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Critiques de Herta Müller (152)
Tous les chats sautent à leur façon

Avec cette série d'entretiens Herta Muller revient sur sa vie et son œuvre. Des paysages de l'enfance aux journées bornées aux travaux domestiques et agricoles à l'hostilité du climat elle se livre avec délicatesse. Si tout commence plus ou moins par une fascination pour les plantes, qu'elle étudie en autodidacte, très vite l'écriture entre dans le quotidien de la jeune fille. Son enfance en Roumanie, sous la dictature, va laisser de nombreuses traces et déterminer son comportement pour toujours. Les notions de solitude et d'angoisse qui lui pèsent alors ne la quitteront jamais... Herta Muller, habituée à s'autocensurer en permanence, commence à écrire pour oublier l'usine, son village natal, la maladie de son père et la surveillance constante des services secrets. Entre les interrogatoires, les accusations farfelues et les arrestations arbitraires la jeune femme se sait surveillée, mais n'imagine pas alors que des micros ont été installés dans son propre domicile. Son témoignage est en ce sens effarant, elle explique ainsi comment les services secrets poussaient les opposants au suicide, s'ils ne les faisaient pas disparaitre dans la nature tout bonnement. Cette surveillance constante et le culte de la personnalité voué à Ceausescu iront chez elle jusqu'à l’écœurement et la convaincront du bien fondé de sa résistance.
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La convocation

On m’en avait dit du bien. J’en ai retenu et éprouvé des images glauques, angoissantes, et stressantes. De la tristesse et une envie moi aussi de fuir cette vie et cette histoire m’ont fait refermé le livre avant la fin. Une belle écriture mais l’histoire est trop dure pour moi.

La narratrice, roumaine sous le régime de Ceausescu, subit des convocations à répétitions par un inspecteur de Police. Depuis qu’elle a glissé un petit papier « SOS » dans la doublure d’un vêtement de luxe pour l’Italie, elle ne sait pas quel sera le jour de la nouvelle convocation. Elle craint les manipulations du commissaire. Elle angoisse de le voir s’amuser avec elle comme d’un objet dont il a le pouvoir de la détruire moralement, de la toucher des ses lèvres baveuses au cours de son baisemain d’avoir une nouvelle convocation.

Elle ne se sort pas de cette vie de galères. Elle a fuit un mari et rêvait d’un mariage avec un étranger de l’ouest pour fuir le régime.

Sa meilleure amie et collègue qui lui donnait le souffle, et du bonheur dans ce régime totalitaire, s’est faite assassinée au cours de la traversée de la frontière. Son métier dans l’usine de confection n’est plus aussi supportable depuis la mort de son amie. Son patron devient de plus en plus pervers. C’est lui d’ailleurs qui l’a dénoncé. Elle ne le supporte plus. Son compagnon actuel, boit plus qu’il ne cherche du travail, ment, ne lui donne pas l’espoir de se sortir de cette vie triste, angoissante. Les décors, les situations sont glauques et ne permettent pas de fuir pour nous n’ont plus.

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Dépressions

J'ai eu plus de difficultés que d'habitude à entrer dans le livre d'Herta Müller. Moins porté peut-être par le récit que précédemment. Car ce livre est celui du quotidien d'un village allemand en Roumanie après la guerre. Quotidien de labeur, d'hommes et de femmes qui animent leur corps pour labourer la terre, préparer les repas, planter une clôture, frotter le sol. Pensées pour Vies minuscules de Pierre Michon, ou les livres de Marie-Hélène Lafon. L'impression d'un quotidien résigné. Comme toujours chez Herta Müller, la nature a sa place, comme contrepoint à cette société humaine sans vie.

