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Critiques de Han Kang (178)
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Leçons de grec

Livre où tous les sons semblent absorbés comme lorsqu'il neige, ambiance ouatinée mais aussi douloureuse et violente.

Une belle et bouleversante rencontre entre deux êtres enfermés en eux-même qui vont se reconnaître dans ce "monde éphémère et beau" et petit à petit tenter de s'ouvrir.

Le lecteur se laisse vite gagner par cette "tristesse délicate" qui les habite et qui fait toute la beauté de ce livre poignant.

Me sont revenus au cours de cette lecture les mots de Henri Calet à la fin de son livre inachevé "Peau d'ours" : " C'est sur la peau de mon cœur que l'on trouve des rides. Je suis déjà un peu parti, absent. Faites comme si je n'étais pas là. Ma voix ne porte plus très loin.

(...) Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes."

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La végétarienne

C’est l’histoire de ma femme qui a décidé de devenir végétarienne. A priori rien contre, je peux moi aussi me passer de bœufs aux hormones ou de poulets à la dioxine. Sauf que, parce qu’il y a toujours des mais dans l’insatisfaction masculine, elle n’a plus de seins depuis qu’elle ne mange que de la verdure. Merde, quoi, un homme a toujours besoin de téter les seins de sa femme ! Le pire, c’est que les relations sexuelles ne l’intéressent même plus. Elle se sent devenir « végétale ». A force de ne se nourrir que d’eau fraiche. Mais sans amour, la vie n’est plus une vie. Et en plus, au moindre rayon de soleil, elle se fout à poil pour capter l’énergie et faire monter la sève qu’elle a en elle. La tête en bas, les pieds en l’air. Une folle ! A faire interner d’urgence.



Voilà donc la première histoire de ma vie – ou de ma femme qui ne mangeait plus rien du tout et qui par conséquent ne me faisait même plus à manger. Tu me diras, vu de ton œil lubrique, pas très passionnant cette histoire de folle plate comme une limande et qui en plus ne mange même plus de poisson. Elle est folle, elle est végétarienne. Point final.





C’est l’histoire de ce beau-frère. Rien de bien passionnant en sa personne, un peu taciturne, il est dans l’art ou un truc dans ce genre et passe son temps à monter des films amateurs. Et là, le lecteur que je suis bascule dans un autre monde, celui de la volupté et du plaisir charnel. Il tombe amoureux de cette femme, la sœur de sa femme, abandonné par son mari, laissé à l’abandon dans un asile. Une alchimie se crée, des effluves de pins se répandent dans l’atmosphère. La folle remange, sort de son asile et fait l’amour aussi sensuellement qu’un enchevêtrement de racines dans une mangrove. Moi aussi, j’ai envie de lui faire l’amour, de sentir la sève couler entre ses cuisses et déverser mon sirop d’érable en elle. Peu importe s’il n’y a pas de forêts d’érables en Corée du Sud.



Tu veux une troisième histoire, celle de la sœur de la folle, la sœur de la dite végétarienne, qui ne comprend pas qu’on en arrive à de telles extrémités, qui semble aussi perdue que sa sœur, son mari, ou son beau-frère. Mais elle reste sa sœur, même dans l’incompréhension. Et les liens du sang ne se discutent pas, même si le sang se transforme en sève et que le rouge hémoglobine se colore en vert chlorophylle. Le genre de femme à se poser beaucoup de questions, mais l’histoire dépasse tant le domaine de l’imaginable qu’elle ne peut éprouver que malaise et pitié en regardant sa sœur se « transformer » en plante verte.



Je ne connaitrai jamais directement le ressenti de l’intéressée, « la végétarienne » avec ses cauchemars maculés de sang et de boucherie, mais je fantasme déjà chaque parcelle de son corps avec la furieuse envie de sortir ma tige de bambou et de laisser couler ma sève entre ses cuisses. Une telle rencontre est si improbable, une telle métamorphose si kafkaïenne, que j’ai ce besoin aussi de planter mes racines entre les siennes et de sentir cette odeur végétale d’herbe mouillée par la rosée. Han Kang signe là un roman aussi étrange qu’envoutant, aussi sensuel que bandant. Du rarement lu.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Impossibles adieux

Un jour de décembre à Séoul, Gyeongha, la narratrice, reçoit un message d'Inseon, une amie perdue de vue depuis quelques années. Celle-ci a été amenée d'urgence dans un hôpital de la capitale après s'être sectionné deux doigts en coupant du bois. Inseon demande à Gyeongha de lui rendre un service : aller nourrir son perroquet blanc, qui à défaut risque de mourir de faim dans les 24 heures. le problème étant que le domicile d'Inseon se trouve dans un tout petit village isolé à plusieurs heures d'avion et de bus de Séoul, et qu'une violente tempête de neige vient de se déclarer...



