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Critiques de Jirô Taniguchi (2161)
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L'homme qui marche

L'homme vient d'emménager dans sa nouvelle maison d'où la vue est magnifique. Aussi décide-t-il d'aller faire un tour dans ce quartier calme et arboré de mille fleurs. Ici et là, il observe les poissons dans l'eau, écoute le bruit du vent dans les feuilles, surprend une mésange charbonnière ou une bergeronnette. À son retour l'attend un chien, apparemment abandonné par les anciens locataires. Tout de blanc vêtu, il l'appellera Neige. Et c'est en compagnie de son nouvel ami que l'homme va prendre le temps, au fil des jours, de vagabonder, de se laisser porter au gré de ses envies, de découvrir aussi bien la nature reposante que le chahut de la ville...



Jirô Taniguchi nous entraine paisiblement sur les pas de l'homme qui marche. Au gré du temps, de ses envies, l'on suit les pas de cet homme et l'on contemple un oiseau ou encore les premières neiges. L'on surprend des enfants joueurs, des écolières. L'on se réjouit de ce qui nous entoure. L'on se réchauffe des rayons du soleil. Et l'on prend le temps de contempler, d'admirer, de profiter de chaque petit instant. Dix-neuf balades reposantes et poétiques composent ce récit où, finalement, il ne se passe pas grand-chose. Mais Taniguchi, de par son trait élégant et travaillé, invite le lecteur à la contemplation.
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Quartier lointain - Intégrale

Pour une première pioche, j’ai eu la main heureuse !

Néophyte en mangas mais très bien conseillé en la matière par une spécialiste Babelio, mon premier choix s’est porté sur Quartier Lointain de Jirô Taniguchi.

Ce manga se lisant normalement de gauche à droite, le dépaysement n’est pas trop prononcé. La première fois, quand on peut, il vaut mieux éviter les changements radicaux…



Il nous arrive parfois de penser avec nostalgie aux heures insouciantes de l’adolescence et avec regret à nos choix malheureux, mélange d’inexpérience et de timidité. Le thème de ce manga s’inspire de cet état d’âme quelque peu mélancolique.



Hiroshi, cadre tokyoïte de 48 ans, est en déplacement professionnel à Kyoto. Le lendemain d’une réunion où visiblement il a un peu forcé sur le saké, il se trompe de train. Il voyage non pas vers Tokyo mais vers Kurayoshi la ville où il habitait jadis. Arrivé à destination, il se rend au cimetière du temple Genzen où repose sa maman et là, phénomène étrange, après une perte de connaissance il revient à lui dans la peau de l’adolescent qu’il était l’année de ses 14 ans.

Il redécouvre la maison familiale et revit son année de collège, à la grande différence qu’il a conservé ses facultés intellectuelles d’adulte. Il impressionne évidemment son entourage par ses aptitudes surprenantes, sa capacité à prévoir l’avenir ; même la jolie Tomoko est sous le charme.



Mais un fait majeur de son adolescence ne cesse de le perturber : le 31 août de cette année là, prétextant un rendez-vous, son père a quitté le domicile familial et n’est jamais revenu.

Hiroshi arrivera-t-il à percer le secret de cet homme aimé des siens, arrivera-t-il à dissuader son père d’accomplir cet acte apparemment insensé ?



Ce manga en noir et blanc au graphisme particulièrement expressif permet de découvrir le quotidien d’une famille japonaise d’après-guerre dont le mode de vie s’occidentalise peu à peu.

Cette histoire empreinte d’onirisme est de toute beauté et finalement d’une grande sobriété, susceptible d’intéresser un large public.

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La montagne magique

Très fraîche cette bande dessinée, peut-être un peu naïve, rassemblant néanmoins de beaux sentiments dans un univers d'enfance plutôt dur avec la mort du père, la maladie de la mère, et une touche de fantastique qui passe très bien.



Les enfants voudraient voir leur mère guérie, ils vont aider par ailleurs une animal, une salamandre prisonnière d'un musée à retrouver son univers naturel. Et là, intervention du merveilleux pour aller vers un renouveau familial.



