AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jirô Taniguchi (2161)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La montagne magique

Ken-Ichi, un jeune garçon, est confié à ses grands-parents avec sa sœur Sakiko. Leur mère doit être hospitalisée pour une grave maladie. Tout est préférable plutôt que se morfondre en repensant à son père défunt ou à sa mère qu’il craint de ne plus revoir elle non plus. L’été arrivé, quoi de plus dépaysant pour Ken-Ichi que de partir à l’aventure avec ses copains. La pêche aux écrevisses, prétexte à patauger dans le cours d’eau, laisse place à de secrètes excursions sur la montagne qui domine Tottori. Il ne reste désormais plus que les ruines de l’ancien château qui la couronnait autrefois.



Cependant, une légende aussi intrigante qu’effrayante a un effet attractif incontrôlable sur les jeunes esprits avides de sensations fortes. On raconte que les grottes et souterrains qui lui dévorent les entrailles abriteraient une « sorcière ventouse » qui se nourrirait de jeunes enfants à la chair tendre… On dit même que la montagne aurait grondé et bougé, le jour où la municipalité ce serait décidée à y faire quelques travaux d’aménagements pour le tourisme…



Après la frayeur provoquée par l’exploration des premiers mètres d’une galerie, la présence de la sorcière s’étant fait ressentir ou était-ce tout bonnement la fertile imagination des juvéniles explorateurs, une averse va conduire Ken-Ichi à s’abriter dans un vieil édifice colonial abritant un musée du folklore régional. Un endroit assurément plus paisible mais non moins propice à l’imagination. Pour preuve, une sorte d’énorme salamandre va s’adresser à lui. Elle l’attend depuis dix ans, il a été choisi !



L’histoire ne fait que commencer.



C’est suite à sa découverte des « mangas étrangers », dans un premier temps les comics américains puis plus particulièrement la bande dessinée européenne, qu’est venue à Jiro Taniguchi l’envie d’abord et l’idée ensuite de La Montagne Magique. Cette montagne possède indéniablement un terreau fertile à l’imagination et nous replonge dans nos années de jeunesse quand le moindre début de grottes, la moindre vieille ruine recouverte de lierres et de ronces nous donnaient des ailes et des allures d’aventuriers qu’aucun danger ne pourrait jamais faire reculer. Un dessin sobre et touchant au service d’un univers éminemment poétique et fantasmagorique qui ne manquera pas de vous transporter si vous avez su garder votre âme d’enfant.



La Montagne Magique de Taniguchi, évasion réussie…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
Commenter  J’apprécie          390
Quartier lointain - Intégrale

Un très beau manga tant par l'histoire que par le dessin.



C'est une histoire très touchante et universelle que nous conte Jiro Taniguchi.



Hiroshi un cadre d'entreprise de 48 ans se trompe de train après un repas d'affaires très (trop) bien arrosé. Au lieu de rentrer chez lui auprès de sa famille à Tokyo, le voilà qui prend la direction opposée vers sa ville natale. Hiroshi se promène un peu, se souvient et finalement va sur la tombe de sa mère. A ce moment là, il est pris d'un malaise. A son réveil, il se retrouve dans son corps de 14 ans tout en conservant ses connaissances et sa maturité d'homme adulte. Il va pouvoir revoir sa famille et peut être comprendre pourquoi son père est parti l'année de ses 14 ans.

Les dessins sont remarquables. C'est un condensé d'émotions. On ne peut que ressentir de l'empathie pour Hiroshi. J'ai adoré découvrir la culture japonaise.

Ce livre est le livre de la 2éme chance. Et vous que feriez vous si vous aviez l'occasion de revivre vos 14 ans?

Commenter  J’apprécie          383
L'homme qui marche

L'homme qui marche (1992) est un Taniguchi zen parfait si vous avez des tensions dans les cervicales. J'ai peut-être une petite préférence pour Furari dans la même veine car il se passe dans le vieil Edo et m'a davantage dépaysée. Ici nous sommes au début des années 90. L'homme qui marche n'a rien d'un Giacometti. C'est un quinquagénaire banal à lunettes avec une légère petite brioche. Il vient d'emménager dans une maison avec jardin. Pendant que son épouse dévouée défait les paquets, il prend la tangente. Il flâne, baguenaude, banturle. Et ceci pendant tout l'album. Il observe son environnement et accueille les petits riens comme des cadeaux. le dessin très précis décrit ses sentiments profonds. Il se laisse guider par ses impulsions; Il fuit le monde, la vitesse, la technologie et leur préfère la solitude, la lenteur et l'imprévisible. Il cherche à retrouver ses sensations d'enfant. Il grimpe sur un arbre, fait voler un avion en balsa abandonné, prend une grand-mère en filature comme s'il s'agissait d'une criminelle, franchit un grillage pour prendre un bain délectable tout nu dans l'immense piscine municipale…

Mon édition Casterman propose deux épisodes supplémentaires à la fin qui arrivent comme un cheveu sur la soupe. Ne soyez donc pas surpris de retrouver d'abord notre quinqua au lit avec une belle brune, puis, dans un épisode en couleurs, tout jeunot devisant avec un gars à barbichette en costume traditionnel.

