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Critiques de Jean-Marc Rochette (560)
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La Dernière Reine (BD)

Je n’ai pas pris plaisir à lire cette histoire. Trop de noirceurs sans doute. Noirceur dans les thèmes abordés : la guerre et les gueules cassées, la vilénie humaine dans bien des domaines. Noirceur aussi dans les couleurs choisies, toujours sombres, à la limite de la netteté, il faut scruter parfois les dessins pour distinguer les vues, les personnages. Une lecture fatigante.



Et pour moi, trop de clichés.

Une histoire d’amour un peu simplette (une artiste tombe éperdument amoureuse de son modèle), un tableau manichéen (la ville c’est mal, la montagne c’est bien : les hommes ne sont plus connectés à la nature), un discours écologique de base (l’homme détruit tout).



Mais à côté de ça, je reconnais l’amour d’une région : l’histoire d’un lieu, le Vercors ; la réflexion sur la place de l’homme et de la nature ; la critique sur le monde de l’art et le pouvoir de l’argent.



Une lecture mitigée donc, mais dont je garde quand même quelques belles images (avec un super spot pour les éclairer), le talent de Jean-Marc Rochette est bien là.





Gueule cassée de 14-18, Édouard Roux trouve refuge dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui redonne un visage et l'introduit dans le milieu des artistes de Montmartre. En échange, Édouard lui fait découvrir la majesté du plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours qu'il a vu tué quand il était enfant. Au cœur du Cirque d'Archiane, il lui dévoile la Dernière Reine et incite Jeanne a créer le chef d’œuvre qui la fera reconnaître.

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Le Loup

Quelle belle histoire et/ou fable ! Lorsque l'on tourne la dernière page, on y reste encore dedans à se poser des questions sur la relation entre l'homme et l'animal surtout après le postface de Baptiste Morizot, philosophe qui plaide pour de nouvelles alliances entre les hommes et les animaux. Impossible au lecteur de prendre parti pour le vieux berger ou le jeune loup blanc. Gaspard (un autre de la Meije) a tué sa mère qui s'est attaqué à ses moutons. Un vrai boutche qui ne s'est pas remis de la mort de son fils que la guerre a pris. Qui gagnera ? Existe-t-il un compromis ? Il y a un peu de L'oeil du loup de Pennac dans les dessins où leurs regards se croisent. Rochette nous offre comme cadre le Massif des Écrins. 2ème BD que je lis de lui, je suis conquise. Relève de London et de Hemingway.
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La Dernière Reine (BD)

Tant que dans la montagne règneront les ours, le soleil se lèvera le matin. Mais au soir où mourra la dernière reine ---

--- alors ce sera le début du temps des ténèbres



240 pages d'ode à la nature sauvage, d'hymne à l'art capable de transfigurer la laideur et la danse de deux amants unis face à la bêtise des hommes.



Dans cet album, Rochette joue avec les pinceaux, ressort de sa palette le blanc virginal des montagnes, son bleu reconnaissable entre tous (cfr AileFroide, Le Loup), y ajoute le brun, le vert pour magnifier la nature

- sauvage -, comme il aime à la défendre.

Les traits s'épaississent par moments pour souligner des moments forts:

la passion des amants, les terreurs d'Edouard, puis s'épurent, s'affinent pour célébrer la vie, la montagne, les derniers sauvages.





A la fin du XIXe S, dans le Vercors, les vieilles légendes sont tenaces. Edouard, le rejeton de la Sorcière (fille-mère) aux cheveux roux comme le diable a trouvé son équilibre dans la nature et sa faune sauvage. Relié à elles par des liens insaisissables pour beaucoup d'humains.

Impuissant, il assiste gamin à la mise à mort du dernier ours.



Quelques années passent, Roux se retrouve comme tant d'autres dans les tranchées de la guerre 14-18. Il en sort la figure arrachée: une gueule cassée

Une rencontre va tout changer, lui redonner vie et espoir



" Mon cher Edouard (STOP) Je viens de finir votre visage (STOP)

J'en suis contente (STOP) Venez vite (STOP) Jeanne "



Sculpteur enjuponné, Jeanne Sauvage (*) a mis son talent au service des défigurés de la grande guerre en leur confectionnant des masques.

Avec Edouard, c'est la rencontre de deux âmes soeurs qui vont s'aimer passionnément. Elle lui fait connaître Montmartre, le Lapin Agile, Soutine. Il l'aide à réaliser son rêve: "je fais des visages pour gagner ma vie mais ma véritable passion, ce sont les animaux" en l'emmenant découvrir les derniers secrets de ses montagnes.





