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Critiques de John Boyne (1120)
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Il n'est pire aveugle

… "que celui qui ne veut voir", dit la Bible. Que son âme complice aille en paix*…





C'est la série télé « Ainsi soient-ils » sur Arté, qui m'a donné envie de cette lecture. La série racontait l'arrivée au séminaire d'une poignée de jeunes d'aujourd'hui, leurs questionnements, leurs satisfactions mais aussi leurs sacrifices, leurs débuts dans la prêtrise et même, en filigrane, les arcanes du pouvoir de Rome et au sein de l'Eglise catholique de France. Un mélange d'ombres et de lumière très réussi, qui m'a donné envie de découvrir John Boyne avec ce titre. On y voyait la place de la femme au sein de l'Eglise mais aussi dans la vie de ces jeunes prêtres, selon lesquels le mariage n'empêcherait pas la vocation et même l'aurait simplifiée. Sans que la liste soit exhaustive, on y abordait aussi la question de l'homosexualité ainsi que celle de la pédophilie.





Tous ces thèmes sont finement explorés par John Boyne dans ce roman. On y rencontre le père Odran Yates dans les années 2010 et il va nous raconter son histoire au gré de ses associations d'idées, de manière non-linéaire. de l'injonction de sa mère qui lui a choisi ce métier, jusqu'à son ordination au Vatican où il a commis certaines erreurs lors de l'élection du nouveau Pape, il nous fait visiter les coulisses de ces vies hors du commun des mortels. Sa vie s'imbrique avec celle de l'Eglise. En voyageant dans le temps, on ressent l'image de l'Eglise qui change dans le regard des gens mais au départ tout est suggéré, rien n'est dit. Et cette misogynie qui empire avec la libération de la femme… Nous suivons le parcours d'Odran Yate depuis son enfance dans les années 60 jusqu'à maintenant : ce qui l'a poussé à devenir prêtre, la formation qu'il a reçue, les collègues qu'il y a rencontrés puis les premières affectations, les premières mutations, les premières erreurs, les premiers déboires…





Très vite le parcours d'Odran devient lié à son co-séminariste Tom. Tom n'avait pas la vocation, mais son père ultra-violent ne lui a pas laissé le choix. Il est donc devenu prêtre par défaut, et l'on s'interroge avec Odran : Comment ne s'est-il pas plus battu pour faire autre chose de sa vie ? Et surtout, comment les formateurs ne se sont pas aperçus qu'il n'avait pas la vocation, et lui ont confié des paroisses ? Car ils l'ont fait, et même plusieurs fois, puisque, curieusement, il était muté très souvent. C'est seulement lorsque l'évêque lui confie l'ancienne paroisse de Tom, qu'Odran le réalise, même si sa tranquillité d'esprit mettra du temps à voler en éclat. On demande souvent à Odran si, après son séjour à Rome, il n'a pas eu plus d'ambition que d'officier dans le collège catholique où il se sentait bien. A quoi il répond : « Que servirait-il à un homme de gagner tout le monde s'il y perdait son âme ? »…





****



J'ai beaucoup aimé ce roman de 400 pages, habilement monté. J'ai rapidement perçu le sujet qui allait prédominer sur les autres. Pourtant, je me demandais encore pourquoi l'auteur avait choisi de nous faire pénétrer les voies du Seigneur en racontant spécifiquement la vie du père Yates ; Ce n'est que dans les 110 dernières pages que j'ai compris l'enjeu de ma question. Par cette mise en abîme de la problématique qu'il soulève, John Boyne construit efficacement son propos autour d'un suspense léger mais assez efficace pour maintenir notre intérêt jusqu'au bout.





Il n'épargne pas Odran qui, bien que gentil, demeure lâchement mou et ne semble pas habité par ce qu'il appelle pourtant sa vocation : « Aucun de nous n'est innocent », comprendra-t-il trop tard, coupable de n'avoir pas voulu voir les signes, ni s'investir vraiment dans sa mission pour le bien « contre le mal ». Coupable de préférer sa propre tranquillité aux remous de la vérité. Mais celle-ci finit toujours par éclater, par éclabousser et mouiller tout le monde. Car moralement, il est impossible de se cacher longtemps derrière la responsabilité de l'abstraite « institution » : Derrière cette abstraction il y a des hommes, dont chacun est censé avoir « charge d'âmes ». C'est pourquoi l'Irlande, population très croyante, a été extrêmement ébranlée de prendre conscience qu'on ne pouvait même plus avoir confiance en ce refuge qu'est censé être la religion.





L'auteur rappelle ici que certains sujets méritent de ne pas être tus, car voilà où mènent les tabous… « Il n'est pire aveugle » sonne comme une accusation, envers une institution mais aussi envers chacun de ses maillons. Il sonne aussi comme une prière, celle d'ouvrir les yeux sur nos responsabilités respectives au quotidien, avant de ne plus pouvoir fermer l'oeil. Celui de la culpabilité, de la conscience. « Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours! » (V. Hugo).









* réf. à la formule vade in pace (va en paix) prononcée lorsqu'un prisonnier était mis au cachot. Cachot souterrain d'un monastère, dans lequel certains coupables étaient enfermés.



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Le garçon en pyjama rayé

158ème critique… que dire de plus ?



Le garçon en pyjama rayé est la dernière lecture scolaire de ma fille de 12 ans. Ce n'est pas un mauvais choix, mais je trouve regrettable qu'on leur donne ce livre sans préparation. Sans le contexte historique, il est impossible à un enfant de prendre toute la mesure du message du livre. Il reste un peu comme le petit Bruno… il ne comprend pas ce qu'il se passe.



La première question que ma fille m'a posé était de savoir si c'était une histoire vraie. Elle voulait savoir si Bruno avait vraiment existé ? S'il y avait vraiment eu des camps d'extermination ? Pourquoi les Juifs ? Des questions, encore des questions…



Mon pépé (mon grand-oncle en vérité) est né aussi un 15 avril mais en 1925 (Bruno et Schmuel sont nés le 15 avril 1935), Au moment où se déroule l'histoire, il avait 19 ans et il se trouvait dans un camp de prisonniers en Allemagne. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à lui. Encore l'autre jour je suis allée lui rendre visite et il m'a montré les photos de cette époque (il en parle très souvent), de ses amis aujourd'hui disparus.



