Citations de Henry Miller (1057)
Chaque instant est bonheur à qui est capable de le voir comme tel.
Certains sentent la pluie à l'avance: d'autres se contentent d'être mouillés.
La façon dont un homme écrit, sa façon de parler, de marcher, d'agir, autant de détails uniques et dont le secret est impénétrable. Le point essentiel, et c'est si évident qu'on l'oublie le plus souvent, ce n'est pas s'interroger sur ces problèmes, mais d'écouter ce qu'un homme a à dire, de laisser ses paroles vous toucher, vous transformer, vous amener à vous réaliser plus pleinement. (p.44)
.....A l'heure actuelle voici, à mon sens, les raisons pour lesquelles nous lisons : un, pour nous délivrer de nous-mêmes ; deux, pour nous armer contre des dangers réels ou imaginaires ; trois, pour nous "maintenir au niveau" de nos voisins, ou pour les impressionner, ce qui revient au même ; quatre, pour savoir ce qui se passe dans le monde ; cinq, pour notre plaisir, ce qui veut dire pour stimuler et élever nos activités et pour enrichir notre être.
On peut ajouter d'autres raisons à ces cinq-là, mais elles me paraissent être les principales...
À mon avis, tout homme doit bâtir lui-même ses propres fondations.
Le monde autour de moi se dissout, laissant çà et là des îlots de temps. Le monde est un cancer qui se dévore lui-même...
Le type qui a envie de faire sauter le monde est la contrepartie de l'imbécile qui s'imagine qu'il peut sauver le monde. Le monde n'a besoin ni d'un destructeur, ni d'un sauveur. Le monde est, nous sommes.
Dés l'instant que l'on prête une attention soutenue à toute chose, souvent un simple brin d'herbe, tout devient un monde en soi, mystérieux, imposant, indiciblement magnifié. Presque un monde 'méconnaissable'. L'écrivain se tient à l'affût de ces instants uniques. Telle une bête de proie, il fonce sur son petit grain de néant.
Il y a si longtemps que le monde conceptuel est tout l’univers de l’homme. Nommer, définir, expliquer… Résultat : incessante angoisse. Dilater ou contracter l’univers ad infinitum –jeu de salon. Jouant au dieu au lieu d’essayer d’être comme Dieu. Crânant, crânant –et en même temps ne croyant à rien. Se vantant des miracles de la science, et pourtant regardant le monde à peu près comme autant de merde. Effrayante ambivalence ! Elisant les systèmes, jamais l’homme. Niant les hommes de miracles en vertu des systèmes érigés en leur nom.
Au fond, les gens ne lisent pas ; ou, s'ils lisent, ils ne comprennent pas ; ou, s'ils comprennent, ils oublient.
C'est un monde fait pour des monomaniaques obsédés par l'idée de progrès... mais d'un faux progrès qui pue. C'est un monde encombré d'objets inutiles que, pour mieux les exploiter et les dégrader, on a enseigné aux homes et femmes à considérer comme utiles."
Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir de journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérage, s'abandonner absolument, complètement, à la paresse, être absolument, complètement, indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer.
Des heures d'affilée, je restais étendu au soleil à ne rien faire, à ne penser à rien. Entretenir le vide dans l'esprit, c'est un exploit, et un exploit rudement salubre. Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir de journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérages, s'abandonner absolument, complètement, à la paresse, être absolument, complètement indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer. (...) Le corps se change en un instrument tout neuf, merveilleux ; on regarde les plantes, les pierres, les poissons, avec d'autres yeux ; on se demande où veulent en venir les gens en ce démenant au milieu de leurs activités frénétiques (...). Si seulement on pouvait éliminer la presse - quel grand pas en avant nous ferions, j'en suis sûr ! La presse engendre le mensonge, la haine, la cupidité, l'envie, la suspicion, la peur, la malice. Qu'avons-nous à faire de la vérité, telle que nous la servent les quotidiens ? Ce qu'il nous faut, c'est la paix, la solitude, le loisir. Si nous pouvions tous nous mettre en grève et renier sincèrement tout intérêt pour ce que fait le voisin, peut-être arriverions nous à signer un nouveau bail de vie, à apprendre à nous passer de téléphone, de radio et de journaux, de machines de toutes sortes, d'usines, de fabriques, de mines, d'explosifs, de cuirassés, de politiciens, d'hommes de loi, de conserves, de trucs et de machins, même de lames de rasoir, ou de cellophane, ou de cigarettes, ou d'argent. Rêve fumée, bien-sûr. Quand les gens se mettent en grève, ce n'est que pour réclamer de meilleurs conditions de travail, de meilleurs salaires, de meilleures chances de devenir autre choses que ce qu'ils sont.
