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Critiques de Jean Krug (44)
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Le chant des glaces

Un roman de SF qui brise la glace &#xNaN



J'ai lu le chant des glaces de Jean Krug, lecture qui vient valider le thème Christmas Crackers du cold winter challenge.



Genre : SF, adulte 



Résumé : Delas, planète de glace et prison planétaire où sont envoyés les criminels du secteur Epsilon (sorte d'empire galactique). Ferley et Bliss sont des "chanteurs", des extracteurs du précieux cryel, une substance présente dans les glaciers et source d'avancées technologiques pour le secteur Epsilon en éternelle guerre avec ses voisins. Ferley et Bliss ont beau rêvé, ils ne quitteront jamais cette planète hostile et continueront encore longtemps à risquer leur vie pour le cryel. Jusqu'au jour où ils se voient confier une mission spéciale...



Avis express :



🥶 Une immersion à 100% au coeur de la neige et des glaciers portée par une plume rythmée 



&#xNaN Un récit engagé qui ne se gêne pas pour affirmer franchement son point de vue



🎭 Un maximum d'empathie pour les personnages. J'ai adoré Bliss, cette fille badass au grand coeur 



📚 Une exposition qui paraitra peut-être un poil longue avant que l'intrigue ne se lance et que les événements s'enchainent, mêlant action et intrigue politique.

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Cité d'Ivoire

Genre : dystopie climatique et sociale

Nombre de tomes : OS

Année de parution : 2023

Éditeur : Critic



Bouh, que j’en aurais mis du temps à le finir, ce livre ! Pourtant, il avait plutôt bien commencé. La première partie m’a plutôt séduite, avec sa langue dynamique, travaillée (quoi qu’un poil artificielle, et un peu pompée sur Damasio...) et ses petits mystères. Qu’est-ce qu’une « botte de recherche existentielle » (p. 156), par exemple ? Et que veut dire « la boussole psychique indique que nous avons dévié de quatorze degrés vers l’Éther depuis le Vrai » (p. 160)... ? Avouez que c’est opaque, que ça interpelle !



Une cité-bulle moche et injuste, une IA totalitaire, la menace d’une nature transformée en piège par l’Homme, un groupe de dissidents qui hante les sous-sols comme les pirates de Morpheus de Matrix, et la promesse d’une utopie merveilleuse, la légendaire « cité d’Ivoire »... En dépit de ces belles promesses, je me suis vite lassée. Pour moi, la machine n’a jamais vraiment décollé, et je n’ai pas trouvé ce roman à la hauteur de ses ambitions.



Le premier souci, pour moi, a été de ne pas réussir à m’attacher aux personnages, de ne pas trouver leurs vies intéressantes, et donc, de ne pas avoir peur pour eux. Ils m’ont fait l’impression d’être des figurants dans un jeu vidéo... à la rigueur, c’est le Kid, avec ses conflits internes, son rythme de slameur, sa gouaille, son côté parfois repoussant qui m’a tenue un tant soit peu éveillée tout le long du roman. Mais les autres, mon Dieu ! Maëlle (dont le nom sonne un peu random au milieu des « Serietzk » et autres « Aĕrǐnus ») est une caricature de fliquette SF : elle m’a fait penser à une mauvaise redite de Brawne Lamia dans Hypérion. On ne comprend pas trop ses motivations, ni comment ça va (ou ça peut) se finir pour elle. La copine du héros, Sarah aux « boucles joyeuses » et à « l’odeur d’herbes tendres », est sans saveur, mention énervante : toutes ses actions ou presque sont accompagnées de l’adverbe « tendrement ». Elle n’a que deux modes : la tendresse, ou la colère. Un peu réducteur... Je sais bien que les auteurs de SF ne sont pas réputés pour la justesse de leurs persos féminins, mais tout de même... à côté de ça, on a le choix entre #Femmeautoritaireàgrossetête1 et #Femmeautoritaireàgrossetête2. Au secours ! La palme d’or revient au protagoniste, Sam Deson, qui a autant de charisme qu’un chanteur de variété française (même si à la fin, on essaie de nous le vendre comme le nouveau Che Guevara). Je l’ai bien aimé au début, car c’était celui dont le point de vue était le moins dur à suivre, à qui il était facile de s’identifier. C’est un genre de Neo à la vie plutôt confortable qui, petit à petit, va s’éveiller aux injustices et aux secrets du monde qui l’entoure. Bien malgré lui, jusqu’à une certaine prise de décision un peu « précipitée », et qui marque d’ailleurs un basculement dans le roman, vers une seconde partie que j’ai trouvé nettement moins bonne et prenante que la première.



Ma deuxième déception ? La rapidité de la conclusion. La révolution promise tout le long est expédiée en une dizaine de pages. Les arcs narratifs respectifs des protagonistes, eux aussi, sont vite résolus, de manière plus ou moins convaincante. J’ai eu très peur pendant l’arc aérien avec les engins à ballons, parce que je déteste le steampunk. Mais finalement, c’est bien passé, et c’était plutôt pas mal, avec ce qu’il faut d’horreur et de suspense pour nous maintenir en état de vigilance. Non, ce qui m’a le plus déçu, c’est le traitement du concept de Cité d’Ivoire, qu’on nous a très bien vendu pendant toute la première moitié du roman. Je l’ai un peu vécu comme une trahison. C’est quand j’ai compris que le mystère ne serait pas vraiment résolu que j’ai lâché l’affaire. Aucune explication réelle, hop, on l’a mis à la trappe comme s’il fallait vite conclure...



Dommage, parce que c’était une sacrée bonne idée, toute cette mythologie, ce subtext qui hante le héros et le guide comme une carte secrète dans une quête ! Il aurait au moins mérité de trouver quelque chose... d’un plus consistant que ce qu’il découvre, je veux dire. C’est peut-être ma fibre révolutionnaire qui n’est pas assez étoffée, mais le futur que nous offrait finalement cette « cité » mythique ne m’a pas fait rêver. La ZAD en mode les enfants perdus, bof bof... Y en a sûrement à qui ça plaira. Mais pas moi. Ce qui serait intéressant, maintenant, c’est de lire ce qui arrive à tous ces gens après la dernière page du roman... parce que ça ne doit pas être très réjouissant ! J’ai vraiment eu l’impression qu’il manquait quelque chose à cette histoire. Une vraie conclusion, cent pages supplémentaires, plus d’humanité (je ne parle pas des grandes idées — ça, il y en a à la pelle), mais quelque chose de plus... organique, justement. J’ai trouvé tout ça un peu trop hors sol. Peut-être un peu trop lisse, aussi, trop policé. C’est sûrement fait exprès, c’est le thème (l’élévation, la prise de liberté par les airs, l’utopie, etc.). Mais ça ne l’a pas fait pour moi. Une rencontre de ratée ! Je remercie tout de même les éditions Critic pour cette découverte (obtenu lors de la rencontre avec les blogueurs fin mars dernier — oui ça date, je sais), qui m’a donné envie de relire Damasio !
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Le chant des glaces

