AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jules Romains (419)


Lamendin ! A ton tour !... Mais cette redingote te va comme un gant ! A peine quelques plis sous les bras et des effets de boudin dans la région du ventre. D’ailleurs tu n’es pas astreint comme ton compagnon à une élégance militaire. Un peu d’embonpoint, un certain avachissement de la chair et de l’esprit, je ne sais quelle descente de la cervelle dans les fesses, ne messiéent pas à un haut fonctionnaire. Car tu as mûri dans les bureaux. L’âge et la faveur t’ont promu à un poste élevé. Je t’appellerai : « Mon cher directeur », n’est-ce pas ? – Compris !
Commenter  J’apprécie          40
Knock
...Par elle même la consultation ne m'intéresse qu'à demi:c'est un art un peu rudimentaire,une sorte de pêche au filet.Mais le traitement,c'est de la pisciculture.
Commenter  J’apprécie          40
L'insomnie peut être due à un trouble essentiel de la circulation intracérébrale,particulièrement à une altération des vaisseaux dite "en tuyau de pipe".Vous avez peut-être Madame, des artères du cerveau en tuyau de pipe.
Commenter  J’apprécie          40
Les bonnes résolutions ne gagnent pas à être différées.
Commenter  J’apprécie          40
Knock : Tomber malade, vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n’est qu’un mot, qu’il n’y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. Naturellement, si vous allez leur dire qu’ils se portent bien, ils ne demandent qu’à vous croire. Mais vous vous trompez. Votre seule excuse, c’est que vous ayez déjà trop de malades à soigner pour en prendre de nouveaux.
Commenter  J’apprécie          30
Il obéissait d'abord à la tendance que nous avons tous à reconstruire notre passé à la manière la plus avouable, d'une manière qui nous aide à ne pas nous mépriser , à garder le goût de vivre et la confiance en nous qui restons pour nous-même notre relation principale.
Commenter  J’apprécie          30
Ce n'est pas avec un manteau de loutre que l'on conquiert l'amour d'un homme. C'est avec l'amour d'un homme qu'on s'achète plus tard un manteau de loutre.
Commenter  J’apprécie          30
Ne sont mortes que les choses qui n'ont plus de puissance.
Commenter  J’apprécie          30
Les économistes n'avaient cru possible qu'une guerre courte, parce qu'ils ne comptaient qu'avec l'argent réel. S'il n'existait que l'argent réel, il y a beau temps que cette guerre aurait fini de l'absorber. Mais les peuples ont appris à la nourrir avec de l'argent fictif, avec ce qu'ils appellent le crédit. Comme les joueurs dans les récits d'autrefois, tâtent leurs poches vides, se disaient soudain : " Mais c'est vrai ! j'ai une bague... j'ai un champ...j'ai une maison. Qui m'empêche de les jouer aussi ?" les peuples, tout en se ruinant, se sont aperçus qu'ils étaient bien plus riches qu'ils n'avaient jamais soupçonné ; et qu'après avoir transformé tout leur argent réel en canons et en obus, ils pourraient transformer en argent fictif la terre, les forêts, les maisons, les ports, les rails, les réverbères... donc en faire aussi des canons et des obus.
Commenter  J’apprécie          30
Pour empêcher tous ces civils en armes de flairer la paix défendue, pour maintenir à l'état d'irritation et de saignement le contact entre les deux peuples, il suffisait, sans autre appel au zèle ni au courage, d'utiliser çà et là chez les individus le besoin de distraction, la fierté d'être adroit, le goût de la chasse, l'amusement de l'aventure, un rien de cruauté bon enfant. L'on trouvait, plus qu'on n'en voulait, des tireurs pour guetter au créneau le premier "homme d'en face" qui passerait la tête, et l'abattre ; des volontaires pour aller en rampant jeter un pétard dans un poste d'écoute ; d'autres pour former une patrouille chargée de surprendre et de tuer quelques sentinelles. Chaque mort appelant représailles, l'apaisement n'était plus à craindre ; et même si le ressentiment qu'on éprouvait de part et d'autre ne dépassait guère la rancune qu'inspire le mauvais tour d'un voisin ; s'il ne se nommait "la haine de l'ennemi" que dans les allocutions des colonels, il y en avait assez pour que la plus humble cervelle fût préservée de confondre "l'homme d'en face" avec un homme tout court.
Commenter  J’apprécie          30
LES COPAINS
Chapire VIII - Les copains

— Bénin !

