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Critiques de Henry David Thoreau (343)
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Walden ou La vie dans les bois

31 août. La rentrée pointe le bout de son nez et l'automne montre son impatience à nous rejoindre.



A quelques heures de ce retour au boulot, à l'école, aux choses de la vie, je fais un peu de résistance !



Walden... J'aurais voulu le lire et vous dire qu'il est génial, superbe, nécessaire, indispensable... Mais c'est tellement plus que ca !



J'ai essayé d'en extraire une citation pour vous montrer quelles émotions m'ont traversées. Alors j'ai annoté p2, p5, p8, p11, ... parfois même plusieurs passages par page. Soyons honnêtes ce n'étaient plus des inspirations, c'etait emballer le livre entier dans des guillemets.



Alors j'ai refermé le livre. Il est à la bibliothèque. Je souhaite avoir mon exemplaire. Et le faire vivre. L'annoter comme une lectrice indécente. Qu'il soit parsemé de la poussière de mes bottines de marche, écorné par mon sac à dos, son marque-page en feuille de cèdre dépassant fièrement de ma dernière sieste nature.



Car oui, c'est un livre à vivre !
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Walden ou La vie dans les bois

1845, Henri David Thoreau part vivre près de l'étang de Walden, dans le Massachusetts, loin de la ville en construisant sa propre cabane.

"Cela faisait à peine une semaine que j'avais emménagé que déjà mes pas avaient tracé un chemin entre le seuil de ma cabane et la rive de l'étang ; et alors même que je n'y marche plus depuis 5 ou 6 ans, il est encore visible. [...] la surface de la terre est douce et sensible à l'empreinte de l'homme et il en va de même pour le sentiers que notre esprit arpente. [...] Comme elles doivent être profondes les ornières de la tradition et du conformisme. " (p353) ;

L'ouvrage décrit la vie de Henri David Thoreau durant une année au bord de cet étang, au fil des saisons où il nous partage toutes ses réflexions sur la société américaine et anglaise (et du monde) d'alors qui sans grand étonnement n'ont jamais été aussi contemporaines. L'économie, l'enrichissement, le modernisme, la technologie, tout ce que l'homme croit le grandir, nous éloigne (déjà) de la nature et de sa compréhension de ses lois fondamentales, du rapport à nos vrais besoins, les plus fondamentaux, tant sur le plan physique, physiologique, alimentaire que sur le plan psychique et intellectuel. les références littéraires sont extraordinairement riches et variées.

"Combien d'hommes ont pu dater de la lecture d'un livre le commencement d'une nouvelle ère personnelle ? (128)". il y a des livres qui nous émerveillent, qui nous divertissent, qui nous amusent, et même des livres nous ennuient... mais il y aussi ces livres qui nous transforment, nous enrichissent, nous bousculent, ceux qui après avoir refermé la dernière page, nous laissent songeur, perplexe, ceux dont ont ré-ouvrira un jour les pages pour s'y replonger, par nécessité, par besoin, par envie de retrouver un moment où l'on se rapproche du sens, d'être là et de la vie que l'on souhaite vivre.

Ce livre là en fait partie. 175 ans nous séparent de ces écrits, mais chaque ligne est encore valable, juste et justifie d'être lue, encore aujourd'hui.
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La Vie sans principe

Court texte écrit en premier lieu pour une conférence, il nous permet d'approcher le transcendantalisme (école philosophique américaine qui se caractérise par un certain mysticisme moral et par la tendance à unir l'individuel et l'universel).



J'ai aimé que le côté péjoratif du mot oisiveté soit démantelé puisqu' "il n'est rien, pas même le crime, de plus opposé à la poésie, à la philosophie, voire à la vie elle-même, que cette incessante activité."

Ce que j'ai moins aimé, c'est qu'à la fin de ma lecture, j'ai eu davantage l'impression d'avoir lu un pamphlet d'un opposant politique plutôt qu'une apologie d'un amoureux de la nature comme je m'y attendais.



