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Critiques de Jean-Christophe Rufin (3266)
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Check-point

Hiver 1995.

Un convoi humanitaire part de Lyon en direction de l'ex-Yougoslavie.

Cinq convoyeurs, deux camions, et une ambiance en chape de plomb.

Comme s'ils étaient peu à peu contaminés par les villes dévastées et par ces contrées morcelées qu'ils traversent, les cinq personnages de Check-point perdent peu à peu leur vernis social pour laisser filtrer leurs secrets et leurs blessures.

Curieuse sensation de lire un huis-clos, oppressant, souvent pénible, alors qu'il s'agit d'un récit de voyage.





Sur les dessous de la grande machine humanitaire, Jean-Christophe Ruffin livre une vision désenchantée qui laisse peu de place à la lumière.



Challenge Multi-défis 2017
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Le Grand Coeur

Toutes les conditions sont réunies pour que j’aime ce livre :

- C’est un roman historique qui évoque la fin de la guerre de Cent ans, début d’un vaste mouvement de progrès, de désir de s’affranchir de la gangue de la chevalerie et de la féodalité

- Le héros, Jacques Cœur, est un homme qui vise le rêve, « un monde de lumière, de paix, d’échange et de travail, un monde de plaisir où le meilleur de l’homme trouve à s’exprimer autrement qu’en inventant de nouveaux moyens de tuer son semblable », et tout cela par le commerce, « l’échange qui unit tous les êtres humains. Par-delà la naissance, l’honneur, la noblesse, la foi, toutes choses qui sont inventées par l’homme, il y a ces humbles nécessités que sont la nourriture, la vêture, le couvert, qui sont obligations de la nature et devant lesquelles les humains sont égaux »

- Il y a l’amour, particulier, unique, pur, qui unit Jacques Cœur et Agnès Sorel, la belle et jeune maitresse de Charles VII

- Et il y a les voyages, vers l’Italie, l’Orient, les mers, l’accès à toutes les beautés

- Enfin, l’écriture de Rufin se déguste, se lit et se relit avec gourmandise, d’autant plus qu’elle est émaillée de réflexions très pertinentes sur la nature humaine, sur le commerce, sur l’art, sur l’amour, sur le pouvoir...



Oui, toutes les conditions étaient réunies pour que j’aime ce livre. Mais je n’ai pas été captivée par cet homme au nom particulier, puissant mais peu charismatique, attachant mais taciturne. La narration de sa vie, alors qu’il en est au crépuscule, sur une petite île grecque, m’a paru un long, un interminable discours sans aucun dialogue. J’en suis la première désolée, car j’attendais beaucoup de cette plongée dans le Moyen-Age finissant, à l’aube d’une transformation qui allait s’étendre sur le monde. J’attendais la vie, les détails quotidiens qui permettent à la réflexion de s’enraciner.

J’ai suivi gentiment, pas à pas, la narration sans heurts de ce grand Cœur, qui pourtant avait besoin de passion « pour délivrer l’esprit de la tyrannie du présent ».

La passion, je ne l’ai pas ressentie, ce Cœur ne m’a pas emportée.

Dommage.

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Le collier rouge

Mais qu'a donc fait ce prisonnier pour être arrêté ???

Je me suis posée la question dès les premières pages. La réponse n'est dévoilée que dans les dernières pages.

Une anecdote à la base d'un petit roman. Mais l'impact est grand et nous questionne fortement sur la guerre, quelle qu'elle soit..., sur l'humanité, la fierté, l'orgueil, la fidélité...

