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Citations de John Le Carré (846)


"Nous ne pouvons pas interroger, nous ne pouvons pas prendre de mesures pour limiter l'habilitation de telle personne aux secrets les plus délicats. Prendre l'une de ces mesures, ce serait courir le risque d'alarmer la taupe. C'est la plus vieille de toutes les questions, George. Qui peut espionner les espions ? Qui peut dépister le renard sans courir avec lui ?"
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Je l’ai baisée ? Non, absolument pas. J’ai fait l’amour avec elle, en silence, avec passion, dans le noir total, pendant six heures qui ont bouleversé ma vie, dans une explosion de tensions et de désir entre deux corps qui se désiraient depuis la naissance et n’avaient qu’une nuit à partager.
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Mundy attend.
Et après avoir attendu, il attend encore.
Pendant son attente, rien n'arrive en même temps, tout est linéaire. Il attend à Linderhof et chez lui. Il attend l'enveloppe portant les pattes de mouche familière de Sasha, il attend la voix rauque de Sasha au téléphone.
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_ Maintenant tout est plus simple grâce à la perestroïka, disait Nathalie avec son sourire irrésistible. Voyager à l'étranger n'est plus un problème. Par exemple pour aller en Bulgarie, il suffit de décrire à nos bureaucrates le genre de personne que l'on est, car bien évidemment les Bulgares ont besoin de savoir à qui ils ont affaire avant notre arrivée chez eux. Est-on d'une intelligence supérieure, moyenne ou normale ? Les Bulgares doivent se préparer et peut-être même s'entraîner, selon les cas. Est-on une personne calme ou excitée, à l'esprit simple ou débordant d'imagination ? Une fois qu'on a répondu à ces petites questions et à bien d'autres du même genre, on peut passer à des problèmes plus importants, tels que l'adresse et le nom complet de la grand-mère maternelle, la date de sa mort, le numéro de son acte de décès et, selon leur humeur, le nom du médecin qui l'a signé. Vous voyez que nos bureaucrates font tout leur possible pour mettre rapidement en vigueur les nouvelles consignes de détente.
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_ Et s'il racontait la vérité ? demandai-je.
Sheriton se servit tristement un autre morceau de gâteau aux noix.
_ La vérité ? releva-t-il. Les soviets ne sont plus dans le coup ? Ils rognent sur tout, et les guignols à Moscou ne savent pas la moitié des mauvaises nouvelles parce que les guignols sur le terrain les entourloupent pour pouvoir se gagner des montres en or et du caviar ? Vous croyez que c'est ça la vérité ?
Il engloutit une énorme bouchée...
_Vous ne vous rendez pas compte des comparaisons très ennuyeuses que ça entraîne ? Vous savez ce qui est le pire pour nos dinosaures démocratiquement élus ? Le pire du pire ? C'est les conséquences que ça implique pour nous : moribond côté soviet implique moribond de notre côté. Cette idée horripile les mollahs et les marchands de canons. Comment on fait pour prôner la course aux armements si on se retrouve seul en piste, comme un con ?
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_ Comme je ne suis pas venu à la foire de l'audio à Moscou, Katia a remis votre manuscrit à un de mes collègues. Ce que vous ignorez c'est que mon collègue n'a pas pu me mettre la main dessus quand il est retourné en Angleterre. Alors il a confié les carnets aux autorités. Des gens de toute discrétion, des experts.
_ Je n'aime pas les experts. Ce sont eux nos geôliers. Je méprise les experts plus que tout au monde.
_ Mais vous en êtes un vous même, non ?
_ Justement, je sais de quoi je parle. Les experts sont des fanatiques. Ils ne résolvent rien ! Ils sont à la solde du système qui les emploie. Ils le perpétuent. Quand nous nous ferons torturer, ce sera par des experts. Quand nous serons pendus, ce sera par des experts. Vous n'avez donc pas lu ce que j'ai écrit. Quand le monde sera détruit, ce ne sera pas par des fous, mais par de sages experts et par l'ignorance incommensurable des bureaucrates. Vous m'avez trahi.
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Le train de nuit pour Leningrad quitte Moscou quelques minutes avant minuit, de façon que d'innombrables bureaucrates soviétiques puissent réclamer officiellement unes seconde journée de défraiement pour le trajet.
_ D'où venez-vous ? demanda l'homme au visage triste à Barley au moment où ils s'installèrent pour la nuit.
_ De Londres.
_ Londres en Angleterre ? Pas de la lune, ni des étoiles ?
