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Hélène Morita (Traducteur)
EAN : 9782714442840
432 pages
Belfond (04/09/2008)
  Existe en édition audio
3.49/5   487 notes
Résumé :
Jubilatoires, flamboyantes, hypnotiques, ces histoires courtes de Haruki Murakami nous plongent dans un univers délicieusement insolite et drôle, où d'une situation d'apparence anodine peuvent surgir à tout moment le fantastique et l'absurde. Depuis un an, quand on la prend de court, Mizuki Ando est incapable de se souvenir de son nom. Elle se décide à consulter une psychiatre, loin de se douter qu'un singe cleptomane est à l'origine de son trouble...
Attiré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,49

sur 487 notes
La première réflexion qui me vient en lisant cet ouvrage est : "mais au bout du compte on se compte qu'on est toujours tout seul au monde", merveilleusement bien interprété par Maurane.
La plupart de ces vingt-trois nouvelles tournent autour de ça.
Ou alors elles sont comme le bus qui passe, oui évidemment le vingt-trois. Il s'arrête en bas de chez vous, vous grimpez, faites la connaissance de divers personnages, situations, et puis vous descendez à votre station et l'histoire continue sans vous. Vous n'avez qu'une bribe, une parcelle, mais votre imaginaire c'est mise en route. Alors vous inventez une suite, un passé, car l'histoire c'est infiltré au plus profond de votre être et a déclenché en vous ce petit mental qui aime à tout contrôler, quitte à broder, à inventer, qui aime à se raconter un univers dont il est le héros.
H. Murakami c'est de l'or en barre, du nectar, c'est un vieil homme à la terrasse d'un café au bord de la mer, le visage buriné par les embruns, qui attire votre attention et qui vous embarque de sa voix grave et mélodieuse. Tout n'est pas dit, parfois l'intrigue est à peine suggérée mais il a fait l'essentiel, il vous a fait rêver, vous a sorti de votre train-train quotidien et c'est en cela qu'il est incontournable, c'est un admirable conteur d'histoires que je ne me lasse pas d'écouter.
Depuis un temps j'ai appris à lire un recueil de nouvelles. Ne jamais les enchainer ... jamais, et lire d'une traite sans aucun arrêt, même pas pour faire pipi ou se curer le nez. de préférence les lire lors de vacances, enfin pour ceux qui en ont, une de temps en temps, avant d'aller à la plage ou de s'occuper de son petit neveu qui sort de l'eau frigorifié ...

C'est étrange que ce passage de Starmania me soit venu. Je ne suis ni fan et de plus tout est interconnecté …
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Haruki Murakami est un formidable conteur. Il distille une ambiance comme d'autres distilleraient un bon rye à 50°. du coup, qu'est-ce que je vais bien pouvoir te conter sur ces contes à la sauce Murakami. Pour être honnête avec toi, j'aime bien l'honnêteté, est-ce que ça vaut le coup d'ailleurs que j'essaie de mettre des phrases, sans âme, d'un homme, moi en l'occurrence, regardant une femme endormie sous des saules aveugles. Les yeux clos, elle garde son sourire, un sourire qui me rend aveugle de son éclat. Et à partir de cette image je pourrais te raconter tout ou n'importe quoi. Une histoire d'amour, une histoire de tristesse, une histoire de bières et de jazz. de toute façon dans ce genre d'histoire, il suffit d'une lune, couleur bleue et tout se lie.

Donc par où commencer. Par le début me semble logique. Alors je sors la bouteille du frigo, la caresse de mes mains, pour sentir sa fraîcheur. En quelques secondes, elle devient humide, perle de sueur le long de son corps de verre. Envie de lécher la moindre goutte, mais je réserve ma patience pour d'autre embruns. Je la décapsule ainsi et la verse aussitôt dans un verre à pied aux formes harmonieusement arrondies. Et là, je respire, cette sensation de fraîcheur, cette fragrance légèrement herbacée. Les yeux clos, je m'imagine dans une autre vie, pleine d'espoir, de beauté et d'odeur de jasmin ou de spaghettis, ici ou dans la baie de Hanalei. Je choisis un disque au hasard en me parlant à moi-même comme si je lisais un poème.