Quel étrange roman, à la fois onirique et ancré dans la réalité la plus cruelle, celle d'un épisode terrible de l'histoire de la Corée du Sud qui s'est déroulé en 1948-1949, et au cours duquel des milliers de civils ont été massacrés par l'armée, pour la seule raison qu'ils étaient communistes.

L'intention de l'auteure de rendre hommage à ces victimes oubliées et de (re)mettre en lumière cette triste page d'histoire est bien entendu tout à fait louable. Mais fallait-il pour autant que la trame soit aussi complexe ? Je me suis perdue dans les ellipses du roman : lorsque, comme moi (et sans doute d'autres lecteurs occidentaux), on manque de connaissances sur l'histoire coréenne, il est difficile de comprendre de quels faits historiques il est question sans recourir à Internet. Par ailleurs, j'ai trouvé gênant le manque de repères temporels et confuse la généalogie d'Inseon. Je n'ai pas non plus vraiment compris les raisons de la débâcle psychique et familiale de la narratrice. Quant au flou et au dédoublement entre rêve et réalité, il m'a laissée sur ma faim puisqu'il n'est finalement pas résolu, ce qui m'a donné l'impression que l'auteure ne savait pas comment terminer son histoire.

L'écriture est poétique et délicate, mais pour moi le fil narratif est inutilement sophistiqué. La simplicité et la sobriété n'empêchent pas la force et la beauté.



En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.



#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance
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La végétarienne

Un matin comme tous les autres, Yŏnghye vide son réfrigérateur de tous les produits d’origine animale. Au grand dam de son mari, elle a décidé de devenir végétarienne. Jusqu’ici elle était une épouse modèle, discrète et dévouée et soudain elle se comporte étrangement sans donner d’explication à cette nouvelle lubie, si ce n’est un rêve qu’elle aurait fait. Pour son mari, la situation est insupportable. Yŏnghye se nourrit peu, elle dépérit, elle est mutique et refuse de faire l’amour.

Sa famille, appelée à la rescousse, est tout aussi désemparée. Son père, un homme violent, la frappe et veut lui faire ingurgiter de force un morceau de viande, la poussant à la pire extrémité. Tous finissent par se détourner d’elle, mis à part sa sœur et son beau-frère. Depuis qu’il sait qu’elle a conservé la tache mongoloïde de sa naissance dans le bas de son dos, ce dernier est obsédé par le corps de sa belle-sœur. Artiste vidéaste, il fantasme sur cette tache verte, végétale, et rêve de peindre son corps et de le filmer. Conciliante, Yŏnghye le laisse faire et son beau-frère va très loin, trop loin, pour l’amour de l’art. Au point que sa femme décide de les faire interner tous les deux. Son mari s’en sort et disparaît tandis que sa sœur dépérit dans un hôpital psychiatrique. Yŏnghye a décidé de ne plus manger, de devenir un arbre. La vie de sa sœur, désormais mère célibataire, est rythmé par son travail, son fils et les visites à Yŏnghye qui a sombré dans la folie…



Quel roman étrange ! Un savant mélange de violence, de folie et d’érotisme. Le végétarisme de son héroïne n’est qu’un prétexte pour Kang Han, une façon de montrer comment dans la société coréenne hyper normée, la différence peut détruire l’équilibre d’un couple, d’une famille. Le mari de Yŏnghye attend d’elle qu’elle cuisine, de préférence des plats qu’il aime, qu’elle le serve, qu’elle soit aimable avec son patron, en bref qu’elle reste dans le rang. Ne plus manger de viande est une anomalie, un pas de côté mal toléré. En affirmant sa différence, Yŏnghye est perçue comme folle et, de fait, elle le devient.

Ses motivations nous restent inconnues. Yŏnghye reste un personnage éthéré, dont on ne connait pas les pensées, comme la plante qu’elle aspire être. Ce sont son mari, son beau-frère et sa sœur qui racontent son cheminement vers la folie et la façon dont ils ont vécu les choses. Son mari avec tout l’égoïsme du mâle qui voit sa femme lui échapper. Son beau-frère avec la violence d’un désir irrépressible. Sa sœur avec plus de réflexion et de résilience.

Un roman noir, désespéré. Le cri silencieux d’une femme seule qui renvoie chacun à sa propre solitude, au manque d’empathie et de communication dans une société rigide et intolérante.

