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Critiques de Julia Kerninon (870)
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Liv Maria

Je découvre (un peu tard) le portrait d'une héroïne d'une très grande sensibilité. Liv Maria est une femme forte et fragile, toujours touchante, que nous regardons vivre aux quatre coins du globe, débarquant incessamment dans de nouvelles vies. Elle incarne la liberté, la force et la grâce. Le récit qui relate avec poésie son existence kaléidoscopique place à chaque fois sous la lumière de la narration une nouvelle facette de sa personnalité qui, au terme de la lecture, donne à voir une héroïne magnétique et complexe. Elle est tout Liv Maria : indépendante, amoureuse, sensible, forte, fragile, cultivée, magnétique, déterminée, empathique mais bien que constamment entourée, ce qui ressort, c'est cette aura tragique, cette solitude qui fait d'elle une héroïne un peu hors du temps. Sa sensibilité exacerbée aux éléments, aux mots, aux sentiments, forgent un être fascinant et à part, évoluant au gré de ses rencontres amoureuses mais qui demeure toujours libre.

C'est l'histoire d'une féminité qui plonge ses racines dans le voyage et l'amour. Un très beau roman porté par une écriture magnifique.
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Toucher la terre ferme

Une clinique, un soir de novembre, un accouchement compliqué, le premier enfant de Julie Kerninon vient de naitre, elle pense avoir fait le plus difficile, mais tout bascule, devenir mère et être femme est peut être plus compliqué qu'elle ne le pensait.



Julia Kerninon nous plonge dans son récit intime comme on feuillette un journal intime. Après un premier chapitre d'ouverture sur l'accouchement, le récit de sa vie avance par flash-back comme des rappels entêtant de vie passée, cette vie faite d'amours passionnels, de liberté, de sorties, comme une période heureuse au lent glissement jusqu'à l'accouchement..



Le questionnement est présent dans la vie de Julia, comment être mère tout en restant soi, le soi d'avant l'aventure de devenir mère. Julia Kerninon ose montrer et dire les non-dits de la maternité, décrire à travers un texte plus qu'intime un certain malaise complètement inattendu.



Toujours avec cette même plume délicate, poétique, Julia part à la découverte de l'amour vrai, libre et émotionnel jusqu'à la naissance de son deuxième enfant.



Une longue traversée, le malaise d'une femme qui ne peut assumer sa maternité, submergé par les doutes, les peurs, jusqu'à atteindre la terre ferme.



Etre mère et être femme est une combinaison qui ne peut se trouver qu'à l'intérieur de son propre amour, de son propre soi. Un récit fort, court et percutant ; un récit qui m'a rappelé une certaine Elena Ferrante avec "Poupée volée" !
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Liv Maria



Il y a dans ma vie de lectrice deux auteurs que je lis deux fois à quelques jours d'intervalle, c'est : Julia Kerninon et Erri de Luca. Deux univers mais pour moi la première lecture est celle de l'envoûtement jusqu'au vertige, la deuxième plus languissante me permet de mettre de l'ordre dans les émotions éprouvées.

En exergue la citation de Faulkner prend tout son sens quand on suit le travail d'écrivain. Chacun de ses livres est un hymne à la littérature, aux mots et aux femmes.

Toutes Caroline (Buvard), Théodora (Le dernier amour d'Attila Kiss), Julia (Une activité respectable) Helen (Ma dévotion) forment de beaux portraits de femmes, à des âges différents, mais avec des dénominateurs communs : un secret, un quotidien, assumer différents rôles, le silence. En fait elles sont toutes à leur manière, libres, fières et incontrôlables.

Ces caractéristiques sont le nectar de Liv Maria.

Le roman débute par un prologue court et espiègle : Liv Maria Christensen commente la vie sexuelle de ses parents alors qu'elle n'est même pas conçue.

Puis la petite fille est fascinée par le couple de ses parents, sur cette toute petite île bretonne. Ils sont physiquement disproportionnés.

« Cette surprise que les autres manifestaient devant ses parents, Liv Maria la balayait sans une hésitation. C'était évident. Son père était un lecteur, et sa mère était une héroïne. »

Lui Norvégien a largué les amarres par amour.

« La différence entre ta mère et les autres femmes, c'est la même qu'entre une pomme domestique et une pomme sauvage. »

La petit Liv pousse librement nourrie par les particularités de sa famille.