Haruki Murakami dicte légèrement mon choix. Il me parle ainsi du 10 to 4 at the 5 Spot, chez Riverside, du quintette de Pepper Adams avec un certain Donald Byrd à la trompette. Ma main se dirige ainsi vers la lettre B - oui, je sais, je suis du genre à classer mes disques par ordre alphabétique, le bêta, le pauvre type, c'est comme pour les romans sur les étagères de ma bibliothèque. B comme Byrd, donc. A new perspective, band & voices, chez Blue Note, 1963. Hank Mobley au saxophone ténor, Herbie Hancock au piano. Un album qui dès les premières notes m'émeut. Ces voix venues d'ailleurs qui bousculent le peu d'âme qui reste en moi. Mais bref passons, tu vas encore me dire qu'on s'en fout de ta vie, du choix de tes bières ou de tes disques, que ce que tu veux savoir c'est ce que raconte cet étrange bouquin qui te sert maintenant de sous-bock au titre étrange mais pour le moins poétique : « saules aveugles, femme endormie ». Alors j'y viens, il faut savoir prendre son temps pour déguster une bière, ouvrir les cuisses d'une femme ou fermer un bouquin de Murakami.

Et comme je le disais au début de ma chronique, l'auteur est un formidable conteur. En une trentaine de pages, longueur moyenne de chacune de ses histoires, il m'embarque dans une ambiance, tout aussi étrange comme le laisse supposer son titre. Parfois, cela flirte avec l'imaginaire. Comme souvent avec Haruki, il laisse libre cours à son imagination, souvent débordante, qui flirte avec la banalité comme avec les kamis ou les fantômes. Avec ou sans chute, si ce n'est la chute de reins de cette femme qui m'obsède depuis la nuit des temps, depuis que la lune illumine mes nuits de sa lueur bleue et que la brise emporte ces notes de trompette, bref, passons là encore sur ce détail insignifiant pour certains, mais aussi avec du jazz, des références omniprésentes. En fait, j'ai envie de dire : on aime ou on aime pas, cela dépend de sa perception, de son ouverture d'esprit, de l'acceptation d'un monde étrange qui peut dépasser parfois la vision bassement matérielle de ce verre de bière presque vide où des traces de mousse blanche glissent encore le long de sa paroi. Et de la musique intérieure qui circule dans ton corps, sous des saules aveugles.

https://www.youtube.com/watch?v=4NPchdtfP0Q
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Le titre de ce recueil de 23 nouvelles est énigmatique et poétique, proche d'un haïku. Quatre mots si difficiles à accoler : femme, endormie, saule, aveugle. Des saules, une femme ? Comme le livre commence avec la nouvelle éponyme du titre, je pensais retrouver rapidement l'univers si particulier et enchanteur de Murakami, celui qui m'avait tant enthousiasmé dans les nouvelles du recueil Des hommes sans femmes. Mais ce début s'est révélé assez lent. J'aurais pu m'endormir moi-aussi sous le saule aveugle... et passer mon chemin... Pourtant, la variété des sujets et la petite musique de l'écriture m'ont une fois de plus envouté. J'ai continué à lire une nouvelle comme on croque un chocolat, de temps en temps, pour le plaisir. Bien m'en a pris !

Vers la fin, dans La baie de Hanalei, une attaque de requin m'a sorti de ma douce torpeur. Une bien jolie histoire ou la nature est omniprésente et gère à sa convenance la vie et la mort, une histoire d'amour aussi d'une mère pour son fils, passionné de surf.