Il n'en reste pas moins que, d'abord, il semblerait que M. Thoreau était un homme qui préférait vivre sa philosophie plutôt que d'en parler. Tous les adeptes du "montre-moi comment tu vis avant de tenter de me refourguer tes idées" y verront un intérêt certain.

Ensuite, ce texte datant du milieu du XIXe siècle, il peut laisser songeur quant à l'intemporalité de ce mouvement.

Et enfin, Henry David Thoreau formule adroitement ses idées.
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La Désobéissance civile

Il serait très long et certainement difficile d'entreprendre une critique politique. D'autres ont du le faire très bien.

Je voudrais simplement faire un lien entre l'action de refuser de payer l'impôt que ce livre explique et l'action récente en Suisse de Chistoph Blocher (voir article dans le Temps)

M Blocher, ancien conseiller fédéral, et par ailleurs milliardaire, avait refusé le versement de sa pension lorsqu'il a quitté ses fonctions (il n'en avait pas besoin pour vivre). Il vient de demander à l'Etat de lui payer la totalité de sa rente, à titre rétroactif, au motif que cet argent serait utilisé par l'Etat pour des causes et/ou actions, qu'il désapprouve, et donc il entend par sa demande réduire les moyens d'action du Conseil Fédéral . Cette requête a été acceptée!

M Blocher doit être un lecteur attentif de Thoreau, ce qui pour un homme politique n'est pas surprenant!
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Walden ou La vie dans les bois

Une cabane en plein milieu des bois. Une pierre suffisamment plate pour poser ses fesses sans problème. Un disque de néofolk, sombre et langoureux, tandis qu’une après une, se tournent les pages de l’histoire de l’homme qui partit s’oublier dans les bois. L’orage gronde, et je dois déjà repartir. Il n’empêche : pendant quelques instants, tout le souffle de la forêt et du livre était LÀ.

Pour vraiment comprendre et apprécier Walden, il va vous falloir passer par beaucoup plus de règles que l’auteur n’en met d’habitude dans son contrat avec le lecteur. Ça n’en fait pas une lecture qui échoue à ses objectifs d’être à la portée de tous, ça en fait une lecture exigeante, d’où le fait que la plupart d’entre vous laissera tomber le livre de ses mains dès les 50 premières pages. Je vais donc essayer de lister brièvement tout ce qu’il faut garder en tête avant de s’y atteler.

Tout d’abord, rappelez-vous que Walden est un récit certes, celui de l’auteur partant vivre dans les bois suite à son dégoût de la société étasunienne qui n’a pour lui plus de sens, mais un essai et pas du tout un roman. Résultat des courses : pas de péripéties, de début ni de fin, juste une suite de réflexions et de faits pour démontrer celles-ci. On ne sait même pas exactement comment le classer : un coup autobiographie, un coup traité philosophique ou poétique voire comique, Walden ne cherche pas à raconter une vie mais bien à retracer un vécu et une pensée. Autant vous dire que si vous y cherchez une histoire, vous allez autant vous barber que moi devant "Le Parlement des Fées".

Une pensée en l’occurrence guidée par le bon sens, cherchant avant tout l’autosuffisance. Si par miracle vous avez échappé à mes sermons sur l’effondrement, sachez en gros que si celui-ci n’arrivera sans doute pas forcément, il n’en est pas moins que l’idéal selon moi serait d’être prêt à affronter la vie, quelles que soient les circonstances géopolitiques ou qu’il s’agisse de vivre dans l’opulence ou la misère la plus totale. Ce sans avoir besoin d’appuis non essentiels qui pourraient vous être enlevés à tous moments : amis, allocs, assurances… à vrai dire tout ce qui est menacé en ce moment, pardon, tout ce qui nous coupe de l’autonomie par rapport au reste du monde. Il ne s’agit pas d’autarcie, mais que telle personne A puisse encore tenir si personne B vacille.