L'histoire est suivie d'une très intéressante interview de l'auteur qui explique sa relation à la mélancolie et à la mort et leur traduction dans le scénario de son histoire et même dans l'ensemble de l'univers de ses dessins dont le trait m'a paru très agréable tout en parcourant cette montagne magique.
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Quartier lointain - Intégrale

Un beau manga, autant dans la forme que dans l'histoire.

Cette intégrale, c'est une superbe édition, pour un superbe manga.



A tous ceux qui ont un à priori sur le genre manga, qui hésitent à se lancer parce qu'ils ne connaissent pas, commencez par cet auteur. Qu’il s'agisse de "Quartier lointain "ou du "Journal de mon père", on a à faire à un grand auteur qui sait aussi bien dessiner qu'écrire (cet équilibre n'étant pas atteint par tous les mangaka). Il sait donner au manga l'amplitude d'un roman autobiographique; les dessins sont classiques, on échappe aux grands yeux brillants genre Kawaii et franchement, ça repose.



Ce qui frappe chez Taniguchi, c'est son goût pour la ligne beaucoup de maisons, de villes et le dessin à caractère psychologique, les expressions des visages reflètent la moindre émotion et donne des personnages attachants et surtout très crédibles.



Dans Quartier Lointain, l'auteur questionne la mémoire, le souvenir et ses histoires qui sont aussi les nôtres...L'incommunicabilité entre les êtres d'une même famille, le besoin d'élucider les zones d'ombre de l'enfance, l'interrogation sur le rôle de l'homme et surtout du père au sein de la famille , tout cela est mis en oeuvre dans une fabuleuse histoire pleine de tendresse et d'humanité, le tout servi par un dessin magistral.



Un véritable petit bijou.

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Le journal de mon père

Tout sur mon père ou comment se réconcilier avec les siens au-delà de la mort?

Yochan a grandi sur des fondations familiales fortement ébranlées par un terrible secret. Ce secret, entretenu par son taiseux de père le conduira à fuir loin de sa famille pour pouvoir se construire.

Quand le passé qu'on a voulu enfouir vous revient comme une grande claque, une lame de fond, un tsunami...

Un roman graphique en noir et blanc où les chagrins de l'enfance prennent toute leur dimension.

Telle une mosaïque, le lecteur, au fil des mots, voit se dessiner peu à peu le destin d'un jeune homme à travers les évocations du passé.

Nous avons tous un "rosebud" qui sommeille en nous, je vous laisserai le soin de découvrir celui de notre héros! Bonne lecture...
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Le sommet des Dieux, tome 1

Belle lecture que celle du premier tome de ce manga : Le sommet des dieux, avec d'abord un graphisme éblouissant. Les parois des montagnes sont très réalistes, au point de bien visualiser les difficultés, avec les surplombs, les cascades de glace, les prises, tout ce qui fait l'intérêt de belles ascensions.



Pour l'histoire, elle reste assez classique avec la découverte d'un appareil photographique du même modèle que celui de Mallory, de là à imaginer qu'il puisse s'agir du sien et qu'il contienne encore une bobine exploitable permettant d'imaginer qu'il ait pu atteindre le toit du monde...



On enchaîne avec l'histoire de Habu, alpiniste japonais taciturne, auteur d'une grande première hivernale au Japon, qui veut partir à la conquête d'autres sommets, notamment dans les Alpes, vers les Grandes Jorasses. A suivre en découvrant le tome 2...



Ce premier tome regroupe huit épisodes consacrés essentiellement à la carrière de Habu, jeune orphelin, pauvre, intégrant difficilement un club d'alpinisme, n'ayant pas les moyens d'aller escalader des parois ailleurs qu'au Japon. L'étude de sa personnalité est intéressante, c'est un jeune qui a souvent trop parlé sans réfléchir et va devenir un homme renfermé et silencieux.



C'est un manga qui n'est pas saturé de texte, donc les yeux peuvent s'accrocher davantage aux planches, avec les regards et expressions des protagonistes bien rendus, mais aussi les attitudes d'alpinistes accrochés aux parois, les moments d'angoisse, les affres de choix douloureux en cordée, bref tout un ensemble superbe de haute montagne qui ne peut que séduire les passionnés.

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Quartier lointain - Intégrale

Cet album me laissait présager du lourd et bien c’était du très lourd, du très beau, du merveilleux Taniguchi !



