roman policier. En fonction de ses attentes, le lecteur peut trouver le tout bien ficelé et pleinement satisfaisant, ou se dire que Carrie Stetko aurait pu être un peu plus développée, ou l'enquête plus révélatrice de ce milieu sortant de l'ordinaire.
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Batman/Huntress, tome 1 : Dette de sang

Ce tome contient une histoire complète ne nécessitant qu'une connaissance superficielle de Batman. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2000, écrits par Greg Rucka, dessinés par Rick Burchett et mis en couleurs par Tatjana Wood. L'encrage a été réalisé par Burchett pour les épisodes 1 à 4, et par Terry Beatty pour les épisodes 5 & 6. Les couvertures ont été réalisées par Burchett.



Le corps d'un cadavre flotte dans la rivière de Gotham, alors que le symbole de chauve-souris s'affiche sur le ciel nuageux. Il s'agit de celui de Claudio Panessa. Sur le quai, la police a délimité un périmètre et le commissaire James Gordon est sur place. Batman examine le cadavre de près. La voix intérieure d'Helena Bertinelli commente sur le fait que tout le monde va croire qu'elle est coupable de ce meurtre, alors qu'en fait personne ne la connaît vraiment. Dans le même temps, elle pense au sens de l'omerta pour les siciliens : la nécessité de se faire vengeance par soi-même, faute de pouvoir avoir confiance dans les institutions gouvernementales. Depuis le trottoir d'en face de l'immeuble d'Helena, une silhouette en pardessus avec un chapeau observe Batman se poser sur le toit. Batman s'introduit chez Helena Bertinelli et observe l'aménagement : la carte de la Sicile, la photographie de famille encadrée avec ses parents et son grand frère, l'ordinateur, le cahier de notes. Il est interrompu par Helena qui le menace d'une arbalète en sortant de sa salle de bain. Batman lui demande si elle a tué Claudio Panessa car il a été retrouvé avec un carreau d'arbalète dans le corps. Elle explique qu'elle était chez elle en train de corriger des copies.



Batman s'en va en la prévenant que s'il découvre qu'elle est l'assassin, il la mettra hors d'état de nuire. Helena Bertinelli pense qu'il ne peut pas comprendre qu'il s'agit d'une histoire de famille. Leur histoire commence il y a plus d'un siècle quand son arrière-grand-père Giuseppe Bertinelli a immigré à Gotham depuis la Sicile. Il travaillait dur, et également montrait une réelle adresse à se servir d'une arme à feu. Il a intégré le crime organisé, et décidé qu'il dirigerait les 5 familles alors implantées à Gotham : les Bertinelli, les Beretti, les Galante, les Inzerillos et les Cassamentos. La guerre des gangs qui s'en est suivie lui a coûté la vie de deux fils, mais au final il a atteint son objectif d'unir les 5 familles et de régner sur elles en tant que Don. Giuseppe Bertinelli est décédé en 1949, et Alfredo Bertinelli (son seul fils survivant, le grand-père d'Helena) lui a succédé en tant que parrain. Un jour, Tomaso Panessa s'est fait connaitre, demandant que sa famille devienne la sixième du crime organisé à Gotham. Il a essuyé une fin de non-recevoir de la part d'Alfredo Bertinelli. Lorsqu'Helena avait 8 ans, un assassin a fait irruption chez les Bertinelli alors qu'ils étaient à table et a tué sa mère, son père et son frère sous yeux, la laissant vivante. Le sang appelle le sang. La famille Galante a pris la tête des affaires, et a permis à la famille Panessa d'entrer dans les affaires. La famille Panessa a pris en charge Helena Bertinellli et l'a envoyée grandir en sécurité en Sicile. Au temps présent, le soir, elle se rend chez les Panessa pour saluer son oncle Tomaso et pour présenter ses condoléances.



Régulièrement, les responsables éditoriaux font le constat que Batman fait vendre, et passent commande auprès des créateurs, d'un nouveau personnage qui graviterait autour du héros pour élargir la gamme et profiter de son aura. Helena Rosa Bertinelli est le troisième personnage à endosser le costume de Huntress, après Paula Brooks créée en 1947 par Mort Meskin, et Helena Wayne créée en 1977 par Paul Levitz, Joe Staton, Joe Orlando et Bob Layton. Elle est apparue la première fois en 1989, dans sa propre minisérie écrite par Joe Cavalieri et dessinée par Joe Staton. La présente histoire contient une version révisée des origines présentées en 1989. La scène introductive permet d'établir que Huntress est basée à Gotham et qu'elle entretient une relation houleuse avec Batman, celui-ci se défiant d'elle, la soupçonnant d'être capable d'assassiner froidement ses ennemis. Au cours du récit, il apparaît qu'elle ait déjà connue des autres superhéros gravitant autour de Batman. Elle a eu une relation amoureuse avec Nightwing. Oracle (Barbara Gordon) ne lui fait pas plus confiance que Batman. Par contre Robin (Tim Drake) n'a pas de préjugés en sa défaveur. Dans cette histoire, elle bénéficie de l'aide de 2 autres superhéros qui n'appartiennent pas à la Bat-family.



