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Critiques de Henry David Thoreau (343)
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Histoire de moi-même

A tous ceux qui ont trouvé que Walden était un peu trop court, cette Histoire de moi-même, texte d’une conférence que Thoreau reprit ensuite pour écrire le livre que nous connaissons, permet de renouveler le sentiment de vivacité que nous transmet sa vision du monde héroïque.





Ses préceptes ne sont évidemment plus transposables à notre société et à son étatisme omnipotent, mais son discours permet cependant, à nous autres qui avons été bercés dès le plus jeune âge par les mélodies bienveillantes du maternalisme d’état, de prendre du recul quant à la naturalité dont celui-ci se revendique.

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Une Année dans les bois

Un album avec de très belles illustrations, une odeur très agréable et de grande taille pour bien savourer les dessins qui sont autant importants que le texte.



L'histoire de cet homme qui vit dans une cabane qu'il a construit lui-même dans les bois prêt d'un lac montre comment l'Homme peut vivre en harmonie avec la nature, coupé de la technologie, du surplus de biens matériels, de la surconsommation, des influences de la société et j'en passe.



Cet homme vit. Mais cet homme n'a pas à mon goût découvert son réel but dans la vie, il vit à sa façon mais pas à LA façon mais ça, c'est une autre histoire, une histoire entre lui et la religion !



C'est une histoire qui détends, je ne sais pas si c'est le texte, les images ou bien les deux ou alors mon imagination qui était en marche en cohérence avec l'histoire et les illustrations mais ça me détendais de le découvrir. Ou alors peut-être est-ce dû au fait que je lu quelques minutes avant un album qui m'a quelques peu ennervée et angoissée.

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La Désobéissance civile

En cette période de pandémie qui fut pour de bonnes ou de mauvaises raisons terriblement liberticide, ce petit ouvrage de Thoreau fut une véritable bouffée d'oxygène ! j'ai aimé comme une crème glacée par une chaude journée d'été.



Il fut écrit en 1849 et donne le concept de désobéissance civile ! Chaque phrase peut faire réfléchir. Quelques exemples parmi des centaines d'autres : " le meilleur gouvernement est le gouvernement qui ne gouverne pas tout" , "le citoyen doit-il abandonner sa conscience au législateur" "tout les hommes reconnaissent qu'il existe un droit à la révolution cad le droit de refuser de prêter allégeance au gouvernement et le droit de lui résister lorsque sa tyrannie et son inefficacité sont profondes et insupportables"...tant de bijoux en si peu de pages.

C'est court, profond et brillant ! un livre qui fait du bien, que tout citoyen devrait lire non pas pour faire de l'anarchie une religion, bien loin de là mais pour demeurer vigilant et ne pas accepter tout et n'importe quoi au nom de la majorité.
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Walden ou La vie dans les bois

Alors oui, je sais que cette note de 2/5 va paraitre peut-être étonnante pour un livre ayant autant plu. Mais honnêtement je ne me voyais pas mettre davantage. Si ma note avait été purement personnelle, j'aurais même eu tendance à mettre moins, mais j'ai mis 2 étoiles car je ne peux nier malgré tout la qualité du récit.

Seulement voilà... ce n'était pas un livre pour moi.



Mon père m'a offert ce roman il y a petit moment maintenant, car il sait que j'aime beaucoup les éditions Gallmeister (les couvertures m'attirent comme des aimants aha). Je l'ai longtemps fait trainer dans ma PAL car je rechignais à me lancer dedans. Finalement je m'y suis mise, ne sachant pas trop si j'allais accrocher ou détester...



Je n'ai pas aimé. Sauf que, pour être honnête, je déteste abandonner une lecture. Je ne le fais jamais car quand je commence un livre, c'est pour le terminer, que j'aime ou non.

Je suis donc allée jusqu'au bout de ce roman. À contrecoeur. Pour être même tout à fait sincère, j'ai très clairement bâclé cette lecture. J'étais pressée d'y mettre fin et de commencer autre chose.



Je comprends que ce soit un roman qui ait pu plaire mais je pense simplement que je ne suis pas cible. Ce n'est clairement pas une lecture pour moi, pour les personnes de mon âge. Je l'apprécierais peut-être étant plus âgée avec plus de maturité... je ne sais pas.



Mais là... j'ai juste trouvé ça ennuyeux. (un chapitre de 25 pages qui s'appelle "Les étangs", non mais...) Je suis contente de le remettre dans ma bibliothèque et de reprendre mes lectures jeunesse/YG (c'est-à-dire, purement et simplement : ma zone de confort !) :)
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La Désobéissance civile

Mon avis sur ce pamphlet est partagé.



