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Citations de Italo Calvino (997)


- Mais c'est pour approcher du ciel que votre frère reste là-haut?
- Mon frère soutient, répondis-je, que pour bien voir la terre, il faut la regarder d'un peu loin.
Voltaire apprécia beaucoup cette réponse.
- Jadis, conclut-il, c'était seulement la Nature qui créait les phénomènes vivants ; maintenant, c'est la Raison.
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Italo Calvino
Il y a des choses que seule la littérature peut nous donner.
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La table était le seul endroit où nous rencontrions de grandes personnes. Pendant le reste de la journée, notre mère, retirée dans ses appartements, faisait de la dentelle et des broderies. La Générale ne savait s'occuper qu'à ses travaux traditionnellement féminins : mais sa passion guerrière s'y donnait libre cours. Guipures et broderies représentaient habituellement des cartes géographiques : tendues sur des coussins ou des tapisseries, elles étaient piquetées d'épingles et de petits drapeaux reproduisant les batailles de la Succession d'Autriche, que notre mère connaissait par coeur. D'autres fois, elle brodait des canons, avec les différentes trajectoires à partir de la bouche à feu, les dispersions et les angles de tir; notre mère était très compétente en balistique.
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La dernière blague américaine
La différence entre l'optimiste et le pessimiste ? L'optimiste est en train d'étudier le russe; le pessimiste est en train d'étudier le chinois. p.71
( 1959)
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Je parle, je parle […], mais celui qui m’écoute ne retient que les paroles qu’il attend. Ce qui commande au récit, ce n’est pas la voix, c’est l’oreille.

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Italo Calvino
Lire, c'est aller à la rencontre d'une chose qui va exister.
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Lire, c'est aller à la rencontre d'une chose qui va exister mais dont personne ne sait encore ce qu'elle sera...
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Ils se connurent. Il la connut et se connut lui-même parce que, réellement, il n'avait jusque-là rien su de lui. Elle le connut et se connut elle-même parce que, en sachant tout ce qu'elle était, elle ne l'avait jusque-là jamais si bien senti.
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- Lire, dit-il, c'est cela toujours : une chose est là, une chose faite d'écriture, un objet solide, matériel, qu'on ne peut pas changer ; et à travers cette chose on entre en contact avec quelque chose d'autre, qui n'est pas présent, quelque chose qui fait partie du monde immatériel, invisible, parce qu'elle est seulement pensable, ou imaginable, ou parce qu'elle a été et n'existe plus, parce qu'elle est passée, disparue, inaccessible, perdue au royaume des morts...
- Ou bien parce qu'elle n'existe pas encore, quelque chose qui fait l'objet d'un désir, d'une crainte, possible ou impossible (c'est Ludmilla qui parle) : lire, c'est aller à la rencontre d'une chose qui va exister mais dont personne ne sait encore ce qu'elle sera...
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- Pourquoi la construction de Tecla dure-t-elle si longtemps ? […]
- Pour que ne commence pas la destruction.

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Il était un pays où il n'y avait que des voleurs. La nuit, tous les habitants sortaient avec des pinces-monseigneur et des lanternes sourdes pour aller cambrioler la maison d'un voisin. Ils rentraient chez eux à l'aube, chargés, et trouvaient leur maison dévalisée.

Ainsi, tous vivaient dans la concorde et sans dommage, puisque l'un volait l'autre, et celui-ci un autre encore, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on arrive au dernier qui volait le premier. le commerce, dans ce pays, ne se pratiquait que sous forme d'embrouille tant de la part de celui qui vendait que de la part que celui qui achetait. le gouvernement était une association de malfaiteurs vivant au détriment de ses sujets, et les sujets, de leur côté, avaient pour seul souci de frauder le gouvernement. Ainsi, la vie suivait son cours sans obstacles, et il n'y avait ni riches ni pauvres.

Or, on ne sait comment, il arriva que dans ce pays on trouva pourtant un homme honnête. La nuit, au lieu de sortir avec un sac et une lanterne, il restait chez lui à fumer et à lire des romans.

Les voleurs arrivaient et s'ils voyaient la lumière allumée ne montaient pas.

Cela dura quelque temps, puis il fallut lui expliquer que s'il voulait vivre sans rien faire, ce n'était pas une raison pour ne pas laisser agir les autres. Chaque nuit qu'il passait chez lui, c'était une famille qui ne mangeait pas le lendemain.

L'homme honnête ne pouvait rien opposer à ces raisonnements. Il se mit, lui aussi, à sortir le soir et à revenir à l'aube, mais il n'était pas question de voler. Il était honnête, il n'y avait rien à faire. Il allait jusqu'au pont et restait à regarder l'eau couler. Il revenait chez lui et trouvait sa maison dévalisée.

En moins d'une semaine, l'homme honnête se retrouva sans un sou, sans rien à manger, la maison vide. Et jusque-là, il n'y avait rien de trop grave, car c'était de sa faute ; le malheur était que, de cette manière d'agir, naissait un grand bouleversement. Car il se faisait tout voler, mais pendant ce temps il ne volait rien à personne ; il y avait donc toujours quelqu'un qui, rentrant chez lui à l'aube, trouvait sa maison intacte : la maison qu'il aurait dû, lui, dévaliser.

Le fait est que, au bout de peu de temps, ceux qui n'étaient plus cambriolés devinrent plus riches que les autres et ne voulurent plus voler. Et d'autre part, ceux qui venaient pour voler dans la maison du l'homme honnête la trouvaient toujours vide ; ainsi devenaient-ils pauvres.

