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Critiques de Johann Guillaud-Bachet (43)
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Les vents sauvages

Un thriller rural post-apocalyptique montagnard, voilà comment j'étiquèterais ce livre. Dans lequel souffle un vent féministe. Un vent fantastique et surréaliste. Dans lequel le suspense est en suspens au fil des pages, en apesanteur, telle la brume glaciale qui baigne ces montagnes, rendant l'ambiance pesante. Poisseuse oppression. Quelque chose se trame, nous sommes déjà dans un après dans lequel tenter de survivre.

Je n'ai pas lu le livre précédent de Johann Guillaud-Bachet, « La soif des bêtes » mais d'après les critiques (excellentes critiques) et le résumé du livre, l'ambiance semble assez proche : nous sommes bien également dans un roman noir rural, qui plus est, montagnard…et dans lequel nous retrouvons des corps déchiquetés…autant vous dire que ce n'est pas mon style de lecture habituel !



L'après quoi ? Ce n'est pas directement nommé, mais on le pressent confusément : « Partout, le temps s'est accéléré : des soleils trop forts ont crevé le ciel, les vents incessants ont décapé les corps et les eaux mauvaises tordu les ventres. La peau s'est craquelée, les cheveux ont blanchi. Tous s'usent plus vite désormais ».

Les villes sont en proie aux incendies et aux tempêtes, le littoral est submergé par la montée des eaux. Les conditions de vie sont devenues précaires et dangereuses, tout venant à manquer, l'essence, les vivres, les réseaux de télécommunication. La violence est de mise, le temps semble être revenu en arrière : distances agrandies, ignorance, superstitions, médecine de plantes et de formules magiques, sorcellerie. le retour du Moyen-Âge. Un futur terrible et, pour punition, un retour en arrière. Avancer pour mieux reculer dans l'horreur, dans une période sombre, où le principal est de sauver sa peau. La montagne, qui est déjà en soi un monde inquiétant d'histoires et de légendes, vient ici accentuer cet effet post-apocalyptique.



C'est dans ce contexte qu'Etienne et sa fille Manon retournent habiter dans la maison familiale en pleine montagne afin de pouvoir vivre en autosuffisance et fuir la vie citadine qui est devenue impossible. Afin aussi de fuir là où est morte Marie, la maman de Manon, la femme d'Etienne. La vie en pleine campagne semble en effet plus douce, plus apte à pouvoir fournir nourriture, bois de chauffage, eau, en s'organisant et en travaillant dur. Se réinventer une nouvelle vie en autarcie. Oser développer des rêves bucoliques. Des mois, « des années à prédire l'effondrement, à abreuver leur quotidien de discours survivalistes et de rêves d'autarcie. Des nuits entières à absorber les noms des plantes, les secrets des animaux de montagne, les techniques pour labourer le sol, couper les arbres et faire sécher les troncs, acheminer l'eau, élever des bêtes… ».

Mais même dans cet endroit isolé, le danger guette et rôde, comme tapi dans les montagnes, dans ses crevasses, ses grottes, ses cours d'eau, un danger amplifié par les conditions climatiques devenues hostiles aux hommes et accentuées en montagne. Des disparitions de jeunes femmes inquiétantes, des hommes retrouvés mutilés, une montagne dans laquelle déambuler est devenue impossible, des gens louches et menaçants, des vols inquiétants, des cornes de brume remplaçant le téléphone lorsque le pire est là, des rumeurs et des médisances…les ingrédients sont bel et bien là pour exprimer toute la sauvagerie de la société humaine dans cet après dont nous appréhendons nous même aujourd'hui l'arrivée. Ou comment la survie nous rend sauvages et mauvais. Comment la nature, maltraitée par l'homme, nous le rend bien en nous faisant payer…



Heureusement les amis sont là, Matthieu, Caro, la belle et sauvage Sériane, personnages attachants pour accueillir, malgré tout, le papa et sa fille. Pour apporter des touches d'humanité, de tendresse, d'amour, une sorte de cocon permettant d'oublier, un peu. Par moment, la légèreté semble même de nouveau possible « Elles sont installées sur le banc devant la maison. le soleil coule sur les pierres, chauffe leurs pieds nus. Une infusion de menthe et de sarriette fraîches fume doucement à leurs côtés. ». Mais même dans les moments d'amour et de communion, le malaise est toujours présent : « Leurs visages se rapprochent et ils s'embrassent. Les trous noirs des galeries les scrutent de là-haut, comme des yeux percés dans la roche ».



