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Critiques de Ingrid Thobois (164)
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Juste de l'autre côté de la mer

C'est une nouvelle découverte d'un roman dit pour la jeunesse grâce à Masse Critique de Babelio et à Bayard avec un nouveau grand plaisir de lecture, une lecture de plus en plus haletante, du suspense et une tension extrême dans la seconde partie.

Juste de l'autre côté de la mer, ce sont ces quatorze kilomètres qui séparent Tanger, au Maroc, du continent européen, le fameux détroit de Gibraltar. Traverser fait rêver tant de monde sur le continent africain mais, pour la plupart, ces rêves se terminent mal ou très mal. Mais revenons au début de ce roman signé Ingrid Thobois.

Tout commence bien plus au sud, à Boumalne, au débouché de la haute vallée du Dadès, à plus de 1 500 m d'altitude où Lilia et Mehdi, jumeaux de 14 ans vivent heureux avec Kenza, leur mère, et leurs grands-parents maternels, Malik et Kahina, d'origine berbère. Hélas, le père des deux adolescents, Kader est mort il y a dix ans.

Mehdi va à la pêche et Lilia dessine merveilleusement. L'événement de l'année survient avec l'arrivée du Français : Éric Abellan, un prof de collège, qui passe ici une semaine pour s'adonner à l'escalade. Il a une fille, Célia, en garde alternée mais ne l'a jamais amenée avec lui.

Kenza est institutrice à Boumalne. Tout serait parfait s'il n'y avait pas ce nouvel imam, un gueulard, copain du frère de Kenza, Fouad. Ils sont fâchés tous les deux depuis que ce dernier a tenté d'empêcher sa soeur d'épouser Kader, un sahraoui, un descendant d'esclaves. Kenza n'accepte pas la régression qui s'impose et affirme qu'il n'est pas écrit dans le Coran que les femmes doivent se voiler.

Le constat est accablant : « Vingt ans plus tard, hélas, les barbus aux fronts étroits et aux rêves de violence ont gagné du terrain dans le monde entier, et prolifèrent dans la vallée des roses… Dans la rue, dans le souk, le climat s'est dégradé. Pour un rien, on vous cherche des noises. »

On le sent bien, cette vie simple, équilibrée, au contact de la nature, ne vas pas durer.

Mehdi grandit, est attiré par la modernité, s'offusque parce que le téléphone portable offert par Éric ne capte pas et rêve d'Europe… Impossible d'en dire plus sans nuire à l'intérêt de la lecture d'un livre qui m'a emmené ensuite à Tanger, une ville où les dangers sont multiples mais où la bonté existe encore.

Lilia est admirable et cet amour familial qu'elle éprouve malgré les risques immenses que prend Mehdi, est bien mis à mal. Juste de l'autre côté de la mer, un livre à l'écriture simple, précise, efficace, n'exclut pas poésie et rêve mais la dernière ligne lue, j'aimerais bien connaître la suite…


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Miss Sarajevo

Un livre qui avait tout pour me plaire :



Ingrid Thobois d'abord, dont le nostalgique Sollicciano figurait toujours dans mes jolis souvenirs de lecture ; Rouen bien sûr, où fidèle à ses racines normandes, elle place une partie de l'action de Miss Sarajevo ; et enfin cette fulgurance du clip de U2 et Pavarotti, 4 minutes d'émotion pure servant à beaucoup de résumé d'une guerre si proche et si loin, à peine comprise par la plupart d'entre nous.



Mais j'ai un peu traversé ce livre, à nouveau séduit par la délicate et sensible écriture d'Ingrid Thobois, souvent transporté par ses évocations de la vie - de la survie, voire de la non-vie - de Vesna, Inela et Zladko à Sarajevo en 1993 (rappelant souvent celles de Chalandon sur Beyrouth en 1982 dans le quatrième mur). Et bien entendu conquis par ses souvenirs nostalgiques et interrogateurs sur les retours de week-end entre Paris et Rouen, incroyables de vérité pour qui, comme moi, les a également vécus.



