AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Laurent Seksik (822)


Laurent Seksik
- Et qu'est-ce donc que le Kaddish?
- La prière des morts. Les endeuillés l'entonnent plusieurs fois par jour à la mémoire de leurs disparus.
- Vous avez le culte des morts?
- Nous essayons de prolonger leur souvenir dans nos pensées et nos actes. Nous nous remémorons chaque jour leurs noms dans nos prières, durant une année entière, ainsi nous prolongeons leur existence dans nos coeurs avant de les laisser trouver le repos éternel. C'est qu'à nos yeux la vie a un caractère sacré.
- Regarde mon insigne, Kacew, l'insigne de la SS. Nous, nous avons le culte de la mort. Alors n'essaie pas de m'apitoyer Kacew!
Commenter  J’apprécie          211
Est-on encore un écrivain quand on n'est plus lu dans sa langue ? Est-on encore en vie lorsqu'on n'écrit plus de son vivant ?
Commenter  J’apprécie          212
Quelques éclats de rire se font entendre. Se peut-il qu’en un même instant, de part et d’autre d’un océan, une même jeunesse brûle, ici, des cigarettes, là, des livres ?
Il songe à ce qu’il adviendra de ces jeunes Américains-là, à l’air naïf, au visage radieux, lorsqu’ils se retrouveront, combattant face à la jeunesse allemande préparée à la lutte, avide de sang et de pureté raciale.
Commenter  J’apprécie          200
«  Depuis la mort de mon père , ma vie tourne autour du souvenir, comme la terre autour du soleil. »
Commenter  J’apprécie          200
Le grand dessein des fils n'est-il pas de se hisser à la hauteur de leur géniteur en prenant soin de les dépasser des épaules puis de traîner leur peine, le dos courbé, la tête basse, accablés de leur avoir survécu ?
Commenter  J’apprécie          200
On avait prétendu que les Juifs ne participaient pas à l'effort de guerre, alors que par milliers ils s'étaient engagés, allemands de naissance ou pas. Et pendant que l'on se massacrait dans les tranchées, le pouvoir avait pris le temps d'établir le recensement des Juifs dans l'armée allemande, avec l'intention de démontrer au peuple allemand que le compte n'y était pas. On n'avait jamais publié les chiffres parce que les résultats démentaient les allégations impériales, le compte y était, les Juifs crevaient dans la boucherie, comme tout le monde, mais non, on avait laissé planer le doute pour détourner sur eux le vent de colère populaire qui pouvait souffler contre l'empereur Guillaume II. (Berlin, 1924)
Commenter  J’apprécie          200
Elle avait lu et relu les gros titres pour s'assurer qu'elle n'était pas en proie à une hallucination. Le kiosquier lui avait certifié que non, elle ne rêvait pas : Roosevelt avait déclaré la guerre au Japon et à l'Allemagne. Tremble, Hitler, tes jours sont comptés !