La philosophie devait donc me séduire, et Thoreau va s’efforcer à l’appliquer à sa propre vie plutôt que rester dans des concepts abstraits. Reprenant à sa sauce le désir de dépouillement d’Épicure, il conçoit dès le premier (très long) chapitre l’idée que la richesse n’est pas matérielle, voire que le fait de posséder trop nous appauvrit car l’on en devient dépendant. Dès lors, l’idée va être de vivre le plus libre possible, en se créant le moins de besoins, et ainsi de travail et de contraintes, afin de vaquer à des activités purement intellectuelles ; exit le mobilier dans la mesure du possible, exit la viande sauf si elle est chassée, exit les voyages sauf à pied et donc à courte distance. Thoreau se montre aussi condescendant envers les riches qu’envers les pauvres qui tentent d’avoir un mode de vie moins minimaliste, et tout ça pourrait avoir l’air d’idées de bobo-parigot n’étant jamais sorti de son spa du XVIe ; oui, mais il l’a vécu, et si la situation économique n’était clairement pas la même que celle de maintenant, on peut déjà se rapprocher le plus possible de son idéal de vie (de toute manière, comme lui-même le souligne, il ne demande à personne de suivre ses choix à la lettre mais plutôt de voir comment, chacun à sa façon, nous pourrions acquérir cette indépendance).

Pour quoi vivre, dès lors, si nous n’entreprenons rien de grand ou de glorieux ? Thoreau tente d’y répondre non plus en optant pour une philosophie du faire, mais une philosophie de l’être. L’idée n’est plus tant de laisser une trace après sa mort que de vivre chaque instant pleinement au lieu de se projeter dans l’avenir. Dit comme ça, ça a l’air très cliché, en pratique ça l’est beaucoup moins : Walden invite à un réenchantement du quotidien, le retour des savoirs oubliés autour des plantes et de la vie rustique, l’appréciation des plaisirs simples, le contact permanent avec d’autres esprits que le nôtre par la lecture, tout comme avec une nature non pas bienveillante mais inconnue et que nous nous devons de redécouvrir.

Jusqu’ici, les choses semblent plutôt claires, mais c’est sans compter un autre obstacle : Thoreau est un érudit, et il ne s’en cache pas. Son bouquin est une espèce d’énorme private-joke, renvoyant presque sans cesse à la Bible, à l’actualité de son époque ou à des éléments folkloriques, le tout dans un style complexe et tortueux. Il faut savoir saisir les multiples allusions, antiphrases, références à la sagesse indienne, digressions, apartés, et ce sans perdre le fil, ce qui peut s’avérer aussi pénible que gratifiant : si assurément nous avons là un livre qui possède un nombre hallucinant de niveaux de lecture à découvrir chaque fois qu’on le relit, en revanche il peut par moments sembler obscur à force de paragraphes à rallonge frôlant par moments le Rousseau exalté. On oscille en permanence entre purs moments de grâce et très longues réflexions hasardeuses. Le mieux est de le lire d’une traite, à un régime de 100 pages par jour, sans quoi vous allez vous y perdre, voire n’y comprendre que dalle. Il y a toujours la possibilité de s’y atteler dans le confort le plus total pour ne pas se sentir agacé, mais je préfère une autre méthode sans doute plus raccord avec les théories de l’auteur : ouvrir ce livre après une longue marche loin de la civilisation, quand le merveilleux décrit dedans se retrouve tout autour de nous.

Bref, Walden est un livre complexe et terriblement exigeant, mais passionnant de par son bon sens, son ovnisme littéraire, ou encore ses idées visionnaires qui seront reprises des années plus tard par les altermondialistes. Il en ressort un plaisir avant tout intellectuel, tantôt drôle, tantôt sérieux, tantôt lyrique, en faisant un ouvrage difficile d’accès mais nécessaire, que vous devez vous acheter si jamais vous faites des études de Lettres pas seulement pour les gros joints. Et je m’en fous que ça soit pas au programme, c’est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Walden ou La vie dans les bois

Que la notation est dure... J'a hésité entre 2,5 et 4,5. Mais la longueur et l'effet soporifique de certains passages ont tiré le curseur vers le bas.