Dans ce roman, on commence fort! Nous voilà en plein coeur de Delas, une planète gelé, accompagné de nos deux protagoniste Fey et Bliss. Ce sont des chanteurs, les personnes les plus doués sur cette planète pour prospecter et récolter le cruel, de la glace pour fournir en eau les planètes qui en manquent cruellement. Mais aussi belle soit cette mission, ils sont surtout prisonniers puisque cette planète est en fait une prison et la seule chose qui importe ici est de pouvoir s’échapper, retrouver une liberté perdue ou jamais acquise. Ils sont loin de se douter que leur quête absolue va les mêler en plein complot politique, au coeur d’une guerre sans merci qui se tapit là où on l’attend le moins…



J’ai beaucoup apprécié les personnages mais dans ce roman ils sont réellement nombreux et malheureusement je ne me suis attaché qu’à une poignée d’entre eux. Bliss, avec son caractère bien trempé et au passé non seulement douloureux mais aussi très complexe. Fey est celui aux côté de qui nous vivons l’histoire et il est extrêmement intéressant et attachant, il a des qualités de leader né mais également un sens de la loyauté et il sera le ciment entre les principaux protagoniste. Jennah aussi dont j’ai apprécié découvrir l’histoire et l’évolution ou encore Nos qui se révèle être un homme aux multiples facettes.



Le style d’écriture est vraiment très immersif, les descriptions et la narration nous plonge réellement au coeur du roman et il est très facile de se projeter dans les différents environnements de l’histoire. On ressent clairement que tout l’univers est extrêmement travaillé et que l’auteur sait clairement de quoi il parle mais aussi ce qu’il veut nous faire ressentir. A certains moment, il faut s’accrocher parce que cela devient un peu plus complexe, un peu plus scientifique je dirai mais d’un coup d’un seul, on nous propulse à nouveau dans l’action et les rebondissements. J’ai vraiment apprécié cette lecture et son histoire ainsi que les personnages principaux, mon seul regret serait peut être le manque de profondeurs de certains personnages secondaires que j’aurai aimé connaître un peu plus. Je pense que ce livre est un appel à la réflexion sur la liberté, les politiques et tout ce qui tourne autour et j’ai vraiment aimé la façon dont l’auteur nous emmène vers sa pensée.



Pour conclure, ce fut un dépaysement absolu pour moi et j’ai passé un très bon moment de lecture dans un univers complètement différent de ce que j’ai l’habitude de lire. Je vous recommande cette lecture si vous voulez découvrir quelque chose de nouveau et de bien travaillé mais le tout avec beaucoup de cohérence.

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Le chant des glaces

Avec "Le chant des glaces, nous sommes sur un Planet Opera très intéressant mélangeant action, aventure, science, politique et stratégie.

Concernant l'histoire en elle-même, une bonne partie se déroule sur la planète "Delas" (une planète de glace) à la recherche de "cryel", une ressource très précieuse dont nos personnages principaux vont se voir tout faire pour en rapporter, mais ils ne sont pas seuls et bien des dangers les attendent.

Au niveau des personnages, je les ai tous aimé dans le groupe que nous suivons principalement. Il sont adultes, mâtures (enfin le plus souvent car une des personnages a le sang chaud et réagit au quart de tour quand son binôme limite les dégâts). J'ai vraiment aimé les suivre en tous cas.

Pour ceux du camp adverse, il m'ont souvent tiré des grognements mais évidemment cela est fait exprès, le genre de méchants que l'on adore détester.

La tension est quasi permanente, entre course poursuite et prise de risques, et pour les moments plus stratégiques et politiques, il passent assez vite sans être ennuyeux.

pour conclure, que vous aimiez l'action, la SF où/et les complots, vous aimerez "Le chant des glaces".
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Cité d'Ivoire

« La bibliothécaire vous suggère de ne pas lire la 4ème de couverture en entier : elle en dit beaucoup trop sur l'intrigue ». le post-it collé derrière le roman me cache le résumé. Je n'ose pas le soulever de peur que mes yeux tombent sur un mot qui m'en dirait trop. Donc je me lance, à l'aveugle. J'ignore complètement ce que je vais lire...

**************





500 pages plus tard.



Je vais quand même vous guider un peu sans dévoiler l'intrigue : une dystopie, un dôme, une lutte des classes, des bateaux volants, des intelligences artificielles, un désir de liberté, de l'aventure, de l'action, de la réflexion, un livre, une cité mystérieuse, trois points de vue : un agent aux services de la mairie avec des convictions certaines pour ses missions, un anarchiste qui veut lutter contre la mise en place du contrôle des masses et un mec lambda…



Maintenant, je vais laisser votre curiosité agir.



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Cité d'Ivoire

« Si les pauvres puent autant, c’est seulement parce que les élites n’ont jamais arrêté de leur chier dessus. »



Le ton est donné.

En 2516 la population restante est amassée sous des dômes. À l’extérieur, des pluies dangereusement acides. À l’intérieur, un peuple opprimé qui survit bien malgré lui. Les riches dominent, les prolétaires ploient sous le joug d’une mairie liberticide unie à une IA quasi omnisciente.



Alors vous me direz : « rien de nouveau sous le soleil, les riches vs les pauvres, on connaît blablabla... » Oui mais non ! Jean Krug est un virtuose des mots et il le prouve. Sa verve cartonne. Et sa maîtrise de la langue française impressionne tout autant qu’elle détonne. Les néologismes fleurissent et, en conteur de génie, il compose une prose grandiose. Mais je vais m’arrêter là car n’est pas Damasio qui veut, sauf peut-être Jean Krug s’il accepte cette comparaison « furtive ».



Plus que cela on sent l’auteur engagé et profondément concerné par la cause environnementale et le devenir de l’humanité. Sur un fond de futur post réchauffement climatique, il met en exergue la défaillance d’un système et l’injustice sociale qui résulterait d’une migration massive vers un même point. Et grâce à ses personnages truculents et étonnamment attachants il en parle très justement.



Et ça dépote la cocotte ! Doit-on mentionner le panache du Kid, sa gouaille qui grise autant qu’elle défrise ? Peut-on évoquer Sam, le sage, animé par d’élégants principes ? Ou Maëlle qui voue une obéissance immuable aux règles et aux lois ?



