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Critiques de Gwenaële Robert (230)
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Le dernier des écrivains

Quand un écrivain disparait lors du vol Paris Stockholm qui le mène vers la cérémonie de remise du Prix Nobel de littérature, les médias s’affolent et l’éditeur se réjouit (secrètement) de cette publicité gratuite qui va doper les ventes.



Pierre le Guellec a bâti son oeuvre en racontant la vie des marins, des bretons et des malouins. Ses pages dégagent une saveur salée héritée du labeur des générations qui l’ont enfanté. C’est une légende vivante … mais une légende peut être romancée et se distinguer de la vérité !



Marie Rivalain, attachée de presse des éditions Brodin, s’est vu confier la garde du chien durant l’intermède suédois. Elle occupe donc, en décembre, à Saint Malo, le logement de l’écrivain, au coeur d’un vieil hotel particulier qui eut ses heures fastes. Au fil des jours, elle fait la connaissance des voisins et découvre progressivement l’histoire de l’écrivain …



Découpée par une talentueuse feuilletoniste, la fiction rebondit de chapitre en chapitre au fil d’une narration décrivant subtilement la ville et son histoire séculaire riche de corsaires et de pécheurs. L’amoureux de littérature maritime retrouve l’atmosphère de Pécheurs d’Islande de Pierre Loti, des Rafales de Roger Vercel ou du Mollenard d’Oscar-Paul Gilbert.



Mais Pierre le Guellec n’est pas seulement le descendant d’une lignée de marins, c’est un écrivain qui a publié des oeuvres inoubliables, contrairement au père de Marie qui a passé sa vie à commettre des manuscrits impubliables … Le contraste entre ces deux destins interpelle Marie et conduit le lecteur à s’interroger sur les mystères du succès littéraire et du milieu éditorial.



Eternelle question que Cédric Meletta aborde avec « Le meilleur que nous ayons couronné », consacré au premier des Prix Goncourt… et en songeant à cela il m’est revenu en mémoire que René Moniot Beaumont, auteur de l’incontournable « Histoire de la littérature maritime », est issu d’une famille haut marnaise issue du village de Goncourt …



J’ai apprécié Le dernier des écrivains et ai envie de poursuivre la lecture de l’oeuvre de Gwenaelle Robert.



PS : mon avis sur Le meilleur que nous ayons couronné
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Tu seras ma beauté

“Il n’a pas écrit un mot depuis des mois. Rien. Il cherche, pourtant, il guette avec une sorte d’obstination nerveuse l’idée de son prochain roman”, c’est Philippe Mermoz auteur à succès de “Rizières”.

“Elle n’a lu aucun de ses romans. Elle n’en éprouve pas l’envie. D’ailleurs, elle n’a pas le temps. Elle a des cross, des trails, des treks. Et puis des compétitions, des entraînements, des marathons”, c’est Lisa Desbordes, professeur d’éducation physique.

“Elle est femme de notaire, elle habite Saumur, elle se fond dans le paysage. Sa garde-robe est grise, noire, beige. Ses vêtements sont classiques, ses bijoux discrets, son carré sage, ses chaussures plates”, c’est Irene Combier, prof de français.



Philippe est arrivé au Salon du Livre de Saumur, dédicacer « Rizières ».

Lisa s’y rend pour y faire dédicacer « Rizières » pour sa mère qui est à l’hôpital.

Elle flash sur lui, mais l’endroit n’est pas propice à la drague....pourtant Philippe lui glisse dans le livre l’adresse de son éditeur. Elle ne lui reste qu’à lui écrire, mais elle ne sait pas écrire....et c’est là qu’ Irene entre en scène dans le rôle de nègre, et ainsi initie l’imposture. La mélancolie balzacienne va-t-elle pouvoir coïncider avec l’enveloppe athlétique ? Un jeu épistolaire qui va la griser pour finir par la piéger, mais.....

Deux femmes, un homme, c’est forcément compliqué, pourtant l’enjeu n’est pas là....



Bien que comme sujet de base rien de nouveau, une lecture très intéressante, dans le fond et la forme, dont j’ai beaucoup aimé la fin. L’auteur y fait de nombreux clins d’œil à de fameux ouvrages et personnages de la littérature classique et notamment à un livre particulier, Cyrano de Berjerac, dont d’ailleurs découle le titre, “Je serais ton esprit, tu seras ma beauté. Tu marcheras, j’irai dans l’ombre à ton côté “. Et encore une fois une ode à la magie de l’écriture. Cette écriture qui peut révéler des bribes et même beaucoup plus de notre moi profond, qu’on cache si soigneusement dans la vie quotidienne. Cette écriture qui peut séduire, même « ensorceler », mais aussi piéger.

Je vous laisse découvrir l’histoire de ce “personnage en quête d’auteur”, dont je conseille vivement la lecture !



“La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas.”

Fernando Pessoa

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Le dernier des écrivains

Bienvenue à saint Malo, la célèbre cité corsaire, la ville touristique qui fut un centre névralgique pour le commerce mondial, comme le développe Simiot avec Ces Messieurs de Saint Malo.



Cette fois, l’ambiance est plus littéraire, puisque Marie, chargée de communication pour Pierre Le Guellec, un écrivain reconnu, au point de se voir attribuer le prix Nobel, a la chance d’accompagner l’homme sur son lieu de résidence, intra-muros. Mais voilà, l’homme disparait mystérieusement sur son trajet vers Stockholm. Plus aucune trace. Il s’est littéralement envolé. C’est l’affolement chez l’éditeur, même si la présence de l’élu la présence de l’écrivain n'est pas indispensable pour recevoir la récompense suprême, synonyme d’une excellente affaire sur le plan des ventes à venir.



Mais Marie sait ce qui s’est passé. Elle sait ce qui est arrivé à Pierre. Et le lecteur fait partie de la confidence : le déroulement précis, cependant, ne sera révélé qu’à la fin.



L’écriture est fort belle, et on prend un grand plaisir à déambuler dans ce décor superbe et à se mêler à l’ambiance particulière qui y règne. Les lieux ne sont pas idéalisés, la citadelle est en piteux état, enlaidie par ses boutiques bas de gamme et sournoisement bouffée par la mérule qui mange peu à peu ses murs. Mais la ville reste riche d’une histoire exceptionnelle, d’un sentiment d’appartenance et d’une fierté séculaire.



