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Critiques de Kjell Westö (84)
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Casa Triton

Ah là là les bouquins ! Heureusement qu’ils sont là ! En plein confinement me voici projetée de la Cisjordanie à un village sur la côte sud-ouest de la Finlande.



C’est l’histoire d’une amitié d’emblée improbable entre un chef d’orchestre de renommée mondiale et un psychologue veuf, musicien amateur de musique tout genre , son voisin, à Ravais, un bled en bord de mer. Le premier vient de s'y faire construire une maison estivale, "La Casa Triton". Le chef s'appelle Thomas Brander, le psy Reider Lindell, deux mondes apparemment aux antipodes et pourtant.....ils vont apprendre à se faire confiance, et essayer de partager leurs musiques, leurs passés et leurs solitudes.



Westö , écrivain finlandais sudophone que je viens de découvrir avec ce premier roman m'a fascinée. Ce livre dont le troisième personnage est la musique, vibre comme une partition, tellement l'émotion présente y est forte avec ou sans musique.

Lindell est un homme engagé pour son prochain, la musique et la pêche sont ses distractions. Brander, un homme égoïste, ne vit la vie qu'à travers la musique, "Le paysage résonnait différemment à présent. C’était une musique brute, écho d’un monde ancien qui se serait brisé –comme du Bartók ou du Janáček". Même le nom de sa nouvelle maison "Triton " s'y réfère, un intervalle interdit en musique. Un intervalle qui a été prohibé pendant des siècles car on considérait qu’il pouvait invoquer le diable une fois joué. Malgré son nom de mauvaise augure qui semble être une plaisanterie, va-t-il lui être un havre idyllique comme il en rêve depuis son enfance ou au contraire maléfique vu les difficultés qui s'amoncellent côté vie privée, professionnelle et autres ? "—Tu t’es construit une maison fantastique, mais tu fais une tête d’enterrement,...."lui en fera la remarque un de ses amis.



Une histoire passionnante agrémentée de sujets d'actualité brûlante, surtout chers aux pays nordiques "à tolérance zéro" : les problèmes écologiques, le problème des réfugiés, le terrorisme, le racisme et le mouvement MeToo devenu une arme de vengeance à toute sauce, même si sur le fond il n'y a peut-être rien eu de bénin . Westö y sonde les tréfonds de l'âme des deux protagonistes. Une psychologie fouillée qui démontre habilement que quel que ce soit nos origines, notre éducation, notre renommé, notre statut sociale, nos moyens économiques.....nous sommes identiques, dans le fond, ayant les mêmes peurs, les mêmes angoisses, les mêmes frustrations, ainsi que les mêmes besoins de bases , l'amitié, l'amour, la reconnaissance, l'empathie, la gentillesse......denrées devenues rares dans notre monde actuel....et nous terminons tous notre chemin au même endroit. Écrit en plein pandémie, il en parle aussi assez curieusement, même prémonitoire, dirais-je.......



Westö fin psychologue a concocté un superbe roman chargé de questions sur la fragilité humaine , qui parle très simplement du complexe avec une apothéose formidable sur le pardon . Un livre qu'on lit d'une traite que j'ai beaucoup beaucoup aimé.

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Casa Triton

Je ne sais pas réellement ce qui est à la source du plaisir de lire Kjell Westö mais ses romans sonnent toujours juste à mes oreilles. Et Casa Triton n'échappe pas à ce constat, bien qu'il y règne une atmosphère d'anxiété diffuse, une mélancolie inquiète, un sentiment de défaite dans cette histoire d'une étoile qui ne sait pas qu'elle ne brille plus. Un chef d'orchestre décrit comme «un métronome grisonnant» en quête d'une sérénité à laquelle il espère accéder en bâtissant une villa écrasante de béton plus haut édifice après l'église dans un village insulaire où il compte se réfugier entre deux tournées mondiales.

Mais kjell Westö ne laisse pas son personnage réorganiser son monde comme il l'entend. L'histoire se révèle pleine de dissonances furtives, de relations conflictuelles, de confrontations, alors que le monde extérieur grinçant, planant comme un nuage assombrissant l'horizon, invite au repli sur soi ou à l'effacement. Et que dire de ce voisin au profil fort dissemblable de bon samaritain qui, en portant toute la communauté insulaire sur ses épaules, menace la tranquillité de notre vieil homme...



On retrouve dans Casa Triton, ce qui a fait le succès de l'auteur : une certaine facilité à semer le trouble, à capturer dans l'air du temps les traces et les résonances qui suggèrent un sentiment de réticence ou d'insécurité. Il dessine à merveille les ambiances et univers inquiétants de manière à faire vibrer les cordes de la fragilité humaine. Car bien que l'orgueil de notre chef d'orchestre empêche la vérité de circuler, on s'aperçoit qu'il n'y a pas dans ce roman de gens à mépriser. L'auteur se garde de juger, il se contente de décrire une époque, notre époque, et certainement sa génération qui doit composer avec le monde tel qu'il est.

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Un mirage finlandais

L’histoire récente de la Finlande est plutôt méconnue et Kjell Westö nous embarque dans le mirage des non-dits de l’héritage de la guerre civile en 1918 et sa résonnance dans la vie des finlandais, coincés entre la Russie et l’Allemagne, et sous l’emprise suédoise.



En parallèle gronde en Europe la menace du nationalisme, la guerre d’Espagne fait des ravages et les finlandais se sentent toujours amputés de leur souveraineté.



L’auteur met en scène des êtres seuls et tourmentés qui vivotent avec leur solitude. Il a la capacité de saisir l’essentiel en toute simplicité, à regarder droit dans les yeux les travers de la société et à poser des questions.



Chaque phrase a une énergie propre, sculptée dans le texte, l’humour et la douleur se mélangent en toute simplicité.



Avec talent Kjell Westö offre une étude de mœurs particulièrement fine, étudie les relations entre les différentes classes sociales et les relations inextricables entre des personnages attachants et bien construits.