Mais j'ai eu plus de mal à entrer dans l'histoire de Joachim, de ses drames familiaux, de sa difficile construction personnelle, de sa longue résilience. Défaut d'empathie et défaut d'intérêt expliquent sans doute cela, c'est-à-dire des positionnements très personnels, qui n'enlèvent rien à la réussite de ce livre et à la grande habileté de son auteure à utiliser toute la richesse de la langue pour la traduire en rythmes et émotions.



Lecture faite dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire : merci à Rakuten ! #MRL18
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Juste de l'autre côté de la mer

Lilia et Mehdi sont deux jeunes orphelins de père qui vivent avec leur mère Kenza au Maroc, dans la vallée du Dadès. Leur vie est simple et heureuse mais en grandissant Mehdi est de plus en plus insatisfait : il s'ennuie dans cette région où on ne capte pas Internet, où il n'y a rien à faire, à part pêcher. Cette frustration d'ailleurs s'accentue avec la visite d'Eric, ce français qui vient les voir tous les ans. Car avec Eric, c'est l'Europe qui s'invite et dans l'esprit de Mehdi, ce n'est que là-bas qu'on peut vivre selon ses envies. A cela s'ajoute la présence d'un imam curieusement hostile à Kenza la maman des deux jeunes adolescents qui, un jour, apprend qu'on ne veut plus d'elle à l'école. Désemparée, elle confie ses enfants à son frère sans s'imaginer que le pire va leur arriver.

C'est un très beau roman pour adolescents mais qui peut très bien aussi intéresser les adultes que nous sommes car il traite de sujets d'actualités brûlants qui font la Une des journaux. Mehdi incarne ces jeunes gens attirés par les lumières de nos villes, persuadés de vivre dans l'opulence. D'ailleurs ils connaissent des amis qui ont fait fortune…. du moins ce sont les bruits qui circulent mais il y en a d'autres qu'ils refusent d'entendre : personne ne les attend en Europe, et s'ils viennent, ils rencontreront surtout le rejet, la violence et le racisme. A l'opposé de Mehdi, il y a sa soeur jumelle Lilia, bien plus lucide et qui cherche de toutes ses forces à réveiller son frère. Plutôt que de rêver à une Eden utopique, Lilia s'efforce de vivre selon ses principes. Mais il est difficile de lutter contre l'eldorado européen. Un livre à lire avec, cependant, un regret, celui de ne pas avoir assez exploité le personnage d'Eric.



Je remercie Babélio et les éditions Bayard de m'avoir permis de découvrir ce roman.






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Miss Sarajevo

Voilà un livre qui ne laisse pas facilement apprivoiser. Les premiers chapitres déconcertent en présentant des fragments du passé et des épisodes du présent. La structure est éclatée, difficile à suivre. Ingrid Thobois abuse aussi de longs paragraphes, durant parfois une page ou une page et demi, auxquels je suis rétif. La lecture, malgré une belle qualité d’écriture, se fait alors pesante.



Puis, petit à petit, passé la présentation de Joaquim, photographe de guerre qui vient de perdre son père, son dernier lien familial, le propos se décante, le texte semble plus fluide.



Joaquim est issu d’une famille marquée par les non-dits, après la perte à sa naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur. La famille s’est définitivement refermée. Le père, professeur de médecine, est rarement présent et n’ouvre aucun dialogue. La mère en sa présence semble absente.



Reste sa sœur Viviane, sa complice. Pourtant elle aussi abandonne le navire. D’abord par l’anorexie, puis en se défenestrant.



Dans ce contexte, au printemps 1993, Joaquim qui a commencé des études de photo à Paris décide de se rendre à Sarajevo. La capitale bosniaque est assiégée depuis des mois par les miliciens serbes, qui s’amusent à prendre pour cible les passants ou à pilonner un immeuble sans intérêt stratégique. Les pro-serbes auraient facilement pu prendre la ville. Ils préfèrent la laisser dépérir. Joaquim va au travers de rencontres fortuites comprendre un univers où la survie quotidienne est devenue le seul horizon et où chacun essaye malgré tout de maintenir les activités d’avant guerre.



