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Citations de Karine Reysset (135)


Je passe du coq à l’âne, j’en ai le mal de mer. J’ai tellement gardé tout ça à l’intérieur, compressé. Les derniers temps - je veux dire les derniers temps avec Serge -, à chaque fois que je partais quelques jours, j’avais le sentiment de mieux respirer. Je mettais un moment à m’en apercevoir, mais ça serrait moins dans ma gorge. Je me retrouvais - comme si je m’étais perdue. Je me sentais délaissée. J’avais parfois le sentiment que Serge avait fini par me considérer comme l’une de ses filles, et non plus comme sa compagne.
A présent, je ne crois plus en rien ; Je ne suis plus là pour personne. C’est faux, cela dit, puisque je suis dans ce train qui me conduit vers la mer. Puisque Serge m’a demandé de l’aide pour sa fille qui n’est pas la mienne, cette enfant que nous avons vue grandir ensemble, que j’ai contribué à élever sans l’avoir vraiment décidé.
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J'ai fini par ne plus me rendre chez mon père. C'était trop compliqué de trouver des dates qui lui convenaient. Il s'est progressivement détaché de moi. J'ai compris que je ne pouvais plus compter sur lui. Il nous a effacées de sa vie, à son tour il nous a abandonnées. Une nouvelle fois, je me suis sentie éjectée. Mauvaise fille. Ma belle-mère avait bien manoeuvré. Même pas mal. Tout glisse sur moi désormais. Et surtout je n'attends plus rien.
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Il démarre, sa conduite est brusque. Je me tais. Comme une enfant grondée. Je ne suis pourtant pas une petite fille. J'ai trente-cinq ans. Il me parle comme s'il était mon père. Même lui n'avait jamais osé me traiter ainsi. Je me recroqueville sur mon siège, lui tournant quasiment le dos. La pluie ruisselle sur les vitres. C'était parfois tellement pesant d'être la compagne du "grand réalisateur"
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Je ne me souviens pas bien de mes années d'étudiante. Je dérivais doucement, me laissais porter par le courant. Je ne souffrais pas tellement de la solitude. Personne ne me connaissait, je me sentais libre.
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De son côté , maman corrige les fautes d'orthographe dans les livres, regarde où il faut ajouter des respirations (des virgules) et vérifie qu'il n'y ait pas d'incohérences (par exemple, une fille qui change de prénom ou de couleur de cheveux en cours de route, ou un grand-père qui est censé être mort et qui, vingt pages plus loin, ne l'est plus.). (p.6-7)
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Maman a raison, on ne parle jamais des enfants morts, et encore moins des bébés trop vite disparus. Il n'est pas bon de parler de ces choses-là, je ne sais pas pourquoi. On prononce encore moins leurs prénoms. C'est comme s'ils n'avaient jamais existé. un écrivain dont la petite fille est morte faisait remarquer qu'il n'y avait pas de mot pour une mère ou un père qui a perdu son enfant. Ce n'est pas pris en compte. Pire, on les fuit comme la peste, à croire que la mort et contagieuse. On recouvre de silence la disparition et les mères et les pères souffrent de ce double silence, plus de "maman", de "papa" dans le noir, de corps à serrer, et personne pour prononcer le nom de l'enfant. Ils sont tellement violents dans leur désir de ne pas comprendre, dans leur obstination à ne pas vouloir savoir. Le besoin éternel de consolation. La douleur sans faille. Le manque creusé à jamais comme une blessure qui ne peut pas se refermer.
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Certains souvenirs étaient tranchants et limpides comme du verre, d’autres au contraire paraissaient polis, presque opaques, elle pouvait les caresser sans risquer de se couper.
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Ses angoisses la poursuivirent, les vautours qui la hantaient ricanèrent, lui jetèrent des pierres.
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Elle sombrait et personne ne s’en rendait compte.
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Puis elle avait envie de pleurer – souvent même elle pleurait… Pourtant elle n’était pas malheureuse, n’avait aucune raison de l’être.
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ça ne servait à rien de remuer tout ça. Violette était Violette et elle était morte. Stella était Stella et elle était vivante, et elle avait besoin d'elle.
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Cette maison est le dernier bastion, le dernier rempart contre l'oubli. (p. 27)

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Ses peurs étaient revenues au galop
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Je n’ai plus grand chose à voir avec la jeune fille que j’étais. Elle m’est devenue presque opaque, comme inaccessible. C’est sans doute pour cette raison que j’ai tant besoin de gratter sous la poussière du temps pour la retrouver intacte. Elle me manque parfois. J’ai l’impression qu’elle est morte et qu’écrire sur elle pourrait la ressusciter. Il faudrait l’autopsier, la disséquer pour voir ce qu’elle avait dans le ventre, et surtout dans la tête. J’espère ne pas la trahir en tout cas.
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Dans les semaines qui suivent, elle se rend à pied au cimetière. Lestée de douleur et de chagrin, elle a pourtant la sensation que ses pieds ne touchent pas le sol. Tu la portes vers toi. Oui, elle a comme la sensation de flotter. Elle me parle de son impression très forte d'être reliée à toi et à la mort, mais aussi de son besoin d'apprivoiser la terre dans laquelle tu as été enterré. Elle jardine alors des heures et des heures.
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A l'époque, je n'aimais rien tant que de passer des heures un bouquin au bout des bras, étendue à plat ventre sur une couverture, une serviette de plage ou lovée dans un transat. Et encore aujourd'hui, cela fait partie de mes plaisirs majuscules.
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Elle n'aurait jamais dû grandir. Je l'ai toujours entendue raconter qu'elle avait adoré son enfance, et j'ignore pourquoi elle ne s'est pas efforcée de nous en offrir une à la hauteur de ses souvenirs. D'autant que son leitmotiv était : « Vous rigolerez moins quand vous serez grands. »
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Le père de mes enfants me dit souvent " je te connais comme si je t'avais faite". Et dans une certaine mesure, il a raison. je suis née une nouvelle fois à ses côtés, me régénérant comme si j'avais subi une transfusion sanguine, me débarrassant de ma part de mauvais sang.
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On n'aime pas les porteurs de mauvaises nouvelles. Dans les drames shakespeariens, les messagers sont souvent tués.
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Le problème, c’était moi, pauvre fille empêchée.
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