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Impossibles adieux

Lorsque Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon, qu’elle n’a pas vue depuis un an, elle ne se doute pas qu’elle va mettre le doigt dans un engrenage qu’elle ne pourra pas maîtriser. Inseon, hospitalisée à Séoul pour une grave blessure à la main, lui demande d’aller chez elle pour donner à boire à son oiseau. Il risque de mourir si Gyeongha n’y va pas le jour même. Le problème est qu’Inseon habite à Jéju, à plusieurs heures d’avion et que le temps n’est pas de la partie. Lorsque Gyeongha arrive, elle doit faire face à une terrible tempête de neige.



Quel livre extraordinaire ! Tout en pudeur, à pas feutrés, il nous entraîne à la fois dans l’imaginaire et dans l’Histoire. Celle, terrible, des massacres auxquels des civils, parce que communistes, ont dû faire face entre 1948 et 1949. Je ne connaissais pas ce fait, il faut dire que j’en connais très peu sur l’Histoire de la Corée du Sud, et cela m’a permis également, à travers ce récit, de me documenter.



L’écriture est superbe, presque poétique. Le fait de ne pas savoir si nous sommes dans la réalité ou dans de l’onirique, voire fantastique, permet au lecteur de se faire sa propre idée même si je vous avoue qu’en arrivant à la fin, j’étais frustrée qu’on ne me le dise pas.



Un grand merci à Netgalley et aux Éditions Grasset pour cette très belle découverte.
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Leçons de grec

Je me souviens de son premier roman, « La Végétarienne ». Han Kang m’avait subjugué par sa plume, son audace, sa sensualité. Le début peut-être d’une grande histoire entre elle et moi, - et les végétariennes peut-être. Quelques années après, je me décide à apprendre le grec, pas n’importe lequel, le grec ancien, avec son écriture qui ressemble autant à des hiéroglyphes qu’à de l’alphabet coréen. Dans l’amphithéâtre ou à la terrasse d'un café, le parfum de feta se mélange à celui de l'ouzo, temps anciens chauffés par le soleil d'une rencontre silencieuse.



Dès que je rentre dans la salle de cours, je retrouve la grâce. Certes je me sens parfois perdu dans les considérations linguistiques d’une telle langue morte, mais je touche la beauté de l’âme. Cet homme qui perd progressivement la vue, et qui ne perçoit plus que des ombres de lumière dont le soleil lui brûle sa rétine. Cette femme qui ne dit pas un mot. Elle semble avoir perdu l’usage de la parole. D’ailleurs m’entend-elle ? Pourquoi ne me parle-t-elle pas ? Ces deux êtres dont leurs blessures paraissent s’inscrire au plus profond d’eux-mêmes, vont se retrouver. Avec timidité mais émotions...



Parce qu’il ne faut pas s’arrêter au silence de l’un ou au regard absent de l’autre. Ces différences ne sont pas des signes d’indifférence. Bien au contraire. Ce fut un tel bonheur de voir leur histoire se rejoindre, avec ainsi leur « handicap » qui font d’eux des êtres à part. Est-ce parce que l’on ne parle pas que l’on ne ressent pas cet étrange sentiment qui peut apparaître parfois sous le nom de l’amour ? Une nuit illuminée par le bleuté de sa lune, ils vont partager leur sentiment. Des regards aux lunettes cassées, des mains qui se touchent et se coupent, des paroles échangées à sens unique, une écoute d’âme à âme. Il parle, elle lui répond en tenant sa main. Elle le regarde dans les yeux, profondeur de l’âme, il sent son parfum l’entourer. Des signes d’amour qui se passent de mots, nuit silencieuse la fenêtre sur l’extérieur fermée.



Bonsoir chef ! Galette, salade tomates oignons, sauce blanche et harissa... Et une Efes s'il vous plait.
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La végétarienne

A travers ces trois récits centrés sur Yonghye, cette femme qui a décidé de devenir végétarienne au grand dam de sa famille, c'est toute la société coréenne qui est passée au hachoir. Cette société du travail jusqu'à l'épuisement, de la morale confucéenne où le père, le mari, le patron… l'homme à qui la femme doit se plier sans répit, de la violence qui éclate au quotidien, ou encore de la viande sous tous ses aspects, du poulpe ou du poisson que l'on mange encore vivant ou du chien que l'on attache et que l'on fait courir derrière une voiture, qu'on laisse mourir d'épuisement dans une souffrance terrible, pour en attendrir la chair. Yonghye n'est, à mon avis, qu'une métaphore de cette société. J'allais oublier la folie bien sûr, qui attend celui ou celle qui ne se conforme pas à la majorité. Vouloir devenir un végétal, me semble bien alors être une bonne option pour s'échapper. C'est un roman surprenant par son thème, brillant par sa construction, très efficace par son écriture (bravo les traducteurs). Il me fait penser à un écrivain japonais, Abe Kobo qui, dans chaque livre n'a pas manqué de dénoncer cette difficulté de vivre en tant qu'individu. D'ailleurs, dans son dernier livre, « Cahier Kangourou », il s'agit aussi d'un homme au bord de la folie qui se transforme peu à peu en végétal.