Chapitres après chapitres, l’âpreté du siège se croise avec le voyage de retour à Rouen d’un Joaquim qui se remémore cette enfance peu lumineuse. Le mots font mouche et les pièces du récit s’assemblent. Une réussite.
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Depuis qu'on a déménagé

« Depuis qu’on a déménagé, on dirait qu’on a plus le droit d’être heureux. »



Depuis qu’elle a déménagé, la narratrice, âgée de 10 ans, n’a plus le droit de regarder la télé, à part le journal de 20 heures. Depuis qu’elle a déménagé, ses parents ne se parlent plus. La joyeuse tablée du soir s’est transformée en « morceau de banquise à la dérive ». Il faut dire qu’avant ils étaient quatre. Maintenant, ils ne sont plus que trois. Sandra, la sœur cadette, n’est plus là. Elle avait quatre ans quand c’est arrivé. C’était l’année dernière.



Le deuil, la douleur, l’incompréhension. Une fillette qui s’interroge et voudrait voir sa mère s’occuper d’elle. « Que maman se souvienne que sur ses deux p’tites, il lui en reste quand même encore une et que […] c’est mieux que rien. » Elle voudrait qu’elle arrête de culpabiliser, qu’elle arrête de prendre ces pilules qui l’abrutissent et qu’elle continue à vivre, tout simplement. Surtout, elle voudrait qu’elle arrête d’avoir l’impression de trahir sa fille morte en s'occupant de sa fille vivante.



39 pages, un quart d’heure de lecture. Ingrid Thobois propose un texte fort, d’une infinie tristesse. Elle parle du deuil avec justesse. La voix de la narratrice résonne sans fausse note et vous secoue. La scène finale, pleine d’optimiste, ouvre la voix à une reconstruction possible. Un tout petit roman d’une grande puissance qui va, je pense, me poursuivre longtemps.




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Si tu meurs, n'oublie pas

Alex ne se remet pas du décès de son cousin dans un accident de voiture. Un jour, son fantôme apparaît...



Alex est un adolescent de quinze ans qui adore les vacances d'été où il retrouve Yann. Pourtant ce dernier est son exact opposé, sérieux et excellent élève il est en général plutôt réservé.



Mais cette année Yann fête ses 18 ans et pour cela il amène Alex en boîte. L'accident qui suit plonge le garçon dans une forte dépression.



C'est alors que son cousin décédé revient le hanter et lui faire des reproches. Après l'abattement, Alex décide d'enquêter afin de comprendre...



Un roman qui frise le fantastique. J'ai bien aimé le personnage de la tante qui se fissure au fur et à mesure du récit. L'amitié qui lie les garçons pose plusieurs questions comme sa réciprocité et son équilibre.



Il y a enfin le thème du Japon qui plaira aux jeunes lecteurs.



À découvrir !


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Miss Sarajevo

Voici un roman de la rentrée littéraire dont on a très peu parlé et c'est bien dommage. Sélectionné par Antigone, une des cinq marraines des Matchs de la Rentrée Littéraire de Rakuten, je ne regrette pas du tout de l'avoir choisi parmi les quinze romans proposés.



Joaquim est un reporter de guerre qui vit dans un petit appartement parisien entre deux voyages, où rien n'a changé depuis des années. Appelé par un notaire qui lui apprend la mort de son père avec lequel il n'a plus de contact, il se rend à Rouen, sa ville natale. Il n'y est pas retourné depuis l'enterrement de sa mère il y a plus de vingt ans. Dans le train les souvenirs, souvent douloureux, resurgissent: son enfance, le suicide de sa sœur Viviane, la maladie de sa mère, l'absence de son père, son amour pour Ludmila et son séjour à Sarajevo en guerre. Grâce à l'alternance d'images et d'événements qui ont marqué et façonné sa vie d'adulte on plonge dans le passé intime de Joaquim.



