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Critiques de Janis Otsiemi (123)
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Tu ne perds rien pour attendre

Jean-Marc Ossavou est lieutenant de police à la sureté urbaine de Libreville. Depuis que sa mère et sa sœur ont été tuées pas un chauffard ayant échappé à toute poursuite grâce à son statut de fils de ministre, Jean-Marc joue les redresseurs de tort dans les rues de la capitale gabonaise. Un soir, il prend en stop une serveuse prénommée Svetlana à la sortie d’un casino et la ramène chez elle. Le lendemain, il découvre que Svetlana est morte depuis deux ans et demi. Elle a été retrouvée étranglée dans un ruisseau et son meurtre a été classé sans suite. Voyant dans la présence de ce fantôme dans sa voiture le signe qu’il doit rouvrir l’enquête, Jean-Marc reprend à zéro les investigations et met le doigt dans un nid de serpents particulièrement venimeux.



Un polar africain que je ne qualifierais pas « d’exotique » tant je trouve le terme stigmatisant, mais qui garantit un vrai dépaysement. Par son décor d’abord, par sa langue savoureuse ensuite (un français mâtiné d’expressions locales qui ne tombe jamais dans le folklore) et enfin par la description précise des liens qui unissent politiques et investisseurs étrangers dans un pays gangrené par la corruption.



La citation de Jean-Patrick Manchette en début d’ouvrage n’est pas innocente, j’ai retrouvé dans ce texte bien des aspects du néo polar à la française (le seul type de polar qui me convient vraiment pour tout dire). C’est lent, très descriptif, il ne se passe pas grand chose mais la dimension sociale est relativement marquée. Pas transcendant mais pas déplaisant non plus.




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Tu ne perds rien pour attendre

Une nouvelle collection de romans noirs lancée par la maison Plon, une couverture très stylée, un polar qui se déroule au Gabon, un auteur annoncé comme le Ellroy africain, tout était réuni pour attirer mon attention. C’est donc avec exaltation que je me suis jeté sur le premier né du catalogue Sang Neuf.



Dès les premières lignes, l’originalité de ce livre nous saute aux yeux. Janis Otsiemi utilise un langage bien à lui et issu de son pays natal. On est mis en présence de mots et d’expressions typiques qui donnent une certaine musique au texte, et qui nous transporte de fait dans un monde exotique. Malheureusement, mon enthousiasme s’est très vite dégonflé. En effet, cette facétie linguistique se révèle être la seule réjouissance de tout le livre. Si on occulte cette petite particularité, le style de Janis Otsiemi est plutôt simpliste. L’enquête en elle-même est dénuée de suspense et de rebondissement. L’aventure n’est qu’une succession de scènes banales. Dans ses scènes, il décrit avec détail les moindres actions de ses personnages, dans un ton neutre et en restant toujours à la surface. On regarde donc cette aventure avec détachement, sans la moindre empathie et on s’ennuie très rapidement parce qu’on ne porte aucun intérêt à l’issue des investigations. En plus de sa superficialité, le roman est très court et ne peut donc nullement développer son scénario ou la personnalité de ses acteurs.



Hormis sa langue exotique, vous avez donc compris qu’il n’y a pas grand-chose qui m’a plu dans cette aventure. Je suis resté de marbre. En y réfléchissant, je crois que ce roman a surtout pâti de tous les espoirs que je mettais en lui. J’espérais découvrir un ouvrage surprenant et dépaysant alors qu’en fin de compte, j’étais en présence d’un polar convenu avec peu de force littéraire. Une déception à oublier…
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African tabloid

C'est une découverte : je crois n'avoir jamais rien lu sur le Gabon et encore moins d'un écrivain gabonais.

J'ai aimé la langue et ce français qui détonne un peu parfois comme "cadeauter" quelqu'un d'une tape sur l'épaule par exemple, ou "Le soleil s'y maraboutait royalement comme une torche de résine d'okoumé".

J'ai apprécié la vision critique de l'auteur sur la Françafrique, sur la dictature et la mainmise de la famille Bongo (dont le nom n'est jamais cité) sur le pouvoir, sur la corruption à laquelle ses personnages participent, sur l'hypocrisie des policiers qui arrêtent un Français pour pédophilie (et il le mérite) mais qui engrossent des collégiennes par ailleurs.

Je me suis laissé happer par l'ambiance et le parallèle entre les enquêtes de la police et de la gendarmerie.

Une bonne lecture.
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Tu ne perds rien pour attendre

Vendu comme le James Elroy du polar africain, j’ai été assez déçu de ma lecture. Le tueur est intéressant mais il lui manque une crédibilité, quelque chose qui l’ancre dans le polar. En fait c’est un peu le problème de tout le roman, rien ne m’a emporté, rien ne m’a vraiment paru crédible. J’ai quand même aimé une chose, l’histoire avec le fantôme de Svetlana, j’ai trouvé ça original mais le reste ne suis malheureusement pas. Il y a beaucoup de facilités, ce qui n’arrange rien, le style d’écriture est trop basique et manque de peps. Bon, il est court donc je l’ai terminé, si ça avait été un récit de 400 pages je l’aurais abandonné.

Grosse déception, il manque d’un bon rythme malgré les chapitres aussi courts que ma critique.

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Tu ne perds rien pour attendre

Aussi invraisemblable que fantomatique, « tu ne perds rien pour attendre » pourrait être une histoire à dormir debout si Janis Otsiemi n’avait cette écriture chantante, colorée et savoureuse qui offre à chaque chapitre une expression gabonaise et révèle ainsi la richesse de la francophonie.