Dès le début, Greg Rucka explicite le genre du récit : il se déroule à Gotham, sous la surveillance de Batman, et il est question de familles mafieuses, et de crime organisé. Le lecteur trouve les conventions attendues : plusieurs familles (5) qui se partagent un territoire, une guerre des gangs qui couve, des règlements de compte, une alliance entre 2 gangs par le biais d'un mariage, une série d'exécutions sommaires qui reprend après plusieurs décennies de tranquillité. Néanmoins, Greg Rucka n'en fait pas de trop : il a conscience qu'il n'est pas Francis Ford Coppola et il se focalise plus sur le passé d'Helena Bertinelli en Sicile, que dans la description des relations au sein de la Famille. Du coup certaines évocations ont un goût de trop peu (les débuts de Giuseppe Bertinelli, la veillée funèbre, la séquence de mariage), mais c'est aussi ce qui évite au récit de sombrer dans le kitsch superficiel. Le lecteur peut être un peu surpris par le choix de Rick Burchett comme artiste, connu pour des adaptations de qualité en comics, de la série Batman la série animée. Effectivement, ses contours donnent parfois une sensation un peu douce, par exemple tirant les visages un registre tout public, ou parfois intemporel. Pourtant l'évocation de la fin du dix-neuvième siècle ou des paysages de Sicile s'avère visuellement convaincante, avec une violence ni gore, ni sadique, mais bien réelle.



Un mafieux a été assassiné et Huntress est la principale suspecte, à la fois aux yeux de la police, des familles du crime organisé et de Batman, ainsi que d'Oracle. Helena Bertinelli n'a aucune intention de se laisser intimider, mais elle se retrouve vite dépassée. Un individu prend sur lui de la retirer de l'échiquier et de la mettre au vert : The Question. Le lecteur peut être un peu surpris par son irruption dans le récit : il peut supposer qu'il s'agit d'une occasion pour le scénariste d'écrire le personnage, en s'inspirant de la version développée par Dennis O'Neil qui était également le responsable éditorial originel sur cette histoire. Du coup, le récit prend une direction originale en sortant de Gotham le temps d'un épisode. Le lecteur éprouve vite de l'empathie pour cette femme qui refuse de se laisser intimider par Batman, qui refuse de se soumettre à sa volonté, qui envoie balader son ancien amoureux bien intentionné mais inféodé à Batman, et qui accepte l'aide d'un étranger à la façon de faire bizarre. Le scénariste développe donc 2 récits en parallèle et complètement liés : l'enquête sur le vrai meurtrier de Claudia Panessa, et l'histoire de la jeunesse d'Helena Bertinelli. Il se laisse charmer par l'apparence claire des dessins de Rick Burchett. Il voit qu'il a du mal à tenir le rythme sur les 2 derniers épisodes avec quelques cases sans décors, et l'appel à la rescousse d'un encreur un tout petit peu plus carré que lui.



L'artiste représente des personnages civils crédibles avec des morphologies variées et des âges différents. Il concilie avec l'élégance la dureté intérieure d'Helena Bertinelli et sa capacité de sourire, en évitant soigneusement d'exagérer ses courbes et ses mensurations. Les auteurs se montrent facétieux en incluant une représentation d'artiste de Huntress dans un journal : elle semble avoir été dessinée par Rob Liefeld, avec un niveau d'agressivité maximal, et une poitrine hypertrophiée. Burchett s'implique dans les scènes d'action, avec des affrontements bien découpés, induisant une accélération du rythme de lecture, au cours desquels les personnages bougent en fonction des caractéristiques de l'environnement des obstacles, les coups et les parades s'enchaînent de manière logique, sans aller jusqu'à devenir un ballet. Le lecteur sourit à plusieurs reprises : la caricature de Huntress, l'échange de regard butés entre Batman et Huntress, la prise de bec entre Nightwing et Helena, le regard amusé de Vic Sage. Rick Burchett sait rendre les personnages vivants, facilitant la projection du lecteur en eux. Greg Rucka raconte une histoire d'omerta (en modifiant un peu le sens du mot en passant), bien ficelée, sans sortir des sentiers battus. Il fait aussi en sorte que Helena Bertinelli puisse évoluer et devenir plus étoffée. Lorsqu'elle est retirée de force de Gotham, elle se retrouve en présence d'un maître des arts martiaux qui va remplir l'office de sensei le temps d'un épisode, lui apprenant à mieux se maîtriser.



