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Critiques de Henri Queffélec (70)
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Sur la peau de bouc

Sur les 132 motifs de punitions illustrés dans ce petit ouvrage, je ne dis pas que je n'en ai jamais frôlé un ou deux.

Ce serait mentir.

Quel genre de matelot peut se vanter de n'avoir jamais été mis sur "la peau de bouc" ?

Mais mon livret de punition, finalement assez maigrelet, n'est pas de ceux qui peuvent impressionner le moindre quartier-maître ayant plus d'un tour d'hélice dans son sac.

Le motif de punition, traîné comme une infamie ou, suivant sa cause, exhibé avec fierté, est d'abord mis "sur la peau de bouc", inscrit sur le très redouté cahier du capitaine d'armes.

Puis il entraîne la sanction, infligée selon sa gravité par le commandant en second, le pacha ou même, dans de très rares cas, par l'amiral lui-même.

Malheur à celui qui déclenche les foudres du préfet maritime !

Ce sont des jours d'arrêt fermes qui le guettent ...

Paru en 1967, "Sur la peau de bouc" est un petit album préfacé par Henri Quéffelec.

Il contient, au rythme d'un par page, 132 motifs de punitions de la vieille marine illustrés par Pierre Péron.

Ce dernier dont "l'expression est un éventail aux mille plis", est un graphiste, caricaturiste, graveur et sculpteur breton, peintre de la marine, qui à partir de 1972, fut conservateur du Musée de la Marine à Brest.

Son oeuvre est originale, talentueuse et imaginative.

Cet album en est un des reflets.

Et tenter de "tromper la crédulité du capitaine d'armes en lui donnant dans l'obscurité un faux numéro" ne servira à rien, le matelot qui a "chanté à tue-tête dans la rue de Siam et troublé le repos public" sera puni.

Ainsi que quelques autres dont l'espièglerie est aujourd'hui passée à la postérité ...



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Un homme d'Ouessant

Roman écrit dans les années 50.

L'histoire se passe en 1783, dans l'île d'Ouesssant. Laurent Brenterch, connu sous le nom de Miserere, est un célibataire endurci. C'est aussi un ancien qui a participé à la guerre d'indépendance des Etats-Unis. Maintenant il plante des pommes de terre, Un légume nouveau ramené des "Amériques". A l'occasion il pille quelques épaves venus s'échouer sur les côtes.

La vie sur l'île est dure, les femmes sont très majoritaires, leurs maris marins sont la plupart mort en mer ou à la guerre. La démographie est problématique.

L'homme a deux visages : attaché à son île et l'envie d'évoluer, donc de regarder vers le continent.

L'écriture est dure, minimaliste, rocailleuse. On y sent les tempêtes, les embruns, le désespoir des habitants et la tension qui règne sur l'île. Ne soyez pas surpris si vous avez le visage mouillé et que d'un coup de langue agile vous vous aperceviez que cette eau est salée.

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Tempête sur Douarnenez

Ça bouillonne, ça tempête et ça foisonne dans la baie de Douarnenez !

De partout.

Sous la mer, où les innombrables poissons nommés se la jouent par bancs entiers.

Sur l’eau où les couleurs, textures et lumières offrent des palettes toujours changeantes.

Dans les airs, où les mouettes et goélands rient et s’amusent avec les vents.

Sur la terre, dans les ruelles et cafés du port qui offrent des scènes pleine de verve et d’humour, arrosées de vins qui emplissent les gosiers et donnent le ton.

Que de force il leur aura fallu à ces hommes pour dompter la mer et en retirer de quoi nourrir leur famille, à ces femmes travaillant à l’usine de conserveries pour combler les manques.

Et quand une tempête s’abat sur les côtes, combien de bateaux reviennent ? Tous, dans l’attente. Espoir ou déchirement.

Dans ce tourbillon de travail harassant et de fatigue, de violences et de solidarité, de rudesse et de pauvreté, un amour est-il possible ?

Louis, pêcheur né, la quarantaine, communiste plein d’espoir, tombeur de ces dames, un homme viril et macho tombe lui-même amoureux de la toute jeune Marie, fervente catholique, ayant quitté la ferme et la famille pour vivre chez sa tante et trouver du travail au port. Le coup de foudre mutuel ouvrira une faille chez l’homme rude, incapable de parler sentiments, une pudeur d’homme n’entraînant que silences stupides.