« La végétarienne » est une recherche de sens de la vie. Ça me donne envie de relire « Le mythe de Sisyphe » de Camus.
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Blanc

Blanc.

Blanc comme la neige.

Blanc comme le sel.

Blanc comme mes draps.

Ou blanc comme mon sperme.

Les deux ont un rapport intimement évident.

Blanc comme le riz dans son bol en céramique



Blanc, un titre en tout simplicité qui parle... de blanc.

Pas le petit blanc de dix heures du mat' que tu pouvais boire au comptoir.

Non, le blanc pur, immaculé.

Et le blanc deuil.

Le blanc symbole de mort dans certaines cultures, et image de naissance dans d'autres.



Le blanc neige, celui de la tempête furieuse qui te fait plisser les yeux, celui de la grâce des flocons virevoltant dans les airs avant de se liquéfier sur le trottoir à la lumière d'un lampadaire blafard.



Le blanc du silence et celui des yeux quand je perce ton âme dans ton regard. La neige et son silence. Fabuleux. Tes yeux et ton sourire, tout un silence. Inoubliable.



Une petite œuvre qui se déguste le temps de boire une

blanche allemande, l'auteure s'y trouvant, qui étanche la soif et caresse tes lèvres comme l'écume des vagues sur le rivage. Blanc, un roman d'une blancheur poétique.
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La végétarienne

Pour les Coréens, les végétariens sont troublants car leur culture ne laisse pas de place à cette façon de s'alimenter. Pour nous aussi, pourtant entourés de végétariens, -liens ou vegans, cette Végétarienne est troublante, car elle nous renvoie à la folie, à la sensualité, au corps, à l'alimentation, à ce qui fait basculer une vie banale et lisse dans un monde délirant mais plus beau.



Je ne dirais pas que j'ai aimé ce livre, je ne dirais même pas que je l'ai compris, mais il m'a intriguée, angoissée et touchée. Pourquoi Yongyué devient-elle végétarienne ascendant je-me-prends-pour-un-arbre ? Pourquoi ses proches sont-ils soit dégoûtés soit bizarrement fascinés, mais jamais capables de rentrer en relation avec elle ou de l'aider ? Pourquoi a-t-elle l'air de s'approcher du bonheur en même temps qu'elle s'approche du délire et de la mort ?



C'est bien parce que je n'ai aucune réponse que ce livre étrange, sensuel et mystique m'a marquée et continuera à me faire penser dans les semaines à venir...
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Leçons de grec

Elle a perdu sa voix. Plus aucun son ne sort de sa bouche, même pas pour communiquer avec son fils dont elle a perdu la garde à cause de ce silence forcé. Depuis, sa vie est grise, alors pour secouer la monotonie, elle prend des cours de grec ancien.

Lui est atteint d’une dégénérescence oculaire. Il a vécu en Allemagne mais a choisi de revenir dans sa Corée natale malgré la difficulté de vivre dans un monde qui s’assombrit peu à peu. Il est professeur de grec ancien.

Un soir, il brise accidentellement ses lunettes, elle lui vient en aide.



Leçons de grec, ce sont deux solitudes qui se frôlent, s’esquivent et finissent par se rejoindre. Une histoire qui pourrait être banale, un homme et une femme qui se rencontrent et la suite va de soi. Mais Kang Han ne saurait se contenter d’écrire une simple histoire d’amour, un coup de cœur, un coup de foudre. Non, elle raconte deux vies cabossées qui se croisent par hasard. La nuit qui répond au silence. Des sentiments sans le son ni l’image. Des échanges qu’on pourrait croire à sens unique mais aux mots de l’un répond une pression de la main de l’autre, le silence de l’une laisse la place aux confidences de l’autre. Le temps d’une nuit, ils se contentent d’être une présence, un réconfort et peut-être naît l’espoir de ne plus être seuls.

Un roman en clair-obscur, beau et poétique, lent et émouvant.