Pour ma part j'ai trouvé cette histoire plutôt bien écrite. Ce point de vue innocent sur les atrocités d'Auschwitz était vraiment bouleversant. J'ai pleuré à la fin mais aussi quand Bruno se précipite auprès de son ami pour lui demander pardon de ne pas avoir eu le courage de prendre sa défense.



Très beau livre, mais 12 ans c'est trop jeune.





Challenge multi-défis 2018 (6)

Challenge petits plaisirs 2018 (5)
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Le garçon en pyjama rayé

Avis aux détracteurs qui reprochent à l'auteur de tromper le (jeune) lecteur et d'édulcorer un sujet grave...

Je suis en complet désaccord avec eux. Je l'ai proposé il y a quelques années à mes élèves âgés de 12-13 ans... Le tout (et c'est notre rôle à nous adultes, parents, professeurs, éducateurs... bibliothécaires) est de les encadrer dans cette lecture (avant, pendant et après), de la replacer dans son contexte historique et de leur expliquer toute l'Horreur qui se cache derrière ce regard d'enfant... D'autres lectures peuvent y contribuer. Je pense par exemple à "Voyage à Pitchipoï" de Jean-Claude Moscovici, "Inconnu à cette adresse" de Kressmann Taylor, "L'ami retrouvé" de Fred Uhlman et bien évidemment "Le journal d'Anne Frank".

A 12 ans, en 1980, j'ai découvert de façon assez abrupte ce qu'était la Shoah à travers la série Holocauste qu'on regardait à ving heures avec toute la famille! Et, plus de 30 ans plus tard, certaines images insoutenables viennent encore me hanter!

Je préfère la méthode douce... "Le garçon en pyjama rayé" est une porte d'entrée pour aborder avec eux ce pan de notre histoire... A nous d'aller plus loin!
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Le garçon en pyjama rayé

Nous sommes en Allemagne en 1942. Bruno, neuf ans, vit à Berlin dans une grande maison « de cinq étages » au milieu d'un parc avec ses parents, sa soeur Gretel, douze ans, et la bonne, Maria. Il a trois « meilleurs amis pour la vie » et est heureux. Un jour, son père annonce à ses enfants que la famille est contrainte de déménager pour des raisons professionnelles : en effet, le Fourreur lui a confié une mission de la plus haute importance. Il se retrouve à Hoche-Vite, dans une maison moins grande et moins agréable, dans un environnement lugubre, et sans ami. de la fenêtre de sa chambre, il voit, derrière une immense barrière, de multiples baraquements habités par une foule de gens en pyjama rayé. Bruno a une âme d'explorateur et, en expédition le long de la clôture, il fait la connaissance de Shmuel, un garçon de neuf ans habitant de l'autre côté. ● Ce roman me plonge dans la perplexité, notamment en raison du public auquel il s'adresse, des enfants à partir de douze ans. Il est certain qu'un lecteur adulte comprendra très vite de quoi il retourne, mais la narration naïve, faite à hauteur d'enfant, conduit à une édulcoration de la réalité et à un flou généralisé, qui peut être nuisible à la compréhension de la vérité historique. Tout est perçu à travers l'esprit de Bruno, qui ne pense pas à mal, qui est à mille lieues de s'imaginer ce qui se passe vraiment de l'autre côté. ● Est-il souhaitable de donner aux enfants l'impression que la Shoah, c'était seulement ça ? Un petit garçon qui se promène librement dans le camp, qui peut échapper de longues heures à toute surveillance pour retrouver quelqu'un de l'autre côté de la barrière et parler avec lui comme si de rien n'était, en recevoir de la nourriture ? ● Certes, je conçois la difficulté de parler de telles horreurs à des enfants, mais je ne suis pas certain qu'on y gagne à les bercer de tels contes à dormir debout (le récit est qualifié de « fable » par l'auteur). le fait que ce livre soit conseillé au collège ne fait que renforcer ma perplexité. ● C'est un peu ce que je craignais avant le lire ce livre, et, très amateur des romans de John Boyne (Les Fureurs invisibles du coeur, L'Audacieux Monsieur Swift, par exemple), c'est la raison pour laquelle je remettais sans cesse la lecture de celui-ci précisément. le talent de conteur de l'auteur n'est nullement en cause ; son récit est bien construit, mais c'est le projet tout entier qui ne recueille pas mon adhésion. ● Combien préférable est la lecture de la mort est mon métier de Robert Merle, sur Rüdolf Höß, le commandant d'Auschwitz.
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La vie en fuite

« J’ai consacré ma vie entière à essayer de me convaincre que je suis innocente de tout le mal»



A Londres, Gretel, dont l’âge oscille entre 90 et 126 ans selon son interlocuteur vit paisiblement dans un appartement d’un quartier chic, au grand dam de son fils qui voudrait bien récupérer des subsides pour compenser les cas"qu'encres de son échec professionnel. L’arrivée d’une nouvelle famille dans l’immeuble va bouleverser cet équilibre précaire.

Les confidences de la vieille dame nous ramènent en Pologne, des décennies plus tôt puis à Paris alors que l’enfant qu’elle était prend la fuite avec sa mère. Changement de patronyme, vie humble pour subsister, la mère et l’enfant parviendront-elles à cacher leur passé ?



Quelques années plus tard, c’est en Australie que Gretel émigre. Mais les kilomètres n’y font rien, là encore son enfance la rattrape, incarnée par le lieutenant Kotler, qui lui aussi a changé de nom et de vie…



Au-delà de cette vie de fuite, une question est posée en boucle : cette enfant devenue jeune fille puis femme est-elle responsable des actes de ses parents ? Aurait-elle pu malgré son jeune âge ne pas feindre d’ignorer ce qui se passait sous ses yeux ? La faute est-elle héréditaire ? Les proches du père nazi sont-ils complices ? De multiples pensées hanteront Gretel toute sa vie.