Commenter  J’apprécie          387
Furari

Furari est un manga apaisant, parfait si vous avez des tensions dans les cervicales. Il offre une promenade poétique "au grè du vent "(furari) à Edo et ses environs au début du XIXème siècle. Nous suivons les pas mesurés d'un géomètre-cartographe retraité, sympathique et bon vivant. Il arpente en toutes saisons les rues pittoresques et grouillantes de la ville en comptant chacun de ses pas. Cependant, il se laisse facilement distraire par les merveilles de la nature. Il se met alors à la place de la tortue qu'on achète pour lui rendre sa liberté, du fier milan, de l'éléphant captif ou des nombreuses petites lucioles. il voit le vaste monde avec leurs yeux ce qui nous vaut des dessins magnifiques sous tous les angles du vieil Edo. L'arpenteur est distrait et sa femme patiente mais elle lui pardonne tendrement car c'est un poète comme le jeune Issa qu'il rencontre sur sa route. Il fait le vide en marchant, ouvert à tout ce qui l'entoure, libre et souriant.

Merci Croquignol.

Commenter  J’apprécie          3813
La forêt millénaire

Un peu dur tout de même.

Publication posthume de Jirô Taniguchi, manga inachevé, encore plus mélancolique que de coutume.

A elle seule, la couverture magnifique sublime le monde perdu de cet auteur.

Wataru, enfant d’une dizaine d’année, nous regarde droit dans les yeux, son regard est calme et triste ; mais on y décèle l’ébauche d’un apaisement. Derrière lui un paysage montagneux couvert d’une forêt, immense, apparemment vide.

Voilà, finalement ce qui me reste après avoir parcouru ses pages trop peu nombreuses ne se terminant sur rien.

Ce qui me reste aussi ce sont ces dessins purs, pastels de verts, ces regards chargés de mélancolie.

Ce qui me reste enfin, en filigrane, l’esprit de Jirô Taniguchi, disparu trop vite en février 2017 à l’âge de 69 ans.
Commenter  J’apprécie          389
Le sommet des Dieux, tome 1

Je ne suis pas, d'ordinaire, attiré par les mangas. J'étais encore sur des a priori liés aux séries télé quand ma fille, qui connaît ma passion pour la montagne, m'a fait découvrir ce premier tome du sommet des dieux. Passé les tâtonnements dus au sens de lecture, je me suis plongé avec délice dans ces aventures de montagne.

Le 8 juin 1924, Mallory et Irvine disparurent en tentant la première ascension de l'Everest. Le mystère de cette première reste entier : ont-ils réussi à atteindre le sommet avant de disparaître ? Juin 1993, Fukamachi Makoto, photographe d'une équipe japonaise venue vaincre l'Everest, marche sans but précis dans les rues de Katmandou. Le hasard va le mener dans une boutique qui revend du matériel d'occasion laissé par les alpinistes. Son regard est soudain attiré par un vieil appareil photo, un Pocket Autographic Kodak Spécial, appareil identique à celui qu'utilisaient Mallory et Irvine dans les années vingt. Il ignore alors que cette découverte va bouleverser son existence et lui faire croiser le chemin d'une légende de l'alpinisme japonais, Habu Jôji, un grimpeur hors pair, un homme sauvage qui a disparu dans l'Himalaya.

Tiré de l'œuvre originale de Yumemakura Baku, le sommet des dieux conte l'histoire de l'alpinisme japonais au travers de personnages hors du commun que sont les alpinistes de haut niveau. Les dessins de Jirô Taniguchi sont splendides et montrent avec talent le milieu très fermé de l'alpinisme au travers de la vie d'un homme qui voue sa vie à la montagne. Les scènes en haute montagne sont spectaculaires et reflètent parfaitement les difficultés de ce sport extrême et font de ce manga une ode à la montagne. Le fil conducteur reste néanmoins le mystérieux appareil photo et l'enquête que Fukamachi va mener lui permettant de rencontrer les acteurs de l'alpinisme qui ont croisé le chemin du mystérieux Habu.