Qui n’a pas rêvé une seule fois de faire un bond dans le passé tout en sachant ce qu’il sait aujourd’hui ? Que feriez ou ne referiez-vous pas ? Seriez-vous tentés de modifier votre chemin quitte à sacrifier les personnes, les choses que vous aimez par-dessus tout ? Serions-nous plus heureux si nous gommions certains faits ou certaines erreurs de notre passé ? Et s’il suffisait de tourner à gauche plutôt qu’à droite pour que notre destin en soit à jamais bouleversé ? Que de dilemmes surgissent quand plusieurs choix se présentent !



C’est dans cet étrange voyage dans le temps que nous basculons au côté d’Hiroshi. Quatre cent six pages de doute et d’espoir qui nous font prendre conscience que finalement certaines décisions ne sont pas toujours si simples.



Hiroshi, 48 ans, marié et père de deux enfants, se retrouve dans la peau du gamin de quatorze ans qu’il était avec, gravés dans sa mémoire, tous les événements du passé qui sont devenus des événements à venir. Comment une telle chose peut-elle être possible ? Choqué et désorienté dans un premier temps, un sentiment d’exaltation l’envahit finalement. Il voit là comme une deuxième chance pour effacer les cicatrices de sa vie. Son père mutique qui va abandonner sa famille, sa mère qui va se noyer dans le chagrin, son meilleur ami qui meurt dans un accident de moto, les secrets de famille qui éclatent et puis la belle et douce Tomoko, qu’il n’a jamais osé aborder. Mais la peur prend vite le dessus sur la frénésie. Il est dur d’être un adolescent et de porter le fardeau d’un homme adulte. Tiraillé entre passé et présent, Hiroshi se rend vite compte que tout n’est pas si simple, que chaque chose, chaque décision a son importance, une place prépondérante, un poids moral. Comment faire ? Tourner à droite, à gauche ? Et vous, seriez-vous tentés de foncer contre le mur du temps ?



Jirô Taniguchi nous offre le meilleur de lui-même dans cet album. Il touche comme d’habitude un point sensible, l’importance des choix que nous faisons dans notre parcours, le pardon, la famille, la place du père et de la mère, l’enfance blessée, l’abus d’alcool, le surmenage au travail et l’abandon de ses rêves. La délicatesse de son trait, noir sur fond blanc, nous laisse muets et admiratifs. Ce roman graphique m’a emporté très loin dans mon enfance. La tentation est grande de vouloir tout changer. Mais nos erreurs, nos doutes, nos rêves, tout ce qu’on n’a pas eu le temps de dire, ne font-ils pas de nous ce que nous sommes aujourd’hui ? «Des Êtres si imparfaits et si affreux ». Alors je garde tout, mes joies, mes peines, mes beaux voyages, mes chaines et surtout mon présent…



Quartier lointain, un flash-back qui nous laisse au pied du mur…


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Un zoo en hiver

"Jiro Taniguchi, l'homme qui rêve!"

L'auteur était l'invité d'honneur au festival international de la BD d'Angoulême en 2015.

Il eut le Prix du manga Shōgakukan en 1992, puis beaucoup d'autres ensuite...





"J'attache de l'importance à l'expression des balancements, des incertitudes que les gens vivent au quotidien, des sentiments profonds dans leurs relations envers les autres." Déclare l'auteur...



Il est un des rares auteurs de manga à dessiner les animaux. Il s'est inspiré, dans ce manga, de ses débuts de mangaka, à 19 ans...





C'est dans le parc du zoo de Tokyo, que Hamaguchi emmène Mariko.

- C'est la première fois que je me promène seule, avec un garçon. Dis, tu as une copine? Demande Mariko, une jolie fille de 18 ans, malade depuis l'enfance, et sous soins à l'hôpital.

Hamaguchi est gêné...





C'est Mariko qui va pousser Hamaguchi à persévérer dans un manga qu'il est en train de créer, alors qu'il est assistant mangaka.



- Tu dois faire intervenir les animaux. Ils pourraient parler et deviendraient les amis de Takeshi( le héros).

Un oiseau, ce ne serait pas bien?





Dans le manga, Takeshi sauve, en rêve, son amie.

- C'est bizarre, on dirait que la petite fille, c'est moi. Fait Mariko.