Parallèlement à cette histoire familiale tourmentée, est évoquée la question des violences conjugales, celles que semblent subir la voisine et son jeune fils. Avec encore une fois pour Gretel un choix crucial, dénoncer les choses ou se livrer en pâture aux médias si elle révèle les faits ? Se protéger ou protéger une potentielle victime ?





Si on y ajoute une surprise dans les dernières pages, l’ensemble donne un magnifique roman, peuplé de personnages superbes, et qui incite, si ce n’est déjà fait à lire Le garçon en pyjama rayé afin d’en savoir plus sur ce qui est arrivé au frère de Gretel.





Roman magistral sur la transmission de la culpabilité, avec une écriture magnifique, mais tous les lecteurs fidèles de John Boyne le savent déjà.



336 pages Lattès 5 avril 2023

#Lavieenfuite #NetGalleyFrance


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Les fureurs invisibles du coeur

Ticket gagnant pour cette pépite de la rentrée littéraire!

Le long chemin de croix d’un homosexuel né après-guerre dans la Très Catholique Irlande.



Sur un ton délibérément décoincé et même parfois délirant, le mal-être d’un homme se confronte à l’hypocrisie d’une société bien-pensante, tenue rênes serrées par le pouvoir religieux.



De 7 ans en 7 ans, une tranche de la vie de Cyril Avery se raconte, finissant chaque fois par un événement spectaculaire de cocasserie ou de démesure. Sept décennies de parcours personnel, faites de drames mais aussi de bonheur, accompagnant l’évolution sociétale sur la cause homosexuelle, la fracture terrible du Sida et le changement des mentalités (l’Irlande a été le premier pays à autoriser le mariage gay par référendum)



Si la lecture se fait avec le sourire aux lèvres, devant l’incongruité des situations et la caricature de certains personnages, certaines scènes restent très rudes et le ton grinçant ne cache en rien le dramatique thème de société, fait de duplicité, d’effroi et de stigmatisation.



C’est cet exercice d’équilibriste entre l’épouvante et l’hilarité qui donne tout le sel au roman, dressant un solide réquisitoire, sans pour autant délaisser la trame romanesque et des personnages attachants. Un récit habilement construit, pétri d’humanité et d’émotion, surfant sur l’autodérision et le comique de situation.



Épatante découverte par #Netgalley et JC Lattès !

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Les fureurs invisibles du coeur

Impossible de ne pas vous faire partager l’incipit le plus enthousiasmant de la rentrée littéraire. En une phrase nous sommes embarqués dans un roman épique, une saga intimiste et monumentale à la fois qui raconte l’histoire de l’Irlande de 1945 à 2015. Un petit pays catholique très conservateur qui produit une société, hypocrite, intolérante, sexiste et homophobe.



C’est Cyril Avery qui va nous raconter sa vie, de sa naissance jusqu’à son crépuscule. Soixante-dix années bien remplies. Né d’une fille-mère âgée d’à peine seize ans, situation impossible dans ce pays dans l’immédiat après-guerre, il est adopté par un couple à la parentalité vraiment particulière que je vous laisse découvrir.



Les rapports que Cyril Avery entretient avec ses parents adoptifs devenant une sorte de running gag aussi désopilant que terrifiant.



Se découvrant gay, il partira tout de même à la recherche du bonheur avec la foi du charbonnier, ce qui n’est pas gagner dans un pays où l’homosexualité peut vous emmener en prison.



De rencontres en rencontres, balloté par ses choix et ses renoncements, Il tombera amoureux de Julian son ami d’enfance avant d’épouser Alice la sœur de ce dernier.



À Amsterdam, en couple avec Bastiaan il rencontrera Ignac et avec lui la joie d’être père. Il observera avec horreur la progression du VIH dans l’East Village de Manhattan avant de rentrer à Dublin où toutes les graines de son existence se retrouveront pour germer et peut-être donner un sens à sa vie.



John Boyne dédie son livre à John Irving et l’on comprend vite pourquoi, « Les fureurs invisibles du cœur » a la flamboyance et la démesure du grand écrivain américain.



Six cents pages que l’on ne voit pas passer, un ascenseur émotionnel qui nous fait passer du rire aux larmes en une phrase. Des coups de théâtre, de la tendresse, de la violence, de la mélancolie, des coïncidences improbables mais bougrement romanesques, de l’amour, de l’amitié,



John Boyne écrit drôle et sentimental mais jamais ne perd le fil de son récit afin de nous raconter, en filigrane, l’Histoire sociale et politique de son pays L’Irlande.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les fureurs invisibles du coeur

Honte sur moi, ça fait au moins 3 ans que ce livre conseillé par une amie qui en plus m’a laissé le livre en question m’attend. Il faut dire que c’est un pavé, pourtant une fois commencé les pages ont défilé aussi vite que speedy gonzalès dopé à la caféine.



Cyril grandit en Irlande dans les années 40 dans une famille assez particulière. Il découvre assez vite que lui aussi est particulier en comparaison de ceux qui l’entourent. Il est homosexuel, et à l’époque on a vite fait de se croire le seul à l’être étant donné que c’est considéré comme une tare, une anormalité. Cyril grandit cahin, caha et commet des erreurs, fait de mauvais choix par manque de courage.

Cyril est un anti héros avec bien des défauts mais qui est surtout le fruit de la société dans laquelle il a grandit. Au fil des pages l’auteur gardera toute la cohérence de ce personnage qui ne sera jamais vraiment virulent ou combatif mais qui saura se construire en s’appuyant sur ses faiblesses et faire correspondre sa vie avec ce qu’il est.



L’auteur enrobe la souffrance d’ironie et d’humour pour faire de cette histoire tragique qui aurait pu faire pleurer dans les chaumières un roman à la fois réjouissant et mordant. Sous couvert d’une plume bon enfant il aborde les sujets qui fâchent sans haine ni amertume et dépeint une Irlande conservatrice et bigote. Il égratigne, bouscule, chahute tel un gosse facétieux et irrévérencieux. Il rappelle le rôle joué par l’Église dans le conservatisme, la haine de la différence et l’hypocrisie de ses représentants.