« Son père était un lecteur, et il avait fait de sa fille unique une lectrice. Sa mère lui apprendrait la dureté et le silence, ses oncles lui apprendraient la pêche et la conduite, mais d'emblée, le plus tôt possible, son père lui avait appris à lire. »

Mais à 17 ans un événement fait qu'elle est « déplacée par sa mère » à Berlin chez sa tante paternelle.

Un monde nouveau, qu'elle appréhende avec la liberté qui est la sienne et elle tombe amoureuse de son professeur Fergus qui est là le temps d'un été, ils jouent avec les mots, s'inventent une liberté, mais l'été a une fin.

« Elle qui n'avait été que pêche, solitude et curiosité, elle était désormais ici, sur la terre ferme, en Allemagne de l'Ouest, et elle avait une histoire d'amour saisissante... »

Une autre fracture dans sa vie va la propulser au Chili, un hasard dû à son amour des mots et elle deviendra la chica d'Ignacio mais pas seulement car Liv Maria est très active. Elle n'a peur d'aucun métier elle gagne son indépendance. Elle grandit et n'oublie pas son premier amour Fergus.

Au cœur du livre le lecteur va en apprendre plus sur Fergus et saura des choses que Liv ne découvrira que plus tard. J'ai trouvé ce procédé très intéressant, non parce qu'il marquerait une montée en puissance mais surtout parce qu'il donne de la profondeur à ce qui va suivre, du sens à la chute.

Elle va ensuite rencontrer Flynn un jeune homme de son âge qui la ramènera en Irlande, où ils s'installeront pour fonder une famille presque comme tout le monde. Les maternités, la vie quotidienne tout est là pour s'ancrer.

Même la reprise d'une librairie où Liv Maria va régner, avec pour devise : « Si vous voulez les nouveautés, vous n'avez qu'à aller chez Waterstones à Cork. Ici, il n'y a que des bonnes nouvelles du passé. »

Dans ce roman l'auteur va encore plus loin dans l'exploration des composantes d'une personnalité, que se cache-t-il derrière le miroir des apparences ? Qui dit secret implique l'effet boomerang, et pour Liv Maria c'est inexorable. Mais entre le ressenti de Liv Maria et la réalité est-ce aussi inexorable que cela ?

Un roman éblouissant par la forme et le fond, je ne cesse d'aimer me plonger dans cette exploration des mille facettes de la femme. C'est subtil, vibrant, charnel et sensuel et d'une liberté absolue.

« Mais le contraire d'oublier, Liv Maria, ce n'est pas se souvenir- c'est apprendre. »

Un bijou de notre Rentrée Littéraire 2020, je remercie l'auteur et les éditions L'Iconoclaste pour ce SP.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 août 2020.
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Ma dévotion

Quelle jolie et surprenante découverte que ce roman.

Hélène croise Franck alors qu'ils ne se sont pas vus depuis 23 ans. Ils ont près de 80 ans et s'étaient rencontrés, apprivoisés à 13 ans ; la première phrase qui lui avait dite "toi, aussi tu détestes ta famille" puis "mais qu'est ce qu'on va faire ? comment on va s'en sortir ? ".

Et voila que 60 ans plus tard, elle lui impose de se taire et, pour une fois, de l'écouter. Dans un long monologue, elle revient sur leur passé, va enfin imposer sa vision de leur histoire.

Jamais, on ne s'ennuie en la suivant dans ses souvenirs.

Les chapitres son très courts et l'écriture ciselée.

Il y a de l'amour, de la trahison, beaucoup de renoncement, des drames, de la lâcheté.

C'est un roman qui vaut vraiment le coup.

La couverture ne lui rend pas justice.
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Une activité respectable

J'ai une tendresse particulière pour la plume de Julia Kerninon, surtout depuis son deuxième roman Le dernier amour d'Attila Kiss dont on a moins parlé que l'excellent Buvard, mais qui m'a particulièrement touchée. Alors ces confessions d'une amoureuse des livres, d'une accro à l'écriture, d'une droguée aux mots... je les ai dégustées patiemment et voluptueusement, ravie de retrouver la prose fine et précise de l'auteur et surtout d'en apprendre un peu plus sur elle.



