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Citations de Lionel Shriver (667)


À la suite des nombreux décès causés par les bactéries résistantes aux antibiotiques – dont l’une des souches avait entraîné la mort de la mère de Willing –, des codes sociaux moins intimes s’étaient imposés. Esquisser une poignée de main vous trahissait immanquablement comme un yeurk passéiste. Dans le même ordre d’idées, les bises étaient tout aussi féroces, et s’il vous prenait l’envie d’essayer de dire bonjour à une connaissance en l’embrassant, vous vous en seriez probablement mangé une. Willing et sa cousine se saluèrent d’une légère tape sur l’épaule.
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Elle a néanmoins également suggéré que, le désintérêt de Kevin pour mon sein ayant persisté, je souffrais peut-être d'un sentiment de rejet. Là, j'ai changé de couleur. Que je puisse prendre à coeur les prédilections opaques de cette minuscule créature à moitié formée me gênait beaucoup.
Elle avait évidemment raison. Au début, j'ai pensé que je faisais quelque chose de travers, que je ne guidais pas sa bouche. Mais non ; je plaçais le tétin entre ses lèvres, où donc aurait-il pu aller autrement ? Il avait tiré une ou deux fois, avant de se détourner aussitôt, le lait bleuté coulant sur son menton. Il s'étranglait, et, c'est peut-être le fruit de mon imagination, mais il essayait de se faire vomir.
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Finalement, aujourd'hui que les enfants ne labourent plus nos champs et ne nous prennent plus chez eux lorsque nous devenons incontinents, il n'existe plus de raison valable d'en avoir, et il est stupéfiant qu'avec l'avènement d'une contraception efficace on trouve encore des gens qui choisissent de se reproduire.
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Au fil des ans, j'ai été contrainte d'admettre que la plupart des fêtes sont décevantes. Plus un évènement est organisé avec soin, plus il est probable qu'il dégouline et se dilue sur l'autel des bonnes intentions. Les Noëls, les anniversaires, les cérémonies de mariages sont engloutis d'un côté par l'organisation et les préparatifs et , de l'autre, par le rangement, et donnent l'impression qu'ils n'ont jamais vraiment eu lieu (....) Je serais dans l'incapacité de nommer la source du problème, au-delà de cette inaptitude propre à l'espèce de profiter du moment présent ou d'une impossibilité universelle à anticiper que le fait de rester debout un verra à la main n'a rien de si génial.
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... - "C'est toujours la faute de la mère, pas vrai ?" a-t-elle dit tout bas, en ramassant son manteau. "Ce gamin a mal tourné parce que sa mère, elle est alcoolo ou accro à la drogue. Elle le laisse à l'abandon, elle lui apprend pas la différence entre le bien et le mal. Elle est jamais à la maison quand il rentre de l'école. Personne va jamais dire que le père est un poivrot, ou qu'il est pas à la maison quand il revient de l'école. Et personne non plus va jamais dire qu'il y a des enfants qu'ont la méchanceté. Croyez pas ces vieilles salades. Les laissez pas vous charger avec tous ces meurtres.

- LORETTA GREENLEAF ! [Appel du gardien.]