Beaucoup de non dits et de souffrances dans ce petit roman qui n'est pas certes des plus joyeux mais qui m'a beaucoup plu. Une multitude de thèmes abordés: des relations familiales compliquées, la mort, la maladie, l'absurdité de la guerre. J'ai beaucoup aimé cette succession de tableaux, d'un chapitre à l'autre on passe de la perte de sa sœur après un suicide à son amour pour Ludmila, une réfugiée bosniaque, de l'enfance de Joaquim au vécu du siège de Sarajevo où se prépare un concours de beauté. De courts chapitres comme les flashs d'un appareil photo, d'ailleurs on y trouve pas mal de références à la photographie.



Malgré la cruauté de la vie qu'il décrit et la tristesse qui s'en dégage, ce roman est empreint d'une certaine douceur, la beauté de l'écriture y est sûrement pour quelque chose.
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Miss Sarajevo

Il y a une rare délicatesse dans l’écriture d’Ingrid Thobois. Sa langue d’une grande richesse ne donne jamais dans l’esbroufe et reste en permanence au service du récit sans se perdre dans un lyrisme de façade. Dans Miss Sarajevo, c’est avec beaucoup de sensibilité qu’elle dresse le portrait de Joaquim, un photographe de guerre ne s’étant jamais remis du suicide de sa sœur à l’adolescence. Au fil de chapitres alternant les époques, on le retrouve au moment du drame, puis quelques mois plus tard en 1993 au cœur de Sarajevo sous les bombes et enfin de nos jours, alors qu’il s’apprête à retourner dans sa ville natale de Rouen pour enterrer son père.



Un superbe texte qui touche à l’intime avec pudeur. Ma crainte initiale d’un mélo tire-larmes a vite été balayée par la finesse avec laquelle sont abordées les questions du deuil et du long chemin vers la résilience. En se rendant dans des pays en guerre, Joachim cherche à la fois à se confronter à la mort et à tirer un trait définitif sur une enfance sclérosée par un milieu bourgeois étouffant. Sa démarche allie la fuite en avant à une prise de risque aussi inconsidérée que volontaire.



Les épisodes se déroulant avant le suicide de la sœur montrent une figure paternelle froide et distante et une mère effacée qui, après la disparition de sa fille, va sombrer définitivement. Dans le train qui le ramène vers Rouen, Joaquim ouvre son douloureux coffre aux souvenirs. Lui le solitaire, l’âme endurcie par les horreurs vues à travers le monde, revient vers le lieu où le traumatisme à l’origine de tous ses maux s’est déroulé. Craignant rouvrir des plaies qu’il pensait avoir profondément enfouies, il va au contraire se frayer un chemin vers la lumière et l’apaisement.



Une plongée intérieure mélancolique tout en retenue d’une justesse bouleversante.
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Moi, Pépito, chat heureux : Mais plus pour lo..

Mignon, sans plus.



Faut dire qu’après du Barjavel, j’ai du mal à critiquer cette lecture jeunesse qui d’un côté manque un peu de fond et de l’autre aborde des sujets parfois sérieux. Bon, pour les amoureux des chats, ça va passer comme une lettre à la poste même si son intelligence, celle du chat bien sûr, est un tantinet exagérée. Pour ceux qui aiment les chiens, ça risque de passer moins bien car ils n’ont pas la cote dans ce récit même si finalement ils auront le dernier mot.



Je trouve que pour des enfants de neuf ans le vocabulaire et la construction des phrases sont très simples mais c’est un peu dans l’air du temps. En ce qui concerne l’histoire, elle est amusante même si elle ne tient pas la route :-) Donc, une toute belle lecture pour un enfant qui a de l’humour autrement, il faut un regard d’adulte pour l’éclairer sur la vraie vie des chats et des chiens ;-)



Un tout grand merci à Babelio et aux éditions ‘Bayard Jeunesse’ pour cette plongée dans le monde littéraire des petits d’aujourd’hui même si je ne m’y retrouve pas vraiment.
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Kini : Le monde à bras le corps

Un album très coloré et très original, entre bd et album, pour découvrir une baroudeuse suisse hors du commun qui a traversé le vingtième siècle en fumant la pipe d'un pas décidé, avec un féminisme empreint de liberté et de sagesse. Ella Maillart montée sur ressorts, dans tous les sens du terme et révèle une personnalité affranchie. A la fois doux et audacieux, le dessin révèle bien sa sereine détermination à faire ce qui lui plaît, jusqu'au bout du monde. Une jolie histoire accessible qui ouvre des perspectives !
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Juste de l'autre côté de la mer