Ce manga ravira les amoureux de la montagne et tous ceux qui aiment l'aventure. Un bon moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          388
Les Gardiens du Louvre

Un petit voyage onirique au Louvre ça vous tente ?



C'est ce qui arrive au personnage de Jirô Taniguchi pendant les 5 jours qu'il passe à Paris. Son objectif pendant ces quelques jours : visiter les musées de Paris, dont les incontourables Louvre et Orsay. Jusqu'ici rien d'extraordinaire, sauf que lui parvient à s'extraire de la foule grouillante pour ne voir que ... les artistes et œuvres d'art "vivants". Est-ce la fièvre ? un rêve ? son imagination ? Et au fond, est-ce que ça a vraiment de l'importance ?

Rien que les planche délicatement tracées et colorées à la peinture à l'eau invite au voyage. Un style qui change radicalement des traits qu'on trouve dans un manga.



Cette bande dessinée est un hymne à l'Art comme étant une chose vivante et non de simples pièces entreposées dans des musées en attentes de visiteurs qui s'agglutinent. Avec Les Gardiens du Louvre, Jirô Taniguchi nous montre que les œuvres d'art vivent et sont témoins des époques qu'elles traversent. Elles vivent par les intentions que l'artiste y a mis, et avec l'épisode de l'évacuation des oeuvres du Louvre, l'auteur met en évidence le fait qu'elles sont les gardiennes de notre mémoire.

Un motif tristement d'actualité lorsqu'on voit les exploits de Daesh en Irak et en Syrie ....



La magie de l'Art vue hors des cadres. Un beau voyage et une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          380
Le journal de mon père

Deuxième coup de cœur pour un manga de Jiro Taniguchi. Après le gourmet solitaire, j'ai découvert et adoré Le journal de mon père.



Comme dans ma Précédente lecture, les dessins sont magnifiques et très réalistes. On est très loin des préjugés et des a priori que je peux avoir (et je suis certainement pas la seule) quand au manga aux dessins anguleux. Ici les traits sont fait avec beaucoup de finesse pour un résultat grandiose.



Coté scénario, ici aussi c'est une réussite totale. Un homme retourne dans sa ville natale pour les funérailles de son père. Bien évidemment c'est l'occasion de se remémorer son enfance. On va donc découvrir sa famille sous les traits du petit garçon naïf qu'il était et petit a petit il va découvrir qu'il ne connaissait pas très bien son père, qu'en réalité c'est une grosse quantité de non-dits entre eux. C'est un manga plein de nostalgie et écrit avec beaucoup de finesse et de pudeur.



Vous l'aurez compris, je vous recommande vivement cette lecture qui ne peut qu’émouvoir le lecteur.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          381
Les Gardiens du Louvre

Je n'aime pas les romans ou les bandes dessinées dans lesquels les personnages racontent leurs rêves, ça m'ennuie tout simplement.

Et même un très bel ouvrage de Taniguchi n'échappe pas à la règle.



L'auteur prend le prétexte d'une visite du Louvre pour nous parler des peintres qu'il aime, il nous raconte aussi un évènement historique ayant eu lieu pendant la seconde guerre mondiale et le tout est mélangé à des fièvres, hallucinations et autres divagations personnelles et culturelles.



Les dessins sont de couleurs douces mais les propos sont assez peu intéressants à mon goût. Ca manque de rythme, c'est lent, l'histoire se perd dans les méandres de l'esprit et les souvenirs de l'auteur.

Bref, j'aime beaucoup Taniguchi d'habitude, mais je n'ai pas retrouvé l'émotion, la nostalgie ou la richesse des propos habituels.

J'ai eu l'impression de feuilleter un album agréablement coloré et bien exécuté mais fade.
Commenter  J’apprécie          370
Mon année, Tome 1 : Printemps

Capucine est une petite fille comme les autres... A une différence près: elle a un chromosome de plus que les autres petites filles de sa classe. Elle a 2 ans de retard mais cela ne l'empêche pas de suivre les cours. Rieuse, joueuse, curieuse... et heureuse. Aujourd'hui encore plus que les autres jours puisqu'elle va fêter ses 8 ans. Après un moment passé à jouer dans le sable, sur la plage de Deauville, ses parents l'emmènent faire un tour de poney. Quelle joie, de retour à la maison, de voir que Papy et Mamy sont déjà là. Un grand repas s'organise avec quelques membres de la famille, l'on s'affaire ici et là. Comble de joie pour l'enfant qui reçoit, de la part de son papa, un chiot qu'elle prénomme aussitôt "Garçon". Mais, le lendemain, ses parents sont convoqués chez la directrice. Malgré tous leurs efforts pour stimuler et encourager leur fille et malgré l'attention particulière que lui porte sa maîtresse, la directrice les informe que Capucine prend de plus en plus de retard sur ses camarades de classe et qu'il serait souhaitable de la placer dans un établissement spécialisé. Coup dur pour ses parents, surtout pour son papa, qui acceptent difficilement cette idée...