Et il sembla aussitôt sombrer dans le sommeil, contrairement à Barley. Mais quelques heures plus tard, au moment où le train s'arrêtait à une gare, il reprit la conversation sans même se soucier de savoir si Barley était éveillé.
_ Savez-vous où nous sommes maintenant ?
_ Non, je ne vois pas, dit Barley.
_ Eh bien, si Anna Karénine voyageait cette nuit dans ce train et avait sa tête à elle, c'est en ce lieu qu'elle quitterait son décevant Vronsky.
_ Formidable ! s'écria Barley.
_ C'était un marécage jadis, et c'en est toujours un , reprit l'homme. Pour étudier le mal russe, il faut vivre dans le marécage russe.
Il parlait de Leningrad.
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_ Vous savez, être perfectionniste c'est être encore un enfant (et) ne pas avoir de sens pratique.
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En l'an III de la grande Reconstruction soviétique, l'hôtel Odessa,...vétuste et délabré, était si mal éclairé que les lampes en cuivre, les négrillons et l'encorbellement du restaurant au premier étage évoquaient plus le sombre passé que le phénix soviétique renaissant de ses cendres. En sortant de l'ascenseur brinquebalant, lorsqu'on bravait le regard noir de la concierge d'étage tapie dans sa guérite au milieu de clés rouillées et d'antiques téléphones, on aurait pu se croire revenu aux plus sinistres institutions d'antan.
Malgré tout, pour l'observateur avisé, l'Odessa avait alors une âme. Les braves réceptionnistes cachent un coeur généreux derrière leur regard d'acier et il arrive que les portiers vous autorisent d'un clin d'oeil à prendre l'ascenseur sans exiger votre laissez-passer pour la cinquième fois de la journée. Si l'on sait y faire, le gérant du restaurant vous conduira de bonne grâce vers votre box pour le prix d'un sourire. Et de six à neuf heures du soir, le vestibule devient soudain le carrefour des cent nations de l'Empire. Venus rendre hommage à cette nouvelle Rome, d'élégants bureaucrates de Tachkent, des instituteurs estoniens aux cheveux filasse, d'ardents fonctionnaires du parti originaires du Turkménistan et de Géorgie, des directeurs d'usine de Kiev, des ingénieurs navals d'Arkhangelsk, sans parler des Cubains, des Afghans, des Polonais, des Roumains et du peloton d'Allemands de l'Est à l'arrogance caricaturale, descendent par fournées des navettes de l'aéroport et poussent leurs bagages mètre par mètre vers la réception.
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Ils ont tué son père parce que, contrairement à sa mère, il refusait de mourir de chagrin. Il me dit qu'il veut me faire une promesse. Qu'il adore les Anglais. Les Anglais comprennent le rapport entre la parole et l'action, alors qu'en Russie, personne ne croit plus à l'action, si bien que les mots sont devenus un substitut, jusqu'en haut de la pyramide, un substitut de la vérité que personne ne veut entendre parce qu'ils ne peuvent pas la changer ou qu'ils perdront leur travail s'ils essaient, ou simplement parce qu'ils ignorent comment la changer. Il dit que la malchance des Russes c'est qu'ils rêvent d'être européens, mais que leur destin est de devenir américains, et que les Américains ont empoisonné le monde avec leur logique matérialiste. Si mon voisin a une voiture, il m'en faut deux. Si mon voisin a un pistolet, il m'en faut deux. Si mon voisin a une bombe, il m'en faut une plus grosse, et surtout plusieurs, même si elles ratent leur cible.
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"_ Vous admirez Boris Pasternak ? demanda le petit homme.
_ Nous n'avons aucune opinion au sujet de Boris Pasternak ou de n'importe quel autre auteur soviétique. Nous sommes ici en tant qu'invités. Et seulement en tant qu'invités. Nous n'avons pas d'opinion sur les affaires intérieures soviétiques.
_ Nous le trouvons merveilleux, coupa Barley. Une star de classe mondiale.
_ Mais pourquoi ? s'entêta le petit homme, soulevant ainsi la polémique.
Barley n'avait pas besoin d'être poussé. Peu importait qu'il ne fût pas totalement convaincu du génie que certains attribuaient à Pasternak, et que celui-ci eût été beaucoup trop monté en épingle, à son avis. Tout cela n'était qu'opinions d'éditeur, alors que là, c'était la guerre.
_ Nous avons du respect pour son talent et son art, répondit Barley. Pour son humanité, sa famille et sa culture. Et dixièmement ou énièmement, je ne sais plus, pour sa capacité à toucher le coeur du peuple russe malgré la bande de bureau-crades qui a réussi à lui coller une frousse bleue, sans doute les mêmes salauds qui nous ont envoyé l'avion.
