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Critiques de Jean Carrière (54)
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L'épervier de Maheux

En 1972, Jean Carrière nous a livré ce chef d'oeuvre. Livre de terroir (nous sommes dans un hameau perdu dans la Lozère), roman de moeurs paysannes, mais aussi oeuvre philosophique sur l'homme et sa destinée. Il y a tout d'abord une écriture magistrale (l'auteur peut nous décrire sur 60 pages l'hiver autour de la maison), riche, colorée: une description époustouflante de cette campagne désolée. Et puis un drame humain: une famille pauvre, tiraillée entre l'envie de s'en sortir (donc de partir) ou de rester, en faisant face à l'adversité des lieux et des situations. Un couple malheureux, maladroit et aigri, enfermé dans l'impasse de sa solitude; et l'homme qui va, jusqu'à l'aveuglement, travailler, se tuer à la tâche, dans un but absurde et vain. C'est superbe, et beau. De plus, ne nous voilons pas la face: le sisyphe campagnard dont nous parle J.Carrière, il peut tout aussi bien être urbain. C'est un peu chacun de nous. Le terme de nos vies sera bien le même, et aurons-nous construit davantage?
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Les années sauvages

1972, Jean Carrière connait la gloire avec "l'épervier de Maheux", il a 40 ans et c'est le prix Goncourt, la course aux salons littéraires, aux plateaux de télévisions et à la violence d'une société parisienne en mal de nouveauté vite oubliée.Les critiques toujours empressés de mettre les gens dans de vilaines petites cases le déclarent "écrivain régionaliste" ce qui est faux et malheureusement occultera toute son oeuvre future.

Il lui faudra plusieurs décennies pour s'en remettre, cloîtré chez lui dans son cher pays cévenol, entouré de souvenirs d'enfances illuminés par la musique et le parfum de la garrigue. Après sa traversée du désert , Jean Carrière écrit avec une sérénité retrouvée " Les années sauvages". Ces années avant l'âge adulte celles qui nous font un trou au coeur lorsqu'on y pense, celles ou l'on est pas tout à fait adulte, encore enfant.

Et c'est bien d'enfance dont nous parle cet écrivain merveilleux, à la plume si fragile, délicate, qui nous raconte les premières fois "tout n'existe qu'une seule fois, la première.Tout est brûlé par l'émerveillement que j'ai connu autrefois, dans ce paradis, avant mes dix-sept ans. Depuis c'est l'enfer."

Le héros, éternel "adulescent", va raconter au seuil de ses 50 années bien entamées, les chemins empruntés, perdus, ratés, oubliés entre deux dates :ses 15 ans en 1944 et sa rencontre avec une très jeune femme en 1980, qui servira de catalyseur aux souvenirs perdus et regrettés.

L'écrivain répétait souvent ce vers de René Char: "Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir "

Et c'est exactement à cela que s'acharne le personnage (auto-biographique) "des années sauvages".



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L'épervier de Maheux

Même si le lecteur déplore quelques longueurs, L’épervier de Maheux est un très bon moment de littérature. Le style, la dimension mythologique et biblique, le cadre donnent une puissance au récit. Nous sommes dans les années 50 dans le Haut-Pays cévenol : « Les vieux meurent, les enfants s’en vont, les maisons se ferment : voilà son histoire. », un milieu très hostile tant par son relief que par ses écarts de température, on y voit la misère des choses, « roman de l’homme face au silence de Dieu ».

Depuis 1808 , les Reilhan, des huguenots, se sont fixés à Maheux, un hameau qui se dépeuplera. Reilhan le Taciturne né en 1895 épouse une lointaine cousine séduite par les lettres enflammées de son cousin. Les désillusions suivent. L’épouse découvre que son fiancé a tout simplement recopié des formules piochées dans de vieux journaux. Abel naît en 1922, Samuel-Joseph en 1931.Le père est mobilisé, revient de la guerre, les Cévenols entrent en résistance. Abel Reilhan sauvage et solitaire se cache des Boches pendant de longs mois dans une borie. Les Reilhan ont à trouver des réponses immédiates aux problèmes quotidiens de survie, ils sont enfermés dans le concret et se méfient de l’abstrait, la mère devient « une créature silencieuse » , complice toutefois avec Joseph, longtemps alité après sa chute. Tandis qu’Abel épouse Marie Despuech ,Samuel-Joseph est au service d’un pasteur. L’incompréhension est grande entre Abel qui s’obstine à faire des tâches inutiles et Joseph beaucoup plus ouvert au monde.
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L'indifférence des étoiles

« Comment le sens pourrait-il atteindre l’indicible ? » (p 179)