Les derniers chapitres s'éloignent du village vers l'environnement totalitaire qu'Herta Müller décrit avec tant de force. L'ouvrier qui proteste, la parade militaire. Un autre décor, mais toujours l'homme au travail aux mains impuissantes.
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La bascule du souffle

Léopold passera au goulag cinq ans de sa vie, mais les séquelles psychologiques seront durables : à son retour, il restera un étranger parmi les siens. La vie du camp est décrite avec un grand réalisme ; le froid : il y a une loi qui « vous interdit de pleurer quand on a trop de raisons de le faire. Je me persuadais que les larmes étaient dues au froid, et je me crus. »;la faim, surtout : « En guise de cerveau, on n’a plus dans la tête que l’écho de la faim ». Beaucoup d'images poétiques, de symboles forts dans ce roman bouleversant.
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La bascule du souffle

Une population germanophone en Roumanie à la fin de la seconde guerre mondiale. Au nom de la responsabilité collective et de la négation des droits démocratiques, des staliniens condamnent à la déportation. Un autre crime de guerre après des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre. Un crime de plus aux pays du « socialisme » réellement existant. Rouge le sang et la haine comme un drapeau usurpé, dévoyé…



Léopold, ses souvenirs, ses livres dans un autre enfer, camp de travail, travail forcé, déportation, « Tout ce que j’ai, je le porte sur moi »…



Les mots, les phrases pour relater intimement le passé, le temps où « on n’a pas voulu en savoir plus », cette petite ville « ce dé à coudre où toutes les pierres avaient des yeux », puis ces vols d’existence, le camp, la nuit russe, le ciment qui s’introduit et recouvre, le ciment complice de l’ange de la faim, les sous-vêtements et les claquettes, le camion, les peupliers noirs, « je n’étais qu’un banal objet russe au crépuscule », le charbon, les rations, le pain…



Les mots pour dire la faim, « Que dire de la faim, quand elles est chronique. On peut dire qu’il y a une faim qui fait souffrir de la faim », l’ange omniprésent, l’ange de la faim, « Tu n’es pas encore assez léger, pourquoi ne pas lâcher prise… », les multiples causes de mort mais toujours ce lien avec la faim…



« La faim est un objet.

L’ange est monté au cerveau.

L’ange de la faim ne pense pas. Il pense juste.

Il ne fait jamais défaut. Il connaît mes limites et sait sa direction.

Il sait mon origine et connaît son action.

Il savait déjà tout avant de me rencontrer, et il connaît mon avenir. »



Les douleurs fantômes, le coucou de l’horloge, Katie, les voleurs de pain, le froid, « avoir faim et avoir du pain, mais ne pas le manger », le sable jaune, Karli, les sapins, les roubles, le dépouillement des morts, le mâchefer, des sacs d’os asexués les uns pour les autres, l’humanité dépouillée de son humanité, la force de la lumière du jour, les tranches de travail, les substances chimiques, le pays et la nostalgie, là-bas où « j’ai mangé à ma faim »…



Ce rêve de soi à califourchon sur un cochon.



Les patates, 273, Béa, Tur, le fer-blanc, des silhouettes déformées et pelées, « nous avions l’air d’être du bétail de rebut », la pelle en cœur, le bonheur soudain, au cœur du vide, le froid, le zéro indicible, un jour…



Et longtemps après, les insomnies, « je ne sais toujours pas si j’ai des insomnies parce que j’essaye de me rappeler des objets ou si, à l’inverse, je me bagarre avec eux, ne pouvant fermer l’oeil de la nuit », la nourriture comme grande excitation, le cahier, l’écriture…



Sobre et dense, une écriture pour la nuit. Des mots et le silence pour ce « nous du camp », une œuvre de notre temps…
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Animal du coeur

Ecrivain roumain de langue allemande, Herta Müller ne cesse de dénoncer dans ses romans le processus de déshumanisation mis en place par le régime de Ceausescu, processus utilisé par toute dictature totalitaire dans sa folie de domination et de contrôle. Pris dans les mailles du filet, les personnages d’Herta Müller se débattent pour garder leur humanité.

Dans Animal du cœur, au titre symbolique, il est question d’étudiants venus de leur lointaine campagne pour étudier à l’université. Coupée de ses racines, en mal d’affection et de reconnaissance, Lola est retrouvée pendue dans son armoire par ses camarades de chambre. Exit Lola, aussitôt radiée du parti communiste. Suicide ou meurtre ? Le doute persiste pour la narratrice.

