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Critiques de Jean Ray (327)
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Malpertuis

Un homme, une œuvre. Le rapport entre l’écrivain et ce qui a été publié a souvent fait l’objet de spéculations. En ce qui concerne Jean Ray, on sait que l’artiste s’est inventé maintes vies, sans toujours permettre au lecteur de cerner où débute la fiction et où s’achève la réalité. En ce qui le concerne, on possède une date de naissance et une autre de décès. Entre les deux, se situe une large zone laissée au flou le plus complet. Pour certains, l’homme était un casanier qui écrivait plus vite que son ombre, ne se relisait jamais et ne quittait pas ou rarement sa ville de Gand. Pour d’autres, il était un aventurier digne des meilleurs romans du XIXe siècle, marin intrépide, contrebandier au temps de la prohibition, pirate, … Malpertuis reste son chef-d'oeuvre !
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Edmund Bell - Intégrale des nouvelles, tome 1

J’ai déjà commenté en début d’année La griffe d’argent et Le pensionnat disparu publiés dans Détectives de l’étrange 1 des éditions Terre de Brume. Je n’y reviendrai donc pas. Je ne les ai pas non plus relues. Le seul intérêt de la chose aurait été de comparer les coquilles.



Je ferai pour L’énigme du jaguar bleu la remarque opposée à celle que j’avais faite les deux suivantes : Edmund Bell ne résout pas le mystère. Et heureusement qu’il y a enquêteur plus expérimenté que lui pour démêler le sac de nœud. Bon, vous me direz aussi que, quand c’est le « grand méchant » qui vient vous demander un coup de main... mais se piéger à la fin par un véritable enquêteur.



Les affaires sérieuses commencent avec le mystère Horlock. Dans cette nouvelle, Belle se retrouve associé à un « gentleman-Cambrioleur » surnommé Rayon-de-Lune. Et c’est à eux deux qu’ils résolvent ? Non. Qu’ils débroussaillent l’affaire. Car s’il y a une fin claire et nette, le lecteur sera quand même déçu sur deux points. 1° C’est en fait Rayon-de-Lune qui est le véritable meneur de l’enquête. 2° Quand nos deux amis sont sur le point de découvrir un grand mystère — et surtout l’entrée d’un fameux royaume souterrain s’étendant du Tibet à l’Écosse, une monstrueuse explosion en détruit l’accès. Voilà, clap de fin. Décevant, non ?



Pour la dernière, qui n’est pas mauvaise, elle n’a pas vraiment sa place dans ce recueil d’aventures d’Edmund Bell puisqu’il n’apparaît pas du tout. L’enquête, tout à fait dans l’esprit des enquêtes de Bell est réalisée par Triggs, un autre enquêteur récurent de Jean Ray.



Et une fois encore, je ne peux pas m’empêcher de parler des coquilles... des ÉNORMES COQUILLES. Des mots oubliés, des erreurs de conjugaison, etc.



En bref : Un livre qui fera plaisir aux amateurs de Jean Ray/John Flanders.
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Les derniers contes de Canterbury

Une belle plume que ce Jean Ray qui montre qu’en plus de bien écrire, il sait aussi bien raconter. On peut ainsi le comparer sans hésitation au grand maitre Howard Phillips Lovecraft. J’ai suivi sans hésitation l’avis de mon amie babelionaute NicolaK et je ne le regrette pas. Je me suis embarqué dans un faux roman déguisé en recueil de nouvelles qui se veut être la suite de l’œuvre de Geoffrey Chaucer. Cet écrivain médiéval avait déjà rédigé un recueil « les contes de Canterbury » et Jean Ray va en ressusciter les personnages pour sa suite.



Nous retrouvons dans une taverne les personnages de Jean Ray mêlés à ceux de Chaucer. C’est dans une atmosphère gothique et mystérieuse, que les héros en chair et en os du premier vont échanger avec les êtres fantomatiques du second. Chacun à tour de rôle, ils nous racontent une histoire effrayante voire carrément sanglante. Des histoires à vous glacer le sang surtout racontées la nuit, à l’ombre des bougies dans une pénombre propice aux apparitions de monstres, démons et autre habitués du genre.