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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

C'est un plaisir de retrouver Kjell Westö et sa plume limpide, évidente, cette simplicité enveloppante qui adoucit les drames du genre humain. Pour le narrateur, jeune garçon inquiet d'origine modeste, le ciel d'été finlandais aux tonalités jaune soufre voit au début des années soixante-dix la naissance d'une amitié. Une amitié aussi indestructible qu'improbable entre un narrateur solitaire, discret et une fratrie orgueilleuse, inflexible appartenant à une famille riche et puissante. Une amitié dangereuse ? Non, les éléments de narration et de l'histoire de nature à susciter une tension sont très vite abandonnés, l'intrigue devenant la moindre des préoccupations de l'auteur.

En effet, il n'y a pas d'événements fracassants dans Nos souvenirs sont des fragments de rêve. le roman s'inscrit avant tout dans une forme de nostalgie chaleureuse qui irrigue la plupart des chapitres. S'étalant sur plus quarante ans, le récit met en lumière les enthousiasmes comme les arrangements auxquels on finit par se résoudre, toutes les petites choses qui, déployées, font l'existence sans qu'on s'en aperçoive. L'ensemble réuni diffuse quelque chose d'universel et d'aérien, avec l'idée du temps qui nous façonne, la mémoire bienveillante telle qu'elle réévalue le vécu. Avec le talent de ne pas emprisonner le récit dans une introspection étouffante.



Ce que j'aime également chez Westö, c'est qu'avec une narration élégante, sans esbroufe, un sens du réel un peu jazz, il installe rapidement le récit dans une sorte de connivence, un sentiment d'intimité qui place le lecteur, comme par mimétisme, dans la peau du narrateur. Devenu romancier, l'oeil aigu de celui qui dissèque et sonde les émotions de ses amis, le narrateur nous met dans la position de suivre au plus près les sensations et les hésitations d'un garçon puis d'un homme laissant parfois le sentiment d'avoir été spectateur de sa vie.

«Un peu nuageux» comme il se décrit lui-même, le narrateur s'efface souvent au profit de cet étrange trio qu'il compose avec Alex et Stella aux différences sociales marquées. Il dépeint ce qui les bouscule, les sépare, les réunit à nouveau, des vies qui se soutiennent à certains moments et s'encombrent à d'autres, entourées d'une galerie de personnages réunis en une constellation. Le monde extérieur pénètre le roman avec des marqueurs de temps discrets et selon les préoccupations des générations présentes, comme si cette histoire était vouée à s'inscrire dans une forme d'éternité.



Roman de la mémoire, roman des générations qui se succèdent, roman des histoires d'amour et d'amitié qui résistent au fil du rasoir du temps...j'ai été séduite par l'élégance du récit, la qualité du regard sur les êtres, distance et magnanimité mêlées. Un peu moins par les fautes de grammaire et inversion de prénoms.
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Merci à Babelio et aux éditions "autrement", pour l'envoi de ce livre! Une belle découverte finlandaise d'un auteur majeur de ce pays, que personnellement je ne connaissais pas.



Presque 600 pages et une fresque romanesque passionnante! Le narrateur est écrivain et livre ses souvenirs liés à la famille Rabell, qui a hanté toute sa vie. Une famille hautaine et très attachée aux traditions aristocratiques , et pourtant attirante, mystérieuse, aura irrésistible. Il est devenu l'ami du fils, Alex, encore enfant, et a ensuite vécu des amours tourmentées avec Stella, sa soeur.



J'ai beaucoup aimé partir à la rencontre des paysages finlandais, notamment ceux de l'île sur laquelle le narrateur a passé ses vacances d'été et où il a fait la connaissance des Rabell. Une relation assez destructrice et toxique pour lui. Et pourtant, il n'aura de cesse que de replonger dans sa mémoire de ces années-là , les années 1970 essentiellement, celles d'une adolescence enfiévrée, brouillonne,fougueuse ....



J'ai été sensible aussi à sa perception toute personnelle du passé, des êtres qui fuient dans les images faussées que l'on peut avoir d'eux. La nostalgie est prégnante, elle enrobe les phrases de son charme poétique, elle donne une dimension onirique et émouvante à l'histoire racontée.



Le très joli titre résume à lui seul l'atmosphère particulière du livre. Et je voudrais conclure ce ressenti en citant un passage qui m'a spécialement plu :" J'ai compris un point qui m'avait échappé jusque là, ou en tout cas que je n'avais pas compris avec une clarté aussi limpide qu'à cet instant, et je le comprenais en dépit des manques et des trahisons: c'est l'amour qui fait que nous nous souvenons, c'est de l'amour que viennent les histoires."
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Casa Triton

Quand vous connaissez « Black Sabbath » des Black Sabbat, ou « Within You Without You » des Beatles, et quand vous savez qu'en jouant dès les premières notes le triton - cet intervalle dit « du diable » tellement il crée une tension à l'oreille - le musicien veut intriguer l'auditeur et capter immédiatement son attention… Vous comprenez qu'en intitulant son roman Casa Triton, l'auteur ne veut pas simplement vous parler d'une idyllique villa de bord de mer, une « maison de riche » que le grand chef d'orchestre, Brander, s'est pris le caprice de faire construire sur la côte. « Casa Triton, c'est ainsi qu'il appelait sa nouvelle résidence. le sens un peu lugubre de ce mot, pour un musicien, l'amusait ; et, de fait, la vie rendait parfois un son dissonant ». « Ça fait un peu le même effet que dans l'Exorciste, quand Linda Blair dévale l'escalier en faisant le pont ».