Un livre que l’on peut lire rapidement tant l’on est emporté par son rythme, ou plus lentement avec un dictionnaire à ses côtés pour mesurer l’ampleur de cette écriture foisonnante.





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Un homme d'Ouessant

Un excellent huis-clos imaginé à la fin du XVIIIème siècle sur l'île d'Ouessant.



Le bon vieux Miserere, ancien matelot de guerre, retourne sur son île dans la quiétude et le célibat. Mais c'est sans compter sur l'acharnement des veuves ouessantines et du recteur de l'île. S'adonner au célibat sur une île garnie de veuves et au pillage d'épaves au nez et à la barbe du curé ne sont pas pour plaire sur le caillou.



Belle plume du trop méconnu père de Yann Quéffelec. Chaque page nous apporte son paquet d'embruns. Et quel talent de mener une intrigue sur un si petit lopin de terre... Kenavo les Quéffelec.




Lien : http://axel-roques.iggybook...
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Ils étaient six marins de Groix... et la tempête

Le thonier dundee l'Aviateur Blériot avance dans le noroît de la mer Celtique. À son bord, six marins, tous groisillons ; l'île de Groix, petite terre détachée avec son vivier de marins. le patron Amédée, quatre matelots, le mousse Yves-Marie quatorze ans et déjà bien débrouillard, un bon petit gars. Avec ses deux tangons déployés, le dundee, loin des côtes, espère ferrer le thon germon mais celui-ci se fait désirer depuis des heures.

Le patron est soucieux mais s'interdit de descendre jeter un oeil au baromètre. Un mutisme s'installe en lieu et place des plaisanteries habituelles. le regard se perd vers le noroît, épiant au loin le ciel et la mer en pleine mutation, le gris s'épaississant.

Marée d'équinoxe 1930, aucune alerte météorologique n'a été diffusée avant le départ en mer. L'inquiétude monte pourtant. Le temps vire au changement. Le baromètre, lui, vire au sale coup, l'aiguille noire tombant dangereusement sur la gauche. Plus un cri de goéland… Un bien mauvais coup de chien se prépare. L'Océan s'emballe.



Henri Queffélec, grand romancier maritime, nous plaque à bord de ce thonier. On est là, pantelant, tenu par les mots, par ce texte si puissant, suspendu, en attente de la déferlante assassine.

L'objectif du patron n'est plus de remplir son dundee de thons mais de ramener tout l'équipage à terre. Il a ordonné de virer de bord juste avant d'atteindre le gros de la flottille de thoniers amassés autour des mattes de germons dans les flots du grand large. Est-ce une décision judicieuse, raisonnable, née d'une véritable expérience ? La zone est profonde, sujette aux lames déferlantes qui pourraient se former et chavirer les bateaux.

« Ma mission de marin pêcheur n'est pas de m'enfoncer dans la profondeur des mers pour ne plus en sortir. »



L'auteur, avec sa grande minutie et son immense vivier de termes maritimes nous fait réellement vivre cette tragique tempête d'équinoxe. C'est une exceptionnelle lutte pour contrer les vagues, une surveillance sans relâche face aux paquets de mer qui s'abattent.

Henri Queffélec utilise une narration qui questionne les marins, le dundee, les femmes à terre, le vent, la fureur de la mer. On navigue dans la tête d'Amédée où les années de multiples naufrages, tous ces hommes avalés par la mer, ressurgissent. Son esprit va aussi vers Aurélia, sa femme. On dérive alors sur les ravages à terre, le vent se déchaînant sur les pignons. La violence de ce temps surprend, réveille, à moins que ce ne soit l'anxiété qui tenaille celles et ceux qui craignent le pire.

On fait escale à Port-Tudy devant un beau tableau enthousiaste de ce port prospère. Un port thonier effervescent lors des campagnes de pêche, fier de son enchevêtrement de bateaux.

Pas de reprise de souffle possible car la peur, l'épuisement, le tapage du ciel et de la mer, les chocs sur la coque ne laissent aucun répit au lecteur.