L’aspect désuet de l’œuvre écrite en 1946 va certainement en rebuter quelques-uns. Mais Jean Ray sait nous prendre par la main et son style parvient à nous maintenir en haleine tout au long des nombreuses nouvelles qui composent son recueil. Le Belge manie la langue française avec brio. Les contes (et les conteurs) sont d’une perplexité stupéfiante. Ils sont à la fois humoristiques et terrifiants mais aussi poétiques et touchants. Les scènes qu’il décrit sont d’une précision extrême dans leur ambiance comme dans leur atmosphère. On y côtoie des personnages à la Pieter Bruegel aux panses bien rebondies se complaisant dans des odeurs de tabac hollandais mêlées à celles des nourritures et plats bien flamands comme le Waterzooï. Mais on y trouve aussi l’odeur de la bière anglaise, du Fish and Chips et du tabac blond. De la senteur du bois brûlé dans la cheminée à celle plus métallique du sang des victimes, des bouges de Londres aux bordels d’Amsterdam ; des marins aux bourreaux dans un melting-pot à la sauce fantastique.



Je conseille vivement cet ouvrage aux amoureux des lectures fantomatiques, lues à haute voix, entourés d’amis-es de même sensibilité, à la lueur des bougies et par nuits glaciales… Avec le bruit des portes qui grincent et du vent qui hurle dans la cheminée, en présence d’un chat noir roulé en boule sur les genoux du conteur.



« Dans une poignée de sable de la route, j’ai mis un rayon de soleil qui brille, un murmure du vent qui se lève, une goutte du ruisseau qui passe et un frisson de mon âme, pour pétrir les choses dont on fait les histoires. »

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La cité de l'indicible peur

Jean Ray s'est plutôt livré au format court, il faut donc s'intéresser de près à ses quelques romans. La cité de l'indicible peur est peut-être l'une de ses œuvres les plus drôles. L'horreur côtoie souvent l'humour chez les fantastiqueurs du plat pays. La bourgade anglaise ressemble d'ailleurs beaucoup à une petite ville des Flandres, et les travers de ses habitants sont croqués avec justesse.

Mais on lit Jean Ray surtout pour son style inimitable et reconnaissable à la première phrase, à la fois chargée et fluide. Il s'en donne à cœur joie dans les descriptions des mets appétissants, lors des surgissements de fantômes et des tempêtes.
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Malpertuis

Excellent livre à l'ambiance particulière, très gothique. On plonge littéralement dans une aventure hors du commun. Beaucoup d'humour noir. Idée très originale. À lire et à relire sans modération... Je conseille vraiment. (Le livre est selon moi meilleur que le film)

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L'homme derrière la porte

Ah ! enfin un véritable inédit ! Il y avait longtemps. Ça fait du bien. Le livre fait un peu plus de 270 pages, mais c’est une édition bilingue. Il est donc clair que nous avons à faire à un court roman. Une belle pagination, un bon choix d’illustrations bien en accord avec l’histoire. Mais tout n’est pas rose. Il y a quand même pas mal de coquilles. Des quadratins de dialogue manquant, des mots oubliés, des erreurs de conjugaison.



C’est un polar, à n’en pas douter. Des morts. Des voleurs. Des mystères. Ceux qui aiment le fantastique de Jean Ray vont être déçus. Quoique ! Il savait faire croire à du fantastique là où il y a simplement du mystère.



À noter, un choix que j’ai trouvé étrange : à quelques pages de la fin, il y a cinq questions adressées aux détectives amateurs. Et à la page suivante, il y a les réponses. Et ces deux pages sont d’autant plus surprenantes que le lecteur ne peut pas savoir les réponses à ces questions. Un peu comme s’il avait choisi de faire ainsi un raccourci.



Pour conclure, il faut préciser que l’auteur annonce d’autres aventures de son héros. Il ne me semble pourtant avoir vu ailleurs dans son œuvre le nom de Peter Wren.