De fait, la casa T. cristallisera les sentiments des personnages et accueillera, comme une mère, leurs espoirs autant que leurs frustrations. Ce nom, plus qu'une provocation ou qu'une autodérision, est en réalité un mot posé sur ce qu'est sa vie au moment T : Celui où tout semble vouloir basculer du mauvais côté, mais où tout est encore sous tension, possiblement sauvable ; ce moment avant la chute, que l'on sent, que l'on attend ; que l'on redoute comme un couperet autant qu'on l'espère, comme une libération. Habiter ici ne fera-t-il qu'exacerber les tensions, ou au contraire cela libèrera-t-il Brander et résoudra ses problèmes ? Lui-même, en appelant sa maison ainsi, est dans l'expectative. Comme le lecteur qui le suit dans cette nouvelle aventure.





On s'interroge : cette maison ne serait-elle, à l'image de la vie de Brander, qu'une coquille vide ? La réponse de Brander est de la remplir de musique. Comme il l'a fait avec sa propre vie. Au détriment de ses proches, et de chaleur humaine. Mais la musique ne remplit plus son vide, et il reste de la place pour les questions : Est-ce uniquement l'intransigeance envers lui-même qui prenait toute la place ? Ou son égo ? Seul, dans cette grande cathédrale musicale de bord de mer, Brander aura tout le temps de chercher les réponses… Et surtout d'éventuelles solutions. Car autant que l'âge, la solitude commence à lui peser. Il espère un nouveau départ, loin des rivalités médiatiques qu'il ne peut techniquement plus assumer, et qu'il est fatigué de craindre. Il va tenter de mettre son orgueil et son égoïsme de côté, pour remplir sa maison d'une vie nouvelle.





C'est là que Brander, le musicien de la perfection, qui a sacrifié son couple à sa gloire et se retrouve seul au moment de son déclin, rencontrera son voisin Lindell. Son miroir inverse, tout ce que Brander ne veut pas être… mais qui finalement les rapproche : un mari abandonné par sa femme, un musicien amateur qui s'amuse avec la musique dans un groupe… de rock ! On entend presque Brander penser, avec David Bowie : « le rock a toujours été la musique du diable. Je crois que le rock n'roll est dangereux. Je sens que nous nous dirigeons vers quelque chose d'encore plus ténébreux que nous-mêmes »… Ah mais justement, on s'y dirige et même tout droit, avec ces deux acolytes ! Alternant le point de vue de chacun au gré des circonstances, l'auteur nous fait pénétrer leurs âmes qui ont, comme celles de tout un chacun, leur part d'ombre - que l'on soit un chef célèbre, ou un psychologue de lycée altruiste et prônant l'entraide dans la communauté, comme Lindell. Tout ce que croyait vouloir fuir Brander en venant ici, en somme. A moins que ce ne soit tout ce à quoi il aspirait, secrètement, inconsciemment ?





Deux univers que tout oppose, sauf ce sentiment de solitude, d'abandon, et cette envie de vouloir de nouveau exister pour quelqu'un. Remplir sa vie avec des choses qui comptent, des choses qui resteront un peu plus. Une certaine stabilité… Une amitié ? de cette confrontation naîtra des doutes des deux côtés, des questionnements sur leurs chemins de vie respectifs. Des prises de bec mais de consciences aussi. L'auteur joue sa partition sur fond de terrorisme, d'écologie, de problèmes d'immigration, du pardon, du vivre ensemble, des ME TOO et compagnie. Mais loin de s'en servir de fourre-tout pour faire-valoir son livre, toutes ces notions demeurent en fond de l'histoire, d'importance inégale pour chaque personnage tout comme pour chaque lecteur, en fonction de ses propres vécus, convictions…





****



La musique n'est pas spécialement un univers qui m'attire en littérature ; Mais Bookycooky, a trouvé les mots pour me convaincre. Elle m'a dit : « Onee tu vas détester Brander, aimer Lindell, adorer les paysages, et la musique toujours présente, en tout cas tu t'ennuieras pas. Tu peux aussi envoyer des SMS à Brander, il adore ça et il parle bien l'anglais. ». Et en effet, très vite, je me suis sentie à l'aise, portée par un genre d'écriture que j'affectionne : fluide et simple, mais qui décrit les gestes et pensées au plus près des personnages. J'ai vécu leur histoire, même si je me sentais loin de leur vie de musiciens. Je n'ai pas détesté Brander, et certains côtés de Lindell m'ont même irritée. Mais c'est précisément ce qui a rendu ce livre, et ses personnages, profondément humains. de la confrontation de deux univers, qui se complètent malgré quelques fausses notes, nait une amitié qui sonne juste. Pas lisse, non, mais harmonieuse ; exactement fidèle au principe musical de tension-résolution. Et après tout, n'est-ce pas cela, l'amitié : un perpétuel accord à trouver ? Tout comme la musique rock ou populaire utilise la musique classique pour se faire valoir, et celle-ci revit aussi à travers celle-là.





Au total, une mélodie aussi attachante qu'intéressante qui, si elle n'est pas celle du bonheur, semble pouvoir et vouloir être celle de la résilience. Un roman polyphonique doux et plaisant, divertissant et réfléchissant. Deux « moi » en miroir, qui se scrutent et apprennent l'un de l'autre. Une réussite !





Allez, du ballet, mes p'tits rats de bibliothèque : je vous laisse avec la jolie Valse des flocon de neige, c'est de saison !

https://www.youtube.com/watch?v=zzThswTVExw
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Casa Triton

Thomas est un chef d'orchestre reconnu en Finlande. Il décide de construire une immense maison à Ravais , village finlandais au sud du pays, les pieds dans l'eau. Il fait connaissance avec son voisin , psychologue scolaire, lui aussi dans la musique , mais à un niveau bien plus humble.



Très beau roman , de la même qualité que Nos souvenirs sont des fragments de rêves.

L'auteur fouille ses personnages au scalpel et nous fait partager leurs doutes, leur joies, leurs fautes, leurs travers, leur générosité.

Il y a beaucoup de complexité chez cet auteur malgré des apparences simples. Rien n'est binaire , rien n'est jamais perdu ou gagné . Chaque jour est une remise en cause .

