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Citations de Jean-Paul Delfino (281)


Il était l'un de ces hommes que la Grande Guerre avait mâchonnés, leur broyant les nerfs, les rendant insensibles à tout, un de ces pauvres hères qui n'avait pas le sou et que l'alcool ne parvenait même plus à saouler convenablement. Par le peintre Modi, un fameux client celui-là, le bistroquet avait appris qu'il se faisait appeler Cendrars, Blaise Cendrars.
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Jean-Paul Delfino
Un ami c'est à la fois nous même et l'autre,
l'autre en qui nous cherchons le meilleur de nous même,
mais également ce qui est meilleur que nous.

(Joseph Kessel)
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- Un souvenir, ça tient pas au temps. Ça se transforme, avec les années. Ça raconte pas toujours la réalité. Mes souvenirs à moi, je les ai faits à ma main. C’est tout ce qu'il me reste. Et c’est pour ça que je vais éviter comme la peste d'aller traîner mes os du côté du Luxembourg. Pour que la Chassepot vienne pas me dire que je me trompe sur le passé. Elle a le sien. J'ai le mien. Et le monde tourne rond. »

Après avoir relevé son col de fourrure et enfoui ses mains dans ses poches, elle ajouta: « Pour l'instant, je vais aller au plus pressé. J'ai faim et il y a un buffet qui m'attend, du côté de la rue Madame. Une fois rendus mes hommages les plus sincères au macchabée, je compte bien m'en fourrer plein la lampe. »