Cette petite capucine nous émeut avec son "Douroudou" et son "shien", Garçon. L'auteur aborde un sujet certes délicat et singulier, en évitant le pathos et le larmoyant. Cette voix-off, souvent présente, permet de mieux saisir les pensées et émotions de cette petite fille trisomique et l'on saisit ainsi mieux sa vision du monde. Elle comprend les choses sans qu'il y ait besoin de le lui dire, comme par exemple, le chagrin ou les tourments de son papa. Car, l'auteur, en plus de dresser un beau portrait de Capucine, s'est penché sur celui des parents. Comment faire face à une petite fille trisomique? Comment concilier sa vie amoureuse et professionnelle dès lors qu'elle requiert une attention particulière ? Faut-il l'intégrer dans un établissement spécialisé où elle ne côtoiera que des personnes handicapées ou au contraire lui faire suivre un parcours classique? Tout autant de questions qui sont soulevées dans ce premier volet. L'auteur nous livre un album enrichissant et original. Le dessin de Taniguchi est d'une précision implacable, tout en finesse et les aquarelles apaisantes.



Mon année, un printemps fleuri...
Commenter  J’apprécie          370
Les années douces, tome 2

J'ai toujours eu un peu de mal à qualifier les œuvres de Jiro Taniguchi comme étant des mangas. Pour moi, ils sont bien plus que cela : tout d'abord, ils seraient plus proches de la bande-dessinée étant donné qu'il se lise dans le sens de la lecture auquel nous sommes habitués, nous, Occidentaux, et je trouve qu'ils vont même encore plus loin : ce sont de vrais roman illustrés. C'est d'ailleurs le cas ici puisque Taniguchi n'a faut qu'une adaptation du roman paru en 2010 de la romancière japonaise Hiromi Kawakami.



J'avais lu le premier tome des "Années douces" il y a quelques années de cela et je ne sais pas pourquoi je n'avais pas prolongé ma lecture de l'époque avec le tome 2, peut-être tout simplement parce que la médiathèque de ma ville n'en avait pas encore fait l'acquisition...enfin bref, maintenant c'est chose faite et ma curiosité d'antan est comblée. Ici, le lecteur retrouve Tsukiko, une jeune femme d'une trentaine d'années qui se rend compte que, malgré les propositions d'autres hommes de son âge à sortir avec eux (enfin, là, il n'est question que d'un seul homme en particulier), elle ne peut se pencher à un autre. Cet autre se trouve être l'un de ses anciens professeurs, qui a donc environ le double de son âge et qui, tout au long du récit, elle continuera à appeler "maître."

Les choses vont bien entendu évoluer entre ces deux personnages mais malgré l'affinité qui se fera croissante, elle restera pour lui Tsukiko tandis que pour elle, il restera le "maître"...Une personne plus intelligente qu'elle, plus âgée mais aussi tellement captivante que Tsukiko ne se lassera jamais d'écouter les conseils de celui qu'elle vénère et aime plus que tout !



Une magnifique histoire d'amour, remarquablement mise en images par Jiro Taniguchi avec des dessins extrêmement bien travaillés, surtout au niveau des sentiments qu'il arrive à faire paraître sur les visages de ses personnages. Cela m'a donné envie d'en savoir plus sur le roman original ! A découvrir !
Commenter  J’apprécie          372
Quartier lointain - Intégrale

Qui n’a pas rêvé un jour de voyager dans le temps, de retourner au carrefour où des choix s’offrant à nous, on n’a pas su quel chemin choisir.



Souvent, on prend le chemin le plus facile, celui qui ne bouleversera pas trop notre confort, celui qui offre le plus de sécurité. En grandissant, on perd notre âme d’enfant, nos rêves, notre liberté. Certaines circonstances nous obligent aussi quelques fois, malgré nous, à rebrousser chemin, à changer d’horizon.



Puis, arrivés entre deux âges, on commence à faire le bilan de sa vie, on se demande si on a fait les bons choix et s’il ne serait pas encore temps de prendre des virages pour changer notre trajectoire.



C’est ce qui arrive à Hiroshi, 48 ans, marié, deux enfants, un peu perdu dans sa vie d’adulte, un peu mis à l’écart de la vie de son épouse et de ses deux filles.