Ce tome constitue une bonne occasion de faire connaissance avec ce personnage gravitant autour de Batman. Le scénariste connaît son affaire : il sait raconter une histoire de gangsters sans abuser des clichés, et il sait écrire un personnage féminin qui sache en remontrer aux hommes sur leur terrain sans en devenir un. L'artiste amalgame une narration tout public sans violence trop graphique, avec les conventions visuelles attendues d'un récit de superhéros sans se contenter d'aligner des poses déconnectées, des personnages à la corpulence normale, et une direction d'acteurs nuancée. L'histoire présente un bon niveau de saveur, s'élevant au-dessus de la production mensuelle, sans atteindre la catégorie des indispensables.
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Lazarus, tome 3 : Conclave

Ce tome fait suite à Lift (épisodes 5 à 9). Il contient les épisodes 10 à 15, initialement parus en 2014/2015, tous écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Michael Lark, avec l'aide de Tyler Boss pour les épisodes 11 à 15. La mise en couleurs a été réalisée par Santi Arcas. Il faut avoir commencé la série par le premier tome.



Suite aux événements du tome précédent, Jonah Carlyle fuit le fief de sa famille pour rechercher l'asile d'une autre famille. Il s'en remet aux mains de Jacob Hock qui l'accueille d'une manière très particulière.



Pour le compte de la famille Hock, Sonja Bittner (la Lazare de cette famille) vient délivrer un message sur le territoire des Carlyle. Forever est dépêchée pour recevoir ce message et lui proposer de séjourner dans le domaine familial en attendant la réponse de Malcolm Carlyle. Avant que les relations ne dégénèrent en conflit ouvert, les familles conviennent de se réunir en conclave sur la plateforme de haute mer de la famille Armitage.



Le premier tome avait établi l'environnement et le principe de cette série indépendante de toute autre, avec efficacité, mais sans grand panache. Le deuxième tome avait révélé une intrigue dramatique tendue et à hauteur d'être humain, avec une dimension métaphorique sur le capitalisme. Ce troisième tome commence avec un épisode effectuant la transition entre l'intrigue précédente, et celle développée dans les épisodes 11 à 15. Reg Rucka élargit progressivement le périmètre de son intrigue en impliquant d'autres familles participant à l'ordre mondial, pendant que Lark réalise des dessins secs et rugueux donnant plus d'impact aux souffrances de Jonah Carlyle.



Avec l'épisode 11, Greg Rucka dévoile son jeu, et l'intrigue prend toute son ampleur. Il est question de territoire, d'avantage biologique, et d'alliances fluctuantes. Sans qu'il ne s'en rende compte, le lecteur se retrouve à prendre fait et cause pour la famille Carlyle et à s'inquiéter pour Malcolm Carlyle. Pourtant ce dernier est un chef de famille froid, calculateur, manipulateur et sans état d'âme. Il est prêt à sacrifier son fils Jonah, sans regret ni amour perdu.



Greg Rucka s'avère tout aussi habile dans sa manière de placer ses personnages sur l'échiquier. L'intervention d'une deuxième Lazare lui permet lui permet de mettre en avant leur appartenance à un groupe à part. Les manipulations de Malcolm Carlyle fragilisent la position de Forever. Le conflit à venir entre les familles conduit de manière évidente à l'affrontement entre 2 Lazares. Rucka n'y va pas avec le dos de la cuillère et certains développements sont transparents dans leur intention.



Pourtant le lecteur se laisse facilement prendre au jeu. Pour commencer, il n'y a pas de clivage Bien / Mal ou Bons / Méchants. Au fur et à mesure du récit, le lecteur constate que certains personnages se comportent de manière peu recommandable, mais pas sans motivation. Ainsi Malcolm Carlyle fait le nécessaire pour que sa famille et les individus qui en dépendent ne tombent pas sous la coupe d'une autre famille. Les Lazares ne font qu'effectuer les missions pour lesquelles ils ont été entraînés. Le lecteur comprend et approuvent certaines décisions qui pourtant sont moralement discutables, voire réprouvables.



Michael Lark (aidé par Tyler Boss) dessine de manière réaliste, avec un bon niveau de détails. Les arrière-plans sont présents dans 90% des cases, générant un bon niveau d'immersion pour le lecteur. Il donne à voir un monde ressemblant fortement au nôtre, avec des aménagements intérieurs plausibles, des meubles fonctionnels, un choix de qualité de meubles cohérent avec l'endroit concerné. De la même manière, la décoration intérieure varie du dépouillement fonctionnel aux marques de luxe ostentatoire, en fonction de l'endroit.



Les personnages présentent tous des morphologies normales, et des visages différents portant la marque de leur âge. Le langage corporel est mesuré, tout en restant expressif. Il est très déstabilisant de voir la gêne dans la gaucherie des mouvements de Forever Carlyle alors qu'elle descend un grand escalier dans une superbe robe blanche de cérémonie.