"Mes deux parents croyaient aux livres, ils croyaient à la solitude, à la vie intérieure, à la patience, à la chance, ils croyaient aux bienfaits d'une planche de bois solidement fixée dans une alcôve de ma chambre sur laquelle poser ma machine à écrire, peut-être même qu'ils aimaient le bruit que faisait la machine électrique quand elle mitraillait d'un seul coup la phrase que je venais d'inscrire dans l'écran minuscule au-dessus des touches. Dans la famille, personne n'avait jamais gagné assez d'argent pour y croire, alors ils ne croyaient pas à l'argent, ils croyaient à l'expatriation, à la poésie, à la sobriété matérielle, ils croyaient que la littérature était une activité respectable."



A peine trentenaire, Julia Kerninon a déjà toute une histoire, presque une légende. Des parents amoureux des livres mais surtout dotés d'un état d'esprit incroyablement ouvert, loin des préoccupations strictement matérielles. Des voyageurs qui ont transmis leur curiosité à leur fille. Cet environnement aurait pu lui peser, se transformer en contrainte et peut-être l'a-t-il été à un moment ou un autre. Mais il est surtout la sève qui nourrit sa passion et son ambition.



Car chez la jeune femme, tout est tourné vers l'écriture. Les jobs alimentaires destinés à engranger de quoi survivre durant de longs mois consacrés à écrire. La lecture. Les escapades en France, en Irlande, aux Etats-Unis, à Budapest. Budapest justement, ce séjour qui dévoile l'univers de la genèse du dernier amour d'Attila Kiss...



Ce court récit est un magnifique hommage à la littérature dans ce qu'elle a de plus pur, loin des aspects marketing, de l'argent qui tend inexorablement à pervertir l'art. S'adonner à cet art en tant qu'écrivain apparait comme un véritable luxe. Mais c'est pour Julia Kerninon son oxygène, son carburant, sa thérapie, sa raison d'être.



Tout amoureux des livres ne peut que vibrer à la lecture de ces quelques dizaines de pages pleines d'amour dans lesquelles l'écrivain nous livre avec une pudeur généreuse beaucoup d'elle-même. Dans l'attente (fébrile) de son prochain roman.
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Liv Maria

Tout au long de ce roman, un parfum de magie teinte le portrait de cette femme. Julia Kerninon suit le parcours sentimental et sensible d’une femme, à partir de sa naissance. Parfois, c’est Liv Maria qui nous parle directement. Parfois c’est une narratrice au-dessus de tout dont le sens de l’observation accroche le quotidien de la protagoniste principale tout en opérant quelques pas de côté sur les hommes de sa vie. Le roman s’ouvre sur les conditions imaginées par Liv Maria autour de sa conception. Elle dit avoir conscience de sa venue, ce que ce couple – ses futurs parents – ne pouvait réaliser. Le roman joue sur une balade assez libre dans le temps de vie pour aborder la question de la construction de la vie. Liv Maria est une femme en fuite. Elle s’éloigne de son lieu de naissance, des villes où elle a aimé, des endroits de chagrin. La vie, le hasard la rattrapent. Elle est surprise (et selon les moments, le lecteur également), ce qui provoque autant de joie que de tristesse, autant d’euphorie que de déchirements.

En se concentrant sur cette femme, curieuse, aventurière et profondément amoureuse, laissant autant de place au présent qu’au passé, Julia Kerninon compose un roman dans lequel la tragédie grandit. On quitte peu à peu la pure réalité pour se rapprocher de l’exploration des profondeurs de l’âme, du secret, de l’intime. Le roman gagne en puissance, porté par le choix des pays. On quitte la Bretagne pour Berlin avant de rejoindre le Chili puis l’Irlande. Les combats politiques, la violence des idées, la soif de liberté et d’indépendance trouvent ainsi leur place dans l’histoire, ajoutant le poids de l’Histoire à celui de la fiction.
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Une activité respectable