Le livre est fluide, les pages se tournent rapidement afin de comprendre ce qui se passe, pourquoi des gens déchiquetés, par qui, par quoi, pourquoi ? La recette est efficace même sur moi qui suis sortie de ma zone de confort avec ce livre, n'étant pas une adepte de thriller, de romans noirs. Que demander de plus à un tel livre, il réussit avec brio son petit effet ? Cependant un bémol pour moi porte sur l'écriture. Certes les chapitres très courts et la présence de très nombreux dialogues donnent un vrai rythme à ce livre, ça fonctionne à merveille, je n'ai pas réussi à le lâcher. Mais le style de l'auteur, la description des paysages notamment, ne m'a pas déplu il est vrai, sans pour autant me plaire particulièrement. Sans doute suis-je difficile en la matière, j'aime trouver et sentir la pâte propre à un auteur, sa façon à lui de raconter les choses, or ici le style est bon sans être particulier ou exceptionnel. Son écriture est efficace, l'auteur sait raconter les montagnes, qu'il connait de toute évidence, il sait raconter le danger mais il manquerait un petit quelque chose, un supplément d'âme, une façon plus ciselée et plus personnelle de décrire ces paysages hallucinants et si dangereux, de faire sentir "Les vents sauvages". Il me manque une once de poésie mais c'est un ressenti très personnel. Et vu les critiques dithyrambiques de son livre précédent « La soif des bêtes », je suis certaine de poursuivre ma découverte de l'univers de Johann Guillaud-Bachet qui a, de plus, reçu le prix Du Mont blanc et le prix des écrins en 2020. Un jeune auteur très prometteur !

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La soif des bêtes

Dans une station de moyenne montagne où l’eau commence à faire défaut, ce qui n’empêche pas les canons à neige de fonctionner, tout est dirigé par trois frères sans scrupules qui sont prêts à tout pour que leur domaine continue à faire de l’argent grâce aux sports d’hiver. Ce sont les petits qui en font les frais, et notamment Ludo et David, qui ne sont pas sans rappeler les George et Lennie des Souris et des hommes de Steinbeck dont une citation est placée en exergue. Tout se dérègle un peu plus lorsque David découvre un cadavre à moitié déchiqueté en forêt. ● Même s’il se déroule dans un paysage blanc, c’est un roman noir, très noir, dérangeant, oppressant, peu agréable à lire. L’intrigue est cousue de fil blanc, il n’y a pas besoin d’être très malin pour deviner l’issue du roman dès les premières pages. L’ombre tutélaire de Steinbeck me paraît beaucoup trop présente. Les descriptions sont un peu trop poétiques pour moi. Le sous-texte écologiste manque de nuances, c’est très manichéen. Bref, malgré les critiques dithyrambiques des lecteurs de Babelio, je n’ai pas tiré un grand plaisir de cette lecture.
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Les vents sauvages

Tout lecteur connaît cette sensation particulière ressentie pour certains auteurs, pour lesquels l’attente entre deux romans nous semble horriblement longue… Lorsque paraît un nouveau roman, on se retrouve partagé entre deux sentiments antinomiques : à la fois, impatient de le lire mais aussi tiraillé de vouloir le garder le plus longtemps possible afin de ne pas se retrouver démuni sans livre, une fois les dernières pages parcourues. C’est ce que j’éprouve totalement avec l’auteur Johan Guillaud-Bachet !



J’ai découvert la plume de cet auteur dès son premier roman, « Noyé vif » et littéralement succombé avec son second, « La soif des bêtes ». Ce troisième, « Les vents sauvages » ne m’a, une nouvelle fois, pas laissée indifférente du tout et conquise dès les premières pages.



Alors que la France telle que nous la connaissions n’est plus qu’un vague souvenir, Etienne décide de quitter la métropole pour aller s’installer avec sa fille dans les montagnes natales. Alors qu’il s’imaginait pouvoir y vivre tranquillement et en sécurité, la vie y est rude et une menace mystérieuse plane sur les habitants.



En adoptant un genre tout à fait singulier du thriller post-apocalyptique campagnard, c’est toute une réflexion sur l’humanité que l’auteur nous pousse à faire. Sans révéler trop sur ce que le monde a pu connaître, on devine que le monde est tombé dans le chaos sans origine clairement définie. Encore une fois, j’ai aimé cette atmosphère confinée dans le milieu rural où les mentalités s’exacerbent pour ne laisser transparaître finalement que le côté sombre de l’âme humaine. Un brin de fantastique complète cette lecture coup de coeur.



Dotée d’une écriture très fluide et très agréable à lire, l’histoire se dévore rapidement même si on souhaite encore la poursuivre, tant le réalisme nous étreint. L’auteur nous conte ces montagnes comme si nous nous y trouvions en sa compagnie. Par les descriptions du milieu naturel, on y perçoit aisément la rudesse de cette vie éloignée des métropoles. Les chapitres courts offrent un rythme soutenu tout au long du récit, sans temps morts, ni superflus inutiles.



Pour moi, Johan Guillaud-Bachet est l’un des auteurs les plus prometteurs de sa génération. Il est définitivement un des noms à retenir de la littérature française contemporaine.
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Noyé vif

Qu'il est facile de deviser, de disserter sur la marche du monde, tranquillement assis dans nos canapés, les yeux rivés sur son moyen (peu fiable) d'information.