Walden est une lecture importante pour qui questionne notre mode de vie et le livre a connu ces dernières années un effet de mode (de hype ?) certain. Thoreau est LE penseur de référence pour les inquiets et les repentis d'un monde de vie ultra-consumériste, mais un penseur dont la légende est supérieure (dévoyée) à l'oeuvre.



Son statut de classique inattaquable et monument inusable le rend impossible à critiquer (au sens vulgaire du terme) bien que le livre soit d'une autre époque, plein de poncifs et de déclarations définitives d'un auteur qui "sait", qui a "compris" et qui a la vertu pour lui contre tous barbares enchaînés aux modes et à l'air du temps.



J'ai ouvert ce livre avec la certitude que j'allais suivre le voyage initiatique d'un philosophe doux qui allait m'apprendre à souffler et reprendre goût aux beautés de la nature que nous ne voyons plus, mais je me suis retrouvé admonesté par un vieil oncle un peu bizarre plein de certitudes.



Il est des livres pour lesquels nos attentes ruinent la lecture, je me reproche ces attentes qui m'ont gâché un livre pourtant magnifique qui n'a volé en rien son statut d'oeuvre monument.



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Walden ou La vie dans les bois

Écologiste engagné, Thoreau nous raconte les années passées dans les bois, près d'un étang. Une communion directe avec la nature, la forêt, les animaux. Un récit doux, où le sens de la vie peut prendre sa forme. C'est très beau à lire...
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Walden ou La vie dans les bois

Un classique de Thoreau qui contient de beaux passages sur la nature (chapitres "Les étangs" et "voisins inférieurs") et la vie en solitaire (chapitre "Solitude"). L'essai de Thoreau "De la marche" complète bien "Walden" et prolonge l'idée de communion avec la nature. Je préfère d'ailleurs cet essai à "Walden".
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Walden ou La vie dans les bois

J'avais envie de grands espaces après des semaines d'enfermement, et j'espérais en trouver avec Thoreau à l'étang de Walden. J'y ai trouvé de l'espace, oui, mais autant un espace de réflexion qu'un espace pour folâtrer. L'auteur m'a sortie de mon engourdissement pour explorer les questions de la pertinence et du sens de nos choix de vies civilisées.





«  Une fois que l'homme s'est procuré l'indispensable, il existe une autre alternative que celle de se procurer les superfluités ; et c'est de s'aventurer dans la vie présente. »





Thoreau part du constat qu'il ne comprend plus la société occidentale dans laquelle il vit. A-t-on d'autres options que de poursuivre ce chemin toujours plus artificiel et consumériste ? En quête d'un sens à sa propre vie, l'auteur cherche une voie plus raisonnable. Quand le faste et l'ostentatoire servent d'écran de fumée à une société terne et creuse, une vie plus simple et dépouillée à l'extérieure peut-elle nous enrichir de l'intérieur, en se concentrant sur l'essentiel ? Et qu'est-ce que l'essentiel ?





« A l'état sauvage toute famille possède un abri valant les meilleurs, et suffisant pour ses besoins primitifs et plus simples ; mais je ne crois pas exagérer en disant que si les oiseaux du ciel ont leurs nids, les renards leurs tanières, et les sauvages leurs wigwams, il n'est pas dans la société civilisée moderne plus de la moitié des familles qui possède un abri. »





Peut-on être plus satisfait en s'inspirant de l'état de nature, en se dépouillant de tout ce qui n'est pas indispensable, et en travaillant soi-même à satisfaire ses propres besoins ? Pour le savoir, Thoreau part vivre dans les bois de son enfance. Nous expliquant son choix, il interroge sur la société de consommation (il vivait au 19ème siècle…!), sur le sens de nos « richesses » extérieures quand nous nous sentons toujours plus pauvres à l'intérieur. Il nous parle de coquilles vides, de grandes maisons ornementées et d'âmes grises et minuscules qui ne pourront jamais les remplir. Et il pose même déjà la question du végétarisme.





