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Citations de Jean-Philippe Toussaint (481)


On ne s’entendait plus sur le banc et je m’approchai d’elle, mais,
plutôt que d’élever la voix pour couvrir la musique, je continuais de lui parler à voix basse en frôlant ses cheveux de mes lèvres, tout près de son oreille, je sentais l’odeur de sa peau, quasiment le contact de sa joue, mais elle se laissait faire, elle ne bougeait pas, dans le noir qui regardaient au loin en m’écoutant — et je compris que quelque chose
de tendre était en train de naître.
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Mais tout véritable amour,

me dis-je,

et,

plus largement,

toute projet, toute entreprise,


fût-ce l´éclosion d´une fleure,
la maturation d´un arbre
ou l´accomplissement d´une œuvre,

n´ayant qu´un seul objet
et pour unique dessein
de persévérer dans son être,
n´est-il pas toujours,
nécessairement,

un ressassement ?

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il avancait toujours,
il ne le quittait pas des yeux
et il lui présentait ses mains,
blanches, vides, ouvertes,
comme pour lui signifier
qu´il n´avait pas d´arme,
pas même
de liens, de cordes,

rien,

les mains nues,
le regard intense
et
les mains nues,

le regard
intense

et

les mains

nues


-le main et le regard-,


sans oublier la voix humaine,
chaude, enveloppante, sensuelle, séductrice,
qu´il modulait, dont il faisait varier les inflexions
pour l´amadouer.
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Je l’apercevais dans la foule, et il émanait d’elle quelque chose de lumineux, une grâce, une élégance, une évidence...
... elle le retint par le bras et lui demanda avec beaucoup de grâce et de naïveté
charmante, dans un sourire désarmant, complice, irrésistible, qui semblait dire qu’elle était consciente qu’elle exagérait peut-être un peu, mais qu’on ne se refait pas, s’il ne serait pas possible d’en avoir plutôt des noires, des olives noires.
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J'étais soudain confronté à l'improviste à la présence de Marie, je l'avais aperçue moi aussi, je voyais Marie à une vingtaine de mètres de moi, immobile sur les marches de l'escalator, accompagnée d'un homme plus âgé qu'elle en élégant manteau sombre et écharpe de cachemire. Elle n'était pas à son bras, mais elle était avec lui, cela sautait aux yeux, elle était implicitement avec lui, elle était violemment avec lui [...]
Je regardais Marie, et je voyais bien que je n'étais plus là, que ce n'était plus moi maintenant qui étais avec elle, c'était l'image de mon absence que la présence de cet homme révélait. J'avais sous les yeux une image saisissante de mon absence.
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« 4) Un matin, j’ai arraché la corde à linge. J’ai vidé tous les placards, débarrassé les étagères. Ayant entassé les produits de toilette dans un grand sac poubelle, j’ai commencé à déménager une partie de ma bibliothèque. Lorsque Edmondsson rentra, je l’accueillis un livre à la main, allongé, les pieds croisés sur le robinet.

5) Edmondsson a fini par avertir mes parents.