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Celui qui revient

Il y a ceux qui lavent les corps ensanglantés, ceux qui notent une description détaillée des cadavres sur de petites fiches pour permettre une identification, ceux qui entreposent les cercueils, font brûler une bougie, chantent l'hymne national, ceux qui cherchent parmi les corps un ami, un fils, une soeur. Il y a ceux qui continuent la lutte, armés d'un fusil dont ils ne sauront ni ne voudront se servir et ceux qui sont morts, tombés sous les coups des militaires, qui n'auront d'autre tombe qu'un immense charnier incendié à grosses lampées d'essence. Et il y a ceux qui n'ont pas eu la chance de mourir sous les coups ou les balles, ceux-là, dangereux activistes, ''putes rouges'', terroristes, vont découvrir la promiscuité, la faim, la torture qu'on n'oublie jamais, la peur qui s'incruste dans tous les pores, les souvenirs qui restent gravés pour toujours dans la mémoire, qui empêchent de vivre, qui conduisent à la culpabilité d'avoir survécu quand tant d'autres sont morts, à l'abrutissement par l'alcool, au suicide. Implacable, la dictature de Chun Doo-hwan soumet, plie, réprime, assassine. La pitié n'existe pas pour ceux qui osent revendiquer plus de droits. Lycéens, étudiants, ouvriers, syndicalistes sont autant de cibles pour une armée sanguinaire, encouragée à la dureté, récompensée pour sa violence.



L'assassinat du dictateur Park Chung-hee en octobre 1979 fait déferler sur la Corée du Sud un vent de liberté et d'espoir. Mais dès le mois de décembre, le général Chun Doo-hwan s'empare du pouvoir par un coup d'Etat et met un terme aux mouvements de démocratisation du pays. En mai 1980, Séoul se révolte contre la loi martiale, suivie par Gwangju, foyer traditionnel de l'opposition démocratique. Ce mouvement populaire est réprimé dans la violence, les militaires allant même jusqu'à contenir la foule au lance-flammes. Etudiants, syndicalistes et citoyens sont massacrés, les manifestants armés sont emprisonnés dans les pires conditions et torturés quotidiennement.

C'est cet épisode douloureux de l'Histoire coréenne que Han Kang raconte dans Celui qui revient. Inspirée par l'histoire de Tongho, un lycéen, exécuté alors qu'il sortait les mains en l'air de la sous-préfecture avec d'autres jeunes, elle raconte les quelques jours de mai 1980 où Gwangju, isolée du reste du pays, a été mise à feu et à sang par des militaires fortement encouragés par le pouvoir en place à user de tous les moyens pour anéantir les rebelles. Elle évoque ainsi tous les martyrs qui sont tombés pour la cause qu'ils défendaient, ainsi que les survivants marqués à jamais dans leur chair et dans leur coeur par les horreurs de ce printemps.

Et c'était il y a 30 ans à peine...Les plaies ne sont pas encore refermées et pourtant la Corée est devenue une puissance économique, un pays de progrès, une démocratie qui tente d'oublier un long passé de violence et de souffrance.

Ecrit dans une langue dépouillée, parfois elliptique, cet hommage à tous ceux qui ont combattu pour la démocratie s'interroge de manière fort juste sur la bestialité de l'Homme, sa capacité à faire la mal, mais aussi son âme, pure et innocente. Un très beau livre qui ouvre une page de l'Histoire coréenne que l'on connaît peu sous nos cieux.
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Impossibles adieux

« Je sors dans le séjour et constate que la neige continue de tomber derrière la fenêtre gris-bleu. De gros flocons, comme si d’innombrables oiseaux blancs s’abattaient en même temps, silencieusement. »



Du froid, de la neige, de la boue, des oiseaux et des arbres morts il y en a en quantité dans ce roman dont le flou peut parfois déconcerter. La puissance de ses images poétiques le sauve presque entièrement car il contient peu de certitudes auxquelles se raccrocher. Ses deux personnages, Gyeongha et Iseon, sont presque des spectres, au bord de la folie et du suicide. La seconde fera appel à la première alors qu’elle vient d’être hospitalisée à Séoul. Elle est cinéaste mais aussi menuisière. Accidentellement elle s’est sectionné deux doigts. Elle travaillait sur un projet de land-art initié par Gyeongha, autour de tronc d’arbres sculptés.



Gyeongha parvient difficilement à rejoindre l’atelier d’Iseon. Une forte tempête de neige bloque les routes de cette île de Jeju, pourtant située en zone subtropicale, à 80 kilomètres au sud de la péninsule.