Dans un mois, les forteresses volantes dont elle avait vu les images aux actualités cinématographiques allaient déferler sur l'Europe. Des armadas de navires déverseraient des millions de GI sur les plages de l'Atlantique. Les soldats de la Liberté ne feraient qu'une bouchée des bourreaux allemands. Les forces du Bien écraseraient les Demons. Ils étaient sauvés ! Aujourd'hui, à Katowice, à Francfort, à Vienne, les Juifs devaient faire la fête, chanter des louanges à l'Éternel ! Leur calvaire était terminé. L’Amérique tendait la main aux damnés. Vite, il fallait annoncer la nouvelle à Stefan ! Il n'avait pas dû l'apprendre. Dorénavant, il refusait de lire les journaux et d'écouter la radio. Il ne supportait plus que l'annonce des catastrophes et les drames ralentissent ses travaux.
Commenter  J’apprécie          190
Le père de Milena Jesenka, éminent et fort honorable chirurgien, menbre de la haute société praguoise, n'avait-il pas fait interner de force sa fille à l'asile à l'annonce de sa décision de se marier avec un juif ?
Commenter  J’apprécie          190
Sur un ton alarmiste, Werner évoqua la situation politique, aborda l'élection de Hindenburg. Le vote du 10 avril ne faisait à ses yeux que retarder l'échéance. Un vieillard de quatre-vingt-cinq ans était le dernier rempart contre l'accession des nazis au pouvoir. Cet homme, qui avait participé à la bataille de Sadowa en 1866 et avait fait la guerre de 1870 contre Napoléon III, tenait entre ses mains le destin de l'Allemagne de 1932, le sort de Weimar, le salut de la République. Autant croire au miracle !
Commenter  J’apprécie          190
Lieserl était le secret le mieux préservé de la légende Einstein, mieux gardé que celui des Templiers. Aucun registre n'attestera jamais de sa naissance. Nul ne se doute encore aujourd'hui, en 1930, trente ans après les faits, qu'Albert et elle avaient eu et abandonné un enfant, que cette enfant était décédée.
Lieserl Einstein avait été effacée des mémoires.
Commenter  J’apprécie          190
Il abhorrait l'idée de célébrer son soixantième anniversaire. Le contraste entre le jour de ses cinquante ans et celui d'aujourd'hui était saisissant. Une décennie l'avait transporté de la clarté aux ténèbres. Pour son cinquantenaire, il avait reçu au Kapuzinenberg des tonnes de courrier d'amis et de lecteurs du monde entier. Aujourd'hui, il était sans domicile fixe, ses livres étaient partis en fumée. Ce 28 novembre 1941 le terrorisait. Il avait soixante ans. Il se sentait devenir vieux. Encore quelques mois et il aurait vécu plus longtemps que son propre père. Ses amis, Ernst Weiss, Erwin Rieger, Ernst Toller avaient choisi de mettre fin à leurs jours, d'autres avaient été assassinés ou croupissaient à Dachau. Joyeux anniversaire !
Commenter  J’apprécie          180
Il y a dans la littérature quelque chose de définitif qui enterre vivants les vivants.
Commenter  J’apprécie          180
Depuis la mort de mon père, ma vie tourne autour du souvenir, comme la terre autour du soleil.
Commenter  J’apprécie          180
- Tu as suivi quelques-uns de mes conseils, mais visiblement pas celui d'entamer une analyse. Tu as peur que cela ne nuise à ton inspiration ? (...)
-J'ai bientôt cinquante ans. Je crois que je ferai sans.
-C'est dommage, tu manques une des plus exceptionnelles aventures humaines de ce temps. Mais peut-être la littérature est-elle un autre moyen de se connaître et de se révéler à soi-même. (p. 112)
Commenter  J’apprécie          180
Tu es étroit d'esprit, Igor Petrovitch, répliqua le premier. L'invention romanesque permet de raconter l'Histoire mieux qu'aucun traité. Est-ce que Homère ne faisait pas parler les dieux? Moi, je me moque de la stricte vérité. Si je veux le vrai, je lis le journal. Si je veux l'intelligence, je lis de la philosophie. Mais la vérité de l'homme - qui n'a rien à voir, j'en conviens, avec la vérité des faits - est dans l'émotion. Je la trouve dans les romans. Bien sûr, je ne suis pas sûr que Koutouzov ait exactement agi comme l'a écrit Tolstoï, je me moque qu'il ait seulement prononcé les propos qu'on lui prête! Ce que je sais, c'est que "Guerre et Paix" me fait comprendre le monde.
Commenter  J’apprécie          180
Privilégié à la vie sauve et comptable des siens, il sent toujours sur lui le regard des disparus, lèvres muettes, paupières closes, posé depuis l'épaisse nuit des âmes tourmentées. Sa fidélité au passé est comme le culte des morts. Chaque acte de noblesse dépose une couronne sur leur sépulture, chaque geste déplacé offense leur mémoire.
Commenter  J’apprécie          180
Et la peur de la mort se transforme chez eux en une résignation et une soumission désespérées.
Commenter  J’apprécie          180
Il sortit les livres, un à un. Lentement, pour chacun d'eux, il contemplait la couverture, effleurait la tranche. Puis, longuement, éperdument, de manière un peu risible, il plongeait le nez dans les pages, reniflait l'odeur qui s'en dégageait. Ces livres n'avaient pas vu la lumière depuis la fuite de la maison d'Autriche. Le dernier endroit qu'ils avaient connu était la bibliothèque du domaine du Kapuzinerberg. Le temps, la traversée des continents et des océans n'avaient pas dissipé leur parfum. Ils exhalaient l'odeur du salon de la maison de Salzbourg. Les pages s'en étaient imprégnées au fil des années – mélange de senteur de sapins, de feu de bois, de feuilles d'automne, d'odeur de terre après l'averse, de fumée de cigares, de pomme, de vieux cuirs, de fragrance de femme et de tapis persans. Après la ferveur et la solennité avec lesquelles il avait ouvert les premiers ouvrages, il se mit à plonger le nez dans les suivants. Il humait à pleine narines. Les pages avaient tout conservé. Le passé n'était ni mort, ni enterré. Il était préservé entre les pages de ces livres.
Commenter  J’apprécie          180
Certains matins, ils conversaient sans interruption, d'autres jours, ils gardaient le silence. Le temps ne paraissait pas plus long qu'ils prononcent quelque chose d'essentiel ou qu'ils restent silencieux. Ils parlaient rarement du passé, ils ignoraient tout du lendemain. Ils célébraient l'instant présent.
Jamais, devant quiconque, ils n'avaient fait mention de ce rendez-vous quotidien et sans doute personne n'avait jamais remarqué le manège de ces deux êtres, au petit matin, dans la vallée de nulle part, sur la route déserte. Ils se sentaient à l'abri, au milieu des montagnes. Leur parloir avait les dimensions de l'infini.
Commenter  J’apprécie          180
Vos livres sont comme des diamants éternels, vos livres nous parlent et vos livres nous racontent, vos livres ont la splendeur des âmes pures, vos livres sont comme la prière des hommes.
Commenter  J’apprécie          180



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Laurent Seksik (2732)Voir plus

Quiz Voir plus

Des souris et des hommes - John Steinbeck

Comment s'appellent les deux personnages principaux ?

Lennie et Auguste
Slim et Lennie
Slim et Curley
George et Lennie

14 questions
603 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}