Une fois dans les bois, Thoreau construit son récit autour des thèmes qui fondent sa nouvelle vie : la lecture, les sons, la solitude, ses cultures, le village, les étangs, ses voisins sauvages… Chacun permet de comparer l'ancien et le nouveau mode de vie dans un but de réflexion. Ces thèmes sont autant de cases de marelle destinées à nous mener jusqu'au Ciel, pour en observer les étoiles un peu plus en astronomes qu'en astrologues. Alors enfin, nous nous immergerons tout entiers dans cette nature et son étang, qui purifieront autant nos corps que nos esprits. Et nous finirons par nous livrer corps et âme à cette nature omniprésente, vivante, immortelle.





*****



Ces trois étapes assez nettes ne découpent pourtant pas l'ouvrage : elles s'y fondent, lentement mais sûrement, au fil des thèmes abordés et de notre acceptation, pour ne former qu'une seule et unique expérience : celle de l'auteur. Plus on avance dans l'expérience, plus on pénètre l'esprit des forêts et plus la nature nous enserre. On aimerait qu'elle ne nous libère plus jamais, car c'est finalement en elle qu'on est le plus libre d'être nous-mêmes. Elle est tellement belle, apaisante et vibrante, décrite par Thoreau. Jamais le combat à mort des fourmis, les ruses de la bécasse, le chant des hiboux ou les orgies de grenouilles n'ont été plus passionnants. On joue même aux échecs sur le lac avec le facétieux plongeon huard, ou à cache-cache avec une chouette !





Au total son oeuvre nous offre autant de quoi nourrir notre esprit - avec des réflexions consistantes sur nos modes de vie occidentaux - que de quoi nourrir nos rêves - avec cette nature inspirante qu'il personnalise comme la muse qu'elle est pour lui, et qui nous attire telle une amante mystique dont nous voulons, nous aussi, apprendre les charmes et percer les mystères… Le propos est plus que jamais d'actualité 150 ans plus tard. Mais cette lecture ne consiste pas seulement à se demander si, et comment, l'on peut choisir de vivre autrement ; Ce peut être plus simplement la prise de conscience, d'une part, que la course à la consommation et aux richesses extérieures ne suffit pas à nous rendre heureux ; et d'autre part, de notre besoin vital et constant de nous inspirer de la nature, et des raisons de ce besoin, afin de pouvoir l'écouter et l'assouvir lorsqu'il se fait sentir.





Sur la forme, ce récit pourrait sembler dogmatique autant que visionnaire, et il souffre parfois de contradictions de façade nées de la confrontation avec l'expérience mais qui, en réalité, s'expliquent probablement par l'expérience elle-même (prendre du recul sur les choses et les gens, pour les apprécier mieux à plus petite dose). Mais en réalité, cette mise au vert reste un débat ouvert avec le lecteur. Thoreau ne cesse de répéter que son choix et sa façon de vivre n'ont pas vocation à être ceux de tout le monde : son oeuvre a seulement pour but de l'aider à redonner de la valeur aux choses comme aux gens (moins, mais mieux), et de questionner chacun sur le sens de sa propre vie. D'ailleurs, il passera lui-même à d'autres expériences lorsque celle-ci lui aura apporté ce qu'il était venu y chercher. « Explorez-vous vous-mêmes » exhorte-t-il.





Vous êtes prévenus, lecteurs, vous n'entrez pas dans les bois de Walden uniquement pour vous détendre, mais pour apprendre à regarder, à méditer sur ce que vous voyez et en tirer profit !
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Walden ou La vie dans les bois

Elles ont été longues ces pages où chaque pensée, chaque idée, aussi jolie puisse en être la genèse est assaisonnée d'une lourde dose d'aigreur comme si elle eut trop longtemps macéré. Ou comme si Henry David Thoreau célébrait et refaisait le monde un verre de vinaigre à la main. Et pourtant... le livre regorge de réflexions sous forme de pépites. Et quand enfin au fil des pages l'introspection trouve un peu de quiétude en s'abandonnant au rythme de la nature on se retrouve enrichi de cette lecture dont la plaidoirie pour le respect du vivant résonne d'autant plus fort 170 ans après son écriture.
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La Vie sans principe