Ce roman « policier » a aussi le mérite, à mes yeux, d’être d’une grande moralité en valorisant l’ordre sans trop s’écarter d’une loi desservie par une justice totalement absente de ces pages. Le justicier, Jean-Marc, vole au secours de la veuve et de l’orphelin et débarrasse Libreville de quelques parasites (assez caricaturaux) impliqués dans le trafic de stupéfiants.

Très manichéen, l’auteur dépeint sans s’embarrasser de nuances, un monde pourri constitué de corses (fils spirituels de Pasqua) et de leurs complices politiques (à moins que l’inverse soit vrai) que Jean-Marc et ses incorruptibles collègues vont éradiquer dans un ouragan jubilatoire. Scénario linéaire, sans le moindre rebondissement, qui pourrait d’ailleurs, me semble t il, se dérouler en France...

Ajoutez à cela une conception très horizontale de la position des femmes dans la vie quotidienne, et vous avez les clés pour réussir un chef d’oeuvre digne de figurer en tête de gondole dans chaque Relay de nos gares -;



Découvert lors d’une opération Babelio, ce titre publié par « sang neuf », se lit vite et sera oublié aussi vite par un lecteur peu sensible au style de Janis Otsiemi.



Ce qui m’a navré c’est de constater que Plon était l’éditeur de cette collection … comment une maison, aussi prestigieuse, peut elle vendre un ouvrage aussi mince ?
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Les voleurs de sexe

Issus des quartiers pauvres, Tata, Balard et Benito, la vingtaine, flairent l'aubaine et l'argent facile lorsqu'ils trouvent les photos du président et comme ils préfèrent les petites arnaques au travail, ils foncent dans un plan qui pourrait bien les mener loin de ce qu'ils en attendaient. L'autre trio, Pepito, Kader et Poupon, plus aguerri s'apprête à monter un coup sérieux, acoquiné avec des flics franchement pourris ; ce coup pourrait être le plus beau de leur encore courte vie, trente millions de francs CFA (environ 45000 euros). Et puis, il y a cette histoire de voleurs de sexe : au contact d'un voleur de sexe, les hommes sentent comme une décharge électrique et leur sexe diminue, leurs épouses attestant cette perte de virilité. Janis Otsiemi nous plonge au cœur de la capitale avec les petites gens, pas les hommes d'affaires, ceux qui ont le pouvoir et l'argent, non ceux qui doivent se débrouiller pour vivre.



Il mène avec brio et en parallèle ces trois enquêtes en usant d'une langue absolument merveilleuse, pleine d'expressions ou de proverbes africains, d'argot, de néologismes, de détournements du sens des mots sans que cela ne nuise à la lecture, au contraire mais aussi de français parfait ; il invente sa langue, un peu comme Audiard ou Dard l'ont fait avant lui (aucune comparaison de ma part, juste pour se faire une idée), c'est dire si on se régale à lire ses histoires. Ses héros n'en sont pas et certains d'entre eux, même s'ils sont malhonnêtes, ils ne sont pas totalement antipathiques, on aimerait bien quelquefois qu'ils se fassent gauler pour leur apprendre à vivre mais aussi qu'ils s'en sortent, le système étant totalement gangréné par la corruption, l'argent facile, le piston, ...



Malgré son écriture enlevée et l'humour des situations, J. Otsiemi écrit un polar noir et désabusé, un peu comme si rien ne pouvait changer : les pourris resteront pourris tant que la société leur permettra l'impunité pour agir, protégés qu'ils sont par leur poste, leur bras long ; les magouilleurs le resteront tant qu'ils gagneront plus à magouiller qu'à travailler et tant que des flics véreux les protègeront et profiteront de leurs arnaques ; les petits resteront petits, travailleurs exploités par les patrons, notamment les Chinois qui investissent en force en Afrique et sont impitoyables.



Janis Otsiemi est gabonais, vit dans ce pays. On sent qu'il l'aime et qu'il aime ses compatriotes. Malgré cela, son regard est noir sur la société : la débrouille est un moyen de survie pour beaucoup, l'arnaque itou. Lorsque certains flics sont véreux, ils le sont jusqu'à l'os, ce sont carrément de vrais gangsters. Néanmoins, ils travaillent et ont des résultats. Les politiques veillent au grain, à ce qui rien ne se sache de leurs turpitudes, de leurs penchants, de leurs magouilles, ce qui n'est pas forcément une spécialité gabonaise ni même africaine...



Je finis par cette citation de la quatrième de couverture qui résume tout mon propos :



"Sombre et poisseux comme une nuit africain. Style percutant, propos frondeur, humour désabusé... Avec son talent de griot urbain, Janis Otsiemi fait de chacun de ses romans une pépite de littérature noire."
Lien : http://lyvres.fr
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Le chasseur de lucioles

Je commence ce commentaire (on est le 5 septembre) alors que je n’ai encore lu qu’un peu moins des deux tiers du livre, mais je suis provisoirement « bloquée », car l’exemplaire (en broché) que j’ai, passe de la page 128 à la page 145. Alors, dans l’attente du nouvel exemplaire commandé (en espérant que celui-là sera bon !), j’ai interrompu ma lecture, mais il y a déjà tant à en dire que je pense ne pas trop m’égarer en établissant mon ressenti dès aujourd’hui.

Quelques jours plus tard, le 18 septembre… Je complète maintenant que j’ai (enfin !) terminé le livre : les quelques pages manquantes étaient, à mon sens, indispensables pour le sens global du livre, je suis donc bien contente d’avoir attendu de recevoir un exemplaire entier ; pour le reste, mes premières impressions notées ci-dessous dans un premier jet, restent entièrement valables, je n’ai désormais plus qu’à confirmer mon sentiment global.