Leur différence résonne et passionne. En voilà des personnages finement travaillés auxquels on peut facilement s’identifier. Leurs failles, leurs doutes, leurs envies, leurs peurs, leur résilience sont les nôtres. Le Kid, Sam, Maëlle c’est NOUS. Iels portent notre parole et clament nos valeurs. On s’approprie leur lutte car nous aussi on est indigné et révolté par cet asservissement et tout ce qui en découle. Ce sentiment d’impuissance, d’injustice, on connaît ! Comme un écho malheureux à notre réalité.



L’auteur s’appuie sur des connaissances solides pour nous offrir un texte intelligent, dense, riche, qui dénonce la dérive des gouvernements. Sa vision globale, ciselée et brute pose les bases d’une réflexion anthropologique et environnementale aboutie et plus que réussie.



Ce roman, tout comme le carnet de Sam, porte un message d’espoir, celui d’une planète égalitaire où tout le monde pourrait choisir sa place et être libre.



Avec sa Cité d’Ivoire Jean Krug s’impose comme un des auteurs français majeurs de la science-fiction.



Un des meilleurs romans que j’ai jamais lu. Foncez !

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Cité d'Ivoire

Quelques siècles après nous. La terre est devenu une terre où il est imopossible de vivre et les populations se sont refugiées sous des dômes gigantesques.

Le monde ressemble beaucoup au notre avec une hiérarchie très stricte et une dictature qui ne veut pas dire son nom qui gère grace à une Intelligence artificielle le contrôle de la population.

Le roman va suivre trois parcours , celui de SAM un chauffeur de taxi qui semble avoir une vie bien rangée et qui va rencontrer des militants qui ne rêvent que de renverser ce monde invivable.

Celui de MAELLE, une policière qui porte haut ses convictions et qui petit à petit va découvrir comment la gouvernance de ce dôme lui ment et jusqu'où les responsables sont capables d'aller pour maintenir un semblant d'ordre.

Et celle du KID qui est un militant libertaire , un peu, même totalement, en marge et qui apporte dans ce roman un humour décalé qui fait beaucoup de bien.

Ces trois trajectoires vont se croiser et se recroiser et l'utopie, la liberté vont devenir l'objectif à atteindre pour Sam et ses compagnons.

Un très beau roman qui ouvre les voies du rêve et de l'utopie libertaire. A notre époque cela fait beaucoup de bien.
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Cité d'Ivoire

Après un premier roman remarqué en 2021 (« Le chant des glaces), Jean Krug revient cette année avec un nouvel ouvrage de science-fiction à mi-chemin entre le post-apo et l’anticipation politique. L’action se déroule environ cinq cents ans après que le couperet du réchauffement climatique se soit abattu sur la Terre, et, si la civilisation humaine ne s’est finalement pas éteinte, elle a tout de même pris un sacré coup. Les humains vivent désormais sous un dôme protégé, Iliane, dont la gestion a été confiée à un conseil municipal épaulé par une intelligence artificielle. C’est dans ce contexte que nous allons faire la rencontre de trois personnages tous très différents, que ce soit en ce qui concerne la place qu’iels occupent dans la société, ou bien de leur positionnement politique. Le premier d’entre eux, Sam, est un citoyen lambda appartenant à ce qu’on pourrait qualifier de classe moyenne : il a un job correct, n’a pas accès aux parties les plus luxueuses de la ville mais ne vit pas dans les bas-fonds non plus, et il a tout à fait intégré le discours officiel de la mairie qu’il ne remet par conséquent jamais en question. La seconde, Maëlle, est une agente des BI, les brigades d’intervention, une branche de la police déployée régulièrement sur le terrain pour faire régner l’ordre, notamment lors des mouvements de contestation autrefois ponctuels mais qui se font désormais de plus en plus réguliers. Enfin, le Kid, est un marginal clairement hostile à la politique municipale dont les revendications se rapprochent de celles d’une gauche radicale, voire de l’anarchisme. Ces trois protagonistes ne vont cesser de se croiser alors que le contrôle exercé par la mairie et l’IA sur la ville se voit de plus en plus contesté, notamment par l’Ivraisse, un groupuscule qualifié de terroriste par les autorités et qui entreprend de créer une alternative à la politique sécuritaire et inégalitaire qui prévaut à Iliane depuis des décennies. Bref, ça chauffe de partout, et, si la répression s’abat encore de façon implacable sur les militants et militantes, les autorités ne disposent plus des mêmes moyens qu’autrefois, ses installations reposant sur le numérique devenant peu à peu obsolètes et donc inopérantes. D’où la question cruciale posée par le roman : que se passe-t-il lorsque les outils permettant jusqu’alors de contrôler étroitement mais discrètement une population ne fonctionnent plus ?



Bien que dense, le roman se lit avec une agréable rapidité qui s’explique d’abord par le mode de narration choisi par l’auteur : des chapitres courts, une alternance systématique entre les points de vue des trois protagonistes évoqués plus haut, et un style percutant qui varie en fonction du narrateur. En effet, Sam et Maëlle n’ont pas la même façon de voir le monde mais n’ont pas non plus la même manière de s’exprimer, tout comme le Kid qui dispose d’un ton bien à lui, plus cash, plus brutal, mais dont la rudesse cache une plus grande profondeur. Par cet aspect, ainsi bien évidemment que par le propos éminemment politique défendu par l’auteur (et aussi une propension aux jeux de mots), le roman peut parfois faire penser à « La zone du dehors » d’Alain Damasio, bien que la réflexion soit ici moins poussée et moins « philosophée » que chez l’auteur star de la SF. A ce stade vous vous imaginez peut-être que le récit se résume à des considérations politiques sans grand intérêt pour peu que vous ne soyez pas particulièrement friands des idées portées par une partie de l’échiquier politique située à gauche. Pourtant le roman n’a rien d’un pamphlet et possède de nombreux atouts à mon sens à même de séduire un large lectorat. Parmi eux la qualité de l’histoire elle-même qui repose à la fois sur une quête désespérée d’une société utopique qui existerait en dehors du dôme (la fameuse cité d’ivoire qui donne son nom au roman), mais aussi sur une sorte de course contre la montre et la mort à laquelle se livre l’agente des brigades à qui on veut de toute évidence faire la peau. Le roman prend ainsi souvent des allures de thriller puisque l’héroïne concernée va mener l’enquête afin de comprendre l’origine des dysfonctionnements qui perturbent de plus en plus le fonctionnement des Brigades d’Interventions, tout en tentant d’échapper à de multiples tentatives d’assassinat. Bien rythmé, le récit fourmille de rebondissements qui incitent le lecteur à poursuivre sa lecture toujours plus loin, d’autant que plusieurs coups de théâtre viennent régulièrement rebattre les cartes et plonger lecteurs et personnages dans de nouveaux environnements surprenants qui nous incitent à sortir de notre zone de confort. La ville-dôme d’Iliane est ainsi loin d’être le seul décor du roman qui nous entraîne aussi, par exemple, à bord d’un énorme navire volant qui donnera lieu à des scènes mémorables.