— Quoi ?

— Tu es bien sûr de ta route ?

— Mais oui !

— Parce que je trouve que ça monte de plus en plus. Tu n’as pas l’intention de nous faire bivouaquer sur une montagne ?

— Je t’ai déjà dit que la maison est sur la pente même du Testoire, à douze cent cinquante, ou treize cents… Tu n’y arriveras pas en te mettant sur le cul et en te laissant glisser.

De vrai, ça commençait à grimper assez dur. On ne savait plus guère où on mettait le pied, et on butait à chaque instant. Puis il y avait de plus en plus d’eau. Des filets invisibles gargouillaient un peu partout.

— J’ai les chaussettes mouillées.

— Tu les sécheras au feu.

— Ne récrimine pas contre cette eau ! Quand tu l’auras goûtée, tu m’en diras des nouvelles ! Ah ! ce n’est pas du pipi de robinet ! Les roches du Meygal lui donnent une saveur unique.

— Quand j’ai de l’eau dans mes chaussettes, je me fiche bien du goût qu’elle a.

Le terrain était si pénible que la file tendait à se disloquer. Chacun se tirait d’affaire de son côté, et comme il pouvait, au milieu des ronces, des chicots et des trous. On s’ingéniait à préserver les bouteilles et la vaisselle. Les personnes elles-mêmes avaient moins d’importance.

Bénin s’arrêta :

— Ne nous lâchons pas !… ne semons pas les derniers !… ça serait affreux. Tout le monde est là ?

Les traînards se rapprochèrent.

— Quatre… cinq… six… Et Martin ? Où est Martin ?

— Tiens ! c’est vrai !
— Toi, Omer, tu étais l’avant-dernier… qu’est-ce que tu as fait de Martin ?

— Ma foi… il marchait encore derrière moi il y a trois minutes… je pensais qu’il me suivait.

— Oh ! le pauvre diable ! Il est peut-être tombé, ou il nous a perdus… Il y a eu un petit tournant tout à l’heure…

Tous se mirent à crier :

— Martin ! Martin !

Leurs cœurs battaient vite ; leurs gorges se serraient. Ils avaient beaucoup de peine, soudainement.

— Martin ! Hé ! Martin !

— Attendez !… je vais redescendre un peu… Vous, continuez à crier !…

Omer, dégringolant la pente, disparut bientôt derrière les feuillages. De temps en temps, les copains poussaient un appel. Lesueur avait posé son sac sur une roche moussue.

— Les voilà !

C’était Martin, et Omer à ses trousses, comme un mouton que le chien ramène.

— Alors, mon vieux ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

— Rien de grave, hein ?

On lui tapait sur l’épaule ; on le regardait avec affection. Lui souriait, mais ses lèvres tremblaient visiblement, et ses yeux en amande s’étaient un peu dilatés. Il finit par dire, d’une voix d’enfant qui a eu peur :

— Vous alliez plus vite que moi… je suis resté en arrière… et au tournant, je me suis trompé… il y avait une petite éclaircie… j’ai cru que c’était le chemin…

— Oui, je l’ai trouvé en plein fourré, immobile. Il ne savait plus que faire. Pauvre vieux !

— Il est peut-être fatigué. On va lui décharger son sac !

— Merci… non ! non !

— Tu nous ennuies… Et puis tu marcheras en tête, entre Bénin et Broudier. Ton ancien ministre te surveillera.
Commenter  J’apprécie          30
Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent.
Commenter  J’apprécie          30
KNOCK - Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d’individus neutres, indéterminés. Mon rôle, c’est de les déterminer, de les amener à l’existence médicale. Je les mets au lit, et je regarde ce qui va pouvoir en sortir un tuberculeux, un névropathe, un artérioscléreux, ce qu’on voudra, mais quelqu’un, bon Dieu ! Quelqu’un ! Rien ne m’agace comme cet être ni chair ni poisson que vous appelez un homme bien portant.