Y a t- il une fuite possible ? Voyageur du temps, arpentant le chemin de sa vie d’adolescent de quatorze ans, pourrait-il changer les évènements de son passé et donner un nouveau du sens à sa vie ? Le risque serait grand à vouloir influer l’avenir en modulant le passé, le chemin prendrait alors d’autres virages.



Quartier lointain est un magnifique manga, nous plongeant dans la vie d’une famille japonaise de l’après-guerre. On a vraiment l’impression de mettre nos pas dans ceux d’Hiroshi, de revivre avec lui les évènements de son adolescence, comme dans un film. Ses sentiments et ses questionnements sur sa famille, sur sa vie, nous sont tout à fait familiers

Commenter  J’apprécie          370
La montagne magique

Une bd du mangaka Jirô Taniguchi ? Voilà qui promet d'être original. Et ça l'est.

L'auteur explique dans la préface ce qui l'a conduit à créer cet album.

Baignant depuis longtemps dans l'univers du manga japonais, il découvre les comics américains et les bandes dessinées européennes : il est aussitôt conquis, et voici ce qu'il dit : "j'avais envie de créer moi aussi une œuvre dans ce style qui m'enthousiasmait tant. La BD a bien sûr une tradition et des usages propres, mais en introduisant son style dans le mode d'expression qu'est le manga, en les combinant, j'avais l'espoir que pourrait naître une forme d'expression nouvelle."

On comprend que, pour un artiste, la perspective de créer un nouveau genre soit exaltante ; Taniguchi s'est donc lancé.

Je trouve l'essai plutôt réussi, et cet album est original, ni tout à fait une bd, ni tout à fait un manga, une sorte d'hybride.

L'histoire est courte, assez touchante, et mêle réel et imaginaire. Des lieux, des personnages (humains et mythiques) sont mélangés, et le tout donne quelque chose d'étrange, dans une atmosphère générale un peu diffuse : on se croirait dans un rêve.

On retrouve la qualité des dessins que l'on connaît chez Taniguchi, mais ici les traits sont plus nets, plus marqués. Les couleurs sont très belles et soulignent l'atmosphère à la fois triste et un peu surnaturelle de l'album.

On retrouve également la passion de l'auteur pour la montagne, dont il fait ici non seulement le lieu, mais un personnage principal de l'histoire. Il explique, dans l'interview qui conclut le livre, qu'il a vécu enfant au pied du mont Oyama, et que de là vient certainement sa fascination pour les sommets.

Cette interview, menée par Stéphane et Muriel Barbery, est très intéressante. Taniguchi y explique le travail qu'il a fait sur cet album, et l'on découvre des traits de sa personnalité qui expliquent certains aspects de son œuvre. Notamment le fait que ses albums soient généralement doux, mais d'une douceur liée à une certaine forme de tristesse. Il dit : "La mélancolie me semble être une sorte de remède pour équilibrer l'esprit. Si, comme vous le dites, la mélancolie a à voir avec la sensation d'impermanence, je trouve cela très beau ou plutôt c'est ce qui, dans les sentiments humains, me semble le plus subtil, le plus insaisissable, et sans doute le plus précieux." Pour ajouter un peu plus loin qu'il y voit "un état nécessaire qui porte à la réflexion et au calme." Et de conclure : "Une euphorie permanente serait trop fatigante."

Si le cœur vous en dit, faites une petite balade dans cette montagne magique. Vous vivrez un petit moment triste et doux, un peu hors du temps. Un tout petit moment, comme dans un rêve.
Commenter  J’apprécie          372
L'orme du Caucase

Auprès de mon arbre, je vivais heureux…

A l'instar de Georges, j'ai plaqué mon chêne comme un saligaud. Mais je suis partie m'installer sous un orme du Caucase. Mondialisation oblige. Qu'il y fait bon dans ses feuilles aussi douces que des vers de Prévert! Je m'y love de temps à autre, sans lassitude.

Sous cet arbre là, on se prend à aimer l'homme.



Ryuichiro Utsumi, nouvelliste adulé au Japon, est inconnu en France. Taniguchi, adulé en France, est quasi inconnu au Japon. Et dans cet embrouillamini de reconnaissance et méconnaissance, le mangaka sert un manga qui ressemble à bien des choses sauf à un manga. Personne ne saute partout en vociférant comme si le pauvre lecteur était sourd. Le trait est tout aussi occidentalisé que la mise en page. Pourtant, ces nouvelles graphiques sont asiatiques.