- Mais alors, celui qui la sauve, c'est moi? Takeshi! Répond Hamaguchi.





Les deux jeunes gens se mirent à attendre les occasions de se revoir, avec impatience. Jusqu'au dernier rendez vous, quand Mariko se jeta dans les bras de Hamaguchi, en murmurant:

-Je t'aime





"Dans mes bras, j'ai senti son corps encore plus frêle que je ne l'aurais cru. Une telle fragilité me rendit presque triste."





Mariko avait quitté Tokyo, sans prévenir. Elle était répartie à l'hopital de Sendaï, son état empirait, elle avait maigri et refusait de revoir Hamaguchi...





Hamaguchi demanda qu'on remette son manga, à Mariko et depuis, il regardait les étoiles dans le firmament.

- Mariko a-t-elle eu mon manga? L'a-t-elle lu?

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L'orme du Caucase

Ces huit petites nouvelles de Taniguchi et Utsumi nous emmènent au Japon. Mais les thèmes abordés relèvent une fois encore de l'universel. Les différents personnages - enfants et adultes - affrontent dans un décor quotidien l'égoïsme, la solitude, la tristesse. Les auteurs me touchent par leur délicatesse et leur subtilité.



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Le journal de mon père

Yoichi a quitté sa ville natale et ses parents pour aller travailler à Tokyo. Pendant de longues années il n'a aucun désir de revenir chez lui. Son père s'est remarié après le départ de la mère du jeune homme, pour qui cette absence brutale a été provoquée par son mari, trop accaparé par son travail de barbier. Il faudra la mort de ce dernier pour ramener le fils dans sa famille et découvrir qui était vraiment son père.



Une histoire très émouvante et magnifiquement dessinée, librement inspirée de celle de l'auteur qui, raconte-t-il, est resté quinze ans loin de chez lui. En effet, trop occupé par la vie de tous les jours, il n'a pas été celui qui illumine les vieux jours de ses parents, jusqu'à l'appel d'un ami lui disant avoir promis à sa mère qu'il le ferai rentrer pour le nouvel an. Un retour auprès de ses siens, dont la gentillesse et l'attention aux autres, qui dit-il viennent du terroir, lui ont fait prendre conscience de ce qui lui avait manqué pendant sa longue absence : l'amour de ses parents et de son pays.



«  J'ai vu repasser dans ma tête toutes sortes de sentiments que je croyais avoir oubliés. Pour moi tout a commencé ici. Jamais je n'aurais imaginé que ce paysage natal pouvait réchauffer mon coeur aussi agréablement. »



Merci Gwen.

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Quartier lointain, tome 1

Après "Le journal de mon père" qui m'avait charmée autant qu'émue, je m'étais promis de continuer ma découverte de Jirô Taniguchi, ce talentueux mangaka, avec son oeuvre-phare Quartier lointain. Depuis hier, c'est chose faite, et je ne regrette pas mes deux heures passées à voyager dans le temps avec Hiroshi. Un homme de 48 ans qui après une soirée trop alcoolisée se retrouve dans sa ville natale où, après s'être assoupi, il redevient le garçon de ses 14 ans. L'occasion pour lui, le premier choc passé, de constater que revivre son enfance lui permet d'en comprendre les mystères et d'influer sur leur cours.



Poétique, introspectif, touchant, ce Quartier lointain aux dessins éminemment esthétiques traduit à merveille les angoisses existentielles qui prennent leur source dans l'enfance. L'enfance haut lieu de souvenirs joyeux comme traumatiques qui ne cesse de se rappeler à nous quel que soit notre âge.

"Personne ne devient jamais vraiment adulte. L'enfant que nous avons été est toujours là, bien vivant tout au fond de nous. [...] Avec le temps, nous croyons grandir. Mais la maturité n'est qu'un leurre, une entrave à notre âme libre d'enfant."