Ce roman nous confronte avec la réalité que sont l'arrivée de migrants et nos bonnes intentions.

Ce qui aurait pu n'être qu'un banal stage en mer méditerranée pour six marins débutants, deux femmes et quatre hommes, accompagnés de leur moniteur de voile, tournent rapidement au drame et bien vite l'heure des choix arrivent.

Déjà cela avait été difficile de se retrouver sur ce voilier avec six individus aux personnalités fort différentes, de pouvoir trouver sa place dans ce groupe composé pour la plupart de personnes aux caractères bien trempés. Les confrontations fusent lors des repas et le narrateur d'origine syrienne se retrouve en prise avec Franck adepte du chacun chez soi.

La situation glisse et dégénère rapidement, chacun se retrouve donc en face de ses responsabilités, les incidents successifs durs et cruels nous emportent et balayent nos certitudes pour nous confronter à la réalité de ce qui se passe actuellement.

L'auteur distille ses informations au compte-gouttes nous laissant souvent dans le flou quant au passé de ses personnages. En fait ce n'est pas vraiment la question. La seule, la vraie, à laquelle nous ne pourrons pas répondre est : Et toi que feras-tu le moment venu ? Chuuuuuuuut ne répond pas tu vas dire une connerie !

Un roman en accélération permanente pour nos emporter dans une spirale d'événements, nous laissant à peine le temps de penser, de réfléchir, à l'instar de ses personnages qui doivent réagir devant l'urgence de la situation.

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La soif des bêtes

Paru au début 2018 dans son premier roman « Noyé vif », Johann Guillaud-Bachet nous avait transporté sur les mers et plus particulièrement en Méditerranée. Avec beaucoup d’humanité mais aussi doté d’un brin d’humour noir, l’auteur y abordait des thèmes très d’actualité comme la peur de l’autre, le terrorisme et l’immigration.



Il a été pour moi une très bonne surprise (voir ma chronique complète : https://www.musemaniasbooks.be/2018/04/08/noye-vif-de-johann-guillaud-bachet-roman/). C’est pourquoi lorsque l’on m’a proposé son second opus à la lecture, j’ai sauté sur l’occasion. Cette seconde lecture confirme pour moi le talent de ce jeune auteur, à tenir à l’oeil.



Après la mer, Johann Guillaud-Bachet place son décor au coeur d’un petit village de moyenne-montagne, dont toute l’activité tourne autour de la station de ski. Ludo et David sont deux collègues ouvriers dameurs des pistes : David est un géant à l’âme d’enfant, tandis que Ludo se trouve englué dans une vie à mille lieues de celle dont il aurait pu rêver. Un jour, David découvre un cadavre à moitié dévoré par les sangliers. Afin de préserver David, Ludo décide de cacher le corps. Mais quelque chose se trame dans la forêt : l’eau vient à manquer, les animaux se rapprochent des habitations, le temps se réchauffe dangereusement. Mais qu’est-ce qui rode autour du village, échauffant autant les esprits humains qu’animaux?



Encore une fois, cet auteur aborde des thèmes très présents dans l’actualité comme le réchauffement climatique, la protection des animaux, l’environnement, l’invasion du milieu touristique dans la nature. A travers ce huit-clos montagnard, il nous pousse à nous interroger sur nos propres comportements.



Maîtrisant habilement le suspens au fil des pages, l’histoire évolue dans une ambiance pesante dans laquelle le lecteur peut ressentir le climat électrique animant les personnages. A bien des égards, j’ai été touchée par David, force de la nature à l’âme si pure et son amitié avec Ludo.



Roman noir très agréable à lire malgré la dureté de certains passages, la tragédie est latente tout du long pour finalement se clore en un aboutissement effroyable. Le style d’écriture abouti et très travaillé ainsi que ces sujets engagés en font un livre qui mérite d’être connu et lu.



Merci aux éditions Calmann-Lévy pour leur confiance!
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Noyé vif

6 apprentis marins et leur moniteur vont vivre une expérience des plus marquantes à bord d'un voilier en haute mer : la personnalité de chacun se révèle face aux situations dramatiques et aux décisions à prendre. Le thème des migrants est abordé d'une façon subtile et originale.



Écriture limpide, efficace et percutante qui sait émouvoir le lecteur.



Belle découverte pour ce premier roman de Johann Guillaud-Bachet ! Au plaisir de lire le prochain ouvrage !



Grand merci à la "bande du train" !

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La soif des bêtes

La soif des bêtes Johann Guillaud-Bachet publié chez Calmann Levy

#Lasoifdesbêtes #NetGalleyFrance.

Une petite station en Haute-Savoie, la vie de tous tourne autour de l'activité touristique. il faut pour cela profite à tous de la neige, de la neige, de la neige à tout prix même si le temps est exceptionnellement doux, si la sécheresse est omni-présente

Ludo et David sont deux amis, des inséparables, alors lorsque David découvre un mort dans les bois Ludo vole à son secours. Pas bien beau le mort, les bêtes l'ont éviscéré à moitié bouffé! Ludo prend les choses en mains et la vie reprend son cours et eux leur lancinant travail de dameurs saisonniers parce qu'il faut bien vivre.