On retrouve un peu le Jean Carrière de « Retour à Uzès » avec ces flots intérieurs qui se déversent dans des tourbillons torturés. Mais le propos s’est décentré sur un personnage extérieur bien construit. Le style, du reste, a changé. Il s’écoule, fluide, dansant, en phrases incroyablement longues, à lire au fil de l’onde…



« Peut-être faut-il avoir tout perdu et être démuni de tout ce qui donne un sens à la vie pour que l’écriture obtienne la force nécessaire à l’envie de tout repêcher dans les profondeurs de notre naufrage. » (176)



C’est un roman complexe, porté par ce questionnement sur le temps récurent dans le travail de l’auteur, mais nourri aussi de pages flamboyantes et transcendantes sur la plénitude, la création et la quête d’absolu.



« Il me fit part avec véhémence d’une théorie selon laquelle la littérature n’était qu’un art mineur, puisque contraint par la nécessité d’être accessible à une majorité de lecteurs. Selon lui, la seule façon d’échapper à ce carcan, était : premièrement de n’avoir aucune ambition sociale, deuxièmement de faire comme si l’on s’adressait au seul interlocuteur qui vaille, même si l’on n’était pas assuré que cet interlocuteur existât : Dieu en personne. » (179)



Jean Carrière n’épargne pas son public – Dieu a-t-il besoin d’être ménagé ? Il tourne autour du nombril de Gabriel et des « cloaques métaphysiques où il se complaisait » rageur, cherchant à défendre ses visions, avec des mots chargés d’idées, des paragraphes un tantinet larmoyant, des phrases étouffe-lecteur. Mais quand on survit à cette littérature, à « cette sublimation forcenée des êtres et des choses », on se trouve enlacé par un élan extraordinairement habité et vivant. On prend la mesure de ce qu’a dû vivre cet homme, dont les livres sont pour une grande part des déchirures autobiographiques.



« Il n’y avait sans doute pas deux personnes au monde aussi riches que lui : il possédait tout et tout le possédait. Il n’avait besoin que de respirer, de voir, d’entendre, et de goûter la saveur alerte et épicée de l’air qui touchait son visage et lui apportait toujours des nouvelles fraîches des quatre coins de son univers. » (82)



J’ai eu du mal à m’en extirper…
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La Caverne des pestiférés

Plutôt qu'une critique voici la fiche signalétique du héros principal du roman. ça pourrait être une idée d'avoir une case réservée à cet effet.



Nom : Jourdan



Prénom : Julien



Date de naissance : 42 ans en 1835



Études : de droit



Culture : connait l'histoire de Robinson Crusoé et de Gulliver de Swift



Domiciles : Nîmes - Paris à partir de 1818 - grotte des Aires de Comeizas à partir de juillet 1835



Profession :

- à ses débuts clerc de notaire à Narbonne

- courtier dans l'affaire de son beau-père à Paris



Mariage : mariage de raison avec Thérèse Borelli - brune - sans enfants



Vie sentimentale :

- aventure d'une nuit le 2-3 juillet 1835 avec Marie, employée du Dr Moraud d'Uzès -



Père :

- proche de son fils

- courtier en grain

- mort en 1828 à 57 ans, des suites d'une chute du sommet d'une échelle de meunier

- mécontent de la Restauration des Bourbon.



Mère :

- morte en 1830 à Nîmes de chagrin causé par la mort de son mari

- d'origine paysanne



Famille :

- Marie-Jeanne sa tante - certainement la propriétaire d'une gentilhommière à Navas vendue en 1820.

- une de ses grands-mères d'origine noble.



Relations :



- Dr Moraud, d'Uzès - célibataire - 67 ans en 1835



- Georges Déverlange: propriétaire d'une importante filature - orléaniste -



Communauté ou colonie des Aires de Comeizas : 27 personnes dont 5 enfants.



- Huart, Jean-Baptiste : capitaine d'artillerie - cordonnier - célibataire



- Monge, Louisette : 23 ans - relation avec Julien



- Alice Reynaud - native d'Aubagne



- Abelin, Marie-Louise : relation avec Huart



- Linsolas, René : coiffeur -



- Maurin, Louis : tanneur -



- Jules Brun - originaire de Toulon - ex-sergent d'infanterie - calfat - menuisier à la Baume.



- Espuch, Désiré



- Jacques Ardusson - voyageur de commence -



- Françoise Boué



- Vve Boué Georgette, mère de Françoise



Opinion religieuse : athée



Finances :

- Est venu vendre sa maison de Nîmes car ses affaires ont besoin d'argent frais.

