Jean-Jacques Antier

Aucun accablement, mais une confiance irréductible dans "la vie", cette chose étrange qui se manifestait, depuis le moindre brin d'herbe jusqu'à l'homme.
P 18

Il suffit souvent d'une seule âme de foi pour la faire rayonner partout, d'une seule âme de lumière pour dissiper bien des ténèbres, d'une seule âme de charité pour la voir déborder de toutes parts.

Je t’attends avec la patience du bouton de rose qui dans le petit matin frileux attend le soleil pour s’ouvrir.

Les gabiers bondirent dans la mâture. Du pont, les gros bras carguaient les lourdes toiles.
— Cargue la grand’voile ! Veille aux drisses des huniers ! Amène le grand hunier !
Cassant son erre, la frégate avançait lentement sur cette mer limpide, avec juste assez de vitesse pour gouverner.
— Soyez parés à mouiller les ancres ! cria le capitaine. Sondeurs ?
Deux sondeurs, accrochés dans les porte-haubans de misaine, à bâbord et à tribord, lançaient à courts intervalles le plomb de sonde, dont la ligne était étalonnée à chaque brasse par une languette de cuir. Ils annoncèrent :
— Huit brasses à la marque !
À l’avant, calé sur la vergue de civadière qui surplombait la mer, le second en personne observait les fonds, cherchant le passage entre les rochers.
— À tribord, dix degrés ! Comme ça… À bâbord, cinq ! Droite, la barre !
La mer était d’une limpidité parfaite, sans une ride ; le vent presque nul. Les sondeurs annoncèrent :
— Trois brasses à la marque ! Fond de sable !

Aujourd’hui, Saint-Domingue, la perle des colonies françaises, était devenue, en cet an de disgrâce 1793, un brûlot, un volcan prêt à exploser. Trois mille gros planteurs blancs, vingt mille Petits Blancs propriétaires ou commerçants, vingt mille affranchis mulâtres et quatre cent mille esclaves noirs se dressaient les uns contre les autres, prêts à en découdre.

À qui faire confiance ? S’il avait seulement été question de partager avec des gens honnêtes, je l’aurais fait. Mais dans le milieu de pirates que je fréquentais alors, je ne voyais que des canailles. Le secret révélé, on m’aurait égorgé puis jeté aux requins. Maintenant, cet or, provenant sans doute de l’épave d’un galion espagnol, ne m’intéresse plus. Je suis heureux comme je vis.

La guerre me détourne de ma tragédie personnelle. Elle s'étend sur l'Europe comme une marée montante : irrésistible.

"Ce qui doit être d'abord compris, c'est cela dont l'heure a sonné. Les choses commencent dans les hauteurs métaphysiques."
Correspondance, vol. 4

Nous l'avons vu, Jung se défendait d'être athée. Cette dénomination hâtive reposait sur un malentendu: tels de ses écrits, destinés à des psychologues pour la plupart athées, présentaient Dieu comme un symbole. Mais il n'était pas que cela. (...)
Après avoir souligné la difficulté de parler de Dieu à des gens cultivés qui en ont depuis longtemps rejetée l'idée, il souligne la nécessité de présenter des faits (l'expérience mystique) et conclut: "Il est de la plus haute importance de comprendre que la vérité religieuse est un contenu de l'âme et non une relique abstruse du passé"; et cela concerne tous les hommes.

Il s'était surtout jusqu'alors confronté à l'inconscient, cet espace intérieur qui abrite des entités qui peuvent se révéler redoutables quand on les réveille sans prendre les ménagements nécessaires. L'expérience spirituelle lui avait été donnée dans la grande tradition mystique. Il s'agissait pour lui d'un véritable "saut quantique", un bond, depuis la dimension psychologique qui lui était familière, jusqu'à la nouvelle dimension spirituelle qui l'avait comblé. A force d'engendrer des images, des archétypes à contenu religieux, l'âme mettait en oeuvre des éléments porteurs de sens, susceptibles de changer radicalement sa vie. On peut parler de conversion. Non de l'adhésion à un dogme religieux particulier -on a vu qu'il évoluait entre les traditions judéo-chrétiennes et orientales-, mais d'une voie qui lui était propre, celle de l'individuation, l'union de la conscience, pointe chercheuse de l'esprit humain, et des forces psychiques inconscientes, bouillonnement de forces vitales où se télescopent toutes les expériences de l'humanité, plongeant jusqu'à une totalité qu'on ne pouvait regarder en face.