Que de singularités pour une dizaine d'histoires tout aussi singulières. Dans le silence et le vide de certaines cases, le quotidien s'élabore lentement, raconte la difficultés de se comprendre, celle de se réconcilier, la nécessité de reconsidérer ses priorités, le bouleversement qu'apporte la découverte de l'amour. Sans bruit, sans mot superflu.

Dans son absence de didactisme, Taniguchi plonge au coeur de l'émotion, celle qui ne pleure pas, celle qui est semblable à du verre un peu fêlé, pleine de retenue, de mots qui tremblent sur les lèvres mais ne se disent pas.



Utsumi et Taniguchi offrent un bouquet de fleurs humaines à toute âme disponible sachant puiser le sens dans l'apparente banalité des faits.

Auprès de mon arbre, je reste.
Commenter  J’apprécie          370
Un ciel radieux

Je m'appelle Kazuhiro Kobuta et je suis l'archétype du cadre japonais surmené. L'esprit bouillant de bilans, de retards, d'objectifs à satisfaire, j'en ai oublié ma famille. Je n'ai pas écouté les conseils de Michiko mon épouse qui me disait de me ménager. Je me suis rendu compte que depuis près de six mois, je néglige ma fille Tomoni. Pris dans la spirale d'une fuite en avant éperdue, dont je ne confie l'angoisse qu'à mon journal intime que je cache des miens.

Le 3 juillet, terrassé de fatigue, j'ai pris le volant. J'ai eu un accident. Dix jours après, je suis mort.

Mais...

Je m'appelle Takuya Onodéra et je suis l'archétype de l'adolescent rebelle. Je nourri des reproches contre des parents trop stricts. Dans le moto-cross j'ai retrouvé des sensations de liberté.

Le 3 juillet, j'étais en moto quand cette camionnette face à moi a fait une embardée. J'ai eu un accident. vingt-deux jours après je suis sorti du coma.

Mais...

Nous sommes le 1er août et je viens d'avoir une révélation : Moi, Kazuhiro Kobuta – enfin mon âme – est enfermée dans le corps du jeune homme à moto que j'ai renversé : Takuya Onodéra. Que faire de cette vérité impossible à admettre ?

Aujourd'hui c'est le 2 septembre. Moi, Takuya, je ne comprends pas ce qui m'arrive. J'ai rêvé de motocross cette nuit. Je crois que je suis redevenu – un peu – moi-même... Mais un autre vie en moi...

Combien de temps me reste-t-il pour mettre de l'ordre dans mes affaires avant que Takuya ne revienne et que moi, Kazuhiro, ne disparaisse ?...



Il est rarement accordé à une personne l'opportunité de revenir sur ses erreurs passées pour en demander pardon aux personnes qu'on a négligé. Par un caprice de la Destinée, Takuya, l'adolescent revêche devient le canal de cette rédemption pour Kazuhiro, le quadragénaire épuisé. Celui qui ne connait pas le monde aide celui qui l'a manifestement mal compris. Celui qui est conscient d'avoir commis des fautes devient le révélateur ce celui qui n'a pas compris la chance qui lui est accordée.

" Un Ciel Radieux est désormais achevé. Que pourrai-je ajouter ? Il me suffit de penser que le lecteur, après la découverte de ce récit,se sentira peut-être ému ". Ainsi Jiro Taniguchi commence-t-il la Postface de ce manga..

Un peu ému est un doux euphémisme....

Un récit incroyable, beau, chargé de sens et d'une grande force émotionnelle que rend à merveille le minutieux travail de M. Taniguchi.
Commenter  J’apprécie          371
Elle s'appelait Tomoji

Je ne suis absolument pas fan de BD (à part un paquet de super-héros Marvels et tous les albums de Tintin quand j'étais gamin, je suis absolument ignare sur le sujet !). Mais quand on aime la littérature japonaise, même sans être amateur de BD et manga, il paraît qu'on se doit au moins de découvrir Jirô Taniguchi ! J'ai donc découvert là une de ses ultimes productions.