Pour découvrir le destin de ces cassés de la vie, s'en prendre plein les yeux, s'évader dans des paysages à couper le souffle (Cirque d'Archiane, Réserve), admirer des dessins magnifiés par la palette d'un peintre (Galerie) sur un scénario feuilleton solide qui tient ses promesses de bout en bout, posant des questions essentielles sur l'équilibre nature / homme dans le monde actuel, démontant la connerie humaine, mettant en lumière le pouvoir de l'art et la Femme (Jane Poupelet *).





Pour profiter de la magie de ce conteur-artiste, fervent défenseur de SA montagne: La Dernière Reine, une promenade graphique de 240 pages, une évasion intelligente et réussie. Enchantement.

**il m'a juste manqué quelques pleines pages pour être au septième ciel, j'étais au 9ième - sujette aux vertiges, j'ai pris mon pied --- de bulles.



Des liens vers les évasions que la lecture de cette album nous offre



* Jane Poupelet (Jeanne) Anna Coleman Ladd, reconstruction des défigurés

https://www.lematrimoine.fr/jane-poupelet/

https://www.culture.gouv.fr/.../Les.../Icones/Poupelet-Jane

https://www.youtube.com/watch?v=qEk69wf_Ro8



* Le Vercors et le cirque d'Archiane

https://www.inspiration-vercors.com/.../le-cirque-darchiane



*Jean-Marc Rochette, Encres de chine, Aquarelles, Huiles sur toile, sculpture

https://galerielesetages.fr/page/qui-sommes-nous.html
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Le Loup

Tout démarre avec une louve, tuée à l'intérieur du parc (dans le massif des Écrins, Alpes françaises) par Gaspard le berger, laissant un louveteau blanc orphelin. Ce dernier a grandi et tient à venger sa mère. S'en suivent une sorte de duel, puis de pacte entre ce majestueux loup blanc et le berger.



C'est un joli roman graphique, dans lequel il y a très peu à lire mais beaucoup à observer. Les traits et contours épais donnent le ton, c'est sombre malgré le blanc à perte de vue, en corrélation avec l'humeur de Gaspard. Les protagonistes sont rendus très expressifs, le loup surtout (très très beau quand il est représenté de face).



Le peu de texte est suffisant, puisque les dessins parlent d'eux-mêmes : paysages blancs abrupts, nuits glaciales et avalanches donnent ce qu'il faut en termes de dangers et sensations fortes. La rivalité entre l'homme et le loup est également bien retransmise.



Une belle histoire qui démontre que la nature sauvage a elle aussi des droits, que l'homme ne peut pas toujours avoir le dernier mot, qu'il y a toujours moyen de partager son "territoire". Une histoire pleine de hargne et de colère au début, qui se voit remplacée par une histoire pleine de sensibilité et de compassion sur la fin.



(Je déplore juste les scènes de chasse, certaines représentées tel un loisir et non comme une nécessité.)

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Ailefroide : Altitude 3 954

Avec « Ailefroide : altitude 3 954 », Jean-Marc Rochette – auteur, notamment, du fabuleux « Transperceneige » - revient sur son enfance et son adolescence dans cette autobiographie graphique qui nous transporte dans sa vie de jeune lycéen grenoblois. Passionné d’art et de dessin, c’est par hasard qu’il découvrira ce qui deviendra l’autre grande passion de sa vie : l’escalade.



Nous suivons la vie de ce gamin qui, comme beaucoup d’autres, s’ennuie ferme au lycée, suit les cours d’une oreille distraite et ne vit que pour ces grands moments d’air pur, d’apprentissage, d’effort et de défi à soi-même, aux autres et à la mort, dans la splendeur des massifs alpins où la moindre faute d’inattention, la plus petite imprudence peut à chaque instant être fatale.



Avec son copain Sempé, le complice de toujours, puis d’autres grimpeurs, d’escalade en escalade, de sommet en sommet, à l’école de l’endurance et du courage, nous le voyons devenir au fil des années et des pages un alpiniste chevronné… qui butera pourtant sur un rêve pour lui inaccessible : la conquête de l’Ailefroide et finira par comprendre que sa véritable voie ne se tracera pas à coups de piolet dans la montagne mais le crayon à la main, sur une planche à dessin.



