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Citations de John Banville (251)


Vissé sur mon siège, je me laissai aller à réfléchir à divers trucs. Pourquoi la première gorgée de bière est-elle toujours meilleure que la deuxième ?
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Je me demande si, dans leur enfance, d'autres gens ont eu ce type d'image, vague et nette à la fois, de ce à quoi ils ressembleraient en grandissant. Je ne parle ni d'espoirs ni d'aspirations ni d'ambitions floues, pas de ça. Dès le début, j'ai eu des attentes précises. Je ne voulais être ni conducteur de train ni explorateur, célèbre bien entendu. Lorsque je m'efforçais de percer les brumes de ce trop réel ''alors'' pour entrevoir le bienheureux ''maintenant'' de mon imagination, c'est exactement comme ça, je l'ai dit, que j'aurais vu mon moi futur: homme aux intérêts paisibles et aux ambitions modestes, assis dans une pièce identique à celle-ci, dans mon fauteuil en bois courbé, penché sur ma petite table, pour une sason tout à fait semblable à celle-ci, l'année touchant à sa fin avec un temps clément, feuilles volant de-ci de-là, jours perdant imperceptiblement de leur luminosité et lampadaires s'allumant à peine un peu plus tôt de soir en soir. Oui c'est bien ce que je pensais que l'âge adulte m'apporterait, une sorte de long été indien, un état de quiétude, d'incuriosité paisible, totalement purgé des impatiences tout juste supportables de l'enfance, où tout ce qui m'avait intrigué autrefois était enfin réglé, tous les mystères révélés, toutes les questions résolues et où les moments s'écoulaient un à un, presque à mon insu, goutte d'or après goutte d'or, en attendant, à mon insu ou presque, l'ultime coup de grâce.
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Pour Quirke, ce n'était pas tant les morts que les vivants qu'il trouvait inquiétant.
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« Votre métier. Il m’intrigue. Pour mettre toutes les pièces ensemble, cerner un canevas et ainsi de suite, ce doit être comme tenter d’assembler un puzzle particulièrement compliqué… ?
- Je pense que oui, en un sens, répondit Strafford. Le hic, c’est que les pièces ne restent pas en place. Elles ont tendance à bouger et à créer des canevas à elles, ou quelque chose d’analogue. Tout est trompeur. On croit avoir évalué les choses, et puis tout change. En fait, on dirait surtout qu’on assiste à une représentation théâtrale, où l’intrigue ne cesse de se modifier… »
Il se tut et se tapota vivement les dents de devant, avec ses ongles. Oui, songea-t-il, oui, c’était ce qui le turlupinait depuis son arrivée à Ballyglass House. Tout le monde paraissait déguisé, vêtu conformément à un rôle à tenir. Ils lui évoquaient une troupe d’acteurs qui se present en coulisses et attendent de dire leur texte. Il y avait le colonel Osborne - il avait dû passer une heure à se préparer devant son miroir pour être conforme à ce qu’il était ou à l’image qu’il souhaitait renvoyer -, gentilhomme campagnard, héros de Dunkerque, encore séduisant malgré le passage des ans, jouant franc-jeu, direct, carré et prudemment bas de plafond. Et, là, il y avait son fils, habillé pour lui ressembler le plus possible de tweed et de sergé, brogues marron et chemise à carreaux; le cheveu bien rejeté en arrière en un style militaire. Il y avait aussi Lettie, affublée, lorsque Strafford l’avait rencontrée pour la première fois, d’un jodhpur et d’une veste d’équitation, alors qu’elle ne montait pas. Et il y avait Mme Osborne, qui jusqu’ici avait joué au moins deux rôles, d’abord celui de la folle du grenier, puis, lors de cette absurde pantomime de goûter, celui d’une jeune effrontée membre de la famille royale, avec les perles de la reine Elisabeth, sa robe bleue et son accent précieux.
Tiens, même Mme Duffy et ses joues de pomme incarnait de manière bien trop plausible la domestique du tableau.
Mais pour qui s’étaient-ils attifés afin d’être si totalement convaincants que, à l’égal des meilleurs comédiens eux-mêmes, ils ne convainquaient pas vraiment ? Et qui les avait réunis pour leur attribuer leurs rôles respectifs dans ce théâtre de faux-semblants ?
Ou bien était-ce lui qui imaginait tout ça ? Dans son job, on risquait toujours de voir des choses qui n’existaient pas et de discerner un canevas là où il n’y en avait pas. Le policier tient beaucoup à ce qu’il y ait une intrigue. Or, la vie elle-même en est dénuée.