- deux louis après son accident

- emprunte 20 louis au Dr Moraud -



Animaux : emprunte un cheval au Dr Moraud qu'il abandonne aux abords de Nîmes puis en reçoit un de Déverlange, qui lui est pris au moment de sa mise en quarantaine -



Propriété : a hérité à Nîmes, de ses parents d'une maison avec cour intérieure.



Santé : blessé à l'épaule et au bras gauches, au front au cours d'un accident avec une berline.



Décès : 3-10-1836 grotte des Aires de Commeizas
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La Caverne des pestiférés, tome 2 : Les aires..

Tome 2 de La caverne des pestiférés dans lequel le groupe qui a fuit le choléra déclaré en Provence coule des jours heureux sur les aires de Comeizas, dans les hauteurs des plateaux cévenols et forment une communauté dont l'on suit le quotidien avec plaisir. Mais, les habitants des environs ne peuvent admettre cette présence "étrangère" sur leurs terres et le drame surviendra. Toujours d'actualité cette mise en scène par Carrière des pires côtés de l'âme humaine. On se plaît néanmoins à parcourir les chemins des Cévennes, à respirer à travers les pages les essences de la garrigue, tout en suivant les destinées de ce groupe sauvé du choléra mais pas de ses semblables.
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Le nez dans l'herbe

Jean était un de mes auteurs préféré, un de ceux qui savaient exprimer à la fois la nature et les réflexions métaphysiques qui meublaient sa réflexion. C'est donc tout naturellement le nez dans l'herbe qu'il revient sur sa vie, son enfance, ses livres dont ce fameux Goncourt qui l'a chamboulé. De belles références à julien Gracq, Jean Giono, ces écrivains exceptionnels que nous devrions tous lire. J'ai lu ce nez dans l'herbe un peu comme un message de vie de la part de jean Carrière et je l'ai adoré, écouté et pratiqué.

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L'épervier de Maheux

Merci de ne pas passer à côté de ce très beau petit livre, qui ne s’avantage pas et qui se mérite.
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L'âme de l'épervier : Retour à Uzès ; L'Epervier de..

Les éditions Omnibus ont fait un beau travail d’édition avec cette anthologie des romans de Jean Carrière. L’occasion pour moi, après l’éblouissement né de la lecture de “L’épervier de Maheux” de plonger complètement dans l’univers de cet écrivain qui répond intimement à toutes mes attentes littéraires. Lire Carrière et mourir…



Un format pratique pour une anthologie qui renferme pas moins de 5 livres. Mais papier bible et petite typographie – attention les yeux !



Deux préfaces ouvrent la lecture. Elles se réfèrent toutes deux au milieu de l’édition. J’aurai préféré quelque-chose de plus simple, de plus tendre, de moins professionnel, qui nous parle de l’homme. Mais ce premier volume est résolument axé autour du prix Goncourt.



Le passage entre “Retour à Uzès”, publié en 1967, et “L’épervier de Maheux”, de 1972, est stupéfiant. On assiste à la naissance d’un écrivain. Du flot libre de sensations à l’incarnation construite et mise en scène, l’écriture n’en acquiert que plus de force. Passage du narcissisme au don d’un roman au lecteur, à une histoire signifiante, à une sortie de soi-même, à des personnages.



L’ensemble donne une impression de grande cohérence. La vison intérieure de l’écrivain chemine, se développe, sombre parfois, mais surnage toujours. L’homme semblait habité d’une grande intégrité et d’un espace intérieur riche et constamment en mouvement – bien que souvent difficile à gérer.



Les doubles pages introduisant les différents livres, les documents additionnels et la chronologie très détaillée de la vie de Jean Carrière qui ferme le volume, complètent l’ensemble avec bonheur. On referme le volume avec la sensation d’avoir approché l’écrivain de près. Un bel hommage.
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Le nez dans l'herbe

Il est émouvant de découvrir un livre d’entretiens (arrangés, réécrits) de cet écrivain que j’imaginais farouche. Jean Carrière s’y livre avec franchise et dévoile des larges parts de son intimité.



Il revient sur son enfance marquée par la musique, qui ouvrit très tôt chez lui de vastes espaces intérieurs. Ils lui insufflent la vocation d’écrire et de courir les collines à la recherche « d’autre chose ».