Pour parler de ce roman je ne vois qu'un mot , c'est OVNI. C'est noir, sanguinolent, cela sent le FER à plein nez, la violence est là sous-jacente et une fois de plus si le puissant écrase le faible il ne faudrait pas oublier que les bêtes ont soif!

Je pourrais aussi vous parler de .. mais non je pense que vous devez absolument découvrir le pourquoi du comment et accompagner Ludo, David au bout de leur chemin.

Un très grand merci aux éditions Calmann-Levy pour ce partage , il ne me reste plus qu'à me plonger dans Noyé vif le premier roman de Johann Guillaud-Bachet, un auteur que je vais suivre c'est certain.
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La soif des bêtes

Quel plaisir de découvrir cette prometteuse nouvelle plume !

En prologue, Johann Guillaud-Bachet cite Des souris et des hommes, rien de moins. Ça pourrait paraître prétentieux, pour un deuxième roman, mais non. le ton est donné. Dès les premières pages, on est saisi d'amour et de crainte pour ce géant doux de la forêt, David, un déficient intellectuel qui avec son ami Ludo font partie des saisonniers sous-payés qui dament les pistes d'une station de ski huppée des Alpes françaises.

Peu à peu se révèle la vie ratée de Ludo, son couple qui vacille, tandis que de son côté David prend soin des animaux sauvages, qui depuis peu, se comportent étrangement. Le duo découvre un cadavre dans la montagne. Insidieusement, la tragédie se trame dans ce petit monde étriqué d'un village de montagne où se côtoient des villageois plutôt rustres et des nantis peu sympatiques, avec des ingrédients que l'on connaît bien tels le sempiternel appât du gain, et le réflexe de la meute qui stigmatise les êtres différents...

La langue de Johann Guillaud-Bachet est superbe, il décrit la nature avec des mots magnifiques, on sent tout son amour des bêtes et de la montagne et tout son talent pour bâtir un drame qui vous prend aux tripes !
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Noyé vif

Sept hommes dans un bateau



Pour son premier roman, dont on ressort secoué, Johann Guillaud-Bachet a choisi de parler des migrants sous un angle très original.



Ils devaient être huit à larguer les amarres, mais une défection conduira un groupe de six jeunes marins formés aux Glénans et ayant tous une petite expérience pour un stage de voile en Méditerranée supervisé par Vince, leur moniteur plus chevronné. Après les dernères courses, l’installation à bord et la répartition des cabines, le narrateur – et le lecteur – commence à se faire une idée plus précise de l’équipage : «Bertrand était notaire à Besançon, Franck dirigeait une boîte d’installation de cuisines à Lyon, Fred était dameur l’hiver dans une station de Savoie et bossait sur des chantiers le reste de l’année, Prune, responsable d’un magasin de vêtements de sport dans le centre de Montpellier et Alice, prof de fac en sociologie. À Paris. J’étais le seul à avoir un nom exotique et un parcours un peu plus compliqué. Du coup, j’ai eu le droit à pas mal de questions, ce qui me faisait chier parce que je n’aimais pas parler de mon passé, de la Syrie, de la Turquie, et de mon arrivée en France. Seul Bertrand a eu l’air de capter qu’il fallait y aller mollo et que je n’allais pas faire office de téléfilm du dimanche soir pendant tout le repas. »

Si chacun a des motivations très différentes, on comprend que le narrateur, consultant dans une boîte d’informatique, entendant se prouver qu’il peut reprendre la mer, qu’il a envie de mettre d’autres images sur cette mer que celles qui continuent à le hanter. Celle des migrants noyés, celle de son père, celle des gilets rouges, celle du drame qu’il a vécu pour rejoindre l’Europe et la France.

Prune, qui partage son carré, a l’air de l’apprécier. Franck, dont une partie de la famille vient de Mayotte, raconte les histoires de passeurs qui arrondissent leurs fins de mois en faisant embarquer les clandestins sur leur kwassa kwassa avant de les lâcher à quelques mètres du rivage (un épisode prémonitoire alors que le 101e département français fait la une de l’actualité).

Après la friction de quelques egos chacun à l’air de trouver sa place, son rôle : prise de quart, repas, navigation, manœuvres, repos. Jusqu’à ce moment où une grosse tempête est annoncée.

« Dans le carré, la carte de navigation était posée au centre de la table et Alice notait, quart d'heure après quart d'heure, notre progression. La tempête rôdait dans notre sillage et Vince était sceptique sur nos chances.

— C'est dur à dire, on avance vite mais je n'ai pas l'impression qu'on s'en éloigne. Après, rien ne nous dit qu'elle n'est pas en train de dévier vers le sud. De toute façon il faut s'attendre à passer un sale moment : même si on évite le cœur de la tempête, on va s'en prendre plein la gueule.