Malgré les thèmes évoqués le livre ne tombe jamais dans le glauque ou le pathos, j’ai beaucoup rit ! L’humour est une constante, même dans les moments les plus inattendus allant même parfois jusqu’à l’absurde. Les dialogues sont souvent cocasses et plein de subtilité.

J’ai trouvé particulièrement réjouissant le passage où Cyril se confesse et les conséquences…



Il y a parfois des coïncidences un peu grosses mais l’histoire garde sa cohérence. La voix de Cyril et son humour involontaire nous emmènent dans un voyage dans le passé et à travers le monde plein de rebondissements. Je suis passée par toute la palette des émotions sans ressentir aucun ennui, et si parfois l’auteur cède à son cœur d’artichaut et octroi des bonheurs un peu faciles, il ne sombre pas dans la guimauve.



Un juste équilibre entre douceur et instants sombres d’une vie.



Il me reste maintenant à découvrir Le monde selon Garp dont le titre revient souvent dans ce livre. Et même si sur le thème de l’homosexualité et du Sida j’ai préféré N’essuie jamais de larmes sans gants, Les fureurs invisible du cœur s’inscrit dans un autre registre et ne démérite pas. Cette lecture fut à la fois pétillante et touchante.
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Le Syndrome du canal carpien

Pour vivre heureux, vivons déconnectés, voici la leçon donnée par ce livre à tous ceux qui souffrent du syndrome du canal carpien à force de twitter, liker, facebooker, le nez rivé sur leur portable à longueur de journée et même la nuit dans leur lit (j’ai des noms, pour des raisons personnelles, je ne les divulguerai pas …).

John Boyne nous invite dans la famille britannique hautement dysfonctionnelle des Cleverley. Le père George est un présentateur populaire depuis plus de 30 ans à la BBC, sa femme Beverley torture une nouvelle prête-plume chargée de lui pondre son nouveau roman à l’eau de rose. George et Beverley, qui se trompent allégrement, sont les heureux parents de trois rejetons, Nelson, jeune adulte timoré qui passe son temps à revêtir des déguisements pour se faire passer pour qui il n’est pas. Sa sœur Elizabeth, complètement accro à son nombre de followers, passe sa vie oisive sur son téléphone à troller le plus de personnalités possible, et le petit dernier, Achille, s’avère être un apprenti escroc maitre-chanteur.

Tout part en vrille dans cette famille, à commencer par George, qui après un tweet qu’il pensait bienveillant sur une personne en en train changer de genre, va se retrouver dans la tourmente médiatique, cloué au pilori par la nouvelle génération des woke.

On retrouve ici, comme dans le Voyant d’Etampes, le thème de l’homme blanc dans la soixantaine désigné à la vindicte populaire, qui va s’empresser de le faire tomber de son piédestal pour ce qu’il représente sans se préoccuper de ce qu’il est.

C’est divertissant, amusant, la galerie des personnages très caricaturaux et hauts en couleur donne le sourire. Une lecture agréable, légère, un humour très bristish à laquelle je reprocherai cependant quelques longueurs et un manque de rythme surtout en première partie.

Et puis, cerise sur le gâteau ce sera pour vous l’occasion d’apprendre qui est le véritable Ustym Karmaliuk, outre le fait que c’est la tortue sur la couverture !

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Les fureurs invisibles du coeur

Reniée par sa famille, bannie du village par le prêtre catholique, Catherine Goggin se retrouve à Dublin à seize ans, enceinte et sans le sou. En cette année 1945, dans la très catholique Irlande, les filles-mères sont considérées comme des prostituées et n'ont souvent d'autre choix que de confier leurs bébés à l'adoption. Son fils devient donc Cyril Avery, l'enfant d'un couple aisé et excentrique qui l'accueille avec charité mais indifférence. Il ne sera jamais un vrai Avery, qu'il se le dise ! Cyril a sept ans quand il fait la connaissance du fils de l'avocat de son père adoptif et éprouve un véritable coup de foudre pour le beau et sûr de lui Julian. Ainsi Cyril se découvre gay et en grandissant il va affronter les préjugés et la sévérité d'un pays qui ne se contente pas de bannir les homosexuels. On peut les emprisonner, les tabasser et même les tuer tant ils sont des dégénérés insupportables dans une société encore régie par un clergé catholique intolérant et rigide. Son salut viendra avec sa fuite et c'est hors de l'Irlande qu'il pourra enfin s'épanouir, aimer, être aimé et assumer sa sexualité. Viendront les années 80, le Sida, des rencontres, des pertes, des deuils, des retrouvailles et l'espoir de retourner en Irlande pour enfin se réconcilier avec son pays, son passé, son histoire.



Oh là là quel livre !! L'épopée d'un homosexuel irlandais de 1945 à 2015 avec une galerie de personnages hauts en couleurs, des drames, des joies, de l'amour, de la haine, du sexe et des curés.

L'ombre de John Irving plane sur Les fureurs invisibles du coeur et John Boyne ne s'en cache pas, le livre lui est dédié et son personnage lit le monde selon Garp. On retrouve l'ambiance de A moi seul bien des personnages, pour le cheminement d'un homosexuel et l'évolution de la société. S'y ajoute une similitude avec les thèmes abordés dans Inishowen de Joseph O'Connor ou Philomena de Martin Sixsmith.

Mais qu'on ne s'inquiète pas, John Boyne a son propre style. Entre tendresse, tristesse, réalisme et une bonne dose d'humour, il nous emporte dans le tourbillon de la vie d'un homme né trop tôt, au mauvais moment, au mauvais endroit. Tant d'années gâchées à vivre dans la honte, à se contenter de rapports sexuels rapides, discrets, la peur au ventre. John Boyne en profite pour égratigner une société puritaine et hypocrite, une religion catholique qui l'est tout autant et critique vivement les hommes d'église, moralisateurs, intolérants, toujours prêts à juger et à condamner. Cyril Avery est un personnage qui émeut, qui agace mais qu'on accompagne avec bonheur tout au long de ces plus de 800 pages, avec tous ceux qui l'entourent, ses curieux parents adoptifs, son meilleur ami et amour de jeunesse, sa mère biologique, son épouse légitime, son grand amour, etc., tant de personnages bien décrits, à la forte personnalité, qu'on quitte avec regret.

