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Citations de Laurent Seksik (822)


L'âme de Kafka quittera bientôt ce corps. Ou bien, il n'y a nulle âme qui tienne, rien avant, rien après, la vie est une gare immense et désolée où se croisent des espoirs insensés, qui ne font qu'attendre des trains qui ne viendront jamais.
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Sans doute, songea Robert, à peine posait-on le pied dans un tel endroit que se voyait balayée toute forme de pudeur et que tout individu, qu'il fût étudiant en médecine ou écrivain, se trouvait réduit à la seule condition de malade, de la même façon que soldat, endossant l'uniforme, on en était réduit à l'état de guerrier anonyme et aux ordres.

( p.47)
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Je ne suis pas sûr que tu aies raison, Laurent. Pour te dire le fond de ma
pensée, je ne crois pas que littérature et psychiatrie fassent bon ménage. (...)
Il me semble que la fréquentation quotidienne de l'imaginaire ne s'accorde
pas avec la pratique journalière de la folie. Il y a là comme un voisinage
trop intime, une proximité presque incestueuse. La folie dévastatrice des
patients domine toujours la folie douce de la fantaisie créatrice. Et puis
notre métier est un sacerdoce. soit tu seras un excellent psychiatre et un
mauvais écrivain,soit ce sera l'inverse. Dans le premier cas, bien sûr, ce serait
moins grave, un mauvais écrivain n'a jamais tué personne. Mais tu auras
meurtri tes rêves, ce qui est au fond un autre crime...(p. 111)
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[Ludichev, 1904. Vive discussion entre Pavel et le médecin militaire avant d'opérer le gouverneur]
"Pourrais-je avoir des gants, s'il vous plaît ? demanda-t-il au médecin militaire.
- Pourquoi faire ? répondit l'autre.
- Pour palper l'abcès dans la gorge.
- Nous n'utilisons jamais de gants. Cela gêne et ce n'est pas très propre.
- Des gants fins que l'on jette après usage !
- Quel gâchis ! Quelle ânerie !
- Tu n'as pas lu les articles de Semmelweis ?
- Mes maîtres me recommandaient de ne jamais lire les articles médicaux, cela risque d'influencer.
- Et les travaux de Halsted, de l'hôpital John-Hopkins à Baltimore ? Et ceux de Chaput à Broussais ?
- La médecine russe n'a rien à apprendre d'étrangers !
- Bien, où pourrai-je me laver les mains ?
- C'est obsessionnel ! Tu veux te laver maintenant ? Et pourquoi donc ? Tu es si sale que cela ?
- Je suis les recommandations de Semmelweis.
- Tu finiras comme lui ! La médecine russe est saine, de corps et d'esprit. Tu doutes de l'hygiène russe après avoir douté de la médecine russe ?
- Je crois en l'asepsie.
- L'asepsie est une ineptie. Mais quel genre de médecine exerces-tu ?"
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L’enfant a appris la grande lâcheté des hommes, a vu s’éteindre le temps de l’insouciance. Elle se promets d’en ranimer la flamme, peu importe ce que cela lui coûtera d’énergie et de peine. Elle s’évertuera tout au long des années à tenter d’effacer l’instant de cet aveu, à enseigner ce qu’est un amour absolu, un amour pur, sans taches. P 92
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Nina détestait tous les Kacew. En un sens, elle avait l’esprit de famille. Elle les détestait avec l’excès qu’elle appliquait à toute chose, elle détestait sans nuances avec une violence irraisonnée, une férocité jamais feinte. Elle excellait dans l’art de la détestation, haïssait avec un talent fou, trouvait toujours le mot juste et le terme assassin, et si sa rancœur contre tel ou tel individu s’adoucissait - car elle était capable de se réconcilier avec la même promptitude qu’elle pouvait s’enflammer contre quelqu’un - , alors elle se découvrait un nouvel adversaire, ouvrait un nouveau front.
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Ils envoient tout le monde à la mort mais ils refusent d'engager les malades, alors que le travail est déjà à moitié fait... Charlatans de docteurs ! La tuberculose, c'est une bonne raison d'aller se faire tuer, pas un motif de réforme. Ils sont tous partis. Reste plus que nous de vaillants. Enfin, vaillants... 
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La relativité serait une science juive, indigne de la communauté allemande. La formule E = MC 2 aurait été inventée par Friedrich Hasenöhrl. Une découverte aryenne.
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Toute ombre, après tout, est fille de la lumière et seul qui a éprouvé la clarté et les ténèbres, la guerre et la paix, la grandeur et la décadence a vraiment vécu.
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" Parlez donc et choisissez pour moi, ô vous, mes souvenirs, et rendez au moins un reflet de la vie, avant qu'elle sombre dans les ténèbres. "
Elle avait lu tous ses livres. Il n'avait rien écrit d'aussi beau, d'aussi profond, d'aussi lumineux et triste.
C'est elle qui avait dactylographié chaque page sur la vieille Remington. Elle en avait tapé le titre, Le Monde d'autrefois. [...]
Elle disait : " C'est bien ainsi, c'est parfait, il n'y à plus rien à changer, c'est votre plus grand livre. "
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Le monde s'est obscurci. Son nouvel univers se trouve délimité par le tracé de la route qui va de la maison au Burghölzli.