En bref : À lire impérativement si vous aimez l’œuvre de Jean Ray.
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Détectives de l'étrange, tome 1

Les amateurs de Jean Ray remarqueront comme moi que ces nouvelles ne sont pas vraiment inédites puisque vous pouvez vous les procurer en achetant les publications de l’amicale Jean Ray et que la première a déjà été publiée dans les années 90 par les défuntes éditions Lefrancq. Donc ce sont plutôt des textes rares qu’inédits. Bref, je n’en connaissais qu’un sur les cinq. C’est pour cela que j’ai craqué. :-)



André Verbrugghen a repris la traduction de Francis Goidts déjà utilisée dans l’édition Lefrancq, mais si c’était pour y ajouter des coquilles, ce n’était vraiment pas la peine. Donc, si vous avez le choix, pour cette nouvelle au-moins, privilégiez l’édition Lefrancq. Bon ! D’accord ! Faut la trouver. Sinon, cette histoire est sympathique, même si Harry Dickson arrive à Gand en Deus ex Machina et explique le résultat de ses réflexions devant un groupe ébahi par tant de claire-voyance. En fait le plus gros de la nouvelle est porté par les différents protagonistes et, du coup, elle est loin d’être significative des autres aventures de H. D.



Les deux enquêtes de Jack Linton n’ont pas grand intérêt et la deuxième est carrément médiocre. Celles-là, j’aurais pu me passer de les lire.



Les deux aventures d’Edmond Bell étaient inédites pour moi, car jamais publiées en livres distribués en France. La première est un peu faible et la deuxième est plus intéressante du point de vue ambiance et construction des personnages. Mais pour les deux, je trouve que le héros arrive là comme un cheveu sur la soupe. L’histoire se construit, le mystère s’épaissit... et alors ?... et alors ?... Hé hé ! Zorro est arrivvé-é-é, sans s’pressé-é-é... [1] Non ! Pas Zorro. Edmund Bell. On fait facilement la différence. Zorro est toujours à cheval. ;-) Bon. vous voyez ce que je veux dire ? Le héros arrive. Regarde autour de lui et dis : « c’était pourtant facile à comprendre ! C’est lui l’assassin ! » OK j’exagère, mais pas de beaucoup. Donc, si je me suis bien exprimé, j’ai bien aimé ces deux aventures/enquêtes de Edmund Bell, même si son rôle est plus celui de la solution qui permet à l’auteur de se sortir d’une situation inextricable.



En fait, les aventures de Jack Linton et Edmund Bell auraient mérité — nécessité ? — plus de développement pour être vraiment réussies.



En bref : Si vous n’avez pas lu encore ces enquêtes, ne boudez pas vote plaisir. Mais pour ma part, maintenant que les deux volumes des enquêtes de Edmund Bell qui me manquaient m’ont été offert et que j’ai à ma disposition l’intégralité des aventures de Harry Dickson connues (celles signée Jean Ray. Les autres ne m’intéressent pas) je ne sais pas si j’achèterai le tome 2 des détectives de l’étrange.



Et pour conclure, c’est le premier volume des éditions Terre de Brume en ma possession qui contienne autant de coquilles. Et pas des petites. Mots manquant ou mal orthographiés, il y en a pour tous les goûts. Un exemple ? L’expression « De temps en temps » qui devient « de temps ».
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Malpertuis

Un mari se rend dans sa ville natale. Le récit se déroule dans la maison de son oncle Cassave. Il découvre que la vaste demeure est peuplée de personnages insolites, tels un bourgeois lubrique, trois veuves passant leur temps à filer et à coudre, un géant boiteux et sa compagne…tous les membres de sa sordide famille. A la mort de Cassaves, chacun est contrait de vivre dans cette vaste maison, faute de quoi … Sans doute le plus formidable récit de Jean ray, maître du fantastique moderne, hautement inspiré et doté d’une belle écriture
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Le nouveau Bestiaire fantastique

Je lis les contes de Jean Ray / John Flanders depuis mon adolescence et mon enthousiasme ne faiblit pas malgré les décennies qui passent..!