Heureusement que l'équipage est soudé, du doyen au jeune mousse. La préoccupation du patron vis-à-vis de ce dernier est attendrissante, surtout ne pas perdre un mousse qui n'a vraiment pas l'âge de mourir ! Car les vents désastreux de cette tempête d'équinoxe de septembre 1930 soufflent la mort, un mot qu'il faut pourtant bannir à bord, de peur de l'attirer.



Près d'une trentaine de bateaux des côtes atlantiques ont péri corps et biens lors de ce funeste coup de vent. Et l'Aviateur Blériot, a-t-il pu sauver sa belle coque et son équipage ?



Autour d'un fait climatique réel, ce roman, à l'écriture vivante et vibrante, est un magnifique hommage aux marins de cette pêche à voile qui vivait ses derniers instants.

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Mémoires d'enfance : la douceur et la guerre



Comme le dit si bien l'auteur en début d'ouvrage, écrire une autobiographie ne doit pas être aisé pour un écrivain. le désir inconscient d'y ajouter de la fiction doit être un tiraillement constant. Raconter son enfance est un exercice subtil et délicat et il me semble qu'Henri Queffélec s'en est sorti haut la main.



Mémoires. A partir de quel âge se rappelle t-on des anecdotes, des paroles ? Queffélec avoue n'avoir aucun souvenir de sa toute petite enfance. Ce n'est que vers ses trois – quatre ans que des scènes, des atmosphères, des sensations commencent à lui prodiguer émotions. Comme la première fois où son père l'emmène sur la plage, lui apprendre à nager.

Mémoires d'enfance. Et c'est bien de cela qu'il s'agit et de rien d'autre. Une enfance qui aura traversé la guerre 14-18, ressentie uniquement, à l'âge de six ans, par la mort de son père. Un père parti beaucoup trop tôt, entraînant la recherche d'une figure paternelle à travers le visage d'un professeur ou d'un médecin. Mais encore fallait-il qu'ils soient droits, autoritaires tout en étant respectueux de l'enfant qu'il était.



Brestois de naissance, Queffélec grandit dans une famille catholique composée de sa mère, de ses grands-mères paternelle et maternelle, de ses nombreuses soeurs et de son petit frère Jean. La baie de Douarnenez et Morgat (prononcez Morgatth;)), la grande maison, le piano et les livres du père seront l'environnement du petit Henri. La scolarité est très chaotique jusqu'à ce qu'apparaisse un certain Mr. Dubreuil, un professeur qui percevra très vite un petit quelque chose de différent chez Henri, déjà un amour des mots qui pourrait l'éloigner de la voie qu'il s'est tracée, devenir militaire comme son père.



D'une écriture riche, variée et poétique, l'auteur nous conte son éblouissement de la beauté de la nature environnante ; il nous emmène, pieds nus, à la pêche aux écrevisses, aux bigorneaux et autres saveurs de la mer. Il nous fait partager ses jeux, ses découvertes, sa solitude toute emplie de joie de vivre. Il nous transporte dans sa chambre, avec le petit Jean dormant à ses côtés et sa grand-mère paternelle pour qui il voue un amour immense.



Ce livre est très beau.

Coup de coeur.



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Ce sont voiliers que vent emporte

Cet ouvrage est, avant-tout, une très belle biographie qu'Henri Queffélec offre à Antoine-Dominique Bordes mais c'est aussi un formidable morceau de littérature.

Henri Queffélec est un aristocrate de l'écriture.

Il est fin dans ses choix, élégant dans son style. Il s'attarde longuement. Il décrit l'enfant, le jeune homme, les circonstances qui feront de lui un immense armateur.

Antoine-Dominique est l'avant dernier "drôle" de la famille Bordes.

Au début de ce récit, il a neuf ans. On le surnomme Toinapaul.

Son père lui a glissé dans les mains un livre. Derrière une belle couverture à odeur de cordonnerie, l'enfant découvre un titre : "vie et aventure de Robinson Crusoé".

Mais défense de lire une fois couché et dans la journée, il faut vaquer au travail de l'école.