« J’avais pris la mesure de ma vraie vie » (708)



« Un goût effronté et total de l’existence en soi. »



L’homme des bois questionne la vie dans son essence, cherche le lien entre l’homme et l’insaisissable, le « point de non-départ ». Il y a une grande cohérence entre son être et ses écrits. L’homme est intègre, a toujours évolué en dehors des carcans. Il a porté sa sensibilité à fleur de peau dans le monde avec douleur et flamboyance. Et ce n’est pas une mince affaire que de porter son intégrité à bout de bras dans un monde qui ne valorise guère ce genre de démarche. Comment naviguer entre naissance et mort tout en restant un être humain à part entière ?



« C’est précisément à partir de la mort que tout reste à dire sur la vie. » (857)



J’ai retrouvé la trace des romans que j’ai aimés : la combe, la caverne sont évoqués. Il vaut mieux avoir lu « Retour à Uzès » et « L’épervier de Maheux » pour vraiment apprécier l’entièreté de l’ouvrage. Sa démarche d’écrivain se dévoile. La naissance d’une métaphysique des grands espaces. Il a finit par donner naissance à une littérature qui reflète la réalité extérieure à l’homme, les pierres, le vent, cette matière qu’il respectait tant chez Jean Giono.



Dense, riche, un concentré de force, un livre de chevet.
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L'épervier de Maheux

Un roman poétique et sordide tout à la fois. L'histoire d'un homme solitaire et farouche qui vit dans les Cévennes, territoire rude mais d'une extrême beauté. Prenant.
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La Caverne des pestiférés

J’ai découvert un pan de l’histoire des Cévennes que je ne connaissais pas plus que cela. La propagation du choléra de l'année 1835 a été terrible. D’autant plus effrayante qu’à l’époque on en ignorait les tenants et les aboutissants. Dans les villes, c’était le sauve-qui-peut généralisé. On brûlait des fagots de genévrier pour désinfecter les rues de Nîmes. Ce qui, vu du vingt-et-unième siècle, paraît à la fois censé et dérisoire.



Jean Carrière tire de cet épisode historique et de quelques documents d’archives le récit d’une aventure communautaire hors norme. Du rassemblement d’un groupe de personnes cherchant un refuge hors de portée de la maladie, il brode un pied-de-nez à la bourgeoisie, bouscule l’ordre social.



“Ignorant que ce geste symbolique allait sanctionner une des aventures les plus audacieuses de cette ère si bourgeoise et si pantouflarde.” (457)



Cette communauté sauvage s’installe dans une grotte sur le Mont Aigoual. J’ai retrouvé des coins que je connais. J’ai essayé de repérer le parcours de la communauté sur une carte, mais Jean Carrière se joue un peu de la géographie. On apprend au passage quelques techniques de survie. Quelques recettes d’expert en gastronomie de détresse. Comment manger les radis sauvages et le cœur des chardons. Comment accommoder les corneilles en ragoût. Comment cuisiner un renard en le faisant mariner dans du vin.



Par l’intermédiaire de ses personnages principaux, l’auteur cherche la sève de la vie, l’huile essentielle de l’existence. En état d’ébriété mentale, il essaie de retrouver la qualité de perception de l’enfance, “son besoin d’infini, comme lié à la portée de sa vue et à l’ampleur de sa respiration.” Il ne peut s’empêcher de “parler des solitudes monstrueuses, des lagunes gelées qui s’étendaient à perte de vue au nord de sa pensée habitable.”



Sur la fin, le chevauchement passé/présent est parfois confus. Le roman est trop long. On retrouve ce qui fait à la fois la force folle et inspirée et le défaut des romans de Jean Carrière : sa recherche quasiment psychanalytique, son implication personnelle dans les personnages. On le reconnaît à tous les coins de rue.
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Retour à Uzès

Si on souhaite découvrir les livres de Jean Carrière, il vaut mieux ne pas commencer par celui-ci. Ce premier roman écrit d'un jet, en l'espace de trois semaines, tend vers l'autofiction douloureuse. Sa lecture est laborieuse. L'écriture superbe de Jean Carrière est déjà là, en latence. Des justesses, vite gâchées par des phrases inutilement compliquées au sens à déchiffrer. J'ai souvent décroché, survolé, papillonné.



Ce qui met mal à l'aise, c'est peut-être cet aspect de de confession déguisée, trop intime, trop interne. Les formes romanesques, cadre, personnages, sont floues, peu définies et manquent de solidité. Le carnet intime de Manuel et la lettre d'Isabelle ont des airs de procédés artificiels. Qui écrirait une lettre pareille à une inconnue ?



On se trouve face à une succession de souvenirs, de sensations, de pensées, de doutes existentiels. Manuel est un être indécis et flottant, étranger à la vie, hanté par l'attachement à une enfance idéalisée. Il se perd dans des "abstractions prétentieuses", une certaine complaisance dans la souffrance, un narcissisme larmoyant qui provoque "l'enlisement funèbre de la pensée dans ses propres replis". C'est lourd.