Tout de suite après, arrive cette histoire géniale que seul ce grand auteur japonais peut imaginer et écrire : La pierre-en-forme-de-rein qui se déplace chaque jour. Junpei a seize ans quand son père lui dit que, dans une vie, un homme ne rencontre que trois femmes qui comptent. Pendant ses études, il a des aventures mais reste en retrait, obsédé par la théorie paternelle « des trois femmes ». Il devient écrivain, avec un début de succès prometteur. A une soirée d'inauguration il rencontre Kirié, une femme séduisante et mystérieuse. Elle refuse de lui dire d'emblée sa profession, préférant le laisser trouver par lui-même, par son imagination, comme un écrivain doit en être capable, selon elle. Junpei, très attiré, accepte le jeu, au grand bonheur du lecteur ! Il arrive à déterminer qu'il s'agit d'un métier très spécifique, pratiqué en extérieur, ce qui explique son bronzage et ses bras plutôt musclés, que cela n'a pas été facile d'en arriver là, un métier représentant un acte d'amour, demandant la perfection, où l'échec ne pardonne pas...
Ils vont s'aimer mais elle ne veut pas vivre avec lui, cette activité mystérieuse demandant un équilibre qu'elle pourrait perdre si elle était troublée par la présence d'un homme à ses côtés...
A ce stade, si vous êtes comme Junpei, que vous n'avez pas encore trouvé, alors courrez acheter ou emprunter ce livre afin de découvrir la fin de cette nouvelle formidable.
Le mystère de l'activité de Kirié entre en écho avec le livre que Junpei est en train d'écrire. Lorsqu'il lui raconte le début, il va enfin réussir à imaginer la suite qui lui manquait, avec cette pierre en forme de rein qui se déplace chaque jour. Les histoires de l'un vont se mêler aux histoires de l'autre et se mêler à la Nature, décidément très présente dans ce volume.

Kirié sera son échec numéro deux mais, grâce à la pierre, plus jamais il n'aura peur de la sentence de son père. « Ce qui importe, c'est de décider d'accepter une autre personne dans sa totalité. Et que ce soit toujours la première et la dernière fois. » du grand Murakami qui décidément excelle dans l'art et la maîtrise de la nouvelle. Dans les notes d'introduction de l'édition anglaise, il a ces mots merveilleux, « l'écriture de romans est un défi, l'écriture de nouvelles est une joie. Si on compare l'écriture de romans à la plantation d'une forêt, alors l'écriture de nouvelles revient à planter un jardin. »

Le livre se termine par le singe de Shinagawa, la relation de Mizuki avec sa thérapeute Yuko alors qu'elle la consulte pour des troubles de la mémoire. Elle oublie son nom, seulement son nom !... Heureusement un singe va les aider à remettre tout en ordre...

Voilà encore de bien belles pages écrites par cet auteur dont j'aime l'univers. Je suis devenu peu à peu « harukiste », ce terme désignant maintenant ses lecteurs les plus admiratifs. J'ai mis en avant quelques nouvelles qui m'ont le plus impressionné. L'auteur nous fait voyager dans les abîmes de notre conscience. Peut-être serez-vous plus touchés par d'autres nouvelles en fonction de votre vécu. Avez-vous lu ce Murakami ? Quelles histoires avez-vous préférées ?

En quatrième de couverture :
« Haruki Murakami confirme sa stature de géant nippon des lettres. Ce recueil est un labyrinthe familier, un palais des glaces, où le lecteur peut se perdre, et se reconnaître, avec délices. » David Fontaine, le Canard enchainé. Là tout est dit !
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Avec composition photo personnelle sur le site Bibliofeel ou lien ci-dessous.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Petits résumés des nouvelles :
Hasard, hasard (~ 1996)
H.Murakami qui se met en scène, raconte quelques coïncidences sans conséquences qu'il a vécu avant de raconter celle d'un ami gay à propos d'une rencontre avec une femme atteinte d'un cancer du sein autour d'un livre de Dickens dans un petit bar puis sa réconciliation avec sa soeur atteinte aussi d'une cancer du sein.

L'année des spaghettis (1981)
Le narrateur raconte comment il a passé son année 1971 à se faire des spaghettis tous les jours, toutes les recettes et avec méticulosité ; et pour lui tout seul. Un après-midi de fin d'année, une fille l'appelle pour lui demander l'adresse de son petit ami qui est aussi l'ami du narrateur. Celui-ci veut rester tranquille, dans sa solitude et avec ses spaghettis ; il prend pour prétexte qu'il est en train d'en cuisiner pour ne pas lui répondre. Les spaghettis comme explication à la solitude.