Ainsi donc, écrivais-je déjà en plein milieu de ma lecture, il est carrément impossible d’entamer un livre de Janis Otsiemi sans savoir que c’est un auteur africain, plus précisément un Gabonais, que plusieurs présentent comme un nouveau maître du polar. Ça tombe bien : j’aime beaucoup lire des polars, mais j’en ai parfois un peu marre des éternels français ou américains, ou même des nordiques (que je pratique pourtant beaucoup moins). Or, même s’ils sont loin d’être redondants et que la lecture de certains, en tout cas, apporte son lot de nouvelles surprises, on reste quand même dans un monde que l’on finit par connaître plutôt bien. Sans arriver pour autant à de la lassitude (je continue encore et toujours à lire des polars nord-occidentaux, la plupart du temps avec plaisir !), il fait bon parfois être confrontée à un dépaysement plus ou moins marqué – et ici, autant le dire tout de suite, c’est un véritable bouleversement, souligné au fluo et clignotant avec vivacité !



Pourtant, on pourrait croire d’emblée qu’on sera dans un environnement potentiellement difficile (après tout, c’est un polar, n’est-ce pas ?) mais positivement poétique, en témoigne le joli titre. Eh bien, sachez-le : il n’en est rien ! (et je vous le dis en connaissance de cause : je m’étais bien un peu laissé piéger)

Ce titre nous plonge d’emblée dans un monde dur, car « luciole », c’est l’un de ces mots imagés qu’emploient les Gabonais pour désigner… les prostituées ! Par ailleurs, ce seul titre suffit à nous plonger dans une langue riche et foisonnante, parfois à la limite du vulgaire – et je ne parviens pas à décider si c’est délibéré pour bien nous plonger dans un certain monde (après tout, c’est un polar, bis), ou si c’est tout simplement la façon de parler « là-bas », que le francophone européen considère d’un regard biaisé et bien un peu malveillant, alors que nos propres discours sont trop souvent émaillés de mots douteux, grossièretés et autres obscénités plus ou moins choquantes, y compris en littérature ! Mais, disais-je donc, c’est aussi et surtout une langue riche et foisonnante, pleine d’expressions locales, parfois immédiatement compréhensibles, parfois un peu plus tirées par les cheveux et/ou liées à des événements locaux dont moi, en tout cas, je n’avais pas les clés sans explications. Or, justement, Jigal a veillé à « traduire » chacun de ces mots, chacune de ces expressions, par une note de bas de page (sans avoir fait d’étude statistique rigoureuse, j’estime qu’il y en a au moins deux par page, surtout dans ces deux premiers tiers du livre) et, cerise sur le gâteau : le mot concerné, dans le texte, est écrit en italique, si bien qu’on ne peut vraiment pas le manquer !

Seul petit bémol (qui me donne l’impression de dire quelque chose pour dire quelque chose…) : ces divers mots et expressions sont explicités une seule fois… mais certains reviennent ensuite dans le texte, et ne sont alors plus en italique, ni réexpliqués, ce qui m’a quelquefois posé problème, car je ne les ai pas forcément tous retenus, et comme je disais, tous ne sont pas facilement identifiables. Mais bon, c’est un moindre mal, qui aurait pu être « corrigé » avec – par exemple – un glossaire en fin de volume, solution qui présente aussi ses inconvénients, cela dit, comme l’obligation d’aller chaque fois à la fin du livre, alors qu’ici, (presque) tout est directement sous la main : bravo à l’éditeur pour ce travail !



Outre la langue, ce polar nous plonge également dans un monde qui est inimaginable à nos yeux d’Occidentaux, et on en est presque à se demander si on a connu une telle situation à une quelconque époque antérieure d’une police très organisée mais gangrénée par la corruption politicarde (entre autres) et surtout, surtout, surtout, sans aucun de ces moyens techniques qui sont devenus tellement évidents et incontournables dans nos sociétés occidentales – et dont l’importance est mise en avant à travers tous les polars de chez nous, sans même parler des nombreuses séries télévisées – alors que, quelques milliers de kilomètres plus ou sud, ça ressemble à de la science-fiction. Ici à Libreville, pas de médecine légale, pas d’analyses ADN ou simplement de relevés d’empreintes digitales ; pas non plus la moindre délicatesse envers les prévenus, dont on extorque les aveux selon ce dont on a besoin, par passage à tabac…

Pour citer un autre exemple : j’ai halluciné lors de la scène de l’attaque du camion de transports de fond ! C’est que, là-bas, on transporte les billets de banque dans une caisse sans système de sécurité particulier, que l’on dépose dans une cantine en fer, fermée par de simples cadenas !? Certes, de tels fourgons aussi peu sécurisés ont existé chez nous aussi… quand j’étais gosse (c’est-à-dire il y a longtemps !), ou même avant. Mais bon, ça fait des années que les transports de fonds, chez nous, sont tellement sécurisés qu’il faut appartenir au grand banditisme, être (très) lourdement armé et un peu cinglé (sachant que désormais les billets sont marqués, et/ou se marquent à la moindre ouverture du coffre) pour oser encore s’y attaquer… inimaginable pour un groupe de jeunes désoeuvrés sans envergure, et ayant (presque) tous une vague volonté de s’afficher dans une activité plus ou moins légale !



Ainsi, l’auteur nous raconte une histoire, tout simplement, et une histoire double : celle de cet homme atteint du SIDA qui a décidé qu’il ne mourra pas seul, ou ce groupe d’amis d’enfance vaguement interlopes qui ont fait le casse du siècle. On en viendrait presque à trouver sympathiques les quelques policiers chargés de ces enquêtes, pourtant tellement corrompus qu’ils ne valent pas mieux que nos malfaiteurs qu’ils tentent de poursuivre – malfaiteurs dont l’histoire particulière nous est donc présentée elle aussi, le lecteur sait directement qui a fait quoi et pourquoi dans cette double histoire : il ne joue décidément pas sur le suspense que peut contenir un polar, mais ça ne manque même pas !