Comme pour le livre précédent, les thèmes contemporains sont abordés : Les migrants, le réchauffement climatique et ses conséquences dans ces contrées septentrionales, la résurgence d'idéologies que l'on pouvait espérer enfouies dans un bunker...

Il est surtout question d'êtres humains qui vieillissent, qui se cherchent, qui doutent et scrutent les autres pour se confronter, se rassurer ou s'inquiéter dans un monde en mouvement qui semble leur échapper .

Beaucoup de musique aussi , la confrontation de la "grande musique" et de l'autre qui renforce encore plus la rencontre de deux hommes que tout sépare.

Un livre formidable où le style l'auteur et sa faculté à aborder les faits sous différents angles ajoute encore un peu plus de plaisir .

On a beaucoup, parlé de la littérature scandinave à travers ses policiers.

Il est vrai que Mankell ou Nesbo m'ont emballé mais Kjell Westö est clairement un auteur à découvrir !

Enfin , dans ce roman , le Covid semble faire partie du passé. Une autre raison d'y accorder un intérêt !
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Un homme qui se faufile nuitamment dans son jardin et qui quelques jours plus tard tente de poignarder l'homme d'affaires Alex Rabell, il n'en faut pas plus au narrateur pour se plonger dans les souvenirs d'une vie qu'il a partagée avec Alex et sa sœur Stella, une amitié née au cœur de l'enfance, au bord de la mer de Finlande et qui a perduré des décennies durant. Du début des années 70 jusqu'à nos jours, il a donc côtoyé la famille Rabell, une ''dynastie d'entrepreneurs'' dirigée par le grand-père Poa, des gens riches, conscients de leur position, arrogants de fait, soucieux de préserver leur intimité et de garder leurs secrets. Moins privilégié, le narrateur voue une admiration sans faille à Alex et tombe éperdument amoureux de Stella. Le temps passant, son regard change sur son ami d'enfance, il s'en éloigne sans pour autant le renier. Stella, quant à elle, reste son grand amour. Malgré les séparations, les trahisons, les rancoeurs, la passion tempétueuse se transforme en amitié tranquille mais les liens restent forts. A presque 60 ans, il peut dérouler ses souvenirs depuis l'époque lointaine où sa renconre avec les enfants Rabell a changé sa vie.



Jouant les Nick Carraway, humble devant les puissants, pauvre devant les riches, le narrateur raconte les Rabell, Poa, le patriarche fier et volontiers méprisant, Clara, la mère altière et un brin guindée, Jacob, le père invisible, le sujet tabou, Alex, enfant autoritaire, adulte prêt à tout pour toujours amasser plus d'argent et Stella, l'apprentie comédienne avec qui il joue à ''je t'aime, moi non plus'' pendant près de cinquante années. Autour d'eux, d'autres garçons, brutes épaisses ou souffre-douleur, d'autres filles, bonnes à baiser ou à épouser selon leur milieu d'origine, d'autres parents, falots, trop prolétaires pour qu'on en fasse grand cas. Et le monde qui continue de tourner : la bande à Baader qui terrorise l'Allemagne, Olav Palme assassiné, le mur de Berlin qui tombe, l'attaque de Charlie Hebdo, etc. Tous ces évènements brièvement évoqués, le narrateur y reste imperméable, tout préoccupé qu'il est des Rabell. Attirance et répulsion, amour et haine, partages et trahisons semblent rythmer son existence dans l'ombre de cette famille en vue. Lui-même tente de faire son chemin. Il publie un roman qui très vite est un succès, mais ne peut renouveler l'exploit et survit en enseignant les lettres au lycée. Eternel looser, il est sans cesse partagé entre le désir irrépressible de s'accrocher à son amour pour Stella et son amitié pour Alex et la volonté de les fuir pour se préserver.

Une très belle saga romanesque, des êtres profondément blessés qui cachent leurs faiblesses sous le masque de la nonchalance ou de l'arrogance. Une histoire d'amitié pas toujours facile, branlante, déséquilibrée mais fondatrice. Et bien sûr une histoire d'amour éternel entre la jeune fille de bonne famille, la rebelle, l'artiste, la part solaire des Rabell et le jeune homme incertain, admiratif, le fils désargenté d'un simple vendeur en électro-ménager porté sur la boisson. Sur près de 600 pages, Kjell Westö nous immerge totalement dans la vie de ses héros dont nous partageons le quotidien, les joies et les peines, et tout cela dans les magnifiques paysages finlandais. Un gros coup de cœur.



Un grand merci à Babelio et aux éditions autrement.
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Ce que j’ai ressenti:



"J’ai toujours pensé que la sensation de déjà-vu n’est qu’une sorte d’angoisse face à l’irréalité de la vie. Comme le hiraeth. Nos souvenirs sont des fragments de rêves."



Et s’il vous prenait l’envie d’aller traverser la mer, pour découvrir un autre horizon? S’il vous prenait l’envie de vous laisser charmer par la Finlande et ses auteurs? Parions que Nos souvenirs sont des fragments de rêves, saura vous séduire, et que l’écriture de Kjell WestÖ, pleine de délicatesse, saura vous caresser comme la douceur d’une vague en été…J’ai été emportée dans cette histoire qui s’étale sur plus de 50 ans, voguant sur les souvenirs imaginés d’un enfant qui se lie à une famille charismatique, me berçant de jeux et d’amour passionnés, me prenant les pieds dans les rouleaux tumultueux de leurs vies, tournant les pages avec délectation, pour connaître la douceur du rivage scandinave…



"C’est l’amour qui fait que nous nous souvenons, c’est de l’amour que viennent les histoires."