Lark emploie un encrage un peu sec et appuyé qui confère une impression rêche aux personnages et aux décors. Le lecteur a ainsi l'impression d'évoluer dans un environnement abrasif, au milieu d'individus pétris de sérieux, impliqués dans leur tâche et leurs contraintes. Cette forme de dessin fait d'autant plus ressortir les rares moments de plaisir et d'amitié.



Greg Rucka continue de dévoiler l'environnement de la série "Lazarus", en effectuant une ouverture sur une politique-fiction à l'échelle mondiale. Il raconte une intrigue générant un suspense soutenu. Il développe ses personnages, leur histoire personnelle, leurs doutes, leur relation interpersonnelle, leurs motivations, etc. Il n'oublie pas non plus le deuxième niveau de lecture. Ce dernier ne supplante pas l'intrigue, il en ressort de manière naturelle.



Régulièrement, le lecteur constate l'entrelacs de contraintes dans lequel un personnage se trouve, entre ses obligations sociales, sa relation et ses obligations vis-à-vis de son employeur, et sa façon d'envisager sa vie conditionnée par son éducation. De la même manière que le premier tome laisser suinter un regard terrifiant sur le capitalisme, celui-ci exsude un constat sans fard sur le déterminisme social qui fait plier l'individu, sur les aspirations étouffées dans l'œuf par les obligations sociétales.
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Lazarus, tome 1 : Pour la famille

Il s'agit du premier tome d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 4 initialement parus en 2013, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Michael Lark (aidé par Stefano Gaudiano et Brian Level), et mis en couleurs par Santi Arcas. Il contient également les 4 pages du prélude initialement paru dans le catalogue "Preview" du distributeur Diamond.



Dans un futur indéterminé, les États-Unis sont constitués de fiefs, soumis à l'autorité d'une famille. Les membres de la famille sont des citoyens à part entière, les employés bénéficient d'avantage concrets (logement, nourriture, salaire), tout le reste de la population est considérée comme inutile (qualifiée en anglais de Waste). Les familles possèdent et gèrent des domaines de production (essentiellement agricoles qui sont sous la responsabilité de l'un d'entre eux.



Alors que le récit commence, Forever Carlyle (la Lazarus de la famille, c'est-à-dire l'individu chef militaire de la milice de la famille, avec un corps bénéficiant d'augmentation technologique, et d'un monitoring à distance de ses différentes fonctions physiologiques par un médecin / technicien, James pour la famille Carlyle) vient de recevoir au moins 2 balles dans le corps en voulant neutraliser une intrusion dans le site de stockage des réserves de graines de la famille Carlyle. Il s'en suit une boucherie. Après cette intrusion, le patriarche de la famille convoque tous ses enfants (tous adultes : Jonah, Bethany, Stephen, Johanna et Forever) pour décider de la stratégie à adopter en termes de représailles. Tous les indices désignent un groupe commandité par la famille Morray.



En ces débuts d'années 2010, Image Comics est devenu le principal éditeur pour les créateurs souhaitant publier leur propre série en en gardant la propriété intellectuelle. Pour être rentable, ce modèle exige des créateurs de publier le premier recueil le plus rapidement possible, ce qui explique que "Family" ne comprend que 4 épisodes (pour un prix modique). Ce choix constitue une lourde contrainte pour les auteurs qui doivent réussir à caser un récit substantiel pour accrocher le lecteur en moins de 100 pages (ici : 88 + 4 car chaque épisode comprend 22 pages).



Greg Rucka n'est pas un jeune débutant et il a bien compris l'enjeu. Son récit commence par un affrontement sanglant qui ne laisse pas indifférent. L'enquête sur les raisons de cette intrusion démarre tout de suite après, et il réussit à présenter suffisamment d'éléments de l'environnement pour que le lecteur en saisisse les particularités et les enjeux. Rucka ne perd pas de temps puisque dès le premier épisode le lecteur découvre le principal suspect, et comprend également qui est probablement le coupable. Les relations entre les différents membres de la famille Carlyle sont tout de suite complexes et prouvent que chacun à son objectif bien à lui.



Forever Carlyle se pose quelques questions sur le bien-fondé de ses actions, faisant ainsi émerger sa personnalité propre. Rucka ménage son suspense de manière habile puisque le lecteur a la sensation de pouvoir anticiper quelques éléments du scénario (qui est le vrai coupable ?), sans pour autant deviner ce qui va advenir par la suite.



Rucka n'a pas choisi une solution de facilité en inscrivant son histoire dans un récit d'anticipation, puisqu'il doit en plus exposer les spécificités de cet environnement original. Sur ce plan, il ne réussit qu'à moitié son pari. D'un côté, il y a le positionnement des familles, la biotechnologie des Lazarus et leur maintenance, ainsi que quelques détails (comme la devise de la famille Carlyle) qui constituent autant d'éléments tangibles et originaux. De l'autre, il n'est pas encore possible de se rendre compte du réel fonctionnement politique de ce monde dominé par ces familles, de la manière dont fonctionne cette société, de qui s'occupe de la maintenance des infrastructures, etc.