« … nous avions beaucoup, beaucoup de chance, me disait-elle, parce que nous avions les livres et que dans les livres les phrases étaient éternelles, noires sur blanc, solides, crédibles – elles n’étaient pas en l’air, elles ne venaient pas de n’importe qui, elles avaient été polies, ordonnées, réfléchies, par des individus précis, attentifs, et elles nous livraient le monde entier, le monde accéléré, perfectionné, lavé de ses scories, sans temps mort, un cours d’eau pur et bondissant, un monde dans lequel nous pouvions nous échapper chaque fois que le monde réel cessait d’être intéressant, ce qui arrivait beaucoup trop souvent quand quelqu’un venait nous parler. Et cette leçon-là était une grande leçon aussi, pour quelqu’un qui voulait devenir écrivain. » L’amour de la littérature est souvent le fruit d’une transmission familiale, et c’est sur ces traces que nous convie Julia Kerninon, que je découvre avec Une Activité respectable, dans cette ode à la famille, à la lecture et au métier d’écrire. Car tout écrivain est avant tout un lecteur. Et certains lecteurs se trouveront, comme elle, une vocation d’écrivain. Intéressant, et qui me donne le goût d’aller vers ses romans.
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Ma dévotion

Bien sûr, nous eûmes des orages

Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol

Mille fois tu pris ton bagage

Mille fois je pris mon envol

Et chaque meuble se souvient

Dans cette chambre sans berceau

Des éclats des vieilles tempêtes



Voilà ce qu'en substance cette vieille femme avoue à son vieil amant/ami/amour, croié au hasard de ses vieilles années, sur un bout de trottoir londonien. Elle qui a tout applani, tout facilité. Elle qui a tant travaillé et tant espéré. Qui a fermé les yeux, mais toujours laissé porte ouverte pour partager un bout de la vie de cet homme.



Laisse-moi devenir l'ombre de ton ombre,

L'ombre de ta main,

L'ombre de ton chien.



Dans l'ombre, elle a aidé et aimé l'homme et l'artiste. Il a été si fascinant, mais si peu aimable, si fantasque, si égoïste. Alors qu'elle, elle a misé sur la dévotion. Être là coute que coute. Pas sa femme, pas sa muse. Sa compagne discrète qui 'efface pour mieux rester. Quitte à n'être que personnage secondaire. Comme un arrière plan que l'on n'efface pas et qui s'imprime sur la rétine.

Cette héroïne revient au premier plan pendant ce monologue. Elle lui montre tout ce chemin parcouru. Sans rancoeur, elle lui peint le tableau de leur histoire.

C'est beau. sans concession. On oscille entre prendre parti pour l'un ou pour l'autre, mais en fait il n'y a pas de gagnant : c'est l'amour tout court et l'amour de l'art qui tirent les ficelles, menant les personnages vers leur destion tragique et la pendule d'argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Je ne suis pas très amatrice de romans d'amour, les trouvant souvent trop cul-cul la praline. Mais là c'est bien fait. Je valide.
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Liv Maria

J'avais aimé "Ma dévotion" et là encore Julia Kerninon m'a séduite.

Ce roman est le portrait d'une enfant, puis d'une jeune fille et enfin d'une femme dans toute sa complexité.

Elle est taiseuse, libre et solaire.

Il est aussi question de choix, d'amour et de trahison.

Je me suis attachée aux personnages ; Liv Maria, bien sûr mais aussi ses oncles, son père, Flynn et Richard.

L'écriture est douce, précise, fine et le rythme singulier est à l'image de Liv Maria.

Je suis tombée sous le charme.



Merci à Babelio et aux éditions L'Iconoclaste pour la découverte de ce joli romain.
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Liv Maria