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L'homme qui marche

Marcher. Marcher sans vraiment savoir où l’on va. Prendre une rue puis une autre et encore une autre. Changer de chemin, découvrir un nouvel horizon, tourner, revenir, prendre à nouveau le chemin habituel et le redécouvrir à chaque fois. Un arbre, une fleur, une lumière, une ombre, un rayon de soleil, le plaisir de l’instant, un petit bonheur tout simple mais un petit bonheur…



Faire corps avec les éléments. Se laisser fouetter le visage par la pluie, s’étonner des premiers flocons de neige, être réchauffé par les rayons du soleil ou se laisser caresser par le vent. Croiser un regard, esquisser un sourire, s’émerveiller devant la majesté d’un cerisier en fleur.



Prendre de la hauteur pour contempler le monde ou simplement prendre le temps, lever le nez pour élargir son horizon, se laisser porter par le hasard. Une histoire servie par une multitude d’histoires. Un héros anodin, peu importe qui il est. Ce qui compte c’est la manière dont il se comporte. C’est un homme ordinaire mais en même temps un peu tous les hommes, un héros solitaire, encore.



L’Homme qui marche, c’est tout ça et plein d’autre chose encore, c’est un trait délicat qui exprime tout naturellement mais magnifiquement l’immense sensibilité de Taniguchi.


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La forêt millénaire

Un séisme de magnitude 6 ébranla à tout jamais la région San'in. Outre les maisons dévastées, les routes coupées, une faille s'ouvrit, due aux différents glissements de terrain. De là, apparut une nouvelle forêt. Verte, profonde et luxuriante... C'est tout près de cette forêt que Wataru Yamanobé débarqua en ce début d'été chez ses grands-parents. Suite au divorce de ses parents et surtout à la maladie de sa maman, ce jeune garçon tokyoïte allait devoir rester ici et s'adapter à la vie à la campagne...





Cette dernière création de Jirô Taniguchi, prévue initialement en plusieurs tomes, paraît peu de temps après sa mort. Malheureusement, il n'aura eu le temps que d'achever le premier opus. Lieu magique, relations familiales, éveillement à la nature, temps qui passe, enfance... L'on retrouve ici tous les thèmes chers à l'auteur. Ce qui ressort avant tout de cette lecture, c'est cette ambiance sereine, délicate et paisible. Le personnage de Wataru est très attachant, il avance à pas feutrés dans ce nouveau monde qu'il va devoir apprivoiser. À moins que ce ne soit la forêt qui l'apprivoise ? Les aquarelles, offrant tout un nuancier de vert, sont magnifiques et apaisantes. L'on regrettera la disparition de ce mangaka à l'oeuvre majestueuse...

En fin d'album, un dossier "Les racines du projet" par Corinne Quentin et Motoyuki Oda, éditeur de Taniguchi au Japon (13 pages) et un carnet de croquis (5 pages).
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Un ciel radieux

Un ciel radieux, est un titre léger et enjoué portant sur un sujet difficile à traiter: la transmutation de l'âme.

Comment l'âme de Kazuhiro Kubota, quadra surmené et père de famille vient-t-elle élire domicile dans le corps du jeune lycéen et amateur de trial Takuya Onodéra? Mais surtout pourquoi?

Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Jirõ Taniguchi comme le petit scarabée que je suis, avec humilité et attention pour ce grand maître. Le sujet pourrait prêter à sourire mais c'est une fois de plus un parcours philosophique qui nous est proposé dans cet ouvrage.

J'ai lu la postface avec une attention particulière. Oui, la mort d'un proche est une épreuve incommensurable, unique pour chacun de nous. Mais au delà de cette douloureuse étape, nous retenons que comme le deuil, certains événements peuvent nous permettre de changer le cours de nos vies et d'en apprécier la valeur.

Je laisserai le dernier mot à un auteur qui compte désormais pour moi: " Cela prend longtemps pour accepter en soi la disparition d'un être aimé. Et je crois que c'est en mettant de l'ordre dans ses sentiments, en surmontant sa détresse et en prenant un nouveau départ, que l'on grandit."

Je ne ferai aucun commentaire sur les illustrations en noir et blanc, remarquablement émouvantes.