Au fil des pages, le lecteur aurait tendance à accorder sa confiance sur ces points à Rucka, puisqu'il a poussé le souci du détail jusqu'à définir une devise pour les Carlyle : "Oderint dum metuant" ("Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent !", phrase souvent attribuée à Caligula qui avait aménagé un aphorisme de l'empereur Tibère).



Michael Lark avait déjà collaboré avec Greg Rucka sur plusieurs épisodes de la série Gotham Central. Son style s'inscrit dans une veine réaliste, avec un encrage fortement appuyé donnant une apparence consistante à ses dessins. À première vue, le lecteur peut ressentir une impression de finition un peu brute dans la mesure où Lark aime bien introduire quelques discontinuités dans ses traits, ainsi que faire apparaître qu'il en a repassé certains plusieurs fois. Ces maniérismes participent à un aspect plus âpre et plus sérieux, tout à fait dans la tonalité du récit. Ils lui permettent également d'intégrer des décors dont l'apparence est à la frontière entre la photographie retouchée façon Alex Maleev (période Daredevil) en plus dégradée et le dessin réaliste. Il utilise l'infographie avec parcimonie pour intégrer les écrans holographiques dont se servent les personnages, ce qui crée un contraste parlant et intelligent avec le reste du dessin.



Les combats sont impressionnants dans les mouvements, sans se reposer sur des effets pyrotechniques. Lark utilise des expressions de visages mesurées qui s'apparentent à des expressions normales. Les mises en scène des dialogues sont assez travaillées, ne se reposant pas uniquement sur des champs et contrechamps de têtes en train de parler.



Avec ce premier tome, Greg Rucka et Michael Lark en donnent pour leur argent au lecteur : intrigue étoffée, scènes d'action, personnages crédibles, environnement inédit. Ils sont toutefois victimes de la politique d'édition les contraignant à sortir un recueil le plus rapidement possible n'incluant que 4 épisodes, ce qui fait que le lecteur reste un peu sur sa faim.
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Lazarus, tome 5 : Génocide programmé

Ce 5ème tome est excellent ! L'action principale se concentre sur Forever , mutilée puis reconstruite qui parallèlement accède à de nouvelles vérités la concernant avec l'aide de Johanna .Mais n'est-ce pas une manoeuvre tordue de cette dernière dans sa stratégie de prise de pouvoir? L'autre axe , la guerre entre les familles , se focalise sur les combats entre Lazares avec duels spectaculaires , trahisons, et nouvel acteur plutôt "gore" . A noter que l'image de la Russie rappelle celle utilisée pendant la guerre froide .
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The Old Guard, tome 1 : A feu et à sang

Ce n'est pas parce que je n'aime pas une bd qu'elle est forcément mauvaise. Cela veut parfois dire que je n'ai pas adhéré au récit et au graphisme. C'est encore une fois le cas en l'occurrence alors que je suis certain qu'elle pourra rencontrer des adeptes.



Le thème est celui de l'immortalité. Rien de nouveau par conséquent. Le traitement pourra apparaître comme assez original en commençant par un thriller de guerre avant de prendre une direction un peu inattendue.



Je n'ai pas du tout aimé cette surenchère dans la manière de mourir en faisant un carnage. A feu et à sang est le sous titre de ce premier tome. C'est beaucoup trop bourrin en ce qui me concerne. Mais comme dit, d'autres que moi peuvent aimer cela et c'est très respectable.



Au niveau du graphisme, je n'ai pas aimé le trait, ni ce clair-obscur aux encrages assez marqués. On notera une couverture particulièrement hideuse au niveau des couleurs. Après, c'est une question de goûts.
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Veuve Noire, tome 1 : Double jeu

Etonnant parcours que celui de la veuve noire qui fut d'abord une ennemi d'Iron Man avant de devenir une super-héroïne dans Avengers. Il faut dire que le rôle dévolu à Scarlett Johansson a fait regagner en popularité ce personnage discret jusqu'ici.



Pour autant, en 2003 à l'époque de la parution, c'était encore une inconnue aux yeux du grand public. J'ai été attiré mais sans savoir qu'il s'agissait de trois histoires indépendantes sorties des limbes.



Les deux premiers récits sont tout à fait dispensables. Le troisième se passe dans le milieu du sadomasochisme avec une ambiance très glauque et beaucoup de violence. Malgré un très beau graphisme, le scénario ne m'a guère convaincu. C'est d'ailleurs plombé par une narration très pesante.