6) Maman m’apporta des gâteaux. Assise sur le bidet, le carton grand ouvert posé entre ses jambes, elle disposait les pâtisseries dans une assiette à soupe. (…) »
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J'attendais la vieillesse, j'ai eu le confinement
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Je voulais aussi évoquer dans ce livre l'affleurement de la vieillesse qui commence à m'envelopper comme une brume inexorable.
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Pendant la guerre,plus que jamais,c'est dans l'art que Monet va se réfugier pour se tenir à l'écart du boucan du monde.L'atelier des Nymphéas sera Le Havre de paix qu'il élira pour ne plus penser aux tristesse de l'heure..(..)Tous les matins, lorsqu'il entre dans l'atelier,Monet prend congé du monde.Il passe le seuil,et, devant lui,de l'autre côté de la porte, encore invisible,immatériel, c'est l'art qui l'attend.(p.12)
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Je crois que John Stavropoulos avait compris que je n’accepterais jamais l’invitation et qu’il était inutile d’insister. Il avait un instinct très sûr pour savoir quand il était utile de continuer à pousser une position et quand il ne servait à rien de s’obstiner.
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Nous ne cherchons pas à prédire l’avenir, simplement à le préparer, ce qui nous amène à considérer le futur non pas comme un territoire à explorer, mais comme un territoire à construire.
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Cela faisait plus de vingt ans que je travaillais sur l’avenir.
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Nous nous aimions, mais nous ne nous supportions plus. Il y avait ceci, maintenant, dans notre amour, que même si nous continuions à nous faire dans l'ensemble plus de bien que de mal, le peu de mal que nous nous faisions nous était devenu insupportable.
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Je goûtai encore une fois une cuillerée de ce mélange audacieux, pâteux et mou, d'une fadeur irréprochable, et, sans pour autant le trouver à mon goût, il me parut suffisamment tiède, d'une tiédeur idéale, dirais-je, pour que je puisse en tendre une cuillerée à mon fils, qui attendait toujours sagement sur le lit, la bouche déjà grande ouverte à toutes fins utiles.
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"À quelques secondes du coup d'envoi, dans l'ambiance électrique des tribunes du stade de Saitama, tandis que les joueurs étaient déjà en place et que la rencontre allait commencer, le stade fut soudain survolé à basse altitude par quatre avions de chasse sidérants qui frôlèrent les toits et disparurent dans un vacarme tonitruant en laissant dans leur sillage d'inquiétants lambeaux de fumée et de sinistres réminiscences de guerre, de violence et d'attentats. Mais, à part ces enfantillages militaristes, la soirée fut des plus douces. Le coup d'envoi du match fut donné, et lorsque, telle une délivrance inattendue, la Belgique ouvrit le score sur un spectaculaire retourné acrobatique de Wilmots, je bondis de mon siège, les bras au ciel, tournant sur moi-même et sautillant dans les gradins, ne sachant où aller, avec qui fêter l'événement, avant d'apercevoir un autre Belge tout aussi isolé que moi dans les tribunes. Nous nous précipitâmes gauchement l'un vers l'autre, ignorant comment concélébrer notre but, nous contentant de nous frapper violemment les paumes l'une contre l'autre, é la manière de deux basketteurs américains qui viennent de réussir quelque exploit. Rien de plus, nous n'échangeâmes pas un mot, je ne sais même pas si ce type parlait français (c'est une des relations les plus étranges que j'aie entretenue dans ma vie), le retrouvant un quart d'heure plus tard au même endroit pour répéter le même geste à l'occasion du deuxième but de la Belgique. J'aurais pu me contenter de fêter les buts belges, mais je dois confesser que, presque sans me l'avouer, j'ai éprouvé à chaque fois une satisfaction secrète de voir ce stade exploser et trembler sur ses bases à chacun des buts des Japonais. Finalement, ce match nul me convenait à merveille, c'était même exactement le score que j'appelais de mes vœux. Je me souviens que, début décembre, quand fut connu le tirage au sort des rencontres, j'avais envoyé un courriel à Kan Nozaki, mon traducteur japonais, pour lui dire que j'espérais que nous ferions assaut de civilités lors de ce Japon-Belgique, et que, connaissant de réputations les excellentes manière des gens de son pays, j'espérais que les Japonais auraient l'exquise politesse de ne pas nous battre et que nous aurions l'élégance de ne pas en profiter pour gagner."
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Je continuais à me taire dans la cabine téléphonique. Marie m'expliquait que sa chambre d'hôtel était tantôt surchauffée et tantôt glacée. Elle avait depuis longtemps renoncé à comprendre quelque chose au thermostat fantasque qui réglait la température de la pièce, elle s'habillait au gré de ses caprices, disant que certaine nuit elle se réveillait en grelottant dans la chambre, qu'elle ouvrait les placards pour sortir des couvertures et des couettes, qu'elle devait mettre un pull et des chaussettes avant de se recoucher, et qu'à d'autres moments la chambre était un hammam, elle était obligée de se déshabiller dès qu'elle entrait, de prendre une douche et de se promener pieds nus sur la moquette dans le grand peignoir blanc en éponge de l'hôtel.
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Marie continuait de me regarder, le visage intense et immobile, le corps paré de sa sublime robe en soie bleu nuit étoilée, strass et satin, laine chinée et organza, son manteau de cuir noir drapé à la manière d’un châle négligemment jeté sur ses épaules. Elle fumait en silence, dans une aura embrumée de mélancolie rêveuse qui paraissait sortir nonchalamment de ses lèvres pour partir en fumée vers le plafond. Tu t’es inquiétée ? dis-je. Elle ne répondit pas tout de suite, finit par faire oui de la tête, de mauvaise grâce, en bougeant à peine le cou, dans un léger trembler de cheveux. Tu étais où ? dit-elle, et, comme je lui expliquais que j’étais monté au dernier étage de l’hôtel et que je m’étais baigné dans la piscine, je la vis sourire pensivement. Oui, je sais, je t’ai vu, me dit-elle au bout d’un moment. Tu m’as vu ? dis-je. Et elle me raconta alors qu'en sortant de la chambre pour aller chercher elle aussi le fax à la réception, ne m’ayant pas trouvé, elle avait quitté l’hôtel à ma rencontre. Je l’écoutais en silence, je ne comprenais pas où elle voulait en venir. Dehors, elle avait levé la tête pour regarder l’hôtel de l’extérieur, elle avait cherché notre chambre des yeux au seizième étage, toutes les lumières de l'hôtel étaient éteintes, tout le monde dormait. Elle s’était éloignée dans la nuit dans sa robe de collection, elle ne savait pas très bien où elle allait, elle errait au hasard au milieu de la chaussée, relevant encore la tête de temps à autre vers la façade lointaine de l’hôtel, lorsque son regard avait été attiré par la rotonde vitrée de la piscine au dernier étage, où il lui avait semblé voir quelqu’un se mouvoir fugitivement. Elle n’y avait pas vraiment prêté attention, mais, au moment de rejoindre l’hôtel, elle avait de nouveau levé la tête, et elle m’avait vu alors, elle m’avait vu distinctement derrière la vitre, elle était sûre que c’était moi, cette silhouette immobile dans la nuit parmi les gratte-ciel illuminés. Tu inventes, dis-je. Non, je n'invente rien, dit-elle. C'est toi qui invente, dit-elle.
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Ne pleure pas , lui disais-je à voix basse en lui caressant doucement les cheveux , et elle faisait non de la tête , elle me disait qu'elle ne pleurait pas , qu'elle était tellement heureuse , et elle pleurait de plus belle .
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... Marie, océanique, qui semblait exhaler des vapeurs de spleen qui allaient se dissiper dans la nuit au gré des effluves de la fumée de sa cigarette.
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[...]regardais les pinceaux précieux, en poils de je ne sais quoi, qui coûtaient la peau du cul.
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