J'ai été frappé par la finesse, la précision du trait, les paysages notamment, sur lequel on devine le travail du maître. C'est aussi, au-delà de l'histoire de Tomoji et de sa famille, une occasion de revisiter l'histoire du Japon des années 1910 à 1930, fin de l'ère Meiji, courte ère Taisho, avec notamment l'épouvantable tremblement de terre du Kanto de 1923, puis Shôwa. Sur l'histoire elle-même, dès l'entame, nous savons que l'auteur va nous conter la rencontre entre la jeune Tomoji Uchida et Fumiaki Ito, un homme de sept ans son aîné. Photographe à la ville, il est venu dans ce coin reculé de campagne montagneuse, pour tirer le portrait de la grand-mère de Tomoji. La mamie aimerait bien que sa petite-fille l'accompagne pour poser...mais Tomoji est en vadrouille dans la campagne, et on ne peut plus l'attendre. Sur le chemin du retour, elle qui n'est encore qu'une enfant va croiser de loin Fumiaki. Ils ne feront vraiment connaissance que des années plus tard, se marieront et vivront heureux. Dans l'intervalle, nous suivons Tomoji, dont la vie durant cette grosse décennie sera faite de dur labeur et de grands malheurs. Après la disparition de son père (dont on comprend, c'est suggéré discrètement qu'il boit un peu trop de saké), sa mère ne se sent pas de taille à entretenir ses 3 enfants (Tomoji a un grand frère, Tôyô, et une petite soeur, Masaji) et retourne à la ville dans sa famille. Dès lors, la mamie, Tôyô et Tomoji vont se serrer les coudes et bosser dur pour vivre dans cet environnement exigeant. Ils n'éviteront pas la mort de la petite Masaji. Tôyô va se marier le premier avec une très belle et gentille femme, mais la grand-mère fatiguée disparaîtra juste avant...Tomoji, elle, à force de courage, réussit à étudier, apprend la couture, et, signe d'expertise, réussit parfaitement à coudre les manches des kimonos ! Elle va finalement obtenir sa juste récompense dans son mariage.



C'est une belle histoire, et pourtant, au-delà des qualités et de l'intérêt du livre signalés plus haut, j'avoue avoir été un peu déçu sur plusieurs points. L'histoire ne présente pas d'originalité, elle est même classique, voire assez naïve. De plus, contrairement a la force du trait, les dialogues sont eux aussi assez peu ambitieux. Enfin, je m'attendais à voir brosser la vie entière de Tomoji, c'est donc une surprise de voir le livre s'arrêter brutalement sur une dernière page du style, à peine caricaturé "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". C'est un parti pris de l'auteur, qui nous explique dans un court entretien en fin d'ouvrage, que Tomoji Uchida est une femme ayant réellement existé, connue pour être fondatrice d'un temple bouddhiste près de Tokyo. L'action et la vie spirituelle de cette femme étant très connues, il a préféré s'en tenir à ses années de jeunesse, en sortant d'une pure biographie. Mais peut-être aussi aurait-il donné une suite, l'homme interrogé en 2014 avait encore une foule de projets, et nous a quittés en 2017 à seulement 70 ans.



Elle s'appelait Tomoji est d'une lecture intéressante et agréable, mais probablement pas au niveau de ce qu'on présente comme des chefs d'oeuvre que serait Quartier lointain ou le Gourmet solitaire. Peut-être pour moi des lectures à venir...via la médiathèque !



Commenter  J’apprécie          362
Furari

Au gré du vent, Furari en japonais, le héros de ce manga, géomètre et cartographe, procède à toutes sortes de mesures afin d’établir la première carte moderne du Japon. Nous l’accompagnons donc au gré de ses comptages de pas, de ses calculs, ses promenades, ses rencontres et ses émerveillements, un peu comme dans un autre manga de Taniguchi, L’homme qui marche.



Inspiré par un personnage ayant existé, ce récit n’a pas eu pour moi ni la magie ni la force du précédent. Autant, j’avais été transporté par L’homme qui marche, autant là, j’ai survolé le tout sans la moindre empathie, sans le moindre début d’intérêt. Le trait de Taniguchi reste convaincant et d’une grande qualité mais l’histoire ne m’a pas du tout accroché. Sans doute une décevante impression de redondance…



Furari, je passe mon chemin vers d’autres Taniguchi…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
Commenter  J’apprécie          360
L'homme qui marche

Le toucher, l’ouïe, l’odorat, la vue, le goût, voilà nos cinq sens à l’honneur dans ce délicieux manga qui va nous ramener aux vraies valeurs.



Après les kilos pris avec « Le Gourmet Solitaire » de Jirô Taniguchi, il me fallait bien pour éliminer poursuivre avec ce même auteur et marcher, marcher et marcher encore.



Quel bonheur de flâner au coté de cet homme paisible et tranquille, de cet écrivain à la plume si sereine et au dessin aussi délicat que captivant. La lecture de ce manga a réveillé en mon for intérieur une zen attitude que j’avais quelque peu mis de coté ces derniers temps. Le stress laisse place aux futilités et nous éloigne peu à peu des saveurs qui nous sont offertes chaque jour par la nature. Quel dommage !