Alex et Stella sont deux pôles d’attraction pour notre héros, et toute sa vie, il sera intimement lié à leur histoire, sans pour autant en faire complètement partie, mais jamais totalement exclu non plus. Il ère entre amitié et amour dans le prisme de cette famille aristocratique, où ses aspirations seront toujours mis à mal par l’écrasante emprise des Rabell. Mais qu’importe, on ne peut oublier ses amours de jeunesse, et c’est dans cette optique que cet homme vit au gré des caprices et des caresses de ses deux personnalités étourdissantes…Entre obsession et passion, ce trio toxique ne sait plus où donner de la tête, mais pour nous, lecteurs, c’est une foule d’émotions diverses qui nous surprend au gré de leurs rencontres. L’innocence de leur amitié commune se voit troubler par les influences du contexte social en plein bouleversement, les aléas des ambitions de chacun, les cœurs fêlés de leurs secrets de famille…



"-Et je me suis demandé combien de gens sur cette terre vivaient ainsi, à épargner, a attendre, à désirer, et puis… trop tard, d’un coup c’était fini."



Il y a de la douceur et de la nostalgie, de la beauté et du rêve, des trahisons et des pardons, et c’est écrit avec une mélancolie poétique tout au long de ce petit pavé… Une histoire de vies qui se croisent, se déchirent, se charment. J’ai pris le temps de savourer cette belle fresque familiale sur les côtes de Helsinki et j’en ressors les yeux tout plein d’éclats, émerveillée encore par ces fragments de rêves qui se fracassent sur les rochers coupants de ses destins finlandais…Juste un grand plaisir à se jeter dans ses eaux salées d’espérances…



"-Et donc c’est ici que tu traînes ta solitude?"







Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Il me semble difficile de résumer en quelques lignes un roman qui couvre 50 ans de vie, d’amitié, d’amour, de désamour, de trahison.

L’histoire commence lorsque le narrateur fait la connaissance des enfants Rabell, Alex et Stella.

Tout les sépare, les conditions de vie, le milieu social, la fortune, mais qu’importent ces futilités, à 12 ans, on a d’autres priorités.

Les garçons deviennent vite inséparables, partagent leurs loisirs, leurs découvertes, se chamaillent et toujours se réconcilient.

En grandissant Stella devient une bien jolie jeune fille et plus tard une femme éblouissante que le héros aimera toute sa vie. Même si cette vie les sépare, les envoyant dans d’autres bras, vers d’autres horizons, ce ne sera que pour mieux se retrouver et s’aimer encore plus fort.



« Nos souvenirs sont des fragments de rêves » est aussi un roman sur le temps qui passe, sur les traces qu’il laisse en chacun de nous.



Kjell Westö s'y entend pour tisser les destins, dresser les portraits des protagonistes, croiser leurs regards et nous raconter les péripéties de leur vie. Chaque personnage est brossé avec beaucoup d'application et une grande sensibilité.

Je remercie très vivement Babelio et les Editions Autrement qui via l’opération Masse critique m’ont permis de découvrir un profond et superbe roman sur l'amitié, la richesse des relations humaines, l'évolution des individus au fil de la vie ainsi que celle des rapports entre les êtres humains.

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Casa Triton

Chef d'orchestre de renommée internationale, Thomas Brander a sacrifié sa vie privée sur l'autel de la musique. Toujours entre deux tournées, il n'a jamais pris le temps de trouver son port d'attache, un chez-lui où il pourrait se resourcer entre deux concerts. Aussi voit-il les choses en grand quand il se décide enfin à faire construire une maison. En trop grand même pourrait dire son voisin Reinar Lindell quand il observe l'avancée des travaux de la Casa Triton, une villa, voire un château, en tout cas une construction incongrue sur cette petite île de l'archipel d'Helsinki. A priori Brander et Lindell n'ont rien en commun. le premier est froid, distant, égoïste, il collectionne les femmes, le second est psychologue scolaire, aime aider son prochain et pleure sa femme trop tôt décédée. Brander est chef d'orchestre et aussi un clarinettiste de talent, Lindell joue de la guitare -mal- dans un groupe amateur, principalement du rock et de la pop. Et pourtant, une amitié va naître entre ces deux hommes si différents. Car si dissemblables soient-ils, ils ont en commun leur solitude et leur recherche désespérée d'un bonheur qui semble vouloir leur échapper.



Deux hommes, une maison, la musique et une multitude de thèmes. Certains universels comme la solitude, l'amour, le deuil, la paternité, le pardon, le racisme, le succès, la vie et d'autres actuels comme l'écologie, les migrants, #MeToo ou le Covid.

En fond sonore, la musique, Ravel ou Brahms, les Beatles ou ABBA, sans oublier la mélodie de Kjell Westö, sensible, mélancolique, tourmentée, parfois discordante comme le triton, cette note du diable qui donne son nom à la maison de Thomas Brander. Un séjour cathédrale pour que la musique s'y épanouisse, un ascenseur pour rejoindre l'étage, une modernité aseptisée devaient faire de cette maison le lieu de rendez-vous à la fois cosy et impressionnant des amis du chef d'orchestre. Mais cette maison de vacances pourrait bien devenir son lieu de vie. Sa carrière périclite en même temps que de plus jeunes chefs d'orchestre prennent leur envol, son nom est éclaboussé par des accusations à caractère sexuel, sa dernière maîtresse le quitte et Brander refuse de voir qu'il n'a plus la flamme. Contrairement à son voisin qui se plie en quatre pour faire durer son groupe amateur. Il n'a pas le talent mais il a le feu de la passion. Même si la musique n'est pas toute sa vie. Il est impliqué dans la vie du village, s'intéresse à l'écologie, au sort des migrants et fait son possible pour aider ses amis.

Ces deux hommes vont se lier d'une amitié qui hésite, se cherche mais finit par être sincère et profonde. Chacun à leur manière, ils sont touchants. Brander qui tente de renouer avec son fils après l'avoir délaissé au profit d'une carrière où chaque jour est un combat pour rester sur le devant de la scène et Lindell qui entretient le souvenir de la femme aimée en niant tout ce qui n'allait pas dans son couple.