Les allusions littéraires ne manquent pas, les classiques surtout, et bien entendu Châteaubriand reposant si près des remparts.



Histoire originale, bien écrite, qui sait fort bien se distinguer des enquêtes locales d’un autre répertoire, que la couverture aurait pu faire craindre.



208 pages Presses de la cité 10 mars 2022

#LeDernierdesécrivains #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le dernier bain

"David écume. Il voudrait être écrivain. [...] Ah oui, par exemple, les choses sont diablement plus claires quand on tient une plume !"

Encore faut-il avoir comme Gwenaële Robert le sens de la formule, la manière de tourner le mot et de façonner un récit.

Dans ce livre, le tableau de David et la scène du musée Grévin ont eu envie de liberté, de cette liberté que seul le roman peut offrir à L Histoire.

"Le dernier bain" est donc un roman, un roman historique écrit par Gwenaële Robert, et paru, en août 2018, dans la collection "les Passe-Murailles" des éditions Robert Laffont.

Toutefois en voudrait-t-on à Gwenaële Robert si elle avait un peu tordu L Histoire officielle ?

Marat est mort, assassiné par Charlotte Corday.

Le ballet s'ordonne, s'organise.

La tragédie se donne des allures antiques.

Les personnages prennent corps et s'extirpent du brouillard du temps passé.

A l'épilogue de ce roman, ils se retrouveront tous avant de s'effacer une nouvelle fois dans les brumes de l'Histoire.

Réels ou imaginaires, ils sont revenus à la vie un instant, le temps d'une lecture de quelques 230 pages, et y sont plus vrais que nature.

La plume de Gwenaële Robert possède un secret, celui d'écrire autrement, d'une manière à la fois classique et originale.

Ce qui donne à chacun de ses livres une saveur originale, un cachet inimitable.

La diligence d'Evreux a laissé sur la chaussée une jeune fille de Caen.

Elle n'est pas de Paris.

Elle s'appelle Marie Charlotte Corday ...

Mais il s'en faudra de peu qu'elle ne se fasse voler la vedette par Jane Ashley qui, elle aussi, a un compte de vengeance ouvert au nom de l'ami du peuple, de celui qui hume le sang des ennemis de la République.

Une des deux femmes était moins déterminée que l'autre ...

Tragediante !

Tous les personnages de ce roman sont peints avec précision, finesse et sensibilité.

Lorsque la tragédie éclate, on ne peut se retenir ici d'un petit moment d'émotion.

Elle est là, la réussite de Gwenaële Robert, d'avoir imprimé du mouvement à cette scène figée dans les manuels et dans les souvenirs d'écolier.

Jamais l'Histoire n'a paru aussi tangible, aussi accolée à la vie.

Cependant le récit est découpé en scènes courtes, très courtes, parfois trop courtes pour s'y plonger.

Et, ce sera certainement là le seul petit défaut qui, tout en hachurant un peu la lecture, imprime pourtant à cette alternance de scènes une impression de simultanéité et de rapidité très visuelle et cinématographique.

"Le dernier bain" est donc un roman historique très réussi qui, à mon sens, marque un tournant dans un genre qui avait tendance à s'affadir et à ronronner dans d'interminables rebondissements d'Histoire et de pages plus ou moins romancées, plus ou moins captivantes ...





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Never Mind

C'est peut-être en la parcourant à rebours que l'oeuvre d'une autrice ou d'un écrivain, d'un auteur ou d'une écrivaine, semble offrir à ses lecteurs le plus de plaisir.

Comprenons-nous bien.

Il ne s'agira pas, bien sûr, de lire les livres à l'envers, pas plus que de les lire en marchant à reculons.

Ce qui serait insolite, convenons-en !

Non, bien sûr, il s'agira plus raisonnablement de découvrir les romans et nouvelles autrefois écrites, qui ont jalonné le succès et forgé la renommée de la plume.

Et ainsi, plus sûrement de prolonger le plaisir d'un première lecture agréable au style, captivante au récit et imaginative à l'intrigue.

Bref !

Même si leurs deux récits ne semblaient rien avoir en commun, il y avait dans "Sous les feux d'artifice" et dans "Le dernier écrivain" une véritable originalité commune aux deux romans.

Un-je-ne-sais-quoi fiché dans le ton, dans la phrase et dans le mot, dans la manière et la façon, qui fait la différence.

Ce genre de décalage qui est comme la marque de la véritable Littérature.

"Never mind" est un roman historique de Gwenaële Robert, paru en 2020 aux éditions "Robert Laffont", dans la collection "Les passe-murailles" qui propose un bien alléchant programme que de revisiter, s'égarer et débattre à travers des romans ou des récits, entre rêve et réalité.

Comme tout roman historique, "Never mind" est une fiction.

L'histoire en est connue.

Le soir du réveillon de Nöel, en cette première année du XIXème siècle, une terrible explosion est venue ébranler la rue Saint-Nicaise sur la route du carrosse qui emmènait Bonaparte vers l'Opéra.

Le premier consul a échappé à la "machine infernale".

Qui sont les victimes ?

Qui sont les coupables ?

"Septembriseurs" républicains ou royalistes "chouans" ?

Fouché penche pour les uns, et Bonaparte pour les autres ...

Le roman de Gwenaële Robert jette sur sur cette tragédie historique un nouvel éclairage.

Elle y ajoute comme un air de modernité.

La manière d'écrire y est pour beaucoup, celle de peindre ses personnages aussi.

Noble et coupable, tourmentée et lucide, la silhouette de Joseph de Limoëlan, est splendide.

On le dit souvent, un roman généralement ne vaut que par ses personnages.

La distribution a été ici soignée du premier au plus petit des rôles, Gwenaële Robert y a elle-même veillé du bout de sa plume.

Et c'est là qu'elle a glissé entre les mots, juste ce qu'il faut d'imagination et de mémoire historique pour donner un récit captivant, pour donner à penser que le véritable monstre n'est pas là où l'on pense qu'il se cache, pour suggérer que rien n'est jamais si simple.

Never mind ...