L'avion ou : Il se parlait à lui-même comme s'il lisait un poème (1987)
L'amant d'une jeune mariée heureuse en ménage parle tout haut sans s'en rendre compte. Sa maîtresse le lui signale ce qui le laisse perplexe et lui fait se poser des question sur sa vie jusqu'à ce jour. Une belle nouvelle sur l'incommunicabilité de certains êtres entre eux, l'amant ici n'ayant jamais compris pourquoi sa maîtresse l'avait choisi et couchait avec lui ; la femme elle-même ne le sait sans doute pas.


L'histoire d'une tante pauvre (1980) Bimbô na obasan no hanashi
Le narrateur décide d'écrire un roman sur les tantes pauvres mais sa copine à laquelle il s'en est ouvert lui fait remarquer qu'il n'a pas de tante pauvre alors qu'elle même en a une. Cette remarque fort juste annihile toute capacité à écrire quoique que ce soit jusqu'au jour où il se rend compte qu'une tante pauvre, toute petite et peu encombrante, s'est installée dans son dos. Cette tante pauvre tout le monde peut la voir et la voit chacun à sa manière en fonction de ses intérêts ou de ses souvenirs. le narrateur devient une vedette jusqu'au jour où, au retour d'un déplacement en train, alors qu'il assiste à une triste scène entre une fille et sa mère et son frère, il s'aperçoit que sa tante pauvre a disparu. le narrateur est un peu triste et se demande où elle a bien pu aller ; il l'imagine dans 10 000 ans dans un pays de tantes pauvres où chacune se serait enfermé dans une bouteille de vinaigre ; peut-être alors pourrait-il leur écrire un poème ?

L'homme de glace (1991)
Une jeune femme se marie avec un homme qu'elle a rencontré au sport d'hiver, un homme de glace. Elle vit avec lui une vie normale et en a même un enfant. Un jour ils décident de partir en vacances au Pôle Sud : la femme est enchantée, l'homme un peu hostile. Finalement ils s'installeront là-bas à la plus grande joie de l'homme qui y trouve un pays à sa dimension ; la femme quant à elle n'est pas malheureuse, elle a juste l'impression que toute chaleur s'est évadée d'elle.


La baie de Hanalei
Une femme apprend la mort de son fils surfeur, attaqué par un requin à Hawaï. Elle décide d'y partir et y revient ensuite chaque en pèlerinage…

La luciole (1983) Hotaru
Une très belle nouvelle : le narrateur entame sa première année à l'université, logé dans un foyer traditionnel avec un colocataire quelque peu maniaque. le narrateur rencontre régulièrement une amie avec laquelle il se promène longuement en échangeant peu de paroles : c'est l'ancienne petite amie d'un ami commun qui s'est suicidé à 17 ans. Lors de l'un de leurs rencontres, l'amie est particulièrement triste et éprouve le besoin pour une fois de parler, beaucoup parler. C'est cette nuit là qu'ils font pour la première fois l'amour. le narrateur reçoit quelques temps plus tard une lettre de son amie qui lui apprend qu'elle arrête ses études et qu'ils ne se reverront peut-être plus avant longtemps tout en lui affirmant que ce qui s'est passé entr'eux n'est pas un problème. C'est la fin de l'année, le foyer est presque vide et son locataire lui offre une luciole. le narrateur, seul, emporte la luciole avec lui et la libère. Il voit sa toute petite lumière s'éloigner de lui. La nouvelle donna naissance à ‘'La ballade de l'impossible'' qui reprend de manière quasi inchangé tout cet épisode du foyer étudiant, de la petite amie d'un ami commun et de la luciole.

La-pierre-en-forme-de-rein qui se déplace chaque jour
Un jeune qui n'a de relations que distantes avec son père reçoit un jour de sa part une confidence : seules trois femmes comptent dans la vie d'un homme. Et voilà les premières expériences amoureuses gâchées : et si c'était une des trois ? Finalement il se liera avec une femme qui bientôt sortira d'elle même de sa vie, la deuxième. Et le jeune homme en sort libéré : il en reste une, il saura la trouver dorénavant.


