Citations de Hubert Reeves (581)
Les papillons de Malicorne (page 208)
"Les papillons ne sont que des fleurs envolées un jour de fête où la nature était en veine d'invention et de fécondité". écrivait George sand.
« Ce livre voudrait être une ode à l'univers. J'ai tenté de rendre hommage à sa splendeur et son intelligibilité, d'exprimer à la fois sa créativité, son inventivité, sa beauté et sa richesse. J'ai voulu donner à contempler et à comprendre. »
C' est quand on pense détenir la recette de la réalité qu'elle nous échappe.
Mal adapté parce que trop bien nanti, néfaste à l'équilibre biologique de la planète, l'être humain serait-il en définitive une erreur de la nature ?
Le beau est-il dans la nature?
La beauté naît de la rencontre entre le monde et l'être humain qui le perçoit.
"J'ai vu une herbe folle
Quand j'ai su son nom
Je l'ai trouvée plus belle."
Elle est devenue belle d'être vue et plus belle encore d'être nommée.
La beauté naît du regard de l'homme. Mais le regard de l'homme naît de la nature.
Les mathématiques sont le langage de la nature. Les atomes et les molécules sont notre substance même. Découvrir comment ils s'associent, c'est étudier notre passé et aussi notre présent. C'est comprendre, un peu mieux, ce vaste mouvement d'organisation qui nous a donné naissance
Il sera ici question de science, ce qui n'exclut pas la poésie.
Ce n'est pas la Terre qui est en danger; elle va continuer à tourner sur elle-même et autour du Soleil. Ce n'est même pas la vie qui est menacée. Elle est robuste et les espèces ont déjà connu cinq extinctions majeures. C'est nous qui sommes en péril. Plus exactement nos descendants, enfants et petits-enfants.
Dans notre jardin de Malicorne, nous avons, près d'un étang, un banc nommé le "banc du temps qui passe". Je m'y assieds souvent pour me sentir appartenir au cosmos, avec les libellules, les carpes, les bergeronnettes posées sur les nénuphars et le grand saule pleureur.
Si je suis là, si je peux réfléchir, c'est que nous habitons un Univers dans lequel s'est déroulé un événement extraordinaire, une saga épique que nous appelons la "croissance de la complexité".
Il importe, je pense, de garder l'esprit ouvert. Il vaut mieux accepter que des questions restent sans réponses plutôt que d'adopter des solutions insatisfaisantes.
Le ciel au dessus de nos têtes est comme une immense forêt d'étoiles. Comme pour les chênes, on en voit de tous les âges. De toutes jeunes, des étoiles à la moitié de leur vie (c'est le cas de notre Soleil), des étoiles vieillissantes, des débris d'étoiles mortes. Nous avons sous les yeux toutes les étapes de la vie de notre Soleil, son passé et son avenir, sans avoir à attendre les cinq milliards d'années de la fin de sa vie.
A Malicorne, quand la nuit est tiède, nous dînons dehors près des vieux bâtiments de la ferme. La lumière des lampes à pétrole éclaire le vol saccadé des chauves-souris. Les humains n'ont guère de sympathie pour ces mammifères ailés aux parcours chaotiques. Animaux de l'ombre, ils font peur. "Rentrez-vite, disait ma grand-mère, elles vont s'accrocher à vos cheveux." De nombreuses légendes populaires leur attribuent des pouvoirs maléfiques.
Aujourd'hui notre regard sur les chauves-souris s'est considérablement modifié. Chefs-d'oeuvre de technologique, leurs prouesses dépassent de loin les meilleures réalisations de nos ingénieurs.
Dire des choses c'est aussi montrer que ces choses peuvent être dites.
C’est par le jeu combiné des lois (les cristaux doivent avoir six pointes) et du hasard (la forme indéterminée des pointes) que naît la beauté des flocons de neige. (p.245)
[...] il n'y a qu'une seule morale qui vaille dans cette histoire, une seule donnée essentielle : nous ne sommes que de dérisoires étincelles au regard de l'univers. Puissions-nous avoir la sagesse de ne pas l'oublier.
Il ne s'agit pas de fuir la réalité, mais de la vivre avec passion. L'éveil de la jubilation est, je crois, l'antidote le plus efficace contre l'absurde à tous les degrés.
Actuellement, l'humain mène une guerre contre la nature. S'il gagne, il est perdu.
Cette complexité croissante que nous percevons tout au long de l'histoire de l'univers est-elle viable ? Quinze milliards d'années d'évolution pour l'avènement d'un être capable de découvrir l'origine de l'univers dont il est issu, de déchiffrer les comportements des atomes et des galaxies, d'explorer le système solaire, de mettre à son service les forces de la nature, mais incapable de se mobiliser pour empêcher sa propre élimination ! voilà, en résumé, le drame auquel nous sommes confrontés aujourd'hui.
(Le mal de terre 2003, en collaboration avec Frédéric Lenoir)
Toute philosophie est indissociable du monde émotif duquel elle émerge. Son intérêt vient du fait qu'elle témoigne d'une expérience humaine, d'une rencontre d'un monde intérieur avec un monde extérieur.
La crise écologique agit comme un examen de conscience.
Entretien pour Le Monde des Religions n°87, 01-02/2018