Tout sonne juste dans ce roman addictif, émouvant et plein d'espoir. Un énorme coup de coeur.

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La vie en fuite

Ce roman est la suite du Garçon en pyjama rayé, best-seller qui était destiné à la jeunesse, tandis que celui-ci ne l'est pas. ● En 2022, Mrs Fernby est une veuve de quatre-vingt-onze ans, qui habite un grand appartement dans un somptueux immeuble de Mayfair, avec vue sur Hyde Park. Elle a un fils de soixante ans, qui enchaîne les mariages : il va bientôt se marier pour la quatrième fois. Il aimerait bien convaincre sa mère d'aller vivre dans un « village senior » afin d'accaparer le fruit de la vente de l'appartement, qui vaut une petite fortune. Après la mort de son voisin Mr Richardson, l'appartement en-dessous de celui de Mrs Fernby est à vendre, et elle s'angoisse à l'idée d'avoir de nouveaux voisins. Parallèlement, en 1946, nous suivons la jeunesse de Mrs Fernby après la guerre : allemande, à seize ans, elle se réfugie en France avec sa mère, ayant perdu son père et son frère. Les deux femmes s'efforcent de cacher leur accent et vivent dans une petite chambre meublée de l'île de la Cité. le rêve de la mère est de se remarier avec un riche Français pour pouvoir avoir de nouveau la vie aisée et même luxueuse qu'elle menait à Berlin. La jeune fille se dit : « Pour la première fois, je comprenais que si je voulais survivre, j'allais être obligée de mentir sur tout, tous les jours, jusqu'à la fin de ma vie. » ● Je suis un très grand amateur des romans de John Boyne, qui sait comme personne ficeler une intrigue et fabriquer une tension narrative qui tient en haleine du début à la fin, et dont beaucoup d'oeuvres comptent parmi mes romans préférés, comme Les Fureurs invisibles du coeur, ou L'Audacieux Monsieur Swift, par exemple. ● J'avais malheureusement été déçu par le Garçon en pyjama rayé, qui me semblait ravaler la Shoah au rang de fable anodine, étant donné que tout était vu par les yeux d'un naïf petit garçon de neuf ans, fils du commandant du camp de « Hoche-Vite ». Il me paraissait problématique d'utiliser l'Holocauste de cette manière, même si, je n'en doute pas, les intentions de l'auteur étaient bonnes. du reste – et c'est bien le pire – ce roman édulcorant est souvent proposé au collège. ● Cette suite, qui n'est pas spécifiquement destinée à la jeunesse, est bien meilleure. La Shoah y est toujours présente, mais, comme le roman est destiné aux adultes, elle n'est pas du tout utilisée de la même façon et on ne retrouve pas le processus d'euphémisation généralisée présent dans le roman précédent. Elle ne sert pas de simple ressort narratif, comme cela arrive dans les mauvais romans, mais est un trait constitutif de la culpabilité du personnage principal. ● Surtout, on retrouve ici un John Boyne au meilleur de ses talents de romancier, avec une intrigue en béton, une construction alternant deux fils narratifs parfaitement adaptée à son sujet, malgré une invraisemblance, ou du moins une coïncidence fort improbable, et une fin qui laisse quelque peu perplexe. ● Je conseille vivement, mais je pense que pour pleinement apprécier ce roman il faut avoir lu auparavant le Garçon en pyjama rayé.
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Le garçon en pyjama rayé

A une époque, vers la fin de mon adolescence, j’ai lu beaucoup de livres qui traitaient de la Seconde Guerre Mondiale et de la Shoah…

Les années passant, même si mon intérêt sur cette période n’a pas faibli, je me suis cependant tournée vers d’autres lectures…

Je n’avais jamais lu de livre estampillé « littérature jeunesse » qui traitait ce sujet et aussi c’est avec une certaine curiosité que je me suis lancée dans cette lecture….

Le petit Bruno vit à Berlin dans les années quarante, avec sa sœur et ses parents dans une grande maison et son univers va être bouleversé le jour où son père annonce à la famille qu’ils vont déménager…Fini les jeux avec les copains, car la maison où ils vont s’installer semble se trouver au milieu de nulle part ou presque…

C’est Bruno, jeune narrateur de 9 ans qui avec ses mots nous emmène dans sa vie que nous découvrons petit à petit. Son père, ami du « Fourreur » semble travailler dans un curieux endroit pas très éloigné de la nouvelle maison où habite la famille du petit garçon.

J’ai été très touchée par l’amitié qui va se forger entre Bruno et le jeune Shmuel et surtout par la fin de cette histoire.

Un livre qui se lit rapidement, d’une seule traite (en tout cas pour moi) et dont l’on ne sort pas indifférent.





Challenge A travers l’Histoire 2021

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L'audacieux Monsieur Swift

Mais qui est donc ce Monsieur Swift ?



Est-ce lui sur cette couverture ou le clone d'un Jean Dujardin en goguette ?



Trêve de balivernes. Je ne suis pas là pour donner mon avis sur cette couverture. Même si …



Maurice Swift est un gentleman cambrioleur. Il dérobe, pille la vie des autres, leurs histoires, puis s'en va. Vers d'autres victimes, vers d'autres livres à écrire, vers cette ambition qui ne connaît pas de limite. Maurice Swift ne cache pas des ambitions démesurées et va se donner les (pires) moyens pour arriver à ses fins.



Maurice Swift est un ingrat, un beau parleur, un manipulateur. Maurice Swift est un piège, un poison entêtant dont les effets nocifs peuvent détruire toute une vie.



John Boyne nous offre, une nouvelle fois sa plume talentueuse et pose sa prose addictive sur l'imposture d'un homme et des hommes en général. Allant crescendo et d'une manière terriblement habile, il prend le lecteur dans ses filets de chapitre en chapitre, de destination en destination …



Qu'est-ce qu'un romancier ? Où trouve-t-il les histoires qu'il raconte ?

 

A travers ce personnage cynique et à la morale plus que douteuse, John Boyne offre une réflexion sur le milieu de l'édition, sur ses travers et sa vérité.