Par ailleurs, Janis Otsiemi ne dresse pas un tableau noir de son pays. Il donne l’impression, tout en nous contant la vie à un instant T de ces quelques protagonistes dont l’un ne vaut pas mieux que l’autre, et tous ensemble sont attachants ; bref, il donne l’impression d’à peine effleurer toute une série de problématiques propres à son pays – que le lecteur européen présuppose d’emblée typiques de l’Afrique en général, or ici on voit pourtant quelques spécificités bien locales.

Ainsi en est-il de la corruption, dont j’ai déjà parlé ci-dessus (et qui existe tout autant chez nous, mais est peut-être combattue de façon plus efficace désormais ? hum...). Il évoque aussi les conflits inter-ethniques, notamment entre les Fangs et les Batéké, tensions larvées mais bien présentes, au sein même de la police (et probablement d’autres administrations) – une situation qui n’est pas sans rappeler ce qu’écrit, avec beaucoup plus de pessimisme, un certain Deon Meyer en Afrique du Sud (entre Zoulous et Xhosas alors) ! Il est aussi régulièrement question d’événements politiques, dont je n’ai pas la moindre idée car la politique gabonaise fait très rarement la une des journaux par chez nous… mais si ce n’est que brièvement expliqué, et vaguement intelligible, ça n’entrave pas la compréhension de l’histoire.

Plus surprenants sont, par exemple, l’évocation de la prostitution camerounaise au Gabon, quelques Congolaises ou Équato-guinéennes aussi, ces jeunes filles venues de leur pays encore plus pauvre, ne parlant souvent que leur langue tribale et à peine le français, car le Gabon leur offre de plus grandes « perspectives d’avenir »… Ou encore, si nombre de jeunes Gabonais espèrent obtenir une bourse d’études pour la France, le pays de rêve par excellence, obtenir une bourse pour la Tunisie semble une fameuse promotion quand même. (Honnêtement : qui, chez nous en Belgique ou en France, à moins d’avoir des connaissances spécifiques ou un projet particulier, rêverait d’avoir une bourse pour aller étudier en Tunisie, synonyme de pays de cocagne ?...)



Avec tout cela, l’histoire avance peu à peu et on suit les policiers dans leurs investigations, comme je disais sans véritable surprise puisque le lecteur est au courant de tout depuis le début. Néanmoins, j’ai été un peu déçue de voir comme tout s’emballe d'un seul coup dans les dernières pages : alors que les situations semblaient inextricables, les forces de l’ordre trouvent tout à coup la solution de chacune des deux histoires d’une chiquenaude, c’est trop facile, au point qu’on se dit « tout ça pour ça » ! De plus, l’auteur nous sert tout à coup une guerre des polices, entre police judiciaire et gendarmerie, qui ont traité séparément chacune des deux affaires qui nous occupaient, sans aucune intervention croisée , alors qu’il y était peu fait allusion jusque-là (ou alors j’ai loupé cet aspect, toute accrochée que j’étais à découvrir un réel « nouveau monde » !), et que ça n’apporte pas grand-chose à la compréhension finale des choses, si ce n’est accentuer encore une fois une corruption très, très présente à tous les niveaux au Gabon, et certainement dans les forces de l’ordre, mais on en était avertis dès le début.

Mais voilà : cette conclusion un peu abrupte donne une impression de précipitation, comme si l’auteur en avait eu assez d’écrire et avait tout résolu en quelques lignes sans plus aucune vraie surprise ni valeur narrative, pour en finir : dommage, car ça gâche une impression d’ensemble autrement très réussie, entre originalité et ce reflet d’une réalité bien dure, qu’on devine être le quotidien dans ce lointain Gabon…



Ainsi, en refermant ce polar, je peux dire que l’intrigue même est peut-être un peu décevante, mais ce n’est pas pour ça qu’on lit un tel polar Je retiens surtout sa grande originalité liée à ses réalités gabonaises, qui peuvent paraître archaïques ou hallucinantes à nos yeux nord-occidentaux quand il s’agit de traiter une (double) affaire criminelle. J’ai apprécié la grande richesse d’un langage foisonnant, parfois à la limite du vulgaire, souvent très imagé, indéniablement très « couleur locale », qui participe à nous transporter dans un autre monde : dépaysement et plaisir de lecture garantis !

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Tu ne perds rien pour attendre

Libreville, Gabon. Jean-Marc Oussavou est policier parce que justice n’a pas été rendue quand il était adolescent, et il ne désespère pas de pouvoir faire rendre justice, d’une manière ou d’une autre, à d’autres personnes. Un soir, il fait une rencontre. C’est banal, une rencontre, c’est simple, une rencontre. Elle est charmante, elle s’appelle Svetlana, elle est maman d’un petit garçon, Louis. Tout irait bien, si ce n’est que Svetlana a été assassinée voici deux ans, et que Jean-Marc doit se rendre à l’évidence (même si je me rends bien compte en vous écrivant que cette évidence n’est pas facile à croire) : c’est un fantôme qui est monté dans sa voiture. Heureusement, Jean-Marc n’est pas aussi superstitieux qu’on pourrait le penser, et il n’est pas effrayé, non, pas trop, il se demande simplement pourquoi Svetlana l’a choisi, lui, pour lui faire justice.

Que dire ? Nous sommes dans une affaire louche : la jeune femme a été tuée alors qu’elle quittait son travail au casino, casino dont les propriétaires ne sont pas des hommes à la réputation irréprochable. Des témoins, des amis ? Pas vraiment. Enfin, si, mais c’est compliqué. Pourtant, Jean-Marc persiste et enquête.