— On va s'en sortir ! Tu es là pour nous guider et on a un bon bateau, c’est toi qui l’as dit. »

Au fur et à mesure que les vents forcissent, même ceux qui étaient excités à l’idée de prendre un grain commencent à avoir peur. Le premier drame arrive alors que le narrateur est à la barre et que Vince est sur le pont. Une énorme vague l’emporte :

« j'ai vu son corps passer par-dessus la banquette du cockpit et s'écraser sur le bastingage, il y est resté quelques secondes puis il a basculé par-dessus bord. J'ai vu ces bras et cette tête plantés sur la vague, dans ce gilet jaune, et cette vague immense s'est éloignée à une vitesse ahurissante, laissant le petit gilet jaune dans son sillage. »

Toutes les tentatives de retrouver leur moniteur s’avérant vaines, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) leur intime l’ordre d’arrêter les recherches pour essayer de se rapprocher au plus près d’un croiseur en route pour les secourir. Car le signal de détresse lancé par le voilier est également dû à la vilaine blessure que s’est faite Bertrand en tombant, se fendant littéralement le crâne.

Alors que le moral est au plus bas, ils reçoivent un appel de détresse d’un chalutier rempli de migrants et qui est en perdition. Le temps presse et le débat s’exacerbe. Qui la marine française viendra-t-elle secourir en premier ? Faut-il d’abord penser aux Français ou aux migrants ? Les chapitres suivants seront l’occasion de scènes fortes, touchantes, qui vous feront toucher du doigt les drames qui se vivent en Méditérranée, mais vous feront aussi réfléchir au prix d’une vie humaine…

Pour son premier roman Johann Guillaud-Bachet a réussi une œuvre singulière, sans jamais tomber dans la mièvrerie, bien au contraire. Jusqu’au dénouement, et c’est ce qui rend ce livre aussi juste, la mer va rester noire.


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La soif des bêtes

David est un homme très grand, physiquement, avec un esprit et une âme d’enfant. Son ami, Ludo, est malin, mais il est torturé et tiraillé entre ses envies de s’élever socialement et ses qualités de cœur. Sa femme ne l’admire plus, il sent qu’il risque de la perdre. Lui, qui a failli ne jamais naître, n’a jamais trouvé sa place et a fait de l’alcool, un refuge.





Lorsque David découvre un corps, dévoré par les bêtes, Ludo décide de le cacher, dans l’écurie du premier, qui vit isolé. Les deux hommes sont dameurs sur les pistes de ski et ils attendent le moment opportun pour enfouir le mort, sous la neige. Bien qu’ils ne soient pas responsables, David culpabilise et s’attache au défunt. Il prend l’habitude de lui parler. Il s’inquiète aussi du mal qui envahit la forêt : alors que la station produit toujours de la neige artificielle, l’eau manque partout ailleurs ; les comportements des animaux et des hommes changent. Pour le jeune homme, ils sont atteints du fer.





La soif des bêtes commence par la découverte du corps et la scène est sanglante. Au début, j’ai pensé lire un thriller et j’ai découvert un livre inclassable. Il est vrai qu’il est composé de suspense et qu’il est très noir. Certaines scènes sont difficiles à lire. Les mots sont si bien choisis que j’ai eu la sensation de sentir l’odeur de putréfaction, de voir les plaies et le sang qui coule. Mais lorsque la folie s’empare des hommes, certains passages sont déchirants. J’étais éblouie par la beauté du texte et j’ai eu les yeux remplis de larmes. Johann Guillaud-Bachet a planté des épées dans mon coeur de défenseur des animaux et a tourné les lames. Mon regard était ancré dans l’âme des bêtes que certains ont prises pour cible.





Il n’y a qu’un amoureux de la cause animale qui peut écrire un texte aussi fort. Le message de l’auteur est humaniste et prône le respect de la nature...





La suite sur mon blog...






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Noyé vif

Autre roman de la rentrée littéraire de janvier 2018 découvert grâce à net galley et cette fois ci les éditions Calmann-Lévy : Noyé vif de Johann Guillaud-Bachet.

Six personnes (deux femmes, quatre hommes) vont faire un stage de voile sur un bateau. Ils vont passer une quinzaine de jours ensemble, sans se connaitre, en compagnie d'un moniteur. Ils quittent le le port de Sète pour voguer sur la Méditerranée.

Pourquoi notre narrateur, immigré syrien, est t'il sur ce bateau lui qui déteste l'eau et a vu cette même mer méditerranée emporter les siens sur un bateau, il y a longtemps ???

Nos quatre hommes, nos deux femmes et le moniteur vont apprendre à se connaitre, à défaut de s'aimer. Car il y a de sacrés personnalités sur ce voilier ! Et pas que de très sympathiques !