Après son merveilleux Dernier amour d’Attila Kiss (Editions du Rouergue, 2016), Julia Kerninon nous offre avec Liv Maria (à paraître en août 2020) un nouveau roman-portrait, plein de passion, de flammes et de mélancolie, une de ces explorations des territoires dangereux de l’amour dont elle a le secret, une histoire si pleine de symboles et riche de questions que son lecteur en reste songeur longtemps après la fermeture du livre… N’est-ce pas là la meilleure marque d’un chef d’œuvre ? Liv Maria, fille d’un marin norvégien, passionné de livres, et d’une aubergiste bretonne, farouche et taiseuse, est née et a vécu sur une petite île. A la fin de son adolescence, elle est victime d’une agression violente, qui conduit ses parents à l’éloigner de la maison, l’envoyant comme jeune fille au pair chez la sœur de sa mère à Berlin. C’est pour la jeune fille sa première vraie découverte du monde, un déracinement, et, au cours de cet été-là, sa première grande histoire d’amour, également, avec son professeur d’anglais, un Fergus aussi féru de poésie et d’étymologie qu’amant doué dans ses caresses. Lorsqu’il repart en Irlande en septembre retrouver femme et enfants, la déception de Liv Maria est grande, une amertume bientôt alourdie par la mort de ses deux parents, qui l’oblige à revenir sur l’île. Elle tente d’oublier ces deuils, en s’abrutissant de travail, mais n’y réussit pas vraiment, et, sur les conseils d’un oncle, choisit de fuir l’île, la tristesse et l’ennui, pour une vie d’aventure. Son plaisir à lire Neruda l’amène au Chili, où elle rencontre un homme, avec qui elle partagera amour et réussite professionnelle, construisant en sa compagnie un empire hôtelier, avant de s’affirmer habile femme d’affaires dans le domaine du commerce des chevaux et des courses. Mais l’amour frappe à nouveau, quand surgit un jeune voyageur, dont la grande culture et l’esprit curieux l’attirent autant que la beauté. Elle se marie avec lui, tombe enceinte, accepte de l’accompagner dans son retour au pays natal, l’Irlande… et découvre une terrible vérité qui bouleversera le reste de sa vie ! Roman d’aventures trépidantes, portrait flamboyant d’une femme libre, petit apologue plein de saveur, poignante tragédie digne d’un Sophocle ou d’un Corneille, il y a, aux ingrédients adroitement mélangés par une auteure experte dans l’art du conte, tous ces genres dans ce texte, qui tient son lecteur en haleine d’un bout à l’autre. Mais il y a, surtout, plus subtilement, tout ce qui rend l’écriture de Julia Kerninon si réjouissante, ses incises et ses digressions, ses réflexions sur les langues (Liv Maria apprend et parle le français, le norvégien, l’anglais, l’allemand, l’espagnol… et tous les idiomes de l’amour !), l’origine et le sens des mots, son goût des détails signifiants, sa manière de piquer sans cesse au vif notre intérêt, sa traque, enfin, patiente et féconde, des tours et détours de l’amour, de sa magnifique puissance et de ses paradoxes parfois mortels. Et puis, dans ce nouveau roman, où les amants se rencontrent dans des librairies, où un père lit du Beckett à sa toute petite fille, où l’on tisse connaissance en évoquant Faulkner ou Neruda, où une libraire est appréciée pour sa «droiture littéraire » et, vendant de l’occasion, dit à ses clients « si vous voulez les nouveautés, vous n’avez qu’à aller chez Waterstones à Cork. Ici, je n’ai que des bonnes nouvelles du passé… », un lecteur ne peut que se sentir au Paradis ! Avec la certitude, en outre, que ce livre de Julia Kerninon, pour l’heure « bonne nouvelle » du présent, rejoindra bientôt le fonds fabuleux de cette si belle bouquinerie irlandaise !
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Ma dévotion

Que se passe-il lorsque une femme rencontre son grand-amour alors qu'ils sont séparés depuis plus de vingt ans et arrivent en fin de vie?

Le choix de l'auteur évite la confrontation et préfère la confession de la femme sous la forme d'un long monologue qui résume leur histoire depuis l'adolescence, leurs vies communes , leurs séparations, leurs retrouvailles.

C'est un cheminement vers la vérité, sa vérité à elle sur ce qu'elle a enduré, souffert, sacrifié pour lui, toute entière dévouée à cet homme, peintre devenu célèbre, elle dans l'ombre, sorte d'amie fidèle ou de maman effacée, facilitatrice de vie .

Magnifique analyse des rapports amoureux, de leurs non-dits, des drames qui peuvent en découler. Superbe plume qui tient en haleine.

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Ma dévotion

En tant que blogueuse, j’ai le plaisir de lire un grand nombre livres. Ceux que j’achète, ceux que des auteur.es m’envoient, ceux que je reçois des maisons d’Editions. Des livres que j’ai aimés un peu, beaucoup ou pas du tout voire même que je n’ai pas pu terminer...



Et puis, il y a les immenses coups de cœur. Ces livres que je referme en regrettant de les avoir achevés, ceux qui m’habitent pendant des jours, des mois, auquel je pense sans cesse. Ces livres qui m’ont émue aux larmes, dont la qualité de l’écriture m’a conquise, les mots, la plume, ces phrases que l’on relie tant on aime s’en imprégner. Il y a ces livres là qui donnent un sens à la lecture, l’envie de poursuivre, de recommencer. Des mots que l’on dévore absorbé par le récit, impatient d’en connaitre la suite, attentif à chaque point ou virgule. Une musicalité qui transporte. Un voyage.