Dans le présent volume sont réunis des contes autour du thème des animaux, plus précisément des bêtes, le terme ayant une connotation sauvage et potentiellement inquiétante.

J'y retrouve le fabuleux talent de l'auteur gantois.

Lire ces courts récits, c'est avoir l'impression d'écouter le narrateur assis quelque part dans une taverne de Brisbane ou un bar du port d'Amsterdam (vous savez ; là où les marins chantent, etc...!)

En effet, beaucoup des contes sont des récits de marins, genre où Ray/ Flanders excellait.

En quelques pages, l'auteur plante le décor et créé une ambiance, tour à tour poisseuse, étouffante, glacée...

Nul besoin d'un long développement pour raconter une histoire et donner corps à des personnages, Ray auteur prolifique savait faire court et efficace.

Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, ce recueil peut-être un bon début.

Bémol pour cette édition: le manque de références des textes présentés (dates de première parution, et autres sources)
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Malpertuis

Je ne suis pas fan du genre. Je trouve ça tiré par les cheveux, pas vraiment effrayant, on essaie de rendre tout ce livre intelligent, alors qu'il ne me semble pas l'être tant que les intros et les outros dessus semblent l'affirmer.

Je trouve que ce livre s'éloigne trop de la "réalité" pour vraiment (me) faire peur. Je préfère quand le fantastique repose sur des malaises plus ténus.

Cela étant, je le redis, je ne suis pas fan du genre et donc pas un connaisseur bien fin.

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Les Cercles de l'épouvante

Ce fut une courte lecture de 180 maigre pages qui n’en valent pas plus. En effet, c’est un recueil de nouvelles fantastique dont on peut se passer. Harry Dickson a quelques idées intéressante, mais il ne parvient pas à nous transmettre sa vision avec des nouvelles de 20 pages. Ainsi, on ressort de cette lecture avec très peu d’image en tête et des récits que l’on a oublié le lendemain.
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La croisière des ombres

Et je continue avec Jean Ray et ce recueil de 19 nouvelles en un peu plus de 300 pages, que j'ai savourées, toutes sans exception. La fluidité de la plume de l'auteur n'est déjà plus à démontrer, et ces histoires hantées, sur terre ou mer, servies par un vocabulaire élaboré et fleuri, sont des petits bijoux.

Originalité de chaque récit, le narrateur est toujours seul pour affronter l'horreur, ce qui a fortement augmenté ma sensation d'angoisse. Je conseille fortement ce livre à tout amateur du genre.

À noter cette particularité : « La présente publication de La croisière des ombres est une première puisque, depuis cinquante-deux-ans. la version originale et intégrale de ce chef-d'œuvre n'avait jamais été rééditée. »
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Les derniers contes de Canterbury

Savoureux et très sombre recueil de nouvelles paru en 1944.

Tobias Weep et son ami Reid Unthank font partie d'un cercle littéraire recherchant l'auberge dans laquelle Chaucer aurait écrit ses histoires. Après quelques errances, ils tombent sur la taverne et sont invités à participer à un autre cercle, constitué de fantômes, où chacun des convives raconte une histoire, lesquelles sont particulièrement sanglantes dans la première partie du recueil, laquelle s'achève par Suite à Tyburn, narrée par Tipps, un bourreau, qui nous raconte en détails les contraintes de son "travail" ainsi que son amour pour Mistress Squeak. L'un des meilleurs récits de l'ouvrage, à mon avis.

La seconde partie est moins violente, mais chaque nouvelle vaut le détour. Ce livre est un pur bijou, incontournable.
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Le carrousel des maléfices

Recueil de dix-huit nouvelles de genres très différents, fantastique, horreur, science-fiction ou anticipation, mais toutes d'excellente facture. Jean Ray nous entraîne dans une atmosphère angoissante et on y plonge avec délectation. La justesse du ton alliée à la fluidité de la plume est bluffante, sur d'aussi courts récits.