« Votre affaire est bien une patate chaude », lui dit-on. Certes. Dans un pays où la police est largement corrompue, où les couples ne durent pas, où les mères célibataires sont nombreuses, où le travail est précaire, une enquête pour une affaire quasiment classée ne pèse pas lourd, et peut vous entraîner plus loin que Jean-Marc, aidé par Roger Massambat et soutenu par Marie, sa compagne, ne l’avait pensé.

Un polar vif, enlevé, aux dialogues percutants et au récit précis, bref, une lecture intéressante, hors des sentiers battus.
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Le festin de l'aube

Libreville, Gabon : Tard dans la nuit, sous une pluie battante, le lieutenant Boukinda rentre chez lui après une fête de mariage. Soudain, une forme surgit de la nuit et il ne peut éviter le choc. Il descend de voiture et découvre qu’il a heurté une jeune femme. Le visage ruisselant d’eau et de sang, elle est presque nue, seulement vêtue d’un slip. Il la conduit immédiatement aux urgences de l’hôpital, ou elle est immédiatement prise en charge.

Le lendemain, Boukinda, choqué par cet accident, va prendre des nouvelles de la jeune inconnue.

Le médecin qui s’est occupé de la jeune femme, lui annonce qu’elle est décédée dans la nuit. Les marques qu’elle portait sur le corps attestaient des sévices subis : elle a été ligotée, sauvagement violée, et porte sur le corps des marques de brûlures de cigarette. La mort a été causée par de multiples morsures de vipère.

La même nuit, un camp militaire voisin est la cible d’un vol. Les malfaiteurs emportent avec eux une importante quantité d’armes, de détonateurs et d’explosifs.

Quelques jours après, un fourgon de la BEAC (Banque des États de l’Afrique Centrale) est attaqué en pleine ville, bloqué par une voiture piégée et arrosé à l’arme lourde. Une opération sanglante, et cinquante millions de francs CFA envolés dans la nature. Le mode opératoire suggère la piste du grand banditisme, les premières conclusions démontrant bien vite que les armes et explosifs volés ont servi à ce braquage.

Les deux enquêtes, l’une confiée à la Gendarmerie et l’autre à la PJ vont finir par se rejoindre, et mettre à jour un complot visant la tête de l’État.

Depuis ses premiers romans, Janis Otsiemi nous fait découvrir son pays et sa capitale, toujours gangrenés par les mêmes maux, hérités de la Françafrique : La pauvreté et la corruption sont omniprésentes, le clanisme et le népotisme érigés en institution.

Comment alors s’étonner que, depuis un demi-siècle, une même ethnie soit aux commandes du pays et s’enrichisse sans vergogne ? Les fonctionnaires de l’armée et de la police, même les plus intègres, ont bien du mal à ne pas céder de temps en temps à la tentation.

Ancré dans une réalité sociale et économique bien réelle, dans un contexte politique agité, ce roman policier à l’intrigue finement tricotée, nous dévoile les deux visages de l’Afrique : une qui aspire à la modernité et la richesse, et l’une autre plus attachée à ses racines ancestrales.

Le style est vif et abrupt, sans fioritures, dans une langue inventive, imagée, émaillée de gabonismes qui apportent au récit quelques notes d’un humour décalé. Réjouissants aussi, les aphorismes et maximes en tête de chapitre qui renforcent « l’africanité » du récit.

Janis Otsiemi réussit à combiner dans un même roman une intrigue policière bien ficelée et le portrait subversif de la société gabonaise et de ses institutions en état de déliquescence.

Au travers d’une œuvre de fiction, c’est un constat amer sur la situation du Gabon d’aujourd’hui. C’est un roman sombre, puissant, et plein d’une humanité désenchantée, que je ne peux que conseiller aux amoureux de l’Afrique… et aux autres !

Éditions Jigal, 2018.


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La bouche qui mange ne parle pas

Un roman court, mais dense ! Voilà comment je pourrai décrire en cinq mots ce roman si j’avais cette contrainte. Malheureusement pour vous je ne l’ai pas donc je vais m’étendre un peu sur le sujet 😉



Une série de meurtres d’enfants secoue Kinshasa. On parle de rituels pour porter chance à certains politiciens. Le commissaire a des ordres, il doit retrouver les auteurs de ces massacres. Il missionne deux policiers sur cette affaire. Mais à Kinshasa, il y a bien d’autres soucis que celui-ci.



Babette était une cinglée. Une véritable amazone. Elle n’avait pas froid aux yeux. Son histoire était presque la même que celle de toutes les fausses Blanches qu’on pouvait croiser dans cette vile.

Babette n’avait pas connu son père, un coopérant Blanc-manioc qui était rentré dans son pays quelques mois avant sa venue au monde. Sa maman en avait souffert car il lui avait fallu supporter le regard des autres. Elle était morte quelques mois après la naissance de Babette. Et Babette s’était retrouvée de matin bonheur seule dans la vie. Elle avait été recueillie par un de ses oncles alcoolo qui la prenait dans son lit pour la doublure de sa femme qu’il venait de perdre lui aussi, dès les prémices des seins de sa nièce. Puis le drame était arrivé. Un soir, elle l’avait coutoyé dans le dos. Et la déchéance avait commencé. Elle avait fait six mois de taule. Et à sa sortie, elle n’était plus la même.

La première chose que je peux vous dire c’est qu’il n’ai pas facile de suivre la multitude de personnages. Je me suis, part moment, un peu mélangé les pinceaux. Il y a environ 5 groupes de malfrats ou policiers. Donc quand je dis que ce livre est dense c’est tout simplement par ce qu’il n’a pas de temps mort.