 

Il offre alors ce roman addictif et cruel, furieux et passionnant. John Boyne arrive à nous passionner à travers la destinée d'un être abominable de cruauté. Preuve en est, une nouvelle fois de son talent, de la vérité de son regard sur ce monde étrange.

 

John Boyne est dorénavant, pour moi, une valeur sûre tant il semble savoir se renouveler tout en gardant cette impertinence, cette faculté de peindre les hommes qui font de moi un inconditionnel de sa plume.
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Les fureurs invisibles du coeur

Exceptionnel ! Un coup de coeur....

Une critique tentante de jeanfrançoislemoine suivie d'une autre tout aussi tentante de foufoubella.... Le livre est enfin disponible. Ma foi ! Allons-y ! Aucune déception. Un livre magnifique. Bouleversant. Qui fait oeuvre utile.



L'Irlande de 1945 à nos jours. Son intolérance vis-à-vis des filles mères, des homosexuels.... en fait de tous ceux qui n'entrent pas dans le moule. Oh cette première scène qui donne le ton du livre : la pauvre gamine d'à peine 16 ans, humiliée devant tous pendant la messe par le prêtre, comprenez c'est une putain, elle est enceinte.... Ca m'a coupé le souffle. Ce sentiment a perduré durant tout le roman. Je crois que c'est la première fois que je mesure autant la difficulté d'être un homosexuel dans un pays qui l'interdit.

Un livre sur l'intolérance et l'amour. Sur la famille et la différence.

J'aimerais trouver les mots pour vous dire que c'est une vraie belle réussite.

J'aimerais trouver les mots pour vous le conseiller.....



Un livre que je n'oublierai pas.



Challenge pavés 2020
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Le Syndrome du canal carpien

# Je suis connecté # tu es connecté # nous sommes connectés

@ un tweet (pet) de travers et c'est le monde qui vole en éclats.

-- Enfin celui de la famille Cleverley, London, UK -

* Satire, humour et décadence d'un univers hyper connecté *





!!! Attention, votre compte risque d'être annulé !!!

Souriez c'est pour Insta, snapchat



Tiktok, il vous reste quelques pages avant d'expirer (480)





- atchoum, à vos souhaits:

« le flocon de neige n'a pas à se sentir responsable de l'avalanche. » - Jon Ronson, La Honte ! -







John Boyne a le chic ici pour nous mettre le nez dans nos petits travers avec humour et légèreté, de sa plume guillerette qui peut aussi bien nous émouvoir comme dans le garçon en pyjama rayé, nous faire thriller avec L'Audacieux Monsieur Swift, nous conter une ballade irlandaise dans les fureurs invisibles du coeur,---







Des récits et fables modernes à la manière d'un David Lodge, d'un John Irving, --- en fait à sa façon bien à lui qui change à chaque roman tout en gardant une qualité de plume qui se reconnaît quelque soit le genre qu'il décide d'adopter le temps d'une histoire.







Sa dernière, le syndrome du canal carpien, en est une bien (é) gratinée.







@LaVéritéEstUneEpée qui pourrait bien se retourner contre les Cleverley, héros malgré ou plutôt avec eux, aussi intelligents (Clever) soient-ils, amen





Dans le jeu de la famille la plus dysfonctionnelle de Londres, laissez-moi vous présenter, les 'affreux', riches et célèbres Cleverley:



- Papa George, Présentateur vedette de la BBC, au démon de midi bien entamé se voit rattrapé par une petite graine qui pourrait bien germer chez sa dernière conquête, Gloria, thérapeute; rétrograde, sexiste, etc...



- Maman Beverley, Romancière à succès, loue les services de porte-plumes, tellement plus pratique pour avoir le temps de se consacrer à ses activités caritatives, alors que les pauvres, pouh et à son jeune amant, rencontré sur le plateau de Danse avec les Stars;



- Elizabeth (22 ans), Diplômée dilettante se rêve influenceuse notoire, Tweet, Tweet et re Tweet, tout en se pâmant d'amour pour un rêveur humaniste;



- Nelson (21 ans), Professeur intermittent est porteur d'uniformes qui le rassurent telle une armure, tout en se cherchant dans ses amours (F/M/?);



- Achille (17 ans), beau comme un camion volé, se fait arnaqueur de première de vieux coeurs solitaires, histoire d'être rentier avant l'heure;

---

sans oublier Ustym Karmaliuk, dont la photo illustre la couverture (j'en profite pour adresser toute ma sympathie au peuple ukrainien dont il est une figure légendaire)





Dans "notre" monde actuel de dépendance aux médias sociaux, de politiquement correct, d'identification de genre, de fausses nouvelles, d'influence virale et continue des médias et de cette nouvelle culture vigilante «réveillée», ces 'pauvres' riches affreux Cleverley n'avaient aucune chance ou si peu --- je vous laisse découvrir leur histoire et leurs déboires





Tout commence ou presque un lundi en 2016 avec George



"Pourquoi devrais-je m'excuser pour quelque chose que seule une personne à l'affût de la moindre insulte trouverait offensante ? En l'occurrence, ils devraient s'excuser auprès de moi de s'être emparés d'un message de soutien et de l'avoir transformé en déclaration malveillante.

— Qui, ils ?

— Les wokesters.

— C'est qui ? Une famille ?

— Les wokesters, répéta-t-il. Vous savez, les PROUT.

— Les PROUT ? Franchement, je ne sais pas de quoi…

— Les Professionnels de la Répression de l'Outrage sur Twitter."



Ps: - A éviter de confondre avec les testeurs de woks pour frire, cuire, faire sauter de délicieux aliments, totalement out

- Voici venu le temps des joyeux wokés: éveillés aux inégalités sociales, raciales, sexistes, aux injustices - et leurs dérives -





En fait l'histoire des Cleverley a débuté bien avant 2016 et nous les découvrons petit à petit en --- beaucoup moins 'affreux' que leur apparence première pouvait nous le faire croire, quoique bien abominables quand même, disons, avec des circonstances atténuantes ;-)







Le génie de John Boyne est d'insérer dans l'histoire au présent, 2016, qui se déroule sur une petite semaine (du lundi au vendredi) des flash-backs réguliers dans le temps.