Gwenaële Robert











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Le dernier des écrivains

Depuis Tu seras ma beauté, sa réécriture formidable 😍 de Cyrano de Bergerac, je ne manque aucune des nouvelles parutions de Gwenaële Robert. Avec Le dernier des écrivains, elle change de genre et s’essaie au policier après 2 romans historiques. Et c’est très plaisant !



Pierre Le Guellec, un écrivain breton est en passe de recevoir le prix Nobel de littérature. Alors qu’il est attendu à Stockholm, il ne se présente pas pour recevoir son trophée. Marie, son attachée de presse, en charge de garder le chien de l’illustre écrivain dans son appartement à Saint Malo, décide d’enquêter sur cette disparition étonnante…Et cela ne va pas être sans surprises…

J’ai retrouvé avec plaisir la plume sensible de Gwenaële Robert dans ce court roman, hymne à la littérature et à la ville malouine. Le récit est habilement mené entre l’introspection de Marie, à un tournant de sa vie, et ses vagabondages/ interrogatoires dans Saint-Malo.

Au final, un récit au cheminement inattendu et une nouvelle collection chez Les Presses de la cité (TerreSombres) des plus prometteuses.
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Sous les feux d'artifice

Dix-huit cent soixante quatre, un navire Yankee s’ancre en baie de Cherbourg, jusque là ce serait banal mais dans la rade se trouve un navire sudiste, nous sommes en pleine guerre de Sécession et le blocus en a fait un navire errant.

Encore une page d’histoire passionnante, une peinture de la France de Napoléon III .

C’est l’apparition des toutes premières stations balnéaire : Cherbourg, Deauville… et de leurs casinos, promesse d’un argent facile.

C’est aussi pour Mathilde des Ramures, le glas de sa fortune et de la dot de sa fille.

Théophile Coupet, journaliste chargé des inaugurations et de la rubrique mondaine, venu de Paris, voudrait des événements politiques.

Zélie, jeune ouvrière à la langue bien pendue, va devenir femme de chambre, la guerre empêchant les filatures de coton de fonctionner.

Tout se met en place pour que Cherbourg connaisse une incroyable journée qui changera quelques vies avec le duel des deux navires.

C’est aussi la fin d’une époque que je connais fort peu : les débuts de l’industrialisation, l’argent devient le maître du monde et l’esclavage est aboli.

C’est aussi Napoléon III qui défie les États-Unis toujours en quête de domination et de nouveaux territoires. Il envoie Maximilien et Charlotte de Habsbourg au Mexique pour y régner (tout en espérant ouvrir une route au coton des confédérés)

Malheureusement ses plans n’aboutiront pas et Maximilien connaîtra une triste fin.

Gwenaële Robert nous offre un roman passionnant aux multiples feux d’artifice, d’une écriture fluide, avec la description d’une société à venir, et une réflexion sur ce qui fait bouger le monde. Encore une auteure que je relirai avec plaisir.

Une belle réussite de la rentrée 2022.

Merci aux éditions du Cherche Midi

#Souslesfeuxdartifice #NetGalleyFrance

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Le dernier bain

« Au bas de l’escalier, la foule est un essaim qui bourdonne « A mort ! A mort ! » ? Charlotte descend lentement. On la bouscule, on la menace, on la maudit. »



Le dernier bain, c’est celui de Marat et l’assassinat, tout le monde le sait, c’est le premier de Corday. Elle a poignardé un des principaux députés de la Montagne.



Dans cette fiction historique, l’auteure rallume avec brio les turpitudes du siècle des lumières. Ça tombe bien, les nôtres sont éteintes la nuit par souci d’économie et c’est pas la faute à Voltaire mais Rousseau en serait ravi.



Je vais faire monter Gwenaële Robert sur mon podium d’auteures captivantes aux côtés de Tracy Chevalier et de Gaëlle Josse pour l’écriture déliée qui me fait voyager et pour la sensibilité qu’elle fait éclore dans chacun des personnages rencontrés, dans chacune des situations générées.

Il n’est pas surprenant que la collection se nomme chez Robert Laffont « Les passe-murailles » tant je me suis retrouvé balloté dans les manifestations révolutionnaires ou plongé dans les regrets royalistes de certains protagonistes.



1793, C’est la terreur avec ce qu’elle engendre de haine et de rancœur. L’auteure imagine qu’il n’y a pas que Charlotte Corday qui désire que Marat meure, c’est le côté fiction enchanteur.



Et puis il y a David qui pleure son ami regretté et le peint mort dans sa baignoire dans une pose caravagesque. Dans sa toile mythique il transforme l’hideuse baignoire sabot en somptueux catafalque bordé de draps tachés de sang.

« Elle était l’écrin du martyr, à la fois cercueil et berceau : il fallait que l’homme meure pour que naisse sa légende. »



J’ai beaucoup apprécié ce roman, ses péripéties, la documentation fournie de l’auteure et l’élégance à la traduire, j’ai savouré également le second degré qui se glisse dans le texte :

« Ce n’était pas la peine d’interdire les processions si c’était pour les singer après, avec des baignoires à la place des croix. »



Finalement, j’ai appris que Charlotte Corday, la jolie Normande de 25 ans, même si elle y perd la vie, a accompli son serment de petite fille.

« Elle sait que ce sont ceux-là les plus exigeants, les pactes de l’enfance qui vous défient de trouver le repos avant que vous ne les ayez honorés. »









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Le dernier bain

« Sur la toile, il y a un homme. Mais dans l'ombre une femme homicidée, rejetée dans les ténèbres, et un peintre ambitieux qui aspire à la lumière de l'éternité. (…) Maintenant, autour du corps sans vie de Marat, je ne vois plus qu'eux : Charlotte et David. Je devine leurs souffles au-dessus de l'Ami du peuple, leurs âmes, également éprises d'absolu, se disputant l'immortalité de la gloire. »



Assise dans une salle du Louvre devant la copie du tableau de David « La mort de Marat » (l'original est à Bruxelles), la narratrice contemple la « scène de crime » picturale, magnifiée par David à la gloire de l'Ami du peuple qui était aussi le sien. Son regard s'introduit dans le tableau, fouille les ombres et les recoins, explore l'invisible, convoque les fantômes et, derrière les vérités assénées, part à la rencontre d'une vérité tout autre, écrasée par le poids de la légende et du discours officiel de l'Histoire.