La tragédie de la mine de New-York
Le narrateur vient de vivre une mauvaise année à enterrer de nombreuses personnes de son entourage, tous jeunes ; à chaque fois il a emprunté un costume noir à l'un de ses amis qui lui n'a encore jamais eu à s'en servir, ami qui aime visiter les zoo les jours de cyclone. Lors de la soirée du nouvel an, le narrateur fait une rencontre étrange avec une femme qui certifie avoir tué son ex. Tout se finit au fond d'une mine, en quelques lignes. Et… ?

Le bon jour pour les kangourous (1981) Kangarû biyori
Un bébé kangourou est né au zoo et le narrateur attend le bon jour (qu'il ne pleuve pas, qu'il n'est pas autre chose à faire…) pour aller le voir avec sa petite amie. Une fois arrivés, ils sont un peu déçu, le kangourou a déjà bien grandi ; la petite amie du narrateur lui pose plein de questions, lui faisant regretter de ne pas avoir consulté une encyclopédie avant de venir. Finalement le petit se réfugie dans la poche de sa mère, c'est donc bien toujours un bébé. La visite peut se terminer. Cette scène est en fait la même que celle racontée dans le communiqué du kangourou : petit zoo, un mâle, deux femelles et un bébé né il y a un mois ; mais là, le narrateur était seul.

Le couteau de chasse
Un couple en vacances au bord de la mer, site enchanteur, mer bleue, palmier. Les voisins, un fils hémiplégique et sa mère qui regarde la mer chaque après-midi. le dernier jour, enfin, le fils est seul sur son fauteuil roulant

Le jour de ses 20 ans
Le jour de ses 20 ans, l'héroïne est coincée par son travail de serveuse mais, grâce à un malaise de son patron elle va enfin rencontrer le propriétaire du restaurant que personne n'a jamais vu et lui porter son repas. Ce dernier, vieillard affable va lui offrir comme cadeau d'anniversaire de réaliser un souhait et un seul. On retrouve là un thème longuement développé dans La ballade de l'impossible, écrit certainement dans les mêmes temps.

Le miroir (1983)
Travaillant comme gardien de nuit dans un collège, une nuit lors d'une ronde, le narrateur est confronté à son reflet dans un miroir, reflet qui semble avoir sa propre autonomie voire qui semble vouloir prendre le contrôle ; le lendemain matin, le narrateur s'aperçoit qu'il n'y a pas de miroir… La nouvelle est écrite comme si le narrateur s'adressait à une assemblée qui se raconte des expériences inhabituelles et à faire peur.

Le petit grèbe
Venu chercher un travail l'auteur se retrouve dans un dédale de couloirs qui rappellent ceux du roman La fin des temps. le narrateur finit par trouver l'entrée et se trouve face à un gardien qui sort de son bain ;

Le septième homme (1996)
Un homme se souvient du typhon qui, dans son enfance, emporta son meilleur et seul ami ; il aurait pu le sauver mais n'avait pas su. Toute sa vie, ensuite, le remord le tarauda et surtout une peur panique de la mer ou de toute étendue d'eau. Un jour, il décide quand même d'affronter sa peur et de retourner dans son village d'enfance, sur la plage du drame.

Le singe de shinagawa
Une femme oublie son nom, de plus en plus souvent, seulement son nom. Elle consulte un thérapeute et se souvient avoir conservé le badge nominatif d'une camarade de classe qui s'était suicidée. Ce badge, tout comme le sien a disparu depuis 1 an, date à laquelle le trouble est apparu.