Parmi les aspects intéressants du roman figure également sa volonté de présenter une alternative utopique à la société de contrôle violente et injuste d’Iliane. Jean Krug n’est pas le seul à tenter de réfléchir à d’autres organisations sociales possibles, l’utopie faisant un retour en force au sein de la science-fiction française comme le prouvent les œuvres récentes de Camille Leboulanger qui s’inspire avec « Eutopia » du travail de Bernard Friot et du réseau salariat, mais aussi dans une moindre mesure du dernier tome de « Capitale du sud » de Guillaume Chamanadjian (« Les contes suspendus ») ou « Rossignol » d’Audrey Pleynet. Si la dystopie a longtemps eu la cote, l’utopie semble désormais séduire de plus en plus de jeunes auteurices, et il faut admettre que les futurs enviables proposés ne sont pas dénués de charme. Reste à aborder la question des personnages qui sont tous bien campés et dotés d’une personnalité fouillée. Sam est le plus développé et le plus sympathique de tous car il est le moins clivant : il ressemble à monsieur ou madame tout le monde, est peu politisé et n’a donc pas d’avis tranché sur le système qui régit sa vie et celle de la cité. Maëlle a un profil un peu plus ambigu dans la mesure où elle représente un ordre qu’on nous présente dès le départ comme inique et brutal. Son personnage apporte de la complexité au roman dans la mesure où il incite le lecteur à la nuance et l’invite à se mettre à la place des représentants des forces de l’ordre en insistant sur la difficulté du métier, les conditions de travail dégradé, la pression hiérarchique… Le caractère inexcusable de certaines réactions de ce protagoniste, associé à son étroitesse d’esprit et sa lenteur à appréhender la situation en dépit des indices nombreux et répétés, limitent toutefois l’empathie éprouvée à l’égard de ce personnage. Le Kid est lui aussi particulier, plus radical que ce soit dans sa pensée ou sa façon de s’exprimer. Son côté hargneux et donneur de leçon peut dans un premier temps rebuter, mais, rétrospectivement, il s’agit sans doute du personnage le plus attachant du lot dans la mesure où sa colère paraît somme toute légitime.



« Cité d’ivoire » est un roman de très bonne facture qui joue sur différents registres, empruntant sa nervosité au thriller et sa capacité à émerveiller et faire réfléchir à l’utopie ou l’anticipation politique. Le choix de l’auteur de répartir la narration entre trois protagonistes aux profils politiques et sociaux totalement différents fait des merveilles et permet à la fois de dynamiser le récit tout en évitant l’écueil du manichéisme. Éminemment politique, le roman interroge efficacement les outils et méthodes qui permettent de contrôler les masses et met en avant l’importance du collectif pour se départir de certaines logiques mortifères et, peut-être, donner jour à une société plus juste. Sans jamais tomber dans la moralisation ou la leçon, le roman propose des formes de lutte et une alternative politique intéressantes qui résonnent avec les aspirations d’une partie de la population d’aujourd’hui, en faisant ainsi un roman très actuel.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Le chant des glaces

J'ai découvert Jean Krug très récemment en lisant une critique dans le "1" à l'occasion du festival étonnants voyageurs de 2023.



Je me suis précipité sur son premier roman et j'ai découvert une écriture très interessante.

Le roman se passe dans des milliers d'années, au fin fond de l'espace sidéral, sur une planète où seule la glace et les glaciers régnent et où quelques humains prisonniers vivent pour approvisionner les planètes qui se meurent sans eau pour aliùenter des millards et des milliards d'humains.

Je découvre alors une écrire libre, libertaire même où les pouvoirs en place se livrent une guerre pour s'arracher un bout de glace qui émet une énergie infinie.

Les uns cherchent cette énergie pour renforcer leur armement et leur pouvoir intersidéral et d'autres veulent que cette énergie puisse être à la disposition des Hommes.

C'est très actuel et il n'est pas nécessaire de se projeter dans un univers spatial et intemporel car tout ce roman peut être lu en 2023 sans que l'on soit perdu.

Une très belle découverte que je partage et j'espère que le deuxième roman de Jean Krug qui vient de sortir et de cette même veine.
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Cité d'Ivoire

Lecture un peu laborieuse mais pas désagréable. Si vous êtes novice en dystopie , cela peut vous plaire, sinon vous ne trouverez pas cela passionnant. Il faut aussi accepter la narration alternée très morcelée. Pour moi, les ingrédients étaient lus et relus donc même si le récit est honnête, je n'y ai pas pris de plaisir.
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Cité d'Ivoire



500 ans de réchauffement climatique a poussé l’humanité vivre sous des dômes pour survivre. Ces dômes ont finis par devenir des cités co-administres par les IA. Dans une de ces cités, nous allons suivre trois personnages qui évoluent à différents niveaux de la société et où une rumeur d’un endroit perdu en dehors des dômes qui est un havre de liberté existe : La cité d’ivoire.



Je trouve qu’il est déjà important de dire que ce roman a un aspect politique et écologique assez dominant. Le côté SF étant présent surtout pour montrer les dérives de notre société si on continue nos dérives.



Dans ce cadre, j’avoue que lire ce roman ce mois-ci était vraiment une pente glissante. En effet le réchauffement climatique étant omniprésent actuellement ainsi que le moment de tension extrême dans lequel est la France, m’a poussé à une réflexion plus grande.



Évidement un autre thème est aussi abordé qui lui aussi nourrit l’actualité ces derniers temps : l’intelligence artificielle. J’ai beaucoup aimé les idées données par l’auteur qui permet de prendre le problème autrement, mais je vous invite pour cela à lire le roman.



J’ai beaucoup aimé l’évolution du personnage de Sam qui j’avoue m’a plutôt correspondu tout au long de la lecture par ses réactions, ses découvertes et ses idées.



Le personnage de Maëlle montre aussi un revers de la société qui je pense peut apporter une nuance et une compréhension à certains penchants.