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Jean Giono

Jean Carrière fut un écrivain estimable et , un temps , proche de Giono . Son ouvrage consacré au maître de Manosque tire son prix de cette proximité mais aussi du fait qu’il n’est d’aucune manière tenté par l’hagiographie . Il sait à quel point Giono fut un fabuleux fabulateur et ne se laisse pas trop prendre à ses tours de passe-passe. Par contre son admiration pour l’œuvre et la connaissance qu’il en a font le prix de ce livre , le meilleur avec celui de Pierre Citron ( et aussi certains textes de Pierre Magnan ) . 6 chapitres : Ulysse/Moby Dick/Le guérisseur/L’économie du bonheur/Mort d’un personnage/Entretien Giono/Carrière/ plus des annexes et de nombreuses photos.
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Retour à Uzès

J'aime Carrière et, si je reconnais que ce retour à Uzès est un peu complexe, j'y retrouve les grandes préoccupations de son auteur, ses interrogations et ses regrets du passé. Dès lors, j'adhère mais je ne suis peut-être pas objectif tant j'idolâtre cet auteur.
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L'épervier de Maheux

Le prix Goncourt en 1972.

Quelle belle idée ce serait de ressortir ce roman en librairie. Le récit nous rend perceptible à une atmosphère tragique d'une France anachronique dans les Cévennes, l'ingratitude d'une saison brûlante en été, glaciale en hiver, dabs un petit village où les vieux dans les fermes meurent seuls. La terre des huguenots, les fermes abandonnées une à une par ses habitants. L'histoire d'Abel Reilhan qui se bat contre la dureté du ciel et de la terre en creusant un puit pour faire jaillir une eau qui n'existe pas, un combat perdu d'avance. Et ce rapace, un épervier à l'incessant tournoiement fascinant le pauvre Abel, lui l'oiseau: il attend sa prochaine proie...

Abel mourra vaincu, mais peut-être y a t-il dans sa défaite, une mystérieuse victoire qui nous échappe. Nous ne connaîtrons jamais le secret.

À lire, ou à relire ce fabuleux Goncourt.
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La Caverne des pestiférés

Roman magnifique empli d'un message relatif à la vie difficile mais heureuse d'une communauté restreinte malheureusement vouée à l'échec en fin de parcours. Roman métaphorique de notre époque actuelle où la vraie vie d'amour et de beauté tend à disparaître. Un oeuvre magistrale portée par un souffle épique rare et magique.

Michel Moulin Lyon
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L'épervier de Maheux

Une certaine lecture d'une région des Cévennes riche en bruyère sur ces coteaux fin août, terre farouche du côté de Trabassac, haut-lieu des Camisards de Jouany et Roland.

Épopée rude et aride d'un monde de lumières accablantes et ténébreuses des tourments d'êtres mi-homme, mi-bête, obstinées, butés enfouis dans les profondeurs insondables de leur détresse d'être né en un monde hallucinatoire ...
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L'épervier de Maheux

Je suis tombée sur ce livre dans une brocante, et c'est le bandeau (à l'époque, imprimé directement sur la couverture) "Prix Goncourt" et la date, 1972, qui m'ont décidé à l'acheter. J'étais curieuse de lire un auteur de cette époque où je n'étais pas née, qui plus est récompensé. Et particulièrement sur le sujet en question ici, on ne peut plus actuel. Quel dommage que Jean Carrière soit mort au début de ce nouveau siècle et n'ai pu témoigner de ce qu'il décrit si bien? Les descriptions du paysage sont magnifiques, elles nous donnent envie tant d'y être que d'en fuir à toutes jambes. J'ai mieux accroché à la deuxième partie, mettant en scène cet homme qui va creuser dans la montagne pour fuir son quotidien stressé par la productivité monnayée et retrouver la terre. La terre, la nature, sa violence et sa grandeur face à l'homme qui est tout petit et qui s'y plie. Voilà, pour résumer, de quoi il est question dans ce roman. L'homme, face à elle, ne peut que s'adapter, ou partir. C'est magistral, indispensable.
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Joseph, Noémie, Célestin et autres paysans d'Ar..

Editées en 1976, de très belles pages de l'écrivain Jean Carrière et du photographe Michel José qui rendent hommage aux derniers paysans montagnards de haute Ardèche, au courage tranquille, ces êtres à l'écorce pourtant bien trempée, pour qui la vie est rude, du lever du soleil à son coucher. De superbes photographies à l'atmosphère des peintures de Brughel.
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