Par ailleurs, l’auteur décortique une société gabonaise infectée par les divers larcins (vol, chantage, meurtre ), les personnages sont des flambeurs, qui picolent, se droguent et vont voir les putes. Bref une peinture très peu reluisante. On cherche les gens honnêtes ! D’ailleurs, on n’en trouve aucun !



Les flics ne sont pas mieux. Ils s’enrichissent sur le dos des divers « bandits » qu’ils rencontrent. Ils sont infidèles et menteurs. Quand aux politiciens et bien ce sont des politiciens là on est moins surpris !



J’ai beaucoup aimé l’écriture imagée de l’auteur, avec les expressions gabonaises. Les mots modifiés pour leur donner un autre sens ( Coutoyer pour donner des coups de couteau) . Cela donne un exotisme au texte qui vous fait sourire. Une véritable immersion.



Donc au-delà de ce regard critique qui vous fait réfléchir, ce roman est une plaisante lecture 🙂
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Les voleurs de sexe

J'ai gardé un bon souvenir de « La vie est un sale boulot » (lien), ma chronique se terminait par « Ce roman, c’est un petit bijou. » Janis Otsiemi est toujours accoudé à sa fenêtre, à Libreville et il nous conte ses aventures avec toujours cet argot imagé qui égaye la noirceur des péripéties. Comme dans son précédent roman on retrouve ce style direct, à la machette, ça cause, ça tergiverse, ça pétarade. Par le biais des trois événements - deux sont liés - qui vont occuper les gendarmes, on redécouvre cette Afrique de la débrouille, de la corruption, de la transmission du pouvoir, de la cuisine interne. Après Omar, c'est Ali Bongo qui règne après une élection qui a fait des remous. Comme de bien entendu ! Des images du président entouré de certains personnages influents circulent, faut trouver le coupable. Les jeunes pas malins se font coincer, on remonte à la source. Au même moment, le Chinois s'en prend une. Trois morts. Ça pourrait faire les affaires de Koumba. Son personnage est l'archétype de ce qu'une société vérolée peut produire de médiocrité, de fourberie et de perfidie. Et l'on finit par piger ce mystère des voleurs de sexe – une rumeur que l'on retrouve depuis les années 70 dans une vingtaine de pays d'Afrique. Mais il est où le kiki ? Encore une entourloupe ?

La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/03/mais-il-est-ou-le-kiki.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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Le chasseur de lucioles

Il me revient une anecdote racontée par un grand chanteur Québécois. Il racontait qu'un jour, interviewé par un journaliste de la Métropole, ce dernier lui avait déclaré à l'issue de l'entretien « Vous savez, vous parlez vraiment bien le français ! » Et le chanteur, surpris et agacé, de répondre « c'est normal c'est ma langue ! »



A l'heure où l'académie Française, muséum d'histoire naturelle de la langue française, s'apprête à se rabaisser à étudier la candidature d'un PPDA pour regarnir ses rangs, il est agréable de se rendre compte qu'il existe encore des endroits où cette langue ne sent pas le vieux strapontin ou le formol.



Qu'au contraire, elle est encore féconde, et chaque jour réinventée dans la bouche de populations aussi diverses que lointaines. Il en va ainsi en Afrique où la poésie et l'imagination des gens offrent encore à notre langue commune de bien jolis bouquets de mots.



C'est la première fois que je m'aventure sur les terres littéraires africaines francophones, et en particulier celles du polar d'Afrique de l'Ouest. Mais avec un titre aussi beau que « Le chasseur de lucioles », difficile de résister à l'invitation au voyage, à celle de survoler la Méditerranée pour fouler dans l'imaginaire, la terre de ce Gabon que l'on devine riches en couleurs.



Et il ne faut pas bien longtemps au lecteur pour se laisser envoûter par le style de Janis Otsiemi, de se laisser aller au sourire quand ses yeux caressent les mots et expressions imagées pour relater une situation qui n'est pas forcément rose dans ce pays de la débrouille.



L'intrigue est des plus classique. Deux enquêtes en parallèles, distinctes, qui n'ont pas de liens entre elles.



L'histoire d'un braquage d'abord. Celui mené par des jeunes qui n'ont rien à perdre et qui s'en prennent un fourgon de transport de fonds. Et parce qu'ils ont usé d'armes lourdes qui pourraient être utilisées dans une hypothétique tentative de coup d’état , les enquêteurs Boukinda et Evame , gendarmes de leur état, s'attacheront à remonter leur piste sanglante.



Celle d'un serial killer ensuite. De cet employé d'assurance qui découvre qu'il est séropositif et qui fou de rage, décide de projeter dans cette mort qui lui est promise , des prostituées, ces lucioles qui lui ont si souvent fait tourner la tête, et dont il soupçonne l'une d'entre elles de lui avoir transmis ce « Syndrome Inventé pour Décourager les Amoureux » .



Ne pas partir seul dans le grand néant rend sans doute la mort moins effrayante. Alors il les éventre à coup de tessons de bouteilles, et les cadavres s'accumulent. Sur sa piste, les policiers Kumba et Owoula, qui n'hésitent pas, quand ils se rendent sur les scènes de crime à extorquer quelques billets aux patrons des lieux pour leur éviter des poursuites pour avoir ouvert une maison de passe illégale.



Le lecteur ira au bout de ces intrigues ordinaires. Mais il en trouvera cependant une saveur toute particulière à travers les portraits de cette multitudes de personnages qui peuplent ce roman, et les pratiques hors du commun de cette société urbaine de Libreville.



