Haruki Murakami

Je ne pense plus comme ça maintenant. Je ne réfléchis plus ainsi. J'estime que j'ai eu un père qui me convenait, dans le milieu qui me convenait. C'est la vérité. Pour dire les choses telles qu'elles sont, j'étais ridicule. J'étais nul En un sens, j'avais fait de moi un raté. Quand j'étais petit, j'étais surement un génie en maths. Et j'étais persuadé d'avoir un immense talent. Tout le monde me portait attention, tout le monde me faisait les yeux doux. Mais en fin de compte, c'étaient des talents qui n'ont connu aucun développement significatif. Ils étaient seulement là. Petit j'étais très fort au judo. Dans les tournois départementaux, je m'en sortais bien. Mais quand il s'agissait d'une compétition de plus haut niveau, d'autres judokas étaient plus forts que moi. A l'université, je n'ai pas non plus été sélectionné pour la compétition nationale. Cela m'a fait un choc, et, pendant un certain temps, je n'ai plus su qui j'étais. Evidemment. Puisqu'en fait, je n'étais rien.

« Si un revolver apparaît dans une histoire, à un moment donné, il faut que quelqu’un s’en serve. »
« La nécessité est un concept indépendant (Tchekov).
« Ce qui n’est pas indispensable n’a pas besoin d’exister. Ce qui a un rôle à jouer doit exister. »

Dans le vie, tu vois, il ya des choses qu’on ne peut faire qu’à deux et d’autres qu’on ne fait que seul. Ce qui est important c’est de bien réussir la combinaison.

On se lasse très vite de ce qui n’est pas ennuyeux, alors que les choses dont on ne se lasse pas sont généralement ennuyeuses

Pour moi, courir est à la fois un exercice et une métaphore. En courant jour après jour, en accumulant les courses, je dépasse les obstacles petit à petit et, lorsque j'ai réussi à franchir un niveau supérieur, je me grandis moi-même. Du moins j'aspire à me grandir, et c'est pourquoi je me contrains à ces efforts quotidiens.

(...) j'accomplissais mes tâches par devoir, mécaniquement, sans la moindre affection ni émotion.

Je fermais les yeux pour mieux percevoir les parfums du vent. une brise de mai, gonflée comme un fruit à la peau rêche, à l pulpe onctueuse, aux graines abondantes. La pulpe e répandait dans l'air, relâchant les graines semblables à une douce chevrotine qui atteignait mes bras nus. Je ne ressentais pas la moindre douleur.

Mais moi, j'ai l'impression que c'est la vie, ça. Peut-être qu'on est tous enfermés quelque part et qu'on meurt à petit feu

Je m’assois dans un café du village et avale goulûment une bière froide, une Amstel. Elle est agréable, mais pas aussi délicieuse que la bière de mon imagination quand je courais. Rien dans le monde réel n’est aussi beau que les illusions d’un homme sur le point de perdre conscience.

Il y a des choses dans la vie qu'on peut changer et d'autres non. Le temps, par exemple, est irrattrapable. Il est impossible de revenir sur le passé. (...) Avec le temps, de nombreuses choses se figent, comme le plâtre dans un seau, et on ne peut plus retourner en arrière. Le "toi" que tu es maintenant est solidifié comme du ciment, (...).

Les hommes ne meurent pas seulement quand leur temps est venu. Ils meurent lentement, de l'intérieur, et finalement arrive le jour du dernier règlement. Personne ne peut y échapper. Les gens doivent payer pour ce qu'ils reçoivent. C'est seulement maintenant que je l'ai compris. p.249

- Si on inventait une voiture qui utilise des blagues à 2 balles comme combustible, tu irais loin, je t'assure.

J'avais joué du piano depuis l'âge de quatre ans, et je me rendais compte que pas une seule fois, je n'avais joué uniquement pour moi. Je n'avais joué que pour passer des auditions, n’interprétant que des morceaux imposés, ou encore pour émerveiller les autres. Tout cela, bien sûr, est important si l'on veut maîtriser son instrument. Mais, à partir d'un certain âge, on doit interpréter de la musique pour soi. C'est cela la musique.

Chaque fois que je saisis un volume et l’ouvre, il s’échappe d’entre les pages un parfum du temps passé. Les connaissances profondes, les émotions intenses qui reposent derrière ces couvertures ont une odeur particulière. Je la respire, parcours quelques pages des yeux, puis remets le livre en place.

Ce que je leur ai fait, ce n'est pas plus compliqué que de planter des choux. Je les ai un peu menacés, c'est tout. Je leur ai causé une frayeur psychologique. Comme l'a écrit Joseph Conrad, la véritable peur, c'est celle que la puissance de leur imagination fait éprouver aux hommes.

"Et bien non, je n'ai pas envie d'appuyer sur la sonnette. Parce que si je le fais, on entendra juste: ding dong. Ce sera toujours la même petite sonnerie parfaitement inoffensive. Qui pourrait être le fait de n'importe qui. Alors que mes coups, ils ont de la personnalité. Parce qu'ils sont frappés par un homme qui se sert de sa chair même. Ils ont donc une vraie réalité. Ils sont pleins d'une émotion toute charnelle.

Un sourire naïf se dessina sur le visage de l'avocat. Personne n'est plus facile à berner que les gens convaincus d'accomplir des choses justes, se dit à nouveau Ushikawa.

Au milieu de cette ville hantée de plus de dix millions d'individus, il n'y en avait que deux à qui je pusse téléphoner. Dont l'un était, de surcroît, l'épouse que j'avais quittée.

"De temps en temps, lire me mettait dans un état de surexcitation fébrile. A ces moments-là, j'interrompais ma lecture et m'agitais dans la pièce en tout sens."

Nous avions mis le pied en un lieu dangereux qui défiait toute logique. Nous avons traversé de rudes épreuves, nous nous sommes cherchés, nous nous sommes trouvés et nous nous sommes évadés. Que nous soyons retombés sur le vieux monde, ou qu'il s'agisse d'un monde encore nouveau, qu'avons-nous à redouter ? Si nous devons subir de nouvelles épreuves, nous les surmonterons. C'est tout. Mais nous ne sommes plus seuls.