Le titre reflète bien la teneur du livre, puisque le lecteur est malmené, secoué, pas au point de vaciller, mais presque. J'avais déjà lu ce recueil il y a bien longtemps et j'ai eu la surprise de constater qu'il n'a pas pris une ride au niveau des sensations qu'il procure. Oui, Jean Ray est féroce et sans complaisance, mais on en redemande.
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Malpertuis

Une autre histoire de maison hantée, je ne pouvais décemment pas passer à côté. Pas moins de cinq narrateurs de différentes générations interviennent dans ce récit, nous faisant traverser les époques, ce qui lui confère une certaine originalité.

L'abject oncle Cassave, haï par toute sa famille, est à l'agonie. Bien sûr, tout le monde le déteste, mais il est riche, ce qui amène ses descendants à se précipiter à son chevet. Héritage oblige.

Mais ledit héritage ne va pas sans conditions sine qua non. Pour en bénéficier, les héritiers devront vivre plusieurs années à Malpertuis.

La plume est là, la virtuosité aussi. On peut être un peu perdu par le vocabulaire inusité employé par l'auteur, que d'aucuns qualifieront de pédanterie. Moi j'aime bien ce côté un peu désuet, donc ça ne m'a pas dérangée.

L'histoire met un moment à démarrer et encore une fois, certaines longueurs ont pu être déplorées par d'autres lecteurs. Je ne dirais pas que dans ce livre précis ça m'a permis de m'installer, comme j'apprécie souvent le faire, parce que j'ai trouvé ça un peu mou et poussif, mais pas non plus rédhibitoire.

Hormis ceci, le récit part un peu dans tous les sens et j'ai choisi de me laisser porter et d'en retirer le plus de plaisir possible, mais je ne crierai pas au chef-d'oeuvre.
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La cité de l'indicible peur

Ingersham, petite bourgade anglaise tranquille, où se produisent subitement des meurtres inexplicables. Voilà le décor d'un roman policier qui oscille vers le fantastique, que beaucoup considèrent comme une oeuvre majeure de Jean Ray.

Le récit part un peu dans tous les sens, et on a du mal à retrouver nos petits, mais le style est fascinant et il m'en a été très agréable de tourner les pages. Et puis j'aime bien les fantômes.

Triggs, détective contre son gré, part en croisade pour découvrir ce qui se passe dans la petite ville, et pour ce faire, interroge les habitants, fouillant dans leurs plus sombres secrets, alors qu'en apparence, seuls le sexe et la nourriture semblent les intéresser. Il découvre même au passage un trafic de faux billets.

Ce livre m'a réjouie, je le reconnais. Je n'ai pas été scotchée, mais je me suis amusée. Le côté un peu désuet peut-être, je ne sais pas, mais si le récit a pu effrayer certains lecteurs, l'ambiance étant quand même assez pesante et oppressante, cela n'a pas été mon cas, ce qui ne veut pas dire que j'aie passé un mauvais moment, bien au contraire. Seul petit bémol, la fin m'a un peu déçue. Je me suis demandé si l'auteur allait arriver à s'en sortir.

Pour résumer, je ne considère pas que ce roman soit un chef-d'oeuvre, mais un très bon roman, qui vaut le détour ne serait-ce que par la plume de l'auteur que je trouve sublime, et puis un peu d'humour de temps en temps ne peut pas faire de mal.

Pour le coup, cest mon retour qui part un peu dans tous les sens, à l'instar du livre, le talent en moins.
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Malpertuis

Avec plus d'un million d'exemplaires vendus et traduit en onze langues, Malpertuis est sans conteste la pièce maîtresse de l'oeuvre littéraire de Jean Ray.

Ecrit en 1943 et adapté au cinéma en 1971 par Harry Kümel, Malpertuis s'inscrit comme un classique de la littérature fantastique. Certains auteurs contemporains ne cachent pas l'inspiration que leur a fourni ce roman, tel Mark Z. Danielewski dans son excellent roman La Maison des Feuilles.



