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EAN : 9782710300434
256 pages
La Table ronde (22/01/1981)
4.67/5   3 notes
Résumé :
[Introduction au texte dans la compilation des œuvres de Jean Carrière publiée aux édition Omnibus]

"Montaigne se serait-il confié au magnétophone ?" s'interroge Xavier Grall dans Le Monde. En effet, le genre littéraire est bâtard, voué à osciller entre les Mémoires classiques et l'interview complaisante. Le Nez dans l'herbe qui paraît en 1981 à La Table Ronde, dans la collections Profils dirigée par Maurice Chavardès, parvient à échapper aux défauts ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il est émouvant de découvrir un livre d'entretiens (arrangés, réécrits) de cet écrivain que j'imaginais farouche. Jean Carrière s'y livre avec franchise et dévoile des larges parts de son intimité.

Il revient sur son enfance marquée par la musique, qui ouvrit très tôt chez lui de vastes espaces intérieurs. Ils lui insufflent la vocation d'écrire et de courir les collines à la recherche « d'autre chose ».

« J'avais pris la mesure de ma vraie vie » (708)

« Un goût effronté et total de l'existence en soi. »

L'homme des bois questionne la vie dans son essence, cherche le lien entre l'homme et l'insaisissable, le « point de non-départ ». Il y a une grande cohérence entre son être et ses écrits. L'homme est intègre, a toujours évolué en dehors des carcans. Il a porté sa sensibilité à fleur de peau dans le monde avec douleur et flamboyance. Et ce n'est pas une mince affaire que de porter son intégrité à bout de bras dans un monde qui ne valorise guère ce genre de démarche. Comment naviguer entre naissance et mort tout en restant un être humain à part entière ?

« C'est précisément à partir de la mort que tout reste à dire sur la vie. » (857)

J'ai retrouvé la trace des romans que j'ai aimés : la combe, la caverne sont évoqués. Il vaut mieux avoir lu « Retour à Uzès » et « L'épervier de Maheux » pour vraiment apprécier l'entièreté de l'ouvrage. Sa démarche d'écrivain se dévoile. La naissance d'une métaphysique des grands espaces. Il a finit par donner naissance à une littérature qui reflète la réalité extérieure à l'homme, les pierres, le vent, cette matière qu'il respectait tant chez Jean Giono.

Dense, riche, un concentré de force, un livre de chevet.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Jean était un de mes auteurs préféré, un de ceux qui savaient exprimer à la fois la nature et les réflexions métaphysiques qui meublaient sa réflexion. C'est donc tout naturellement le nez dans l'herbe qu'il revient sur sa vie, son enfance, ses livres dont ce fameux Goncourt qui l'a chamboulé. de belles références à julien Gracq, Jean Giono, ces écrivains exceptionnels que nous devrions tous lire. J'ai lu ce nez dans l'herbe un peu comme un message de vie de la part de jean Carrière et je l'ai adoré, écouté et pratiqué.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Parmi les plantes avec lesquelles je fis plus ample connaissance, le thym, en tant que représentant symboliques des garrigues, avait tout pour me séduire. Mon père ne tarissait pas d'éloges sur ses vertus innombrables, curatives et gastronomiques. Son nom lui-même, où entrait un parfum de sacré, restituait merveilleusement sa couleur grise, son arôme salubre et énigmatique, ses propriétés sanctifiantes. Son infusion, enrichie d'une gousse d'ail et d'une lumière d'huile d'olive, qui mariait la douceur et la force des baumes, luttait victorieusement contre les maladies les plus redoutables et, prise régulièrement à jeun, garantissait une longue et florissante vieillesse. De plus, le thym appartenait à ces espèces végétales qui arborent en toute saison la verdure du perpétuel été qui les habite. Cades, romarins, lauriers, ifs, cyprès, pins d'Alep, kermès, toutes les essences de la garrigue jouissaient de ce privilège. Il y avait dans ces noms une volupté austère qui me fit penser à l'immortalité.
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Cette ascèse de la création consiste en effet à moins dévorer le monde qu'à l'adorer. A en jouir au second degré. L'expérience de l'écriture montre à quel point une certaine satiété, ou satisfaction immédiate des besoins, peut être néfaste à ce don merveilleux de pouvoir parler des choses tout en y renonçant, et peut-être grâce à ce renoncement. Il est également vrai que l'artiste parle encore mieux de ce qui lui manque que de ce qu'il possède. (800)
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Le roman est là pour prendre le relais, et fournir à notre état civil les violences, les péripéties, les démesures qui lui conviennent et qui sont finalement les siennes, mais irréalisées, à l'état d'ébauche. En transposant nos balbutiements dans le définitif, l'achevé, la réalisé, le roman donne à notre destin les dimensions et la densité que la vie lui refuse, et il devient un acte de notre vie, il s'incorpore à notre vie, il ne nous délivre de rien, il nous prend en charge là où nous ne sommes plus capables de le faire nous-mêmes. (765)
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Vidéo de Jean Carrière
Jean Giono, du côté de Manosque. entretiens avec Jean Carrière
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