23 Messidor, an II – 11 juillet 1793. La diligence en provenance d'Evreux fait son entrée à Paris. Une jeune fille de 24 ans en descend, elle se nomme Charlotte Corday. Au même moment vivent ou se terrent dans différents quartiers de Paris d'autres personnages qui ne se connaissent pas mais qu'unissent sans qu'ils le sachent une haine commune, un même désir de vengeance, dont nous découvrirons les motifs au fil des pages : Jane Ashley, une jeune anglaise, Marthe Brisseau, lingère à la Conciergerie et grand-mère revancharde d'un bâtard de Marat, Théodose Billot, un moine malgré lui défroqué et perdu… Tous rêvent de précipiter la mort de Marat, seule Charlotte Corday passera à l'acte : Jean-Paul Marat n'a plus que trois jours à vivre et sa baignoire, bientôt, entrera dans l'histoire.



A partir du tableau de David qui campe Marat dans la posture quasiment évangélique d'un martyr laïc sacrifié sur l'autel de la cause supérieure du peuple, gisant plein de douceur et de grâce, Gwenaële Robert mêle la fiction à l'histoire pour nous introduire dans le contexte effrayant de la Terreur et dans la vérité de l'un de ses plus effroyables bourreaux, sanctifié pour l'éternité du temps de l'art par un peintre ambitieux, avide de fortune et de gloire. Avec une grande puissance d'évocation, elle sait restituer à merveille le quotidien du Paris révolutionnaire, ses petits métiers, ses bruits et ses odeurs, son incessante activité, sa ci-devant noblesse aux abois, l'exaltation des petites gens dans cette liberté, cette égalité nouvelles, mais aussi la vaste purge républicaine, l'ivresse de la délation dans l'impunité… et la peur, constante, omniprésente, qui fait courber la tête d'un peuple écrasé par l'ombre gigantesque du Comité de salut public et de sa guillotine.



Un roman historique iconoclaste, documenté et bien écrit - l'écriture est superbe -, qui met à mal dans un portrait résolument à charge la légende longtemps véhiculée de « l'Ami du peuple » et nous le restitue dans la nudité de son âme, infiniment cruelle et sombre. Un roman passionnant et un bon moment de lecture.



[Challenge Multi-DÉFIS 2019]

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Sous les feux d'artifice

Que Dieu me savonne !

Et que Li Tian me pardonne, voilà qui n'est pas commun, une rentrée littéraire "sous les feux d'artifice" !

C'est que Gwenaële Robert a fait les choses en grand.

Deux feux d'artifice tirés conjointement divisent ce livre en deux parties ...

Le Mexique ou Cherbourg ?

Une bataille navale ou la fête ?

Du journalisme mondain ou un brutal reportage de guerre ?

De l'Histoire ou de la romance ?

Ce roman historique, "sous les feux d'artifice", vient de paraître aux éditions "les Passe-Murailles".

Il a été publié juste à temps pour faire partie de cette rentrée littéraire qui, plus que d'habitude, aura tenu ses promesses de bonnes lectures.

En ce mois de juin 1864, Charlotte et Maximilien arrivent au Mexique pour s'asseoir sur le trône chancelant que leur a offert Napoléon III ...

Et Théodore Coupet, journaliste mondain au journal parisien "la vie française", vient d'être envoyé à Cherbourg pour y couvrir l'inauguration du nouveau casino ...

Théodore est maussade.

On le comprend.

Il est envoyé à Cherbourg pour un reportage qu'il n'a pas envie de faire.

Et puis, la campagne normande vue du train, c'est un coup à vous fiche le cafard.

Et puis, il pleut ...

Mais Théodore, s'il n'avait pas voyagé en troisième classe, s'il avait pu lire le livre de Gwenaële Robert durant son voyage, s'il avait pris le temps de le finir ...

Théodore aurait eu moins le bourdon !

Il aurait découvert un roman historique prenant dont il est un des personnages principaux.

D'ailleurs, Coupet est un nom bien choisi pour se fondre dans le bocage !

Car en Normandie, on ne dit pas :

"ce que tu prétends est stupide ou prétentieux".

On dit :

"Mais où qu'c'est-y qu'tu preins ton cid', t'cheu Coupet" ?

Bref, Théodore Coupet n'a pas pu lire ce livre à cause d'un paradoxe temporel que l'on ne perdra pas de temps à démontrer ici.

Et c'est dommage !

Car c'est un bon roman, bien écrit par une auteure qui a su y distiller finement tous les ingrédients nécessaires au genre.

Elle y a même glissé, chose rare en la matière, quelque peu de sensibilité qu'elle n'a pas laissé s'étaler pourtant jusqu'à la sensiblerie.

Tout est bien dosé dans ce roman.

Le récit est crédible et captivant.

Les personnages sont attachants.

La lectrice, et même le lecteur, durant quelques 250 pages, vont se faire un sang d'encre pour le capitaine Semmes commandant le bâtiment sudiste l'Alabama, pour Charlotte et maximilien, pour Zélie et pour Mme des Ramures.

Hors de question de refermer ce livre avant que ...

Par contre, inutile de chercher la rue du blé qui se nomme en réalité la rue au blé.

J'ai presque honte de ce petit pinaillage géographique !

En tout cas je remercie, Gwenaële Robert de m'avoir, le temps de la lecture de son livre, transporté presque jusqu'à la maison, à quelques kilomètres de Cherbourg, et de m'avoir offert un agréable et intelligent moment de lecture.

Merci aux éditions "les Passe-Murailles" dont la belle devise semble prometteuse d'un exigeant choix éditorial.

Et merci à la "masse critique" qui encore et toujours a joué la carte de la découverte.

C'est une bonne pioche pour le livre de Gwenaële Robert !

Qu'il serait dommage de manquer dans cette rentrée littéraire ...











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Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

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Le dernier bain

Notez sur vos calendriers révolutionnaires que c'est le 6 fructidor (le 23 août pour ceux qui vivent au jour le jour...) que sortira dans toutes les bonnes librairies (la vôtre en tout cas , je l'espère ) le nouveau roman de Gwenaële Robert, le dernier bain.

Amateurs de romans historiques où la petite histoire rencontre la grande, ou tout simplement  lecteurs curieux et hétéroclites, n'hésitez pas à vous procurer cet ouvrage qui j'en suis sûr vous ravira.