Ma dévotion est un de ces livres. Je le referme et je voudrais recommencer. Côtoyer Helen et Franck, les suivre à Rome, Amsterdam ou en France, vivre à nouveau les émotions de leur passion, le gâchis, les erreurs. Reprendre l’incompréhension, les mots silencieux, ceux qu’elle n’a pu dire, la souffrance, les espoirs.



Helen s’est oubliée tout à son amour pour cet homme. C’est l’histoire d’une vie, du mal que l’on se fait, du mal que l’on accepte. L’amour absolu et l’abnégation.



Ce roman est fin et captivant, l’écriture ciselée. Un roman Coup de cœur à lire absolument.
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Liv Maria

Retour de lecture sur "Liv Maria" cinquième roman de Julia Kerninon, jeune auteure nantaise de 33 ans, publié en 2020. Ce livre dresse le portrait de Liv Maria Christensen, née d'une mère bretonne rugueuse et d'un père norvégien sensible, qui lui a donné le goût de la littérature. On suit cette femme au fort caractère, de son adolescence à ses quarante ans. On assiste ainsi à un parcours constitué d'expériences quelquefois douloureuses, de voyages, de relations, qui ont contribué à faire de cette femme une femme libre, indépendante et complexe. Ce livre est très agréable à lire, l'écriture est très belle, Kerninon explore à merveille la vie intime de Liv Maria, ses émotions, ses amours et états d'âme. Le décalage entre les apparences et sa vie intérieure ainsi que les atermoiements de cette femme si forte, et ses doutes par rapport à un très lourd secret sont magnifiquement bien décrits. Mais là où le bât blesse vraiment dans ce livre, c'est dans le scénario. Le destin de cette femme va changer suite à une rencontre fortuite à l'autre bout de la planète, et même si on peut considérer que le monde est petit, celle-ci est totalement abracadabrante et absolument pas crédible. Ensuite, le choix final de l'héroïne face à sa culpabilité, alors qu'elle a environ 40 ans, 2 enfants, une personnalité très complexe mais qui semblait apaisée, est également très peu réaliste. Son secret a beau être très lourd à porter, son choix semble totalement incompréhensible. Malgré toutes ses autres qualités, je ne comprends donc pas le succès de ce livre, qu'il soit public ou critique, avec un scénario aussi peu crédible. Même si on passe un bon moment de lecture, ce livre n'est absolument pas convaincant. C'est très bien écrit, le portrait de cette femme est très intéressant, subtil, mais l'histoire ne tient absolument pas la route, ce qui gâche évidemment tout.
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Liv Maria

Liv Maria est une jeune fille qui grandit sur une petite île bretonne, entre son père, Norvégien amoureux des arbres, du bois et des livres, et sa mère, bretonne, ancrée sur son île, dont elle est la tenancière du café -restaurant. Suite à un incident, alors qu'elle a seize ans, sa mère décide de l'éloigner de l'île qui était tout son univers, pour l'envoyer à Berlin, chez son oncle et sa tante. A Berlin, elle tombe éperdument amoureuse d'un homme plus âgé qu'elle, la quarantaine, père de famille, venu là pour donner des cours d'anglais le temps d'un été. A la fin de l'été, ils se quittent avec la promesse de s'écrire…mais elle ne recevra aucune lettre !

Se sentant trahie, elle a la douleur, peu de temps après, de perdre ses deux parents dans un tragique accident…Ce sera pour elle le début d'une fuite en avant : d'abord de retour sur son île, elle se fond dans le rôle de sa mère en reprenant les rênes du café, en créant des chambres d'hôte, mais elle finit par partir sur un coup de tête et arrive au Chili où commence le reste de sa vie, très rocambolesque. Elle profite de la vie, de sa jeunesse, de sa beauté et devient riche en participant à la construction d'hôtels de luxe. Et là, une autre rencontre va bouleverser sa vie : elle rentre en Europe, en Irlande, se marie, devient mère de deux enfants, reprend une librairie…jusqu'à ce que son passé berlinois ressurgisse .