Gyeongha et Iseon ont été marquées par le silence imposé sur les massacres de civils prétendument communistes qui y ont eu lieu fin 1948-début 1949, quelques mois avant la guerre de Corée. Iseon, qui a accompagné sa mère dans ses dernières années, trouvera après sa mort une vaste documentation sur le sujet, recueillie dans le secret. Cette femme avait été un témoin direct de ces atrocités et toute sa vie avait cherché la vérité sur le sort qu’avaient connu bien des membres de sa famille…



Les voix de ces deux amies, pourtant pas si proches, se succèdent, entrelacées à travers les années et les épreuves de la vie. Si j’ai bien compris le sujet de ces massacres de civils, (30 000 pour Jeju, 200 000 pour le reste du pays) est longtemps resté entièrement tabou, pouvant valoir arrestation et prison. La société coréenne s’en est saisi récemment et demande que toute la vérité soit faite…



J’ai été saisi par ce roman, très sombre mais doux, par sa puissance poétique indéniable. Je remercie les éditions Grasset qui, via NetGalley, m’ont permis de découvrir la superbe écriture de Han Kang.

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Impossibles adieux

Rentrée littéraire 2023.



Gyeongha est en proie à des cauchemars récurrents qui l’emmène dans un cimetière envahi par la mer.

Lasse et solitaire, elle décide d’en finir et rédige ses dernières volontés sans savoir à qui les adresser.

Elle fait le tri de ses possessions, sort de chez elle, lorsqu’elle reçoit un message de son amie Inseon. Cette dernière, hospitalisée d'urgence à Séoul, lui demande de se rendre chez elle, sur l'île de Jeju, pour nourrir son perroquet avant qu'il ne soit trop tard.

Sur l'île, une tempête de neige s'est abattue mais ce n'est pas le pire de ce qui attend Gyeongha. Inseon a archivé des documents, compilés de manière minutieuse, de l’un des pires massacres que la Corée ait connus et dont sa famille fut victime : la répression du soulèvement de Jeju en 1948.



Impossibles adieux et impossible oubli : l'écriture puissante, imagée et incantatoire de Han Kang fait éclater la mémoire traumatique enfouie de tout un pays.



L’autrice sud-coréenne nous livre des pages de toute beauté sur l’amitié, le deuil et le devoir de mémoire.

Merci aux Editions Grasset qui m’ont permis cette découverte via NetGalley.

#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance





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Impossibles adieux

Gyeongha fait régulièrement le même rêve, cauchemar même, depuis plusieurs années, et décide de laisser ses dernières volontés ; mais à qui les confier ? C’est alors qu’elle reçoit un appel de son amie Inseon qu’elle n’a pas vue depuis près d’un an. Cette dernière, qui réside sur l’île de Jeju a été hospitalisée car elle s’est tranché deux doigts en coupant du bois. C’est grâce à l’intervention de ses voisins qu’elle a pu être prise ne charge.



Mais, un de ses deux perroquets est resté sur place et n’aura pas assez à manger et surtout à boire, alors elle demande à son amie de se rendre sur l’île. Une tempête de neige s’abat sur le pays, le voyage est long, avion, car, et ensuite plusieurs kilomètres à pied sous la neige. Au cours de son périple elle se perd, puis retrouve son chemin, finit par arriver à la maison de Inseon, mais le perroquet est mort… Ainsi commence un long voyage, parmi les documents, témoignages qu’Inseon a pu recueillir au fil des ans sur la guerre fratricide de Corée, entre les partisans du communisme et ceux du « libéralisme », les milliers de morts dans les deux camps, l’omerta qui entoure les faits, notamment ceux qui se sont déroulés au cours de l’année 1948-1949.



Han Kang nous livre un récit plein de poésie sur cette tragédie, où les faits sont rapportés avec exactitude, mais entrecoupés d’onirisme, on ne sait pas toujours si on est dans le réel ou dans le rêve, dans le présent ou un passé assez récent, la tempête de neige étant tellement violente que l’on se demande si Gyeongha a pu en réchapper.



Je connaissais comme tout le monde cette guerre qui a abouti au partage du pays en 1953 entre la Corée du Nord, communisme où règne d’une main inflexible « Rocketman » et la Corée du Sud démocratique, mais je ne savais rien de l’ampleur des massacres.



J’ai beaucoup apprécié l’écriture, l’histoire entre les deux amies, et l’Histoire tout court ainsi que la réflexion sur l’adieu, qu’il s’agisse des relations présentes ou du passé douloureux : peut-on vraiment dire adieu, et qu’en est-il des souvenirs. C’est un livre qui va rester longtemps dans ma mémoire. Je l’ai terminé il y a une quinzaine de jours, mais j’ai eu besoin de laisser les émotions retomber.



