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Citations de Julian Barnes (575)


Du côté anglais, la pauvreté géographique ne fait qu’exacerber les querelles léguées par l’histoire. La Grande-Bretagne n’a que la France pour voisin manifeste, tandis que celle-ci peut se distraire avec trois autres cultures majeures – l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. Au large des côtes sud de la France s’étend le continent africain ; au large des côtes nord de l’Angleterre, les îles Féroé, et des phoques en quantité. La France est à nos yeux la première incarnation de l’Etranger ; c’est notre principale destination exotique. Il n’est donc pas surprenant que nous pensions plus aux Français qu’ils ne pensent à nous (ils peuvent même acquérir leur culture anglo-saxonne ailleurs – de l’autre côté de l’Atlantique, s’ils le souhaitent). Les Anglais sont obsédés par les Français, alors que les Français ne sont qu’intrigués par les Anglais. Quand nous leur exprimons notre amour, ils l’acceptent comme un dû ; quand nous leur exprimons notre haine, ils sont perplexes, agacés, mais la considèrent avec raison comme notre problème, et pas le leur.
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Cet "intérieur" est rendu par des nuances plus sombres de rouge, un fond grenat qui fait ressortir l'écarlate du motif central. On voit de lourdes tentures retenues par une embrasse, et d'autres pans d'étoffe ; le tout se fond dans un tapis de la même teinte grenat, sans ligne de séparation visible. L'ensemble est très théâtral : il y a comme un air de plastronner non seulement dans la pose, mais aussi dans le style pictural.
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Nikita pouvait déclarer un jour que votre musique lui donnait la colique
et le lendemain après un grand banquet
aller jusqu'à faire votre éloge.
p 145
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Julian Barnes
Nous n'allions pas à l'église, mais nous allions à la bibliothèque.
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Alors pourquoi aspirons-nous constamment à l’amour ?
Parce que l’amour est le point de rencontre entre la vérité et la magie. Vérité, comme en photographie; magie, comme en aéronautique.
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On parie sur une relation, elle échoue ; on passe à la suivante, elle échoue aussi : et peut-être que ce qu'on perd, ce n'est pas simplement deux mises, mais un multiple de ce qu'on a misé. La vie n'est pas qu'addition et soustraction. Il y a aussi l'accumulation, la multiplication, de la perte, de l'échec.
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Ces dernières paroles (et leur source inattendue) m’ont fait songer aux secrets de l’amour ; ce qui n’est pas montré et ce qui n’est pas dit. Je ne pense pas à « l’amour qui n’ose pas dire son nom » ou ce genre de choses, mais aux plaisirs ordinaires de … quoi donc ? … d’une sorte de dissimulation choisie. J’ai dit que j’aimais Elizabeth Finch – du moins, je suis presque sûr que je l’aimais ; et je l’aime encore, par-delà la mort. C’est un amour qui a commencé dans la salle de classe, mais ce n’était pas l’amour juvénile qu’un enfant peut éprouver pour son professeur. J’avais plus de trente ans, après tout. Cela n’avait rien d’un amour marital – pas celui dont j’ai fait l’expérience, en tout cas. Pas plus que ce n’était un amour fantasmé, en dépit de mes vagues rêveries sexuelles. (Une confession : je pensais parfois, dans des moments d’indolente spéculation, qu’au cas très improbable où nous coucherions ensemble je l’appellerais encore « Elizabeth Finch » - prénom et patronyme. Et il me semblait alors qu’elle approuverait cela et que, entre les draps, ce que cela pouvait avoir de guindé prendrait une coloration plus intime, aguichante, sexy. Pensez ce que vous voulez de ça.)
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La civilisation progresse-t-elle ? Elizabeth Finch aimait nous poser cette question. Il y a sans nul doute des progrès en médecine, en science, en technologie. Mais sur le plan humain, moral ? Mais en termes de philosophie ?
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Une des citations dans son carnet était, bien sûr : "il vaut mieux avoir aimé et perdu ce qu'on aimait, que de n'avoir jamais aimé" (Tennyson). Au bout de quelques années, il l'avait rayée. Puis il l'avait de nouveau écrite ; puis de nouveau biffée. Maintenant, il avait les deux phrases côte à côte sur la page, l'une intacte et vraie, l'autre rayée et fausse.
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Son allure de raté n'avait rien de désespéré. Elle semblait plutôt être le résultat d'une prise de conscience qui ne l'avait pas affligé. Il n'était fait pour le succès et en conséquence son devoir était de s'assurer qu'il fût un raté correct et acceptable.
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[...] il est toujours possible d'avilir un peu plus les vivants. On ne peut en dire autant des morts.
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Qu'est-ce qui pourrait être opposé au fracas du temps ? Seulement cette musique qui est en vous - la musique de notre être - qui est transformée par certains en vraie musique. Laquelle, au fil des ans, si elle est assez forte et vraie et pure pour recouvrir le fracas du temps, devient le murmure de l'Histoire. C'était sa conviction.