La thèse qu'y énonce Thoreau est qu'il ne faut en aucun cas compromettre ses convictions morales, même si cela signifie ne pas respecter la loi.

Il y présente l'état comme un monstre froid, insensé et desservant parfois le peuple.

L'auteur préconise 2 attitudes pour se défendre d'un pouvoir politique que l'on juge illégitime:

-Lui résister sans violence pour le faire fléchir.

-L'ignorer tant que possible pour le garder loin de soi.



En un sens, je suis d'accord avec ces idées.

D'un autre coté, à partir de quand la subjectivité morale de certains individus devient supérieure au bien commun ?

Etre persuadé d'être dans le bien et le vrai ne nous garantit pas de l'être réellement.



Je suis en désaccord avec la thèse de l'auteur sur les 2 points suivant:

- La morale est quelque chose de subjectif contrairement aux lois. On ne peut pas faire société si chacun considère que se hiérarchie de valeurs prévaut sur les règles se son pays.

- Prôner individualisme à l'excès c'est nuire à l’intérêt commun. Thoreau dénonce les impôts sous prétexte qu'ils financent la guerre. Il semble oublier qu'ils financent aussi la santé et l'éducation.



Je suis content d'avoir lu ce livre pour ma 'culture'.

Sa brièveté lui permet d'avoir de l'intensité mais l’empêche de dépasser la critique.
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Walden ou La vie dans les bois

Voici un livre avec lequel il faut prendre son temps. Car on ne peut pas s’intéresser aux choses de la nature ou à l’âme humaine autrement, sans faire un effort d’abstraction. C’est l’expérience dans laquelle s’est immergé Henry David Thoreau en s’isolant sur les rives de l’étang Walden, en marge de la société, recherchant la frugalité et la communion avec la nature. Je ne résiste pas à la tentation de rappeler cette citation de Thoreau, rendue célèbre grâce au professeur Keating dans Le Cercle des poètes disparus : « Je m'en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Vivre, intensément, et sucer toute la moelle de la vie. Mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie pour ne pas découvrir, à l'heure de ma mort que je n'avais pas vécu. »



Certes, Thoreau fuit la ville et ses semblables. Pour autant, il n’est pas misanthrope, bien au contraire. Ce qu’il fustige, c’est l’abêtissement et l’asservissement de l’Homme par l’état et la société moderne. Ce qu’il dénonce, c’est la perte de l’essence même de la vie dans nos existences effrénées tout entières happées par la recherche des bénéfices pécuniers et du progrès. Sur les rives de Walden, il faut aimer prendre son temps, s’émerveiller des miracles quotidiens de la vie qui pullule et des cycles naturels qui impriment leur rythme à toute chose, accepter les digressions de l’auteur lorsqu’il détaille les menus frais et profits de son installation et de ses récoltes, lorsqu’il décrit avec maints et fascinants détails les occupations de la faune habitant les bois limitrophes, ou qu’il se fait arpenteur-mesureur de l’étang comme s’il s’agissait du cœur battant de l’univers dont il faut prendre le pouls. La rhétorique de Thoreau est parfois provocatrice, mais le fond de sa pensée finit toujours par devenir limpide comme les eaux cristallines du miroir qu’il ne se fatigue jamais de contempler. Car Thoreau est un contemplatif, adepte du transcendantalisme qui prolonge la pensée de Rousseau (« L’Homme naît bon, c’est la société qui le corrompt »). Il cite les philosophes antiques comme les poètes américains, les sages indiens comme les penseurs chinois. Il démontre l’éveil d’une conscience en avance sur son temps, comme dans le chapitre « Des lois plus hautes », tout en revenant toujours à la beauté parfaite de la nature qui l’entoure.



Une lecture enivrante, révélatrice de ce qui sommeille en nous et peut y dormir pour toujours si nous ne faisons pas l’effort de le débusquer.
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La Désobéissance civile

Un traité c'est toujours intense.

Mais celui-ci (peut-être parce que j'affectionne le thème et l'auteur...) est particulier.

C'est le livre le plus intense que j'ai lu cette année pour l'instant et il a, honnêtement, peu de chance d'être dépassé sur ce critère là.

Soyons honnête, c'est un livre qu'il faut relire plusieurs fois pour en saisir toute la puissance et l'étendue. Et le lire lentement, pour bien assimiler les mots qui s'enchainent avec beaucoup de densité (sans que ça en soit indigeste.).

Heureusement il est court (moins de 70 pages, dans l'édition que j'ai lu, en comptant un autre texte de l'auteur inclus dedans, 32 pages seul) ce qui permet d'enchainer la lecture facilement.