Au final, l'ensemble est très moyen. C'est dommage car il y avait de quoi faire avec un personnage féminin aussi beau qu'intriguant.
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Stumptown, tome 4 : The case of a cup of Joe

Ce tome fait suite à Stumptown Vol. 3: The Case of the King of Clubs qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, mais il vaut mieux avoir lu le premier tome pour comprendre la situation de l'héroïne. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2015, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Justin Greenwood, et mis en couleurs par Ryan Hill, les mêmes auteurs que le tome précédent.



Épisodes 6 à 9 - Dans l'appartement de Patrick Weekes, Dex (Dexedrine) Parios se livre à une dégustation de café. Elle recrache la gorgée qu'elle vient de prendre dans le gobelet. Weekes lui fait observer qu'elle aurait aussi pu le boire. Il lui demande ce qu'elle en a pensé : juste un bon café à son avis. Il lui explique alors qu'il s'agit d'un Kopi Luwak, café qui est récolté dans les excréments d'une civette asiatique qui consomme les cerises du caféier, digérant leur pulpe, mais pas leur noyau, en lui précisant son prix. Il ajoute qu'il a organisé une ferme en Indonésie où les civettes sont élevées en liberté, sans traitement cruel. Il doit recevoir un premier colis dans les jours qui viennent et il l'engage à trois fois son tarif pour qu'elle aille prendre en charge le colis à l'aéroport et lui ramène. Pendant ce temps-là, Fuji, la petite sœur de Dex est arrivée chez elle, où elle fait la connaissance de Grey qui attend le retour d'Ansel (le frère de Dex atteint de trisomie 21) pour lui tenir compagnie jusqu'au retour de Dex. Fuji s'installe comme si elle était chez elle. En arrivant à son bureau, Dex Parios constate qu'elle est attendue par un individu tout habillé de blanc. Il se présente sous le nom de Mister Dove et rentre dans son bureau avec elle. Il pose un téléphone portable sur son bureau et un individu anonyme explique qu'il est prêt à payer 10.000 dollars pour un échantillon de 200 grammes du café de Weekes. Mister Dove pose la somme en pièce d'or sur son bureau et s'en va.



Dex Parios va chercher Ansel à son travail de caissier dans un supermarché et le ramène à la maison. Ils y découvrent la présence de Fuji, ce qui ne réjouit pas Dex. Fuji lui indique qu'elle souhaite rester 6 semaines le temps de faire un travail de peinture. Dex accepte à contre cœur, lui demande de préparer un repas à Ansel, et ressort pour aller prendre en charge le kilo et demi du précieux café. Sur le chemin du retour, elle est prise en chasse par Brian Brady & Liam Krebb. Une course-poursuite en voiture s'engage.



Le lecteur retrouve avec plaisir Dex Parios, la détective privée au caractère pas facile, et aux méthodes très basiques. Il n'est plus question de son passé dans l'armée, ni du responsable du crime organisée dans la région Hector Marenco. Par contre, elle continue de s'occuper de son frère atteint de trisomie 21, et le lecteur fait la connaissance de sa sœur. Leur relation n'est pas très développée, et assez tendue. À l'occasion d'un entretien avec Mister Dove, le lecteur apprend son second prénom : Callisto. Cette enquête présente une tonalité différente des précédentes. Dès la première entrevue avec Patrick Weekes, il apparaît que Dex Parios n'arrive pas à prendre cette affaire au sérieux. Elle n'éprouve aucun respect pour la rareté de ce café ou pour ses saveurs sans égales. Elle estime que l'enjeu n'est pas très élevé et qu'elle va vraisemblablement avoir affaire à des amateurs. Effectivement, le lecteur sourit de bon cœur, en voyant comment elle neutralise ses poursuivants (Brady & Kreeb), de vrais amateurs incompétents. Il sourit encore quand un individu essaye d'utiliser un taser sur elle, avec un degré d'incompétence insoupçonnable, au point qu'elle est bonne pour lui expliquer comment ça marche. Le lecteur peut voir la facilité avec laquelle elle se sort des pièges qui lui sont tendus.



Le fait que l'affaire ne sollicite pas toutes les capacités de Dex Parios fait qu'elle n'est jamais en danger. Pour autant, cela ne neutralise pas le suspense du récit, car elle doit aller chercher 3 livraisons de café, avec chaque fois un déroulement différent du précédent. Par ailleurs Mister Dove et son commanditaire sont vraiment insistants, et le gang des baristas réussit à kidnapper quelqu'un sans se mettre en danger. En outre, Dex Parios est tout aussi impliquée que s'il s'agissait d'une enquête avec des criminels plus professionnels et plus efficaces. De plus, les scènes de la vie personnelle de Dex Parios montre qu'elle est tout aussi sérieuse, et peut-être même plus touchée par sa sœur en train de squatter et par les efforts à fournir pour pouvoir assurer une tranquillité satisfaisante à Ansel. Le lecteur ressent de l'empathie pour cette femme impliquée dans sa vie professionnelle et attentionnée pour son frère.