LE DOCTEUR - Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit !

KNOCK - Cela se discuterait.
Commenter  J’apprécie          30
[Le père Godard, paysan dans le Velay, vient de perdre son vieux fils, mort tout seul dans son appartement à Paris.]

Jadis, on craignait moins la mort ; et ceux qui survivaient aux défunts ne les pleuraient pas de la même façon. Bien sûr, on les regrettait ; on se désolait de ne plus les voir, de ne plus les toucher. Mais c’était un chagrin net, carré, calme. Ils n’avaient emporté dans la tombe que le moins possible. L’essentiel d’eux-mêmes, ne l’avait-on pas gardé ? On connaissait leurs plus infimes manies, les menues rides de leur visage, les dernières creusées ; on savait par cœur leurs idées et leurs paroles familières, avec le ton de la voix et la forme des gestes. Leur corps disparaissait ; et aussi cette habitude qu’avaient les idées, les gestes, la voix, d’accompagner fidèlement ce corps. Mais la famille les recueillait, comme on recueille des voisins chassés de leur logis par l’inondation.
Les fils, maintenant, mouraient là-bas, après une vie d’absence ; on les connaissait à peine ; la mémoire les évoquait toujours avec leur taille et leur costume d’enfants. Ce que l’âge avait fait d’eux, on l’ignorait presque. A quoi pensaient-ils, là-bas ? « Peut-être qu’il ne croyait plus en Dieu, mon Jacques ? Peut-être qu’il a fini comme un païen ? »
Commenter  J’apprécie          30
Après quelques propos de ce genre, quelques compliments de Jerphanion, ils observèrent l'instant de silence qui est de règle lorsqu'un entretien en arrive à son véritable objet.
Commenter  J’apprécie          30
Pour ceux que notre première conférence aurait laissés froids, j'en tiens une autre, dont le titre n'a l'air de rien :
"Les porteurs de germes".
Il y est démontré, clair comme le jour, à l'aide de cas observés, qu'on peut se promener avec une figure ronde, une langue rose, un excellent appétit, et recéler dans tous les replis de son corps des trillions de bacilles de la dernière virulence capables d'infecter un département.
Commenter  J’apprécie          31
Mais il avait un fond de scrupule et d’inquiétude qui l’empêchait de faire rien d’important avec distraction.
Commenter  J’apprécie          30
Il voyait à peine les paysages. Et il n'aurait pas été moins heureux sur le plateau d'Orléans. Car trois copains qui s'avancent sur une ligne n'ont besoin de personne, ni de la nature, ni des dieux.
Commenter  J’apprécie          30
Jean Musse est un mauvais coucheur.
Un caractère mal fait.
Il prend les choses trop au tragique.
On nous embête bien un peu.
Mais ça se tassera ...
Commenter  J’apprécie          30
[Au sujet du Docteur Parpalaid]

Le Tambour
Quand on allait le voir, il ne trouvait pas.

Knock
Qu'est-ce qu'il ne trouvait pas ?

Le Tambour
Ce que vous aviez. Neuf fois sur dix, il vous renvoyait en vous disant : "Ce n'est rien du tout. Vous serez sur pied demain, mon ami."

Knock
Vraiment !

Le Tambour
Ou bien, il vous écoutait à peine, en faisant "oui, oui", "oui, oui", et il se dépêchait de parler d'autre chose, pendant une heure, par exemple de son automobile.

Knock
Comme si l'on venait pour ça !

Le Tambour
Et puis il vous indiquait des remèdes de quatre sous ; quelque fois une simple tisane. Vous pensez bien que les gens qui payent huit francs pour une consultation n'aiment pas trop qu'on leur indique un remède de quatre sous. Et le plus bête n'a pas besoin du médecin pour boire une camomille.
Commenter  J’apprécie          31



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jules Romains Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter (1 à 4) difficile

Qui est le contrôleur du Magicobus ?

Ernie Mcmillan
Stan Rocade
Zacharia Smith
Denis Crivey

15 questions
8655 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter : Coffret, Tomes 1 à 4 de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}