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Le renard était déjà le chasseur

Aux abords d'une grande ville roumaine où les habitants vivent en symbiose avec leur environnement naturel malgré la dictature, des personnages entremêlent leur vie au fil des événements qui font et défont l'Histoire du pays.



Plus que l’histoire, c’est l’atmosphère qui règne dans ce village qui est le vrai sujet du livre. Rien de spécial ne se passe…



Pourtant, Adina s'aperçoit que des inconnus découpent jours après jour, en son absence, la fourrure de renard qui décore son appartement. Elle découvre qu’elle est espionnée par les services secrets et qu'une de ses amies fréquente un officier de la Securitate.



Autour des personnalités d’Adina et de Clara se construit un récit au style étrange, poétique et cruel, naturaliste et presque burlesque.
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Animal du coeur

L'action se passe sous le régime de Ceausescu, en Roumanie. La narratrice , une jeune femme, étudiante, habite un foyer de jeunes filles avec cinq autres étudiantes. Elle nous parle de Lola, une jeune fille pauvre, étudiante elle aussi. Lola est retrouvée un jour pendue avec la ceinture de la narratrice (dont on ne connait pas le nom). Pour avoir lu sur Wikipédia, la biographie de Herta Müller, j'aurais tendance à dire que cette jeune fille c'est elle même et que ce récit est fortement autobiographique. Herta Müller nous raconte sa vie dans le foyer après la mort de Lola. La narratrice et trois amis de Lola sont régulièrement interrogés par la police. Avec une écriture fluide et percutante , toute en sous-entendus, Herta Müller , nous dévoile sa peur de la dictature, de la mort, le douteux et douloureux passé de son père, ancien soldat SS, de la peur de la vieillesse à travers les yeux de sa grand mère qui perd la mémoire.



La narratrice écrit à ses amis, avec plein de codes pour détourner l'attention de la police : Ils ont défini entre eux des mots clefs, des ponctuations pour dire la réalité dans des lettres qu'ils savent lues par la police, espérant échapper ainsi à la censure. De mémoire, car j'ai lu ce livre il y a deux mois, sans rédiger de billet tout de suite, "chaussures" signifie "interrogatoire", et la narratrice sursaute chaque fois que ce mot est employé dans son sens réel par des personnes de son entourage.

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Ce roman à la fois très poétique et très réaliste, décrit la vie sous une dictature, l'inquiétude des habitants, la lutte quotidienne pour la survie, l'impossibilité de l'amitié.
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Animal du coeur

Lecture plus ardue que pour "La convocation". Comme dans les autres romans d'auteurs roumains contemporains, le malaise est omniprésent. L'angoisse distillée tout au long de la lecture, l'horreur de la dictature, de l'arbitraire, des surveillances, de la peur, des interrogatoires, des disparitions, entretiennent l'étouffante atmosphère de chape de plomb.
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La bascule du souffle

Herta Müller a commencé, en 2001, pour rédiger ce texte, par interroger le poète germano-roumain Oskar Pastior. ils devaient écrire le récit à quatre mains, mais celui-ci est décédé prématurément. Elle raconte ici un épisode peu connu de l'après Seconde Guerre mondiale. Celle-ci n'est pas encore terminée que les Russes exigent de la Roumanie qu'ils envoient en Russie de jeunes roumains germanophones (la région d'om est originaire Herta Müller et qui est au centre des ses autres livres), soupçonnés d'avoir été d'importants soutiens de l’Allemagne nazie. La mère de l'auteure a été elle-même déportée dans ces camps. Le texte est fort, poétique malgré le sujet lourd qui est traité, et j'ai de plus en plus envie de découvrir cette auteure en version originale... de toute façon, la VO est indispensable pour lire d'autres livres, puis que j'ai maintenant lu presque tous ceux qui ont été traduits en français (L'homme est un grand faisan sur terre, La convocation et Animal du cœur), il ne me reste plus qu'à lire Le renard était déjà le chasseur... Pourquoi les éditeurs français ne nous permettent-ils pas d'accéder à d'autres textes?
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Animal du coeur