Seul bémol, qui lui vaut de perdre un petit bout d'étoile à mon vote, c'est que la colère transparaît trop dans les écrits. peut être Thoreau aurait-il dû attendre un peu avant de coucher sur papier ses convictions les plus intimes...



Mais on serait peut être passé à côté d'un excellent traité au thème toujours très actuel (même 170 ans plus tard).



Je le conseille, qu'on soit ou non du même avis que l'auteur.
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De la marche

Un petit texte très court sur lequel il fait bon revenir souvent.

Il m'a permis de découvrir Thoreau dans toute sa grandeur. Un homme ancré dans le présent, conscient de sa valeur d'homme (qu'il reconnait devoir en partie à la nature, à l'extérieur).

A chaque fois que j'y reviens, j'ai de nouvelles phrases qui viennent me percuter et me marquer. Un livre "confiserie" que j'aime particulièrement
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Walden ou la vie dans les bois : Extraits

MA NOTE CRITIQUE PORTE SUR CETTE ÉDITION, PAS SUR "WALDEN OU LA VIE DANS LES BOIS". Gallimard (Folio) a ici réalisé un travail bâclé, pour le moins décevant et contraire à l'idéal de la collection à 2€.

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- Mon ami Kevin vient de s'acheter un SUV qui lui permet de rouler à 180 kms/h. Un choix raisonnable selon lui car ce véhicule, valant 22 000 euros, doit lui servir 8 ans. Il fait 15 000 kilomètres par an dont 7200 pour aller à son travail (à 15 kilomètres de son domicile). Avoir un véhicule rapide et confortable est « indispensable » selon lui qui « travaille beaucoup ».

- Kevin gagne 1500€ net/mois, un salaire moyen donc.

- En pratique Kevin met ½ heure aller pour faire ces 15 kilomètres, il a donc 1h de trajets par jour. Il roule en moyenne à 30 kilomètres par heure (grande chance par rapport à qui vit en ville).

- Chaque kilomètre lui revient à 0.3 euro en moyenne (estimation fiable par calculateur). Kevin dépense donc 4500€/an pour sa voiture (amortissement de l'achat, essence, assurances, garagiste…). Il lui faut donc travailler 3 mois pleins pour la financer.

- En comptant 8h/jour de travail, 1h/jour de pause le midi et 1h/jour de transport (en semaine), cela veut dire qu'il doit consacrer 642 heures de travail et de trajets (sans compter le prix de ses repas sur place), en 3 mois, pour financer l'usage de sa voiture. 576 heures sont effectivement passées au travail ou lors de la pause repas.

- Kevin roule en réalité 400h/an (ses trajets pour les loisirs et autres départs en vacances sont plus rapides que ceux pour son travail, c'est habituel là encore). Cela donne pourtant une moyenne de seulement de 37.5 kilomètres/heure lorsqu'il est au volant.

- Mais en réalité la vitesse de déplacement de Kevin doit compter son temps passé au volant puis ajouter le temps passé pour financer son achat soit 576+400=976 heures au total.

- Au final Kevin utilise 976 heures pour financer et réaliser ses 15 000 kilomètres annuels. Cela revient à dire que, loin des 180 kilomètres/heure qui le font rêver, il consacre une heure de sa vie à chaque fois qu'il se déplace de 15 kilomètres (15000/976=15.4). En utilisant un vélo Kevin bougerait notablement plus rapidement et pourrait travailler 3 mois de moins par an en conservant le même pouvoir d'achat. Ce temps gagné pourrait être consacré à des voyages, à des méditations, à lire, à élever ses enfants… Accessoirement Kevin serait en meilleure forme physique et la planète ne s'en porterait que mieux.

-- Quel rapport entre ce petit raisonnement que nous avions à 16 ans avec mon meilleur ami et le 19e siècle de Thoreau ? Quels liens avec « Je vivais seul dans les bois » ? En fait à peu près tout.