Rider Haggard est un de ces écrivains d'´imagination qui se sont incontestablement abreuvés à bien des sources. [...]
" Qu'est-ce que l'imagination ? " demande Rider Haggard au beau milieu de son récit. Et de répondre : " Peut-être est-ce l'ombre de l'impalpable vérité, peut-être est-ce la pensée de l'âme ! "
La même histoire partout. Si vous voulez du pain, il faut entrer sous le harnais, il faut marcher au pas de chaîne. Sur toute la terre s'étend un désert gris, un tapis d'acier et de ciment. Production ! Encore des écrous et des boulons, encore du fil de fer barbelé, encore des biscuits pour chiens, encore des faucheuses mécaniques pour pelouse, encore des roulements à billes, encore des explosifs à grande puissance, encore des tanks, des gaz asphyxiants, du savon, de la pâte dentifrice, des journaux, de l'éducation, des églises, des bibliothèques, des musées, encore, encore, encore ! En avant ! Le temps presse.
J'ai eu sur lui des opinions que j'ai écartées ; j'ai eu des opinions différentes que je suis en train de réviser. Je l'ai épinglé pour m'apercevoir finalement que ce n'était pas un bousier que j'avais en mains, mais une libellule. Il m'a choqué par sa grossièreté, puis accablé par sa délicatesse. Il a été volubile jusqu'à la suffocation, puis aussi paisible que le Jourdain.
Réflexions sur la mort de Mishima
Tel un musicien, il n'en finit pas de répéter ces trois leitmotive: jeunesse, beauté, mort. Il donne le sentiment d'être exilé ici-bas. Obsédé qu'il était par l'amour des choses de l'esprit, des choses éternelles, comment pouvait-il s'empêcher de n'être qu'un exilé parmi nous ? (p.85)
Cultive tes doutes, tente toutes les expériences, continue à désirer, tâche de ne pas plus oublier que de te souvenir, assimile ce que t'a apporté l'expérience.
Quand le bon docteur Gachet écrivait à Théo, le frère de Van Gogh , que l'expression "amour de l'art" ne s'appliquait pas dans le cas de Vincent, que c'était plutôt un exemple de "martyre" de l'art, on comprend sans équivoque que Van Gogh était un des plus glorieux "ratés" de l'histoire de l'art. De même, quand le professeur Dandieu déclare que Proust était "le plus vivant des morts", nous entendons aussitôt par là que ce "cadavre vivant " s'était emmuré" pour dénoncer l'absurdité et la vanité de toute notre fiévreuse activité. Montaigne, de sa "retraite", illumine les siècles. -Uomo Finito- de Papini m'a beaucoup aidé et a contribué à faire disparaître de mon esprit toute pensée d'échec. Si la vie et la mort sont très proches l'une de l'autre, il en va de même de la réussite et de l'échec. (p.127)
Je me suis intéressé, et je continue à m'intéresser à tout. Même à la politique..." vue d'en haut ". Mais le combat que livre l'être humain pour s'émanciper, c'est à dire pour se libérer de la prison qu'il s'est bâti lui-même, voilà pour moi le sujet suprême. [...] C'est peut-être pour cela que, dans mes ouvrages, j'ai fait une si grande place à la simple expérience de la vie.
INFLUENCES