Merci M. Rufin pour ce témoignage touchant.
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Check-point

Avec ces deux camions qui roulent dans un environnement périlleux, Check-point fait parfois penser au Salaire de la peur. Dans un autre contexte, avec quatre personnages qui doivent se supporter (dans tous les sens du terme mais surtout celui de ne pas céder à la haine). Avant tout, le dernier Rufin est un roman d'aventures haletant, gorgé de suspense et de péripéties, même s'il présente des individus que l'on pourrait juger archétypiques mais dont l'auteur sait révéler les failles et nuancer les portraits pas aussi orthodoxes qu'il y parait de prime abord. La Bosnie est une toile de fond idéale : non seulement Rufin connait le terrain comme sa poche mais elle sonne aussi d'une certaine façon le glas de l'idéalisme humanitaire. Rufin y a cru comme beaucoup, avec la naïveté de ceux qui à défaut de changer le monde voulaient panser ses plaies en toute sincérité. Mais l'engagement a changé de forme, ce qu'explique l'auteur dans sa post-face. Ceci dit, il ne prêche pas, ce n'est pas son genre et le lecteur et, plus globalement, les êtres doués de raison et de convictions que nous sommes, n'ont aucune obligation de le suivre totalement dans son analyse. Mais on peut y réfléchir, bien sûr que oui. Comme dans la plupart de ses livres, il y a deux aspects dans Check-point : le romanesque, allègrement et brillamment illustré ; le philosophique (ce n'est pas un gros mot) suggéré, argumenté mais non point asséné. C'est pour ce respect de l'avis des autres et l'absence de prosélytisme que l'on aime l'écrivain et l'homme Rufin.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Le collier rouge

Jacques Morlac, ancien poilu décoré de la Légion d’honneur, enfermé dans une cellule, attend sa condamnation dans un petit village du Berry. Dehors, son chien Guillaume, maigre et couvert de blessures, jappe nuit et jour à la porte de la prison.

Mais le juge Hugues Lantier du Grez, chargé d’instruire cette affaire est un homme qui doute et s’interroge avant de retourner à la vie civile et le jeune accusé va lui donner du fil à retordre.

On ignore quel est le motif d’accusation, ce qui rend d’autant plus mystérieuse la relation de Jacques Morlac avec son chien. Et puis il y a l’énigmatique Valentine, une femme cultivée, paysanne à la vie rude qui attend Jacques…

Ce court roman intense au style efficace et sobre est un huis clos étouffant dans la chaleur écrasante de l’été 1919.

Inspirée de faits réels, cette histoire bouleversante est une belle réflexion sur la fidélité aux engagements et aux idéaux mais aussi sur la brutalité et l’absurdité de la guerre.

Jean-Christophe Ruffin porte un regard humaniste et lucide sur les hommes et la justesse des dialogues et des descriptions des personnages fait déjà rêver à une adaptation cinématographique.

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Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi

Je me suis perdue en cours de route...

Abandon définitif? Pas forcément, difficile de lâcher le bâton de pèlerin et de dire qu'on a capitulé pour de bon mais ce livre ne correspondait pas à mes besoins du moment!

Une randonnée ni mortellement ennuyeuse ni immortellement impérissable...

J'y reviendrai... Plus tard... Quand l'eau aura coulé sous les ponts... Ou pas...
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Sept histoires qui reviennent de loin

Un livre que j'ai trouvé moyen, ayant lu "Rouge Brésil" du même auteur et l'ayant classé comme un coup de coeur, je suis déçue par ces sept nouvelles. Dans ce recueil ma préférée restera "Le refuge del pietro", mais sans plus... pas de véritable engouement pour ce livre. Je reste sur ma faim.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Le Grand Coeur

Un excellent roman historique analysant avec finesse cette période troublée où le royaume de France aurait pu sombrer sous le choc des guerres menées par les Anglais et les Bourguignons. Vinrent Jeanne d’Arc, le sacre de Charles VII et bien sûr Jacques Coeur sujet du livre- et du Roi. Un style fluide mais foisonnant, un vrai talent d’écriture, une lecture aisée et rapide de ces-pourtant- 592 pages. Tout est vrai, seule la relation entre Jacques Coeur et Agnès Sorel, maîtresse -pour la première fois- officielle du roi semble plus romanesque qu’ historique. Une mine d’informations sur cette période de notre moyen-âge qui a vu la fin de la chevalerie et des croisades et où les richesses de l’orient et l’influence majeure du Quattrocento italien en particulier dans la Florence des Médicis vont faire exploser le commerce, véritable vecteur de paix mais aussi l’art, porté par le mécénat des puissants. Une superbe fresque, une aventure épique, un décryptage éblouissant de la politique européenne!
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Les Flammes de pierre

En fin d'ouvrage, Jean-Christophe Rufin écrit : "Je tiens à remercier d'abord Sylvain Tesson. Jamais avare d'idées farfelues, c'est à lui que je dois d'avoir gravi l'aiguille de la République en compagnie d'une arbalète et de Cathy Simond, arrière-petite-fille du célèbre Joseph, premier conquérant de ce magnifique sommet."

