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Citations de Laurent Seksik (822)


Le terme de maladie mentale lui écorche les lèvres. Il n'y a pas de fous chez les Maric. Des âmes oubliées dans leur solitude, des vies dévastées, oui. Des esprits dérangés, peut-être.
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Outre l'amour pour le Brésil, il partageait avec Bernanos la fascination de l'errance, la nostalgie d'un paradis perdu-pour lui, la Vienne cosmopolite du début du siècle, pour Bernanos, l'ancienne France chrétienne. Une même détestation pour le fascisme et le stalinisme les rapprochait. En matière littéraire, lui, l'écrivain des ardeurs sentimentales, se sentait des proximités avec le "prophète du sacré". Comme Bernanos, il considérait La Comédie Humaine comme l'expérience littéraire la plus aboutie et voyait en Dostoïevski un maître absolu. (p. 142)
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"J'ai demandé au surveillant Heimrat quelle période de sa vie il fallait préférer. Il a dit sans hésiter : l'instant présent."
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Le retard mental n’engendre pas automariquement l'inadmissibilité à moins que le requérant manifeste ou ait manifesté un comportement destructeur. En vertu de la loi, est par ailleurs inadmissible le demandeur qui risque, à n'importe quel moment, de devenir un fardeau pour l'État.

« Tout cela, vous le savez hélas, cher professeur, cependant il est bon parfois de rappeler les choses essentielles. Donc, après une étude sommaire de cas semblables aux vôtres puisque nous savons tous les deux que vous n’avez rien sollicité, je dirai à titre personnel qu'un fils sur deux c'est beaucoup mieux que la plupart des demandes de vos semblables que j'ai à traiter aux portes d'Ellis Island. Et j'ajouterai à titre personnel que la Suisse est un pays qui s'honore de traiter ses malades mentaux mieux quaucun autre. Allez, cher professeur, je serai ravi de signer l'acte de naturalisation de Hans-Albert Einstein et de le recevoir dans notre beau et grand pays. Tous les Einstein sont les bienvenus chez nous. Du moins, ceux qui ont la tête bien faite. »
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Oui, il avait écrit de telles phrases insensées, mortiferes, et d’autres encore, sur le sublime de cette issue fatale. Oui, il admirait les accents grandioses de cette mort choisie. Et oui, il plaçait au-dessus de tout le geste ultime de Kleist. Après avoir tiré une balle dans la tête de sa compagne, le poète s'en était logé une dans sa propre cervelle. Oui, son Kleist osait faire l'éloge de cet acte funeste ! Et ces lignes avaient été écrites en 1925, alors qu'aucune meute ne courait à ses trousses et que la mort n'était pas le maître mot d'Allemagne.
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Il (Albert Einstein) n’entrera pas dans le monde de son fils. Ce monde n’est pas le sien. Ce monde n’est pas le monde. Ce monde le terrorise. Il doit l’admettre. Il a peur. Voyager lui fait peur. Retrouver son fils le remplit d’effroi. Il doit assumer la terrible vérité. Voir son fils lui est plus douloureux que ne pas voir son fils. Comment imaginer cela ? Comment admettre cela ? Comment l’avouer à quiconque ? Il a peur de son ombre. Son ombre, sa descendance. Sa descendance qui vit à l’ombre. À perpétuité.
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« Que vois-tu, Marek ?

— Rien.

— Non, Marek, tu ne vois pas rien, tu vois le vide.

— Quelle est la différence entre rien et le vide ?

— Le rien, c'est quand on débute dans l’existence. Le vide, c'est quand on n’a plus rien. »
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Tu as inventé -le style romanesque psychanalytique.- C'est toi, le double de Freud, et non Schnitzler. Pour moi, l'intérêt de tes livres réside dans le mystère de cette relation entre le narrateur et son interlocuteur. Plus encore que le héros, c'est le confesseur qui me fascine, cet être resté dans l'ombre et qui jamais ne juge. Contrairement à la plupart des écrivains, tu n'es pas le héros de tes romans, ton -Je- se promène tout entier dans cet être qui reçoit, impassible, le récit des malheurs du monde. (...)...
Tes héros ne font que raconter ta propre blessure, dresser l'inventaire de ta longue dérive. (p. 110-111)
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« THERAPEUTE : nom masculin 1704; grec, therapeutés de therapeuien soigner.
1 : Ascète juif qui vivait en communauté non loin d'Alexandrie. Les Thérapeutes étaient une tribu juive d'Alexandrie au premier siècle après J.-C. et formaient une secte dans le judaïsme, une sorte d'essénisme perfectionné.