Pour ce qui est du Kid, j’avoue avoir eu du mal parfois à lire certains de ses chapitres, a cause de la manière dont il pense et dont il parle. Les phrases sont parfois construites un peu bizarrement et m’ont demandé à être relu. Je pense que ceci est souhaite par l’auteur et cela caractérisait clairement le personnage.



J’ai beaucoup aimé dans l’ensemble la réflexion que m’a apporté ce roman ainsi que l’histoire. J’ai trouvé par contre la fin un peu précipité à mon goût mais je n’ai pas été déçu du voyage !

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Cité d'Ivoire

L’humanité a raté le coche. Et bien raté. Les dégâts annoncés ont eu lieu et, en 2516, les populations vivent sous des dômes afin d’être protégées de la « Nature » que leurs ancêtres ont détraquée. Les pluies acides menacent ceux qui osent sortir. Mais sous les coupoles de métal, la situation n’est guère florissante. Enfin, pour la majorité. Car une « élite » tient encore le haut du pavé et vit dans le confort et le luxe pendant que la majorité de leurs concitoyens crèvent de faim.



Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean Krug ne nous ménage pas. Nous avons manqué le créneau qui aurait peut-être (et j’insiste sur le « peut-être » parce que l’auteur se montre tout sauf manichéen à propos de cette crise) pu nous permettre, sinon d’inverser la tendance, du moins d’en atténuer les effets. Le réchauffement climatique a eu les conséquences délétères que l’on craignait. Dont acte. Mais ceci n’est que l’arrière-plan (capital, mais pas central) de ce récit. Nous sommes plutôt plongés, dès les premières lignes, dans la contestation d’un ordre social foncièrement inégalitaire. Le pouvoir maintient l’ordre et les conditions de vie (en principe), grâce aux I.A. Ce sont elles qui assignent des lignes de conduite. Ce sont elles qui gèrent les ressources. Ce sont elles qui contrôlent les personnes. Chaque habitant est pucé et le moindre déplacement est sous surveillance. La police est donc toute puissante et les disparitions mystérieuses, ordonnées par les puissances informatiques et la mairie, sont nombreuses.



Malgré cet ordre maintenu, la vie n’est pas agréable pour toutes et tous. Pendant que certain.e.s, au Niveau Deux, mènent une existence plus que convenable, d’autres, au Niveau Zéro, croupissent dans la merde et vivent de rien. La révolte gronde. Mais dans un monde aussi surveillé, comment s’organiser, comment résister ? Jean Krug nous offre alors trois points de vue. Trois personnages aux parcours très différents, aux intérêts souvent opposés. Maëlle fait partie des forces de l’ordre. Elle est un condensé de colère qui comprend de moins en moins les raisons des consignes de ses supérieurs. Sam est intégré dans cette société : il est chauffeur pour une grande boite et se satisfait de cette situation. Mais son demi-frère ne l’entend pas de cette oreille et fait tout pour lui montrer l’injustice qui les entoure et, ainsi, le rapprocher de la résistance. Enfin, le Kid, le personnage à la gouaille fleurie et à la tronche de biais. Le révolté permanent qui ne peut s’empêcher de cracher son dégoût à tout bout de champ. Même si cela doit l’amener dans des situations déplorables.



On suit donc ces trois jeunes gens dans des chapitres souvent courts et nerveux. Pas vraiment de temps mort dans Cité d’ivoire. Le bouquin est épais et la taille de police assez petite (heureusement, mes nouvelles lunettes étaient arrivées). L’histoire également est dense, mais rapide et fluide. Une fois de plus, je retrouve cette habileté de l’auteur à nous conduire là où il veut avec aisance. Mais sans renier des recherches de style. Ce dernier n’est pas plat et passe-partout comme souvent en littérature. Tout d’abord, comme dans le roman précédent, Jean Krug caractérise ses personnages par son langage. Et même sa façon, à lui, de nous en parler. Je m’explique : quand on suit Sam, le récit est au passé simple et à l’imparfait, les temps classiques de la narration. Normal, puisque ce personnage est bien rangé, bien calé dans la société, du moins, au début du roman. Par contre, les aventures de Maëlle sont écrites au présent. On est alors davantage dans l’immédiateté, dans la réaction. D’ailleurs, souvent ce personnage se parle à lui-même dans des phrases en italiques. On sent qu’elle cherche en permanence à reprendre le contrôle mais ne le peut, car elle vit trop dans l’instant. Enfin, avec le Kid, Jean Krug s’est fait plaisir et cela se sent. Le langage de ce jeune révolutionnaire est fleuri au possible. Il est argotique, plein d’images toutes plus surprenantes les unes que les autres. Dans ses mots, on sent ce qu’il pense. Ses paroles sont tranchantes comme l’est sa colère.



Et même dans ses descriptions, l’auteur ne cède pas à la facilité. Sans rendre abscons ou obscur son récit, loin de là (je le redis, la lecture de Cité d’ivoire est fluide et parfaitement agréable), il se permet des images frappantes et des associations de termes pas évidentes au premier abord. Il joue sur le vocabulaire et ses richesses. Parfois même jusqu’à des blagues à la limite du potache. Les résistants adorent donner de nouveaux noms à leur entourage, à leurs opérations : l’« Airsistance », l’« Ivraisse ». Un autre groupe a inventé un lieu de parole en forme de spirale qui devient tout naturellement l’« Aspi-Râle » ; leur prison bricolée est une « cagebane ». Et Jean Krug se paie même le luxe de faire appel à l’étymologie grecque, par exemple pour le nom des dirigeables qui permettent d’explorer l’extérieur en toute sécurité : l’Aither (je n’ai pas reproduit l’esprit et les accents qui ornent ce mot dans le texte) vient du nom qui signifie « ciel » en grec ancien.



On le sentait déjà dans Le chant des glaces, Jean Krug n’est pas insensible aux inégalités sociales. Ni, d’ailleurs, à la pensée anarchiste. Dans certains groupes rencontrés au cours de ce récit, c’est ce mode de fonctionnement qui est choisi. Cela m’a rappelé incidemment le très intéressant Un pays de fantômes de Margaret Killjoy. Là aussi, l’autrice observait des tentatives de vie en petite communauté selon ces principes d’égalité de parole, de respect de l’autre. Là aussi, on percevait l’exigence de cette façon de vivre, mais également sa richesse. Car, pour Jean Krug, une société qui se complaît dans ses vieilles lunes où une partie non négligeable de la population survit pendant qu’une autre, au nom de l’ordre établi, profite de la vie, c’est insupportable. Il nous le montre (et ne nous l’assène pas, car l’auteur semble vouloir nous convaincre, pas nous imposer son point de vue) dans le roman en plusieurs endroits. Comme quand une vieille femme riche et installée tente de convaincre un jeune pauvre révolté de l’injustice de cette révolte, car elle met en danger la société. Doit-on vraiment défendre une société si cette dernière se montre injuste ? L’ordre, même inégalitaire, est-il préférable à un désordre plus porteur de justice ? Cette réflexion rappelle un peu celle que Benjamin Patinaud développe dans son Syndrome Magneto. Pour lui, le méchant est plus intéressant que le héros, car lui, au moins, tente de faire bouger les lignes, lui au moins essaie de changer cette société injuste au possible. Ce que j’apprécie dans Cité d’ivoire, c’est que Jean Krug, même s’il nous guide dans la direction qu’il souhaite, nous laisse quand même le choix. Il montre plusieurs points de vue, plusieurs cheminements de pensée. Et c’est toujours agréable en ces temps de manichéisme épuisants.