Nous découvrons dans ce passé d'autres facettes de chacun des membres de la famille, loin de l'image déformée renvoyée par les réseaux sociaux & média de 2016



[étapes parallèles dans le passé des Cleverley: 2004 et un mystérieux Mark (Zuckerberg, FB); 2006 et un certain Jack (Dorsey, Tweeter); 2010 et Instagram; 2011, Snapchat (les étudiants de Stanford) et finissant l'histoire ici avec Tiktok en 2016]





En 2016, quelques semaines plus tard, nous retrouvons après bien des péripéties, la famille Cleverley au grand complet, seul manque à l'appel ---

Et

Pour finir une belle histoire, quoi de mieux qu'une note d'espoir :D

Sur une île déserte peut-être sans connexion WIFI ?

Qui permettrait à chacun de se reconnecter à l'essentiel et aux vrais rapports humains ?

On peut toujours rêver :D





Pour le savoir, zou to The Echo Chamber (titre en anglais plus résonant) enfin zou to the book là avec une tortue qui vous fait un sourire (si si) tout en engloutissant des tonnes d'After Eight







« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu'aujourd'hui ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. C'est l'invasion des imbéciles. » Umberto Eco



- A chacun de les utiliser ou pas, tout abus est mauvais pour la santé -







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Les fureurs invisibles du coeur

Attention, coup de coeur !



1945. Catherine Goggin, 16 ans, est enceinte. Problème : elle vit dans un petit village irlandais où la catholicisme virulent ne plaisante pas avec les filles-mères. Chassée du village comme une vulgaire putain par un curé tyrannique, elle prend sa valise et part pour Dublin. Dans la capitale, elle donne naissance à un petit garçon qu'elle met à l'adoption.

C'est le début de l'histoire de Cyril Avery, adopté par un couple aisé et excentrique, Charles et Maude Avery. Problème : Cyril découvre à l ‘âge de sept ans qu'il aime les garçons. Dans une Irlande rétrograde et férocement homophobe, où le pouvoir religieux tient lieu de pouvoir tout court, la vie de Cyril, garçon timide et peu sûr de lui, promet d'être semée d'embûches. Pourtant, à force de rencontres déterminantes et de hasards prédestinés, Cyril encaisse les coups et parcourt les années en affirmant progressivement son identité tout en traversant les bouleversements de son époque.



C'est durant sept décennies que John Boyne, auteur du célèbre livre jeunesse « le Garçon au pyjama rayé », nous fait suivre le chemin de Cyril Avery. A travers ce personnage extrêmement attachant, nous partageons des trajectoires intimes tout en survolant l'histoire sociétale et politique de l'Irlande. En effet, derrière les paysages verts turquoises et pittoresques de la campagne irlandaise se dévoile un pays régenté par un catholicisme outrageusement hypocrite qui a longtemps enfermé les femmes dans un système patriarcal autoritaire et machiste, et qui a traité les homosexuels comme des parasites à exterminer. Mais c'est également l ‘évocation des années sida dans les années 1980, lorsque le VIH fait des ravages et est désigné comme « la maladie des homosexuels ». C'est enfin l'évolution, certes lente et limitée, des mentalités en Irlande, notamment à propos de la sexualité. Pour rappel, l'homosexualité a été décriminalisée en 1993 et l'avortement autorisé depuis 2018, sans parler du divorce légalisé en 1995…

Mais « Les fureurs invisibles du coeur », s'il plonge le lecteur dans la grande Histoire, est avant tout un grand roman qui nous insuffle une bouffée d'émotions diverses : gaieté et tendresse, humour et cruauté, tout y est… Cyril et la mosaïque de personnages qui gravite autour de lui nous offrent des moments de pur bonheur, des dialogues savoureux et très drôles où l'ironie met à bas les instants de chagrin. Je n'oserais parler de personnages secondaires en pensant à Mme Goggin, à Julian, à Alice, à Ignac, à Charles et Maud, à Bastiaan, à Jack et les autres. Tous sont exceptionnels et tous forment la famille peu conventionnelle de Cyril.

John Boyne a écrit un récit splendide, l'histoire d'une vie que l'on ne peut oublier.



J'ai terminé ce livre un sourire ému aux lèvres et une boule dans la gorge. Décidément, je ne voulais pas quitter Cyril même s'il nous dit au revoir de la plus belle des façons.



Je conseille cette lecture, évidemment...
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Le garçon en pyjama rayé

Bruno est un jeune garçon allemand.

Il vient d'emménager dans un endroit qui porte un nom étrange : « Hoche-Vite ». Tout cela à cause d'un bonhomme impoli, à la moustache ridiculement petite ; le Fourreur, qui a pour le père de Bruno, de grands projets.



Il n'aime pas cet endroit qu'il ne comprend pas.

Sans doute son père a-t-il été puni pour venir travailler dans ce coin sinistre.

Il s'y passe des choses anormales.



Il s'ennuie, il explore, à l'abri des regards.

Et il trouve un trésor : un ami pour la vie.



Pourtant, qu'il est étrange cet autre garçon en pyjama rayé, derrière les barbelés.

Il s'appelle Shmuel et son nom évoque en lui le vent qui souffle.

Et quand le vent souffle, il porte vers lui les fumées grises qui sortent des grandes cheminées.



Shmuel se dévoile petit à petit à Bruno. Pourtant l'incompréhension entre les deux garçons demeure. Pour le garçon juif, les mots sont impuissants à dire l'impossible. Et Bruno, de son côté, n'est pas capable d'imaginer qu'un enfant comme lui vive dans cet enfer.



Bruno, dont le prénom évoque pour Shmuel quelqu'un qui se frotte les bras pour se réchauffer, apportera sa part d'insouciance, sa joie de vivre, pour réchauffer son ami, sans vraiment prendre conscience du monde qui l'entoure, du rôle des soldats, du rôle de son père.



Jusqu'au jour où l'un des deux prendra l'apparence de l'autre, se moquant des barbelés qui rendent les gens laids et monstrueux, rejetant l'absurdité, la folie, l'indicible.

Après tout, ils sont identiques, seuls leurs « costumes » sont différents. Les enfants savent voir au-delà des apparences.