Les œuvres de Herta Müller sont traduites petit à petit en français depuis qu'elle a reçu le prix Nobel de littérature. Celui-ci est paru en Allemagne il y a presque vingt ans. Le roman est probablement en partie auto-biographique, la narratrice fait partie de la minorité souabe roumaine, germanophone. Le père a été enrolé dans la Waffen-SS. C'est aussi un roman sur la dictature, son système de délation, de persécution, mais aussi les gens qui réussissent à détourner le matériel de l'usine, de l'abattoir, la grande débrouille, y compris pour la couturière, qui réussit à faire du trafic en allant en Hongrie. Avec en toile de fond la mort de ceux qui veulent fuir la dictature, noyés dans le Danube, rattrapés par les chiens ou abattus par les soldats. Un livre très poignant sur ce système qui a broyé tant de gens, les a poursuivi jusque dans l'exil (je vous laisse découvrir dans le livre). Un livre d'une seule traite, sans séparation en chapitres, sans coupure. A lire absolument! En se rappelant que si la dictature est tombée, des dizaines d'années de système D en font l'un des pays européens où la corruption reste un fléau quotidien.
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L'homme est un grand faisan sur terre

Roumanie, période Ceausescu.



Windisch, Katharina et leur fille Amélie tentent depuis deux ans d’obtenir un passeport pour passer à l’ouest, l’un à coup de sacs de farine, les autres avec leur corps. Si la perspective d’émigrer les unit, le passé est toujours source de règlements de comptes dans cette famille misérable. Elle est à l’image du paysage, racornie, vilaine, terne, abjecte, en perpétuelle survie. Tout y est moche et en déséquilibre. La pluie, omniprésente, englue une population arriérée, vivant de rapines, minée par l’alcool, le manque de nourriture et surveillée par une police étatique toute puissante. La sècheresse, toujours violente et de courte durée, lui succède laissant derrière elle un paysage en pleine désolation. On nage dans une semi obscurité permanente, abrutissante que seuls les enterrements viennent égayer. Rien ne sort cette poignée de familles allemandes en bute aux répressions policières, de ce marasme. Le phénomène de la chape de plomb y est décrit par des phrases courtes, sèches comme un coup de serpe, et un imaginaire trop éloigné de ma culture. J’ai eu le plus grand mal à m’y faire. Déjà que l’enchainement des paragraphes est surprenant, dans ce cas déroutant, ce bestiaire ne facilite pas la lecture. Une écriture « velue des rouleaux » car antipathique, peu accueillante, trop distante. Lire Herta Müller se mérite et se fait dans l’effort continu.



Peut-être lui fallait-il prendre une telle distance pour parler d’une expérience qu’elle a elle-même vécue et éviter de tomber dans un récit larmoyant. Elle raconte bien ce qui arrive à des gens qui vivent dans la répression totale, dans cette machine à broyer les âmes. Rien de beau ne peut y germer, seul l’instinct de survie reste intacte. Pas de héros ici mais de petites gens sans défense, méprisées, que l’on pousse à la bassesse. Comment pourrait-il en être autrement quand on vous ôte jusqu’à votre dignité? Impossible de se faire homme dans un paysage aussi glauque, où la mesquinerie règne en maître, où votre condition d’être humain vous est niée purement et simplement.



Bien que ma première rencontre avec cette auteure se soit avérée difficile, j’ai tout de même acheté La Bascule du Souffle que je n’ai pas encore entamé. Sa manière d’aborder le problème du régime totalitaire et ses effets perverses est vraiment digne d’intérêt. Elle parvient à vous mettre mal à l’aise en optant pour une écriture et un imaginaire inhabituels. On dirait que ce pays est peuplé de zombies. En tout cas, d’après ce livre, la Roumanie semble hyper moche. A l’opposé des Bahamas!
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La bascule du souffle

La couverture et le titre du livre sont particulièrement en cohérence avec le récit. Parce que l'auteur joue est à la limite entre la poésie et le drame (fleur, froid), elle nous tient sur le fil entre le rêve et la réalité, à deux doigts de la bascule dans l'horreur.