Cette arbalète visible sur la photo en couverture, ainsi que celui qui n'est « jamais avare d'idées farfelues » et que j'apprécie tant : c'est certain, je vais me régaler !



Quatre amis, dont l'auteur et Sylvain Tesson, partent à la conquête de l'aiguille de la République dans le massif du Mont-Blanc et pour pimenter leur ascension, ils ont décidé d'utiliser la méthode ancienne : lancer une corde par-dessus le sommet à l'aide d'une arbalète. Tellement plus original et amusant qu'une escalade classique !

Chemin faisant naissent des discussions échevelées sur l'alpinisme, sur la littérature de montagne, Premier de cordée et Les conquérants de l'inutile entre autres.

J'aime cette ambiance, cette camaraderie dans l'effort en altitude, ces échanges joyeux. J'aime aussi les quelques descriptions qui s'intègrent bien dans le récit :

"La montagne, pour cette occasion, nous avait offert de merveilleux cadeaux : un refuge presque vide en cette fin de septembre, qui bradait ses dernières tartes aux myrtilles ; un départ nocturne dans une harmonie de bleus, celui, d'encre, du ciel étoilé et jusqu'à la réverbération pastel de la glace dans le faisceau de nos lampes frontales ; une température relativement douce pour une fin de nuit en haute montagne."



Le hic, c'est que tout ceci ne concerne que l'introduction, et prend fin à la page vingt-cinq.

Après, le livre bascule dans tout autre chose.



Après, arrivent Rémy et Laure.

Le guide beau gosse tout bronzé qui joint l'utile à l'agréable en enchaînant les aventures avec ses clientes et la businesswoman parisienne qui vient de temps à autre loger dans les appartements de ses riches amis et s'offrir un peu de frisson montagnard.

Devinez-vous ce qui va se passer ? Allez, un tout petit effort... ou même, pas d'effort du tout tellement le scénario est prévisible. Du coup, je ne dirai rien de plus.



Quelle banalité affligeante, quelle guimauve sucrée et écœurante, j'ai cru être dans un mauvais téléfilm.

J'ai poursuivi vaillamment ma lecture, espérant que l'on revienne à quelque chose de plus intéressant... en vain.



Je connaissais la passion de l'auteur pour la montagne, je l'avais déjà entendu parler de ce sujet et lorsque j'ai appris qu'il avait franchi le pas, qu'il avait écrit son "roman de montagne", je me suis réjouie de cette lecture à venir.

Hélas, je n'aurais pas dû m'enflammer ainsi, la déception a été à la hauteur de l'attente.

Ce roman n'a éveillé aucune passion en moi ; ces flammes se sont avérées bien faiblardes, je ne leur accorde que le statut de toutes petites braises.



Ai-je donc un cœur de pierre pour que ces flammes m'aient laissée de marbre ?

Que les lecteurs qui ont aimé ce livre me pardonnent d'avoir dégainé mon lance-flammes dans ces lignes, j'aurais tellement préféré m'enflammer alors, s'il vous plaît, ne me jetez pas la pierre !