Tout se passe à peu près bien jusqu'à ce qu'une tempête se déclare, emportant dans les flots le moniteur. Nos six amateurs de voile sont en danger, ils appellent au secours mais ils ne sont pas seuls. Un bateau remplit de migrants émet sur le canal de détresse. Et tous deux sont à peu près dans la même zone à secourir...

Qui les militaires chargés de les secourir vont venir sauver en premier ? Nos six amateurs de voile ? Ou les migrants ?

Sacré dilemme, et sacré roman, très bien ficelé.

C'est une espèce de huit clos, nous sommes dans un voilier en compagnie de sept personnes.

J'avoue que je n'ai pas trouvé le narrateur hyper sympathique mais pour une fois, cela ne m'a pas dérangé. Il n'est pas si important que ça pour moi le narrateur. Et on peut comprendre ses sentiments vis à vis de certaines choses vu ce qu'il a traversé !

J'ai été agacé par certains personnages, et touchée par une des filles. Tout ce petit monde n'est pas forcément très sympathique donc, mais là encore le contexte fait que ce n'est pas très gênant.

J'ai lu ce roman très rapidement et avec plaisir.

Ayant lu le résumé et en sachant qu'il allait y avoir un choix à faire pour les secouristes, j'avais envie de savoir comment tout ça allait finir ! J'étais très curieuse de voir comment l'auteur allait finir son roman et j'avoue ne pas avoir été déçue.

Noyé vif est bien écrit, c'est dynamique, on ne s'ennuie pas une minute et l'ensemble est fort bien ficelé.

Je suis ravie de cette lecture en avant-première et je mets quatre étoiles et demie avec plaisir.

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Les vents sauvages

Le résumé m’a alléchée et j’ai attaqué dare-dare ce livre n’imaginant pas un instant qu’il allait m’entrainer hors de ma zone de confort. Carrément ! Parce qu’en dehors de ma zone de confort, j’y suis allée sans aucun doute ! Du suspens, des faits surprenants entre thriller et imaginaire teinté de sorcellerie, et … des dialogues – des kilomètres de dialogues : autant dire que la recette avait tout pour me laisser au bord du texte! Pourtant, j’ai lu décidée à connaitre le fin mot de l’histoire sur ces disparitions de jeunes filles et sur ces meurtres d’hommes sordides et violents.



Le texte est prenant comme un film qui se déroule. Les voix des personnages s’imposent tout autant que leurs physiques que l’on imagine à travers leurs nombreux échanges verbaux. Bien mené, il égrène les pistes et nous accueille dans une nature grandiose dont la force s’impose au détriment de l’homme vil et conquérant.



Une lecture insolite.
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La soif des bêtes

C'est une claque. Un roman noir montagnard à l'ambiance lourde comme une chape de neige qui étouffe le moindre bruit

David, le géant un peu simplet, et son ami Ludo tombe sur un cadavre lors d'une promenade en forêt. Pour protéger son ami d'enfance que les gens du village appellent l'ogre, Ludo décide de cacher le corps et de s'en débarrasser plus tard lorsqu'ils arpenteront les pistes à bord de leur dameuse.

Cette macabre découverte n'est que le début de phénomènes bizarres. Les températures n'ont jamais été aussi hautes. L'eau manque cruellement alors que les canons à neige fabriquent l'or blanc à toute vitesse. Les animaux deviennent fous et agressifs.

Quel Mal s'est installé dans les montagnes?

J'ai adoré ce roman qui m'a rappelé ma  découverte du polar rural grâce à Franck Bouysse.

Aucune fausse note, c'est un coup de coeur. Merci !
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Les vents sauvages

Dans une France qui se déchire, Étienne décide de partir avec sa fille Manon dans la ferme familiale, au milieu d’un village perdu. Les habitants vont se montrer bien soupçonneux face à ces nouveaux arrivants. Pourtant, tous ne leur réservent pas un accueil hostile. Étienne et Manon trouveront du réconfort auprès de Mathieu, Caro et leurs enfants, ainsi que de Seriane, la voisine d’Étienne. Certains événements étranges vont subvenir. Que se passe-t-il dans cet endroit ?



Quel roman bluffant et déroutant. Je dois dire que Johann n’a pas son pareil pour créer des atmosphères particulières qui servent à chaque fois l’intrigue. La nature tiendra ici un rôle primordial, presque comme un personnage à part entière. Cela favorise à créer un climat de tension perpétuel tout au fil de l’histoire.



Dès les première pages, je me suis laissée embarquer dans une intrigue particulière. S’il est vrai qu’au début, j’aurais aimé que Johann nous en dise un peu plus sur le contexte, je dois reconnaître que par la suite, cela ne m’a plus du tout posé problème. Le récit est rondement menée.



J’y ai retrouvé une thématique récurrente à l’auteur, à savoir la nature, somptueuse, mais aussi parfois sauvage. Tout au fil des pages, l’ambiance devient de plus en plus pesante. Les descriptions sont d’un réalisme surprenant.