Un ciel radieux... Le paradis à portée de main!
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Quartier lointain - Intégrale

Il y a des jours comme ça où rien ne se déroule vraiment comme prévu. Hiroshi, bon père de famille de quarante-huit ans va en faire l’étrange expérience. Alors qu’il pensait être dans le train pour Tôkyô, il se dirige en fait vers Kurayoshi, sa ville natale, sans bien comprendre comment il a pu se tromper. L’abus d’alcool de la veille semble être l’explication la plus plausible. Les souvenirs remontent à la surface, son passé, ses jeunes années, sa mère. Sans l’avoir vraiment voulu encore, il se retrouve dans le cimetière du temple Genzen où repose sa mère. « Pas un souffle de vent… Pas le moindre chant d’oiseau… Ça m’a tout de même paru étrange. Le temps semblait suspendu… » Le temps d’un battement d’ailes de papillon, mille et une questions affleurent. Sa mère a-t-elle été heureuse ? Qu’est devenu son père après s’être volatilisé sans la moindre explication ? Tout se bouscule dans son esprit confus... Une légère brise qui fait bruisser les feuilles des arbres, une sensation singulière, inexplicable et Hiroshi se retrouve propulsé dans son corps d’adolescent de quatorze ans.



Retour inopiné vers le passé, dans le quartier de sa jeunesse, mais en ayant toute conscience de l’invraisemblance, de l’impossibilité de la chose. Comment expliquer l’inexplicable ?... Le bonheur de retrouver des personnes disparues est douloureusement atténué par le fait de savoir qu’on finira par les perdre à nouveau. A moins que ? Et si le passé pouvait être modifié ? Recommencer sa vie en sachant tout ce que l’on sait est un fantasme assez répandu, fantasme devenu réalité pour Hiroshi. Changer le cours des choses. Revivre ses premiers flirts. Empêcher son père de disparaître ou au moins en comprendre les raisons...



Finesse du trait, noir et blanc parfait, nuances de gris étrangement lumineuses, finesse des sentiments, psychologie des personnages parfaitement maitrisée, nuance des sentiments exprimés et des expressions des visages à aucun moment figées ou monolithiques. Avec ce Quartier Lointain, Jirô Tanigushi est au meilleur de sa forme, au sommet de son art.



Malgré son épaisseur et son poids, ce roman graphique ou ce manga, peu importe, nous emporte et nous transporte, avec la légèreté d’un battement d’ailes de papillon…


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Le sommet des dieux, tome 3

9 nouveaux épisodes dans ce troisième tome qui conduit ainsi le lecteur jusqu'au 27ème épisode.



Le début retrace ce que l'on croit savoir de la tentative, ou peut-être réussite, de Mallory et Irvine sur l'Everest et on retrouve les très belles planches de montagne réalisées par Jirô Taniguchi.



Ensuite, l'action se déplace longuement à Katmandou où Fukamachi et Ryoko sont à la recherche de Habu. Les épisodes s'enchaînent alors avec quelques longueurs mais l'analyse psychologique des différentes personnalités est assez intéressante.



Un peu de suspense également avec une course poursuite en voiture, un accident et de l'escalade pour porter secours à ... une belle téméraire qui veut découvrir l'unique vérité qui l'intéresse.



Donc, un tome moins montagnard que les deux précédents, qui permet néanmoins de reprendre son souffle avant, sûrement, de monter très haut dans les épisodes à venir.



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Les années douces : Intégrale

Ce soir dans un monde où la brutalité est souvent malheureusement présente, permettez-moi de vous inviter à la douceur des choses. À leur délicatesse. À une manière d'aborder l'univers de nos vies par cette douceur essentielle et sa puissance souterraine qui nous guident.

Les Années douces, c'est un manga écrit par Jirô Taniguchi, mais dont le récit est totalement adapté du roman éponyme de Hiromi Kawakami, que je n'ai pas encore lu, cela ne saurait tarder à présent.

Ce très beau roman graphique est structuré en dix-neuf rencontres. Il s'agit toujours de la même rencontre...

La rencontre, ce sont deux personnes si différentes qui vont venir l'une à l'autre par le pur hasard des choses. Elle, c'est Tsukiko Omachi, jeune femme célibataire et solitaire, la trentaine bien avancée, attachée à son indépendance. Lui, c'est Harutsuna Matsumoto, son professeur de japonais lorsqu'elle était étudiante. Son allure est très stricte, le costume impeccable, il est toujours affublé d'un cartable de cuir qui semble ne le quitter jamais. Tout au long de l'histoire, elle va continuer de l'appeler « maître ».