Herta Müller a choisi un thème qui la touche particulièrement puisqu'elle fait raconter à Léo ses cinq années de détention dans un camp de travail en Russie. Effectivement, à la fin de la guerre, les Russes ont envoyé en camp de travail les allemands de Roumanie. ce fut le cas de la mère de Herta et d'un ami, le poète Oskar Pastior. C'est grâce à eux que Herta Müller a pu concrétiser ce récit.

Bien entendu, elle témoigne de la difficulté de vie dans ces camps (la faim, les poux, le froid, les travaux pénibles et dangereux, la mort) mais ses descriptions longues et poétiques favorisent l'optimisme;

Même la faim omniprésente est personnifiée en ange.

Léo est un être courageux. Il se remémore sans cesse la phrase de sa grand-mère "Tu reviendras". Son seul sentiment négatif naît lorsqu'il apprend la naissance de son frère, jaloux que sa mère lui ait substitué un fils.

Quand il est enfin libéré, on comprend toute la difficulté de la réinsertion. Il est difficile de retrouver une vie normale, d'avoir un rapport sain avec la nourriture. Une autre phrase le hante alors "J'y ai été".

Je souhaitais découvrir cette auteure, à la suite de son Prix Nobel et je suis ravie d'avoir lu cette finesse d'écriture, ce style poétique et onirique, cette bascule fragile entre la réalité et l'espoir.
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L'homme est un grand faisan sur terre

La communauté allemande de Roumanie. Un village Souabe où chacun construit son existence sur l’espoir d’obtenir le passeport d’émigration vers l’Allemagne. Le meunier Windisch déambule dans cet espace. Phrases sèches pour en expliciter les paysages. Phrases courtes qui semblent attester que dans cet univers clos, les mots sont dispensés au compte-goutte. Le non-dit est pesant, et parfois les mots éclatent. Une ambiance qui évoque « Le ruban blanc ». Pesant.
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L'homme est un grand faisan sur terre

Née en Roumanie, au sein de la communauté germanophone, et émigrée en Allemagne, Hertha Müller a reçu le Nobel de Littérature en 2009.

Je pense alors à Patrick Modiano, Toni Morisson, Mario Vargas Llosa, Doris Lessing, ou Camus, Hemingway, Steinbeck... et je me dis que je n'ai jamais été déçu par les Prix Nobel dont j'ai lu des œuvres. Hertha Müller est parvenue à briser cet a priori positif.

L'Homme est un grand faisan sur terre est, comme son titre l'indique sans ambiguïté, un roman rural à tendance poétique et totalement incompréhensible.

En réalité on comprend bien qu'il s'agit de l'histoire d'un village roumain, du temps de Ceaucescu que les germanophones veulent quitter ; ce qui les contraint à soudoyer les autorités qui fournissent les documents nécessaires, en l'occurrence le curé et le policier. Et pour soudoyer, il faut donner des stocks d'objets ou de produits alimentaires, ou encore sacrifier sa femme ou sa fille aux deux notables précités, aussi lubriques l'un que l'autre.

Je ne doute pas que ça s'est passé et ça se passe encore comme ça en de multiples endroits de notre planète, mais cette ignoble utilisation du corps des femmes comme monnaie d'échange ne gagne rien à être présentée dans les tentatives poético-surréalisto-oniriques dont Hertha Müller les enrobe.

J'en reviens donc au titre, pas plus compréhensible quand il est déclamé par un vieux veilleur de nuit un peu timbré, et dont le style se retrouve dans les cochons volants de la voisine ou le cerisier qui mange ses propres fruits à la nuit tombée.