Après Nos souvenirs sont des fragments de rêve, roman auquel il fait une petite référence d'ailleurs, Kjell Westö signe avec Casa Triton le roman de la musique qui estompe les frontières. Une exploration touchante du coeur des hommes dans leurs fragilités, leurs doutes, leurs espoirs.

Et petit clin d'oeil à la pandémie mondiale. Dans le roman, la vie a repris son cours et masques, gel hydroalcoolique et gestes barrières ne sont plus en vigueur que lors des déplacements en avion. Puisse l'auteur avoir vu juste…



Merci à Babelio et aux éditions Autrement.
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Merci beaucoup aux éditions Autrement et à Babelio de m'avoir permis de lire dans le cadre d'une masse critique privilégiée l'excellent roman de Kjell Westö : Nos souvenirs sont des fragments de rêve.

Ce pavé m'a captivé, de la première à la dernière page, et j'ai pris plaisir à le lire tranquillement. Je l'ai savouré, avant de finalement dévorer d'une traite les deux cents dernières pages :)

Nous découvrons notre narrateur, Alex Rabell, sa sœur Stella Rabell et quelques autres de leurs amis (Linda, Jan-Roger...) pendant presque cinquante ans.

Je ne suis pas amatrice des romans venant du Nord car en général je reste hermétique aux noms finlandais, à l'intrigue, souvent je m'ennuie.

A ma grande surprise, dans Nos souvenirs sont des fragments de rêve, les noms finlandais ne m'ont pas dérangés et tout m'a plu dans ce roman !

J'ai aimé les personnages, certains sont complexes, à commencer par notre narrateur, moins lisse que l'ont pourrait penser au premier abord. Quand à Alex et Stella, vu leur personnalité, on ne risque pas de s'ennuyer avec eux. Notre narrateur rencontre la famille Ravell quand il a sept ans et cette rencontre va changer sa vie, pour toujours.

Alex, Stella et les autres sont fascinants. Ils ont une vie riche, il leur arrive beaucoup de choses, et ses cinquante années passées en leur compagnie est un vrai plaisir.

C'est un joli ouvrage sur la force des souvenirs, sur l'enfance, sur l'amitié évidemment.

J'ai trouvé ça très bien écrit, merci à la traduction, c'est fluide et vraiment très agréable à lire.

Après avoir lu ce roman, j'ai presque envie d'aller découvrir la Finlande et ses jolis paysages :)

Je suis sous le charme de ce roman, et je mets évidemment cinq étoiles. Jamais je n'aurais eu l'idée de le lire sans Babelio, et je serais vraiment passé à coté d'un très bon livre. Encore merci :)
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Un mirage finlandais

1938 est la dernière année de paix avant la guerre. Tout le monde continue de s’amuser et d’écouter du jazz dans les clubs mais l’insouciance et le calme affichés n’est qu’une illusion, un mirage pour Claes Thune. Avocat finnois installé à Helsinki, Claes dit Cothurne doit se débattre avec un divorce à venir et une inquiétude grandissante face à l’admiration pour Hitler de certains de ses amis d’enfance et de sa famille. Crise existentielle, crise familiale, glissements politiques inquiétants, l’homme tourmenté croit pouvoir se reposer sur sa toute nouvelle secrétaire, Matilda Wiik, agréable, douce et efficace. Il ne soupçonne pas le moins du monde ce que dissimule la discrétion de Matilda qui a érigé sa solitude en forteresse pour garder à distance les traumatismes de son passé …





Tel un marqueur génétique le roman de Kjell Westö n’échappe pas à cette littérature nordique qui cultive le goût pour une lecture lente. Lenteur à double face car si on a parfois le sentiment de voir émerger à la surface du texte un vague désenchantement égocentré d’un bourgeois libéral susceptible d’affecter le rythme et de décourager le lecteur, l’auteur finlandais a élaboré en fait un roman bien plus complexe qu’il n’y parait.

Il faut donc être patient pour constater une construction maîtrisée, l’auteur ayant façonné un roman psychologique où le suspense n’a pas le visage traditionnel qu’on lui prête dans les polars. Ici il s’inscrit dans l’histoire nationale du pays balloté entre deux guerres, la Finlande ayant connu une violence sans précédent sur son territoire bien avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir et qui a laissé « un trou noir en Finlande pas encore cicatrisé ».

Les évènements historiques alimentent l’intrigue mais c’est la voie intimiste, minutieuse, obsessionnelle et pleine de réminiscences, qui guide le lecteur. Avec la faculté à sinuer entre les failles psychologiques, le romancier observe les errances de l’un et sonde la fragilité de l’autre. Il décortique de manière remarquable les oscillations de la conscience des deux personnages rattrapés par leur passé ou craintifs quant à l’avenir.

Afflictions masquées, colère cachée, impatience coupable, haute bourgeoisie oblige, tout concourt au drame et à la tension permanente lorsque l’auteur accumule ici et là traits d’ambiance, ingrédients narratifs, omniprésence du pressentiment.

Mais Kjell Westö a tracé des lignes de fuite dans son récit. A l’aide d’une écriture élégante qui n’a rien de contemporain, le récit ne suit pas une trajectoire glaçante mais un chemin sinueux avec une certaine nonchalance. Les clivages politiques et les tensions entre les personnages mêlant désir, douleur et recul permanent sont trompeurs, ils ne laissent apercevoir qu’une réalité pleine de divergences. C’est pourquoi là où on pourrait percevoir une mélancolie contemplative "bobo" il y a peut-être simplement une grande solitude teintée d’orgueil.

C’est un roman intéressant dans sa capacité à restituer l’atmosphère de l’époque et à la refléter dans des personnages inquiets et vulnérables. J’ai surtout été séduite par cette faculté de montrer à travers quelques faits comment ce qui était auparavant impensable devient imperceptiblement acceptable. Un peu mois séduite en revanche par la propension de l’auteur à accumuler les projections et les introspections. Le roman se noie parfois sous le poids de certaines divagations envahissantes.