Les chats mangeurs de chair humaine (1991)
Le narrateur lit à sa maîtresse une nouvelle dans le journal, l'histoire d'une vieille dame morte au milieu de ses chats et que ces derniers ont commencé à dévorer. Ils se sont rencontrés peu de temps avant, se sont plus, ont quitté leur femme et mari et se sont installés en Grèce ; on retrouve ici Izumi, la copine du narrateur dans Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil. Ils vivent heureux jusqu'au jour où le narrateur a le sentiment d'avoir disparu. Izumi aussi reste introuvable… Comme dans Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil la femme idéale disparaît à la fin du récit laissant derrière elle un sentiment d'irréalité ; on retrouve aussi cette idée du couple marié sans histoire, tellement sans histoire que le narrateur s'invente une histoire ailleurs, avec Izumi ici, avec Shimamoto-San dans le roman.
Cette nouvelle aurait aussi servi à l'écriture de Kafka sur le rivage.

Les crabes (1986 ?)
Un jeune couple en vacances à l'étranger découvre un petit restaurant typique qui est spécialisé dans la préparation des crabes. Tous les soirs ils viennent en manger et s'en régaler. le dernier soir l'homme se sent mal et va vomir : au fond des WC il découvre que ce qu'il a vomi, vit, bouge, ondule.

Les vicissitudes des piqu'crocks (1983) Tongariyaki no seisui
Le narrateur participe à un concours de création de pâtisseries dont le jury est un élevage de gigantesques corbeaux criant « Piqu'crocks ».

Nausée 1979 (1986 ?)
Un homme vomit tout ce qu'il ingère pendant une courte période de sa vie (on retrouve quelques éléments de la nouvelle Les crabes). En même temps chaque jour il reçoit un coup de fil avec un homme qui se contente de lui dire son nom et de raccrocher. Vivant seul il couche avec les femmes de tous ses amis… Peut-être est-ce une vengeance de l'un de ces amis ? Finalement un jour l'homme au téléphone ajoute quelques mots et les coups de fil cessent ainsi que les nausées.

Où le trouverais-je ?
Une femme vient trouver le narrateur qui est détective privé bénévole : son mari a disparu après avoir rendu visite à sa mère qui habite 2 étages plus bas qu'eux ; l'homme qui a une phobie des ascenseurs prend toujours les escaliers. le narrateur va explorer l'escalier à la recherche d'un signe, d'une vibration, se liant avec différents voisins de la tour.


Saules aveugles, femme endormie (1983) Mekurayanagi to nemuru onna
Le narrateur accompagne son jeune cousin atteint d'une surdité chronique à l'hôpital. Comme il l'attend à la cafétéria, il repense à une visite dans un autre hôpital à une amie qui avait occupé son temps au lit à écrire une nouvelle sur des saules « aveugles » qui donnaient naissance à des mouches qui faisaient s'endormir les femmes pour mieux ronger leur cerveau. Au moment de reprendre le bus avec son cousin, le narrateur repense à la boite de chocolat qu'il avait amené à son amie à l'hôpital et qu'il avait laissé fondre au soleil. Il est pris d'un léger malaise.

Un récit folklorique de notre temps : la préhistoire du capitalisme à son stade ultime (1989)
Le narrateur, après une courte introduction sur les années 60 et leur exceptionnalité, en vient à raconter l'histoire d'amour de deux premiers de la classe, qui ont toujours tout réussi dans leur scolarité mais se trouve bien démunis, bien que winner devant le monde réel des adultes. Ainsi la volonté de la fille de garder sa virginité pour son mari, celui-ci ne pouvant être son petit ami car il a le même âge qu'elle et l'homme se doit d'être plus âgé que la femme.
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Il y a quelques mois, un ami babeliote (ça sonne exotique, vous ne trouvez pas ? quelque part entre cairote, dubaïote et chypriote, non ?) me disait vouloir découvrir Haruki Murakami et me demandait conseil pour aborder au mieux l'univers étrange de cet écrivain prolifique. Délicate question …

Après la lecture de ce recueil de nouvelles, j'ai enfin une proposition un peu plus solide que celle que je fis à l'époque : pourquoi ne pas commencer par « Saules aveugles, femme endormie » ?