Envoyé à Bordeaux, chez son frère et parrain, il n'aura de cesse que voir pour la première fois l'océan.

"L'esprit d'aventure n'a pas à se justifier ni à s'expliquer".

Pour un jeune homme pauvre du sud-ouest, Valparaiso semblait un nouvel eldorado, et c'est ainsi qu'à dix-huit ans, Antoine-Dominique Bordes s'embarqua vers la lointaine Amérique du Sud pour y travailler dans une agence maritime où il était recommandé.

S'associant avec le capitaine Le Quéllec pour vendre des marchandises importées du Chili, il fondera en quelques années l'armement "ADB" qui sera à son apogée le plus grand armement du monde de son époque.

De 1849 à 1925, la compagnie Bordes fera naviguer sous son guidon, 127 navires....

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La Boudeuse ou le tour du monde de Bougainv..

J'ai un problème avec Queffélec, c'est son style. Je l'avais déjà souffert en lisant "Le Grand départ : Charcot et le Pourquoi pas ? ".

Attention, Queffélec écrit plutôt bien mais, comme dirait Kool Shen, c'est son flow qui ne passe pas. Je trébuche sur les virgules, je perds le fil des adjectifs, sans cesse je dois revenir sur les phrases, bref tout le contraire de fluide.



Heureusement son sujet m'est passionnant, j'ai trouvé ici un précieux complément au "Voyage autour du monde" de Bougainville que j'ai lu plusieurs fois.

Queffélec a multiplié les sources, il apporte un éclairage politique et géostratégique que Bougainville ne pouvait exposer publiquement à ses contemporains. Il relativise, précise ou questionne le récit de Bougainville en le comparant aux souvenirs transcrits par ses compagnons de voyage.



Queffélec suggère, sans doute à juste titre, l'influence décisive du passage du récit consacré à la "Nouvelle Cythère" sur l'imaginaire des Européens.

Petit bémol, il semble moquer cet exotisme issu de quelques lignes plus ou moins artificiellement sublimées par l'intelligentsia parisienne mais, dans le même temps, il sacrifie allègrement au fantasme élimé de la Vahiné en consacrant d'aussi nombreux que dispensables passages à de scabreuses évocations et autres anecdotes grivoises dignes d'une chambrée de soudards avinés.



Lecture syncopée en raison du style mais néanmoins intéressante.
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Un recteur de l'île de Sein

Je découvre Queffelec avec ce roman et je dois avouer que je n'ai pas vraiment apprécié.

Pourtant je reconnais que c'est bien écrit et que les descriptions de l'île, des îliens, de la mer et des intempéries sont très belles.

Mais tout simplement ce n'est pas ma tasse de thé et je me suis ennuyée ferme pendant les 3/4 du livre.
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Un recteur de l'île de Sein

Nostalgique de sa Bretagne, Henri Queffélec écrivit ce roman à Paris pendant l'occupation. Il s'inspire alors d'un fait historique survenu au début du XVIIè siècle sur l'île de Sein : après le départ du recteur et en l'absence d'un successeur, le sacristain se vit provisoirement confier l'église et assurer les prières dominicales.

Récemment réédité chez Pocket, c'est l'occasion de découvrir ce petit roman et de se transporter sur cette île bretonne à une époque bien éloignée de l'attrait touristique que ce monde insulaire représente aujourd'hui.



Après le départ de leur prêtre, les îliens qui s'estiment bons chrétiens n'ont pas mérité cet abandon spirituel et réclament à cor et à cri un nouveau curé pour les guider. Mais cette paroisse retirée du monde et battue par les vents n'attire aucun recteur.

Thomas Gourvennec, sacristain et pêcheur, se lance, un dimanche, dans un sermon pour dénoncer certains actes païens suite au naufrage d'une chaloupe. Mais loin d'en être blâmer, toute l'île le réclame car il prêche aussi bien qu'un prêtre !



Mais « Il ne voulait pas se fourrer au presbytère comme un bernard-l'ermite dans un bigorneau. »



Tiraillé d'un côté par son honnêteté à ne pas usurper la place de prêtre et d'un autre côté par l'envie de répondre aux besoins religieux des paroissiens, Thomas attire le respect, l'admiration, mais également la jalousie de certains îliens.