Han Kang a reçu le prix Médicis Étranger pour ce roman.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont à nouveau fait confiance en me permettant de découvrir ce roman et son auteure



#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Impossibles adieux

Ce roman oxymorique est aussi douloureux que poétique, allégorie de la neige douce et mortelle. Derrière l'errance, le réalisme magique et l'onirisme albescent se cachent le sang, la craie des os et des cauchemars, la violence du passé coréen, les tortures et les corps abandonnés aux vagues ou aux mines aveugles. Sans tout comprendre, le lecteur déambule lentement dans la nuit blanche étoilée de flocons (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/09/25/impossibles-adieux-han-kang/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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La végétarienne

Une histoire envoûtante, construite en trois chapitres et racontée par trois narrateurs différents. Chacun d'entre eux donne sa version de l'histoire de Yonghye, qui, un matin, ouvre son réfrigérateur et décide de ne plus manger de viande.

Elle devient végétarienne et cette décision radicale va perturber et déstabiliser son entourage.

Yonghye se nourrit de soupes et de légumes, son corps se transforme, elle veut devenir végétale.

Beaucoup de sujets sont abordés dans ce livre et il y a matière à réfléchir sur ce qui est dans la norme ou ne l'est pas, sur l'anorexie, l'autodestruction.

Un roman onirique, étrange, écrit avec précision et finesse.

Un peu déçue par la fin, je n'ai pas mis 5 étoiles.
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Impossibles adieux

Roman qui vient raconter un épisode sombre de l'histoire de la Corée ayant fait des centaines de milliers de morts. Et c'est notre héroïne qui nous la décrit quand elle est invitée par son amie a rejoindre leur île, lieu de l'enfance, de la famille mais aussi des massacres. Le roman est fait en deux temps, et de manière plutôt décousue (comme si on ne savait pas comment dévoiler un secret si lourd, et qu'il valait mieux le faire sous forme onirique presque). Une première "partie" plus poétique et imaginaire, usant des mots pour cela (neige, vent, fantôme) ; on devine que quelque chose est tendu. C'est dans le second temps, située dans le réel que l'on découvre les faits. Si on peut être touché par ce drame, ce roman, malgré sa poésie, et son Prix Médicis étranger 2023, m'a laissé sur l'autre rive.
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Impossibles adieux

"À la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, la Corée a été divisée en deux zones par les États-Unis et l'URSS. En 1948, le Sud et le Nord se constituèrent chacun en un État indépendant, un Nord communiste, et un Sud sous influence américaine. En 1949, l’armée sud-coréenne a réprimé férocement un soulèvement paysan sur l'île de Jeju, tuant entre 14 000 et 60 000 personnes. La guerre de Corée commença en juin 1950, le Sud était soutenu par les États-Unis et le Nord par la Chine. L'armistice de Panmunjeom (signé en 1953) met fin aux combats."



C'est ce que l'on peut lire dans Wikipedia, et qui me parait nécessaire d'avoir toujours à l'esprit pour comprendre l'enjeu du roman.

Dans la première partie, on voit la narratrice arriver sur l'île de Jeju où elle doit nourrir le petit perroquet de son amie hospitalisée à Séoul. Mais elle arrive en pleine tempête de neige. Les descriptions de la neige, de la nature, du moindre détail, est extrêmement poétique, comme savent le faire les auteurs asiatiques. L'arrêt sur ces détails, comme par exemple sur la formation d'un flocon de neige, fixe le temps dans la réalité de l'instant présent. La poésie de ces instants va laisser place, avec la tombée de la nuit, à l'imaginaire, aux fantasmes de la narratrice. Le réel va peu à peu basculer au plus près de la pensée de la narratrice, ce qui va nous amener au second chapitre.

C'est alors que la lecture du roman va s'avérer un peu plus complexe et obliger le lecteur à se perdre dans une narration qui mélange les époques. Après la découverte de la mort du perroquet, c'est Gyeongha, qui va devoir reconstituer le puzzle de l'histoire de la famille d'Inseon, sur l'île de Jeju. A travers les documents conservé par Inseon, elle-même réalisatrice de court-métrages historiques, Gyeongha va découvrir la vérité sur les massacres liés à la scission entre les deux Corées qui va déclencher la guerre en 1950, fixant la ligne de démarcation au 38e parallèle. C'est là que lecteur occidental se perd largement. On reste sensible à la poésie de la narration, mais les faits m'ont complètement échappés. On comprend bien qu'il y a eu des massacres, mais on n'en comprend le sens que lorsqu'on se documente sur l'histoire de l'île de jeju.