D'abord, ce sont des nouvelles et si l'une d'entre elles nous déplait notre déconvenue n'est pas trop longue. Mais surtout on y trouve toute la fantaisie de Murakami, des histoires décalées et poétiques…

Les premières nouvelles du recueil - je ne sais pas si elles sont classées par ordre chronologique - sont déroutantes, déjantées, sans queue ni tête, et avec mille fins possibles … Les suivantes sont beaucoup plus classiques, plus élaborées – deux d'entre elles sont d'ailleurs les premiers jets de romans plus longs – mais toujours Murakami parle de notre réalité bien rodée (ou érodée?), y introduit un grain de sable et nous fait déboucher sur un monde complétement différent, et pourtant si proche du nôtre … Une femme qui oublie son nom, un mari qui disparait mystérieusement entre le 14ème étage et le 16éme, une pierre à la forme très particulière de rein. On se retrouve un peu comme dans un rêve où tout semble réel et pourtant …

Au travers des situations ordinaires (ou presque) et toujours avec des mots simples, l'auteur nous nous touche et nous questionne sur notre identité, sur ce « moi » souvent mal connu et peut-être seulement le simple reflet de ce que les autres perçoivent en nous, sur le hasard, sur la « normalité », …

Je referme le livre avec une seule envie : retrouver très vite l'écriture de cet auteur si talentueux.
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critiques presse (2)
Telerama
27 mars 2023
Lent et taciturne, le ton glisse de la timidité la plus hermétique à l’audace la plus inquiétante. Le propos tient de l’idée fixe : chanter les louanges de la solitude.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Une jeune fille promet à son petit copain qu'elle fera l'amour avec lui quand elle aura un mari. Victime d'un singe kleptomane, une jeune femme sent son propre nom lui échapper. Au cours d'une promenade, un médecin ramasse une pierre en forme de rein, qui ferait un bon presse-papiers dans son cabinet. Mais la pierre ne tient pas en place. Un détective « totalement bénévole », que cela « intéresse énormément, sur un plan personnel, de localiser les personnes qui ont disparu », recherche un homme d'affaires volatilisé entre le vingt-quatrième et le vingt-sixième étage de son immeuble. Vainement.
Singulières, envoûtantes, bien qu'inégales, voici vingt-trois nouvelle du grand Murakami. L'occasion de se laisser ravir par l'art du conteur, par son univers insolite, traversé de hasards et de coïncidences, d'étranges échappées oniriques. Le fantastique de Murakami possède une séduction tenace, un humour désinvolte dignes de Buñuel. Narquois, l'auteur renvoie personnages et lecteurs à leur propre perplexité, sans proposer d'explication : « Des choses qui commencent sans raison s'arrêtent sans raison. Le contraire peut être vrai aussi. » ? Charlotte Plat
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Le deuxième incident eut lieu à peu près à la même époque et, par hasard, il concerne aussi le jazz. Un après-midi, je me trouvais dans un magasin de disques d'occasion, près du Berklee College of Music, et je farfouillais dans les bacs. Glaner des vieux 33 tours est pour moi une des choses qui rendent la vie précieuse. Ce jour-là, j'avais repéré un enregistrement que Pepper Adams avait fait pour Riverside, intitulé 10 to 4 at the 5 Spot. Il s'agissait d'un concert live du Quintette Pepper Adams, avec Donald Byrd à la trompette, qui avait été enregistré en public au club de jazz de New York, le Five Spot. « 10 to 4 », bien entendu, cela signifie « quatre heures moins dix » du matin. Et cela veut dire que l'ambiance dans ce club était alors si fiévreuse que les musiciens avaient joué jusqu'à l'aube. Ce disque-là était un original, à l'état neuf, et il coûtait à peine sept ou huit dollars. Je possédais la version japonaise et je l'avais écoutée tant de fois que le disque craquait terriblement. Dénicher un enregistrement original dans cet état et à ce prix me parut, pour exagérer un peu, de l'ordre du « petit miracle ». J'étais fou de joie au moment où j'achetai ce disque, et juste quand je sortais du magasin, un jeune homme qui entrait m'aborda et me demanda :
« Hey, you have the time ? » (Pardon, vous avez l'heure ?)