Ce roman n’en demeure pas moins une lecture intéressante.



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Un mirage finlandais

Kjell Westö est un auteur très apprécié en Finlande, mais encore peu connu en France. Il est passionné par l'Histoire de son pays et il écrit en suédois, non pas en finnois, appartenant à la communauté suédophone de son pays, très importante.

Le "mirage finlandais" nous entraîne dans la Finlande de 1938, au moment où Hitler prépare l'Anschluss de l'Autriche. Les Finlandais se préparent aux futurs Jeux Olympiques de 1940 et sont perplexes face aux informations qui filtrent depuis l'URSS et l'Allemagne nazie.

Le héros est l'avocat Claes Thune, qui engage une secrétaire, Matilda Wiik, efficace mais terriblement tourmentée suite à un passé particulièrement douloureux. On apprend par la suite qu'elle a été internée en Finlande dans un camp de régime sévère où étaient emprisonnés les Finlandais communistes juste après la première guerre mondiale.

Le Club du Mercredi réunit Claes Thune et ses amis, d'anciens camarades de lycée. Soudain Matilda va reconnaître la voix d'un homme qui a eu une importance douloureuse pour elle.

Chacun des membres du Club va exprimer ses opinions, l'un d'eux médecin, va se dire séduit par l'idéologie nazie,

Un autre ami de Thune, Juif d'origine va voir son neveu athlète se faire "voler" sa victoire à une course, en raison de son origine.

C'est un superbe roman historique, qui montre magnifiquement l'atmosphère de peur qui règne à ce moment-là, dans une Finlande coincée entre l'URSS stalinienne et l'Allemagne nazie.

Les personnages vont découvrir les affrontements entre les groupes sociaux et les enjeux du conflit mondial qui se prépare.

Le personnage féminin est très attachant.

Les évocations historiques sont très réussies, notamment quand il est question de cet épisode peu connu en France, de la guerre civile de 1918 en Finlande, quand les communistes finlandais, soutenus par les Soviétiques, affrontaient les contre-révolutionnaires aidés par l'Allemagne.

L'auteur est journaliste de profession. Il a publié plusieurs livres, qui traitent tous de l'histoire de la Finlande, deux livres ont été traduits en français: "Le malheur d'être un Skrake" et "Les Sept livres de Helsingförs" parus chez Gaïa.

Le "mirage finlandais" a reçu le prix du Conseil Nordique de 2014, qui récompense le meilleur roman paru dans l'ensemble des pays nordiques.

Un écrivain de talent, qui marquera son temps....
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Casa Triton

Finlande en musique. Un chef d’orchestre, mondialement connu, vient séjourner dans la maison hors-norme qu’il a fait construire en bord de mer. Son voisin a aussi une cinquantaine d’années, psychologue, veuf, pratique la pêche et fait de la musique de variété localement. Deux vies aux antipodes et pourtant une profonde amitié va naître.



Comme tout grand musicien, Lindell pratique une forme d’autisme et est imperméable aux soucis des autres. Et pourtant son voisin va lui demander d’intervenir auprès d’un jeune en difficulté.



Des pages qui semblent être une partition tant la musique y est présente. Une analyse fine sur de nombreux sujets actuels. Il y est même question de l’après Covid.

(Critique postée pour remercier Bookycooky de m’avoir conseillé ce livre.)
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Je remercie Masse critique et les Editions Autrement pour la découverte de ce roman.



Ce roman initiatique propose sous couvert de confession, un récit d'une stupéfiante modernité.

Kjell Westö explore les sentiments les plus enfouis et les plus secrets qui gouvernent nos existences. Il étonne par l'ampleur narrative et par l'épaisseur des personnages.



La narration est fluide, agréable, et on se laisse entraîner, s'identifiant parfois à des sentiments universels ou en simple spectateur des tranches de vie servies avec talent et profondeur.





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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Si vous aimez les sagas, si vous aimez les histoires d’amour brûlantes, si vous avez envie d’être transporté loin en Finlande (à Helsinski et sur l’île de Drumsö), il y a de très fortes chances pour que vous plongiez avec plaisir-et sans vouloir remonter à la surface- dans Nos souvenirs sont des fragments de rêve dan un roman paru en janvier, aux éditions Autrement.



Il est l'oeuvre de Kjell Westö un écrivain Finlandais qui écrit en Suédois. Dans ce roman foisonnant et formidable, le narrateur replonge dans ses souvenirs d’enfance, d’adolescence, de jeune homme et d’adulte pour nous raconter l’histoire d’amour intense qui a traversé sa vie.



Des années 60 à aujourd’hui, l’Histoire récente sert de toile de fond à celle de la relation amoureuse entre un garçon issu d’un milieu modeste, et Stella, issue d’une dynastie d’entrepreneurs.



L’auteur s’interroge aussi sur la « viabilité » d’une histoire d’amour sur la durée entre des personnes de classes sociales différentes.



Si cette poignante histoire d'amour constitue le coeur du récit, l'auteur ne sacrifie aucun personnage qui participe au lyrisme et au souffle qui traverse cette saga romanesque en diable.



Formidable récit d’apprentissage, dans l’atmosphère dorée de l’île de Drumsö Nos souvenirs sont des fragments de rêves mélange habilement petite et grande histoire !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

La claque !

Un petit résumé succinct pour commencer : Le narrateur retrace cinquante ans de sa vie à partir de ses sept ans et de sa rencontre avec la famille Rabell. Il vient d'une famille modeste tandis que les Rabell croulent sous l'opulence. On est en Finlande , à Helsinki ou dans les villégiatures attenantes. La guerre contre les Russes marquent encore l'opinion publique , les libertés sexuelles s'affirment.