Les mystères s’épaississent au fil des pages. J’ai été très intriguée et l’auteur a su maintenir un suspense jusqu’au dénouement, maniant habilement effets de surprise et révélations. Les personnages sont bien construits.



La plume de l’auteur est raffinée et élégante. D’une grande qualité stylistique, les descriptions des paysages sont réalistes et surprenantes. Les chapitres sont plutôt courts, ce qui rythme beaucoup l’histoire. Énormément de dialogues viennent ponctuer le tout. Je ressors conquise par la manière d’écrire de Johann.



Un roman bluffant, servi par une intrigue qui tient en haleine jusqu’au dénouement. À découvrir sans hésiter.


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La soif des bêtes

Il y a des livres dont on n’attend rien et qui se transforment en belle surprise.

Ce titre en est l’exemple parfait.



Dans une station de moyenne montagne, Ludo et David sont amis depuis l’enfance. Ludo le malin et David le géant un peu simplet, sont dameurs. Comme tout le monde au village, ils dépendent économiquement de la station et du tourisme. Pourtant les problèmes d’enneigement deviennent tous les ans plus importants.

Un soir David trouve dans la forêt un cadavre en train de se faire dévorer par les sangliers. Ayant eu par le passé quelques démêlés avec les gendarmes, le duo décide de cacher le corps en attendant de pouvoir le faire disparaître. Mais rien ne se va se dérouler comme prévu.

Les animaux semblent devenir fous pendant que les hommes se prennent pour Dieu.



Un très très bon roman noir qui aborde des thèmes actuels. L’auteur dénonce les abus de l’industrie touristique et du capitalisme sauvage saccageant la nature sans soucis de préservation de l’environnement.

Mais c’est aussi une grande et belle histoire d’amitié entre deux hommes. Ludo et David ne sont bien sûr pas sans rappeler George et Lennie de Steinbeck. La candeur de David et la fidélité de Ludo sont le liant de ce texte.



Une lecture addictive avec une intrigue resserrée et parfaitement ficelée, dans des paysages montagnards brillamment rendus par l’écriture de Johann Guillaud-Bachet tour à tour précise et poétique.

En bref, du noir rural français de la meilleure facture possible. A découvrir !
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Noyé vif

Si on ne peut pas sauver tout le monde qui doit-on choisir ?



C'est avec cette seule phrase que ce roman a retenu mon attention.. cette fiction d'à peine 200 pages vous embarque avec ces six apprentis marins..



C'est un roman qui aborde le thème de l'exil, sous un angle assez neutre mais qui sonne tellement juste. Le narrateur étant exilé lui même nous confronte à nos propres idées, avec des questions soulevées souvent percutantes.

J'ai beaucoup aimé le ton que l'auteur donne à la narration, tout à fait adapté à l'histoire, un ton incisif et presque insolent, pour nous rappeler que nous sommes dans une fiction et qu'il ne s'agit pas là de nous abreuver de leçons de morales..bien au contraire.

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Un roman qui une fois ouvert ne se referme pas, un esprit parfois bon enfant règne dans ce huis clos et pourtant il n'en est rien. Le "vivre ensemble" est assez compliqué en général alors lorsqu'il s'agit de six personnes d'horizons et de niveau social différent cela peut vite devenir très intéressant, et c'est là que j'ai trouvé ce roman judicieux...Surtout quand on sait que le pire est à venir ou à revivre pour certains...

J'ai grincé des dents quelquefois avec quelques personnages ..surtout un..il n'aurait pas fallu que je fasse partie de cet "équipage" j'en aurais bien passé un par dessus bord ! Mais il ne faut pas se fier à ce que les autres veulent renvoyer de leur propre image...ca les rattrape toujours...



Beaucoup de questions se posent au fil de la lecture, le rythme est donné, l'intrigue principale se met en place et on attend qu'une chose ..savoir..savoir qui doit-on choisir?..Car en mer, on est pas français, on est marin.



Je vous conseille ce très bon roman qu'est Noyé Vif de Johann Guillaud-Bachet !
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Noyé vif

Merci à Babelio et à l'opération Masse Critique pour cette lecture. Noyé Vif est le premier roman de Johann Guillaud-Bachet. L'auteur nous entraîne donc sur un voilier , au bord duquel se trouve six apprentis marins et leur moniteur. D'apparence bien sous tout rapport, à l'exception du narrateur, dont on sait très peu de choses, ces six aventuriers en herbe prennent le large. 



Confrontés à l'isolement et au huis-clos, les personnages se livrent, apprennent à se connaître , et font part de leurs idéaux. Mais tout bascule quand une terrible tempête s'emmêle. 



Pour un premier roman, je l'ai trouvé très bien écrit. Court, énergique, et bien mené . Le seul reproche que j'aurais à lui faire c'est de ne pas aller assez loin, de ne pas pousser les personnages un tout petit peu plus. Mais attention, on passe un excellent moment. 