Dans la nuit grelottante, la grande Gisèle commença à s'éloigner. Sans se retourner, elle conclut: « À bientôt, m'sieur Théo. Et n'oublie pas l’essentiel. L'essentiel, c'est d'aimer. Aimer et voyager. Y a que ça pour se faire des souvenirs. Le reste... »
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La liberté, c'est une idée de riches. La liberté, ça coûte trop cher pour les pauvres.
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Ici, il y a ni dieu, ni maître. C'est la loi du plus fort et le plus fort, c'est moi. Si y en a un qu'est pas d'accord avec ça, qu'il avance et qu'il le dise. Je le tuerai moi-même ou il me tuera, ainsi soit-il...
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L'amour est une putain ! L'amour est une putain qui accouche !
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J'y suis bien parti au Brésil. Tu peux être tranquille là-dessus (...) Ce n'est pas le paradis, bien sûr, mais c'est différent d'ici. C'est autre chose, quoi. Sur le "Formose" quant on est entrés dans la baie de Guanabara, j'étais heureux comme un roi, riche comme un milliardaire, libre comme un homme.
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Blaise Cendrars à Erik Satie : Quoi qu’il en soit, je me suis endormi ce soir-là à la même heure qu’aujourd’hui. Quand je me suis réveillé, j’avais écrit ‘’les Pâques à New York’’. Je n’étais plus Frédéric Sauser, Freddy, Fritz, Freddy Sausey, Jack Lee ni même Diogène, un autre de mes noms de plume d’avant cette nuit-là. J’étais devenu Cendras. Blaise Cendrars. Le premier de mon nom, puisque je l’avais inventé de toutes pièces. J’étais devenu un pêcheur d’étoiles. Tout comme toi, mon vieux. Quand on y réfléchit, on n’est ni plus ni moins que ça. Des Terriens qui embarquent sur une felouque pour partir à la pêche aux étoiles.
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Le poète avait connu les usines à charcuter de 1915, en pleine guerre, après la Ferme Navarin. Il avait été rapatrié en urgence vers les lignes arrières dans un hôpital improvisé entre les murs du lycée Lakanal, à Sceaux. Des corps, plus ou moins vivants, geignant ou gueulant de douleur, débarquaient par camionnettes entières, encore empuantis par l’odeur de la poudre et du feu. Submergés par les patients, les docteurs jugeaient de l’état des nouveaux arrivants en seulement quelques secondes, ordonnaient des amputations, des cautérisations, des injections de morphine, la pose de pansements ou d’attelles. Avec froideur et science, ils dirigeaient en chefs d’orchestres cette symphonie discordante qu’interprétaient ces musiciens se vidant de leur sang et de leurs tripes. Tout juste survivants du laminoir de la guerre, les hommes tremblaient sur leurs civières comme des chiens de pauvre sous la pluie. Ils priaient, gémissaient, imploraient, partaient sans raison dans des rires sardoniques, juraient, blasphémaient, guettaient la mort au milieu du tourbillon des infirmiers aux blouses tachées de sang comme le sont celles des équarrisseurs des Halles.
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Paris s’était complètement réveillé, gorgé de sève comme un fruit encore vert s’offrant à mûrir aux rayons d’un soleil juvénile.
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La lecture, c'est exactement comme le poulet, jeune homme. Ou comme l'amour. Comme l'opium. Comme l'alcool ou le jeu. Quand on y goûte, on prend des risques.
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Après s'être installé sur le lit, le musicien observa le poète durant de longues secondes, la tête penchée sur le coté. Enfin, il souffla, plein de malice :
"Dites-moi, Monsieur Cendras ? Rassurez-moi, nous ne venons pas de parler de littérature, n'est-ce pas ?
- Quand ça ?
- Là, à l'instant.
- Non. On a parlé de miracle. De miracle et de New York, ça n'a rien à voir."
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Dans son pardessus à gros drap râpé jusqu'à la corde, avec sa large cravate froissée, ses pantalons trop courts et ses chaussures crottées, c'était un solitaire. Il était l'un de ces hommes que la Grande Guerre avait mâchonnés, leur broyant les nerfs, les rendant insensibles à tout, un de ces pauvres hères qui n'avaient pas le sou et que l'alcool ne parvenait même plus à saouler convenablement. Par le peintre Modi, un fameux client celui-là, le bistroquet avait appris qu'il se faisait appeler Cendrars, Blaise Cendrars.
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Vous n'êtes qu'un indécrottable Parisien, Vous êtes même la caricature parfaite du Parisien, sans le moindre doute.
Interrompant sa marche, il braqua sur Théo ses paupières closes et expliqua: « Une gare, monsieur, cela tient tout à la fois de la cour des Miracles, des comptoirs commerciaux et des factoreries des siècles passés. Ça arrive de tous les coins de France, ça rappelle à Paris que la vie existe, même à l'extérieur des boulevards périphériques. Dans une gare, l'existence bouillonne. Des couples s'y séparent ou s’y retrouvent. Des amants y vont pour attraper le train qui les jettera dans les bras de leurs amours interdites. Des parents y serrent leur famille dans leurs bras sans savoir parfois quand ils se reverront. On y fait aussi des affaires, car on commence toujours par les gares pour conquérir Paris. Les trains arrivent des quatre horizons et repartent tout aussitôt. C’est une symphonie d’espoirs, de déceptions, de larmes, de rires. Tout se concentre ici avant de se diluer dans le centre de la grande ville, je vous dis! Et ce cadre, surtout! Au sol, les humains se battent et se débattent. Dans les poutrelles, les moineaux nichent et s’aiment et se reproduisent sans même que nous y prenions garde. Venez, allons les écouter: je suis sûr qu’ils vont nous donner l’aubade.. »
Serrant un peu plus le poignet de Théo, il poursuivit: « Notre train arrive de Marseille. Il sera plein d’odeurs qu’il aura transportées avec lui depuis la Méditerranée. Pour peu que l’on possède un nez digne de ce nom, l’on peut reconnaître, dès l'ouverture des portes, des parfums qui n'existent pas à Paris. Il faut réapprendre à voir, mais aussi à sentir les choses, mon jeune ami. p. 141
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[...] ces indicateurs le fascinaient. Ils n'hésitaient devant aucune manigance pour ramasser quelques sous, changeaient de convictions avec la même soudaineté que le vent pouvait modifier sa direction, ne s'embarrassaient d'aucun scrupule et se révélaient capables de vendre père et mère pour être, ne serait-ce que l'espace d'un instant, de la grande famille de la justice ou de celle de la pègre.
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(…) on ne peut rien contre les idées, l'ami. C'est comme un ruisseau pendant les pluies. Il grossit, il enfle et il finit toujours par déborder.
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Quand le dernier arbre sera abattu,
la dernière rivière empoisonnée,
le dernier poisson capturé,
alors seulement vous vous apercevrez que l'argent ne se mange pas.

(Proverbe amérindien)
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Au même instant, le taxi repris son cours dans le flot du boulevard de l’Hôpital où les automobiles, grondantes, vrombissantes et klaxonnantes, faisaient de leur mieux pour noyer les dernières charrettes qui tentaient encore de résister à la modernité en marche.
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Alexandre Justin Marie de Gallifet, dont le fils gagnerait, durant la Semaine sanglante de la Commune, les surnoms de Marquis aux talons rouges et de Massacreur en raison des trois mille communards qu'il ferait fusiller dans les fossés des fortifications
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Ici, les forces de l'ordre n'étaient pas les bienvenues et l'on réglait ses affaires entre soi. La police n'était qu'un mal nécessaire qu'il fallait bien supporter mais personne, dans toute la Petite Afrique, n'aurait risqué de perdre son honneur en aidant les cognes. C'était tout à la fois une question de fierté, mais aussi de crainte des représailles. Dans le ventre de Rio de Janeiro, les balances ne faisaient jamais de vieux os.
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