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Thoreau nous explique, chiffres à l'appui (d'où ce qui précède) que nous sommes au final les esclaves de nos possessions. Il commence par nous démontrer que nous (USA en 1854) achetons des vêtements inutiles avant tout pour des effets de mode et par souci de représentation. Il poursuit en observant attentivement la vie des fermiers autour de lui. Il constate que, pour se procurer leurs fermes, les remplir de meubles, entretenir leur bétail… ces personnes ne cessent de fournir un travail abrutissant pour, au final, ne pas en retirer grand-chose, que ce soit sur le plan matériel ou sur le plan intellectuel. Il dénonce le coût, selon lui exorbitant, des loyers, considérant que le petit confort obtenu est au final payé par une aliénation de toute son existence. Sur ce plan il est difficile de ne pas penser à des études récentes sur le néolithique démontrant que le passage à l'agriculture s'est traduit par une baisse de l'espérance de vie et par une bien plus mauvaise santé générale de la population. La montée des inégalités associée est aussi évoquée par Thoreau quant à ce qu'il observe (quelques hommes profitent du labeur d'autres, esclaves dans le sud des USA et ne vivant guère mieux dans le nord). Cet auteur tente enfin de nous démontrer rigoureusement, suite à ses observations quotidiennes, que nous dépensons aussi bien trop sur le plan alimentaire, pour nous procurer des aliments superflus et qui ne sont en prime pas toujours bons pour nous.

Selon Thoreau ce mode de vie nous aliène complétement et détruit notre spiritualité. Il part donc 2 ans, 2 mois et deux jours vivre dans une cabane près de l'étang de Walden (Massachusetts). Là il consigne ses observations, ses réflexions, sa façon de vivre, de produire de quoi se nourrir, le compte de ses dépenses indispensables et superflues… L'ouvrage a une portée pamphlétaire évidente par rapport à un mode de plus en plus mercantile et industrialisé. Il cherche, par une réflexion philosophique et pratique, à démontrer qu'une vie plus belle, plus saine et plus riche spirituellement est possible, pour tous. La quête de sens est évidente.

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Près de deux siècles plus tard, et comme tente de le montrer mon exemple initial, comment ne pas rejoindre Thoreau dans ses réflexions ? Mais comment aussi ne pas en mesurer les difficultés en termes de vie sociale (Que ferait Kevin sans son SUV ? Et qu'en penseraient ses voisins ou amis ? Et sa femme et ses enfants ?). Thoreau a vécu seul, refusant par ailleurs de s'inscrire dans des projets collectifs, sa démarche est avant tout individualiste au sens le plus fort du terme. C'est aussi celle d'un intellectuel capable de se passionner pour la nature au sens large, c'est celle d'un homme en bonne santé et habile de ses mains, qui peut semer, s'occuper de sa cabane… Enfin Thoreau défend le végétarisme, sur le plan éthique comme pour l'économie que cela représente, est abstème, renonce au thé et au café et prône la chasteté. Il privilégie aussi la solitude, préférée au contact des hommes. Son mode de vie peut nous sembler très austère et la liberté qu'il revendique assez éloignée de nos aspirations de tous les jours.

Il reste que lire cet auteur nous amène, comme je le faisais à 16 ans, à remettre assez radicalement en question nos choix de vie « évidents », largement conditionnés par ce(ux) qui nous entoure(nt) et à privilégier d'autres perspectives. En nous interrogeant sur ce qui est vraiment nécessaire dans nos existences et à ce qui y est superflu voire nuisible (et qui peut inclure l'essentiel de nos possessions comme de nos loisirs), en nous amenant à rechercher ce qui fait ou ferait vraiment sens pour nous, Thoreau nous incite à relire nos priorités et c'est fécond. Il a aussi inspiré divers mouvements ultérieurs ; comment ne pas penser par exemple en France à l' « aventure du Larzac » ? José Bové ne cache pas sa proximité avec cet écrivain…

Thoreau propose aussi des images saisissantes, particulièrement dans la description de l'aliénation de ses contemporains, qui peuvent favoriser cette remise en cause personnelle en forme de prise de conscience de la pression constante que la société consumériste fait peser sur nous.

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Je ne conseille pas pour autant « Je vivais seul dans les bois ». C'est un livre à 2 euros, acheté dans une gare et qui se compose d'extraits en forme de copier/coller de Walden ou la vie dans les bois. Ces extraits sont parfois mal choisis puisque nous trouvons par exemple beaucoup de calculs sur le coût de son existence (d'intérêt limité pour nous aujourd'hui) et rien sur son rapport à la nature. Il manque aussi une grande part de sa quête spirituelle et la traduction semble parfois très approximative, avec des phrases peu compréhensibles. C'est d'autant plus dommage que cet auteur cultivé multiplie les références et a une écriture stimulante.

Je conseille sans hésiter Walden ou la vie dans les bois pour toute personne curieuse de ce regard critique portée sur les USA au milieu du 19e siècle et/ou pour qui désire réfléchir sur les évolutions de nos sociétés depuis, remettre en questionnements certains de ses choix de vie. Mais ne le faites alors pas à partir de cette édition qui mutile les propos d'un homme qui, sans conteste, mérite mieux.

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La Désobéissance civile

Thoreau, seul contre tous, frappe du pied, et soulève la poussière !