Je jetai un coup d’œil à ma montre et lui répondis automatiquement :
« Yeah, it's ten to four. » (Oui, il est quatre heures moins dix.)
Remarquant alors la coïncidence, je déglutis, stupéfait. Que se passait-il ? Le dieu du jazz se promenait-il justement dans le ciel de Boston pour m'adresser un clin d’œil et me lancer avec un petit sourire : « Yo you dig it ? » (Hé, ça te plaît ?)
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Pour moi, en revanche, c'était l'année des deuils. Amis et anciens amis mouraient coup sur coup. On aurait cru se trouver dans un champ de maïs durant un été de sécheresse.
J'avais vingt-huit ans.
Mes amis avaient à peu près le même âge. Vingt- sept, vingt-huit, vingt-neuf. Pas exactement l'âge idéal pour mourir.
Qu'un poète meure à vingt et un ans, qu'un révolutionnaire ou une rock star disparaissent à vingt-quatre, passe encore. Mais pour vous, une fois ce cap franchi, selon les pronostics les moins optimistes, tout devrait bien se dérouler. Vous avez dépassé le Dead Man's Curve, vous êtes sorti du tunnel, vous roulez droit vers votre but sur une autoroute à six voies - que vous l'ayez vraiment voulu ou pas. Vous vous êtes coupé les cheveux. Vous vous rasez chaque matin. Vous n'êtes plus un poète, un révolutionnaire ou une rock star. Vous ne vous endormez plus, ou vous ne vous évanouissez plus ivre mort dans les cabines téléphoniques, et vous n'écoutez plus les Doors à plein volume à quatre heures du matin. À la place, vous souscrivez une assurance-vie dans la société d'un ami, vous vous rendez dans les bars des hôtels pour consommer de l'alcool, et vous conservez les factures de vos soins dentaires pour bénéficier de réductions d'impôts. Vous avez vingt-huit ans, n'est- ce pas.
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À présent, c'était presque le soir. De vagues lumières jaunes semblaient voleter depuis les lampes du train, comme une poussière en suspension, squames d'un papillon de nuit chagrin, qui flottaient en l'air et s'introduisaient silencieusement dans le nez, la bouche le corps des voyageurs. Je fermai mon livre, laissai mes paumes reposer sur mes genoux et les observai longuement. Cela faisait extrêmement longtemps que je n'avais pas contemplé mes mains ainsi. Dans cette lumière voilée, elles semblaient sales, noirâtres. Elles ne paraissaient pas être miennes. Leur vue m'emplit de tristesse. C'étaient des mains qui n'avaient jamais rendu quelqu'un heureux, qui n'avaient jamais sauvé personne.
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« Elle nous a appelés à dix heures dimanche matin. Il pleuvait très fort ce jour-là. C'était il y a deux dimanches, autrement dit, voyons... eh bien, cela fait dix jours,. »
Je jetai un coup d'œil sur le calendrier de mon bureau. Dimanche 3 septembre ?
«Oui, c'était bien le 3 septembre. Ma belle-mère nous a appelés ce jour-là à dix heures du matin », continua la femme.
Elle ferma les yeux comme si elle revoyait la scène. Si nous avions été dans un film d'Alfred Hitchcock, I'écran aurait commencé à onduler et nous aurions été entraînés dans un flash-back. Mais nous n'étions pas dans un film, aucun flash-back n'allait se produire, bien sûr. La femme rouvrit les yeux.
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Les mots de Kirié perdirent leur forme grammaticale dans l’air de la nuit, ils se mêlèrent à l’arôme léger du vin avant d’atteindre les replis secrets de la conscience. « Par exemple, le vent a ses raisons. En temps ordinaire, nous vivons sans nous en rendre compte. Mais à certains moments, nous sommes amenés à en prendre conscience. Le vent vous enveloppe avec une intention particulière, il vous ébranle aussi. Le vent a connaissance de tout ce qui est en vous. Mais pas seulement le vent. Toutes les choses. Mêmes les pierres. Tous les éléments nous connaissent très bien ? Jusqu’aux tréfonds de nos êtres. Et parfois ils se rappellent à nous. Alors nous devons les accompagner. Et si nous les acceptons, nous restons vivants, nous nous approfondissons.
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Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
#harukimurakami #littérature #animation
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