Pas toujours facile d’écrire un deuxième roman quand le premier a plu. Eh bien, Jean Krug a parfaitement réussi cette étape avec Cité d’ivoire. Il a mené un récit vif et passionnant du début à la fin, avec talent et enthousiasme. J’étais un peu inquiet devant la taille de la police de caractère, mais je n’ai pas regretté une seconde d’avoir passé le pas. Sam, Maëlle et le Kid m’ont embarqué avec eux dans leur histoire, dans leur vie. Et je me souviendrai longtemps de ce voyage.
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Cité d'Ivoire

Cité d'Ivoire est le second roman de Jean Krug à paraitre aux Editions Critic, après Le Chant des glaces. L'auteur, glaciologue de métier, quitte son domaine de prédilection pour s'aventurer dans un futur dystopique et post-apocalyptique mais où l'écologie reste une trame importante de son histoire.



Au milieu du troisième millénaire, conséquence du réchauffement climatique, la Terre est devenue invivable. Les rares humains survivants se retrouvent dans des villes géantes arbitrées sous d'immenses dômes censés protéger la population de la pollution extérieure. L'administration de la Cité est conduite par quelques hommes et femmes qui concentrent tous les pouvoirs et supervisée par une Intelligence Artificielle qui sonde - en théorie - chaque citoyen et chaque centimètre carré du territoire. Mais la plupart des outils de surveillance sont vieillissants, tombent en panne ou sont sabotés par une partie de la population qui se sent (à juste titre) oppressée et exploitée. Le Dôme d'Iliane est une cocotte minute sous pression qui menace d'exploser à chaque instant. A travers trois personnages venant d'horizon différent, Jean Krug nous dévoile son univers et les premiers pas d'une possible révolution...



Cité d'Ivoire ne renouvelle pas le genre du roman post-apocalyptique. En effet, les cités sous dômes sont largement présentes dans la littérature, avec toutes un fonctionnement pyramidale où une poignée de privilégiés font la Loi (et les lois) au détriment de l'immense majorité de la population laissée pour compte, pauvre et exploitée jusqu'à l'oubli. Le contrôle de celle-ci via une IA n'est pas novatrice non plus mais Jean Krug apporte un petit plus avec une réflexion intéressante autour de la dépendance à cet outil. Il multiplie également les points de vue, donnant du corps à son histoire. Maelle, Sam et Le Kid issus de trois secteurs différents, aux idéaux parfois contraire vont voir leurs routes se croiser à de multiples reprises avant de converger vers un même but. Ils sont dans l'ensemble plutôt bien croqués, chacun avec leurs forces et leurs fêlures, évoluant au fil du temps.



Plutôt destiné à un public jeunesse, à un lectorat lisant peu le genre ou à ceux plus aguerris qui veulent un divertissement sympathique, Cité d'Ivoire est plutôt une bonne surprise. Ce roman d'aventures où l'écologie est omniprésente et dont le moteur est la lutte des classes, la quête de liberté, l'envie de changement et de révolutions, n'est pas sans rappeler le monde d'aujourd'hui.


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Cité d'Ivoire

Tout d’abord merci à Babelio et aux éditions Critic de m’avoir sélectionné à leur opération Masse critique Mauvais genre de MARS 2023.

Cette initiative pour faire participer les lecteurs que nous sommes est excellente .

Et elle m’a fait découvrir une maison d’édition en Région que je vais m’empresser de suivre à l’avenir.

Venons en à ce Roman , à ce gros roman.

Ce fut un peu long et quelquefois difficile de suivre ce récit foisonnant et ambitieux . Mais mon ressenti général est bon et je suis ravi d’avoir découvert un auteur - Jean Krug - exigeant et passionnant .

Je ne m’étendrai pas sur le récit , d’autres l’ont fait ou le feront mieux que moi.

L’action se passe cinq cents ans après les premiers signes du réchauffement climatique , les hommes sont « protégés » par des dômes administrés par une Mairie omnipotente et par des IA ambigus pour le moins.

Bien sur, ce monde est en décomposition.Et nous allons découvrir des factions séditieuses, les injustices et les différentes strates de cet habitat sectaire qu’est le dôme et ses niveaux inégalitaires.

Cette découverte nous la ferons à travers les pensées et les souffrances de quelques personnages clés Sam Deson, Maëlle Swan , le Kid , et bien d’autres .

Et nous arrivons la à une des forces et faiblesses de ce récit.

Cité d’ivoire est un mythe censé rassembler les survivants et les motiver pour accomplir une quête de justice, d’égalité et de fraternité.

En ce sens ce roman est avant tout un récit social et politique , plus encore qu’un roman post-Apo.

Le livre est long et riche , et sa lecture est quelquefois rendue difficile, par le style de l’auteur , qui pour moi flirte trop souvent avec du Damasio, ou du Dantec; utilisant jeux de mots ou vocabulaire complexe.

Ça m’a d’autant plus gêné que l’auteur a un style propre et puissant et écrit bien et riche.

Le découpage par paragraphe dédiés aux personnages principaux est classique mais utile pour revenir dans l’action et cadrer certains passages un peu long.

Par ailleurs le roman contient des sociétés interessantes que ce soit le dôme par ses ségrégations et ses injustices , ou l’extérieur par l’utopie , l’espoir qu’il véhicule .Sans parler du navire pirate que je vous laisse découvrir .

Cela fait beaucoup , peut être trop et le récit a tendance quelques fois à se perdre dans des méandres que l’on aurait aimé voir développer davantage ou d’autre qui n’apparaissent que comme des prétextes .

A ce sujet les IA et leur rôle me semblent le point faible de ce récit. Et la fin s’en ressent , mais sans grande importance tant le récit vaut par sa diversité et ses personnages .