«Ce n'est pas parce qu'un homme observe le ciel la nuit qu'il est astronome. »

Le Führer aura beau cracher sa haine, dans son uniforme épatant, le garçon en pyjama rayé, qui traîne dans la poussière, sera toujours un enfant doué de rêves et d'espoir, capable de trouver dans les heures les plus sombres, un ami pour la vie.



Cette lecture, grâce au voile d'insouciance de Bruno, préserve le jeune lecteur de la cruauté de cette histoire, de l'Histoire. Sans ce voile, « Hoche-Vite » devient Auschwitz et le « Fourreur » révèle toute sa fureur en tant que Führer démoniaque, suivi par une armée de soldats sauvages. Sans ce voile, ce serait insoutenable.





Cette citation de John Betjeman, apparaît au début de l'adaptation cinématographique de ce roman :



« L'enfance est faite de sons, d'odeurs et d'impressions, avant d'être rattrapée par les heures sombres de la raison. »



Bruno et Shmuel sont les enfants de cette Histoire sombre, où les Hommes ont perdu la raison.

Deux "Petits Princes" sur une planète sauvage...

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Il n'est pire aveugle

" Il est impossible de fournir une estimation du nombre d'enfants qui ont souffert en Irlande entre les mains de l'Eglise catholique, et il n'est pas aisé de deviner le nombre de prêtres honnêtes et dévoués qui ont vu leur vie et leur vocation ternies par les actes de leurs collègues.

Ce roman est dédié à toutes ces victimes.Qu'elles aient droit à une vie plus heureuse."



Ce sont par ces mots que John Boyne conclut ses remerciements, traduisant toute la complexité du problème et ses conséquences dévastatrices .



On est donc en Irlande et c'est la vie d'Odran Yates qui nous est narrée entre 1964 , où il a 8 ans et 2013. Les chapitres s'enchainent de façon non chronologique, laissant en suspens quelques interrogations sans toutefois perdre le lecteur et permettant en quelques pages de voir l'évolution du regard de l'Irlande sur son Église

.

Avait il la vocation Odran? Pas sur . Sa mère l'a eue pour lui .Toujours est il qu'il fait ses premiers pas dans l'Eglise en 1973 au coté de Tom Cardle qui pour le coup a été envoyé voir Dieu à coup de pieds au cul par son père.



Très beau roman, remarquablement conté, avec toute la sensibilité d'une plume qui sait présenter un sujet extrêmement sensible de façon apaisée mais aussi réaliste.

A la vie de prêtre d'Odran, se mêle ses relations familiales et la aussi John Boyne est très fort ; son regard sur l'homosexualité, la maladie est puissant et ne tombe jamais dans la caricature.

Le thème central du livre , la pédophilie dans le catholicisme, peut rebuter mais pourtant, le traitement qui en est fait à travers le personnage d'Odran, celui qui ne voyait pas , est une merveille de finesse , qui s'ajoute, ou plutôt s'imbrique,à une saga familiale qui vaut à elle seule le détour.

Un roman intense , de la même qualité que les fureurs invisibles du cœur.

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Le Syndrome du canal carpien

Absolument JUBILATOIRE ! J’ai adoré !

Les relations passionnelles des membres d’une famille anglaise bien sous tout rapport accro à leurs portables : John, le père, présentateur vedette à la BBC, auteur d’un tweet malheureux ; Beverley sa femme, écrivaine, adepte des prêtes-plumes ; et Elisabeth, Nelson et Achille, leurs 3 enfants, tous plus surprenants (dysfonctionnels ?) les uns que les autres. Sans oublier maîtresse, amant, producteur et tortue.

Tous, en l’espace d’une semaine, vont connaître le grand ascenseur émotionnel, par le biais des réseaux sociaux. Car c’est bien connu, l’enfer, c’est les autres (surtout ceux derrière leur smartphone😉)

Un texte féroce, caustique où le wokisme en prend pour son grade. Une satire sociale parfaite de notre monde connecté. C’est parfois outré mais quel humour ! Totalement irrésistible !

Je n’ai qu’une envie, me jeter sur le reste de la production prolifique de cet auteur !
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Les fureurs invisibles du coeur

Dès le premier paragraphe, ce roman m’a saisi, d’emblée il nous plonge dans l’Irlande catholique de l’immédiat après-guerre où la morale est ultra stricte.

La mère du héros est chassée violemment par le curé car, enceinte et non mariée, elle est donc une putain.

La rigueur morale du pays rejette tous ceux qui enfreignent les mœurs, et est particulièrement intolérante pour tout ce qui concerne le sexe : une jeune fille doit être vierge, un homosexuel doit se cacher.

Et la répression est sévère : la jeune fille sera bannie par sa famille et sa communauté, l’homosexuel pourra être battu à mort par son père sans être condamné par les tribunaux.



Le roman nous relate la vie de Cyril depuis sa conception sur près de soixante-dix ans et les péripéties durant ce parcours sont nombreuses, variées, terribles souvent et nous entraînent en Irlande bien entendu mais aussi à Amsterdam où le héros trouvera plus de compréhension, à New York où le Sida prend de l’ampleur avant de retourner en Irlande, il regrettera alors d’être né trop tôt au vu de l’évolution du pays.

Il s’agit d’une véritable saga avec des passages parfois très durs, violents et crus mais aussi d’autres emplis d’humour.



Cyril nous est présenté sans pudibonderie, avec ses qualités mais aussi avec ses défauts, ce qui nous le rend proche. Nous le suivons et le voyons jeune enfant découvrir qu’il n’est pas attiré par les femmes, se prendre de passion pour un ami tout en s’efforçant de cacher ses sentiments, être capable de lâcheté en se mariant sans amour et abandonnant tout à l’issue de la cérémonie.



La charge contre l’Irlande, contre les prêtres catholiques est féroce.



C’est aussi un véritable roman, John Boyne sait nous captiver, enchaîner des rebondissements, ceux-ci ne sont pas toujours vraisemblables, il y a des coïncidences improbables mais l’auteur sait nous les faire oublier.



On ne s’ennuie pas une seconde dans ce roman !



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