C'est à partir du tableau de Jacques-louis David, (1748-1825 là, j'avoue, j'en rajoute pour faire l'érudit...), la mort de Marat, que l'auteure a imaginé  une histoire autour des trois derniers jours du célèbre médecin, député à la convention pendant la révolution, assassiné dans son bain en cette veille de fête nationale par la toute jeune Charlotte Corday.

Marat, donc, acteur et victime de la révolution, qui, contrairement à ses condisciples de l'époque, ne périt pas sous la lame de la guillotine, mais, la tête bien sûr les épaules,  transpercé par celle acérée d'un couteau de cuisine.

Gwenaële Robert restitue parfaitement l'atmosphère de l'époque tout comme elle donne vie aux différents personnages, anonymes ou célèbres qui gravitent autour de la future victime, elle invente, bien sûr,  mais elle relate aussi. Tout n'est pas roman. Il y a de la vérité historique.

D'ailleurs, elle les a cherchés les détails,  jusque dans cette baignoire que l'on aperçoit à peine dans le tableau, cette baignoire que l'on devine et qui mérite qu'on s'y attarde,  parce que peu classique, elle va jusqu'à nous en conter le destin. Un destin lié à celui de l'hôte qui l'occupa jusqu'à son dernier souffle.

Une fois de plus Gwenaële Robert m'a séduit par son écriture et m'a donné envie de me replonger dans cette période sombre de notre histoire.

Assurément une belle lecture de cette rentrée littéraire 2018.







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Tu seras ma beauté

Attention coup de coeur. ..

Dans son premier roman,  Gwenaële Robert revisite le Cyrano de Rostand.

N'y voyez pas une simple version féminine de la célèbre pièce de théâtre,  un copier coller, l'auteure imprime sa patte et laisse son talent s'exprimer et quel talent !

De nos jours, Lisa, jeune et jolie professeur de sport n'a qu'une envie, se retrouver dans les bras de Philippe Mermoz, écrivain à succès qu'elle vient de rencontrer lors d'une séance de dédicaces. Celui-ci lui a glissé une adresse, sur un simple post-it, et il n'en faut pas plus à la charmante demoiselle pour envisager un avenir...torride. Pour obtenir ce qu'elle souhaite,  elle demande à son amie Irène, professeur de lettres,  de correspondre avec l'auteur. Irène se prend au jeu.

Deux femmes, deux objectifs.

Pour Lisa, le corps.

Pour Irène,  le coeur.

Mermoz sera-t-il dupe ? Lui qui, dès les premiers échanges, à des doutes...

Quelles émotions j'ai ressenti à cette lecture !

J'aimerais trouver, comme cette auteure, les mots simples et justes pour vous inciter à la découvrir.

Quel plaisir, toutes ces références à notre belle littérature, toutes ces descriptions de gestes simples et quotidiens, de sentiments,  dans une langue savoureuse, un florilège de mot ou chacun a son importance. Ni désuet, ni pompeux, et même s'il m'est arrivé d'ouvrir un dictionnaire parce que mon vocabulaire a affiché ses lacunes devant un terme ou une expression, je me suis régalé.

Pas de doute, Gwenaële Robert aime la langue française,  et nous fait partager son bonheur d'écrire.

On peut l'imaginer dans la peau de la narratrice principale, maniant la plume avec légèreté et une maitrise indéniable.

Si la "beauté" est l'expression de tout ce qu'on aime, alors ce roman est tout simplement... Beau.

Merci à cette amie qui m'a conseillé d'aller à la rencontre de Gwenaëlle Robert il y a quelques jours, ce fut un échange sympathique suivi d'une magnifique lecture.
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Le dernier bain

Nous sommes à Paris, sous l'an II. Nous sommes le 11 juillet 1793 et Paris s'apprête à célébrer dans trois jours les commémorations de la prise de la Bastille. Inutile de vous rappeler que nous sommes dans la période la plus sanglante de la révolution française, la Terreur.

Le dernier bain est le second roman de Gwenaële Robert, il m'a permis de connaître cette jeune auteure, professeure de lettres vivant à Saint-Malo.

Le récit se défend d'être une oeuvre historique, c'est une pure fiction dans laquelle la dimension romanesque vient se faufiler au plus près de la Grande Histoire en y apportant un nouvel éclairage.

Gwenaële Robert assume dès le préambule de ce livre son parti pris : visiter le dessous de l'Histoire, faire vaciller les statues trop bien vissées sur leurs socles immuables. Elle écrit notamment : « Peut-être faudrait-il, pour connaître l'histoire, savoir parfois baisser les yeux. La vérité n'est pas toujours au-dessus, mais en-dessous. En levant la tête, on ne rencontre jamais que les tribunes officielles, les estrades, les frontons, les arcs de triomphe. Pour savoir, il faudrait descendre sous la fine croûte terrestre qui sépare les héros des damnés de la Révolution. L'histoire est aussi là, dans les culs-de-basse-fosse, dans les caves, les cachots, les égouts où l'on s'est caché. »

En l'occurrence, ici il ne s'agit pas de dévisser une statue mais d'égratigner un tableau, celui peint par le peintre Jacques-Louis David pour rendre hommage et immortaliser la mort de son ami Marat, député de la Convention, « Ami du Peuple » tel qu'on le surnommait et assassiné par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. David, lui-même député, en a en effet dressé la figure d'un martyr, d'un supplicié. Tout le monde connaît ce tableau célèbre pour l'avoir vu au moins une fois dans les manuels scolaires. L'homme est dans sa baignoire. Charlotte Corday vient de lui asséner un coup mortel sur le côté droit à l'aide d'un couteau pointu. Nous voyons une figure presque christique, un visage doux, presque apaisé, les yeux clos, la tête penchée en arrière...

Gwenaële Robert nous rappelle de manière ironique qu'en général cette reproduction figurait dans les manuels scolaires tout à côté de celle de la Déclaration des droits de l'Homme...

Mais sous le vernis du tableau il y a quelqu'un d'autre qu'un être doux, qu'un héros, qu'un saint. Gwenaële Robert nous invite à gratter un peu la peinture du culte, à soulever le rideau, passer de l'autre côté, dans l'envers du décor, loin de la lumière des estrades et des commémorations... À découvrir qui était réellement Marat... Découvrir le monstre.