Il est très utile de prendre connaissance du contexte historique dans lequel Thoreau rédigea cet essai, avant d'en entamer la lecture. Voir la fin de cet ouvrage.



Certains anarchistes placent Thoreau sous leur bannière. Discutable sur certains points (mais pas infondé). C'est lui-même qui écrit : " Mais pour parler en homme pratique et en citoyen, au contraire de ceux qui se disent anarchistes, je ne demande pas d'emblée « point de gouvernement », mais d'emblée un meilleur gouvernement."

Les idées de Thoreau pouvaient l'amener à penser de grands projets de société mais cet homme solitaire et de propension parfois misanthropique n'était pas du tout enclin aux mouvements de masses. En résumé, je dirais que les idées étaient là mais pas "l'envie d'y aller"...

Il pensait aussi, et surtout, qu'il n'était pas nécessaire de procéder à de grandes actions pour obtenir satisfaction. Son désaccord avec la politique de son pays ne s'exprimait concrètement qu'une fois par an, de façon individuelle et pacifique: Il refusait de payer l'impôt.

Thoreau avait un amour viscéral de la liberté, ne supportait pas les contraintes injustifiées, refusait de participer aux iniquités d'Etat.



Dans ce livre, Thoreau discerne la loi, du bien. Une loi peut-être mauvaise et doit alors être combattue. Dans les démocraties actuelles, comme dans l'Amérique de Thoreau au 19ème siècle, la majorité décide de ce qui est ou deviendra légal (souvent par le biais de ses députés), mais gare à ne pas confondre légalité et justice ! Un petit nombre ou même UN SEUL INDIVIDU pourrait s'avérer plus JUSTE que la majorité.

Le principe d'un gouvernement qui assure le bien ou la volonté du plus grand nombre reste-t-il défendable et respectable s'il crée dans le même temps, des injustices et le malheur de ses minorités, ou s'il mène une politique extérieure répréhensible?



Ce texte soulève beaucoup de questions très intéressantes, que l'on partage ou non l'avis de l'auteur. C'est en partie grâce à lui que j'ai compris l'énorme différence qu'il y a entre anarchie et anomie et entre individualisme et égoïsme.

Son œuvre donnera du courage à ceux qui estiment qu'il est parfois juste de désobéir et de ne pas être un suiveur!
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Walden ou La vie dans les bois

Walden (1854) est un récit de Henry D. Thoreau dans lequel il consigne son expérience en pleine nature près du lac de Walden dans le Massachusetts pendant un peu plus de deux ans. Il fait part au lecteur de sa philosophie de vie proche du transcendantalisme, disserte sur la nature, les animaux et les hommes qui lui rendent visite.

Plus que la description de son environnement et de ses tâches quotidiennes (passages qui s’avèrent ennuyeux à la longue), ce qui est intéressant dans Walden, c’est le regard que porte Thoreau sur l’homme, ses réflexions sur la lecture, la solitude, le végétarisme, le moment présent, la futilité du luxe. Un ouvrage fondateur du nature writing.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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La Désobéissance civile

C'est en refusant de payer le poll tax, un impôt de l'État américain qui confère le droit de vote, que Henry David Thoreau symbolise sa révolte contre l'esclavagisme et la guerre américano-mexicaine. L'esclavagiste s'approprie des vies humaines, la guerre déclenchée par l'Amérique vise à s'approprier des territoires qui ne lui appartiennent pas. Avec « La désobéissance civile » (initialement intitulé « Resistance to Civil Government » par son auteur – beaucoup moins cinglant, il faut l'admettre), Thoreau signe un court essai aux allures de manifeste de la résistance passive, qui deviendra l'un des textes fondateurs du concept de la désobéissance civile. Sa rhétorique se rapproche de celle de la Boétie dans le « Discours de la servitude volontaire ». Thoreau y pose la question légitime mais ô combien périlleuse de l'opposition à l'état et au pouvoir pervers d'une majorité élue. Il écrit ainsi que « le sage ne doit pas laisser la justice à la merci du hasard ni souhaiter qu'elle l'emporte grâce au pouvoir de la majorité. L'action des masses ne recèle que fort peu de vertu. » Remet-il ainsi en question les fondements mêmes de la démocratie ? Il est vrai que la mécanique démocratique a permis, tout au long de son histoire, de mettre à la tête de grandes et puissantes nations des dirigeants insensés, despotes, et même génocidaires. En réalité pour Thoreau, un vote juste dans un système injuste, car capable de faire triompher l'injustice, n'est qu'une forme perverse de légitimité de l'injustice. La seule option pour l'homme juste est sa mise à la marge du système injuste. Ainsi, « Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, c'est en prison que l'homme juste est à sa juste place. » Thoreau ne passera finalement qu'une nuit en prison, mais c'est le symbole qui compte. « L'État n'est doué ni d'un esprit supérieur ni d'une honnêteté supérieure, mais uniquement d'une force physique supérieure. » Effrayant, n'est-ce pas ? Ce manifeste fait à peine plus de trente pages, mais il vous procurera certainement des heures de cogitation intense si vous cherchez à en extraire la « substantifique moelle », pour reprendre les termes de Rabelais…
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Pensées sauvages