C'est un petit roman qui s'apprivoise doucement au beau milieu de ces habitants rudes, qui ne mangent pas toujours à leur faim et que les voisins du continent considèrent comme des sauvages, essentiellement pêcheurs, pilleurs d'épaves lorsque l'occasion se présente. Des îliens, à la foi inébranlable, qui aux milieux des disputes ont un besoin puissant de religion pour les unir sur cette terre isolée. L'image des lits clos revient souvent, nous sommes bel et bien en Bretagne !

L'écriture est magnifique et donne vie aux éléments naturels : le vent qui se rue sur l'île, les tempêtes dans les ténèbres qui menacent d'engloutir cette terre, les vagues rugissantes qui transforment les rivages.



J'ai beaucoup aimé cheminer aux côtés de Thomas qui porte sa paroisse afin que ce petit monde clos ne sombre pas dans la folie. Le sujet est intéressant et porté par des mots et des personnages touchants.

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Sur la peau de bouc

Pierre Péron est un peintre et illustrateur brestois. Ses illustrations ont fleuri dans les années 50/60 dans le Télégramme de Brest, le journal local, c'était aussi un "Peintre de la Marine", titre officiel le la Marine Nationale.

"La Peau de Bouc", c'est le cahier de punitions de la Marine Nationale, où sont consignés tout les motifs de punitions. Ces motifs sont donc illustrés par Pierre Péron, publiés régulièrement dans le Télégramme au début des années 60 et rassemblés pour la première fois en recueil en 1967 par les Presses de la Cité. Je possède une réédition de 1983.

On reconnait son graphisme particulier avec ses personnages dégingandés, au visages ronds. J'aime ses dessins, c'est comme ma madeleine de Proust, je me souviens de ses grandes illustrations pour les vœux du Télégramme, tous les ans. Et c'est l'univers typique de Brest, avec les termes de la Marine, la cambuse, un fanal, un éléphant, un bœuf, une dame... Pierre Péron joue avec les quiproquos, ce n'est pas un humour à se tenir les côtes, c'est un humour empli de nostalgie, de candeur, un humour ti'zef, et une page de notre folklore.

Ici c'est Brest !
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Et les enfants joueront jusqu'à la nuit

Quel bonheur ce roman pour débuter l'année !

Je connaissais le fils, je découvre la plume du père.



Il nous emmène à la découverte d'un poète russe dont les écrits ont été remarqués en France, et va recevoir dans son pays une délégation d'écrivains français.

Un amitié va naître en Vassili et Simon, mais le premier sera obligé de mentir au second pour accéder aux désidératas de son régime, auquel il croit, même si des évènements l'ont traumatisé enfant.



La seconde partie du livre se passe en France, où Vassili est invité après cinq années de goulag.



Plus qu'une critique de gouvernance, c'est la difficulté d'être un homme juste dans un monde injuste qui nous est raconté. La vie, l'amour, la mort et tout le reste...



J'ai énormément aimé ce texte, qui résonne à travers les époques.
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Un recteur de l'île de Sein

Vivre sur une île est toujours une expérience ethnologique. Celle-ci au ras de l'eau face au raz de sein avait tout pour façonner des hommes durs et donner du travail au curé comme à celui du Cucugnan. Des naufrageurs premiers on sait depuis qu'on leur doit leur rôle au front de la première guerre mondial : impliqués comme le cochon dans l'omelette au lard.

Aujourd'hui on note leur implication à la société nationale de sauvetage en mer. J'ai fait 2 fois le pèlerinage et je recommande ce site classique en lisant 'le recteur de l'île de Sein'.
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Un royaume sous la mer

Bien que l'écriture soit d'un beau style poétique, je me barbe à mourir et préfère abandonner la lecture pour un roman plus enjoué et vivant.
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Le Phare

Dès le premier paragraphe, décrivant l'océan s'échouant sur les rochers, j'ai été conquise par cette lecture. Henri Queffelec revient dans ce roman sur la construction du phare de la Jument, rendue possible grâce au legs d'un membre de la Société géographique de Paris et voyageur, Charles-Eugène Potron. Seules conditions dans son testament : que celui-ci soit érigé aux abords de Ouessant et qu'il soit construit en 7 ans.