Ils se rencontrent par hasard dans ce restaurant où elle a ses habitudes, où ils découvrent cette passion commune pour le saké et ces plats suaves à souhait qui délivrent le plaisir de leurs papilles gustatives.

Peu à peu, tacitement, les rencontres fortuites deviennent des rendez-vous réguliers. Au fil des repas et des confidences, une tendre complicité s'établit, ils se sentent de plus en plus proches l'un de l'autre, mais chacun reste sur ses distances, peut-être la peur de franchir un pas les empêche d'aller plus loin. Il y a aussi la distance de l'âge. Et puis il y a ce respect infini que Tsukiko voue à celui qu'elle continue d'appeler " maître ".

C'est une amitié qui s'établit entre ces deux êtres solitaires. Une amitié tout d'abord... L'amour viendra plus tard...

Bientôt ils vont sortir de l'univers de ce restaurant, à la faveur d'une fête des cerisiers...

J'ai été touché par la grâce qui porte ce beau récit, celle qui touche aussi les deux personnages venant à l'autre sans le soupçonner encore. Y-a-t-il une magie pour dire cela ? L'inventer ?

Parfois des oiseaux traversent le ciel des pages. Des fleurs... Des haïkus aussi, ceux de Bashô...

" La mer s'enfonce dans le crépuscule,

le cri d'une mouette,

vague blancheur. "

On voudrait rester là à contempler une plage sur le bord d'une île, marcher pieds nus sur le sable, entendre le bruit du vent qui vient du large, prendre la main de l'autre, l'étreindre, compter les étoiles dans le ciel, vouloir suspendre au-dessus du vide le temps qui passe, se dire que ce moment qui semble brusquement épris d'éternité est cependant fragile, redevient éphémère parce que la vie est ainsi faite.

Parfois je me suis identifié à ce personnage masculin, dans cette peur de vieillir, de mourir, découvrant l'amour au crépuscule d'une vie accomplie ou qu'il croyait accomplie. On se surprend parfois à s'apercevoir que la vie tient parfois à rien ou à beaucoup, cela dépend du regard que l'on porte sur notre existence.

J'emporte en moi la légèreté de ce récit, un côté presque onirique pour chercher ou tenter d'expliquer ce fil invisible qui unit les êtres qui s'aiment.

« J'ai tant voyagé

que ma robe est tout usée

et le froid la transperce.

Le ciel est clair ce soir.

Mais mon coeur souffre. »

C'est un poème de Seihaku Irako, qui perle comme un rayon de soleil presque à la toute fin du récit, là où le souvenir des morts effleure l'ombre des vivants.

C'est la première fois qu'un manga me donne envie de pleurer.
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Le sommet des dieux, tome 2

La suite de la quête de Fukamachi sur Habu, alpiniste légendaire, au caractère complexe, ombrageux et empli d'abnégation.



Dix nouveaux épisodes, du neuvième au dix-huitième, avec toujours ces dessins si réalistes des scènes de montagne, d'abord dans les Grandes Jorasses avec Habu qui dévisse et va, même blessé sérieusement, s'accrocher à la montagne et à la vie. C'est probablement l'épisode le plus poignant de ce deuxième tome où l'on voit l'homme blessé seul face à la montagne et le déploiement de sa force et de sa volonté.



Pour la suite, encore de beaux moments à l'assaut de l'Everest où on retrouve le valeureux Habu qui est investi plus que quiconque dans cette quête d'une voie hivernale qui pourrait être une première.



On peut admirer aussi les exploits d'un autre alpiniste, Hase, personnage réel, emporté par une avalanche mortelle au Karakoram. Habu est en compétition avec Hase, ils veulent chacun être celui qui réalise une vraie première, souvent solitaire.



Intervention également de quelques personnages féminins pour accompagner la quête de Fukamachi. Sa persévérance le mènera-t-elle vers Habu, peut être dans le troisième tome?...



Malgré la longueur des développements et une action paradoxalement lente dans un univers où le temps presse toujours, ce deuxième tome est aussi réussi que le précédent et offre, surtout par son graphisme exceptionnel, de belles aventures de montagne.