Les dessins de Justin Greenwood ont conservé les mêmes caractéristiques que dans le tome précédent. Ses traits de contour ne sont pas lissés en de belles courbes, donnant parfois l'impression d'esquisses réalisées à l'encre directement, surtout pour les personnages. Cela leur donne une apparence à la fois plus spontanée, à la fois parfois un peu caricaturée. Cela n'empêche pas qu'ils disposent d'une personnalité consistante, à la fois par leur apparence et par leur tenue vestimentaire. Le lecteur peut voir la jeunesse dans les postures des 2 gugusses de la mafia des baristas, la tension et l'énervement dans le visage de Dex Parios, une forme d'insouciance dans les postures de sa sœur, la manière dont Ansel attend d'être rassuré par la présence d'un adulte responsable. L'artiste sait mettre en scène les moments d'intimité en faisant apparaître les tensions sous-jacentes entre les personnages, ainsi que les non-dits : la forme de mépris pour les baristas dans le regard de Dex Parios, l'irritation de Dex vis-à-vis de sa sœur, l'assurance de Fuji quand elle se retrouve face à ses kidnappeurs, etc.



Comme dans le tome précédent, Justin Greenwood sait donner de la consistance à chaque lieu : l'aménagement du bureau de Patrick Weekes, l'aménagement intérieur du pavillon de Dex Parios, le caractère très fonctionnel et dépouillé du bureau de Dex Parios, la marina où se trouve le yacht de monsieur Laidlaw. Sous des dehors de dessins un peu esquissés, en fait l'artiste réalise des dessins avec un bon niveau de détails permettant une immersion de bonne qualité. Pour cette histoire, Greg Rucka a souhaité intégrer une nouvelle course-poursuite en voiture, comme dans le tome 2. Greenwood s'en tire aussi bien que Matthew Southworth, avec une mise en page nerveuse sur 4 pages, incitant le lecteur à accélérer son rythme de lecture, transcrivant ainsi la vitesse des déplacements et des manœuvres.



Greg Rucka et Justin Greenwood savent raconter une enquête de petite envergure de manière à la rendre intéressante, à la fois pour le comportement professionnel et un peu décontracté de Dex Parios du fait du manque de compétence de ses opposants, à la fois pour sa vie privée, à la fois banale, à la fois unique. 5 étoiles.



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Épisode 10 - Un époux s'est rendu compte que Rachel Bowman sa femme lui ment sur l'endroit où elle se trouve le soir quand elle sort. Il engage Dex Parios pour la suivre et savoir si oui ou non elle le trompe.



Cet épisode est le dernier de la série. Greg Rucka a choisi comme intrigue la plus classique qui soit en matière de détective privé : un soupçon d'infidélité. Sur 26 pages, 23 sont dépourvues de texte. Cela constitue un vrai défi de raconter une histoire consistante en 1 seul épisode, rendu encore plus difficile par l'absence de mots. La narration visuelle de Justin Greenwood est impeccable, aussi fluide qu'immédiatement compréhensible. L'artiste augmente le nombre de cases à 7 ou 8 par page, de manière à densifier sa narration. Comme dans les 4 épisodes précédents, ses dessins arrivent à combiner à la fois une apparence spontanée pour les personnages, à la fois solidement construite pour les différents environnements. Le langage corporel de Dex Parios et des autres est expressif et permet de se faire une idée de l'état des personnages. Les planches savent resituer les conventions visuelles de ce genre d'enquête (planque dans la voiture, photographies prises à la dérobée), en les mettant au service de cette histoire en particulier, à les rendre spécifiques à l'histoire. Greg Rucka a construit son histoire selon un déroulement rigoureux. Dex Parios mène son enquête de manière très pragmatique, sans haut fait physique, sans déduction sortant de nulle part. Il montre avec élégance comment elle concilie sa vie professionnelle avec sa vie privée pendant l'enquête.



En découvrant ce dernier épisode, le lecteur prend la mesure du naturel avec lequel Justin Greenwood raconte une histoire avec très peu de texte, exercice pourtant délicat à mener bien. Il prend également la mesure du naturel avec lequel Greg Rucka sait raconter une enquête banale en la rendant intéressante par les détails spécifiques et le professionnalisme de Dex Parios.
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Wonder Woman Rebirth, tome 2

J'avais bien apprécié Wonder Woman Rebirth 1 même s'il présentait une énième Origin Story et j'avais hâte de lire la suite mais dès les premières pages, j'ai été complètement perdu au point de refermer le livre et de regarder sur la quatrième de couverture si je n'avais pas loupé des albums. Ce qui n'était pas le cas.



En effet, si le tome 1 laissait à penser que l'univers Rebirth serait un reboot des franchises, le tome 2 nous fait comprendre que non, DC maintient la continuité. Ainsi, tout ce qui s'est passé lors de l'époque News 52 (pour rappel, aussi appelée Renaissance en version française. Bravo Urban Comics) est pris en compte.