« Nos réserves dans la vie, nos vraies possessions ce sont ces pensées que nous avons eues, que nous avons engendrées. » Comme il fait bon lire Henry D. Thoreau en ce temps hivernal anxiogène et incertain. On a l'impression d'être élevé dans cette écoute levier, qui, subrepticement éveille nos sens. La nature sauvage excelle ses droits. L'homme déambule en pleine nature à mille mille « de la prétendue civilisation mercantile et industrielle. » Essentialiste, naturaliste Henry D. Thoreau cueille une à une les fleurs de ce temps présent. Il est ce qu'il souhaite : « J'ai une chambre toute à moi ; c'est la nature. C'est une pièce située hors de la juridiction des gouvernements humains. Il y a une prairie au-delà de tes lois. » Solitaire, ses gestes abreuvés par cette « Ère des Petits Riens » La solitude est cette compagnie vénérée pour lui, il est habité par cet oracle d'essences et d'effusions. « Voici sa bibliothèque ; mais son cabinet de travail est en plein air. » « C'est ce que répond la bonne de Wordsworth en montrant le bureau de son maître. » L'immanence d'Henry D. Thoreau est un parchemin. On foule les fragments. On s'arrête à l'endroit désigné par Henry D. Thoreau subrepticement. « Laissons les jolies parcelles boisées aux veuves et aux orphelins. » « L'absence de loisir », « le renoncement aux préjugés », tous ces textes savoureux, nectar existentialiste. « Laissons l'ancien temps aux anciens, et que les nouveaux venus s'occupent des temps nouveaux. » Recueillir ces brassées de parcellaires qui octroient le gain nouveau, celui de l'intériorité poli. Linge frais claquant aux vent, l'éthique de vivre, n'est pas celle de la vie même. Pousser du pied les métaux lourds de nos consciences. Tailler la pierre de nos aspérités. Henry D. Thoreau est cet homme macrocosme. « Mieux, soyez un Christophe Colomb pour les continents et des mondes entièrement nouveaux situés à l'intérieur de vous-mêmes, ouvrez de nouvelles voies navigables, non pas pour le commerce, mais pour la pensée. » Henry D. Thoreau est un homme debout, libre. Ses paroles sont des outils spéculatifs. « Je demande seulement qu'un quart de mes pensées honnêtes s'exprime à haute voix… » « Pensées sauvages » est perpétuel. « Pour être sereins et réussir, nous devons ne faire qu'un avec l'univers. » « le besoin de culture » sonne comme un avertissement en ces temps floutés par la Covid. « Ces fruits rares s'appellent héros, saints, poètes, philosophes et rédempteurs. Les livres constituent la précieuse richesse du monde, le digne héritage des générations et des nations. » Lisez « Pensées sauvages » « Cette sélection établie par Michel Granger » Traduit par Nicole Mallet et Brice Matthieussent. Ces morceaux d'architecture sont des éclats de lumière. Prenez ces pépites, lisez avec attention ce régénérant, cette force intrinsèque, cette nature déployée myriade philosophique, sociologique. Chaque bruissement d'herbe est pour vous. Cet homme est l'exemplarité qui a échappé à notre modèle sociétal actuel. A méditer. Publié par les majeures Éditions le Mot et le Reste.







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La Désobéissance civile

Je ne suis pas particulièrement engagée, je suis assez docile et ce genre de lectures ne changera pas vraiment ma façon d'être. En revanche elle changera ma façon de penser. Cet essai brillant prône le respect de ses propres valeurs, de son libre-arbitre, de sa pensée propre, en somme de son individu au sein d'une société formée avant tout par d'autres êtres, plutôt que par d'autres fonctions. Cette vision du monde m'apaise et me sied. Passionnante, je pense que c'est une oeuvre à relire régulièrement, non pour appeler à l'insurrection ou la révolution comme pourrait le laisser croire le titre (au contraire toute forme de réaction violente semble bannie du message), mais pour ne pas se perdre soi.
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Walden ou La vie dans les bois

J'ai commencé Walden ou la vie dans les bois en audio, ce qui était une idée assez épouvantable, je dois le reconnaître. Mes capacités de concentration étant naturellement bien faibles, elles se sont révélées lamentables en écoute durant mes sorties footing dans les bois.