J'ai beaucoup aimé la première partie de ce livre, moins la période où elle est au Chili qui m'a vraiment parue plus invraisemblable…mais ce roman m'a surtout laissé sur ma faim ! Sa fin m'a semble trop abrupte. On reste avec beaucoup d'interrogations sans réponses. D'ailleurs, j'ai tourné la dernière page, pensant qu'il restait au moins un épilogue à lire !



C'est en tout cas un bon roman, agréable à lire, qui nous tient en haleine. le style de Julia Kermanon est agréable, elle nous fait voyager avec ses personnages et sait nous montrer leurs tourments, leur ambivalence… J'aurais juste voulu continuer à suivre le fil de la vie de Liv Maria !


Lien : https://deslivresetmoi72.wix..
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Liv Maria

Liv Maria est l'histoire d'une jeune fille avec une enfance à part, élevée par des parents aimants dans un monde à part sur une petite île bretonne. Cette jeune fille deviendra une adolescente puis une jeune femme libre, marquée par un premier amour très fort, qui façonnera sa vie de jeune adulte, puis de mère d'une manière singulière et bouleversante à plus d'un titre.



Ce roman est intéressant, avec un regard sur le monde par le prisme d'une jeune femme courageuse et forte. Pourtant, sans dévoiler le point principal du roman, j'ai trouvé très peu probable la rencontre avec celui qui deviendra le père de ses enfants, et ce qui en découle.
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Liv Maria

C'est un portrait de femme plutôt atypique que nous conte là Julia Kerninon. Liv Maria a, en effet, un parcours hors du commun et mouvementé. Tout part d'une agression sexuelle sur son île bretonne. De là, elle connaîtra l'amour avec son professeur à Berlin. Elle partira au Chili, construire des hôtels et gérer un ranch. Elle se mariera et deviendra mère de famille en Irlande. Lorsque le passé revient au galop et de façon inattendue, elle ne sait comment avouer l'inavouable et apprend à vivre avec ce sentiment de culpabilité de plus en plus profond...



C'est à travers ses épreuves et ses choix, souvent sortis des sentiers battus, que nous suivons Liv Maria dans sa quête constante d'identité et de liberté. La plume réfléchie et précise de l'autrice nous permet de bien la cerner, et de comprendre ses décisions.



Je ne connaissais pas Julia Kerninon jusqu'à aujourd'hui et je remercie ma bibliothécaire pour son conseil avisé. C'est une belle découverte, dans laquelle le style de l'autrice est aussi dynamique et spontané qu'il peut être posé et raisonné.
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Liv Maria

J avais lu beaucoup d éloges sur ce livre et j ai été ravie de constater lors de ma lecture, qu elles étaient méritées.

L écriture est fluide et nous amène à tourner les pages de plus en plus vite. Le récit de la vie de Liv Maria défile sous nos yeux. Qui est-elle?



L histoire est bien construite et m a emportée. Sans avoir vraiment l'impression de la saisir, tout comme les personnages secondaires n y parviennent pas, j ai, malgré tout, aimé Liv Maria.

La vie de cette femme nous fait voyager, nous questionne. Le passé peut resurgir alors même qu on aurait presque oublié certains événements.



Liv Maria est un beau portrait de femme. J ai passé un agréable moment et j ai découvert une nouvelle auteure, Julia Kerninon, dont j ai hâte de lire d autres de ses œuvres.
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Liv Maria