Les religions fonctionnent encore, mais en Occident elles participent moins à leur rôle essentiel: aider la conscience a se transformer par l'expérience numineuse. Rendre la divinité accessible aux multitudes, mais en se gardant de les abêtir, jusqu'à en faire, comme on le voit au Moyen-Orient, les instruments de politiciens fanatiques et terroristes. Car Dieu est le contraire de la violence et de l'abêtissement. Il est surgissement et vie. Il est le contraire de la cruauté intolérante, il est Amour, il est Liberté.

La conquête des profondeurs par l'homme, à l'aide de machines, constitue avec la conquête de l'air et du cosmos, l'un des grands événements du XXème siècle.
Mais, pour le sous-marin, les tentatives connues sont beaucoup plus anciennes.
Elles commencent avec la cloche à plongeur, connue des grecs de l'Antiquité.
Dans "Problemata", Aristote raconte la plongée du roi Alexandre et de Néarque, en 325 avant notre ère, dans une cloche construite par Diognetus....

Chez les Papous, le cochon est sacré, expliqua Commerson. Il permet d'entrer en communication avec les ancêtres défunts vénérés. Cela n'empêche pas de le manger, et là se trouve peut-être la racine de l'anthropophagie. Le Papou mange aussi son ennemi pour s'approprier sa force. Il dit alors qu'il mange le « cochon long », l'homme.
P 245

A ceux qui doutent des vérités éternelles, il ne se figeait pas dans les dogmes de la sainte Eglise catholique et disait : « Aime et crois ce que tu veux. » Aux plus humbles de l'équipage, qui croyaient comme le charbonnier et péchaient comme Madeleine, il répétait avec l'apôtre : « Aime et fais ce que tu veux. » Dans les deux cas, il tentait de comprendre : et les pécheurs et les sceptiques. Il avait ainsi assez de lumière pour les petits qui croient, et assez d'obscurité pour les savants qui doutent.
P 176
A propos de l'abbé Nicolas Buet (NDL )

– Connaissez-vous la légende de sainte Austreberthe, abbesse de Pavilly en 701 ? Elle aurait apprivoisé un loup par sa beauté et son art musical.

Chapitre 11

Surprise au petit matin, une marmotte ensommeillée montrait son museau, plus curieuse qu’effrayée par la présence des humains. (...)
Dans un grand terrier creusé sous la terre, où ce couple de rongeurs abrite une famille nombreuse, les descendants des trois dernières années ; une « salle de séjour » en somme, garnie de litière et de foin. En octobre, la marmotte obture l’entrée de son refuge et tout ce petit monde hiberne en paix jusqu’au retour du printemps.

Chapitre 11

L’infini qu’évoquait la musique la libérait de la prison mentale et l’engageait sur une voie lumineuse. Elle voulait à la fois vaincre les difficultés techniques, et aussi se trouver. La musique la faisait vivre et renaître.

Chapitre 9

– Parlez-moi de ses facultés paranormales. – Très tôt, j’ai compris que Blanche n’est pas aussi simple d’esprit qu’elle paraissait. Elle est autre. Comme je vous l’ai dit, le vide cérébral dont elle a souffert et dont elle souffre encore, qui a provoqué cet anéantissement du moi, a permis à ses facultés paranormales de s’éveiller et de se développer. Elle possède d’étonnantes facultés de guérisseuse, acquises au contact de l’herboriste du Haut-Clignon, Luna Mativoli, un autre personnage hors normes que je vous ferai connaître. Mais Blanche va bien au-delà. Elle lit dans l’esprit des gens et communique sans parler avec ceux pour lesquels elle éprouve des affinités.

Chapitre 7

Le capitaine Bourguébus déboucha sur la dunette par le panneau de l'écoutille et huma lentement l'air. En ce printemps de 1840, la Jolie Dame, clipper de 1500 tonneaux de l'armement normand "Les clippers associés", naviguait à douze noeuds vers New York, par forte mer et un vent de travers qui la faisait gîter de vingt degré sur bâbord.

Je connais maintenant la joie la plus pure, la plus douce que l’on puisse connaître : celle de vivre pour les autres et pour leur bonheur.