- C'est dur d'être une maman. Personne n'a jamais fait voter de loi disant qu'il faut être parfaite avant de tomber enceinte. Je suis sûre que vous avez fait de votre mieux. Vous êtes dans ce trou à rats par un beau samedi-après-midi ? Vous essayez encore. ...
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Placés face au néant, ces gestionnaires pointilleux qu’ils avaient toujours été avaient finalement compris que l’argent n’avait aucune valeur en lui-même, qu’il n’était qu’un moyen pour parvenir à une fin et n’avait donc de valeur que lorsqu’il était dépensé.
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[…] nous vivons dans un décor fabriqué dont l’innocuité relève de l’illusion collective.
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Il baissa la voix, comme pour lui transmettre une dernière parole de sagesse que son arrière-petit-fils se rappellerait peut-être des années durant ; à son âge toute séparation pouvait aisément être définitive. - Impossible de mettre la main sur des laxatifs. Si jamais tu en trouvais une boite ou deux...
C'était littéralement un monde de merde
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- Votre père-vous vous entendiez avec lui, ou bien c'était la bagarre ?
- Mr Plastic ? s'est gaussé Kevin. Il aurait fallu que ce soit mon jour de chance pour qu'on ait une dispute. Non, on était toujours dans le "rions ensemble", les hot dogs et les chips au fromage. Un faux cul total, vous voyez ? Genre : "Si on allait au musée d'Histoire naturelle, Kev', ils ont des cailloux super chouettes". Il se faisait un cinéma Little League, coincé dans les années cinquante. J'étais abreuvé de "Je t'aime-je t'aime-je t'aime, fiston !" et moi je le regardais : "Tu parles à qui, là, mon gars ?" Ca veut dire quoi, un père qui t'aime-t'aime-t'aime et qui n'a pas la moindre idée de qui tu es ? Il aime quoi, en fait ? Un môme de la série Happy Days. Pas moi.
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La religion a toujours été hostile au plaisir.
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..., le plus simple est de s'en tenir à la tradition.
- Au nom de la tradition, dans les années soixante-dix, les femmes n'avaient toujours pas accès à la propriété dans certains Etats. Traditionnellement, au Moyen-Orient, nous nous baladons dans des grands sacs noirs, et traditionnellement, en Afrique, on nous coupe le clitoris comme un bout de cartilage..."
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Elle lui rendrait même son petit ventre à force de brownies maison, parce qu'ils se faisaient vieux et que l'un des rares points positifs de la vieillesse était de s'accorder mutuellement la permission de ne pas être parfaits.
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J'ai peut-être quatre-vingts ans, et je ne mérite peut-être pas de vivre plus longtemps, mais je n'arrive toujours pas à cerner ce que signifie être vivant et encore moins être mort. Je ne sais pas ce qu'est cet endroit, ou même s’il est réel, et encore moins ce qu'on est censés y faire et, si j'ai perdu mon temps, je ne peux toujours pas te dire ce que j'aurais dû faire à la place. Je ne sais pas plus qu'à cinq ans ce qui est important. Je continue d'avoir le sentiment qu'il y avait un truc à saisir, or j'aurais du mal à m'y atteler maintenant qu'il me reste (elle vérifia l'heure à sa montre) quatorze minutes !
-Tout au long de ce monologue insensé, fruit, sans aucun doute, de l'hystérie, Cyril fit preuve de patience.
-Je doute qu'on comprenne ce qu'est la vie tant qu'on ne l'a pas perdue, dit-il d'une voix apaisante en lui caressant la main. Peut-être sommes-nous obligés de sacrifier notre vie pour la comprendre. Quelle que soit la nature de ce que tu penses être censée « saisir », cela risque de t'échapper jusqu'à l'ultime révélation.
Kay fronça les sourcils.
-Pour vivre, il faut mourir ?
Cette traduction était sommaire, alors qu’il pensait avoir formulé sa philosophie de façon plutôt poétique pour un médecin.
(p.91)
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De nos jours, les femmes ont le choix. On pousse des cris d'orfraie en découvrant un cafard dans la cuisine et on demande à un homme de nous en débarrasser mais, d'un autre côté, on monte sur nos grands chevaux et on se sent insultée si quelqu'un met en doute notre courage. On est gagnantes des deux côtés, quand on y réfléchit. On peut se classer parmi les meilleurs, diriger des entreprises, et soutenir en même temps qu'une main sur le genou constitue un traumatisme si d'aventure jouer les désarmées est politiquement utile. Les hommes n'ont pas vraiment ce choix. De quelque manière qu'on les présente, ils finissent toujours par apparaître comme décevants. C'est parce que la masculinité en tant qu'idéal est ridicule. Et si, contre toute attente, ils parviennent à se montrer forts, intrépides et impassibles quelles que soient les horreurs qu'ils traversent - piliers de la force, du droit et du pouvoir, tuant tous les dragons qui se présentent -, cela nous semble normal. Perdants sur tous les tableaux. 
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De toute façon, ces derniers temps, tous les endroits ont l'air de se ressembler. On mange différemment dans chaque pays, mais on mange partout, tu vois ce que je veux dire ?
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Il arrive un moment où l'on perd plus d'amis qu'on s'en fait.
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On ne peut punir que des gens qui ont déjà un tout petit quelque chose de bon en eux.
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Car pour pouvoir conserver la maitrise de sa fin de vie, il faut avoir la volonté de renoncer à une petite tranche d'une existence qui n'est pas encore pourrie. Sinon , c'est la dégringolade, les médecins et la famille prennent le relais et on est bons pour perdre cette partie de nous-mêmes qui réfléchit et qui agît.La fenêtre de tir qui nous permet d'exercer encore la maitrise de notre vie est étroite.
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La chambre aveugle était également dépourvue de télé et de radio. Dans l'ensemble, les équipements étaient pires qu'à la prison de Wandsworth, où les téléphones portables entrés illégalement étaient légion et les drogues de toute première qualité livrées par les drones du crime organisé. Les escrocs de tout poil gagneraient sûrement beaucoup plus d'argent en faisant entrer en douce des produits dans les hospices. A l'instant, Kay aurait payé des centaines de livres pour sa bouteille d'amontillado ordinaire. (p. 164)
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Le paradoxe de ce placement d'office ne manquait pas de piquant puisqu'il réussissait à vous inciter à en finir au plus vite alors qu'il était censé vous guérir de cette pulsion.
- Alors, qu'est-ce qu'on a là ?
La quinquagénaire replète assise derrière le bureau remettait soigneusement en place une pile de documents qui n'en avait pas besoin. Sa bouche souriait mais pas ses yeux. Elle portait un de ces colliers tendance qu'affectionnait Theresa May. Son tailleur à carreaux cintré était d'un goût exécrable que seuls les stylistes de luxe étaient capables d'inventer et il émanait d'elle une bonne humeur malveillante.
- Kate et Cyrus ! Je suis la directrice de La Tombée du Jour, le docteur Mimi Mewshaw - mais je n'aime pas les manières et vous pouvez m'appeler « docteur Mimi ».
- Kay et Cyril Wilkinson, je vous prie, la corrigea Cyril. Par ailleurs, êtes-vous docteur en médecine ?
- Je suis tout ce qu'il y a de plus agréée, si c'est ce qui vous inquiète.
- Vous ne l’êtes donc pas, poursuivit Cyril. En revanche, je le suis.
- Mais bien sûr, roucoula docteur Mimi. À La Tombée du Jour, on a toutes sortes de résidents super importants. Napoléon, Batman, Jésus, pour n'en citer que quelques-uns.
(p. 159)
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