Liv Maria a vécu mille vies. Quand on la rencontre, elle vit sur une île bretonne où elle est née d’un père norvégien, grand lecteur, arrivé là un peu par hasard et tombé sous le charme de la mère de Liv Maria, une insulaire depuis de nombreuses générations, peu bavarde, patronne du café de l’île. Liv Maria est sauvage, elle est heureuse de cette vie à part, confrontée aux éléments, avec une totale liberté (elle est même autorisée à conduire sur son île alors qu’elle est loin d’avoir l’âge). Mais un événement va la forcer à quitter l’île pour aller comme jeune-fille au pair à Berlin, chez sa tante. Elle y prend des cours d’anglais et rencontre Fergus, le professeur, qui va jouer un rôle central dans sa vie. Elle ira ensuite au Chili où elle élèvera des chevaux et fera des affaires qui lui permettront de porter des « bracelets d’or aux poignets » … Enfin elle se pose, se marie, devient mère et s’installe en Irlande. Mais plus le temps passe, plus Liv Maria a dû mal à faire coexister ces différentes vies et facettes de sa personnalité : l’enfant sauvage, la jeune maîtresse, l’amante, la femme d’affaires, l’épouse, la mère…d’autant plus qu’elle cache un lourd secret. J’ai été emportée tout de suite dans ce roman tant par l’histoire que par le style. Le personnage complexe de Liv Maria est assez fascinant. L’écriture de Julia Kerninon est indéniablement travaillée et pourtant très fluide. Il y a à la fois une histoire avec un rebondissement que je n’ai pas vu venir et en même temps de très belles pages, des métaphores qui restent (pour moi c’est l’image de Liv Maria qui dit se sentir ancrée dans le sol en tenant chacun de ses fils par la main). C’est rare de trouver un tel équilibre entre le style et l’histoire sans que l’un prenne le pas sur l’autre. Une vraie réussite et un livre que je relirai sûrement ce qui ne m’arrive quasiment jamais.
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Sauvage



Ce nouveau roman de Julia kerninon avait, me semblait-il, tout pour me séduire: l'Italie, la cuisine, une héroïne forte, libre et déterminée et une autrice dont j'avais beaucoup aimé le roman "Liv Maria".

Malheureusement le rendez-vous fut décevant. Ce portrait de femme ne pas convaincue. Ottavia est certes tenace et talentueuse mais je l'ai trouvée également assez peu attachante et égoïste. Je n'ai pas retrouvé l'élan romanesque de Liv Maria, la réflexion profonde sur la liberté, les choix de vie, les bifurcations et les rencontres qui nous construisent.

Ottavia grandit dans les cuisines de son père et va se construire professionnellement surtout contre lui. Il y aura des hommes dans sa vie, Cassio tout d'abord avec qui elle partagera sa passion de la cuisine, puis Clem relation brève et fulgurante et son mari Bensch. Ce dernier, critique gastronomique et universitaire, met tout en oeuvre et sacrifie beaucoup pour permettre à Ottavia de vivre pleinement sa passion. Mais rien n'accroche vraiment cette femme hormis son désir d'avoir son restaurant, d'être la meilleure. Même ses enfants ne semblent pas avoir grande importance dans sa vie. Son restaurant est une nécessité exclusive.

Déconvenue, donc avec ce récit qui restera pour moi une histoire assez banale, plutôt bien écrite mais qui ne m'a apporté ni enthousiasme, ni interrogation, ni réflexion nourrie sur le féminisme. Je l'aurai très vite oublié.
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Liv Maria

C’est l’histoire d’une femme, Liv Maria, au destin peu commun.



Femme multiple, Liv Maria Christensen est née sur un petite île bretonne d’un père norvégien et d’une mère issue d’une grande famille d’insulaires. Elle est libre sur son île, indépendante. Suite à une tentative de viol sa mère l’envoie à Berlin pour qu’elle se confronte à la vraie vie. Elle y étudiera l’anglais avec Fergus, son professeur, d’origine irlandaise. Marié, père de trois enfants, ils passeront leur été dans les bras l’un de l’autre. Ce n’est que quand il disparaîtra sans plus donner de nouvelles que Liv Maria comprendra qu’elle doit se protéger pour se préserver.



Certaines auraient pu s’effondrer. Elle n’en sera que plus forte, du moins en apparence et jusqu’à un certain point. Elle reviendra sur son île au décès de ses parents. Désormais orpheline, plus rien ne la retient. Elle partira au gré du hasard et des rencontres.

C’est cette histoire qui est contée ici comme un roman initiatique, celui d’une femme forte et indépendante qui réussit ce qu’elle entreprend. Mais le propos n’est pas nécessairement là. C’est surtout celui d’une femme libre, qui conservera toujours son jardin secret.



Si le destin de Liv Maria jusqu’à sa rencontre avec Flynn, irlandais rencontré dans une librairie au Chili, m’a paru intéressant, j’avoue que la suite m’a laissée un peu sur ma faim. Il reste trop de questions en suspend autour de cette femme forte dont on devine une fragilité et les doutes qui l’habitent.



Joli personnage au destin singulier (même si assez invraisemblable mais pourquoi pas !) mais au final un goût d’inachevé. Dommage !
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