Une autobiographie originale et sympathique, servie par un dessin expressif et efficace qui nous raconte une trajectoire et un destin – avec ses erreurs, ses désillusions et ses blessures –, nous permet de pénétrer un peu dans les jardins secrets de Jean-Marc Rochette et nous offre un grand bol d’air frais dans la froide beauté des Alpes. Un bon moment de lecture même si, n’étant pas férue d’escalade, j’y ai trouvé par endroits quelques longueurs.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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La Dernière Reine (BD)

L'ours est l'animal qui me fascine le plus, alors quand Rochette, dont j'ai adoré Le loup que je viens de relire d'ailleurs, qu'elle ne fut pas mon bonheur ! J'ai fait durer le plaisir tout comme un dernier verre de Chartreuse que je me gardais. En décembre j'ai vu à Grenoble l'Expo à la galerie Momie consacrée à Rochette où j'ai pu admirer les planches d'origine, les sculptures et tableaux. Il dit qu'il arrête le roman graphique alors celle-ci je l'ai savouré et c'était facile, l'histoire est juste magnifique. Dessins peut-être un peu sombre. L'homme qui fout en l'air l'écosystème, les gueules cassées, la sculpture, l'histoire d'amour, l'intolérance, la nature, le loup, les chamois, l'ours, la neige et le Vercors bien sûr. Grandiose ! Il s'améliore comme le bon vin, donc j'espère qu'il continuera à nous enchanter.
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La Dernière Reine (BD)

Quel beau roman graphique !



Depuis quelques années, Jean-Marc Rochette nous concocte des albums vraiment réussis : Ailefroide, récit autobiographique qui racontait sa jeunesse dans les Ecrins, Le loup, fable écologique qui confrontait un loup et un berger, et aujourd’hui cette dernière reine.



Cette fois, l’auteur a choisi une histoire vraiment romanesque, celle d’Edouard Roux. L’album commence dans le Vercors où il grandit auprès de sa mère, puis se poursuit pendant la guerre de 14/18 dont Edouard sortira défiguré et traumatisé. Il nous emmène ensuite à Paris lorsqu’Edouard rencontre une jeune sculptrice animalière qui fait des masques pour les gueules cassés. Ce sera son grand amour et je n’en dis pas plus si ce n’est que le récit alterne les lieux (Paris, Grenoble et le Vercors) et les époques (l’auteur n’hésite pas à faire des allers retours entre l'après-guerre et un passé très lointain).



Les thèmes sont nombreux : l’amour, la dégradation de la nature ici symbolisée par un ours, l’art, les ravages de la guerre, pour citer les principaux. C’est réellement une belle histoire tragique qu'il nous raconte.



Le dessin est somptueux comme d’habitude, notamment pour les scènes qui se passent dans la nature et/ou avec des animaux. Le trait est épais, les couleurs sont assez sombres. Il en ressort une impression de puissance qui sert complétement l'histoire. Bravo !

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Le Loup

Jean-Marc Rochette nous conte l'histoire d'un vieux berger et d'un jeune loup et nous offre à travers elle une très jolie réflexion sur la place de l'homme dans la nature.



D'un côté, un berger excédé de voir le loup dévorer ses brebis fait parler sa carabine.

Et, pan !

En face, la victime est une louve. Son louveteau se retrouve seul, démuni et désorienté par la perte de sa mère.

Gaspard n'a aucun état d'âme : "Elle m'avait déjà tué 150 brebis la saison dernière. C'était elle ou mon troupeau. J'ai choisi."

Dis comme ça, c'est simple. Mais la suite sera plus compliquée pour Gaspard.



Cet album nous offre une confrontation saisissante entre un vieil homme et un jeune animal.

Qui sortira vainqueur de ce terrible duel ?

L'homme ? L'animal ?

Et si les deux gagnaient, à travers ce qu'ils auront retenu de cette aventure ? de cette leçon de vie, finalement.



L'album de Jean-Marc Rochette, au-delà du plaisir d'une belle histoire pose les questions essentielles.

Le loup, animal sauvage, dérange les hommes, c'est certain.

Mais...

Qui, de l'homme ou du loup, est le plus légitime dans la nature ?

Qui, de l'homme ou du loup, est le plus sauvage ?

Le texte n'est pas bêtement moralisateur, non. Simplement, naturellement, il amène le lecteur à réfléchir.



Le dessin est magnifique et met vraiment en valeur la nature, qui offre un décor fabuleux. Le lecteur est totalement immergé dans les paysages.