En effet aux cotès des héros principaux une galerie de personnages secondaires apporte avec bonheur, à mon goût, diversité d’opinions , poésie et humour .

Je vous recommande Maïa -qui dans la cabane Météo- va en quelque mots(pages) faire le récit du changement climatique aux enfants réunis autour d’elle…

Tous ces personnages sont finalement nombreux et souvent attachants. Et utiles à l’avancée du récit .

Ce roman est foisonnant , et mélange souvent des genres variés pour mon plus grand plaisir, mais peut être ne serez vous pas de cet avis? Il faut aimer les récits de pirates, de révolution, de lutte sociale, d’aventure et d’exploration et bien d’autres que j’oublie.

Mais au bout du roman j’en n’étais pas rassasié et j’en reprendrai bien encore un peu auprès du Kid , de Sam ou de Sarah et de ses boucles brunes.

Enfin un mot pour la qualité de l’édition et de l’illustration, mis justement en valeur à la fin du livre.
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Cité d'Ivoire

Roman post-apocalyptique dans un monde dystopique aux multiples facettes, "Cité d'ivoire" nous embarque cinq cent ans dans le futur, l'humanité survit dans une ville tentaculaire, sous un dôme protecteur contre des pluies acides.



Jean Krug, dont j'avais lu et apprécié "Le chant des glaces" il y a quelques semaines, nous offre un récit très riche dans ses thématiques, avec une plume accessible et agréable.



Le fameux dôme protecteur se voit surtout un moyen de contrôler la population, notamment les plus pauvres, il est organisé en secteurs par niveaux, au plus haut les puissants et les riches, dans les sous-sols et autres profondeurs, les pauvres, les indigents, les travailleurs du désespoir et autres individus que les autorités veulent contrôler.

Une organisation de défense de ces citoyens essaye de combattre le pouvoir en place pour éradiquer les injustices, la révolution est en marche.



Les personnages sont intéressants, notamment ceux que nous suivons en tant que narrateurs (ils sont trois), et nous donnent une vue globale du dôme, un travailleur, chauffeur pour les riches mais issus d'une famille modeste, une membre des forces d'intervention et de sécurité, un partisan de l'organisation de libération du peuple.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste et donnent corps à cette histoire.



Nous découvrons des thèmes tels que la défense des droits, le contrôle permanent, la déchéance des ressources, la répression par la violence, l'intelligence artificielle, la famille, l'entraide, la colère, le deuil, l'amour, le mensonge, l'espoir, le besoin de liberté, la rédemption.

Le worldbuilding est varié malgré le dôme car une partie se déroule en dehors, dans la nature, ou encore à bord de navires volants.

Le tout est truffé de scènes d'action et ne laisse pas une seconde au lecteur, on tourne frénétiquement les pages pour connaître la suite des évènements divers.



Que vous aimiez "1984" d'Orwell ou simplement les romans d'aventures, vous aimerez Cité d'ivoire.

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Le chant des glaces

J'ai reçu ce livre dans le cadre de Masse Critique Mauvais Genres 2023. J'ai essayé de rentrer dans l'histoire mais je n'ai pas réussi à m'habituer à l'écriture de l'auteur qui, pour moi, est trop difficile à décrypter. Comme si celui ci était tellement enthousiaste de mettre sur papier les idées qui fourmillent dans sa tête qu'il en oublie de préparer le terrain en douceur pour que le lecteur s'imprègne bien du décor et des personnnages ! J'étais vraiment très curieuse lorsque j'ai lu le résumé de cette histoire fantastique et que j'ai découvert que l'écrivain était également glaciologue mais malheureusement j'ai trouvé qu'il y avait trop d'information ! Déjà le prologue m'a donné le tournis... Je suis bien déçue car j'espérais me remettre à lire ce genre littéraire par cette occasion ! Je vais tâcher de le proposer à quelqu'un qui pourra l'apprécier pleinement.
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Cité d'Ivoire

Je recommande sans réserve ce roman à la fois divertissant et pédagogique. C’est le propre de la science-fiction d’imaginer le futur. Il est désormais courant de l’imaginer sous le prisme du réchauffement climatique. Reste que souvent nous refermons les romans, tout aussi bon soient-ils, avec un sentiment d’accablement face à l’inévitable catastrophe. Il y a donc deux écueils à éviter : le lieu commun et la désespérance - du moins, si votre lecteur cherche un peu de joie dans son divertissement ! Jean Krug s’en tire à merveille.

Sur la projection climatique d‘abord, le monde de demain imaginé est crédible et l’angle abordé pertinent. En créant une ville repliée sur elle-même, le roman répond à la fois à un scénario plausible d’un système de protection humaine contre les pluies acides dues à la pollution, et en même temps, de manière métaphorique, aux replis communautaires face aux migrations de populations délogées par les catastrophes naturelles.

Sur le sentiment de désespérance ensuite, le monde apocalyptique avec la grande chute de notre société n’est pas une fin en soi, ni tout à fait l’objet du roman, c’est à dire que l’accent n’est pas sur les conditions de survie (comme dans La Route, ou Ravage). L’intérêt du roman réside précisément dans sa capacité à dépasser cet état de chute et à l’intégrer comme une donnée ancienne. Avec beaucoup de pédagogie, l’auteur distille tout au long du roman des explications sur les changements climatiques. Ainsi, nous comprenons mieux les impacts sur la nature. Nous apprivoisons un peu l’ampleur du phénomène. En outre, l’auteur ouvre différentes pistes de réflexions sur ce changement d’état, dont la richesse porte le lecteur à l’introspection et l’action, plutôt qu’à l’accablement… (Suit sur Instagram)
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Le chant des glaces

Un excellent roman SF glacial mais pas glaçant !



Lu dans le cadre de masse critique, j’ai découvert et apprécié ce roman que je n’aurais pas acheté en temps normal. Peu adepte à ce genre litteraire, il m’attire de plus en plus malgré tout.

L’aspect extérieur de l’ouvrage est réussi et la collection dans laquelle il se trouve, les étoiles montantes de l’imaginaire, lui confère un statut de livre à découvrir, de petite pépite.

Par contre, le résumé est à mon goût un peu trop détaillé.

Peut-être a-t on voulu apporter le maximum d’informations au lecteur pour ne pas qu’il se perde en chemin.

Même si l’histoire est tout à fait compréhensible, on sent bien qu’à l’extérieur, l’univers est vaste. C’est le propre même de la science fiction sans doute, que de nous frustrer toujours un peu. Bref, j’aurais aimé en connaître plus sur l’agencement de cette société, sa politique, son histoire, sur ce futur intriguant et sur ces personnages.