Pour ceux qui voudraient lire de très beaux romans de montagne, plongez-vous dans Premier de cordée de Roger Frison-Roche ou Les huit montagnes de Paolo Cognetti, d'un tout autre intérêt que ces flammettes.
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Sauver Ispahan

Sauver Ispahan, c’est d’abord et avant retrouver les héros d’un autre roman de Jean-Christophe Rufin, ceux L’Abyssin. En effet, Jean-Baptiste Poncet et Alix de Maillet, amoureux, ont tout laissé en Égypte et se sont enfuis vers l’est. Vingt ans plus tard, en aout 1721, ils sont établis dans la capitale de l’empire perse où ils vivent confortablement, entourés de leur fille naturelle Saba et d’un fils adoptif, Georges. Ils ont même leurs entrées chez le nazir, un personnage de haut rang. Partout, les médecins et les apothicaires sont en demande.



Sauver Ispahan, c’est également l’émerveillement, l’évocation de lieux, de paysages, de coutumes. Un vrai voyage dans le temps. Je me suis perdu avec les personnages dans l’animation et les dédales des cités du Moyen-Orient, près des caravansérails, des marchés aux étals attrayants. Il y a aussi la riche diversité ethnique (Persans, Afghans, Mongols, Turcs, Arméniens, Russes, sans oubliers les Francs dans leurs ambassades), les paysages montagneux du Caucase. Ces descriptions m’auront fait rêver. Encore !



Cette fois-ci, Rufin fait plonger très rapidement ses personnages dans l’intrigue et l’action. Une étrangère arrive dans les environs d’Ispahan et réclame Poncet. Une espionne ? Mais non, c’est Françoise, une vieille amie. Pour éviter tout problème en ces temps de guerre où les étrangers ne sont plus les bienvenus, l’apothicaire invente une histoire à dormir debout, une intrigue complexe de maitresse du célèbre cardinal Alberoni. Ça me semble cousu de fils blancs. Je me doute bien que l’auteur n’y recourt pas sans raison mais ça m’a semblé trop gros. La vraie raison de sa venue : retrouver son mari, Juremi, prisonnier quelque part en Russie. Ainsi, Poncet, Georges et leur guide Ali partent pour une nouvelle mission, vers le nord. Les débuts de ce voyage m’ont tenu captif. La nouveauté de ces lieux où la littérature occidentale m’a peu amené, les péripéties rocambolesques, qui alternent entre l’action et l’humour, tout me semblait propices à un bon moment de détente.



Toutefois, à partir du moment où le groupe traverse la frontière russe et chevauche vers l’est à travers la steppe, mon enthousiasme s’est atténué légèrement. C’est que le récit semblait porter essentiellement sur l’action. Je n’étais plus dans l’émerveillement devant des paysages nouveaux, des coutumes étranges (bon, peut-être un peu quand ils tombent sur des groupes de Ouzbeks). Encore plus quand les Afghans se rebellent et attaques la capitale perse. Pareillement pour Alix et Françoises, restés à Ispahan, s’enlisent dans des intrigues de palais. Même le vieux père de Maillet fait le voyage jusque là, pour des raisons autres. Je nageais à travers trop d’intrigues secondaires.



Bref, je suis content d’avoir retrouvé des personnages sympathiques et attachants (pour la plupart), des aventures excitantes et beaucoup de dépaysement, mais je reste un peu sur ma faim.
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Le collier rouge

Dans la petite prison, il n’y a qu’un détenu, Morlac gardé par Raymond Dujeux qui le déteste. Et qui déteste encore plus les aboiements incessants du chien du militaire. Il a jeté des pierres, mais le chien est toujours là et continue à hurler à la mort.

Le chef d’escadron, Hugues Lantier du Grez, est juge militaire, chargé d’instruire le dossier de Morlac. Malgré l’évidente mauvaise volonté du prisonnier qui ne demande qu’à être condamné, il poursuit son enquête jusqu’à obtenir un dénouement qui lui convient.

Le lecteur ne saura qu’à la fin du livre quel acte Morlac a commis pour se retrouver dans cette situation. Seule certitude : le chien a joué un rôle.

Un court roman, violent et tendre, avec le face-à-face réussi entre Lantier et Morlac. À lire.