Ce roman reste pourtant très agréable à lire dans une première partie et pour la deuxième, une découverte de l'histoire de la Corée, souvent ignorée par le lecteur occidental. Le tout dans un style au charme tout asiatique.
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Impossibles adieux

Ce roman a failli se transformer en impossible lecture pour ma part. Je me suis parlé fort. J’aime beaucoup cette romancière coréenne Han Kang, découverte avec La végétarienne(International Booker Prize 2016).

Mais l’atmosphère glaciale, les bourrasques de neige, la bougie qui fond et l’obscurité, ça ressemble trop à une tempête hivernale au Québec. Ça instille une claustrophobie mes amis(es)!

Mais nonobstant cela, je retrouve une autrice qui sort des sentiers battus. Qui se plaît à saupoudrer de l’atmosphère bizarre sur des comportements étranges. Il faut se laisser porter, se pardonner de ne pas tout comprendre, et que passe la tempête!



Nous sommes en présence de deux amies, Gyeongha, écrivaine en mal de vivre, qui a la tête pleine de cauchemars et qui se dirige depuis quelques années vers la mort qui l’attire; et Inseon, hospitalisée à Séoul suite à un bête accident de menuiserie.

Inseon insiste auprès de Gyeongha pour qu’elle se rende sur l’île de Teju, dans sa maison, pour donner de l’eau à son perroquet qui est seul. Après hésitation, Gyeongha se précipite à l’aéroport pour prendre le prochain avion; sans se douter qu’une tempête de neige fait rage sur l’île et que les transports seront compliqués, mettant sa vie en danger. Mais qu’importe sa vie… alors qu’il y a eu tellement de morts sur cette île.



Han Kang utilise le symbole de l’oiseau, de la tempête, des arbres pour raconter les atrocités commises à la fin des années 1940 par l’armée coréenne et par des miliciens : 30 000 morts (10 % de la population de l’île). Une page sombre de l’histoire moderne de la Corée du Sud.



Dans la maison sans électricité et sans eau, dans un isolement complet, Gyeongha s’empare de l’histoire familiale, la récupère pour mieux comprendre la relation de son amie Inseon avec sa mère. Cette partie du livre est très inspirée et touchante. J’avoue quelques larmes.

« Ma mère fendait le vent de son corps comme les ciseaux découpent un grand tissu de coton. »



Le massacre de civils, qui a un lien avec la mère, est impressionnant et crève coeur. Cette histoire méconnue pour ma part, est bien traitée par l’autrice, mélange de poésie et d’atrocité. J’ai un coup de coeur pour ce livre, mais à retardement. Pour moi, pendant un certain temps, je ne m’en allais nulle part… mais c’est ça aussi une tempête de neige, on s’y perd pour mieux se retrouver!

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Leçons de grec

Toute une leçon de vie que nous offre Han Kang avec cette Leçon de grec.

Un homme qui perd graduellement la vue et une femme qui a perdu la voix. Leurs chemins se croisent grâce à une langue morte, le grec.

Cette langue qui fascine tant la femme sans voix, c’est l’homme bientôt aveugle qui l’enseigne. Chacun a une une trajectoire de vie en chute libre et la majeure partie du roman sert à nous expliquer comment ils ont pu arriver à communiquer car on se souvient, la femme ne parle pas et l’homme ne voit presque plus.



« Ne trouvez-vous pas cela bizarre parfois? Que notre corps ait des paupières et des lèvres. Qu’elles puissent être fermées depuis l’extérieur ou verrouillées depuis l’intérieur. »



Ce roman est définitivement bizarre. Poétique et un brin mélangeant. Comme si parfois, l’homme voit et la femme parle, et vice-versa. Et le tout se termine en apothéose de reconstruction. J’adore cette auteure coréenne. Elle me surprend et m’étonne. Cette fois-ci, elle m’a même obligée à relire plusieurs chapitres pour comprendre dans quelle fatalité elle entraine ses deux protagonistes.



Mon Platon est un peu loin j’avoue et mon grec plutôt inexistant mais ça n’entrave pas le plaisir de lecture. Comme quoi, le lien d’apprentissage est fort et la ligne pour passer de l’ombre à la lumière est mince comme une plume d’oiseau!



« Autrement dit, le grec qu’utilise Platon est comme un fruit mûr avant qu’il ne tombe. Par la suite, le grec connaît une décadence rapide. Les États helléniques entre simultanément en déclin. En ce sens, Platon précède le crépuscule de son monde et pas seulement de sa langue. »
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