Elle vient chercher Eduard à la porte du Burghölzli pour le conduire chez elle.
Quelques semaines plus tard, un accès de démence ramène Eduard entre les murs.
Elle préfère ne plus compter les séances d'électrochocs.
Elle n'interroge plus les médecins sur un quelconque bénéfice de la méthode, ni sur sa sauvagerie. Elle ne pose plus de questions.
Elle contemple la souffrance dans les yeux de son fils; Par deux fois, Edouard a tenté de se suicider. Elle est la compagne de la folie.
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" Terminées les lectures, plus jamais le regard posé sur la page d'un livre. Plus jamais les yeux ouverts sur d'autres univers. Et l'étrange et lumineuse intimité avec l'auteur, l'impression d'être aspiré dans un monde, plus jamais le voyage imaginaire, la distortion du temps. Et plus l'ivresse d'écrire, les morceaux de bravoure et les passions grandioses, les féeries révélées et le jeu des transferts, oui, décidément, ce monde au milieu des mots aura été le seul univers ou vivre était supportable. Tourner ou écrire des pages aura été l'unique geste qu'il aura accompli avec légèreté. Avec les hommes, jamais il ne sera parvenu à la moindre insouciance."
p.181
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Dans un monde obscur, pourquoi m’avoir offert ce spectacle là ? De quoi suis-je puni ? Qu’ai-je fait pour mériter d’être le témoin du crime de mon père ? Seigneur, aide-moi quand je croiserai ma mère, retiens mes larmes, domine ma faiblesse. Que je reste sans voix si je veux révéler cet infâme forfait. Qu’il n’y ait dans mes yeux aucune sorte d’aveu, que mes souvenirs restent hors de portée de son regard, elle qui voit à travers moi, devine mon chagrin. Que je ne révèle rien de ce que j’ai vu. Tant pis, si j’ai promis de ne jamais mentir, la tristesse de Mam est au-delà des serments et au-dessus des lois. Le cœur de ma mère est un sanctuaire, ce cœur est fragile, pur et délicat. Fais que je taise ma peine, que mes lèvres ne s’ouvrent pas. Mais Seigneur, toi qui est juste, ne laisse pas cet acte impuni. Donne à mon père le sort que tu réserves à ceux qui te défient. Ne pardonne pas à celui qui t’offense le jour et le maudit la nuit, celui qui brûle chaque jour tout ce à quoi rêve un fils.
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Dans la religion juive, dix fidèles faisaient plusieurs fois par jour le kaddish afin de perpétuer la mémoire des disparus. Elle ignorait si les autres religions comportaient de telles pratiques. Elle entendait encore le rabbin le jour de Kippour, le seul jour où elle allait à la synagogue, demander aux croyants le nom de leurs proches décédés et psalmodier l'énumération d'une longue liste. Le nom des morts était une prière. Chaque fidèle était appelé à se remémorer ses défunts. Le rabbin, à intervalles réguliers, relançait les efforts de chacun en prononçant une phrase en hébreu dont elle avait demandé le sens à la vieille dame assise à ses côtés. "Vegam nefesh" "Et aussi l'âme de ..." Le lieu de culte semblait gardé par une myriade de fantômes tirés de l'éternité silencieuse par les injonctions répétées, leur ombre bienveillante planant au-dessus des fidèles et rendant leur bénédiction.
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Et, comme elle se sentait en confiance, elle avoua, réalisant l'incongruité de son propos en même temps qu'elle prononçait ces mots :
"J'ai choisi médecine par esprit de famille."
Il éclata de rire, un rire joyeux, sonore, qui lui donna l'air doux.
"La famille est importante pour tout le monde, Léna ! Mais tout le monde ne fait pas médecine, fort heureusement ! Dites-moi la vérité. On ne devient pas cancérologue pour des raisons familiales ! Je vais vous dire ce que je crois. Pour pratiquer notre spécialité, il faut aimer la souffrance, celle des autres et peut-être aussi la sienne propre, oui, peut-être faut-il aimer souffrir. Et si vous voulez le fond de ma pensée, c'est pour cela que vous excellez dans votre métier."
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la seule injustice sur terre,c'est que le malheur est équitablement reparti entre tous les hommes
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Nos vies s'inscrivent dans le regard des autres.
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Il reste toujours quelque chose de la calomnie.
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"N'ayez aucun regret, madame Einstein. Vous avez eu raison de venir ici. Le bien de nos proches nécessite parfois d'aller à l'encontre de leur volonté. Et puis, gardez espoir. Nous sommes en 1930. La science accomplit des progrès fulgurants. Ce n'est pas à vous, chère madame, que je l'apprendrai. Ne soyez pas inquiète, nous veillons. Au revoir, madame Einstein."
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Les tourments que j’inflige à ma mère remontent au jour de ma naissance. Ma mère me l’a souvent répété, l’accouchement fut un vrai calvaire. Les adultes parlent à tort et à travers sans imaginer la portée de leurs actes. A entendre maman, il aurait été préférable que je ne vienne pas au monde. Que serais-je devenu ? P 21
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