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Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla

1958. Edgar est un jeune Français séducteur à la moralité un brin élastique, Ludmilla une jeune femme au tempérament de feu qui ne rêve que de quitter son village d'Ukraine. Leur rencontre improbable lors d'un reportage d'Edgar dans ce pays fermé où les rares visites de capitalistes étrangers sont encadrées de près par les autorités, va mettre fin à "une vie qu'ils ne vivraient jamais plus : celle pendant laquelle ils ne s'étaient pas connus." Elle va sonner l'heure d'un mariage des contraires et de deux mondes opposés.





C'est le gendre d'Edgar et Ludmilla qui nous relate l'histoire de ces deux enfants terribles, par le jeu de deux récits enchâssés qui permet à l'auteur, par le biais du narrateur, d‘éclairer et de commenter un récit aux sonorités autobiographiques et très librement inspiré de la vie de Bernard Tapie et de Maria Callas. Se déroulant sur toute la seconde moitié du 20e siècle, le cheminement des deux protagonistes épouse celui de leur époque : démarrant de rien après-guerre, ils connaîtront une carrière brillante et médiatisée pendant les Trente Glorieuses, avant de subir de multiples crises et une profonde remise en cause. Chaque étape de leur vie est une nouvelle épreuve pour leur amour. Pourtant chaque cahot et chaque divorce ne feront que renforcer une union dont ils finiront par comprendre l'indéfectibilité.





Dans toutes les traditions spirituelles, le chiffre sept est sacré. Il symbolise l'achèvement et la totalité, la perfection d'un cycle complet, le pouvoir de la transformation, le temps du pèlerinage terrestre de l ‘homme, l'union des contraires et la résolution du dualisme. Pour Edgar et Ludmilla, c'est aussi le symbole de la maturation, de la prise de conscience de la survie de leur amour à tout ce qui se met en travers de sa route. "Il nous semble aujourd'hui que le mariage est quelque chose de trop sérieux pour le confier à des jeunes gens. Ce devrait être un aboutissement, vous ne croyez pas ? Un but à atteindre, l'idéal. Pour y parvenir, il faudrait toutes les ressources de la maturité, toutes les leçons de l'expérience et le temps surtout, le temps pour rencontrer la bonne personne et la reconnaître…"





Au fond, Edgar et Ludmilla sont depuis toujours viscéralement attachés l'un à l'autre. Mais le manque de communication, le conditionnement de leur éducation, leur orgueil et leurs blessures sont autant de perturbateurs qui viennent brouiller la conscience qu'ils en ont. Leur histoire est un plaidoyer pour la patience et le non-renoncement : l'amour se construit, il perdure au-delà des frustrations et des chemins personnels qui parfois divergent. Notre société de consommation et d'immédiateté a trop vite fait de jeter le bébé avec l'eau du bain. le divorce ne règle pas tout, l'amour est bien trop complexe pour se résumer au choix binaire entre « je t'aime » et « je ne t'aime plus.»





Au fil du tourbillon effréné de ce fulgurant conte d'amour-passion, une émotion prend peu à peu forme pour finir par occuper tout l'espace, mélange de sincérité et d'humilité, de tendresse et d'humanité. Un livre plus intimiste et tout aussi réussi que les précédents de cet auteur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi

Pas grand chose à dire, si ce n'est l'essayer c'est l'adopter. En fermant ce livre, je n'ai qu'une envie partir sur un chemin peu importe lequel et ressentir les mêmes émotions que nous décrit Jean-Christophe Rufin dans son livre Immortelle randonnée.



Agréable lecture donc que ce récit, j'y ai retrouvé une écriture fluide, tel un ami qui vous raconte son retour de voyage. Qui n'a pas entendu parler du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, là l'auteur nous livre les coulisses, ce qui est finalement ce que l'on recherche tous, savoir si nous aussi nous pourrions faire ce périple avec ou sans motivation religieuse.



A essayer!
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D'or et de jungle

Dystopie ou simple anticipation ? La question est posée avec ce roman d’aventures riche en événements, dès lors que des commanditaires âpres au gain ont jeté leur dévolu sur le petit état de Brunei. Cerné par la Malaisie, gouverné par un sultan malade, il représente l’idéal pour un coup d’état qui permettrait à une grande firme numérique de s’affranchir des lois contraignantes qui règnent un peu partout dans le monde et freinent le développement de leur imagination débridée.