C'est par ellipses que nous approchons pas à pas du 30 rue des Cordeliers. C'est en effet à cette adresse que vit le député de la Convention et c'est au premier étage, depuis cette fameuse baignoire, immergé dans un bain de soufre parce qu'il souffrait d'une maladie incurable, qu'il découvre chaque jour les nombreux courriers de dénonciation des présupposés ennemis de la République, il s'en délecte, assoiffé de sang et c'est là aussi qu'il signe avec hargne et jubilation les listes à n'en plus finir des têtes à découper.

Gwenaële Robert nous entraîne dans le tourbillon des trois jours qui précédent la mort de Marat. Pour cela, elle convoque plusieurs personnages qui ont tous en commun de détester « l'Ami du Peuple ». Pire, ils sont animés d'une haine commune qui les pousse à vouloir tuer Marat. Pourtant, ils ne se connaissent pas et le dessein qui les anime est bien différent pour chacun d'eux. En même temps, la haine ne leur ressemble pas, ils sont attachants, d'une grande humanité...

Ces personnages que nous dessine avec justesse et émotion Gwenaële Robert, nous deviennent brusquement proches, au fur et à mesure que nous entrons dans leur quotidien, effleurons leurs gestes, leurs rêves meurtris, tâtonnons avec eux dans la lumière éphémère du jour. C'est comme un chassé-croisé dans les quartiers de Paris, où chaque personnage avance durant trois jours dans l'accomplissement de son destin, parfois avec détermination d'autres fois avec résignation, ballottés par les tumultes et les cris de la Révolution qu'on croit entendre à chaque coin de rue.

Il y a une anglaise, Jane Ashley, qui se cache dans l'appartement d'aristocrates émigrés. Il y a Marthe Brisseau, lingère à la Conciergerie où sont enfermées la reine Marie-Antoinette, sa soeur et l'enfant Louis Capet et qui s'est prise de compassion pour le sort de ses prisonniers hors du commun. Il y a Théodose Billot, prêtre défroqué, lâche, qui a renié simplement sa foi par peur de la guillotine et qui se cache dans une pension, terrorisé par son ombre.

Et enfin il y a bien sûr une certaine Charlotte Corday, jeune fille à la fois fragile et déterminée, tout droit venue de Caen, qui loge dans une chambre d'hôtel rue Racine. Notre coeur bat pour elle. Mais si cela n'avait pas été elle, les autres auraient-ils pu mener à bien leur dessein jusqu'au bout, jusqu'à la fameuse baignoire ?

Je me suis senti totalement embarqué dans l'itinéraire de ces personnages, ils sont peints avec beaucoup d'acuité et de réalisme et la reconstitution historique en toile de fond donne beaucoup d'épaisseur à la narration. Charlotte Corday est particulièrement émouvante par sa jeunesse, son sacrifice, sa candeur et son intégrité. Car les valeurs de la République, elle y croit, elle y est attachée, mais pas à la façon dont les conçoit Marat, c'est-à-dire pas dans la terreur ni la répression.

L'auteure nous fait par ailleurs une description cocasse mais juste de la fameuse baignoire. Il s'agit plutôt d'une sorte de cuve noire, haute et profonde, en cuivre, en forme de sabot qu'il fallait presque escalader, à l'aide d'un escabeau, avant de la pénétrer par une sorte de trou d'où seul pouvait jaillir le buste. Rien à voir avec l'image d'une baignoire classique ni encore celle peinte par le peintre David pour immortaliser la scène fatale. Une façon de remettre les choses à l'endroit...

Cette baignoire connut divers aléas, suite à la vente des biens de Marat. Elle finit par se retrouver un jour chez un curé du Morbihan, dans la paroisse de Sarzeau. le bon prêtre l'avait eue en héritage d'une vieille demoiselle royaliste et catholique. Incroyable ! Il ne consentit à s'en séparer qu'en 1886 au Musée Grévin.

Je voudrais terminer par cette lettre poignante de Charlotte Corday à son père, la veille de son exécution et qui figure en citation sur la première page du roman :

« Pardonnez-moi, mon cher Papa, d'avoir disposé de ma vie sans votre permission. »

Bouleversant...
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Le dernier des écrivains

Mesdames, messieurs nous arrivons à Saint-Malo ... Saint-Malo terminus de ce livre ...

Où est passé le Nobel ?

Le Nobel a-t-il disparu ?

Disparition de Pierre le Guellec : faut-il s'inquiéter ?

Toute vérité est-elle bonne à dire ?

Jusqu'où peut-on aller pour préserver la légende d'un grand romancier ?

"Le dernier des écrivains" est un roman policier écrit par Gwenaële Robert, et paru en 2022 aux "Presses de la Cité".

Dès les premières lignes, il m'a semblé que ce récit se dirigeait sagement vers une tranquille atmosphère littéraire.

Quand soudain y est survenue l'improbable disparition !

Policier or not policier ?

That's the question ...

But, que Dieu me savonne et que the Pretenders me pardonnent !

It's not the alone ...

(Au passage, vous pourrez noter la tentative d'internationalisation de ma critique, et surtout l'accent impeccable de mon anglais pourtant très approximatif.)

Suspens, mystère et épilogue ...

Mais pas seulement, ce roman est un roman d'atmosphère original.

Il a pour décor la vieille cité de Saint-Malo dont Gwenaële Robert nous décrit la beauté, la tristesse et la gravité avec authenticité.

L'ombre humide qui enveloppe ses remparts, les perspectives heureuses vers Dinard et les vieilles rues qui s'illuminent au premier rayon de soleil, tout y est et plus encore.

La plume de Gwenaële Robert se fait tour à tour épaisse afin de saisir les paysages et leurs odeurs, et puis fine lorsqu'elle nous fait les honneurs de l'appartement de Pierre le Guellec.

Sa prose est alors, comme elle l'écrit si bien, hantée par l'esprit des lieux.

Au fil des premiers jours de décembre qui s'égrènent, le récit prend forme.

Chaque personnage en sait peut-être un peu plus qu'il ne veut bien le dire.

La lectrice, le lecteur ne sont pas à l'abri d'une surprise ou deux !

Suspens, mystère et épilogue ...