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Le gourmet solitaire

Ma rencontre avec Le Gourmet Solitaire s’est faite sur un rayonnage d’Emmaüs. Je l’ai pris, rapidement feuilleté puis reposé. J’ai pris d’autres livres mais pas lui et je suis reparti. J’y ai repensé toute la journée avec regret, il me le fallait. Et s’il n’y était plus quand j’y retournais ? Obligé d’attendre la réouverture d’Emmaüs le samedi matin suivant. Mais je travaillais ce samedi matin. Je rentre donc du travail sur les chapeaux de roue, comptant sur une fermeture à 12h30 qui me laisserait, peut-être, une chance de l’y trouver encore. Ouf, j’arrive avant la fermeture ! Je fonce vers le rayon livre, à peine dans l’encadrement de la porte, je le cherche du regarde, je l’aperçois, il est là, je m’en saisis pour ne plus le lâcher, je le tiens, je ne repartirai pas sans. Le bonheur tient à peu de chose parfois…



Le titre résume parfaitement ce manga. Nous suivons un homme toujours seul dans sa quête de lieux dans lesquels il va pouvoir se sustenter d’un encas, d’une collation ou le plus souvent d’un copieux repas. Nous découvrons donc ses repas successifs pris dans des endroits successifs. Moult détails nous sont donnés sur l’ambiance de l’endroit, son environnement et surtout sur le menu qui va constituer ses repas, allant des produits utilisés à leur préparation ou leur cuisson.



Quel intérêt me direz-vous ? Eh bien, c’est là que c’est fort. On a envie de connaitre le prochain repas, difficile de bien saisir pourquoi mais on accroche, on tourne les pages. Je pense que notre intérêt est lié au dépaysement, dépaysement lié au cadre, aux menus, aux recettes, aux ingrédients qui nous sont, pour une bonne partie, totalement inconnus. Du coup, notre imaginaire vagabonde grâce à ces aliments, algues nori des rochers, peau de tôfu crue à la kyôtoïte, manjû grillé, shûmaï, sanchu, sukiyaki, algues hijiki bouillies…



Une somme de petits moments essentiels pour notre héros ordinaire qui apprécie toujours ces précieux instants avec délectation et gare à celui qui viendrait troubler le calme entourant son cérémonial. Son plaisir semble d’autant plus intense qu’il est solitaire…



Comme je le dis souvent, rien de tel qu’un bon petit plaisir solitaire !


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Les Gardiens du Louvre

Paris, mai 2013. Lors du salon international de la bande dessinée qui se déroule à Barcelone, un mangaka en a profité pour faire une escale à Paris. Malheureusement, au lieu d'aller visiter la Ville des Lumières, une forte fièvre le cloue au lit de sa chambre d'hôtel. Se sentant un peu mieux le lendemain de son arrivée, il se rend au Musée du Louvre dans lequel il n'avait encore jamais mis les pieds. Après une queue interminable pour pouvoir y entrer, il se retrouve au milieu d'une foule incroyable. Pour avoir un peu de calme, il gagne l'entresol de l'aile Denon. Bientôt, il est pris d'un malaise et se retrouve assis par terre lorsqu'il entend une voix lui demander s'il va bien. Rêve, réalité ou forte fièvre? Toujours est-il qu'il a en face de lui une femme élégamment vêtue et que la foule a mystérieusement disparu. Elle lui indique alors qu'il se trouve dans les limbes oniriques de son imagination et qu'elle fait partie des Gardiens du Louvre...



Tout en onirisme et poésie, Jîro Taniguchi nous propose une balade dans les allées du Louvre en compagnie de ce mangaka et des gardiens de ce musée. L'on est intrigué par les peintres tels que Corot ou Van Gogh, l'on est admiratif devant La Joconde, l'on est passionné par les événements tragiques lors du déménagement de la plupart des œuvres lorsque les nazis allaient attaquer et assiéger Paris. L'on ne se doute pas un seul instant de l'amour que l'auteur porte à tous ces grands peintres et leurs oeuvres tant les reproductions de celles-ci sont particulièrement réussies. Le scénario est empreint de poésie, de mélancolie et de fantastique et le dessin est particulièrement doux. Malgré tout cela, l'on a l'impression d'être resté un simple visiteur, le scénario manquant parfois de profondeur et souffrant de quelques longueurs.



Les gardiens du Louvre vous ouvrent grand les portes...
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