Le lecteur est convié au spectacle de la mise en place de l’affaire, minutieusement préparée. Une galerie de personnages, spécialistes reconnus chacun dans leur domaine, peuple ce roman qui ne manque pas d’action.





Il se parcourt avec plaisir, on y apprend beaucoup sur la géopolitique, sans effet wikipédia. J’ai également beaucoup aimé les dialogues, très maitrisés.



Un bon moment de détente donc en compagnie de bandits en col blanc d’envergure internationale !



400 pages Calmann-Lévy 7 février 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Check-point

Une pluie glaciale suinte sur le pare-brise, coule le long des joues, comme des larmes acides. Le convoi roule à petite allure, je ferme les yeux, pour ne pas voir le décor, ce paysage qui s'ouvre sur un désert de crevasses et d'éboulements, de villages abandonnés et de tristesse embrumée. Au delà du brouillard, j'imagine des corps laissés là, des charniers de la honte. Sarajevo, 120 km ; un panneau criblé de balles, il tient encore debout mais survit dans une étrange souffrance comme tout un pays. Je repense à quelques années auparavant, les Jeux Olympiques et son équipe de foot, un certain beau jeu, un style, des idées de vacances... C'était avant. L’Étoile Rouge de Belgrade m'a fait pleurer en 91, là les larmes restent présentent mais pour une guerre que l'on ne peut pas comprendre, qu'on ne peut imaginer. Mais revenons au convoi qui entrent en terre hostile - ou morte, Maud et ses compagnons d'une association caritative, deux ou trois mercenaires dont on a du mal à percer leur motivation et leur engagement. Ils pénètrent l'intérieur, grimpent à travers les montagnes, essuient le blizzard et les chutes de neige... et s'arrêtent au check-point, nom masculin d'origine indéfinie, d'une langue universelle, qui en pointillé exprime un lieu où tu ne te sens pas en sécurité, un lieu trouble sans frontière où les esprits sont à cran, le doigt sur la kalachnikov.



Jean-Christophe Rufin, ambassadeur de la littérature et de l'humanité m'embarque lors d'un de ses voyages, pas si loin de chez moi, au final, mais très loin de l'esprit de Compostelle, l'immortelle randonnée que j'avais accueilli avec un immense plaisir et une joie de vivre non retenue. Et c'est presque ça le plus triste. De sentir cette guerre juste de l'autre côté d'une frontière. D'imaginer une guerre où au final, je ne comprends pas grand-chose, la diversité ethnique semblant être à l'origine de tant de massacres dans ce bas-monde. Il y est question de souffrance et de mort, de tristesse et d'amour ; d'ailleurs, un amour peut-il naître au milieu des décombres et des charniers. L'auteur me fait ainsi partager un instant avec ces humanitaires, des êtres de chair et de cœur, mais aux motivations diverses et parfois troubles. Et dans un tel conflit, je laisse le mot de la fin à l'intéressante postface de l'auteur qui éclaire ainsi parfaitement son récit : "de quoi les victimes ont-elles besoin ? De survivre ou de vaincre ?". Qui se souvient encore de cette guerre, de l'impuissance des casques bleus, de Bernard Kouchner à la tête d'une mission de l'O.N.U. Que reste-t-il de la Yougoslavie, d'un pays qui s'est décliné - déchiré - en une demi-douzaine d'équipes nationales de foot, oui on revient toujours au foot dans ce bas-monde, la liesse du peuple.
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L'Abyssin

« Jean-Baptiste commença par interroger longuement le vieil homme sur ses douleurs, leurs circonstances, leur lieu. Puis il le fit parler de sa vie, de ce qu'il mangeait et buvait, de sa manière de dormir et du goût qu'il avait pour les femmes. De la sorte se dessinait pour Jean-Baptiste l'image intérieure de l'être qu'il avait en face de lui et il cherchait, en venant à ces racines, quelles correspondances secrètes avec d'autres racines, d'autres êtres,leur feuillage ou leur fruit pouvaient lui rendre son harmonie. »