Finalement, je me suis fait offrir l'édition papier et ce fut mieux mais pas parfait. Il y a des temps où les livres vous absorbent, d'autres ou ils vous passent devant les yeux sans s'imprimer dans votre cerveau.

Je suis donc passé à côté de ce livre philosophique. Sur la vie dans la foret d'un philosophe existentialiste. Premier d'une série qui m'accompagnera toute l'année 2021. Mon année de la forêt.

La préface de Michel Onfray est par contre lumineuse. Je l'ai lu deux fois et finalement ce sera surtout ce texte que je retiendrai.

Un livre à relire plus tard.

Janvier 2021
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Walden ou La vie dans les bois

Le livre de ma vie. J'ai 44 ans. Je l'ai lu à 30 ans. J'y pense régulièrement. Je le relirai. Il faut être sensible peut-être au thème de la nature pour lire ce roman très descriptif. Ill ne faut pas abandonner trop vite. le début peut sembler un peu lourd. Une fois imprégné de l'ambiance, on vit la vie sauvage de Thoreau. On est à côté de son feu, dans cette immense forêt, ce froid, cette vie insolite et dangereuse. On y trouve toute une philosophie de vie mais aussi une philosophie de la vie. On y trouve des valeurs, de la poésie, un retour aux sources. C'est un moment apaisant, de contemplation, de bruissements, pour soi. Ou peut-être une échappatoire mais quelle échappatoire !

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Walden ou La vie dans les bois

J’ai entamé ce livre sans trop savoir à quoi m’attendre, mais cela a été une excellente surprise !



Il est vrai que Walden est un livre assez atypique et indéfinissable : entre autobiographie, philosophie et poésie, Thoreau aborde des thèmes très variés dans le récit de son « expérience » de vie originale. En effet, pendant deux ans, il a vécu isolé dans une cabane près de l’étang de Walden, pour se détacher des biens matériels et n’avoir que l’essentiel à la vie humaine – à savoir la nourriture, un abri, des vêtements et de la chaleur. Le récit mêle descriptions très concrètes de sa vie à Walden (construction de sa cabane, plantage de son champ de haricots…), descriptions poétiques de la Nature (l’étang, la neige, les animaux des différentes saisons…) et réflexions philosophiques (sur l’économie, les relations sociales, la nécessité de se recentrer sur la Nature en pleine Révolution Industrielle…).



J’ai beaucoup aimé cette lecture, que j’ai trouvée assez accessible pour un livre de philosophie. J’ai été sensible à beaucoup d’idées développées par Thoreau, notamment celles sur la Nature qui sont très actuelles : ce n’est pas pour rien que Thoreau est considéré comme un pionnier de l’écologie !
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La montagne - Une marche au Wachusett

"Au bord de la terre se dressent,

Les montagnes et les arbres, comme gravés dans l'air....",

Une marche à Wachusett en compagnie d'Henri-David Thoreau (1817-1862) durant l'été 1842, où l'on se sent en dehors du monde, s'émerveillant à la vue des montagnes et des ruisseaux, ramassant les framboises qui poussent abondamment au bord de la route, observant la falaise du New Hampshire qui longtemps hantera nos rêves, entendant le murmure de l'eau et la respiration somnolente des criquets à travers la nuit......du pur bonheur.



Une retraite dans les Alpes suisses avec Élisée Reclus (1830-1905) en l'année 1880, alors que triste, abattu , las de la vie, il quitte la ville pour la nature et la solitude. Le voilà dans la montagne, le pas plus allègre, le regard plus assuré, éprouvant un moment de joie réel non ressenti depuis longtemps, écoutant respirer la terre et ses habitants non homo sapiens, le végétal et l'animal.



Ode à La Montagne ( symbole du lieu de l'appel et de la rencontre avec le divin dans La Bible et le Coran, divinité dans le bouddhisme himalayen ....) de deux écrivains l'un américain, l'autre suisse.

Deux courts récits intéressants aux styles et sensibilités différentes dans cette approche à la nature.



Merci Bison.









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Les forêts du Maine

Pour ceux qui aiment marcher en montagne, écouter les ruisseaux, sentir l'odeur des pins... Pour ceux qui ont envie de partir en voyage, dans l'espace (la côte Est des États-Unis) et dans le temps (les années 1840). Au milieu du XIXe siècle, les blancs, souvent bûcherons, sont encore rares hors des côtes. Le promeneur croisait peu de monde, excepté quelques indiens et des élans dans les forêts sauvages et humides de l'Est.