Au-delà d'un simple roman de voyage ou d'un huis-clos relationnel , "Noyé-vif" dévoile la vrai nature de l'être humain. Car quand placé face à un danger imminent, il doit réagir vite , que fera-t-il ?



Suivra-t-il ses idéaux , ses règles, sa conscience ?



Ou l'instinct de survie réveillera-t-il l'égoïsme, l'individualisme, le rejet de l'autre, et la propension à fermer les yeux. 



Et vous  que feriez-vous à la place de Franck, Prune, Vince et les autres ?
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Noyé vif

Point de noyade à signaler de mon côté, mais je me suis embourbée dans ce roman qui n'a pas tenu les promesses qu'il laissait entendre sur sa 4ème de couv.

J'imaginais un thème de roman un peu comme Juste après la Vague de Sandrine Collette : devoir choisir qui survit ou pas. Voilà ce que j'imaginais lire. Eh oui, on est un peu sadiques nous les lecteurs : on se délecte de ces situations inextricables qui nous font frissonner le temps de quelques pages et que l'on peut confortablement oublier une fois le livre fermé.

J'avais déjà le goût des embruns qui me salait la peau et je me régalais de passer quelques jours sur ce voilier, prête à en découdre avec les éléments et surtout les autres passagers : les effets néfastes de la promiscuité.

Hélas, la personnalité des personnages ne m'a pas convaincue. Ils m'ont paru un peu bancals. Leur profil psychologique m'a paru peu crédible, selon les situations. Alors forcément, je n'ai pas été embarquée dans l'histoire.

Les péripéties (pour ne pas dévoiler l'intrigue, si toutefois vous vous aventurez dans ce roman) m'ont également paru tirées par les cheveux. Et même si cela pourrait convenir à un naufrage, le roman finit en queue de poisson.

C'est dommage, car j'ai malgré tout bien aimé le ton du narrateur. Mais c'est tout.



Alors, faut-il le lire ? Non. Préférez le Sandrine Collette cité plus haut.
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La soif des bêtes

Un livre que j'ai dévoré! C'est un splendide roman noir nous plongeant dans une nature encore épargnée par la rapacité des hommes , une montagne à la robe blanche, pas encore ternie par la sauvagerie humaine , mais pour combien de temps? David est un brave garçon, un peu simple, et que l'on assimile trop aisément à un ogre! Son ami Ludo , exilé là avec sa famille à l'issue d'un trajet familial chaotique, travaille la nuit comme dameur dans cette station de ski dirigée d'une main de fer et peu recommandable par le clan des Cornado qui a pour seule valeur l'argent ! Alors , quand la sécheresse vient à s'emparer du territoire, que l'eau vient à dramatiquement manquer et qu'en dépit de tous ces facteurs rédhibitoires, les canons à neige poursuivent leur débit à une allure démentielle, Ludo est en droit de se poser la question : mais d'où vient cette eau, serait-elle détournée? Surtout que lui et David avaient quelques jours plus tôt découvert à l'état de charogne, un cadavre enfoui au bord d'une piste! Ne serait-ce pas par hasard celui de l'inspecteur de contrôle sanitaire dont on a perdu la trace? Il y a des passages absolument sublimes, notamment concernant la relation de ces deux amis cabossés par la vie, la description de ces paysages et de la faune, mises en danger par cette cupidité humaine sans limites! Les personnages et la narration de leur travail, celui d'invisibles, ces employés de l'ombre œuvrant pour le plaisir d'une minorité de privilégiés, est aussi très bien rendus . Alors oui, ce fut un réel plaisir de lecture que je n'ai pas boudé!

C'est un auteur que je découvre et son écriture est ciselée, rurale, intense; à suivre sasn hésiter!
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La soif des bêtes

David, un gentil géant un peu naïf découvre un cadavre dans la forêt. Son seul ami Ludo, dameur sur les pistes de ski décide de le cacher. Dans ce village où les habitants côtoient la misère, les pompes à neige artificielle tournent pourtant à plein régime, alors que les robinets ne coulent plus. Mais le plus mystérieux reste le comportement des animaux, soudainement devenus sauvages.



Dès le début, la tension est palpable : va-t-on retrouver le cadavre ? que penser de l'agressivité des animaux ? Puis la colère gronde chez les hommes comme dans la forêt : pourquoi transformer le peu d'eau disponible en neige alors que la sécheresse frappe la région ? que faire des animaux maintenant dangereux ?



Autant de questions qui tiennent le lecteur en haleine jusqu'à une inévitable tragédie et une révélation effrayante.



Johann Guillaud-Bachet brosse avec brio le portrait d'hommes aussi émouvants qu'angoissants. De ces hommes liés par une amitié indéfectible à ceux, sans scrupules, prêts à tout pour le pouvoir et l'argent.

L'auteur a réussi à me transporter dans un énorme grand huit émotionnel. Le soif des bêtes est tout simplement magnifique et fait réfléchir à l'impact humain sur notre environnement.



#Lasoifdesbêtes Un grand merci à #NetGalleyFrance
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