Queffelec partage alors son récit entre les échanges au sein des grandes instances du Service des Phares et Balises, la mise en oeuvre du chantier et la vie du jeune Alain, dont l'avenir sera déterminé par la construction du phare.

L'écriture est très évocatrice, le récit prenant et passionnant. Un agréable moment de lecture.
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Un royaume sous la mer

Jean Modénou, patron du bateau Le Gamineur un cordier de Douarnenez naviguant sur la mer celtique, va découvrir lors d'une pêche désastreuse, un banc foisonnant de poissons, le Modénou Bank.

De retour sur la terre, Jean veut cacher au maximum sa trouvaille aux autres pécheurs pour en profiter un maximum. Mais entre la jalousie des autres, la curiosité de sa femme et le reste de son équipage, cette tache est ardue.



Henri Queffélec trace un magnifique tableau de la Bretagne côtière de la première moitié du siècle dernier, en particulier sur la vie des marins, en mer ou au port et leurs deux amantes, la mer et leur femme. Avec une écriture prenante, l'auteur offre une vision très touchante et pittoresque de sa région.
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Un homme d'Ouessant

Henri Queffélec décrit dans ce roman la dureté de la vie sur l'île d'Ouessant au XVIIIe siècle (l'action se situe ici en décembre 1783). Cet homme d'Ouessant, c'est Laurent, dit Miserere, revenu de la guerre d'indépendance américaine où il servait sur les navires du roi, alors que tant d'autres n'ont pas eu cette chance, laissant derrière eux de nombreuses femmes veuves et enfants. Miserere est un homme qui ne se plie pas aux désirs des autres, il assume ses choix et suit sa propre voie, celle qui lui semble la plus juste, en toute honnêteté, même si juste pour lui ne signifie pas forcément juste aux yeux de la religion, très présente sur l'île. C'est de cette personnalité très forte que Françoise, veuve, s'est éprise, et elle aimerait que Miserere consente à l'épouser.

L'omniprésence de la religion, la nature souveraine et imprévisible, la pauvreté, le sentiment d'appartenance qui unit les ouessantins à leur île, c'est tout cela que l'écriture d'Henri Queffélec nous décrit. Dure, sans fioriture, il faut être tout à fait concentré à sa lecture pour se laisser imprégner par l'atmosphère que l'auteur transmet. Son écriture est également très évocatrice et offre de belles descriptions de la mer et la nature sauvage qui peuple l'île.
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Un royaume sous la mer

Henri Queffélec, c'est l'assurance de lire un livre sur la Bretagne. Ecrivain régionaliste mais qui a su se faire connaître au-delà de ses étroites frontières, comme le montre ce roman qui a obtenu le Grand Prix du roman de l'Académie Française en 1958. C'était une bonne lecture en perspective donc, un moment simple de détente iodée espérais-je. Mais j'ai été bien déçue. J'ai trouvé une histoire sans intérêt et bien pensante, un style plat qui ne m'a pas emportée, qui ne m'a pas fait me sentir sur le pont d'un bateau ni à la criée de Douarnenez. J'ai même été étonnée par le vocabulaire, ne reconnaissant pas les noms des poissons, ni même celui du type de bateau qu'est le Gamineur, un cordier, alors que je n'ai jamais entendu parler que de palangrier. de même, j'ai été embêtée par la course au tonnage et à la négation de la baisse des ressources halieutiques, qui était pourtant déjà signalée à l'époque, mais peut-être suis-je ici un peu anachronique.

Un roman dont ni le fond ni la forme ne m'ont accrochée est pour moi un coup d'épée dans l'eau, et c'est bien le sentiment qu'il m'est resté quand j'ai eu refermé ce livre.