Une belle claque que ce petit ouvrage. Cela ne devrait plus m'étonner de la part de Thoreau, mais il arrive toujours à se surpasser dans la manière qu'il a de me toucher au plus profond de mes convictions. Et quelle meilleure période que celle que nous vivons pour tout remettre en question de la société actuelle ? Les pensées de Thoreau sont simples : vivez pour vous-même, vivez pour vos aspirations, pour la beauté du monde et de l'esprit. Utiliser sa vie à des fins commerciales, pécuniaires, de gloire matérielle ou de pouvoir ne pourrait pas être plus vide de sens. Ce n'est que gâcher sa vie que de poursuivre de tels objectifs, quand il est possible de vivre pour la beauté. Je rêve que cela soit possible, et fort heureusement, le temps s'allongeant, quelques idées germent dans mon esprit.
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Pensées sauvages

J’ai enfin osé lire Thoreau. Je dois avouer qu’il me faisait un peu peur ce grand monsieur. Le nombre de fois où j’ai pris puis reposé Walden en librairie est à peu près équivalent au nombre de jours passés en confinement.



J’ai donc opté pour cette sélection de textes faite par Michel Granger et trouvé la bonne porte d’entrée pour découvrir la pensée de Thoreau.

Des textes courts à travers lesquels on découvre les grands thèmes qu’il a développé au cours de sa vie: les bienfaits que l’homme peut tirer de la communion avec la nature, la préoccupation écologique, la tyrannie de l’économie, la course au progrès, la décroissance, l’envahissement de la consommation...



Particulièrement réceptive à ses réflexions sur le travail, plus réticente envers son désintérêt pour la politique, j’ai découvert un penseur non-conformiste, anti-moderne, radical et innovant pour un homme du XIXeme.

La modernité de son propos est désarçonnante et à l’opposé des idées de son époque où l’on mettait en avant la productivité.



Si vous voulez briller lors d’un futur repas mondain et dire que vous avez lu Thoreau, il vous faut ce livre😉

Et si vous voulez simplement nourrir votre réflexion, approcher de façon concise l’oeuvre d’un des écrivains les plus importants dans l’histoire des idées, il vous le faut aussi.



Traduit par Nicole Mallet et Brice Matthieussent
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Walden ou La vie dans les bois

Après avoir tourné la dernière page de Walden, j'ai le sentiment d'avoir suivi deux livres en un seul.

Le premier témoigne de l'arrivée de l'apaisement dans la vie de Thoreau, entré peu à peu entre les premières pages peuplées de belles idées très sûres d'elles-mêmes, et les dernières dans lesquelles se dégage une vraie poésie. Thoreau développe cette poésie par l'observation lente de la nature qui, reconnaissante, finit sans doute par lui donner un peu de sérénité.



Le second est celui de quelqu'un qui s'enfuit du contact des autres. Content de lui, il les observe du haut de ses principes sans prendre la peine de les comprendre. Il reste ainsi enfermé dans une sorte d'aigreur de laquelle il ne se départit pas vraiment.

Durant ma lecture, je n'ai pas pu sortir de mon esprit non plus que Thoreau a trente ans, pas d'enfants et du temps devant lui, pas de parents à charge... Bref qu'il expose ses découvertes du haut de toute sa jeunesse.

Dans deux ans, quand il sera parti, tous les voisins qu'il a tant sermonnés, eux, vivront toujours là, dans la même nature que celle qu'il a côtoyée.



C'est aussi la grande différence entre la pensée que Thoreau expose ici et celle de Rousseau (le parallèle vient assez facilement). Rousseau, ours lui aussi, tâche de comprendre les autres, la société qui l'entoure et comment elle s'articule. C'est ce regard extérieur, mais passionné qu'il transmet.

Thoreau, dans ce texte, tâche de s'en extraire. Il est dès lors grand lorsqu'il parle de nature, mais bien plus petit lorsqu'il parle des hommes.