Pendant ce temps, ceux qui étaient devenus riches prirent l'habitude, eux aussi, d'aller la nuit sur le pont, pour regarder l'eau couler. Cela augmenta la confusion, car il y en eut beaucoup d'autres qui devinrent riches et beaucoup d'autres qui devinrent pauvres.

Or les riches comprirent qu'en allant la nuit sur le pont ils deviendraient pauvres en peu de temps. Et ils pensèrent : « Payons des pauvres qui iront voler à notre compte. » On rédigea les contrats, on établit les salaires, les commissions : naturellement, c'étaient toujours des voleurs, et ils cherchaient à se tromper mutuellement. Mais, comme à l'accoutumée, les riches devenaient de plus en plus riches et les pauvres toujours plus pauvres.

Il y avait des riches si riches qu'ils n'avaient plus besoin de voler ni de faire voler pour continuer à être riches. Mais s'ils s'arrêtaient de voler ils devenaient pauvres parce que les pauvres les dévalisaient. Alors ils payèrent les plus pauvres parmi les pauvres pour protéger leurs biens des autres pauvres, et ils instituèrent ainsi la police, et construisirent les prisons.

De cette manière, peu d'années après l'arrivée de l'homme honnête, on ne parlait plus de voler ou d'être volé, mais seulement de riches ou de pauvres ; et pourtant ils restaient toujours tous des voleurs.

D'honnête homme il n'y avait eu que celui-là, et il était vite mort, de faim.
(Le mouton noir)
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Si chacun pouvait sortir de son obtuse, de son ignare intégrité ! J'étais entier, et toutes les choses étaient pour moi, naturelles et confuses, stupides comme l'air ; je croyais tout voir et ne voyais que l'écorce. Si jamais tu deviens la moitié de toi-même et je te le souhaite, enfant, tu comprendras des choses qui dépassent l'intelligence courante des cerveaux entiers. Tu auras perdu la moitié de toi et du monde, mais ton autre moitié sera mille fois plus précieuse. Et toi aussi, tu voudras que tout soit pourfendu et déchiqueté à ton image parce que la beauté, la sagesse et la justice n'existent que dans ce qui est mis en pièce. (p . 69)
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[...] maintenant, je brûle pour le jeune et passionné Raimbaut.
Voilà pourquoi, à un certain moment, ma plume s'est mise à courir, à courir! C'est vers lui qu'elle courait ; elle savait bien qu'il ne tarderait guère à venir. Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière, il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre. La plume vole, emportée par ce plaisir même qui nous fait courir les routes. Le chapitre entamé, on ignore encore quelle histoire il va raconter ; c'est un peu comme ce recoin où, tout à l'heure, je vais tourner en sortant du couvent, sans savoir ce qu'il me réserve : un dragon, une troupe barbaresque, une île enchantée, un amour né de la surprise...
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Qui descend dans l'abîme de la Mort et monte ensuite à l'Arbre de la Vie (...) arrive dans la Cité du Possible, d'où on contemple le Tout et où se décident les Choix.
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Côme monta jusqu'à la fourche d'une grosse branche, où il pouvait s'installer commodément, et s'assit là, les jambes pendantes, les mains sous les aisselles, la tête rentrée dans le cou, son tricorne enfoncé sur le front.
Notre père se pencha par la fenêtre:
- Quand tu seras fatigué de rester là, tu changeras d'idée! cria-t-il.
- Je ne changerai jamais d'idée, répondit mon frère, du haut de sa branche.
- Je te ferai voir, moi, quand tu descendras!
- Oui, mais moi, je ne descendrai pas.
Et il tint parole.
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Pour ses livres, Côme construisit à différentes reprises des sortes de bibliothèques suspendues, qu'il mettait tant bien que mal à l'abri de la pluie et des rongeurs ; il les changeait continuellement de place, selon ses études et ses goûts du moment ; ils considéraient les livres un peu comme des oiseaux et ne voulait pas les voir immobilisés dans des cages.
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Comme ta maison est le lieu où tu lis, elle peut nous dire la place que les livres occupent dans ta vie, s'il s'agit d'une défense que tu mets en avant pour tenir le monde à distance, d'un rêve dans lequel tu t'enfonces comme dans une drogue, ou si au contraire, il s'agit de ponts que tu jettes vers l'extérieur, vers le monde qui t'intéresse tant....
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"L'avantage d'être pourfendu est de comprendre dans chaque tête et dans toute chose la peine de chaque être d'être incomplet. J'étais entier, je ne comprenais pas. J'évoluais sourd et incommunicable parmi les douleurs et les blessures semées partout, là même où un être entier ne saurait l'imaginer. Ce n'est pas moi seul qui suis écartelé et pourfendu mais toi aussi, nous tous.
Et maintenant je sens une fraternité qu'avant, lorsque j'étais entier, je ne connaissais pas. Une fraternité que me lie à toutes les mutilations, toutes les carences du monde. Si tu viens avec moi, tu apprendras à souffrir des maux de tous et à soigner les tiens en soignant les leurs."
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Italo Calvino
Dans le jardin des Rivalonde, les branches se tendaient comme des trompes d'éléphants fabuleux ; on voyait sur le sol s'ouvrir en étoiles des feuilles découpées à grands pans dans une verte peau de reptile ; des bambous jaunes et légers ondulaient avec un froissement de papier. Fiévreusement avide de savourer ce vert si différent de tous les autres, cette lumière étrange qu'il tamisait, et ce silence inhabituel, Côme, du plus élevé des arbres, se laissait pendre la tête en bas ; et le jardin à l'envers, devenait forêt, non plus une forêt terrestre, mais un monde inexploré.
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Italo Calvino
Renoncer aux choses est moins difficile qu’on ne croit: le tout est de commencer.
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