Orphelins de père, les jumeaux Lilia et Medhi, 15 ans, vivent à Boumalne avec leur mère Kenza. Il aime pêcher, elle adore dessiner. Mais la vie paraît dure soudain lorsque surgit Eric, une fois par an, un parisien à qui ils se sont énormément attachés. Si Lilia est heureuse là où elle vit, Medhi, lui, n’a qu’une obsession : quitter cette ville dépouillée de tout et gagner la France…

Mais Kenza, suite à un incident malpropre avec son frère et le nouvel imam du village, perd son travail d’institutrice: elle réalise avec chagrin qu’elle ne peut plus subvenir aux besoins de ses enfants. Forcée de les confier à son frère, Fouad, un homme effrayant, machiavélique et violent, c’est l’enfer sur terre qui commence pour Medhi et Lilia…

Les jumeaux sont des personnages très réalistes, très attachants : Lilia impressionne par sa force d’âme, son positivisme à toute épreuve et son courage obstiné, tandis que son frère émeut par sa détresse incommunicable et sa soif impérieuse d’une vie meilleure, ailleurs. Leur lien est infiniment fort, d’une rare beauté ; mais c’est une richesse qu’incarnent tous les personnages de Boumalne : cette puissance de l’attache, cette excellence dans l’affection. Ils possèdent si peu de choses mais ils savent apprécier les instants précieux, ils savent accueillir et ils savent aimer.

Le Maroc dépeint par l’auteure est intraitable mais au final, la France l’est tout autant. Pas de langue de bois dans ce texte : Ingrid Thobois pointe du doigt, incrimine, dénonce. C’est un roman rêche, audacieux, qui remet à sa place. Et si on se sent mal en avalant les pages, c’est qu’au fond on est peut-être aussi un peu responsable.

L’écriture d’Ingrid Thobois est toujours aussi gracieuse : sensible, limpide et souple. Mais j’ai été frappée par la dureté du scénario. Le drame des migrants n’est pas le seul thème abordé par la romancière : on y parle également séparation, maltraitance, manipulation, exploitation ou addiction. C’est très dur, très cruel.

Ingrid Thobois a voulu coller au réel et ne s’est pas caché les yeux : elle écrit noir sur blanc ce qui se passe là-bas, ce qu’on ignore, ce qu’on refuse de voir. Mais mon cœur d’hypersensible a manqué d’un peu de lumière et d’espoir. C’est un très beau roman, cru et impitoyable, mais les dernières phrases sont terribles. J’y pense encore, plusieurs jours après avoir refermé le livre, m’imaginant une fin plus douce pour ces gamins rêvant trop loin.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Bayard pour cette lecture bouleversante.
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Dur dur d'être une star

Devenir une star comme Justin Biber, c'est le rêve de Martin.

On découvre l'univers de Martin et celui de son père qui travaille tout le temps. Une belle relation s'engage alors avec la vieille dame qui est sa voisine...

Un roman avec de l'humour du partage entre deux générations bien éloignées, j'ai beaucoup apprécié même si la couverture ne fait pas du tout envie...
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Nassim et Nassima

Nassim et Nassima, deux jeunes enfants afghans, sont liés d'amitié. Ils doivent accomplir les tâches quotidiennes: aller chercher l'eau à la pompe, le pain à deux kilomètres de chez eux, et mendier.

Seulement, leur amitié va être mis à l'épreuve car Nassim doit aller à l'école, et Nassima ne peut pas y aller.



Cette histoire réaliste, écrite simplement m'a beaucoup touché. Elle montre les difficultés actuelles qu'ont les enfants à accéder à l'éducation.

D'autre part, j'apprécie le talent de l'illustratrice Judith Gueyfier qui illumine ce livre avec son coup de crayon et ses choix de couleurs, magnifique.