Mais pas seulement, ce roman contient quelques petits secrets et autres brèves pics sur les dessous de la Littérature.

Gwenaële Robert y évoque entre autre le marché du livre,

la douleur de la création, un "hypothétique" effondrement de la littérature survenu avec les temps nouveaux d'édition, les footballeurs et les influenceuses ... et donne à sourire, au coin de la 43ème page, en précisant que Pierre le Guellec, son Nobel à elle, ne parle dans ces livres ni de rupture, ni de transfuge de classe, ces mots à la mode qui lui font horreur.

On est passé pas loin ici de la facétie !

On a eu chaud ...

Les personnages sont attachants et peints avec justesse.

Les relations entre Marie Rivalain et son père, Jean-Jacques sont notamment décrites avec sensibilité et originalité.

Le grand écrivain, fraîchement nobellisé, a disparu entre Paris et Stockholm avant de recevoir son prix.

Où est-il ?

Suspens, mystère et épilogue ...

Tu chauffes ... tu refroidis ... tu brûles ...





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Le dernier des écrivains

Une première lecture appréciée d’un auteur nouvellement découvert est souvent rapidement suivie chez moi d’une deuxième. Chose faite après la découverte cet été de Gwenaële Robert via le très réussi Sous les feux d’artifice, suivi ces jours-ci de Le dernier des écrivains, polar malouin au goût iodé.



Marie Rivalain, attachée de presse des éditions Brodin et notamment de Pierre Le Guellec auteur phare de la maison, débarque à Saint-Malo où celui-ci réside pour garder sa maison et son chien le temps de son voyage à Stockholm où il doit recevoir le prestigieux prix Nobel de littérature.



Monté dans l’avion à Orly, il n’arrivera jamais au Konserthuset. Si certains s’en accommodent et valident la disparition volontaire, Marie a du mal à y croire. Au fil de ses explorations de l’Hôtel Surcouf acquis par l’écrivain et de ses rencontres, les indices criminels s’accumulent…



Délaissant un temps le roman historique, Gwenaële Robert s’aventure en polardie avec une intrigue qui ne révolutionnera probablement pas le genre, mais qui sait rester classique et appliquée donc plaisante à suivre. Et d’ailleurs, l’essentiel n’est pas là.



Car l’intérêt réside avant tout dans l’ambiance malouine restituée, véritable cri d’amour à la cité corsaire par sa résidente d’adoption. Une ambiance qui s’appuie moins sur le passé corsaire que sur cette fierté locale particulière née de l’histoire des anciens qui pratiquaient le Grand Métier, partant des mois sur les bancs de Terre-Neuve.



Une ville marquée par « les doris qui ne revenaient jamais, les naufrages et les crevasses, les capitaines taciturnes et les mousses de douze ans, les doigts gelés mangés par le sel, enfouis dans la chair grise des poissons ». Une histoire qui me parle forcément, y retrouvant tant de similitudes avec les livres fécampois autrefois édités dans une vie antérieure.



Et puis Gwenaële Robert parle aussi de la figure du père, de ce qu’est – ou n’est pas – la réussite, de ce qu’est la vie littéraire loin des tumultes du VIe arrondissement, dans une société et un métier où les codes changent.



Et enfin de l’écriture qui, saluée par le Nobel pour Le Guellec, jugée « mauvaise » quand il s’agit du père de Marie ou secrète pour l’enseignant aristocrate, reste salvatrice quand elle est pratiquée sous l’œil bienveillant de « l’anonyme » du Grand-Bé.



Une bienveillance manifestement inspirante pour une auteure dont je vais assurément poursuivre la découverte des précédents livres.

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Never Mind

“Ce livre est un roman, il ne saurait prétendre à la rigueur des livres d’histoire” nous avertit l’auteur.

Il est pourtant bien “sourcé”. La mise en scène du récit fournit tellement de détails que je ne peux y voir une absence de rigueur.



Nous sommes le 3 nivôse an 9 de la république (le 24 décembre), immergés dans le Paris de 1800. Napoléon, Fouché et Joseph de Limoëlan sont les protagonistes principaux d’un roman qui fait aussi la part belle à une foultitude de personnages gravitant autour d’eux.



Ce troisième roman de Gwenaëlle Robert narre l’attentat de la rue Saint Nicaise visant le premier consul, avec en creux la vie des petites gens au 19 ème siècle. C’est une tranche d’Histoire qui est illustrée par un contingent d’histoires qui nous font voyager dans le temps et l’espace.



Si vous êtes intrigué par le choix du titre en anglais Never Mind (ce n’est pas grave) pour un roman sur notre Histoire française, vous le comprendrez 10 pages avant la fin.



Le texte présente un rythme vif, le système narratif crée des enchaînements entre les courts chapitres et accroche le lecteur.

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Sous les feux d'artifice

Par un matin de juin 1864, un bateau yankee, le Kearsarge, mouille en rade de Cherbourg et vient provoquer l’Alabama, une corvette appartenant aux confédérés. Le capitaine de la corvette est confiant dans la solidité et la sûreté de son vaisseau et regarde sans se laisser impressionner le bateau qui fait des manœuvres d’intimidation.



Nous sommes en pleine guerre de Sécession, la France qui importe du coton du Sud est en mauvaise posture : pas de coton implique la fermeture des filatures. Il est donc urgent que le Sud gagne pour que le commerce reprenne.



C’est l’époque des bains de mers, des cures, lancée par l’impératrice Eugénie, et Cherbourg tient à inaugurer son casino en grande pompe, feux d’artifice et accès aux tables de jeux. On attend l’arrivée des Parisiens pour ce week-end (cela ne s’appelle pas encore ainsi !). Théodore Coupet, journaliste en charge des potins mondains, alors qu’il rêve de la rubrique politique, est envoyé sur les lieux pour couvrir les festivités et il fait la connaissance de Mathilde dont le mari s’est ruiné au jeu, alors qu’il faut payer la dot de leur fille.



Qui dit jeu, dit enrichissement possible ou au contraire ruine. Ce qui donne des idées à Mathilde et Théodore : organiser un pari sur la bataille qui va opposer les bateaux américains.