Moi qui aime tant la montagne, j'ai été servie.

L'auteur se fait caméraman : il zoome, il dézoome, il fait apparaître un détail ou nous montre la grandeur d'un ensemble. Tous ces effets utilisés à bon escient rendent le récit très vivant et lui donnent beaucoup de force.

Les personnages sont très bien dessinés, qu'il s'agisse de Gaspard ou du louveteau. Leurs regards sont tellement expressifs ! Certaines planches sont saisissantes.



Cet album est une triple réussite : graphisme, texte, message.

Que je n'oublie pas d'en mentionner une quatrième, conséquence logique des précédentes : un grand plaisir de lecture.
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Le Loup

Cet album se passe au cœur du Massif des Ecrins, lieux qui est , je l'apprends , un lieux familier et aimé par Jean-Marc Rochette.

Dans ce paysage il va y avoir un duel entre un loup et Gaspard, berger solitaire. Un duel dans lequel chacun s'accroche, poursuit avec détermination et patience son objectif, mais c'est aussi une lutte qui bouscule les idées et amène le lecteur à se poser des questions.

J'ai tout aimé du début à la fin, aussi bien le texte que les dessins qui traduisent parfaitement le froid, la rage, la détermination l'introspection.

La nature est parfois peinte de façon paisible, sereine, les paysages sont grandioses , les couleurs sont repisantes, les traits sont doux,et parfois la nature est montrée comme rude, les paysages semblent hostiles à l'homme. Les traits sont hachés, durs, acérés , mais tout est en accord en harmonie avec le texte, c'est une vraie réussite.

L'analyse de Morizot, à la fin de cet album me plaît beaucoup. Les questions du territoire, de la cohabitation, de la consommation raisonnée sont posées avec intelligence et incitent à réfléchir.
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La Dernière Reine (BD)

« Edouard, ici le monde est si léger que les montagnes flottent sur les nuages »

P 102



Quelle belle mais triste histoire. J'ai retardé le plus possible ma lecture car je savais que la fin me bouleverserait, ce qui n'a pas manqué, bien sûr. Je suis une petite chose émotive.

Le dessin est superbe avec le Mont Aiguille en majesté et ces couleurs qui varient suivant l'émotion du moment.

C'est une ode à la nature, à la vie sauvage, au respect de cette faune.

« Le loup a disparu, l'ours a disparu, l'aigle a disparu et tout le reste suivra. Vous avez exploité le monde jusqu'à sa racine. » P 224

Dans ce récit coexistent deux livres que j'ai particulièrement appréciés.

D'abord, "Au revoir, là-haut": Edouard Roux est une gueule cassée à qui Jeanne, sculptrice animalière, a redonné un visage grâce à un masque.

Ensuite "Et vous passerez comme des vents fous" : Edouard, surnommé par méchanceté "fils de l'ours" a sauvé de la famine la dernière reine, la dernière ourse du Vercors.

« Tant que dans la montagne régneront les ours, le soleil se lèvera le matin. Mais, au soir où mourra la dernière reine... alors, ce sera le début du temps des ténèbres »

P 36

N'hésitez plus. Découvrez mon coup de coeur.
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La Dernière Reine (BD)

Comment est-ce possible de faire passer tant de beauté, tant d'émotion, tant d'amour dans une BD ? C'est à vous que je pose la question Jean-Marc Rochette, vous qui êtes un artiste "complet", vous qui dessinez, créez, écrivez !



Édouard Roux rentre de la guerre défiguré, il se croit alors obligé d'être caché à jamais sous un sac, mais il va rencontrer l'artiste Jeanne Sauvage qui va lui redonner vie.

J'avais déjà été séduite par l'album sorti en 2019 "le loup" que j'ai découvert il y a peu. "La dernière reine" vient renforcer mon admiration pour Jean-Marc Rochette qui arrive admirablement bien à faire passer son amour de la nature et à nous rappeler, si besoin est, la bêtise de l'Homme et combien ses travers sont dommageables pour la nature.

À travers Jeanne Sauvage mais aussi bien sûr Édouard Roux, on souffle, on respire, il y a encore de l'espoir, l'homme peut être bon . Que d'humanisme dans cette artiste désintéressée et de grand talent. Édouard Roux est, quant à lui, ce que j'appelle un vrai gentil, non pas dans le sens niais, mais dans son sens premier.