Un livre qui fait voyager dans le temps et les échelles de l'Orient. Un dépaysement farouche, des personnages bien charpentés, des histoires d'amour et d'amitié, un très bon moment de lecture. Sous Louis XIV, un collectionneur de plantes, amoureux de la terre, médecin à ses moments, désargenté et sans noblesse s'éprend de la fille du consul français installé au Caire. Il réalisera un périple qui le mènera d'Égypte en Abyssinie (avec un petit détour par la cour du roi Louis XIV) pour décrocher le cœur de sa belle.



« Aucune femme, jamais, n'avait suscité en lui ce trouble durable, cette capture de l'esprit tout entier, cet asservissement du cœur et des sens qui devait être l'amour. »



La prose est fluide, Jean-Christophe Rufin arrive à nous plonger dans cette ambiance particulière où les luttes politiques, religieuse et diplomatiques sont faites de ruses et chausse-trapes au sein du Caire et j'avoue avoir pris plaisir à suivre Jean-Baptiste dans ce dédale, ne sachant pas si demain son projet se réaliserait. C'est aussi un humour bien agréable à lire.



« Mehmet-Bey plissa les yeux, signe qu'un mot avait traversé en lui une couche profonde de son esprit, situé un peu au-dessous de l'épais socle des certitudes, une couche où frémissait parfois, le plus rarement possible à son goût, cette chose irritante que l'on nomme une idée. »

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Check-point

Jean-Christophe RUFIN aborde ici la difficulté des ONG, à rester neutre dans les conflits du monde, conflits à la lisière du nôtre. Comment rester insensibles à ce qui se passe ? Continuer à soigner, à aider, sans prendre parti, à détourner les yeux sur les charniers ?



Un livre qui pose beaucoup de questions après l’avoir fermé.



Que pouvons-nous faire ? Comment devons-nous réagir devant les conflits qui s’amplifient autour de nous ? De la montée de la haine partout où nous nous tournons. Des forces maléfiques se joignent pour que les conflits, au lieu de s’apaiser s’amplifient, quels que soient les lieux où ils se produisent et quoi qu’il se soit passer dans le passé.



Le passé ne sert pas de leçon et n’apporte pas de réponse. C’est un éternel recommencement. Bien que l’on dise « plus jamais ça », et bien le « plus jamais ça » se reproduit encore et encore.



Enfin bref, cette lecture ne laisse pas indifférent et je vous le recommande. Brrrrr ! il m’a donné le cafard Jean-Christophe RUFIN.

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Le collier rouge

Quoi qu’il écrive, Rufin est et restera un excellent auteur. Il est tout à fait normal de ne pas atteindre à chaque fois les sommets de l’art. Cette image devrait lui plaire, lui qui affectionne l’alpinisme.



Il raconte ici une histoire simple dans laquelle le suspense n’en est pas vraiment un mais il s’agit d’une histoire vraie, ce qui incite à l’indulgence et suscite d’autant plus l’intérêt. Bien que teintée d’amertume, elle est dans le fond assez cocasse. Elle en devient vers la fin presque trop légère.



Voici un livre au style très lisse, propre, poli comme un galet et qui tient largement dans ses 150 pages. C’est une bonne distraction qui nous plonge dans l’ambiance caniculaire de ce premier été d’après-guerre.

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Check-point

Une façon très habile pour Jean-Christophe Rufin d'aborder des sujets d'actualité comme l'ingérence des ONG dans les divers conflits actuels en plantant le décor de son nouveau roman en ex-Yougoslavie pendant les guerres des années 1990.



Contrairement à ce que j'avais pu lire ou entendre dans les médias , ce livre n'est pas une charge contre les organisations humanitaires : on se doute bien que ce ne sont pas que les actions charitables qui conduisent certains responsables mais,comme dans beaucoup de secteurs, la politique, les luttes d'influence viennent se mêler au jeu ( pour peu que l'on puisse appeler jeu l'aide aux populations en détresse ...)