Avec L’Homme qui marche, tout reprend sa place, l’essentiel reprend ses droits. Après une journée dure ou stressante, venez l’accompagner au gré du vent, au détour d’un chemin, d’un ruisseau et prenez le temps d’apprécier les petits riens. Laissez-vous porter par la brise dans vos cheveux. Fantasmez sur le sourire, le déhanché d’une femme ou le regard sulfureux d’un homme. Ecoutez le clapotis de la pluie, le chant d’un rossignol ou le claquement harmonieux des talons aiguilles sur le pavé. Arrêtez-vous quelques minutes et observez le vol d’un oiseau, d’un papillon, d’une feuille qui se décroche de sa branche et qui virevolte lentement avant d’atteindre son but final. Humez, au hasard des rencontres, la douce fragrance d’un parfum supérieur... Allongez-vous au pied d’un arbre et rêvez les yeux ouverts. Laissez perler sur vos doigts la rosée matinale et marchez pieds nu sur la pelouse ou le sable chaud. Un je t’aime à la volée, le bonjour d’un inconnu, nous passons à coté de toutes ces choses merveilleuses tous les jours sans les voir ni les entendre, obnubilés que nous sommes par notre carcan quotidien.



Ce livre en dit peu par les mots mais les dessins se suffissent à eux-mêmes. Après une telle lecture, nous réalisons où est l’important, le vrai bonheur. Il est juste là, devant nous, tout près, il suffit d’ouvrir grand les yeux, d’observer et de tendre la main.



Besoin d’un lâche-prise ? Venez déambuler avec l’homme qui marche. Ce manga est un poème, une douce odeur qui vous rappelle votre enfance, un moment de pur bonheur, comme un retour aux sources.

Alors lève-toi et marche…



Antho que tu lises ce billet ou pas, il t’est dédié. Allons marcher dans les allées d’un cimetière, nos chers disparus ont tant de secrets à nous raconter, ensuite, nous longerons la plage et rendrons le coquillage à la mer. Regarde ! la vie est là simple et tranquille. De belles choses nous attendent…



Commenter  J’apprécie          360
L'homme qui marche

Nouvelle installation d'un homme dans une maison, un nouveau quartier...de déambulations en découvertes en solitaire, lors de ses promenades cet homme en toute simplicité observe, va prendre le temps...le temps de regarder le ciel, le vol des oiseaux, une passante..., un chien s'invite dans sa vie..



...là où la contemplation devient le maître mot de cet album...pas besoin de mots, les dessins parlent d'eux même et la magie opère...quelques scénettes de la vie quotidienne où tous les sens en éveil permettent de contempler et "d'apprécier la vie" du bon coté..le carpe diem ! La philosophie du temps présent !



Savourez sans modération !

Commenter  J’apprécie          355
Les Gardiens du Louvre

Je tiens a remercier Babelio pour leur opération Masse critique et les éditions Futuropolis pour l'envoi de ce petit bijou. Et surtout, je vous préviens de suite, ma critique ne sera pas un poil objective car j'adore Jiro Taniguchi.



Le Louvre est un endroit que j'aime beaucoup, j'y ai passé une journée il y a quelques années et bien sur j'adorerai y retourner pour découvrir tout ce que je n'ai pas pu voir. Avec ce manga, j'ai pu errer avec le personnage dans les dédales du célèbre musée.



Notre héros est un dessinateur japonais qui après un voyage en Europe décide de passer quelques jours a Paris pour découvrir les musées, seulement il tombe malade et souffre de fortes fièvres. Au musée, il va donc faire des rencontres pour le moins surprenante : Camille Corot, Vincent van Gogh, le temps d'une escale a Auvers sur Oise, Pierre Schommer, le conservateur du Louvre pendant la guerre ou Asai Chû, un peintre japonais. Le scénario est vraiment original et permet de découvrir le musée sous des angles différents : différentes époques, mais aussi découvrir son histoire, ses réserves.



Coté dessins, comme toujours, je suis conquise. Les traits sont assez ronds et j'aime ça ! Pas de visages aux angles droits, de nez pointus....

Les couleurs sont bien choisis et surtout la reproduction de certaines peintures sont vraiment réussies.



Petit plus j'ai adoré, l'édition en elle même, le format est grand pour plaire a un plus large public, le papier est bien épais et de bonne qualité et puis surtout j'ai aimé a la fin retrouver une biographie des peintres évoqués durant la lecture.



Bref vous l'aurez compris, j'ai adoré et je vous conseille vraiment cette lecture.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          351




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jirô Taniguchi Voir plus

Quiz Voir plus

Jirô Taniguchi

Dans quel film le mangaka apparaît-il?

Quartier lointain
L'élégance du hérisson
Stupeur et tremblements

10 questions
65 lecteurs ont répondu
Thème : Jirô TaniguchiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}