Moi qui suis pourtant un vrai rat des villes, les albums de Jean-Marc Rochette me donnent vraiment envie de me rapprocher de la nature et d'agir pour la sauvegarder ou pour être plus exact sauvegarder ce qui en reste. Merci

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Le Loup

Gaspard est berger. Il vit dans les Ecrins avec son chien Max et son troupeau de brebis.

Une nuit, une louve attaque son troupeau.Gaspard la tue. Son louveteau, affamé, et désormais seul au monde, viendra s'abreuver du sang chaud de sa mère.

Devenu plus grand,le loup reviendra sur les lieux. Pour se venger de Gaspard ?

C'est ce que croit le vieux berger...



Mais un loup reste un loup.





Quelle claque cette BD ! Jean-Marc Rochette, de main de maître, rend hommage à la montagne, à la nature, aux animaux qui y vivent, aux bergers et aux loups. Il met en avant toute cette difficulté à faire cohabiter éleveurs d'ovins et loups.

Gaspard ne cessera de le répéter : " Le berger et le loup, c'est pas fait pour être ensemble."

Et on espère, au fil des pages, magnifiques, que l'histoire le fasse mentir.





A la fin de l'ouvrage, Baptiste Morizot, enseignant chercheur en philosophie apporte un éclairage fort intéressant sur les relations entre bergers et loups. Voici les propos fort justes qu'il tient à propos des brebis.



" Et si elles sont folles de terreur face au loup, au point de sauter dans le vide, c'est parce que les bergers les ont rendues inoffensives depuis des milliers d'années, par la domestication, pour pouvoir plus facilement les diriger, les tondre, les manger. De sorte que haïr le loup lorsque des brebis sautent dans le précipice, c'est oublier dans cette affaire la responsabilité des hommes qui les ont désarmées pour leur propre intérêt."



On pourrait penser que la possibilité de vivre ensemble pour les loups et les bergers est peine perdue mais cette BD et la conclusion de Baptiste Morizot apportent un bel espoir.
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La Dernière Reine (BD)

1898 dans le Vercors ,Édouard n'est qu'un enfant lorsqu'il assiste à la mise à mort du dernier ours. Cet acte le révolte et il le crie ce qui lui attire une fois de plus les railleries et l'agressivité des autres gamins. Pas étonnant qu'il s'insurge contre la mort de cette bête puisqu'il est le fils d'une sorcière et d'un ours!

Sa mère le prévient,il doit prendre garde car les Hommes sont méchants , bien plus cruels que les bêtes. Malheureusement la vie lui confirmera cette aveu.

Il revient sans visage d'une guerre dont il ne voit aucun sens et qui a utilisé les hommes comme de la chair à canon.

En alternant des planches qui nous dévoilent sans avoir besoin de parole la force et les lois de la nature 100 000ans avant J.C et le comportement des hommes au début du XX ème siècle, Rochette nous laisse juges,à qui appartient la violence, l'homme ou l'animal ?

Puis cette alternance temporelle s'efface lorsqu' Édouard renaît sous les mains de Jeanne. Scultrice animalière elle met ses dons au service des "gueules cassées " pour leur redonner visage humain. C'est ainsi que commence leur splendide histoire d'amour. On partage avec eux,pendant un temps assez court,le milieu artistique parisien,mais Jeanne n'est pas à sa place dans ce milieu où l'hypocrisie et l'argent prennent le dessus sur le plaisir de créer. Édouard va alors lui faire découvrir "son Vercors ", la forêt et ses secrets. Pour ne pas voler le plaisir des futurs lecteurs je n'en dirai pas plus sur leur histoire.

J'ai un grand coup de cœur pour cet album. Tout est splendide : l'histoire d'amour, sa philosophie, son merveilleux hommage à la nature. Son graphisme magnifie cette nature par ses traits et le choix des couleurs,il reflète aussi bien la pureté des montagnes,la force de l'amour que la bêtise et la violence humaine.
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La Dernière Reine (BD)

Voici mon premier 5/5 de l'année 2023 : un véritable coup de coeur ! Il faut dire que certains considèrent La dernière reine comme l'aboutissement de la carrière de Jean-Marc Rochette.



Pourquoi je trouve qu'il a atteint des sommets avec ce roman graphique :

- Première étoile : Jean-Marc Rochette aime la montagne et sait la représenter dans toute sa complexité : magnifique, changeante, dure. J'avais déjà adoré Ailefroide : Altitude 3954 pour cette raison. Il faudra que je lise le loup, son troisième opus dans ces paysages.