Là bas, point de technologie de pointe. L'interrogatoire musclé tient lieu de test ADN, et le flair du flic vaut n'importe quelle expertise scientifique d'une scène de crime. Et la débrouille pour le bien ou pour le mal, tient lieu d'art de vivre contraint.



Mais l’intérêt du roman est ailleurs. Si ordinaires soient elles, ces intrigues permettent surtout de mettre en perspective une société gangrenée par des maux communs à beaucoup de pays africains, comme la corruption et la combine, et d'autres qui lui sont propres. Les fondations de la démocratie gabonaise reposent n'ont pas sur le mérite ou les compétences de ses citoyens, mais sur leur appartenance ethnique, qui commande dès lors la distribution des responsabilités de pouvoir. « Le tribalisme, doublé du népotisme, du clientélisme et de l'allégeance politique est ici un sport national, comme le football l'est au brésil. ».



Même si l'histoire méritait une plus grande profondeur , l'escapade en Afrique francophone valait amplement le détours. De la couleur dans les mots, de la poésie dans les images, apportent un vrai bol d'air au lecteur qui sort ainsi des sentiers battus du genre littéraire qu'il apprécie.



Janis Otsiemi donne des ailes à cette langue que nous avons en partage , qu'il réinvente et dont il nous régale à travers les dialogues de ses personnages ou les proverbes qui fleurissent au début de chaque chapitre, nous faisant redécouvrir le charme de ses sonorités, la force de ses mots et la magie de ses métaphores.



Un auteur qu'il convient donc de découvrir pour mettre un peu de soleil et d'exotisme dans nos lectures !



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Le festin de l'aube

Le festin de l'aube est un superbe polar qui nous fait vivre deux enquêtes à Libreville en simultanée.



D'un côté les lieutenants Envame et Boukinda de a brigade de recherche enquêtent sur la mort d'une jeune femme que Boukinda a malencontreusement heurté avec sa voiture. La jeune femme a semble t'il été violentée et violée et ce n'est pas le choc avec la voiture qui l'a tuée.



D'un autre côté, Koumba et Owoula, des affaires criminelles, se voient confier l'enquête sur le vol d'armes de guerre dans un camp militaire.



Deux enquêtes passionnantes qui vont, à la moitié du livre, se rejoindre pour n'en former qu'une.



J'ai adoré la plume de Janis Otsiemi que je ne connaissais pas. Les chapitres sont courts et rapides à lire, les enquêtes haletantes, et les protagonistes charismatiques.

Ce que j'ai préféré dans ce livre : à l'ouverture de chaque chapitre, je découvrais un nouveau proverbe gabonais et à chaque fois, je commençais le nouveau chapitre avec un grand sourire.



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Les voleurs de sexe

J'avoue m’être un peu perdu à la lecture de ce polar. Un peu trop de personnages dont j'avais du mal à retenir les noms d'abord. Ensuite je trouve la psychologie de ceux-ci vraiment sous-développée , dommage. Le début est intéressant : le style familier et fleuri donne un coté rocambolesque à l'histoire; puis au fur et à mesure des pages cela s'effrite, comme si l'auteur n'avait pas pu tenir la distance. L'intrigue n'est pas transcendante de suspens. Dommage, j'en attendais plus.
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Le festin de l'aube

Mais qu'est il arrivé aux duettistes des Affaires criminelles de la PJ et de la Direction générale des recherches (gendarmerie) de Libreville? On les avait connus plus dissipés dans African tabloid, amateurs de cuisse tarifée, de deuxième bureau, d'enveloppes bien garnies et de boissons fortes. Les revoilà dans Le festin de l'aube, plus calmes et retrouvant sagement le foyer familial une fois la journée de travail terminée, bons époux et bons pères !



A Libreville, deux événements apparemment sans rapport - la mort suspecte d'une jeune femme et le cambriolage d'un dépôt de munitions de l'armée pouvant déboucher sur une affaire d'état - vont occuper les lieutenants Boukinda et Envame d'un côté et les capitaines Koumba et Owoula de l'autre. Autres temps, autres moeurs, les deux binômes vont collaborer harmonieusement, eux dont les relations antérieures étaient sur la base du "je t'aime moi non plus!"



Janis Otsiemi, après Tu ne perds rien pour attendre, revient à des personnages familiers à ses lecteurs et propose une double enquête mêlant affaire de droit commun et tentative de déstabilisation de la république gabonaise. Le festin de l'aube est un bon roman policier, bien construit avec peut-être toutefois moins de couleur locale que dans les romans précédents. Moins de langage fleuri également, même si l'auteur reste fidèle à l'utilisation de proverbes (de son invention semble-t-il) en tête de chapitre. Une lecture agréable en conclusion, bien que, comme dans Tu ne perds rien pour attendre, Le festin de l'aube manque de cette musique si particulière que j'avais adoré dans Les chasseurs de lucioles ou La bouche qui mange ne parle pas.

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Tu ne perds rien pour attendre

Le style est convenu, l'intrigue sans grande surprise. Je n'ai pas vraiment cru à cette fille d'une nuit, histoire dont personne ne semble remettre en doute la véracité dans ce polar.

J'ai passé une bonne nuit avec Otsiemi. Mais rien de mémorable.

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Les voleurs de sexe

Dans le polar de Janis Otsiemi, les policiers enquêtent sur trois affaires en dix jours: le vol de sexe, les photos du président et le braquage. Les enquêtes se déroulent en parallèle sans nuire à l'ensemble, les personnages évoluent dans un même univers sans contact direct les uns avec les autres. Ce qui m'a fait penser à ‘'Collision'', le film de Paul Haggis qui relate plusieurs évènements qui n'ont aucun lien apparent entre eux sauf le lieu où ils se déroulent. le roman de Janis Otsiemi est construit selon le même schéma, ce qui fait de Libreville le personnage central du roman. En effet, les trois affaires ont pour scène la capitale gabonaise.