Voilà pour ce résumé, ou plutôt cette introduction au décor.

Ce livre est tout simplement magnifique.Il est magnifique par son histoire qui entremêle quelques personnages sur des décennies, par leur évolution . On s'attache forcément, même aux cons.

Mais bien au delà de l'histoire, il est magnifique par tout ce qu'il bouleverse en nous. Les souvenirs , l'enfance et sa prégnance dans l'adulte que nous sommes devenus. L'amour , l'amitié, l'argent , la religion...

Mais tant d'autres choses . On a envie de plonger dans les lacs après le sauna, on a envie de ce coucher de soleil quasi boréal, de boire une bière en regardant filer les bateaux estivaux dans le golfe de Finlande, de cette couverture dans l'herbe avec l'être aimé(e) à notre adolescence bourgeonnante.

On a envie nous aussi de faire de notre vie ce que l'on veut, d'aller vers sa destinée et d'y croire.

On a envie de crier à l'oreille des personnages et de guider leur conduite pour que les erreurs ne se reproduisent pas.



Ce livre est donc bouleversant. L'amitié au tout au moins les relations qu'entretiennent les "héros" durant cinquante ans leur permet de se replonger dans leur enfance pour comprendre le présent ou renforcer leurs liens.

Au delà de cette fabuleuse qualité , qui justifie largement à elle seule la lecture de ce livre, l'auteur fait vivre l'actualité sur la période . La montée du radicalisme religieux , les migrants , mais aussi Tchernobyl, l'assassinat d'Olaf Palme , la guerre et ses conséquences, les changements climatiques, le tourisme de masse.

On y ajoute des réflexions sur l'argent , le pouvoir , ses conséquences et l'on obtient ce magnifique livre , d'une grande densité , à la sensibilité à fleur de peau qui ne peut que nous transporter, nous ramener à notre propre existence , nous questionner sur nos choix .



Bravo et merci aux éditions 'Autrement " et à Babelio pour cet envoi.
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Casa Triton

Loin du monde, sur une île d’un archipel finlandais, deux voisins font connaissance. Tous deux ont dépassé la cinquantaine, tous deux sont seuls, tous deux ont un unique enfant parti vivre au loin, tous deux sont musiciens… Thomas Brander, chef d’orchestre à la renommée internationale mais dans la phase descendante de sa carrière, s’est fait construire une magnifique demeure, la Casa Triton, de la taille d’une église pour l'emplir de musique. Divorcé, il supporte mal sa rupture avec une jeune musicienne, Krista, qui s’affiche ouvertement avec un concurrent plus jeune…Son fils, Vincent, lui rend de rares visites. Sa fortune et sa célébrité rendent sa solitude encore plus amère…



A quelques distances de chez lui, vit Reinar Lindell, psychologue de métier, veuf inconsolable. Sa femme Madeleine est morte d’un cancer, sa fille Maja voyage à travers le monde. Il anime un groupe de musiciens amateurs qui joue le samedi soir dans le café du village des reprises de groupes populaires, blues, rock, soul…De condition beaucoup plus modeste, il se lie malgré tout une amitié entre ces deux hommes qui vont évoluer au contact l’un de l’autre. Face à la beauté de cette nature touchée elle aussi par les changements climatiques, se jouent également les drames de notre société. Les attentats du terrorisme islamique, le problème des migrants, la radicalisation des jeunes, la récession économique, le rôle des réseaux sociaux, la crise sanitaire due au Covid, tous problèmes qui les atteignent dans ce petit coin de paradis, lieu géopolitique stratégique.



Bref un roman à la fois dépaysant et actuel, un peu technique parfois mais c’est ce qui fait aussi son charme…Car si Thomas est obsédé par la perfection de la performance musicale, Reinar recherche surtout le plaisir d’être ensemble et d’offrir quelques heures de délassement à ses auditeurs. Deux publics apparemment différents voir opposés mais la passion de la musique qui a réuni les deux hommes va finalement permettre de vaincre ces frontières. Merci à Babelio et aux éditions Autrement pour ce très beau livre.

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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Belle fresque sur une cinquantaine d’années de la vie finlandaise vue par un écrivain, issu d’un milieu modeste et devenu ami d’une famille aisée. L’occasion pour l’auteur d’évoquer l’histoire des différents membres de cette famille, son amitié avec Alex, jeune homme de son âge, et son histoire d’amour avec Stella, la jeune sœur. Histoire d’amour qui connaitra ruptures et renouveau au fil du temps pour finir en une sage amitié…



Le roman débute sur une tentative de crime contre Alex puis le narrateur, qui va être le prétexte pour remonter dans les souvenirs. Mais on l’oublie au fil des pages, et elle finit par avoir son explication à la fin alors qu’on a perdu le fil. Explication qui malgré sa logique reste peu convaincante, la personnalité du meurtrier étant peu analysée.



La partie la plus intéressante et la plus authentique a été pour moi le récit de leur jeunesse, où se mêlent le charme des paysages finlandais, l’enthousiasme d’un premier amour, l’évocation des anciennes générations, le mystère de l’absence du père, l’importance de l’amitié. Au cours des années suivantes les relations vont s’effilocher, une nouvelle génération prendre sa place, héritière des failles de la précédente, les personnages se faire plus caricaturaux.



C’est pour cela que je reste sur une impression un peu mitigée : enchantée par la première partie, déçue par la fin. La recherche du temps perdu s’avère beaucoup plus passionnante que la vie présente de quinquagénaires, plus ou moins désabusés qui essayent de renouer les fils d’une existence disparue…Quand à l’évocation de l’actualité, les attentats, le problème des migrants, elle se surajoute de manière artificielle sans rien apporter au récit. Ce fut malgré tout une lecture agréable,le talent de conteur de l'auteur fait oublier les maladresses du scénario.



Un grand merci aux éditions Autrement et à Babelio pour la découverte de ce roman.

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