- Deuxième étoile : ses dessins, si particuliers, ont une profondeur rare. Pour revenir à ses oeuvres des années 80, en illustrant le Transperceneige, il a marqué une génération. Ses personnages sont extrêmement expressifs.

- Troisième étoile : ses couleurs : sombres, mais dans des tonalités qui se détachent de ce qu'on voit fréquemment, avec de multiples nuances notamment de bleu, dans le ciel, dans la montagne, dans la nuit, dans l'uniforme des poilus.

- Quatrième étoile : le scénario par lequel une gueule cassée rencontre une artiste de Montmartre, qui lui redonne l'envie de vivre en même temps qu'un visage, une très belle histoire d'amour chargée du poids de l'Histoire.

- Cinquième étoile : pour l'émotion et les sensations. Avec cette œuvre, on souhaite aller en plein coeur du Vercors pour allier l'art et la nature et trouver la sérénité.



Si je ne vous ai pas convaincus, le bandeau précise également les récompenses obtenues : Grand prix de la BD Elle 2022, Grand prix RTL de la BD 2022 et livre de l'année 2022 par le magazine LIRE.

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Transperceneige - Intégrale

Le premier tome de cette intégrale : "L'échappé", correspond à la bande dessinée d'anticipation apocalyptique qui a vu le jour dans la revue (À Suivre) au début des années 1980, illustré par Jean-Marc Rochette sur un scénario de Jacques Lob (décédé en 1990) et parue pour la première fois en album en 1984. le tome deux ("L'Arpenteur") et le tome trois ("La Traversée"), toujours dessinés par Rochette (mais on reconnaît dans ces planches plutôt le peintre qu'il est également), paraissent respectivement en 1999 et 2000, sur des scénarios de Benjamin Legrand.



Personne ne sait exactement ce qui s'est passé...après la grande catastrophe, la terre a basculé dans une ère glaciaire aux températures extrêmes qui ont fait périr presque toute l'humanité...en plein mois de juillet... Les quelques milliers de survivants paniqués ont pu investir le Transperceneige : un train, long de quelques kilomètres et à la pointe de la technologie. (Providence ou calcul de risque des plus nantis ?)

Dès le départ, dans cette Arche-de-Noë-sur-rails, archibondée d'humains aux abois, la hiérarchie à l'horizontale s'est immédiatement imposée. Derrière la Sainte Loco(motive) se trouvent les "wagons dorés", réservés à l'élite politique, religieuse, militaire et autres pourris imbus de leur prétendu pouvoir. Suivent les "wagons des secondes" pour les "chanceux", mais sous l'assujettissement des militaires...et...les wagons-de-queue où les plus défavorisés entassés comme du bétail essaient de survivre dans des conditions innommables (je vous laisse deviner ce qu'on y mange quand les vivres commencent à manquer...).

Proloff, "queutard" de cette dernière zone a décidé de vouloir échapper à cette non-vie pour remonter dans les "secondes"...escapade qui ne plait pas au staff militaire. Adeline, une "seconde", militant pour l'intégration des "queutards", va croiser son chemin...



Dans une mise en page classique, les dessins réalistes complètent parfaitement les nombreux dialogues et mettent en évidence le comportement des personnages. Ces illustrations se déploient en noir, blanc et gris, à l'intérieur des wagons mais, dominent les lignes noires, le blanc et le blanc quand on peut regarder les immenses étendues blanches enneigées que le Transperceneige traverse...dès que ce train apparaît en entier, une "voix-off" commente en strophes, que ce monstre de métal transbahute sans but, accentuant ainsi les sentiments d'oppression et de claustrophobie...



Les deux tomes suivants ne sont pas les suites directes du premier album, mais on reste dans le même univers...avec un autre train, plus imposant, sans fenêtres, clivant le même enfer blanc à -85°C, abritant une autre tranche d'humanité, guère plus enviable...

Des mensonges, manipulations politiques et médiatiques, la religion de Sainte Loco, des jeux télévisées, la décérébration par des voyages virtuels...sont sensés garder ce dernier magma humain et égoïste sur les rails et empêcher déprimes et suicides...

Puig Vallès, un arpenteur solide et Val, créatrice de rêves et (!) fille du conseiller principal, sont les éléments positifs qui cherchent à connaître la vérité...



Les illustrations aux traits maintenant flous (parfois juste esquissés) sont prédominé par une palette de teints encore plus sombres. Noir d'encre, noir, gris foncé, gris plus clair soulignent la claustration écrasante d'une vie dans les wagons sans ouvertures...