Les voleurs de sexe est un roman très sombre et très violent; la plupart des scènes se déroulent la nuit. Cette violence et cette noirceur transparaissent aussi dans les dialogues entre les personnages. L'écriture de l'auteur, teintée parfois d'humour, fait la part belle aux expressions typiquement gabonaises. Ce roman est une plongée dans une face de Libreville inconnue du grand public ; un univers impitoyable où se côtoient flics véreux, grands bandits et petits malfrats sans envergures, opportunistes et naïfs, qui ont tous un point commun : leur envie de s'en sortir et de tirer leurs épingles du jeu dans un pays dominé par un clan. Pour cela, tous les moyens sont bons : corrompre, voler, tromper, mentir, intimider et tuer.



Ce roman n'est pas uniquement un polar, mais c'est aussi une lumière braquée sur les maux qui minent le Gabon : la corruption, le clanisme et la mauvaise gestion de la chose publique. Son auteur nous offre une peinture réaliste de la société gabonaise actuelle.
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Tu ne perds rien pour attendre

Un polar au style scénaristique qui ne s'encombre volontairement pas des états d'âmes des personnages, hormis peut être ceux de Jean-Marc le flic héros qui se fait justicier. On va droit au but, au fil des courts chapitres, l'enquête progresse plutôt facilement et on s'étonne presque que deux ans en amont l'affaire ait pu être classée sans suite. J'ai adhéré sans difficulté à l'intrigue, mais j'aurais aimé me sentir davantage enveloppée par le récit. La moiteur de la nuit, la sueur des gros bras, les chaos de la ville, la poussière de la plage ou l’asepsie de l'hôpital. Les lieux et les personnages sont là, mais il leur manque un petit quelque chose pour les rendre présents, attachants, dérangeants ou détestables. Un bon petit moment de lecture, que j'aurais aimé un poil plus épicé.

SP
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Tu ne perds rien pour attendre

Un polar court et rondement mené. Flic à la Sureté Urbaine de Libreville, Jean-Marc a une vie un peu décousue, entre son tabouret de bar à son nom et sa copine Marie (qu'il a l'air de confondre avec sa femme de ménage).

Mais Jean Marc a un traumatisme, sa mère et sa soeur sont mortes brutalement fauchées sur la route par un nanti, et depuis, il n'a de cesse de vouloir punir les malfrats, à sa manière.

Quand on vient lui demander de résoudre une vieille enquête sur le meurtre d'une jeune femme, il n'hésite pas, prêt à outrepasser l'autorité de son chef, et à faire remonter l'affaire au plus haut niveau de l'Etat.

L'intrigue est assez classique et parfois un peu facile parce que tout se passe comme prévu, par contre, l'auteur restitue une ambiance, un paysage urbain, culturel et musical dans lequel j'ai pris plaisir à suivre l'enquête

Merci à Babelio et aux Editions Plon pour la découverte.
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La bouche qui mange ne parle pas

Dès les 30 premières pages, deux fautes d'orthographe et un mot manquant dans une phrase, ça commence mal… Bon, passons. Je découvre avec cette lecture un vocabulaire gabonais haut en couleurs (une gossette, arriérer (= reculer), motamoter (= apprendre par coeur), un grommologue, un courbon (= virage), ou encore la tétutesse) et des expressions qui donnent parfois le sourire (« une histoire queue de chat », « chercher la bouche », « avoir le bien-être indigène ») dans l'écriture très imagée de Otsiemi. Mais très vite, c'est le trop plein ! Cette succession d'expressions et de formulations imagées (en fait, tout l'écriture est tournée de cette façon) me donnent le tournis et gênent ma lecture… Ajoutez à cela un peu trop de vulgarité à mon goût dans certains passages et vous comprendrez que je ne suis pas franchement séduite.



L'histoire ne me plaît guère plus. Beaucoup de personnages différents (j'ai un peu de mal à suivre), sans profondeur aucune, tous des malfrats aux spécialités diverses (voleurs de voiture, braqueurs de banques, escroqueurs, maîtres chanteurs ou même kidnappeurs d'enfants) ou des policiers en mal de détenus à détrousser ou tabasser.



Pour ne rien arranger, j'ai le malheur de commencer à lire en parallèle Madame Hayat de Ahmet Altan, roman à l'écriture sublime, à l'histoire entraînante et aux personnages attachants… Ma lecture gabonaise n'en parait que plus pauvre… A ce stade, en parcourant quelques critiques de Babéliotes, je veux bien comprendre que certains puissent apprécier la verve de Janis Otsiemi, mais je me dis que, clairement, ses romans ne sont pas pour moi !



Puis, vient la seconde partie du roman. Les expressions et tournures imagées sont réduites à une quantité raisonnable (les notes de bas de page sont d'ailleurs beaucoup moins fréquentes) la lecture est plus fluide, l'histoire se construit et regagne mon intérêt. Néanmoins, pour un roman policier, je n'y ai trouvé aucun suspense, aucun rebondissement et des personnages peu travaillés… l'histoire est plutôt une accumulation de tristes (ou ignobles) forfaits commis par ces voyous sans foi ni loi, parfois pincés par des flics tous plus ripoux les uns que les autres, avec en fil conducteur une corruption gabonaise omniprésente, jusqu'aux plus hautes sphères de l'Etat. le mot de la fin illustre bien la manipulation des médias à des fins politiques. Ces dénonciations de Janis Otsiemi, ainsi que la découverte colorée de vocabulaire et expressions gabonaises, auront été pour moi les intérêts principaux de cette lecture.
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