Alors que le tome 1 présentait les bases et laissait à penser qu'un nouvel arc narratif s'ouvrirait dans le tome suivant, on démarre ici sur une Diana en costume de Wonder Woman version News 52 complètement paumée (comme le lecteur) sur son identité et n'arrivant pas à démêler tous les passés et toutes les aventures qui lui remontent en mémoire. Cette partie est censée être la transition entre les deux versions de l'héroïne symbolisée notamment par le changement de costumes.



On s'envole ensuite dans une forêt tropicale à la recherche de Barbara Ann qu'on avait quittée humaine et nouvellement amie de Diana mais qui est maintenant Cheetah sous l'emprise d'un dieu maléfique, et ce depuis apparemment un certain moment. Puis débarque Trevor, et en même temps Etta maintenant haut-gradée discute avec la directrice de l'Argus dans sa cuisine. Cette directrice étant un agent double et parlant de phases d'un plan avec une boule métallique qui fait des images. Diana et Trevor s'embrassent sur une plage sous le soleil couchant mais Diana est triste car elle sait plus comment rentrer sur Themyscira... On n'y comprend rien !!!



Le lecteur essaie de s'accrocher au moindre petit détail pour essayer d'en saisir le contexte et comment, on en est arrivé là mais c'est trop compliqué. Il y a trop d'inconnues pour s'y retrouver et d'après ce que j'ai lu ailleurs, il semblerait que la lecture du run Wonder Woman Renaissance de Brian Azzarello, de Wonder Woman Déesse de la Guerre, ainsi que celles des premiers tomes de DC Rebirth et Superman Rebrith sont nécessaires la compréhension de cette histoire, ce qui fait quand même beaucoup pour un tome 2.



Côté illustrations, le dessin est très différent de celui de Nicola Scott dont le trait était doux, sympathique et collait bien à la personnalité de Diana alors qu'ici le trait, l'encrage et les couleurs sont agressifs.



Alors que Wonder Woman Rebirth Tome 1 repartait du début en présentant une nouvelle version des origines de l'héroïne, ce tome 2 demande beaucoup trop connaissances sur les arcs narratifs précédents au point que le lecteur est perdu et a du mal à sortir la tête de l'eau. Ainsi, s'il parait évident dans la BD franco-belge que le tome 2 d'une série soit la suite directe du premier, apparemment ce n'est pas tout le temps le cas chez l'oncle Sam.
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Wonder Woman Rebirth, tome 1

Comme à peu près tous les 5-6 ans, DC remet à jour son catalogue. Ainsi, après les New 52 (qu'Urban Comics avait brillamment décidé de renommer Renaissance), voici Rebirth (qu'Urban a décidé d'appeler… Rebirth. Non non, on ne risque absolument pas la confusion !).



Ainsi, tous les personnages de l'éditeur repartent à zéro et donc, Wonder Woman Rebirth tome 1 est ENCORE une origin story. Une Origin Story certes bien écrite et bien rythmée mais qui ne change pas beaucoup des versions précédentes. Certains personnages sont réactualisés, notamment Steve Trevor, qui maintenant souffre du syndrome du t-shirt biodégradable (mais bon, vu le nombre de fois où ce sont les personnages féminins qui subissent une réduction soudaine du nombre de cm3 de tissus sur elles, c'est de bonne guerre) et Barbara Ann Minerva (dont, sauf reboot total, les plus connaisseurs savent déjà la destinée), quelques clins d'oeil et idées originales apparaissent par ci par là mais sinon l'histoire reste quasi la même.







Rien de nouveau sous le soleil et mis à part le bon travail de la dessinatrice Nicola Scott qui est joli, bien maitrisé et servant très bien l'histoire et les personnages, je doute que cet album contentera les amateurs de comic-book. Par contre, il constitue une bon départ pour quiconque découvrant l'héroïne et son univers. Pour ma part, j'attends du deuxième tome qu'il mette en place un nouvel arc envoyant enfin l'amazone dans de nouvelles aventures.

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Lazarus, tome 1 : Pour la famille

Forever est une fille de la famille Carlyle. Mais c’est surtout le produit de manipulations génétiques et technologiques qui lui confèrent des qualités hors du commun et qui en font le bras armé de la famille. Une famille omnipotente dans un monde d’anticipation et de cauchemar.

L’immersion dans cet univers se fait sans sas de décompression mais non sans frayeur en découvrant cette société aux catégories bien tranchées : les membres des familles dominantes, les serfs (leurs serviteurs) et les déchets (le reste de l’humanité)… L’absence d’échappatoire, le rythme haletant et ses personnages impitoyables font de cet album un must dans le domaine de la BD d’anticipation.
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