Dans le troisième et dernier album, les dessins s'éclaircissent de nouveau, quand un message capté sur les ondes ouvre l'espoir de trouver un objectif à ce voyage dans un monde figé à jamais...

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La Dernière Reine (BD)

Ce roman graphique est aussi somptueux que tragique. Les dessins sont tout simplement superbes, finement ciselés. L’histoire, ou plutôt les histoires, sont belles et douloureuses.



Malgré sa gueule cassée par la guerre des tranchées en 14-18, Maurice Roux va rencontrer l’amour en la personne de Jeanne Sauvage, sculptrice d’animaux, qui va lui offrir son coeur et une nouvelle vie en « réparant » son visage.



Ce roman se déroule à plusieurs époques, dans plusieurs lieux et nous offre plusieurs histoires d’amour sous différentes formes que l’auteur adopte dans un hommage puissant et poignant à la nature, aux animaux sauvages et à la liberté.



Une superbe découverte pour moi qui ne lis pas beaucoup de romans graphiques et ne connaissais pas Jean-Marc Rochette.



Ce livre m’a émue, profondément.
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La Dernière Reine (BD)

"Écoute bien ta mère, Édouard. Les gens sont méchants et cruels, bien plus que les bêtes de la forêt.

Il faut s'en méfier comme de la peste et les fuir. Ils ont le diable en eux."

Voilà les conseils qu'Édouard enfant a reçus de sa mère.



Cette méchanceté, le petit garçon a l'occasion de la voir à l'œuvre à de nombreuses reprises et cela va façonner son caractère : il est méfiant et renfermé sur lui-même.

Lorsqu'il grandit, rien ne s'arrange puisqu'il se retrouve, comme tant d'autres hommes, embarqué dans les horreurs de la Grande Guerre dont il ressortira la gueule cassée.



Je retrouve dans cet album ce que j'avais apprécié dans Le loup et dans Ailefroide : Jean-Marc Rochette est un excellent illustrateur dont j'aime le coup de crayon et les choix de couleurs.

J'aime sa façon de dessiner les paysages, en particulier la montagne dont il rend à merveille la beauté et le côté mystérieux, voire inquiétant parfois.

Les illustrations sont tellement vivantes qu'elles racontent parfaitement et peu de texte suffit.



L'histoire d'amour entre Édouard et Jeanne l'artiste est très touchante et je me suis tout de suite attachée à ces deux personnages. Deux êtres unis face à la laideur et la bêtise des hommes.

Jeanne fait connaître à Édouard la vie artistique parisienne, en retour celui-ci lui fait découvrir son Vercors natal et ses montagnes chéries.

Ces échanges sont très beaux et constituent le cœur du livre. L'auteur adapte les couleurs aux différentes atmosphères et c'est une vraie réussite.



Dans cet album, Jean-Marc Rochette fait passer une fois de plus son amour de la nature et pousse un appel vibrant à son respect et sa préservation.

Histoire, illustrations : tout est là pour nous offrir une jolie promenade pleine d'émotions.

Une très belle lecture !
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Le Loup

Texte et dessin : Jean-Marc Rochette

Couleurs : Isabelle Merlet



La découverte d'un livre, d'un auteur, d'un dessinateur est parfois le fait d'un hasard heureux.

En ce qui concerne Jean-Marc Rochette, la rencontre a eu lieu grâce à l'émission "Invitation au voyage " sur Arte. Les dessins montrés m'ont subjuguée. Et je me suis empressée d'emprunter celui-ci, seul dans son bac.

Je n'ai pas été déçue car j'ai vu la montagne telle que je ne la connait pas. En effet, pour moi, montagne = vacances d'été. Mais les troupeaux de moutons dévalant les pentes, telle une vague blanche, je connais et j'admire.

Petit bémol : je n'aime pas la chasse, au chamois, encore moins. J'aime les loups, si beaux, donc je n'aime pas qu'on les tue même si je comprends le problème que cela pose aux éleveurs, surtout en France. Car ailleurs, ils s'en sont accommodés. Dans le Queyras, nous avons souvent croisé des patous, gardiens féroces des troupeaux. Une fois qu'ils vous ont identifié comme non dangereux, ils vous laissent passer.

Les dessins, les couleurs, l'histoire tout est magnifique.