------------ Deuxième note de lecture (juin 2019) ------------

Je pensais, en lisant ce livre, pouvoir réduire d’une unité le nombre de livres qui dorment depuis trop longtemps sur les étagères sans que je les aie jamais ouverts. Mais les premières pages m’ont semblé bien familières, puis il y a eu l’épisode des radis et là, je me suis dit qu’il y avait anguille sous roche (ou julienne au fond de la mer). Je me suis donc aperçue, en venant farfouiller sur ce précieux site qui recense toutes mes lectures depuis bientôt dix ans que j’avais déjà lu ce livre, en 2013, cela ne nous rajeunit pas ma bonne dame…

Et ma note de lecture était plutôt acerbe à l’époque. Je crois que je vais être plus clémente aujourd’hui, j’ai été plus sensible aux tiraillements entre la fierté de pêcher, de ramener le plus de poissons possible et les inquiétudes face à la raréfaction des ressources. Il n’est pas facile de changer ses pratiques, de savoir placer sa fierté ailleurs que là où on l’a toujours mise, et où nos pères ont mis la leur avant nous.

Par contre, je suis toujours aussi agacée par les tensions conjugales qui font la trame narrative de ce livre. Trop mélodramatique pour moi, tout à fait dispensable. Est-ce un poncif des romans de mer de dépeindre ainsi le brave, fier et valeureux capitaine comme un homme malheureux en amour ? Roger Vercel utilise la même trame dans le célèbre Remorques ou le moins célèbre Jean Villemeur, et cela devient lassant. Certes, c’est un peu l’Albatros de Baudelaire (toutes proportions gardées !), l’intrépide homme de mer que ses ailes de géant empêchent de marcher dès qu’il rejoint le plancher des vaches, mais au bout de quelques livres, cela devient un marronnier, et j’attends mieux d’un roman maritime.
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Un royaume sous la mer

Romancier breton et romancier de la Bretagne, Henri Queffelec est relativement oublié de nos jours, même si d'heureuses rééditions viennent de temps à autre le rappeler à la mémoire des lecteurs contemporains. Il faut bien dire que le monde qu'il décrit est à mille lieues de notre monde contemporain de loisirs et de facilité.

Pas de burn-out ni de problématique politique ou sociétale dans Un royaume sous la mer. A partir d'une intrigue assez simple, un banc de pêche découvert par Jean Modénou, patron pêcheur, pendant que son épouse attend un peu d'attention de sa part, Queffelec décrit un monde dur et rustre, qui touche à sa fin mais ne le sait pas encore, un monde fier où il est dur de communiquer. Un royaume sur la mer est un roman très élaboré sur l'incommunicabilité dans le couple et sur le monde de la pêche.

Peut-être faut il passionnément aimer la mer et la Bretagne profonde, loin des cartes postales pour apprécier ce roman. Ce fut le cas pour ma part.

Et pour conclure, n'est ce pas la magie de la littérature que de créer du lien entre des mondes lointains? C'est assez beau de penser que l'Académie française a décerné son grand prix du roman à ce livre consacré à un monde frustre et ancestral. Queffelec a réussi à emmener Jean Modénou et son équipage de pêcheurs jusqu'au Quai Conti.
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Un recteur de l'île de Sein

Voilà un vieux classique dont j'avais souvent entendu parler et que j'ai déniché pendant les vacances. Henri Queffélec offre au lecteur un tableau vivant de l’île de Sein sous l’Ancien Régime. A l'époque, la vie sur l'île de Sein n'est pas facile, il y a les tempêtes, ce rocher est aride et il manque de tout. Un beau jour, leur recteur, venu du continent, n'en peut plus de cette vie rude et isolé et il quitte l'île. Mais aucun prêtre n'est prêt à le remplacer. Les Îliens se sentent alors délaissés par l'Église de Quimper, et par le continent tout entier... Dans ces conditions, Thomas Gourvennec, le sacristain, homme pieux et respecté, est poussé par les Îliens à prendre en main les destinées de la paroisse.

J'ai trouvé ce livre magnifique et très fort, il nous fait découvrir la vie rude des pêcheurs, leur rapport à la religion... L'Ile est l'un des personnages principaux de ce roman, ses descriptions sont très belles et évocatrices en particulier en pleine tempête. L'auteur s'est inspiré d'une histoire vraie pour écrire son roman. Le vocabulaire est très riche, j'y ai découvert des mots qui ne sont plus en usage aujourd'hui et certaines tournures de phrases sont parfois désuètes.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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