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Je suis mon propre conseil d’être prodigue en menus détails. Garde le reste bien verrouillé dans ta mémoire et jette la clé.
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"La jeunesse allemande reproche à ses parents d'avoir déclenché la guerre. C'est ce qu'on entend. Tous les jours il se trouve un petit malin pour l'écrire dans un nouveau journal. Vous voulez savoir la vérité ? Ils reprochent à leurs parents d'avoir perdu cette foutue guerre, non pas de l'avoir déclenchée."
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"Pauvre crétin, dit-il très tranquillement sur le pas de la porte. Vous ne pouvez pas apprendre à lire vos télégrammes ? Pendant tout ce temps où vous étiez là à bêler en réclamant des extincteurs, nous avions tout simplement un traitre sur les bras... C'est un départ soigneusement préparé, voilà ce que c'est. Quarante-trois dossiers disparus dont pas un seul en dessous de Confidentiel. Un dossier vert classé Ultra-Secret et Sécurité maximum, disparu depuis vendredi. Ca ne sent pas l'improvisation."
Shawn le regarda s'éloigner. Voilà ce qui arrive, se dit-il, quand on ouvre ses portes à des gens qui ne sont pas de votre rang. Ils parlent grossièrement dans les couloirs et envoient à veau-l'eau les bons usages dont on a l'habitude.
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Nous n'étions pas sans pitié, Peter. Nous n'avons jamais été sans pitié. Nous étions pleins de la plus grande pitié. On pourra arguer qu'elle était mal placée. Elle était assurément futile. Nous le savons maintenant. Nous ne le savions pas à l'époque.
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La neige recouvrait le terrain d'atterrissage.
Elle était venue du nord avec la brume, poussée par le vent de la nuit, et elle sentait la mer. Elle resterait là tout l'hiver, en couche mince sur la terre grise, comme une poussière brillante et glacée ; sans fondre ni geler, mais immuable comme une année sans saison. La brume capricieuse (...) planerait au-dessus, avalant tantôt un hangar, tantôt la baraque du radar, (...), puis elle les libèrerait l'un après l'autre, délavés, comme autant de charognes noires au milieu d'un désert blanc.
C'était un paysage sans profondeur, sans recoin et sans ombre. La terre ne faisait qu'un avec le ciel ; les silhouettes des personnages étaient figées dans le froid comme des corps dans la glace.
Au-delà du terrain, il n'y avait rien ; pas de maison, pas de colline, pas de route ; pas même une barrière, ni un arbre ; rien que le ciel pesant sur les dunes, et la brume qui déferlait par vagues sur la côte boueuse de la Baltique.
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Les gens qui travaillent pour nous en externe ne s’adaptent pas toujours bien en interne, mais dans votre cas, nous pensons que cela pourrait marcher. Nous ne payons pas bien et les carrières ne sont pas souvent longues.
Mais nous pensons que c’est un travail important, du moment qu’on se soucie de la fin et pas trop des moyens. »
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De toute évidence, c'était un familier de la note de frais. On discernait une prospérité non imposable dans le renflement de la partie inférieure du gilet (pour sa sécurité et son confort il avait défait le premier bouton de son pantalon) et dans la largeur des manchettes blanches qui isolaient ses mains du travail manuel.
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Il y eut un courant d'air puis le bruit de quelqu'un qui montait prudemment l'escalier. La silhouette d'un homme apparut sur le seuil du grenier. C'était Smiley.
"_ Qu'est-ce que vous venez faire ici ? dit enfin Leclerc. Qu'est-ce que vous me voulez ?
_ Je suis navré. On m'a envoyé.
_ C'est mon opération Smiley. Nous n'avons pas de place pour vous autres ici."
Le visage de Smiley n'exprimait rien que la compassion; sa voix, que cette terrible patience avec laquelle on s'adresse aux déments.
"Un avion militaire attend à Hambourg. Vous décollez dans deux heures; vous tous. Un camion viendra chercher le matériel. Vous ne devez rien laisser derrière vous, même pas une épingle. Telles sont mes consignes."
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La grandeur de l’école de Carne tient presque du miracle. Fondée par d’obscurs moines, dotée par Edouard VI enfant roi débile…Carne rajusta son col, récura son visage et ses mains de rustaude et se présenta rutilante aux nobles du XXème siècle. Carne possédait des parchemins rédigés en latin, des sceaux de cire et, derrière son abbaye, des terres de rapport. Que lui manquait-il donc pour éduquer les fils de riches ? ceux-ci vinrent, d’ailleurs…
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