Un livre serein et magique, qui fait surgir avec simplicité des images, des odeurs, et des souvenirs aux randonneurs.
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Walden ou La vie dans les bois

Walden est une invitation tout simplement à vivre. Mais à vivre vraiment. Il ne s'agit pas de toutes ces petites folies du quotidien, ces commérages, ce travail acharné, ou encore ces désirs insatiables, et ce même credo consommer et consommer.



Ce superflu trouble le fleuve pur de nos existences, il se brouille, tout est orage et tumultes. Notre temps est mal employé, employé qu'il est au superflu. Dès lors, pourquoi ne pas employer notre temps « à battre sur l'enclume nos existences pour les rendre meilleures » ? Notre auteur appelle à une réforme morale. Chaque jour doit être une aube perpétuelle, source de création et de renouvellement. « le matin, c'est quand je suis réveillé et qu'en moi il est une aube. » Quand donc nous réveillerons-nous ? Pourquoi cette routine ? Thoreau constate chez ses concitoyens une vie appauvrie spirituellement : « Nous sommes encore forcés découper notre pain spirituel en tranches beaucoup plus minces que ne faisaient nos ancêtres le pain de froment ». Combien alors la nourriture spirituelle est-elle fine.



L'invitation de Walden est claire : Enlevons ce superflu. « Simplicité, simplicité ! » s'écrit-il. Nous y découvrirons sous cette enveloppe, une profondeur. Walden est cette expérience du retour à l'essentiel et à la « substantielle moelle » de l'existence. « Je ne voulais pas vivre ce qui n'était pas la vie » (p.127) affirme son auteur.



La philosophie est avant tout une praxis selon Thoreau. Ce n'est pas la philosophie universitaire. Il renoue avec les philosophies antiques. En somme, la philosophie se vit.



Thoreau décide, par conséquent, d'aller vivre deux ans dans une cabane, construite par lui-même. Il y découvre dans cette vie simple et belle, une tranquillité, une harmonie. Il vit au rythme de la nature, cultive des haricots, partage sa cabane avec ses « invités ». Il respire enfin. En effet, nous ne sommes plus en contact avec l'air, le ciel, nous sommes coupés de nos racines. de même, encore aujourd'hui, nous respirons peu l'air. Les métros, les voitures, autant de bulles qui nous coupent de la symphonie du monde. Thoreau trouve dommage que l'agriculture n'est pensée qu'en terme de rendement et de rapidité. Autrefois, affirme-t-il l'agriculture était un art sacré. Les hommes en faisaient des fêtes, et des cérémonies ponctuées de rites. Ouvrons les yeux, l'homme a besoin de la nature. Source de poésie, de tranquillité, de méditations, n'oublions pas qu'elle fut d'abord notre premier livre.



Thoreau privilégie une relation authentique, intime et personnelle avec la nature. Les oiseaux y sont comme invités, les animaux vont et viennent. Détrompons nous, il n'est pas naïf, il observe aussi des adversités. Les saisons filent, et Thoreau en voit toutes leurs nuances, leurs beautés, leurs secrets. Tout marque la présence du divin. le divin est immanent.



Finissons sur une idée importante du livre : La pureté du lac de Walden qui charme son habitant ou visiteur. Thoreau y voit ses nuances, ses couleurs, sa démarche. Cette eau transparente est paisible et l'homme s'y laisse mener. Dans cette communion, la nature s'unit à l'homme.

p.250 : « Un lac est le trait le plus beau et le plus expressif du paysage. C'est l'oeil de la terre, où le spectateur, en y plongeant le sien, sonde la profondeur de sa propre nature. Les arbres fluviatiles voisins de la rive sont les cils délicats qui le frangent, et les collines et rochers boisés qui l'entourent , le sourcil qui le surplombe. »



Ce lac est pur et devrait le rester : «l'eau baigne la rive comme elle faisait il y a mille ans ». Thoreau critique l'anthropisation croissante. L'homme touche de plus en plus aux endroits vierges. Là où demeure ce qui est de plus sacré.



Finissons par ces belles lignes de Thoreau qui peuvent peindre ce charme : « C'est un miroir que nulle pierre ne peut fêler, dont le vif-argent ne se dissipera, dont sans cesse la Nature ravive le doré ; ni orages, ni poussière, ne sauraient ternir sa surface toujours fraîche [...].



Ne laissez pas, vous aussi, fêler ce miroir qui est votre vie intérieure ; cherchez la beauté, la simplicité et la joie authentique d'exister.

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