Pourtant, un homme avait été tué, et quelqu’un l’avait tué. C’était un fait. Et le ou la coupable se cachait quelque part ici, au vu de tous. (p. 131-132)
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Quirke did not consider himself to be a brave man, maybe not even a courageous one. The fact was, his physical courage or otherwise had never been tested, and he had always assumed it never would be. Wars, murders, violent robberies, assaults with blunt instruments, the newpapers were full of such things, but they seemed to take place elsewhere, in a sort of parallel world ruled and run by a different, more violent, altogether more formidable and vicious species of human being than the ones he normally encountered.
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"En quel royaume éternel, dois-je croire, lequel dois-je choisir? Aucun, puisque tous mes morts sont tous vivants dans mon coeur, moi pour qui le passé est un présent plus lumineux et éternel; vivants pour moi et néanmoins disparus, sinon dans le fragile au-delà de ces mots."
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« Il parlait maintenant de la lumière des étoiles mortes qui parcourt un million – un milliard, un milliard de milliards ! – de miles avant de nous atteindre. « Même ici, a-t-il ajouté, à cette table, la lumière représentant l'image de mes yeux a besoin de temps, d'une fraction de temps, infinitésimal, mais de temps néanmoins, pour atteindre vos yeux, si bien que partout où nous posons notre regard, partout, c'est le passé que nous contemplons. »
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Le passé ne perd pas de temps à devenir le passé.
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I had often tried to imagine Prague and its glories, but the reality of it was grander and more gracious than anything I could have dreamed of. Past the castle, we stopped on the height there to look out over the city. The sky was white and the air was draped with a freezing mist, pierced by many spires, all of them appearing black in that pervasive icy miasma. Despite the wintry murk, I could see the river and its bridges and, beyond, the clock tower in the Old Town Square.
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« J'étais incapable de savoir ce que je préférais, entre arriver sur place le premier et avoir à l'attendre, les paumes moites et le coeur battant à tout rompre – allait-elle se manifester ou était-elle revenue à la raison et avait-elle décidé d'en finir avec moi sans délai ? – ou la trouver là avant moi, toujours anxieusement accroupie devant la porte (…). Pendant une minute ou deux, une gêne particulière régnait entre nous et nous n'échangions pas un mot, ou bien sur le mode guindé, tels des inconnus polis, et nous nous regardions à peine, stupéfiés par ce que nous représentions l'un pour l'autre et aussi, encore une fois, sans doute, par l'énormité de ce dans quoi nous nous étions engagés. »
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« A présent que c'était fini, quelque chose de nouveau avait commencé pour moi : la délicate affaire d'être le survivant. »
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Quand on supprime l'alcool, le métabolisme change. C'est pareil pour un bébé qu'on sèvre, je présume.
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Allez savoir pourquoi, ma remarque la fit rosir et baisser les yeux une seconde.
"Clare. Sans i. En référence à notre comté natal, en Irlande."
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Le passé cogne en moi, comme un second coeur.
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J'étais aussi survolté qu'une minette qui va à son premier concert de Sinatra.
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« Les morts sont ma matière noire, ils comblent imperceptiblement les vides du monde. »
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Rien de tel que le malheur pour exposer au grand jour l'aspect pacotille et faux du monde dans lequel on vit, dans lequel on vivait.
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«Dans le service de médecine légale, il faisait toujours nuit. C'était un des trucs qui plaisaient à Quirke dans son boulot - avec cette impression d'y perpétuer des pratiques ancestrales, des techniques secrètes, une oeuvre trop sombre pour être accomplie en pleine lumière.
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Le bonheur était différent dans l'enfance. A l'époque, c'était surtout une simple affaire d'accumulation, d'engrangement de choses - nouvelles expériences, nouvelles émotions - qu'on posait, tels des carreaux vernissés, sur ce qui deviendrait un jour le pavillon merveilleusement achevé du moi.
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C'est ainsi que chacun se ramifie dans l'esprit d'autrui. C'est éphémère, bien sûr, ce n'est pas l'immortalité. Nous portons les morts en nous jusqu'à ce que nous mourions aussi, et, après, c'est nous qui sommes portés quelque temps, puis ceux qui nous ont portés tombent à leur tour et ainsi de suite jusqu'à d'inimaginables générations. Je me souviens d'Anna, notre fille Claire se souviendra d'Anna et de moi, puis Claire s'en ira et resteront ceux qui se souviendront d'elle, mais pas de nous, et ce sera là notre fin ultime.
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