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Le mécanisme de la sélection naturelle repose sur la survie, non du plus fort, ou du plus intelligent, mais de celui qui sait le mieux s'adapter. Oubliez les meilleurs et les plus brillants, oubliez l'évolution en tant que version noble, impersonnelle, socialement acceptable de l'eugénisme. Elle nous mènera où elle voudra - ou plutôt, ne "nous" mènera pas puisque nous nous révélerons trop mal équipés pour ce vers quoi elle ira ; elle nous rejettera comme de grossiers prototypes insuffisamment adaptables, et continuera aveuglément vers de nouvelles formes de vie qui nous feront paraître - nous et Bach et Shakespeare et Einstein - aussi lointains que de simples bactéries et amibes.
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Margaret avait coutume de dire que les femmes commettent souvent l'erreur de conserver le style capillaire qu'elles avaient adopté à l'apogée de leur séduction.; elles s'y tiennent bien après que c'est devenu inapproprié, parce qu'elles ont peur de les couper.
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À l'époque, les choses étaient plus simples : moins d'argent, pas de gadgets électroniques, peu de tyrannie de la mode, pas de petites amies. Il n'y avait rien pour nous distraire de notre devoir humain et filial qui était d'étudier, de passer les examens, d'utiliser les qualifications obtenues pour trouver un emploi, et puis d'adopter un mode de vie d'un inoffensif mais plus grand raffinement que celui de nos parents, qui approuveraient, tout en le comparant en eux-mêmes à celui de leur propre jeunesse, qui avait été plus simple, et donc supérieur. Rien de tout cela, bien sûr, n'était jamais dit : le très convenable darwinisme social des classes moyennes anglaises restait toujours implicite.
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La vie solitaire a ses moments d'apitoiement sur soi et de paranoïa.
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La parole est un chaudron félé où nous battons des mélodies à faire danser les ours quand on voudrait attendrir les étoiles.
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Nous vivons avec de telles hypothèses faciles, n'est-ce pas? Par exemple que le souvenir est égal à des événements plus du temps. Mais c'est beaucoup plus étrange que cela. Qui a dit que la mémoire c'est ce que nous pensions avoir oublié? Et il devrait nous paraître évident que le temps n'agit pas comme un fixateur, plutôt comme un solvant. Mais cela ne nous convient pas - c'est inutile- de le croire ; cela ne nous aide pas à aller de l'avant dans nos vies; alors nous l'ignorons.
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George Ernest Thompson Edalji fut accusé d'avoir blessé avec préméditation et intention de nuire un cheval appartenant à la Compagnie charbonnière de Great Wyrley, le 17 août. Il fut noté que l'accusé plaidait non coupable, et l'inspecteur Campbell fut invité à témoigner pour la police. Il expliqua qu'on l'avait fait venir dans un champ près de la houillère vers sept heures du matin et qu'il y avait vu un poney gravement blessé qu'il avait fallu achever ensuite.
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Je suppose que j’ai toujours cru instinctivement (ou nonchalamment) que ces mirifiques mythes et martyres, avec leurs fracassants messages de salut, quoique sûrement « améliorés » en étant maintes fois racontés, avaient leur origine dans quelque plus rude réalité. Quand on regarde un puissant tableau donnant à voir un violent martyre, il nous persuade que c’est la représentation d’un événement qui s’est jadis produit. Mais toutes ces saintes compilations, comme les Actes des martyrs, et leurs illustrations ultérieures ne sont que d’édifiantes fictions, plutôt que des Vies réelles. L’opinion actuelle des érudits n’est pas seulement que peu de ces célèbres martyrs ont existé, mais que leur nombre total fut en fait minuscule. Certes, beaucoup de chrétiens furent tués « simplement » parce qu’ils étaient chrétiens (et refusaient d’abjurer leur foi devant une cour de justice) ; mais, là aussi, bien moins que précédemment supposé. D’après un « prudent calcul », au cours des trois premiers siècles de l’ère chrétienne, « entre deux et dix mille chrétiens furent mis à mort par le pouvoir temporel de l’Empire romain ». (Même pas les onze mille de sainte Ursule !) Quant au nombre de ceux qui voulaient mourir, persuadés de prendre ainsi la voie d’accès rapide au Ciel : « Même les Docteurs de l’Église ne peuvent présenter plus d’un ou deux cas de martyre volontaire. »
En outre : nous pensons (ou je pensais) que les païens tuaient les chrétiens, et les chrétiens, les païens, tour à tour, ripostant à un massacre par un autre. Ils le faisaient, mais c’était peu de chose, comparé à la violence entre les chrétiens de différentes obédiences. (Le narcissisme des petites différences.) Comme dit Ammien, ils étaient « pires que des bêtes féroces quand ils disputaient entre eux », tandis que Gibbon déclare avec une ironie désabusée : « C’est un rappel salutaire de l’importance d’une exactitude théologique, que davantage de chrétiens furent mis à mort en une seule année de l’empire chrétien, qu’on n’en avait exécuté en trois siècles de domination païenne. »
J’avoue que tout cela m’a d’abord découragé. Mais j’en ai pris note, et j’en ai tiré deux conclusions. Primo, que les théologiens peuvent aussi faire d’excellents romanciers. Et secundo, que l’erreur historique est une composante essentielle de ce qui fait une religion.
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