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La Désobéissance civile

Court essai mis en avant sur Instagram et que - par hasard - j’avais dans ma pile à lire. Honnêtement, heureusement que le texte est relativement court car il est intellectuellement très exigeant : j’ai pris plusieurs fois le dictionnaire pour vérifier le sens des mots ou le découvrir... ! Le thème m’intéressait d’autant que ce texte aurait inspiré Gandhi et Martin Luther King. Alors, on essaie.... Henry Thoreau écrit ce texte après avoir été emprisonné, suite à son refus de payer l’impôt à l’Etat américain qu’il veut par cette action désavouer. En effet, ce dernier a fait voter par le Congrès la guerre contre le Mexique qui durera de 1846 à 1848. Thoreau, par cet acte de non-collaboration, refuse d’entacher sa conscience en accordant crédits et soutien à un gouvernement ségrégationniste et profondément injuste. Un point du discours nous interpelle, nous qui n’avons connu que des gouvernements républicains et démocratiques : Thoreau met en porte-à-faux la légitimité d’un gouvernement dont le pouvoir décisionnel se fonde sur la majorité et non sur la conscience du bien et du mal. Ainsi, tout un chacun sait au profond de lui-même que rien ne peut légitimer l’esclavage et pourtant attend sans agir - et en continuant à obéir aux ordonnances de l’Etat - que la majorité vote enfin son abolition. Conscience morale ou soumission à la loi, laquelle doit primer dans la gouvernance d’un état ? Nombre de questions soulevées dans cet essai politique sont tout à fait d’actualité et interrogent notre engagement civique. Pour Thoreau, « le sage ne doit pas laisser la justice à la merci du hasard ni souhaiter qu’elle l’emporte grâce au pouvoir de la majorité ». Nourrir une opinion sans rien faire, sans s’engager pleinement à sa réalisation ne sert à rien. Autre interrogation fondamentale pour l’auteur : obéir à une loi inique ou injuste, est-ce légitime ? Alors que notre conscience sait que c’est mal, devons-nous obéir jusqu’à ce que cette loi soit amendée ou doit-on la transgresser ? Bien sûr, derrière cette question, il y a celle de l’esclavage à laquelle Thoreau est profondément opposée. Mais au final, ce questionnement quasi philosophique devrait être au cœur de toute démocratie et à la base même de la formation de tout citoyen appelé à voter et à entériner des lois décidées par des parlementaires. Car pour lui – et je pense que cela devrait être valable pour tout citoyen – « il est de mon devoir, en tout état de cause, de m’assurer que je ne contribue pas au mal que je condamne » [...] et ainsi la prison est « le seul logis en lequel, dans un état esclavagiste, un homme puisse résider avec honneur ». Il n’y passera au final qu’une nuit, libéré par sa tante qui paie sa caution à son grand dam. Cela suffira à poser les bases de l’écriture d’un texte où raisonne une conscience politique engagée et profondément humaine qui cent cinquante ans plus tard, nous donne une belle leçon d’exercice de notre citoyenneté.





















































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L'Esclavage au Massachusetts et Autres textes

Un texte et un appareil critiques passionnants pour qui veut saisir les enjeux politiques qui accompagnent la question de l'esclavage aux Etats-Unis, quelques années avant le déclenchement de la guerre civile.

Quand Thoreau tient cette conférence en 1854, une loi fédérale (1850) enjoint les habitants de poursuivre et dénoncer les esclavages fugitifs qui viendraient dans le Nord pour les rendre à leur propriétaire.

La même année, un esclave du nom de Anthony Burns est emprisonné à Boston et reconduit en Virginie malgré l'opposition d'une foule d'abolitionnistes.

La même année, la loi Nebraska-Kansas permet aux colons des nouveaux territoires de l'Ouest de décider ou non s'ils veulent introduire l'esclavagisme dans ces territoires. Cette loi déclenche la naissance du parti républicain et du combat de Lincoln pour l'abolition.