La scientifique Jennah, est assez détaillée mais les autres personnages ne le sont pas ou si peu. Malgré tout, ils sont attachants car les dialogues sont très réussis.

De même, les lieux sont bien retranscrit sans être pour autant énormément décrit. Nous avons ici une belle immersion dans un univers futuriste et inconnu, une vrai ambiance.

Les connaissances de l’auteur apportent évidemment un grand plus au roman où le froid et la glace sont omniprésents. Le vocabulaire est précis mais n’alourdit pas le récit.

La narration est très réussie. L’auteur, par un jeu de flash-back, nous apporte les informations nécessaires à la compréhension de l’histoire, et crée ainsi un vrai rythme. On ne s’ennuie pas.

Quant à l’histoire en elle-même, elle me laisse un peu sur ma fin. Il y a beaucoup trop de points d’ombre. Mais il aurait fallu plusieurs suites pour tout explorer ! La dimension militaire m’a moins emballé même si elle est inévitable dans les space opera.

Enfin, le roman est enveloppé par la notion philosophique de la liberté qui débute et clôture le livre. Pour ma part, j’aurai vraiment aimé y trouver une réflexion sur l’écologie, l’épuisement des ressources,...



Même si je ne suis pas adepte du genre, j’ai apprécié ce roman pour son intrigue dont on veut connaître la fin , et son ambiance.

Je lirai volontiers un autre roman de Jean Krug.





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Le chant des glaces

Ouvrage reçu lors de la dernière opération Masse Critique, je remercie, comme à chaque fois, babelio ainsi que les éditions Pocket pour l'envoi de cet ouvrage car il est certain que sans ce concours de circonstances, je n'aurais jamais découvert ce livre et cela aurait été bien dommage !

Il est vrai que je ne lis que très rarement (voire quasiment jamais) des livres de science-fiction (à tord) mais là, j'ai été bluffée, même si j'ai mis un certain temps à m'adapter à l'atmosphère, aux changements de décors et de narrateur et plus simplement au style d'écriture de l'auteur mais une fois tout cela bien mis en place, je n'ai plus pu m'arrêter !



Premier livre de Jean Krug, j'espère que ce dernier ne s'arrêtera pas là (en tout cas , c'est un auteur qui mérite vraiment à être connu et je ne vais pas le lâcher de sitôt si il continue dans cette lignée-là).



Ici, pas d'espace temps mais le lecteur s'imagine bien que cela se situe dans un futur lointain, pas d'endroit réellement fixe si ce n'est l'Espace et de nombreuses planètes qui la composent et qui ne sont absolument pas celles que nous connaissons si ce n'est la présence de la Terre renommée ici Alpha (les deux noms sont utilisée pour la qualifier). Sur la planète Delas, dans le glacier de David exactement, Ferley et Bliss sont "chanteurs", c'est-à-dire qu'ils creusent dans la glace pour y extraire la fameuse matière première indispensable valant son pesant d'or (et je ne pèse pas mes mots : le Cryel ! Et si ce-dit cryel existait sous sa forme la plus pure et la plus parfaite qui soit ?

Jennah y croit. Elle a fait d'innombrables recherches sur le sujet et, en tant que scientifique renommée, a même réussi à convaincre certaines autorités. Légende ou vérité ? Personne ne l'a jamais vu mais lorsque l'on habite sur Delas et que l'on est prisonnier (tous le sont) et que l'on vous propose la liberté si vous trouvez ladite matière, il n'y a guère à hésiter ! C'est ainsi que Fey, Bliss et Nox s'aventurent dans une mission certes suicidaire à première vue car elle devra se dérouler dans un environnement très hostile et prendre des risques inconsidérés mais, comme l'on dit toujours, la liberté n'a pas de prix !



Entre trahisons, amitié et esprit de collaboration mais aussi de compétition, l'auteur réussit ici un véritable exploit de maître, alternant les voix des protagonistes et entraînant le lecteur dans différents endroits de la galaxie, le plaçant tantôt du point de vue des acteurs directs tantôt vers celui d'un vaisseau stationné sur une autre planète et se retrouvant souvent en transit entre deux, en gravitation dans l'espace mais le lecteur ignore, de nombreux chapitres durant si ces derniers sont des alliés ou au contraire, des espions au solde des dirigeants politiques en place !



Une lecture vraiment passionnante avec des héros extrêmement attachants et un ouvrage que je ne peux que recommander fortement aux fans de science-fiction mais pas seulement !







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Cité d'Ivoire

La Cité d’Ivoire, c’est ce mythe qu’on se raconte de génération en génération à Iliane. C’est cette cité qu’on aimerait rejoindre pour toujours. A Iliane, ville dôme gouvernée par un homme politique aux méthodes coercitives, Sam comprend que la révolution sourde dans les bas-fonds. En effet, une poignée d’anarchistes est bien décidée à déstabiliser le pouvoir en place. Le Kid est l’un d’eux. Plus haut, dans les sphères politiques, Maëlle, policière d’élite, a été élevée et conditionnée pour traquer les dissidents. Quand Sam passe de « l’autre côté », la chasse commence!



Avec Cité d’ivoire, Jean Krug propose un roman de SF aux accents politiques. Les cent premières pages se déroulent dans Iliane, cette cité dôme qui protège la population d’un dehors corrompu et dangereux. Mais certains n’y croient pas et savent qu’on peut aller dehors et y vivre. Le lecteur va vite comprendre qu’on ment à la population et qu’un ailleurs est possible. Si les premières pages du roman m’ont paru un peu longuettes (la faute à l’accent mis sur l’intrigue politique), j’ai adoré le reste du livre qui fait office de vrai page-turner. J’ai pu être déstabilisée par le fait que le côté SF n’est pas vraiment développé. Il sert ici de contexte pour servir une intrigue plus politique avec des personnages qui cherchent à renverser le pouvoir.



Les chapitres alternent entre trois points de vue: celui de Sam qui va changer de camp au cours de l’intrigue, celui du Kid et enfin celui de Maëlle, au service du pouvoir. L’auteur adapte sa plume au personnage donnant une vraie tonalité à son récit.



Si l’intrigue reste classique, j’en ai aimé le rythme et les enjeux. Sam se lance sur les traces de cette mythique cité d’ivoire. Les autres personnages prennent de l’ampleur et évoluent au fil du roman. On passe d’une cité tyrannique à un bateau-dirigeable, donnant un petit côté steampunk au roman, en passant par la jungle/junte. On ne s’ennuie pas une seule seconde!



Avec Cité d’ivoire, Jean Krug nous offre un roman détonnant et original.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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