Je le recommande aux amateurs de montagne, en hiver comme en été.
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Panique à Londres

Absolument et délicieusement absurde… Comme un Ionesco sans limite, des Marx Brothers bourrés de soja OGM, trois souris rouges en transes créatrices.



Il est des moments de l'existence où les embardées dans les esprits les plus fantaisistes de certains humains tels Rochette et Pétillon (j'aurais bien cité l'ami Desproges mais il n'était pas l'objet de petit billet) font plus de bien que le contenu d'une pharmacie bien achalandée, un stage en développement personnel, un assortiment de fleurs de Bach et le célèbre élixir d'un abbé plus petit qu'un rat des villes ou des champs (au choix).



Panique à Londres dont le haut niveau culturel n'apprendra rien aux amateurs de la ville de Dieppe ou du Havre ravira les férus de psychiatrie qui égareront quelques certitudes entre Angleterre et Hexagone.



Lorsque deux doux cinglés échappés et réchappés d'un carambolage entre ambulance française et voiture anglaise en pleine campagne mènent tambour battant l'un une quête justicière l'autre une expérience identitaire perpétuelle, c'est l'Angleterre qui va s'émouvoir, perdre ses théières victoriennes, et s'interroger entre autre sur le dynamitage mystérieux de quelques champs de fraises (cela aurait pu être des melons ou de la menthe servant à agrémenter le rosbif).



Panique à Londres c'est l'aimable et inénarrable folie qui touche peu à peu tous les personnages, lecteur compris. Comme c'est Madame de Pompadour elle-même qui vous parle aidée par une Anna Freud échevelée, ce billet ne saurait être sujet à caution.

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La Dernière Reine (BD)

Ailefroide , Le loup et maintenant La dernière Reine. Ce n'est pas une trilogie en tant que telle et pourtant. Jean Marc Rochette avec ces trois romans graphiques a fouillé la montagne des Ecrins ,du Vercors et sa nature jusqu'à traquer le loup et l'ours.

Autant les deux premiers romans graphiques étaient saturés du blanc de la neige et du bleu du ciel , autant La dernière reine est sombre .

La dernière Reine mêle deux histoires : celle d'Edouard Roux , gueule cassée de la première guerre mondiale et celle de la montagne avec la lutte irrémédiable entre la nature et l'homme.

Edouard Roux est né dans le Vercors. Il est le Vercors. Il porte en lui les traditions séculaires , il porte en lui la forteresse calcaire du Vercors. Il garde en souvenir le jour où un chasseur a tué le dernier ours du plateau.

La première guerre mondiale en fera une gueule cassée, un homme qui se cache jusqu'au jour où il rencontrera Jeanne Sauvage , artiste animalière de Montmartre , qui lui redonnera vie au travers d'un masque..

Edouard lui fera découvrir la vie sauvage du Vercors. Son enracinement. Sa nature.

Comme dans Ailefroide ou le Loup Jean Marc Rochette recherche une symbiose avec la nature, les animaux , la montagne.

Dans La dernière Reine cette symbiose est en danger et c'est d''un trait noir que Jean Marc Rochette nous donne un portrait noir et pessimiste de la communauté humaine.

Le respect du vivant est un concept difficile à faire vivre.

Le graphisme , les couleurs sont à l'unisson de ce pessimisme et de cette noirceur.

Et pourtant les plages mettant en avant les montagnes du Vercors et sa nature sont lumineuses malgré la folie humaine.

Habitant en Isère, le Vercors est un lieu dans lequel je randonne régulièrement.

Le Vercors est une terre dure , avec une tradition ancrée dans les mémoires. Les paysages sont empreint de cette nature et de la présence réelle ou virtuelle du loup et de l'ours.

Randonner dans le Vercors à l'ombre du Grand Veymond ou du Mont Aiguille est un appel au retour aux choses simples

C'est cette identité que nous délivre Jean Marc Rochette. Une gueule cassée par la folie des hommes, sous une cagoule, qui embrase la beauté du Vercors.

Une artiste animalière ouverte au monde.

Cette artiste , Jeanne Sauvage , qui rencontre à Paris ,Soutine en train de créer son tableau : Le Bœuf écorché.

Le Bœuf écorché que contemplera Jean Marc Rochette au Musée de Grenoble dans les premières pages d'Ailefroide. La trilogie alpine est en place.

Une réflexion globale sur la montagne , la nature, l'art, la beauté mais aussi la bêtise humaine.

Il est certain que Jean Marc Rochette a vu l'ours le loup et peut être le renard et la belette.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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