Un livre à découvrir que l'on soit petit ou grand.
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Depuis qu'on a déménagé

Une fillette de 10 ans raconte ce qui a changé dans sa vie depuis qu'elle a déménagé avec ses parents. Au delà de ce déménagement, c'est surtout sa maman qui a changé; elle prétend toujours avoir la migraine pour pouvoir s'isoler, elle ne veut pas que sa fille regarde autre chose que les (tristes) JT, elle ne veut pas décorer les murs... En fait, le désarroi de maman est dû à la mort de sa petite sœur Sandra.



Ce roman très court met en lumière le travail de deuil après la perte d'un enfant. Comment se reconstruit-on? Comment faire pour penser à autre chose? Pour continuer alors que plus rien ne sera jamais comme avant? Joli texte que l'on peut lire à partir de 10 ans.
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Juste de l'autre côté de la mer

Merci à Babelio et aux éditions Bayard pour ce livre reçu dans le cadre de l’opération masse critique jeunesse.



Depuis que Mehdi a reçu en cadeau un smartphone qu’il ne peut pas utiliser dans sa Vallée du Dadès privée de réseau, peu lui importe la beauté de la Vallée des Roses, il ne pense plus qu’à une seule chose, c’est de partir, émigrer à Paris. Il est distant, taiseux, solitaire. Lilia ne reconnaît plus en lui le frère qui aimait aller tranquille pêcher, alors qu’elle dessinait à ses côtés. Elle a peur pour lui.



Après avoir perdu son travail d’institutrice à cause d’un imam douteux, leur mère Kenza est forcée de confier ses deux enfants à son frère, et pour eux, maintenant, ce sera le début d’une aventure insupportable, éloignés de leur belle vallée berbère. Lilia pourra-t-elle protéger son frère comme elle l’a promis à sa mère ?



Dans ce livre, on parle de beaucoup de sujets : l’ambiance de la région détériorée par les extrémistes, le travail des enfants organisé par des individus véreux, le danger de la drogue, et tant d’autres dangers encore.



C’est un beau livre jeunesse multidirectionnel qui informe les enfants sur beaucoup de sujets à la fois. Il ouvre la pensée et l’esprit des adolescents, qui auront le plaisir d’imaginer leur propre histoire, et surtout de réfléchir sur le monde.

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Miss Sarajevo

C’est le titre du livre qui m’a intriguée, étant une fidèle habituée des Edts Buchet-Chastel , je me suis demandée ce qui se cachait derrière cette apparente simplicité.

Et quand j’ai eu la réponse, la lecture s’est terminée en beauté en écoutant U2&Pavarotti...mais oui !

Joaquim est un homme frisant la quarantaine qui retourne à Rouen, convoqué par un notaire, à la mort de son père. Pendant ce voyage ferroviaire, il se remémore son parcours jusque là.

Son adolescence , en compagnie de sa sœur , dans cette famille bourgeoise(père chirurgien cardiologue, mère au foyer) a été compliquée par un lourd secret de famille, et un drame familial affreux. Il quitte rapidement Rouen et devient reporter photographe. »L’image traverse le temps . Forte de l’objectivité qu’on lui prête, elle fait figure de preuves « 

En reporter de guerre à Sarajevo, il vit la même horreur que ses habitants qui essaient de garder des habitudes de vie malgré le danger immédiat des bombes ou des snipers.

Et même d’organiser un concours de Miss Sarajevo auquel il assiste.

Ce qui n’est pas du roman puisqu’en 1995, en effet, la chanson Miss Sarajevo sera crée devant une foule immense.

J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Ingrid Thobois, même si par moments j’aurais aimé un peu plus de « chair » ;la lecture sur Kindle a demandé un peu plus d’attention, les souvenirs de Joaquim fusent de toutes parts, il fallait rester dans les « rails » de ce texte parfois dur, parfois poétique. Belle lecture, et merci à NetGalley .

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Miss Sarajevo

Je découvre Ingrid Thobois et je suis impressionnée par la qualité de son écriture. J'ai déjà lu quelques livres de cette rentrée littéraire de l'été 2018 dont certains très bons mais je dois dire que je la mets sur la plus haute marche du podium pour la richesse de son écriture.