La première partie du roman démarre sur les chapeaux de roues de deux 15 Tonnes transportant vivres et médicaments pour un coin perdu de Bosnie et conduits à tour de rôle par quatre hommes et une femme . Chacun a ses motivations, pas toujours complètement désintéressées mais chacun croit à sa mission même si elle n'est pas forcément celle prévue à l'origine, ce que l'on découvre au fur et à mesure des kilomètres et des obstacles .



La tension monte dans l' espace restreint d'une cabine de camion, véritable huis clos et l'atmosphère du livre change, le coté humanitaire passant au second plan d'une course poursuite d'autant plus palpitante que le lecteur hésite sur le camp à choisir .



Car à travers ce périple dans un pays en guerre, les questions se succèdent, comment vraiment apporter une aide, vaut-il mieux donner une couverture ou un fusil ?



Une nouvelle fois Jean-Christophe Rufin, un des pionniers de Médecin Sans Frontières, est-il la peine de le rappeler , nous fait toucher du doigt un point épineux sur l'aide aux populations qui souffrent à travers une fiction trépidante dans un style limpide comme il en a l'habitude au plus grand bonheur de ses lecteurs.
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La Salamandre

Après m'avoir enthousiasmée avec son Rouge Brésil, Jean-Christophe Rufin me ramène à nouveau au pays de la samba avec La Salamandre. Ce court roman offre encore une autre facette du romancier qui, décidément, a l'art et la manière de me surprendre. Même si, en l'occurrence, la surprise laisse un goût d'amertume et de malaise. Non à cause d'un manque de qualité ou d'intérêt mais par la nature de son intrigue.



Tout tourne autour de Catherine, secrétaire anonyme dans l'anonymat parisien. Sur la pente descendante de la quarantaine, elle vit seule au milieu de livres précieux et meubles anciens. Elle s'est sortie de la glèbe parentale et s'est efforcée de construire autour d'elle un cocon matériel, sûr et solide. Pourtant, ces murs si protecteurs l'enferment toujours plus dans une solitude absolue où la perspective du dimanche est devenue terrifiante.

Lors d'un sursaut de conscience, Catherine s'envole pour Recife au Brésil, rejoindre une amie de longue date. Là commence une nouvelle vie pour elle. Si tomber amoureux est sans aucun doute une chose merveilleuse, encore faut-il qu'il s'agisse de la bonne personne.



Rufin emporte son héroïne dans un maelström de sensations, de sentiments nouveaux pour elle et dans lesquels elle se plonge corps et âme. Cette longue descente passe de Charybde en Sylla, apportant dans son sillage un malaise croissant au fil des pages. Car il s'agit ici d'un portrait âpre d'une femme qui se perd et s'abaisse volontairement. La carapace de glace de l'Occidentale psychorigide fond sous le chaud soleil équatorial, sous les pulsions d'une terre où la violence sévit sur tous les plans. Brésil, puissance émergente où la misère enjoint de jouer des épaules ou du couteau pour se faire une place.



L'auteur narre ce douloureux récit dans une langue toute en nuance et d'une belle richesse. J'ai fait provende de mots inconnus tels que cabocle ou immarcescible. Certes pas facile à replacer entre le fromage et le dessert mais j'aime ces mots rares et précieux qui ouvrent autant de perspective dans mon univers lexical.

Pour autant, la beauté des mots n'enlèvent rien à la rudesse de l'histoire où chaque page apporte à Catherine un surcroît d'épreuve et d'humiliation. Il est difficile de pleinement appréhender le caractère de l'héroïne. Pourtant, j'ai ressenti son désarroi, sa profonde détresse, son impression de gigantesque néant, et ce besoin de se sentir vivante. Aimée et aimant.



Sa vie brésilienne apportera certes des réponses à ses questions non posées. Comme souvent pour les choses essentielles, le prix à payer pour apprendre est lourd et source de souffrance. Ainsi résonne la destinée de la salamandre qui doit traverser les flammes pour vivre
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