2 : Personne qui soigne les malades... »

L'épopée des Thérapeutes s'était déroulée au début de l'ère chrétienne, sur les bords du lac Maréotis. La tribu y menait une vie heureuse et monacale, peuplade paisible en quête d'élévation spirituelle, s'adonnant à la méditation et à la prière, étudiant la guérison par les plantes et par la parole, docteurs émérites, médecins de l'âme et serviteurs de Dieu. Ces hommes à la bonté parfaite qui enseignaient l'art de soigner avaient partagé le sort des autres Juifs d'Alexandrie massacrés lors des émeutes qui avaient secoué la ville en l’an 38 sous le règne de Caligula et que le philosophe Philon d'Alexandrie avait relatées dans son texte Legatio ad Caium.
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La dernière pièce était entièrement dévolue a la bibliothèque. Un épais rideau de velours blanc empêchait que la lumière n'y pénètre et n’endommage les ouvrages, pour la plupart de vieux romans au papier abîmé, trouvés chez les bouquinistes et écrits par des auteurs de langue allemande, parfois tombés dans l'oubli mais que Tobias avait l'impression de ramener à la vie en les sortant des casiers dans lesquels leurs pages jaunissaient depuis des décennies.
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Maudit soit-il et maudit soit le nom de Zweig, le nom que je porte, maudit soit le jour où je suis entrée dans ce bureau de Londres, le bureau du Grand Ecrivain Autrichien, cet homme, prophète de malheur, incapable d'un mouvement de joie. Je devrais quitter ce lieu, oui, mon salut dans la fuite, mais où aller, il m'a conduite dans cette prison dont les barreaux sont des lianes, il m'a menée au bout du monde, je n'ai nulle part où fuir, personne ne m'attend, je dois rester ici, à côté de cet être de marbre, dans ce tombeau de tristesse, oui, voilà pourquoi il a choisi ce lieu, une nécropole, la ville impériale où il n'y a plus d'empire, j'aurais dû demeurer à New York, rester avec Eva, là-bas, elle et moi, nous aurions dansé, en ce jour, sur la 5e Avenue, où tous les Juifs doivent aujourd'hui danser car ce jour est un grand jour, la guerre est finie, l'Eternel nous a entrouvert les portes, l'Éternel va nous faire sortir d'Allemagne comme II nous a fait sortir d'Égypte, Hitler n'est pas plus fort que Pharaon, notre épreuve est terminée, l’Eternel a pardonné nos offenses, il tend à nouveau sa main vers son peuple. Mais lui, évidemment, est incapable de se réjouir, lui ne croit en rien, ni en Dieu ni en Roosevelt. Zweig a la mort pour unique campagne.
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On raconte que des agents du FBI rôdent sur Mercer Street autour du 112. Edgar Hoover, le nouvel homme fort de l’Agence, serait convaincu qu’Einstein est un agent à la solde de Moscou. Son visa provisoire ne le protège pas d’une expulsion. Ses appels au pacifisme, sa critique du système capitaliste, ses sympathies socialistes, son engagement en faveur des Noirs américains plaident en sa défaveur. Des groupes américains rêvent toujours de le voir renvoyer en Allemagne.
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Du fait de la croissance du garçon, son pantalon devait sans cesse être rallongé par un nouvel ourlet que Nina prenait un plaisir jubilatoire à faire. Se mettre à genoux devant Roman pour coudre, c'était dans son esprit comme s'incliner face au destin, se prosterner devant la vie qui continuait. Elle rallongeait le tissu, elle prolongeait les jours, conjurait le malheur à grands coups de ciseaux.
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Le malheur avait développé en elle, comme un sixième sens, un don prémonitoire. Nul n’osait lui contester cette réalité , c’était un être d’instinct sensible à l’environnement comme aux entourages – entrant dans une pièce, elle pouvait d’emblée percevoir, sans qu’aucun mot n’ait été prononcé, un seul regard échangé, si quelqu’un lui était hostile. P 35
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Le lundi suivant, on l'enterrait au cimetière de l'Est. Un beau cimetière, je ne dis pas, avec ses pins magnifiques, sa vue sur la mer imprenable, mais tout de même, de là à y rester le reste de ses jours...
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Il (Albert Einstein) a eu tous les courages. Braver la Gestapo, soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création de l'Etat juif, braver le FBI, ne pas baisser l'échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l'Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les Juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Etre en première ligne. Mais aller voir son fils est au-dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l'univers ne connaît pas de limites.
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Il s'était voulu le témoin, le biographe des riches heures de l'humanité ; il ne parvenait pas à se faire le scribe d'une époque barbare. Sa mémoire occupait trop d'espace, la peur prenait trop l'ascendant.

À propos de Stefan Zweig en automne 1941
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(Albert Einstein) a eu tous les courages. Braver la Gestapo, soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création de l’état juif, braver le FBI, ne pas baisser l’échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l’Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Etre en première ligne. Mais aller voir son fils est au dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l’univers ne connait pas de limites.
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Tout le monde a sa petite idée sur Einstein. Des types comme lui, il y en a un par siècle. Des types comme moi remplissent votre salle d'attente.
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Je suis allé voir l'urologue que tu m'as conseillé. Il paraît que ma prostate se porte à merveille. "Un vrai miracle !" a-t-il déclaré. Quand j'avais cinq ans, un miracle, c'était la mer Rouge qui s'ouvrait. Quand j'en avais vingt, une fille dans mon lit. Aujourd'hui, c'est mon taux de PSA normal !
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