Cette "Miss Sarajevo" n'est pas un livre sur la guerre de Bosnie comme je l'ai pensé au premier abord. Ce roman est l'histoire d'un homme, Joachim, traumatisé par le suicide de sa jeune soeur lorsqu'elle était adolescente et par une histoire de famille dans laquelle la parole n'a pas sa place et où les tabous sont rois.

J'ai beaucoup aimé la construction du roman avec de petits chapitres qui alternent entre deux époques et des lieux différents.

Joachim est le narrateur. Quadragénaire, il vit à Paris dans un petit studio qu'il occupe entre deux reportages de guerre. Il va prendre le train pour retourner à Rouen, sa ville natale car son père vient de mourir et il a conditionné son héritage à une dernière visite de l'appartement où ils ont vécu en famille.

Encore aujourd'hui Joachim est affecté par les drames qui l'ont touché vingt ans plus tôt mais il va raconter comment il a construit sa vie pour surpasser le chagrin de ses deuils. Photographe, solitaire endurci, Joachim est ancré dans une douleur muette mais il va se délivrer peu à peu et se souvenir. Au fil des pages, il se remémore son départ pour Sarajevo où il est parti alors que la ville était assiégée, comme pour y mourir. Façon de panser ses blessures car ce n'est ni le courage ni la détermination qui l'auront guidé dans ce pays en guerre mais l'impossibilité de demeurer immobile avec le souvenir de sa soeur.

A Sarajevo, sous les tirs des snipers, il rencontrera une famille qui a décidé de rester malgré le danger et il verra les traits de sa soeur dans le visage d'Inela, la jeune fille. Cela s'est passé en 1993 et il a choisi d'imprimer le massacre dans sa mémoire, refusé de mettre une pellicule dans son appareil photo pour photographier les rues de Sarajevo jonchés de morts. Pourtant il choisira le reportage de guerre pour construire sa vie autour de ce qu'il voit. C'est comme s'il devait prendre des photos par obligation de montrer ce que l'on ne veut pas toujours voir.

Cette jeune fille, Inela, va se présenter au concours de Miss Sarajevo et le gagner parce que même en temps de guerre on a besoin de vivre. En apothéose, cela lui permet d'adresser un message au monde entier « Don't let them kill us ». Et cela s'est passé réellement.

Il est difficile pour moi de traduire l'émotion que m'a procuré ce livre. Au rythme du train, on suit la psyché douloureuse de Joachim et il y a une mélancolie bouleversante dans les souvenirs qu'il raconte avec lucidité et intelligence.



Ce livre m'a été offert par les éditions Buchet- Chastel que j'aime beaucoup, dans le cadre d'une opération masse critique et je les en remercie.



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Sollicciano

Ingrid Thobois nous livre ici un livre puzzle. J’avoue avoir eu beaucoup de mal à rentrer dans cette histoire où il faudra attendre la fin pour que les pièces enfin s’imbriquent les unes dans les autres.

Sachez seulement que Norma Jean, brillante professeur de philosophie, habite maintenant à Emboli près de Florence .Chaque jeudi, elle prend le train pour Sollicciano, où se trouve un établissement pénitentiaire afin de rendre visite à Marco qui y est détenu pour meurtre.

Qui est-elle ? Qui est-il pour elle ?nous n’en savons rien. C’est l’occasion d’échanges surprenants entre eux voir abscons pour moi …. Bientôt, le narrateur (voix off) nous parle

de Jean psychiatre de son métier et mari de Norma-Jean son ancienne patiente. Leur relation de couple est très étrange, mais leur comportement vis-à-vis de Karl, le meilleur ami de Jean, l’est encore plus.

J’ai cependant beaucoup aimé l’écriture des pages concernant Marco, son histoire propre, les conditions de sa vie en prison, les conséquences de l’emprisonnement sur ces hommes, son grand projet …

Vous l’aurez compris je n’ai pas accroché à ce livre, je me suis perdue dans le labyrinthe de ces comportements atypiques, dérangeants pouvant aller jusqu’à être dangereux.