Malpertuis intrigue d'abord par son nom. Cette vaste demeure dédaléenne porte en effet la même appellation que le terrier du Goupil dans Le Roman de Renard.

Dans le récit, le moine Doucedame ira même plus loin dans l'explication du nom de la maison, lorsque, à la faveur de leur premier dîner dans cette maison de cauchemar, il expliquera au jeune Jean-Jacques Grandsire : « Dans le célèbre et truculent roman de Renart, les clercs ont donné ce nom à l'antre même de Goupil, le très malin. Je ne m'avance pas trop en affirmant que cela signifie la maison du mal, ou plutôt de la malice. Or la malice est, par excellence, l'apanage de l'Esprit des Ténèbres. Par extension du postulat ainsi posé, je dirai que c'est la maison du Malin ou du Diable. […] La figure du renard appartient de droit à la démonologie. Les Japonais, qui sont maîtres en cette science sombre et redoutable, ont fait du renard un sorcier, un thaumaturge de grande puissance et un esprit de la nuit aux pouvoirs infernaux très étendus ».



Commence alors un séjour de cauchemar pour tout un groupe de convives attirés par la perspective d'un énorme héritage. Car l'Oncle Cassave, propriétaire de Malpertuis et d'une énorme fortune, se meurt. Autour de lui et conviés par lui, de lointains cousins, proches parents, fidèles serviteurs et médecin veillent. Et lorsque les derniers instants surviennent, l'Oncle Cassave est formel. En échange d'une confortable rente, tous les invités devront résider à Malpertuis jusqu'à leur propre mort.



Loin d'être linéaire, ce récit, construit comme un roman-mémoires, se compose de plusieurs textes qu'un observateur externe a compilé pour livrer toute l'étrangeté du destin de Jean-Jacques Grandsire. C'est en effet autour de lui que gravite toute l'horreur de Malpertuis. Les autres personnages permettent à Jean Ray de se livrer à une vive critique sociale en confondant apparence et réalité.

La dimension fantastique est abordée par la présence écrasante de la demeure et son architecture, les manifestations surnaturelles, la mystérieuse ombre qui avale la lumière et l'apparition de minuscules créatures humanoïdes. Cette dimension est renforcée par la peur de certains résidents qui semblent bien connaître les origines de tout ces évènements. Une certaine ambivalence se pose alors sur plusieurs personnages.

Jean Ray amène peu à peu le lecteur à comprendre qu'il s'agit bien plus qu'un récit fantastique.

La mythologie et la religion se croisent, se mélangent et s'affrontent. La collision brutale du passé et du présent éclate sous la loi inflexible du Destin : Moïra, au-dessus des désirs et des aspirations des hommes, au-dessus des volontés des dieux. Ce qui est écrit sur la roue doit s'accomplir...



J'ai passé un très bon moment avec cette lecture.
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Malpertuis

Jan, un jeune marin, revient dans sa ville natale, un port des Flandres, où il apprend que la maison où il est né a été détruite. Il décide alors de se rendre à Malpertuis, la maison de son oncle Cassave. Mais il se perd dans les rues du port et arrive dans le quartier chaud où, pris dans une bagarre, il est assommé. A son réveil, il se retrouve dans sa chambre de Malpertuis. Il découvre que la vaste demeure est peuplée de personnages insolites, tels un bourgeois lubrique, trois veuves passant leur temps à filer et à coudre, un géant boiteux et sa compagne… Un désormais classique !
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Malpertuis

Jean Ray fait partie des auteurs que l’on pourrait qualifier de « clivants » parce qu’ils déclenchent soit des passions obsidionales, soit des réactions épidermiques et des rejets en bloc. Et, selon cette dichotomie, Malpertuis laissera maints de ses lecteurs sur le seuil. Non pas à cause de la mise en scène des personnages étrangement campés, très peu décrits au fond, mais dont on sait souvent, dès l’entame de la lecture, qu’ils sont des dieux incarnés – donc déchus (Malpertuis est sans doute l’intrigue la plus spoilée du patrimoine belge). Ni à cause de la sophistication narrative qui le caractérise, le roman offrant une illustration parfaite du récit-gigogne, où pas moins de sept strates narratives se voient marquetées par le noble artisan Jean Ray !
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La cité de l'indicible peur

Vous ne connaissez pas Jean Ray ? Pour aborder son oeuvre, lisez ce livre.