Dans cette conférence, Thoreau fustige la complaisance du gouverneur du Massachusetts, l'absence de conscience moral du juge qui a renvoyé à Burns et appelle ses concitoyens à une réflexion sur le sens de la liberté dans un comté où l'on commémore la résistance des Américains face aux Anglais lors de la bataille de Lexington (1775).



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Cinq discours pour désobéir

Celui de La Boétie, parce que c'est lui
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Walden ou La vie dans les bois

C’est une chronique sur France Inter qui m’a motivé à lire ce livre. Fortement sensible à l’écologie et à la place de l’homme sur la nature et étant en période de prise de recule intense par rapport au monde professionnel ce livre me semblait tout indiqué.



Il serait bien difficile de classer cet ouvrage dans un genre littéraire, il appartient aussi bien à la philosophie qu’à la sociologie, au panthéisme, au récit de vie ou encore à la spiritualité.

J’ai très vite été touchée par ses mots et remarques percutantes qui résonnent malgré qu’un siècle nous sépare. « Même dans notre pays relativement libre, la plupart des gens sont tellement absorbés, par pure ignorance et pure erreur, dans les soucis factices et les labeurs inutilement rudes de la vie qu’ils sont incapables de cueillir les fruits les plus jolis que cette même vie peut offrir. »

Certains passages un peu trop transcentalistes et contemplatifs nous font retourner à la consommation rapide de contenu le temps de quelques minutes mais c’est pour mieux y retourner ensuite.
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Walden ou La vie dans les bois

Ce petit Folio à deux euros est un extrait de Walden que je me suis procuré récemment dans sa nouvelle édition chez Gallmeister. C'est un condensé de réflexions sociologiques sur l'époque et un éloge au retour à la nature.



Nous sommes au dix-neuvième siècle et durant deux ans, Thoreau va vivre seul dans une cabane qu'il a construite lui même près du lac de Walden. Il se nourrit de ses cultures, teste la construction puis l'utilisation des habitations indiennes (les wigwam) et s'interroge sur les nécessités de la vie, privilégiant une existence simple et saine à une vie dans les grandes cités. Écolo avant l'heure, grand marcheur, naturaliste et philosophe, Thoreau partage sa vision du monde avec une franchise et une acuité redoutables, dénigrant modernisme et ambition en insistant sur les origines de la pauvreté et du travail abrutissant qu'il accuse.



Un livre véritablement moderne, non pas ancré dans son époque comme on pourrait le croire, mais tout a fait d'actualité avec sa critique sans concession d'une société surconsommatrice et aveugle.



Certains passages sont parfois difficiles à suivre, j'ai relu des paragraphes entiers pour bien m'imprégner des idées qui y étaient développées. Mais le ressenti général est extrêmement positif.



C'est un livre essentiel et contemplatif qui ravira les amoureux de la nature, de la faune et du retour aux sources. Mais c'est surtout une lecture nécessaire et pertinente sur les dérives d'une société appauvrie par l'appât du gain, l'ambition et les richesses illusoires.



Un classique à découvrir, tout particulièrement en ce moment.
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Walden ou La vie dans les bois

Walden est le récit de deux ans de vie dans la nature. Deux ans d'observations d'un étang, de ses voisins, de ses visiteurs. Les saisons, le climat, les animaux... L'auteur, au travers de ses observations, se livre à une introspection et à une réflexion sur notre société, sur lui même et sur notre lien à la nature.

Un texte qui, même s'il a été écrit il y a plus de 150 ans, livre des réflexion d'une incroyable modernité sur l'écologie, la relation au vivant, la futilité de nos vies gouvernées par le matérialisme.

Il faut noter tout de même que Walden est un texte compliqué, souffrant parfois de longueurs, et qui pourra en décourager certains.

Au final, une très belle découverte, une ode à la nature et à notre mère la terre, un instantané de la vie au XIXe siècle.
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Walden ou La vie dans les bois

Étonnamment actuel... mais j'ai abandonné au bout d'une centaine de page.
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