L’écriture d’Ingrid Thobois est certes de qualité mais je n’ai pas été sensible à cette histoire, à ses personnages. Quant à la fin, elle nous laisse en plan sur le devenir de nos 3 protagonistes mais j’oserai dire que cela m’est égal.

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Miss Sarajevo

Joaquim, jeune photographe de vingt ans arrive dans Sarajevo en guerre...nous sommes en 1993. Terrible période, terribles souvenirs pour les plus anciens. La guerre était à nos portes. Joaquim reste traumatisé par la mort de Viviane, sa petite soeur de 15 ans, qui s'est défenestrée. Ces souvenirs lui reviennent à l'esprit, en boucle. C'est peut-être pour tout cela qu'il se confronte à la mort, dans son métier.

Depuis Joaquim a une phobie des fenêtres, une peur viscérale, une peur accrue dans cette ville où les snippers prennent plaisir depuis leurs fenêtres à faire des cartons sur toutes les cibles à leur portée.

Aujourd'hui, quelques années plus tard, en 2017 Joaquim se rend aux obsèques de son père....Il ne l'avait pas vu depuis 20 ans. Un père difficile dont il fallait affronter les sautes d'humeur, les coups de tête. Jaoquim est maintenant seul, sans famille proche...courant le monde. Sa mère aussi a disparu, et il n'a jamais connu son jeune frère mort-né...un secret qui est sans doute la cause de ces malaises, de ces incompréhensions familiales.

Allers retours entre les périodes de la vie de Joaquim, le temps d'un voyage en train vers Rouen. Entre les années. Entre ses souvenirs, ses angoisses, ses pourquoi...Allers retours au sein de ce mal-être familial, qui mine chacun des membres de la famille depuis le plongeon de Viviane. Difficile de communiquer depuis, difficile de s'épanouir...difficile d'être heureux, quand se pose régulièrement la question sans réponse "pourquoi...pourquoi?". Ah, qu'il est difficile de comprendre un suicide familial! Je ne le souhaite à personne

Beau parallèle entre la vie de cette famille déchirée et celui des habitants de Sarajevo, incompréhensions et non-dits de part et d'autre entre des membres d'une famille, ou d'une communauté.

Non-dits qui minent et déchirent !

Alors parfois une petite lueur point, permettant d'espérer un mieux être...celui de l'élection d'une petite miss, dans Sarajevo. Une élection à laquelle on assistera après avoir longé les murs, après avoir surveillé les fenêtres, après avoir enjambé les cadavres qui seront enterrés à la hâte dans les jardins publics de Sarajevo.

Angoisse d'une famille, angoisses d'une population, bonheur d'une lecture. Un livre découvert dans le rayon nouveauté de la médiathèque. Il m'a rappelé "Miss Sarajevo" la chanson de U2 "Is there time to be a beauty queen, Here she comes, beauty plays the clown, Here she comes, surreal in her crown"

Surréel !

Futilités pour oublier le drame, pour affronter l'angoisse qui s'installe après un drame... "Le propre de l'angoisse est de venir interrompre l'acte le plus anodin, le plus quotidien, et de l'enrayer. Elle se glisse dans les plis des draps, de lit défait en lit défait, dessinant une chaîne ininterrompue d'insomnies. Elle traverse le corps de part en part, de cellule en cellule, s'infiltre dans chaque membre, tendon, muscle, nerf. Rien ne sert de lutter. Il faut attendre que les proportions du monde se rétablissent, que l'angoisse redevienne peur, inquiétude, et son objet un bibelot dont on pourra bientôt se moquer."

Je reparlerai d'Ingrid Thobois en espérant qu'elle me dérangera encore, qu'elle me séduira une nouvelle fois.
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Miss Sarajevo

Joaquim est un photographe de guerre, il a couvert différents conflits dans le monde, son rapport avec la mort est ambiguë depuis le suicide de sa jeune sœur. Il se rappelle ainsi pendant un voyage en train vers l'appartement de son enfance à Rouen sa vie de jeune adulte après ce suicide et les non-dits familiaux et un épisode de son passé à Sarajevo pendant la guerre sous les balles des snipers.

Un beau livre sur le travail de deuil et le rapport des êtres avec la mort.
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