Je n'ai rien contre un peu de loufoquerie (Vian, Dac, Desproges, Fabcaro ou Groucho Marx ont leur place dans ma bibliothèque), mais dans ce livre, ce n'est ni drôle, ni beau sur le plan du langage. Ça dessert plutôt le thème central et ça noie les 2 ou 3 pages, poignantes, où les femmes victimes se remémorent les moments où des hommes de pouvoir les ont violées pour des papiers ou de la nourriture.

Deux pages qui auraient mérité d'être imprimées à part. Ou alors je n'ai vraiment rien compris.
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Dépressions

Sombre dimanche, celui où j'ai lu "Dépressions", dix-neuf nouvelles d'inégale longueur, celle ayant donné son titre au recueil représentant à elle seule la moitié de l'ouvrage. Sombre dimanche, pour venir à bout des souvenirs émiettés d'une enfance hallucinée au sein d'une petite communauté germanophone dans la Roumanie de Ceaușescu. Un univers étrange, où minéral et vivant se mêlent, où intérieur et extérieur ne forment qu'une seule et même entité, où la frontière entre rêve et réalité n'existe plus, où les croyances et superstitions les plus absurdes sont toujours vivantes et nous rappellent qu'on est en Transylvanie, au cœur du pays des vampires. Sans doute cette auteure renommée, pourvue de la plus haute distinction internationale qui soit, le Nobel, a-t-elle voulu transcrire à sa façon les sentiments de répulsion qu'elle éprouvait, au cours de son enfance puis de son adolescence et de sa vie de jeune adulte, à l'égard de ce régime politique qu'elle hait au plus profond de son cœur. Transcrire une fois arrivé à l'âge adulte la vision du monde de l'enfant qu'on a été est un exercice difficile. Certains s'y sont essayés avec bonheur. On pense bien sûr à Jerzy Kosinski ("L'oiseau bariolé"), plus près de nous à Robert Sabatier ("Les allumettes suédoises"), mais j'avoue que je n'ai pas réussi à ressentir la moindre empathie à la lecture de ce pensum dont les étrangetés, souvent scatologiques, peuvent à la rigueur passer pour de la poésie, mais une poésie sans beauté même si l'on sait que, pour certains, le laid c'est le beau. Seule pépite au milieu de ce lac de désespérance, une petite, toute petite nouvelle, "L'opinion", une critique pleine d'humour de la bureaucratie toute puissante d'un régime totalitaire, que n'aurait pas reniée Kafka. Heureusement, il y aura d'autres dimanches, occupés par des lectures mille fois plus réjouissantes…
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Animal du coeur

Thème intéressant mais texte très très "fouilli" un exercice pour la compréhension, or pour moi la lecture doit rester un plaisir et non un "travail" j'ai donc lachement abandonné. certainement intéressant pour les plus courageux
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La bascule du souffle

L'histoire de Leopold, roumain germanophone, déporté dans un camp de travail en Russie en 1945 aurait pu être touchante. En effet, les conditions de travail et de vie, la faim, le froid, le manque d'hygiène forment le point commun des nombreux chapitres de ce roman mais il manque le liant. J'ai eu l'impression de lire des nouvelles très courtes sur ces thèmes et j'ai donc été très déçue. Herta Muller ne m'a pas convaincue dans un style trop froid, sans suspense et sans liant.
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Dépressions

Emprunté par hasard à la bibliothèque, j'ai tout d'abord été intriguée par ces nouvelles sans queue ni tête. Cependant, je m'en suis très vite lassée malgré le style très particulier et attrayant de ces récits. J'ai abandonné quelques pages avant la fin.
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Dépressions

Des nouvelles de longueurs très variées, mais rien pour s'accrocher, pas de réelle narration, pas de personnage suffisamment empathique ou clairement défini, des phrases très courtes, extrêmement terre à terre, pas de talent littéraire à mon humble avis de lecteur (mais il s'agit d'une traduction d'une auteure allemande)... bref donc arrêt de lecture au milieu de la 3ème nouvelle, la plus longue. Et ça ne m'arrive pas tous les jours..
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