Vous connaissez Jean Ray? Alors vous avez lu ce livre. Si vous ne l'avez pas lu, qu'est-ce que vous attendez ? Sinon relisez-le.

Vous n'aimez pas Jean Ray et n'avez pas lu ce livre. Alors lisez-le. Si vous n'aimez toujours pas Jean Ray, je ne peux plus rien pour vous.

Ce livre est un de mes favoris depuis que je l'ai lu à onze ans dans l'édition Marabout. Je viens de le relire et j'ai envie d'en parler.

La cité de l'indicible appartient à première vue au genre un peu bâtard du fantastique expliqué (comme les Harry Dickson du même auteur): le livre a l'aspect d'un roman policier, avec enquêteur et explication rationnelle à la fin. Mais on n'est pas obligé d'être d'accord, d'autant que le livre est encadré d'un prologue halluciné, qui est l'un des plus beaux textes de la littérature fantastique, et d'un épilogue qui dément en partie ce qui le précède.

L'histoire ? le sympathique Triggs, ancien constable à Londres, personnage atypique, beaucoup plus intelligent que certains le croient, y compris des lecteurs mal avisés ,prend sa retraite à Ingersham grâce à un legs inattendu de Sir Brody. Pourquoi ce legs? nous ne le saurons pas, mais certains indices nous permettent de la deviner.

Ingersham est une petite ville anglaise typique. Vraiment ? Dès que nous découvrons Ingersham, Jean Ray précise que son architecture est plus flamande qu'anglaise. Toutes les demeures que Triggs visite ont des salles à manger à la hollandaise, des poêles hollandais, des carreaux de Delf aux murs, des pignons à la hollandaise. Il y a cependant une de ces landes affectionnées des créatures fantastiques anglaises. Et de fait, la lande a son monstre. Dès l'arrivée de Triggs, la ville est la proie d'une véritable épidémie de décès mystérieux, dont les circonstances confinent au surnaturel. le maire (qui ressemble beaucoup à un bourgmestre flamand) profite de la présence d'un "célèbre détective de Scotland Yard" pour lui demander de se charger de l'enquête. Ce qu'il fait, avec succès apparemment. Mais en réalité, comme dit ci-dessus, tout n'est pas si clair.

Ce brave Triggs a droit à sa happy end. Il a de la chance, ce n'est pas si fréquent chez Jean Ray.

La ville d'Ingersham est une parfaite réussite, c'est peut-être elle le personnage principal du roman. On a presque envie d'y habiter, de vivre dans cette ambiance à la fois quotidienne et magique.

Malgré son côté plus léger, le livre reste dans la tonalité générale de l'œuvre de l'auteur par ses thèmes et ses décors et constitue une bonne introduction à son œuvre.

On remarque une allusion à la mythologie classique qui nous rappelle "Malpertuis". Et je reviens au formidable prologue, qui justifierait à lui seul la lecture du livre. Je le reprends en citation.

Incidemment, je ne comprends pas ceux qui jugenent le style jean Ray désuet; il est tout simplementclassique, et il écrit en bon français. Ce n'est quand même pas si rare, même de nos jours.

je signale encore une bonne adaptation de Mocky, bénéficiant d'une très belle photographie et de la présence de Bourvil. L'Ingersham du livre est d'ailleurs très proche par son atmosphère d'autres villes de films de ce metteur en scène.

Ce film, initialement distribué sous le titre imbécile de "la grande frousse", a retrouvé son titre original en 1972 après que le metteur en scène en ait racheté les droits. je crains qu'il soit un peu difficile à trouver. peut-être en VOD? Ou sur certaines plateformes de téléchargement peu orthodoxes.
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