En même temps, Charlotte, la fille du roi Léopold Ier de Saxe-Cobourg, qui vient d’épouser Maximilien de Habsbourg, hérite ainsi du titre d’impératrice du Mexique, couronne dont personne ne voulait, et même Napoléon III semble surpris que le couple ait accepté ce cadeau empoisonné. De surcroît la nuit de noces de Charlotte ne n’est pas passée comme prévu : les deux époux ont dormi côté en côté et rien ne s’est passé.



Après un voyage harassant, le couple débarque dans un pays à feu et à sang, où il n’est pas très bien accueilli : le palais qui les attendait ne peut les recevoir et ils vont parcourir dans une calèche aux couleurs de la République, des chemins particulièrement difficiles : ils arrivent couverts de poussière, et Charlotte sent bien qu’ils font l’objet de moqueries.



J’ai aimé ce récit à deux voix, les Habsbourg au Mexique, et Cherbourg qui se transforme en Casino géant, sur fond de bataille navale. On ne peut pas dire que les Habsbourg apparaissent sous leur meilleur jour : Charlotte a appris la politique auprès de son père et elle se rend bien compte de leur situation, alors que Maximilien se livre à la chasse aux papillons entre deux plongées dans la mélancolie…



Gwenaëlle Robert raconte très bien les évènements, tant politiques que les paris, avec un style incisif qui rend la lecture agréable. Je gardais un souvenir assez confus de « l’expédition au Mexique » de Napoléon III, de l’essor des bains, des cures, sur fond de travaux haussmanniens mais cela remontait à très loin, et la couronne des Habsbourg m’était complètement sortie de la mémoire.



Bref, un roman agréable à lire, mais dont la fin m’a laissée perplexe, car en fait, cela n’en est pas une, notre histoire, notamment celle ce rapportant à Théodore, Mathilde et la jeune femme qui recueille les paris se termine en queue de poisson…



Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Cherche Midi qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure



#Souslesfeuxdartifice #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Le dernier bain

J'ai beaucoup aimé lire ce court roman vers lequel je ne serais pas allée de moi-même. A la fois roman historique et recit romanesque de l'attentat contre Marat, une série de personnages est présentée. Tous ont un grief contre le député. Alors pourquoi est-ce le nom de Charlotte de Corday que l'histoire retient comme responsable de l'assassinat de Marat. le roman transforme presque le lecteur en enquêteur. 3 jours intenses qui mènent à l'attentat irrémédiable. Mais qui a commis cet attentat ? le récit post assassinat relate le procès et ce que sont devenus Jane, Marthe, André...

Un bon moment de lecture d'un roman bien écrit.
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Sous les feux d'artifice

Ah Dieu! que la guerre est jolie



Un combat naval entre Confédérés et Yankees a eu lieu au large de Cherbourg. C’est cet épisode aussi improbable que saisissant que Gwenaële Robert retrace dans ce roman plein de bruit et de fureur qui a attiré les foules sur la côte normande.



Charlotte a épousé Maximilien. Elle est désormais impératrice du Mexique et débarque pleine d'espoir en Amérique centrale, ne sachant pas que Napoléon III lui a offert une illusion, sans compter le dédain affiché par son mari à son encontre. Car l’armée française s’enlise dans une guérilla incompréhensible, notamment à cause d'une totale méconnaissance du terrain. «Finalement, ces Mexicains mal armés, indisciplinés, montraient une forme d’acharnement qui ressemblait au courage et mettaient en déroute les meilleurs soldats du monde». Autrement dit, son voyage de Veracruz à Mexico sera tout sauf une sinécure.

Pendant ce temps, Théodore Coupet, journaliste à La Vie française est envoyé en reportage à Cherbourg. Le spécialiste des potins mondains va couvrir l'inauguration du casino, mais rêve d'un scoop qui lui permettrait de gagner du galon. Peut-être que l'arrivée conjointe dans la rade de l'Alabama, navire sudiste, et du Kearsarge le Confédéré, lui offrira cette opportunité. Car on murmure que le capitaine sudiste, «cette tête brûlée de Semmes», entend engager la bataille contre son ennemi du nord. Assistant aux préparatifs, le reporter qui rêvait d’aller couvrir la guerre de Sécession, constate avec plaisir qu'elle «vient à lui pour l’arracher à la médiocrité de sa vie.»

L'idée qui germe alors dans sa tête pourrait même lui permettre de faire d'une pierre deux coups. Il suggère à Mathilde des Ramures, qui a trouvé refuge à Cherbourg, de parier sur la victoire du Nord, qu'il croit inéluctable, et refaire ainsi une partie de sa fortune. Car son mari flambeur les a entraînés vers la ruine et a été contraint de suivre le corps expéditionnaire au Mexique. Une belle occasion de se rapprocher de cette femme troublante. Mais pour ne pas éveiller les soupçons, il va charger Zélie Tissot, la jeune fille croisée dans le train, d'effectuer les transactions. Car la foule se presse sur la Côte. Ce combat est pour tous les curieux un formidable spectacle et un jeu qui peut même leur rapporter gros. La poudre va parler…

Tout comme c’est le cas de l’autre côté de l’Atlantique où le plan conçu par Napoléon III pour mettre fin au blocus en établissant un couloir de contournement par le Mexique piétine depuis deux ans déjà. Il y a pourtant urgence, car le blocus qui empêche les livraisons de coton asphyxie la soierie lyonnaise, la rubanerie stéphanoise, la broderie lorraine et de manière générale toute l'industrie textile. Sous les feux d’artifice, c’est bien l’inquiétude qui domine car l’issue des combats reste bien incertaine.

C’est à cette période-charnière de l’Histoire, au moment où le commerce se mondialise, que Gwenaële Robert a consacré le temps du confinement. Une période qui lui a permis de se plonger dans son abondante documentation et concrétiser son projet de roman, né après une visite à Cherbourg et plus particulièrement au cimetière. C’est là qu’elle a découvert les tombes de George Appleby et James King du CSS Alabama et, à leurs côtés, de William Gowin de l’USS Kearsarge. Nourrie des chroniques de l’époque, elle a parfaitement su retranscrire l’ambiance et l’atmosphère du XIXe siècle, ajoutant à son scénario les intrigues qui rendent la lecture si plaisante. On ne s’ennuie pas une seconde et on en apprend beaucoup. Bref, c’est une belle réussite.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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